Le mandat municipal dans l’itinéraire militant
p. 319-338
Texte intégral
1Le communisme municipal a constitué une forme majeure d’entrée des couches populaires dans la vie politique. Pour des ouvriers ou les employés des services d’intérêt public, la banlieue rouge fut d’abord une occasion d’accéder à des fonctions pour lesquelles ils étaient socialement illégitimes. Les circonstances exceptionnelles qui les poussent à cette prise locale de pouvoir, la crise économique croisée avec la crise de croissance de la banlieue dans la première moitié des années 1930, les conduisent à transformer leur illégitimité en une nouvelle légitimité ouvrière, au risque de l’ouvriérisme.
2Le travailleur du bâtiment se pense à même de régler les problèmes de viabilité des zones loties mieux que ses prédécesseurs membres des élites urbaines ; l’ouvrier des services d’intérêt public père de famille originaire de Bretagne a un point de vue ferme sur les colonies de vacances, les patronages, les dispensaires et l’ouvrier métallurgiste syndicaliste se juge en mesure de mobiliser le personnel municipal dans l’intérêt de la population1. Certes les prémisses de l’ouvriérisation de la représentation politique se forgent dès la deuxième moitié du XIXe siècle, pensons aux « candidatures ouvrières » préconisées par le Manifeste des soixante de 18642. Cette volonté ne prend vraiment force qu’à la fin du XIXe siècle avec l’entrée du mouvement ouvrier au conseil municipal de Paris, dont Michel Offerlé a analysé la portée3, et la conquête des premières municipalités ouvrières en province et en banlieue. En région parisienne, Saint-Ouen ouvre la voie en 1887 dans des conditions difficiles, Saint-Denis suit en 1892 bientôt imité par Ivry-sur-Seine et Le Kremlin-Bicêtre en 1896, Alfortville et Le Pré-Saint-Gervais en 1904 ; cependant, en 1908, il ne reste plus que trois municipalités socialistes unifiées4. Alors que ces premières expériences banlieusardes ont été vouées à l’échec en raison des excès, des divisions, de l’inexpérience et de la reproduction d’ambitions empruntées à la concurrence politique traditionnelle, les conquêtes des années 1925-1935 se caractérisent par une certaine réussite et une nette continuité : l’exemple le plus frappant est celui d’Ivry-sur-Seine qui conserve le même maire, l’ouvrier mécanicien horloger Georges Marrane, de 1925 à 19675. La dimension municipale du communisme a fini par apparaître comme un aspect majeur de l’implantation, au point que les reculs, les pertes, des élections municipales de mars 2001 sont signalés, non sans excès, par les observateurs de la vie politique, comme le signe ultime d’une transformation des rapports entre le monde populaire et le PCF.
3La prise en compte par le Parti communiste de l’importance du travail municipal a été progressive et non sans hésitation et contretemps. En perdant en 1923 l’essentiel de ses municipalités de la région parisienne et en 1929 plusieurs de ses élus parisiens et banlieusards les plus expérimentés, il fut contraint de reconstruire des équipes avec des priorités et des critères qui ont pu varier entre les élections de 1925, 1929, 1935, sans oublier les élections partielles et complémentaires qui ont une grande importance, surtout en 1933-1934.
4Pour offrir un éclairage neuf sur les conditions de renouvellement, sans reprendre ici les résultats d’une enquête portant sur l’ensemble des élus se réclamant du mouvement ouvrier6, nous nous intéresserons à l’apport des « autobiographies communistes d’institution »7 de cinquante-quatre conseillers municipaux de Paris et de la Seine8 conservées dans les dossiers personnels des archives du Kominterm. Ce choix permet d’interroger un angle aveugle de la recherche, celui du croisement entre la politique des cadres et la sociologie des élus, croisement complexe et qui met à mal les visions simplificatrices.
Que sait-on des itinéraires d’élus ?
5Lorsque s’ouvrirent les archives de Moscou, il apparut très tôt que le renouveau documentaire profiterait en priorité aux réflexions sur le processus décisionnel et à la prosopographie. La tâche ne fut pas simple car il fallut contourner deux positionnements paralysant pour la recherche et qui s’entretenaient mutuellement : d’une part la proclamation du dépassement irrémédiable des historiographies du communiste grâce à la révolution archivistique ; d’autre part la prudence, pour ne pas dire la méfiance face aux nouvelles archives.
6Avant, « nous avions l’os, maintenant nous avons le mammouth » proclamaient les plus enthousiastes des premiers utilisateurs des archives de Moscou, sans prendre le temps de faire une analyse des richesses et des limites de l’apport des différents lieux d’archives, en particulier de l’ancien Institut du marxisme-léninisme devenu Centre de recherche et d’étude de la documentation en histoire contemporaine9. Il ne s’agissait que d’une ouverture partielle qui se restreignit d’ailleurs au fil des ans et, malgré la qualité documentaire de cette « civilisation du rapport », elle ne pouvait suffire à révolutionner dans tous les domaines l’historiographie du communisme. La politique de la révélation médiatique connut ses belles heures et contribua à mettre au second plan les questionnements historiques et le renouvellement des problématiques.
7Inversement la méfiance vis-à-vis de ces nouvelles sources contribua à la faiblesse des investissements de la communauté scientifique auprès des institutions russes. Il est vrai qu’une partie du fonds français de l’IML avait été microfilmée à l’initiative de Georges Cogniot10 et était conservée par l’Institut de recherches marxistes11 de Paris mais, les archives n’ont été consultables pendant longtemps pour l’essentiel, que par les chercheurs de cet institut et, de plus, elles ne comprenaient pas l’ensemble des feuillets. Une sélection était faite avant microfilmage pour écarter des informations pouvant nuire à l’image des rapports entre le PCF, l’Internationale communiste et l’URSS. De plus l’amalgame, entre la recherche, dans les sources russes et la recherche de l’exceptionnel, du sensationnel, contribua à la disqualification de recherches en cours avant même qu’elles ne mûrissent.
8Dans le sillage de l’enquête de nous menons avec Bernard Pudal sur les autobiographies rédigées par des militants français et conservées dans les archives du Komintern, nous voulons esquisser un des usages scientifiques des archives nouvelles12.
9Les dossiers du fonds français13 nous offrent quelques informations sur les élections et la vie municipale (listes de candidats, notes sur les rapports entre le Parti et les municipalités, conflits...), tout comme le fonds du secrétariat français de Manouilski14. Mais, c’est ici l’important fonds des dossiers personnels du Komintern que nous sollicitons pour interroger la nature et la spécificité du personnel politique communiste local. Nous ne prenons en compte que les biographies rédigées entre 1931 et 1940, en négligeant les dossiers individuels qui ne comprennent que les questionnaires distribués, avant 1931, dans les congrès, ou auprès des permanents, comprenant des questions sur l’état civil, le métier, les dates d’adhésion politique et syndicales. Ainsi, nous n’intégrons pas le questionnaire rempli par Jean Grandel, futur maire de Gennevilliers, le 28 août 1930, questionnaire qui accordait une importance aux dates de départ de l’entreprise pour devenir permanent et au nombre d’années de travail dans l’industrie, « quatre ans » en la circonstance15. De même les autobiographies postérieures à 1945, remplies sur des documents imprimés, sont écartées car trop éloignées chronologiquement des situations observées et de nature différentes en raison des contraintes du cadre imprimé qui pousse les rédacteurs à ne faire que des réponses en style télégraphique. Sont donc utilisés les schémas d’autobiographies en 74 puis 78 questions, remis aux responsables nationaux régionaux et locaux, dont des édiles municipaux pendant les années trente.
10Les élus que nous allons étudier sont pour l’essentiel, ceux du renouvellement, de la deuxième génération en quelque sorte, si nous définissons comme première génération les élus de 1919 ou même de 1912 qui, à l’exception des édiles de Bobigny et de quelques individualités dispersées ne restent pas durablement au Parti communiste. Une première sélection avait été opérée au lendemain du Congrès de Tours avec le ralliement à la « vieille maison » de 205 élus de la Seine de 1919 contre 233 qui rejoignent le Parti communiste. La confrontation de deux corpus, ceux qui choisissent le PC et ceux qui optent pour la SFIO ne laisse pas apparaître de profonds clivages socioprofessionnels : le corpus communiste est un peu plus ouvrier (41 % d’ouvriers d’usine contre 35 %). De même les « dissidents » de 1923, malgré la présence de maires comme Henri Sellier, employé supérieur au Ministère du Travail, restent très ouvriers : 39 % d’ouvriers d’usines. Les puissantes dissidences qui en résulteront et marqueront pendant quinze ans la vie municipale sont très ouvrières et nettement marquées par le monde de la métallurgie parisienne des deux premières décennies du siècle. Plus parisienne que ne le sera la génération « bolchevique » (celle formée dans le cadre d’une organisation en cours de bolchevisation), plus professionnelle, plus spécialisée, elle témoigne de la résistance de certaines couches ouvrières imprégnées des débats syndicaux et politiques français des années 1900-1920, face à la bolchevisation du mouvement communiste.
11La notion de génération est prise ici comme communauté temporaire d’expérience, indépendamment des groupes d’âge, même si ceux-ci ne manquent pas d’influer. Dans d’autres travaux sur les conseillers d’entre-deux-guerres, j’ai séparé trois groupes d’âge confrontés à des situations politiques diverses : les « anciens », nés avant 1880 qui avaient connu le mouvement socialiste d’avant la Première Guerre mondiale, la « génération du feu » formée de ceux qui étaient en âge d’être mobilisés pendant la Grande Guerre et la « génération communiste » dont l’univers politique est exclusivement celui du Parti communiste ou plus souvent du triptyque JC/PC/CGTU.
1860- 1879 | Anciens |
1880-1899 | Génération du feu |
1900-1910 | Entre-deux-guerres : génération bolchevique |
12Les militants dont nous allons observer l’itinéraire, au travers de leur autobiographie, appartiennent majoritairement à la génération du feu. (Anciens = 0, génération du feu = 30, génération bolchevique = 24).
13On pourrait s’en étonner s’agissant d’élus de 1925-1935 participant au renouvellement de la présence communiste dans les conseils et attendre une plus grande présence des jeunes. En fait, cette répartition est assez représentative du corpus des élus communistes locaux : à la veille des élections municipales générales de mai 1935, 64 % des conseillers communistes appartenaient à la génération du feu et ils étaient encore 53 % au lendemain des élections16.
14Cependant, il convient de ne pas se laisser illusionner sur les vertus statistiques d’un groupe de militants si limité. Cette liste de 54 autobiographies, recueillies entre 1931 et 1939, aide à comprendre les cibles de la politique de cadres. Elle contient des questionnaires remplis par 13 maires ou futurs maires dans la période de l’entre-deux-guerres, 12 adjoints, 15 conseillers et 10 conseillers de Paris. Si l’on tente de caractériser l’activité militante dominante au moment de la rédaction, l’investissement national (20 cas) l’emporte devant l’activité locale (19 cas) et régionale (8 cas) auquel il faut ajouter cinq autobiographies de militants qui sont essentiellement des syndicalistes et deux contributions rédigées pendant la présence en Espagne, dans le cadre des brigades internationales.
15Cette liste n’a d’ailleurs qu’une valeur relative puisque nous ne disposons pas encore d’un inventaire complet des dossiers conservés au RGASP117. De plus des erreurs de transcription entre l’alphabet latin et le cyrillique comme des absences rendent aléatoire le résultat. On sait, par un rapport de Maurice Tréand, responsable de la commission des cadres, qu’à l’été 1937 la moitié seulement des quelques 6 100 biographies originales recueillies dans l’année ont été transmises à Moscou, les autres, moins intéressantes aux yeux de la commission des cadres, étant prises en notes sur des carnets puis détruits par le feu.
16Parmi les biographies traitées et classées pour cette période de janvier à juillet 1937, Tréand comptait pour Paris-Ouest, 823 « bios », Paris-Ville, 790, Paris-Nord, Sud et Est, 613.
17La surreprésentation de Paris-Ouest correspond à un travail systématique de la commission des cadres dans les milieux des ouvriers de la métallurgie des grandes entreprises de la banlieue ouest, par exemple chez Renault18, avec l’objectif affiché de maîtriser la brusque montée de nouveaux cadres et de juguler d’éventuelles oppositions réelles (volonté de luttes revendicatives sans consignes nationales) ou fantasmées, au rythme du thème de la « vigilance ».
18Si on trouve des consignes de la commission des cadres pour le contrôle systématique des députés, des journalistes, des membres du comité central, des secrétaires régionaux et fédéraux, les nouveaux dirigeants de la métallurgie, rien de tel n’apparaît pour les autres élus.
19Le rapport que présente Maurice Tréand lors d’un séjour à Moscou vers l’été 1937 mérite d’être longuement cité19 :
« Lors de ma venue ici [à Moscou] en octobre 1934, il avait été mis au point le travail propre à la commission des cadres du PCF. Sa composition était ainsi : Gourdeaux Henri, membre du CC [Comité central], Mauvais Léon, membre du CC et Soupé Fernand aussi membre du CC. Moi, je faisais les fonctions de secrétaire de la CDC [Commission des cadres]. Tout le travail envisagé ici lors de mon séjour a été à peu près réalisé, la grande orientation du travail était d’organiser un grand nombre d’écoles régionales et centrales. La CDC est morte petit à petit du fait de l’élection des trois camarades qui en faisaient partie ; Gourdeaux conseiller général20, Mauvais21, conseiller municipal, Soupé22 maire de Montreuil.
Dès cette époque le secrétariat prit lui-même en main le travail de la CDC. Je rapportais donc directement au secrétariat sur les affaires et les matériaux que l’appareil des cadres préparait.
Le travail réalisé dès cette époque fut assez considérable, et il traîna moins qu’auparavant du fait de la difficulté à réunir la CDC.
Les propositions pour le comité central furent d’étudier avec moi23. Une liste de camarades susceptibles fut mise debout et tous les membres titulaires vérifiés à nouveau. Nous avons vérifié minutieusement toutes les candidatures aux élections législatives. Chaque semaine le secrétariat et le BP étudiaient celles-ci. Les nouvelles directions des régions du PC, le CC des JC furent aussi vérifiées. Quelques directions d’organisation furent étudiées. Nous avons aussi renforcé le contrôle de tous les appareils techniques. Les candidatures pour les écoles de 15 jours, de 1 mois, de 6 mois furent aussi vérifiées, ainsi que chaque camarade appelé à de nouvelles fonctions.
Quel est l’état actuel de vérification de tous nos cadres ?
Le CC depuis sa nomination au congrès de Villeurbanne n’a pas eu d’histoire si ce n’est l’exclusion de Ferrat. Le CC actuel est composé de vieux membres du parti ayant 10, 15, 20 ans de parti et qui depuis des années sont des hommes de masse. Les suppléants qui furent désignés au congrès de Villeurbanne étaient véritablement des hommes vérifiés depuis déjà de longue date et n’ont donné lieu depuis cette date à aucune histoire si ce n’est qu’il méritait la confiance que le parti avait placé[e] en eux.
La fraction parlementaire composée de 72 députés (bientôt 7324) a été sur les mêmes bases vérifiée sérieusement, partout où des chances de succès étaient prévues, des hommes attachés et dévoués au parti furent placés. C’est pour ces motifs de vérifications profondes que la fraction parlementaire n’eut pas jusqu’ici d’histoire. Bien entendu cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire attention, c’est pourquoi nous continuons à vérifier de très près nos élus qui sont plus que d’autres aux prises avec la corruption de la bourgeoisie.
Les candidats au conseil général de la Seine et au conseil municipal de Paris furent aussi étudiés de la même manière. Nous pouvons dire que dans ces deux assemblées nous avons mis presque tout notre actif d’hommes de masse de la RP [Région parisienne] qui sont aimés et connus. Aucune histoire non plus parmi les camarades formant la fraction de ces deux assemblées. À l’époque de ces élections, il y eut un peu de protestation parmi les organisations qui bien souvent voyaient leur secrétaire élu et avaient peur qu’il disparaisse de l’organisation. Cette protestation fut particulièrement accentuée dans les syndicats où un grand nombre de ceux-ci furent élus. Tout se calma et tout s’arrangea pour le bien de tous car nous avions discuté avec chaque camarade élu pour qu’il continue ses fonctions dans l’organisation dont il était responsable avant son élection. »25
20Notons l’absence de commentaire sur les maires de banlieue ni sur les autres élus et responsables de la politique municipale.
21On est même frappé de la faible part faite aux questions sur les mandats électoraux. Sur 74 puis 78 questions, seules deux concernent les mandats locaux :
Question 60 : « Avez-vous participé à des actions ouvrières (grèves, actions révolutionnaires), participez-vous ou avez-vous participé au travail communal ou aux organisations de l’administration locale, où et quand ? »
Question 62 : « Avez-vous été député au Parlement, conseiller d’arrondissement ou conseiller municipal, où et quand ? »
22Il arrive parfois que la question 36 (« Remplissez-vous, ou avez-vous rempli des fonctions électives dans le Parti. Lesquelles, quand et pendant combien de temps ? ») soit mal interprétée et que les militants confondent les élections par un congrès et les scrutins politiques.
23Le contraste est frappant entre la précision des questions concernant la vie personnelle, ou les liens éventuels avec des oppositions26, et ces formulations qui n’incitent pas à de longues réponses : « où et quand », mais pas dans quelles circonstances et conditions. On cite le conseiller d’arrondissement mais pas le conseiller général, le conseiller municipal mais pas le maire ou l’adjoint. Rien n’est demandé sur les contrôles du parti sur les conseils alors que spontanément plusieurs militants, non élus, signalent leur participation au bureau municipal27 de leur commune, pour affirmer la présence de la section dans la vie municipale28.
24Nous ne sommes donc pas étonnés du caractère sommaire de réponses à ses questions, la richesse biographique résidant dans les autres zones du document.
Les propriétés sociales des élus
25Un petit peu plus de la moitié des auteurs de « bios » écrivent bien avant d’accéder à leur mandat. C’est notamment le cas de ceux qui rédigent avant les élections de mai 1935, en fait la grande majorité. Les premiers rédacteurs sont des dirigeants de premier plan, soit associés à la création de la Commission des cadres comme Albert Vassart et André Marty29, soit parmi les premières cibles de celle-ci comme Henri Barbé. La datation reste d’ailleurs énigmatique puisque deux bios sont visiblement antidatées, à la lumière des informations personnelles qui figurent dans le document. Ainsi celle de Vassart, le futur maire de Maisons-Alfort, datée clairement du 10 janvier 1931 ne peut qu’être de début 1932 ; de même celle de René Fromage, datée du 5 février 1931 est vraisemblablement écrite à la veille du VIIe congrès du Parti communiste tenu à Paris en mars 193230. Le premier document en date serait donc celui d’André Marty, conseiller de Paris, du 28 octobre 1931, le second celui d’Henri Barbé, conseiller municipal de Saint-Denis, écrit à Moscou le 1er décembre 1931 dans le cadre de l’instruction de l’« affaire Barbé-Celor »31. Le flot des bios arrive ensuite en 1932 (17), en 1933 (21) pour s’affaiblir 1934-1935 avec la seule autobiographie de Jean Chardavoine, futur maire de Stains32. Ce cas unique, hors des grandes vagues de collecte, est d’ailleurs fort intéressant car la commission des cadres a pu s’intéresser à ce membre du Parti communiste, depuis 1933 seulement, manœuvre spécialisé à la Compagnie des chemins de fer du Nord, pour étudier l’éventualité de sa candidature aux élections municipales de mai 1935, à moins qu’il ne s’agisse de « vérifier » un nouveau membre du bureau de la Fédération communiste Paris-Nord. Dans l’un et l’autre cas, sa présence n’allait pas de soi tant son niveau politique et culturel était alors faible33. Aucune « bio » d’élu n’est rédigée en 1936 mais la collecte reprend dans le contexte de la campagne de vigilance de 1937 avec 5 bios puis 5 en 1938.
26Encore faudrait-il différencier selon les responsabilités et les mandats.
27Mettons à part les neuf militants qui d’une manière ou d’une autre sont liés à la commission des cadres ou au service de sécurité du parti et qui sont donc susceptibles d’être sollicités très tôt. Ce sont les premiers lecteurs des documents recueillis comme Albert Vassart ou Lucien Midol, syndicaliste cheminot de premier plan et ancien conseiller de Paris, qui ne donne sa biographie qu’en 1933. Fernand Soupé (biographie du 28 janvier 1932), futur maire de Montreuil-sous-Bois, a joué dans cette commission un rôle plus actif que Jacques Grésa (biographie du 18 mars 1932), vérificateur des contributions indirectes qui a un rôle de recruteur – c’est lui qui fit engager Georges Beaufils34 comme permanent à la commission en 1938 – et, semble-t-il de conseiller pour le contrôle des candidats parisiens. Venise Gosnat (bio du 28 janvier 1933) et Auguste Havez (1933), tous deux élus d’Ivry-sur-Seine ont des responsabilités dans le fonctionnement illégal et seront plus tard des responsables aux cadres. Ajoutons Georges Beaugrand (4 mai 1933) que Tréand avait chargé du « contrôle intérieur du Parti » et qui devint maire de Gentilly en février 1934. Lorsqu’il rédige sa biographie, le secrétariat n’a pas encore en projet l’envoi de Beaugrand dans la banlieue sud. Ce sont les élections partielles de novembre 1933 et la quasi certitude d’une victoire communiste en cas de dissolution du conseil qui provoquent son parachutage. Les deux autres militants sont de moindre importance pour la vie municipale. L’un, René Colin (17 mai 1933), adjoint au maire de Villejuif depuis 1929, travaillait avec Tréand à la direction de la coopérative « la Famille nouvelle » et à la recherche de planques qui seront très utiles au début de la guerre, l’autre Victor Brisset, simple conseiller municipal d’Ivry – sur-Seine élu en 1925, fut en France « l’obscur et sans grade » du Komintern, modeste artisan des tâches illégales comme l’acheminement des papiers et de personnes. Trop « faible » politiquement pour tirer parti de son séjour à l’École léniniste internationale de Moscou, il travailla pour l’OMS35 et disparut après 1932 de la vie politique36. Il avait quitté le conseil d’Ivry en mai 1929.
28Les dix conseillers municipaux parisiens sont d’une autre ampleur politique. Nous devrions avoir quinze autobiographies mais celles de René Le Gall, Léon Mauvais, Marcel Paul et Raymond Bossus37 sont indisponibles. À l’exception de celles de Clément Magnaval (1938) et de celle, d’ailleurs remarquable, de Raymond Losserand (23 octobre 1937), toutes les autres proviennent de responsables bien connus et qui ont été sollicités dès les années 1932, 1933. La même remarque peut être faite pour les onze maires. Cependant, les lacunes sont plus importantes que pour les conseillers parisiens, il manque neuf autobiographies. Pour plusieurs d’entre eux (Jean-Marie Clamamus, maire de Bobigny ou Albert Petit, maire de Bagneux38) des dossiers personnels existent dans les archives du Komintern mais ils ne contiennent que des documents de seconde main. Les absences complètes sont importantes et surprenantes : rien sur Henri Arlès (Bonneuil-sur-Marne), Raymond Barbet (Nanterre), Raymond Baudin (L’Haÿ-les-Roses), Léon Piginnier (Malakoff), Ernest de Saint-Étienne (Clamart) ou sur Marius Sidobre (Arcueil). Il est possible qu’elles témoignent d’un intérêt limité de la commission des cadres pour les élus des communes de banlieue. Rien ne signale une collecte systématique, avant l’investiture des candidats, pour les élections générales de mai 1935, mais il n’en aurait pas été de même en 1941, si la guerre n’avait pas interrompu le rythme normal des élections municipales. À la fin des années 1930 la culture stalinienne du contrôle et de la vigilance est très largement intégrée et une réaction comme celle de Georges Marrane en 1933 est inimaginable. En protestant le 8 juin 1933 contre les méthodes de la commission des cadres, le maire d’Ivry-sur-Seine écrit :
« Je n’ai pas répondu plus tôt au questionnaire
1° Parce que c’est un travail assez long, assez difficile à résumer et que j’ai peu de temps de disponible.
2° Parce que je proteste contre la méthode qui consiste à demander des explications à un militant avec des menaces.
Je considère ce procédé comme une continuation de la méthode du groupe Barbé.
Je suis militant communiste parce que je pense que l’ouvrier qui a compris la nécessité de la lutte de classes doit toutes ses forces à sa classe et à son parti qui en est le dirigeant.
Par conséquent je n’ai pas besoin d’avoir un poste dans le parti pour être communiste. Je n’ai pas besoin d’occuper un poste permanent pour gagner ma vie.
Si je considère qu’il est utile, même élémentaire que le parti demande des renseignements aux militants qui occupent des postes responsables, je trouve profondément humiliant qu’une telle demande soit faite avec des menaces.
Une telle méthode ne peut avoir comme résultat que d’éloigner les militants sincères particulièrement dans la région parisienne.
Et je proteste énergiquement contre de tels procédés qui ne peuvent que nuire à notre parti. Je reste bien entendu à la disposition des camarades des cadres pour tout renseignement complémentaire.
Ivry le 8 juin 1933 »39.
29Ceux qui disposent déjà d’un mandat le signale en termes souvent sobres : « Je suis actuellement maire de Villejuif » se contente d’écrire Paul Vaillant – Couturier en 1932, quant à Marrane, il précise sobrement : « J’ai été candidat du parti comme tête de liste aux élections municipales de 1925. Toute la liste a été élue. J’ai été nommé maire et le mois suivant conseiller général ». Parfois les commissions suivies par le conseiller sont signalées : « Actuellement conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine où je suis les questions suivantes : finances, contrats et concessions, Métropolitain, Habitation, Beaux-Arts, STCRP » écrit Gaston Auguet dans sa deuxième biographie écrite en 1937. Parfois la réponse se veut plus riche : dans le cas de Marcel Marschall, il s’agit de valoriser son rôle réel à Saint-Denis : « Je participe au travail municipal dans lequel j’assume une grosse responsabilité en tant que secrétaire du bureau municipal et collaborateur immédiat du maire, j’ai la responsabilité de direction des plus grands services de la ville que je dirige dans l’intérêt du parti »40. Pour Paul Pesch de Bobigny, c’est l’occasion de signaler sa situation socioprofessionnelle : « Élu conseiller municipal en 1919, réélu en 1925 et 1929. Comme il est dit plus haut, Clamamus, étant député de sous-rayon et le conseil municipal me désignaient comme premier adjoint permanent à la Mairie. Je quittais l’usine à cette date. »41 De même pour Charles Rigaud à Vitry-sur-Seine : « Je suis actuellement maire de Vitry-sur-Seine. Depuis la guerre, je n’ai eu dans le parti aucune fonction rétribuée que la place de Maire de Vitry que j’occupe actuellement. »42.
30C’est parfois l’occasion de reconnaître la faible place de la fonction de conseiller dans leur activité. Ainsi pour Paul Valière :
« Question 36 : Conseiller municipal de Saint-Denis depuis 1929 mais jamais à Saint-Denis, détaché en province.
Question 62 : Ai dit plus haut par anticipation : conseiller municipal de Saint-Denis mais ne prends pas part active au travail municipal. »
31Pour le médecin Georges Galpérine, c’est l’occasion de régler des comptes politiques locaux avec la municipalité du sculpteur sur bois Paul Coudert : « conseiller municipal de Bagnolet où je porte l’étiquette de ne pas être dans la ligne du parti parce que depuis que la municipalité est entre nos mains43, je lutte et j’ai lutté au sein du comité de sous-rayon pour l’application des décisions de l’IC en ce qui concerne le travail municipal et sous le contrôle du Centre du parti, chose que je n’ai jamais pu obtenir. »44 Ces propos rédigés vraisemblablement en 1932, signalent un usage rare des autobiographies pour faire appel au Centre contre le relâchement supposé du local. En cette année 1932, le ton est plus souvent à la dénonciation du sectarisme du groupe Barbé-Celor. Mais un intellectuel comme Galpérine, animateur de la Libre pensée prolétarienne avec Georges Sadoul, Jean Baby et Louis Aragon, ne doit-il pas faire plus que d’autres preuves de sa vigilance kominternienne ? D’autant que sa connaissance du russe (sa langue natale), son voyage en URSS en 1927 et son rôle de logeur des responsables de l’Internationale communiste de passage en France45, en font un militant sensible à la dimension internationale de son action.
32Auguste Havez fait un récit de son arrivée à Ivry-sur-Seine et de son action :
« Le secrétariat me fit appeler et m’envoya à Ivry. J’y suis resté de septembre 1928 à décembre 1928 comme secrétaire de la section municipale et pour y déblayer toutes les sales affaires […] Dans le domaine municipal, j’ai été secrétaire de mairie pendant sept ans46 ; je me suis occupé de toutes les questions municipales d’Ivry pendant deux ans et demi. J’ai été membre de la commission régionale municipale puis secrétaire de la section centrale communiste. Actuellement et depuis mai 1929, je suis conseiller municipal d’Ivry ; depuis un mois je suis chef du service social (de Vitry ?). En 1929, j’étais très spécialisé et pas mal compétent dans les questions municipales vues à travers le parti. »
33Avant d’être conseiller, Havez participait au travail des commissions municipales d’Ivry et collaborait étroitement avec Henri Birot, maire adjoint. Un rapport de ce dernier (sans date mais postérieur aux élections de mai 1929) permet de mieux comprendre les responsabilités réelles d’Havez :
« Le camarade Havez avec lequel j’ai longtemps travaillé à l’établissement d’un programme municipal répondant aux besoins du Parti […] Havez, en effet, comme moi, considérions la nécessité d’une bonne organisation pouvant permettre au Parti de tirer de notre gestion tout le profit moral et matériel possible. Nous étions d’accord, au moment où le Parti lança son mot d’ordre de lutte classe contre classe, pour combattre l’état de confusionnisme que je mentionnais plus haut, et imposer des tactiques sans compromissions tant contre les adversaires locaux que contre les pouvoirs publics […] Avec Havez encore, nous avions mis sur pied un projet embryonnaire de centralisation des achats et d’organisation d’un magasinage central permettant de procurer au Parti les moyens financiers et matériels dont il pouvait avoir besoin. […] Havez, quand il était encore à la mairie d’Ivry chargé du secrétariat particulier, était partisan de la mise en tutelle complète des différents chefs de service, notamment du secrétariat général. Il était contre l’abus des commissions municipales. Il était pour une centralisation intensive des tarifs municipaux. […] Je me permets de dire qu’Havez demandait moins aux autres communes. Il est vrai et j’ai des mots de lui qu’il déclarait devoir se servir d’Ivry comme champ d’expérience. »47
34Cette difficile articulation entre un essai de politique municipale du parti et la nécessité d’innover à partir des réalités et rapports de force locaux est particulièrement sensible à Ivry en raison de son rôle de phare communiste en banlieue sud comme de la double direction politique, celle de Maurice Thorez comme député et Georges Marrane comme maire et conseiller général. Ailleurs l’intervention du Centre sur la sélection des élus comme sur les politiques municipales se heurte aux insuffisances de la commission municipale et à la diversité des situations locales.
35Le vivier municipal n’est pas tel que tout soit possible dans le recrutement. Il est cependant facile de repérer deux tendances dans la politique de sélection politico-sociale des élus : une nette volonté d’ouvriérisation et une affirmation progressive de la compétence.
36L’ouvriérisation est au cœur du projet de bolchevisation du Parti communiste français. Son application électorale conduira à l’émergence de dirigeants ouvriers de qualité, comme il produira des situations surprenantes. La priorité aux candidatures ouvrières et le classement alphabétique des listes pour les élections législatives de mai 1924 envoyèrent au parlement des militants comme le cheminot Charles Auffray qui se trouva ainsi second de la liste communiste de la première circonscription de la Seine, derrière Marcel Cachin. Il eut des débuts difficiles. Albert Vassart raconte : « à Charleville (Ardennes) le premier qui nous fut envoyé était Auffray, un cheminot plein de bonne volonté, mais incapable à l’époque de prononcer quatre phrases de suite. Il fallut refaire le coup de l’extinction de voix pour sauver les apparences ; c’est moi qui fis le discours et Auffray donna le signal des applaudissements […] il se forma assez rapidement et devint maire de Clichy en 1925 » (texte manuscrit, p. 27). Mais à côté de la réussite d’un Auffray, combien de René Adam, député de la Seine et de Gustave Barra, député du Nord dont on n’entendit plus parler après 1928.
37En région parisienne, il n’y eut guère besoin d’ouvriériser, les dirigeants issus des couches moyennes (un rédacteur au ministère du Travail comme Henri Sellier ; un instituteur comme Gustave Lesesne…) avaient quitté le parti en 1923. Un seul cas mérite d’être cité, celui du pharmacien Pierre Périé, maire de Vitry-sur-Seine depuis 1925, réélu en 1929, mais qui fut rapidement poussé à la démission au profit de l’ouvrier métallurgiste Charles Rigaud. D’après le témoignage de Robert Saunier en 1977, un des adjoints de Pierre Périé en 1929, le premier maire communiste de la commune, aurait eu pour défaut de ne pas être un « prolétaire » et de ne pas appliquer les directives du parti comme la direction du sous-rayon aurait aimé qu’il le fît :
« Nous, dans le sous-rayon, nous avions une conception différente de la gestion municipale. Il y avait donc lutte entre sa tendance et notre tendance anti-municipale. Quand est venue sur le tapis la question de la loi Paul-Boncour [loi organisant la préparation et le service militaire en 1928], on a décidé de fixer sur le bâtiment même de la mairie une pancarte invitant les prolétaires à protester par des listes... Périé était en hostilité sur ce point. Il disait : Je comprends votre tactique mais ne le faites pas sur la mairie, faites-le à côté parce que le préfet va être obligé d’intervenir et vous allez perdre la mairie. Mais nous, nous disions : Si nous avons une mairie, c’est pour nous en servir ; naturellement on se heurte au préfet mais ça c’est toute notre ligne de nous heurter à l’ordre établi. »48
38Le paradoxe de l’histoire est que Périé resta membre du Parti alors que Rigaud rompit pendant la Seconde Guerre mondiale.
39En fait la volonté d’ouvriériser correspondait à l’émergence d’une élite ouvrière, particulièrement dans la métallurgie, pendant et après la Première Guerre mondiale. La palette des dates d’engagement en politique des 18 métallurgistes (sur 23 ouvriers du privé, soit un tiers des 54 membres du corpus) est très significative : trois engagements entre 1910 et 1914, cinq, pendant la guerre, quatre entre 1919 et 1920 et quatre entre 1923 et 1932. Le poids de l’expérience est donc non négligeable. On sent la trace des temps forts du monde ouvrier parisien, l’année 1917 avec la mobilisation pacifiste, l’année 1920 avec les grèves de mai, l’année 1924, celle de la bolchevisation. La situation est en fait plus complexe en raison de l’éloignement de l’activité politique et des retours. Ainsi l’ajusteur Gaston Venet, maire de Saint-Denis, milite au Parti socialiste de 1910 à 1919, mais n’adhère au Parti communiste qu’en 1923. L’exemple de Victor Cresson, le futur maire d’Issy-les-Moulineaux, incite à la plus grande prudence, car si la date de 1920 est retenue comme moment d’adhésion, il se dit lui-même « membre du parti socialiste bien avant la guerre que j’avais laissé tomber avec 1914 ».
40« Jusqu’en 1923 j’étais anarcho-syndicaliste et le parti ne m’inspirait aucune confiance » écrit en 1931 l’ouvrier métallurgiste Albert Vassart, pour bien souligner la brusqué conversion qui lui permet de participer dès 1924 à l’École léniniste de Bobigny. Il fait partie des syndicalistes qui abandonnèrent leur refus de l’action politique face à l’affirmation de la volonté d’ouvriérisation de toutes les instances du Parti.
41Une autre catégorie ouvrière mérite attention. Ce sont les ouvriers des services d’intérêt public au nombre de sept, dont cinq cheminots. L’éventail des dates d’entrée en politique est plus large que pour les ouvriers d’usine, de 1905 pour Gaston Rouland49 à 1933 pour Jean Chardavoine. L’itinéraire le plus représentatif est sans doute celui de Corentin Cariou, marin pêcheur breton venu chercher à Paris, en 1923, un emploi stable. Aide ajusteur à la compagnie du gaz de Paris, il se présente lui même comme très dépourvu culturellement : « Rien lu de 1912 à 1923. Langue bretonne assez bien, la française assez mal »50, Son effort d’intégration dans la société ouvrière parisienne sera intense et sans retour possible après son adhésion au Parti communiste en 1926. On retrouvera nombre de ces provinciaux issus du monde rural de l’Ouest ou du Massif central dans les conseils municipaux surtout à partir de 1935. Ils étaient venus chercher à Paris et en banlieue la sécurité de l’emploi, l’accès aux logements sociaux, des conditions décentes pour élever leurs enfants, les soigner, les former, les éduquer.
42Les employés des services d’intérêt public (sept autobiographies) relèvent des mêmes considérations. S’y ajoute la place de l’emploi communal souvent lié à l’engagement militant. Ainsi la présence de Marcel Maizières51, ancien métallurgiste, conseiller municipal de Choisy-le-Roi, dans la fonction d’employé communal à Ivry-sur-Seine, se situe dans le prolongement de ses fonctions de permanent auprès de l’IC et comme collaborateur de Maurice Thorez au secrétariat du PCF.
43La forte présence des salariés supérieurs du privé est surtout liée aux itinéraires militants qui conduisent au journalisme, qu’il s’agisse d’intellectuels comme Paul Vaillant-Couturier, Daniel Renoult et Vital Gayman ou d’ouvriers comme Paul Singer devenu chef du service des rabcors à l’Humanité. La surprise vient plutôt du nombre de salariés supérieurs du public (six noms) avec trois représentants des contributions indirectes : Gaston Auguet, Jacques Grésa et Clément Magnaval. Il y a là une filière de recrutement que signale lui-même le conseiller de Paris Magnaval en soulignant l’importance de Grésa dans son parcours52. S’y ajoute le rôle des secrétaires de mairie comme Georges Le Bigot et Auguste Havez.
44L’ouvriérisme est en effet contrebalancé par la nécessaire connaissance administrative de la fonction communale. Victor Cat, qui fut le responsable des questions municipales de 1923 à 1927, avait le premier voulu associer à l’action municipale du Bloc ouvrier paysan de « nombreux techniciens qui, dégagés de l’esprit petit-bourgeois, comprennent que leur place est avec le prolétariat »53. La carrière politique de Georges Le Bigot54 se construit aussi à Villejuif, à l’ombre de Paul Vaillant-Couturier jusqu’à la première magistrature municipale à la mort de celui-ci en 1937.
45Le sens du travail d’enquête mené par la commission des cadres ne se limite pas à un repérage socio-biographique. En sollicitant des acteurs de la vie politique de la région parisienne une totale transparence sur leur origine, leur famille, leur instruction, leur vie personnelle, l’institution communiste leur donne une occasion unique de se livrer à un récit-confession tout en se dotant d’un puissant outil de contrôle et de régulation.
Des élus sous contrôle ?
46La formule ne prendrait force que si le contrôle s’exerçait avec méthode, de façon systématique et en prenant en compte les spécificités du travail municipal. C’est au contraire un sentiment de relâchement de la vigilance qui s’impose si l’on compare au contrôle exercé sur les militants des grandes entreprises métallurgiques, sur ceux qui sont susceptibles de rendre de services, d’une façon ou d’une autre à l’action du Parti communiste en Espagne, où encore sur ceux qui sont en contact avec le Komintern.
47Chaque « bio » est accompagnée d’une évaluation effectuée par un aux plusieurs membres de la commission des cadres. La méthode s’affine avec les années. En 1932 et 1933, il ne s’agit que de « caractérisation »55 rapide accompagnée d’une mention A, B, C ou D :
48A : rien à signaler. Bon militant. Orienter vers les écoles : on ajoute alors S ou suivre, ou parfois 1
49B : ne pas donner de responsabilité
50C : envisager la mise à l’écart
51D : exclure et mettre sur la liste noire.
52Toutes les biographies que nous commentons sont classées A à l’exception de celle de Paul Singer, responsable des rabcors qui, le 11 juillet 1933, fut victime d’un attentat à son bureau du cours Léopold à Nancy, par un ouvrier nommé Masson, un « provocateur » pensa-t-on, qui le blessa grièvement de deux balles de revolver. André Marty considérait Singer comme « très suspect à tout point de vue » ce qui ne l’empêcha pas de devenir maire-adjoint de Drancy en 193556.
53À partir de 1934 mais surtout en 1937-1938, la page d’évaluation devient une synthèse qui permet de comprendre les attentes. Les éléments favorables sont soulignés au crayon bleu et défavorables au crayon rouge. Prenons l’exemple d’une biographie de la première période, celle d’Adolphe Ambrogelly57 remplie le 28 septembre 1933. La commission indique :
« Paris-Sud. Bonne biographie.
À suivre
1/ Beau-frère de Chapelain58
2/ Exclu au moment du groupe
3/ Beaucoup trop de tâches
Dévoué. »
54Rien n’est retenu, ni souligné dans le texte, concernant le conflit très vif qui l’oppose à son père et sa belle-mère : « des petits bourgeois traditionalistes » qu’il refuse de fréquenter. Son capital scolaire est nettement présenté mais pas commenté : « J’ai fait mes études à Lyon 44 rue de Condé. J’ai eu mon certificat d’études en 1919 [il est né en 1906] et j’ai fait un an de cours supérieur. J’aurai dû continuer d’aller à l’école mais en désaccord dans ma famille, je suis parti de chez moi et mes études ont été arrêtées. » Plus tard la commission notera les diplômes obtenus. Ambrogelly a suivi des écoles de la JC et signale avec autosatisfaction : « J’ai lu et possède et lis encore à temps disponible les livres de Marx, Lénine et autres publications de notre parti. » De son itinéraire militant n’est retenue que son exclusion. « En 1930 la mécanisation de la direction du 4e rayon et aussi des désaccords de fond existant dans la cellule de l’Idéale [biscuiterie, coopérative ouvrière de Gentilly], certains éléments ont obtenu contre moi, sans m’entendre, une mesure d’exclusion. Je n’ai jamais cessé de protester. J’ai continué à militer sans aucune interruption au PC. Les cellules ont protesté avec moi et, après explication devant la direction du rayon, la décision a été reportée. Aucun reproche ne pouvant m’être fait sur mon travail et sur mon activité. C’était une période où le sectarisme du groupe faisait la loi dans le parti » écrit le maire adjoint d’Arcueil. Cet incident n’est pas retenu à charge. Tout fonctionne comme si la reconnaissance de l’épisode et son explication participait à son dépassement.
55Six ans plus tard, l’autobiographie de Lucien Bigouret, conseiller municipal d’Issy-les-Moulineaux, fait l’objet d’une évaluation plus précise. Bigouret a rédigé deux autobiographies : une en juin 1937, donc avant son départ pour les brigades internationales, l’autre en janvier 1939, trois mois après son retour. Une première évaluation signale son métier d’ajusteur, son célibat, ses dates d’adhésion à la CGTU (1930) et au PC (1932), ses responsabilités et fait suivre la mention « conseiller municipal » d’un point d’interrogation et de quelques commentaires concernant sans doute sa capacité à partir en Espagne. La deuxième plus précise : le père, la mère, la sœur et le frère sont signalés, la mention CEP est suivie de « bonne rédaction » et le métier de « chômeur ». Les dates de sa présence en Espagne comme celle de son mandat municipal sont clairement indiquées. « Chercher emploi », « attendre » signalent une nouvelle fonction de gestion des ressources humaines.
56Plusieurs futurs élus sont conduits à faire état d’informations concernant des problèmes avec la police et la justice qui pourraient inquiéter : affaire de mœurs présentées comme un « coup monté », « vol » sur un chantier pour des raisons militantes. Or, il n’en est rien, ces informations ne sont pas reprises, soit parce qu’elles sont considérées comme sans risque, soit parce que l’aveu suffit. La commission signale cependant, pour un maire, des liaisons féminines multiples.
57La reconnaissance d’un caractère trop emporté (« Caractère emporté mais depuis que je suis au Parti j’ai modifié mon caractère »), d’une tendance à la violence dans les opérations de services d’ordre sont accueillis comme un signe de remise de soi au Parti. Mais dans un cas au moins, une affaire financière suffisamment importante pour avoir entraîné le licenciement du militant d’une banque et l’hypothèque de son pavillon (information largement développée par les rapports de police) est absente. Peut-être la commission est-elle informée par d’autres sources, orales notamment.
58La direction du Parti communiste a d’autres outils d’intervention que le contrôle biographique, en premier lieu, la nomination de têtes de liste dans l’intérêt de l’appareil. Gentilly en offre un bel exemple. Une élection complémentaire en novembre 1933 témoigne de l’effondrement des radicaux et de la percée des communistes. Le bureau politique décide, sans même solliciter l’avis de l’intéressé, d’envoyer à Gentilly un ouvrier de l’abattoir de la Villette qui n’a aucun lien avec la ville, qui n’est ni éligible, ni électeur. Georges Beaugrand devint cependant maire de la ville en février 193459. Ancien député, responsable du service d’ordre du Parti communiste, il est censé apporter en banlieue sud, à la veille des élections générales de mai 1935 une certaine stabilité et un point d’appui sûr. Il recrutera comme secrétaire André Heussler60, un membre de la commission des cadres. Il faut également citer l’envoi dans des conditions proches d’Albert Vassart à Maisons-Alfort. Ce co-créateur de la commission des cadres, ancien représentant du PCF à Moscou, n’avait aucune envie de se laisser placer dans la voie de garage des responsabilités municipales. Il fit contre mauvaise fortune bon cœur et utilisa ses talents d’administrateur au service, non seulement de sa commune, mais aussi à la Fédération des municipalités communistes de France dont il devint le secrétaire général. Vassart prit d’ailleurs goût à la gestion municipale. « Nous sommes des réalisateurs » écrit-il dans L’Information municipale de mars 1936.
59Si le bureau politique a la volonté de placer dans des lieux clés et sûrs des hommes de confiance déjà bien connus du Parti, pour l’essentiel les listes municipales sont le fruit du mûrissement des équipes locales et la direction, éventuellement éclairée par la commission des cadres ne joue qu’un rôle d’arbitrage.
60Une dizaine d’années d’enquête biographique pour le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier61 et d’analyse prosopographique ont permis la confrontation entre les divers parcours d’élus et bousculé quelques idées reçues. Ainsi nous avons pu rappeler que le communisme n’a pas le monopole de l’influence dans le monde ouvrier. Les socialistes-communistes et les socialistes SFIO eux-mêmes conservent longtemps un lien fort avec des populations ouvrières particulièrement en banlieue Ouest et Nord. Quant au communisme, c’est autant chez les ouvriers des services d’intérêt public que chez les ouvriers du privé qu’il affirme sa réussite. Le provincial père de famille, souvent de la génération du feu, travaillant à la TCRP, au Gaz, aux chemins de fer, est un profil fort du succès communiste. Le changement d’échelle, du corpus des élus observée quantitativement au document personnel permet d’observer au plus près les spécificités des itinéraires communistes. Les logiques et les hasards de la constitution d’un corpus de cinquante-quatre noms nous offrent finalement une image très différente mais finalement pas contradictoire. Le regard de la commission des cadres se porte tout naturellement vers les dirigeants les plus en vue, les syndicalistes de premier plan, les politiques appartenant aux grands corps du parti (des métallo, des journalistes) au détriment de ce qui fait l’originalité et la nouveauté de la banlieue rouge, l’alliance entre une classe ouvrière jeune de la grande industrie de l’automobile et de l’aviation avec des ouvriers des services d’intérêt public et de vieilles couches ouvrières : « manœuvres » et « manœuvres qualifiés ».
61L’usage heuristique des questionnaires biographiques a quelques limites. Les responsabilités politiques d’élus ou dans les organisations de masse ne font pas l’objet d’un questionnement détaillé tant est prégnante les logiques strictement partisanes. La problématique d’institution ne recoupe donc que partiellement le questionnement du chercheur. Le risque est grand alors d’être prisonnier d’un questionnement biographique dont la problématique implicite serait induite par l’objet lui-même, nous conduisant à rester dépendants des impensés de la politique d’encadrement.
62Un autre risque est de rester enfermé sur le corpus communiste, de ne pas pouvoir confronter avec les itinéraires socialistes ou radicaux, faute de sources comparables. Mais fallait-il vraiment que la commission des cadres fasse école ?
Notes de bas de page
1 Rapport pour le Plan urbain, programme de recherche « Ville et emploi », Ville-employeur et personnel communal, élus et syndicalistes face à la question de l’emploi depuis 1919, mars 2000. Introduction par Claude Pennetier. Contribution d’Emmanuel Bellanger, Jeanne Siwek – Pouydesseau, Michèle Velay et Emmanuelle Yohana.
2 Rosanvallon (P.), Le Peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France, Paris, Gallimard, p. 72.
3 Offerle (M.), Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux. Thèse d’État de Science politique, Paris I, 1979, multigr. : « Illégitimité et légitimation du personnel politique ouvrier en France avant 1914 », Annales ESC, juillet-août 1984 ; « Des communards aux conseillers municipaux : le socialisme à l’Hôtel de Ville dans les débuts de la IIIe République », in Romantisme, n° 30. p. 102-105 ; « Le nombre de voix. Électeurs, partis et électorats socialistes à la fin du XIXe siècle en France », Actes de la recherche en sciences sociales, 71-72, 1988, p. 5-21.
4 Pennetier (C.) et Viet-Depaule (N.), « Les municipalités et l’évolution politique et sociale des communes de banlieue (milieu XIXe siècle-milieu XXe siècle) », in Fourcaut (A.), dir., Un siècle de banlieue parisienne (1859-1964). Guide de recherche, Paris, L’Harmattan. 1988.
5 Tous les noms cités ont une biographie dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Éditions de l’Atelier. Pour les élus municipaux, la version CD-Rom (1997) est la plus complète.
6 Sur ce point, voir Pennetier (C.), Pudal (B.), « Le questionnement biographique dans l’institution communiste de 1924 à nos jours (de l’autobiographie au résumé d’activité, en passant par la "bio”) », à paraître dans Autobiographie, autocritique, aveu, aux Éditions Belin.
7 Cette appellation attribuée aux réponses à un questionnaire autobiographique, présenté par la commission des cadres, a été proposée pour la première fois dans : Pennetier (C.), Pudal (B.). « Écrire son autobiographie (les autobiographies communistes d’institution, 1931- 1939 »), Genèses, n° 23, juin 1996.
8 Sur 1323 élus communistes. Les autobiographies concernent quatre pour cent des élus. En fait, comme elles ne touchent les élus qu’après 1931. de nombreux élus de 1919 et de 1925. ou même de 1929 mais en rupture avec le parti sont écartés. C’est donc plus de cinq pour cent des élus communistes qui sont concernés.
9 CRCEDHC appelé aujourd’hui RGASPI.
10 Ancien délégué de la France au Komintern, Georges Cogniot dirigea l’Institut Maurice Thorez.
11 Puis à la Bibliothèque marxiste de Paris. Elles sont aujourd’hui consultables aux archives du Parti communiste.
12 Cette enquête porte actuellement sur 633 noms de rédacteurs d’autobiographies. Sur 2 400 noms demandés, la moitié disposaient de dossiers personnels dans les archives du Komintern, un millier de réponses à deux questionnaires biographiques allant de 1924 (questionnaires de militants français se rendant à Moscou) à 1950 (soit au-delà de la dissolution du Komintern en 1943). C’est dans ce millier que sont sélectionnés les 633 noms disposant de questionnaires à 74 puis 78 rubriques (1931-1939).
13 RGASPI. 517 1.
14 Idem, 495 10 A. Nous avons pu consulter ce fonds avant sa fermeture au milieu des années 1990. La déclassification du fonds Manouilski se fait toujours attendre.
15 Idem, 495 270 796. Le souci de connaître le nombre d’années de travail est apparenté à la préoccupation léniniste de tenir compte de la durée de la présence en usine pour « classer » un militant comme « ouvrier ».
16 Rappelons que l’égibilité est à 25 ans.
17 Ce qui ne veut pas dire que cet inventaire n’existe pas mais il n’était pas, jusqu’en 2000, consultable par les chercheurs. Il contient un peu moins de 10 000 noms.
18 Sur un exemple de ces autobiographies d’ouvriers de Renault, voir Pennetier (C.), Pudal (B.), « For intérieur et remise de soi dans l’autobiographie communiste d’institution (1931- 1939) : l’étude du cas Paul Esnault », in Le For intérieur, PUF, 1995.
19 Les mentions entre crochets sont ajoutées par nous pour éclairer le lecteur.
20 Henri Gourdeaux, né dans la Nièvre en 1881, mort à Paris en 1961. Commis des PTT. Membre du Comité central, Gourdeaux devint, au début des années 1930, responsable de la Commission centrale de contrôle politique. Il fut élu conseiller général, le 26 mai 1935 dans le 4e canton de Noisy qui regroupait Romainville et Bobigny. Il fut le principal de la CCCP jusqu’au deuxième trimestre 1949. À cette période, Léon Mauvais lui fit retirer la direction de la commission pour « manque de fermeté ». RGASPI, 495 270 50.
21 Léon Mauvais, né dans la Meuse en 1902, mort en 1980, ouvrier dans la distribution d’énergie électrique, fut conseiller municipal de Vitry-sur-Seine de 1929 à 1935. Mais ce n’est pas à ce mandat que pense Tréand, il pense à sa fonction de conseiller municipal de Paris depuis 1935 et de secrétaire du groupe communiste à l’hôtel de ville. Il n’y a pas de dossier Léon Mauvais au RGASPI alors qu’il y en a une de sa belle-sœur Andrée Mauvais, militante de Vitry. En fait, pour certains militants qui jouent un rôle politique après 1944, les dossiers du Komintern sont passés dans d’autres services de l’État soviétique. Pour les conseillers municipaux que nous étudions, c’est aussi le cas de Fernand Grenier.
22 Fernand Soupé, né en 1889 à Planches (Orne), mort en 1976 dans l’Eure. Ouvrier fondeur puis cantonnier ; maire communiste de Montreuil-sous-Bois (Seine) en 1935. RGASPI, 495 270 976.
23 Lire : « étudiées avec moi ».
24 1l fait allusion à l’élection, en août 1937, de Fernand Grenier à Saint-Denis, dans la circonscription précédemment détenue par Jacques Doriot.
25 RGASPI, 495 10a 16
26 Voir Pennetier (C.), Pudal (B.), « La “vérification” (l’encadrement biographique communiste dans l’entre-deux-guerres) », Genèses, n° 23, juin 1996.
27 Le bureau municipal des villes communistes s’ouvrait à des représentants du rayon puis de la section communiste.
28 C’est par exemple le cas d’Henri Brunet, de Bagneux. Il précise d’ailleurs qu’en juin 1936, il s’est retiré de cet organisme, en accord avec la direction régionale, pour concentrer son effort sur le travail d’entreprise chez Brandt. Sa présence au bureau municipal est retenue dans la fiche de synthèse de la commission des cadres. RGASPI, 495 270 2887.
29 André Marty est associé à la mise en place de la politique des cadres comme procureur dans le procès Barbé-Celor. Comme représentant du PCF à Moscou, puis comme secrétaire du Komintern, il aura à intervenir dans la politique des cadres et à rédiger des notes, souvent redoutables, qui restent dans les dossiers. Cependant les vrais parrains politiques des cadres sont Eugène Fried comme représentant de l’IC, Jacques Duclos, comme inspirateur des pratiques et Maurice Thorez comme secrétaire général.
30 RGASPI, 495 270 952 (Vassart) ; 495 270 7609 (Barbé) ; 495 270 9053 (Marty) ; 495 270 8590. Ces cas de pré-datation ne sont pas uniques : Robert Beck (qui militant de Vitry-sur-Seine porte un jugement sévère sur l’activité d’un élu municipal dans son usine) date une biographie rédigée en 1933 au vu du contenu, du 22 décembre 1929. RGASPI, 495 270 756.
31 Pennetier (C.), Pudal (B.), « Deux générations de militants communistes français (1931- 1951) en proie à des procès d’épurations internes », in Militantisme, militants, coordonné par Gotovitch (J.) et Morelli (A.), Bruxelles, EVO, 2000.
32 La bio n’est ni datée, ni signée mais, par la contenu, peut être située entre avril 1934 et le début de l’année 1935. RGASPI, 495 270 1581.
33 Idem, 495 270 1581.
34 Voir sa biographie dans le Dictionnaire biographique des Kominterniens, Paris, Éditions de l’Atelier, 2001.
35 OMS, Département des liaisons internationales de l’Internationale communiste.
36 RGASPI, 495 270 8631. 16 juin 1932.
37 Ajoutons, pour le cas de Léon Frot, que la demande est en attente.
38 Clamamus Jean-Marie, 495 270/2031. On ne communique qu’une page de l’Album des parlementaires communistes, 1936, numérotée p. 6. Il existe un dossier sur son fils Clamamus Gaston 540/1/64, Questionnaire : Première Olympiade Internationale du Théâtre Révolutionnaire de masse. Petit Albert 495 270 51 (divers, note « Jean »).
39 RGASPI, 495 270 34.
40 Idem, 495 270 1430, 8 juin 1933.
41 Idem, 495 270 4973, 13 mai 1933.
42 Idem, 495 270 8481, 7 mars 1933
43 Depuis 1928.
44 RGASPI 495 270 902, sans date [1932]
45 « Pendant longtemps, j’ai hébergé chez moi successivement plusieurs camarades illégaux et de l’IC, ainsi que gardé de fortes sommes d’argent appartenant au Parti. » Document cité.
46 Secrétaire de mairie à Calonne-Ricouard (Pas-de-Calais).
47 Arch. Com. Ivry-sur-Seine.
48 Les Révoltes logiques, n° 5, 1977.
49 Premier adjoint communiste de Drancy à partir de 1935, cheminot révoqué en 1920. RGASPI, 495 270 4947.
50 Idem, 485 270 1377.
51 Idem, 495 270 3051.
52 Idem, 495 270 2448.
53 Cahiers du bolchevisme, n° 4, 1924.
54 RGASPI, 495 270 8482.
55 C’est le vocabulaire employé par la commission des cadres du Komintern et à l’École léniniste internationale de Moscou.
56 RGASPI, 495 270 8605. Dans une note du 21 novembre 1933, Marty propose de le faire interroger par le secrétariat romain du Komintern avec Maurice Thorez. « Relever Singer si Thorez ne peut garantir son honnêteté révolutionnaire ».
57 Idem, 495 270 1395.
58 Secrétaire de la Fédération unitaire de l’Alimentation de 1933 à 1935 et de la Fédération CGT de 1936 à 1939.
59 Voir le biographie rédigée par Jacques Girault dans le Maitron. RGASPI, 495 270 8478
60 Idem, 495270 1867. « Membre du secrétariat régional Paris-Sud, membre de la commission des cadres (régionale). Pour accomplir ces tâches, le parti m’avait employé aux municipalités de Bagneux (Seine), puis la commission des cadres du centre m’a délégué comme secrétaire particulier de Beaugrand, maire, conseiller général de Gentilly (Seine) que j’occupais jusqu’à mon départ. » Il travaillait à la commission des cadres au repérage des militants susceptibles de rendre des services à l’aide pour l’Espagne. La mention « vu par Heussler » figure sur un grand nombre d’autobiographies.
61 Le Maitron comporte des notices biographiques sur tous les élus locaux de la banlieue rouge, maires, adjoints, simples conseillers, conseiller généraux, conseillers de Paris. Voir de préférence la version CD-Rom.
Auteur
CNRS
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Métro, dépôts, réseaux
Territoires et personnels des transports parisiens au XXe siècle
Noëlle Gérôme et Michel Margairaz (dir.)
2002
Policiers dans la ville
La construction d’un ordre public à Paris (1854-1914)
Quentin Deluermoz
2012
Maurice Agulhon
Aux carrefours de l’histoire vagabonde
Christophe Charle et Jacqueline Lalouette (dir.)
2017
Autonomie, autonomies
René Rémond et la politique universitaire en France aux lendemains de Mai 68
Charles Mercier
2015