Les parlementaires de la Seine et leurs mandats provinciaux
p. 161-174
Texte intégral
1Tous les parlementaires de la Seine ne sont pas des Parisiens, anciennement implatés dans les réseaux politiques et associatifs de la capitale. Certains détiennent des mandats électifs en province. Surtout, une fraction non négligeable d’entre eux a été élue à la Chambre ou au Sénat par les électers d’un autre département. À l’exclusion de quelques peu significatifs1, 63 parlementaires ont, au cours de leur carrière, successivement représenté la Seine et la province ; dans aucun autre département, la proportion de ces doubles mandats n’atteint un niveau aussi élevé. Ce phénomène s’explique d’abord par la personnalisation du mandat parlementaire sous la Troisième République : certains députés cherchent d’abord à rester au Palais-Bourbon, fût-ce en représentant un autre département que celui les a élus une première fois. Jusqu’en 1889, la pratique des candidatures multiples, héritage de la Deuxième République, a facilité les passerelles entre la Seine et la province : on pouvait se faire élire dans plusieurs circonscriptions, et opter ensuite pour l’une d’entre elles. Après 1889, les allers-retours Paris-province deviennent plus difficiles et se raréfient, sans jamais disparaître : car bien des parlementaires battus à Paris cherchent ensuite à trouver refuge en province, et réciproquement.
2Toutefois, la relation entretenue par les parlementaires avec leur mandat provincial est souvent plus complexe. L’échec électoral ne rend pas compte de tous les échanges de mandat entre Paris et province, qui obéissent d’ailleurs à des logiques fort diverses. Le sens du parcours constitue un premier clivage, face auquel les parlementaires se répartissent de façon équilibrée : 24 ont exercé un mandat provincial avant le mandat parisien, 26 ont fait l’itinéraire en sens inverse, tandis que 13 ont connu un cursus plus complexe encore, le cas le plus fréquent étant l’aller-retour province-Seine-province2. Ainsi, sur l’ensemble de la période, on peut compter 37 passages de la province vers Paris et 41 passages de Paris vers la province. Comment s’articulent ces deux mandats ? Quelle place joue le mandat provincial dans le parcours politique des parlementaires de la Seine ? On pourrait penser qu’il s’agit d’un tremplin, lorsqu’il se situe avant une élection dans la Seine, et d’un refuge, lorsqu’il se place après. Mais les situations sont-elles aussi tranchées ? L’étude successive des différents types d’enchaînement (province-Seine puis Seine-province) permettra de dresser une typologie plus fine.
De la province vers la seine
3L’itinéraire des anciens parlementaires provinciaux élus dans le département de la Seine n’est pas homogène. Si 19 d’entre eux font ce choix après avoir été battus en province3, 18 ne se sont pas représentés dans leur circonscription d’origine et font donc un choix positif, obéissant à des motivations très diverses : la volonté de prévenir un échec voisine avec la lassitude des allers-retours entre le Palais-Bourbon et la province et avec l’ambition d’être le représentant de la capitale. La même diversité caractérise l’enchaînement temporel des deux mandats : la moitié des parlementaires passe directement de la province à Paris (essentiellement dans les années 1870 et 1880), sans véritable interruption ; mais Marcel Habert, déchu de son mandat en 1901, doit attendre dix-huit ans pour être élu député de la Seine, après plusieurs tentatives infructueuses. Ce décalage entre deux groupes de ce corpus s’explique, en partie, par le brusque changement de rythme auquel s’effectue ces mutations, de part et d’autre de Tannée 1889.
Des rythmes différents
4La succession d’un mandat provincial et d’une élection dans la Seine a surtout lieu au début de la Troisième République : 20 passages de ce type ont lieu entre 1876 et 1889, contre 17 au cours des quarante années suivantes. L’influence des candidatures multiples est ici sensible, même si certains de ces parcours n’ont pas été provoqués par une double élection. Seize de ces mutations ont lieu lors de trois élections – celles de 1876, 1885 et 1889 –, qui correspondent chacune à un changement de mode de scrutin. En 1876, l’instauration du scrutin d’arrondissement pousse six anciens députés provinciaux à choisir la Seine, soit de manière immédiate (Bamberger, Casse), soit après un échec en province (Denfert-Rochereau, Duprat, Hérisson). En 1885, la restauration éphémère du scrutin de liste marginalise la position de certains députés, bien implantés dans leur circonscription mais isolés à l’échelle du département : dès le vote de la loi électorale, le député radical de la Gironde Adrien Achard a conscience de la fragilité de sa position et tente de se rapprocher des opportunistes4. Il est toutefois battu dans ce département en septembre 1885. Comme Georges Brialou et Gaston Douville-Maillefeu, battus respectivement dans le Rhône et la Somme, il trouve refuge dans la Seine, à l’issue des élections partielles provoquées par la démission de personnalités élues à Paris, mais optant pour un autre département5. Ces trois hommes rejoignent ainsi Charles Laisant, qui a préféré ne pas se représenter dans la Loire-Inférieure et se présenter directement dans la capitale.
5En 1889, c’est moins le retour au scrutin d’arrondissement que la conjoncture politique qui explique l’arrivée dans la Seine de sept anciens députés de province. Souhaitant faire des élections parisiennes le test de leur influence, les boulangistes présentent dans la capitale un nombre important de députés sortants, de Paris ou de province : ces derniers doivent abandonner leur mandat provincial, en vertu de la nouvelle législation interdisant les candidatures multiples6. C’est ainsi que Francis Laur, Jean-Baptiste Saint-Martin, Georges Laguerre et Alfred Naquet deviennent députés de la Seine pour une seule législature, alors que les provinciaux Turquet (Aisne), Chevillon (Bouches-du-Rhône), Vergoin (Seine-et-Oise) et Planteau (Haute-Vienne) sont battus dans la capitale. Face à la menace boulangiste, les radicaux ont également mobilisé certains de leurs élus provinciaux, à l’instar de Charles Floquet et Henri Brisson qui quittent, pour l’occasion, les Pyrénées-Orientales et le Cher.
6À partir des années 1890, l’élection dans la Seine d’anciens parlementaires de province est un phénomène résiduel, qui ne concerne qu’une ou deux personnalités à chaque élection. Il s’agit le plus souvent d’hommes ayant rompu tout lien avec la province et recherchant, de façon obstinée, un mandat dans la Seine. Au terme de son premier mandat en Meurthe-et-Moselle (1889-1893), Maurice Barrés pose une première fois sa candidature dans la capitale : il ne sera élu qu’à la quatrième tentative, en 1906, après avoir essayé de se faire élire à nouveau à Nancy en 1898. Le nationaliste Charles Bernard, député de la Gironde entre 1898 et 1902, essuie également trois échecs avant d’être élu député de la Seine en 1914. L’élection dans la capitale peut aussi intervenir après un ou plusieurs échecs en province, comme en témoignent les parcours de Victor Constant, Firmin Faure, Émile Flourens, René Goblet, Marcel Déat, Charles de Lasteyrie ou Paul Reynaud. Victime de la vague cartelliste en 1924 dans les Basses-Alpes, celui-ci renonce sans difficulté à une carrière politique dans sa région natale7 ; dès 1926, il accepte d’être le candidat de la Ligue nationale républicaine aux élections partielles du deuxième secteur de Paris, qui revêt une forte importance politique ; même s’il subit alors un échec, aux côtés de Kerillis, il se présente à nouveau en 1928 et est alors élu.
7Ces repêchages concernent le plus souvent des personnalités reconnues, pour lesquels les appareils acceptent de concéder une place dans un département convoité. Ils sont plus fréquents en période de turbulences politiques que dans les phases de stabilité : au cours des élections de 1910, on ne relève aucun transfert dans le département de la Seine. Ce sont les hommes situés aux extrêmes qui recourent de façon privilégiée au refuge parisien : si la forte proportion de boulangistes élus en 1889 s’explique par des impératifs politiques, la sur-représentation des radicaux avant 1889, de la droite nationaliste à partir des années 1890 et de la gauche socialiste et communiste dans l’Entre-deux-guerres suggère que les électeurs de la Seine sont plus ouverts que ceux de la province aux forces politiques non gouvernementales. Ainsi, l’intégration de Joseph Paul-Boncour dans la SFIO, au cours de la Grande Guerre, se traduit en 1919 par le passage à Paris de cet élu pourtant bien implanté dans sa terre natale du Loir-et-Cher.
Implantation parisienne ou provinciale ?
8Le départ vers Paris n’est pas obligatoirement motivé par la faiblesse de l’implantation provinciale. Certes, ces hommes viennent majoritairement de départements éloignés de Paris et éprouvent donc des difficultés, une fois élus, à mener une propagande locale continue et active : 21 d’entre eux ont d’abord été élus dans des régions périphériques8 et 3 dans la France non métropolitaine (Guadeloupe, Algérie, Corse – sans compter l’Inde française représentée par Pierre Dupuy, qui fut au préalable député de la Gironde), tandis que 7 seulement viennent de départements relativement proches de la région parisienne (Aisne, Marne, Somme, Seine-et-Oise)9. Toutefois, les parlementaires dont l’ancrage provincial est le plus lacunaire ne représentent pas forcément les départements les plus éloignés de la Seine. Surtout, la majorité de ces hommes, qui ont commencé leur carrière politique par un mandat provincial, ont une implantation locale complète.
9Cette implantation repose à la fois sur un réseau familial et amical, une fonction élective locale (généralement le Conseil général), une présence dans un réseau associatif varié (professionnel, philanthropique ou culturel) et la détention d’un organe de presse. Député de la Haute-Loire sous la législature du Bloc national, Victor Constant représente bien ces notables de province10. Né en Haute-Loire où il exerce la profession de marchand, il détient son premier mandat local à trente-cinq ans, en devenant conseiller municipal du Puy (1904). Il gravit alors le cursus électif traditionnel (conseiller d’arrondissement en 1904, maire de Saint-Germain-Laprade en 1908, conseiller général en 1919), tout en multipliant les responsabilités politiques et associatives : ce chef de l’Action libérale populaire dans son département préside également, en 1910, l’Association des commerçants et industriels de la Haute-Loire. Enfin, il est administrateur délégué du principal journal conservateur du département (L’Avenir de la Haute-Loire). Lorsqu’après plusieurs échecs en province, il se décide à conquérir un mandat parisien, il témoigne de la même énergie pour s’implanter dans la capitale, au sein du Conseil municipal notamment. D’autres personnalités nationales, influentes dans les milieux parisiens, ont le même type d’implantation : allié à une famille influente dans la vie politique de la Charente-Inférieure, directeur du Matin charentais, Pierre Taittinger est maire dans ce département, dont il préside également le Syndicat agricole. De même, le premier mandat de Paul Reynaud (dans les Basses-Alpes) s’inscrit dans un héritage familial (son oncle fut député puis sénateur du département, son père conseiller général) et une stratégie personnelle commencée avant la Grande Guerre : il est élu conseiller général des Basses-Alpes en 1913, et ne quitte cette fonction que vingt-cinq ans plus tard. Si, une fois élus dans la Seine, les parlementaires modérés restent des notables locaux et conservent des attaches avec leur département d’origine, les élus de gauche rompent plus facilement ces liens. Nommé professeur à Reims en 1922, Marcel Déat mène une activité intense dans le département de la Marne, au sein de la fédération SFIO, du monde syndical (il fonde deux syndicats d’enseignants), de la presse (il dirige Le Travail de la Marne) et du milieu politique. Dès 1924, il se fait élire conseiller municipal à Reims, ce qui constitue un prélude à son élection comme député deux ans plus tard. Mais, après son échec de 1928, il abandonne tout espoir dans ce département, refusant même de se représenter au conseil municipal de Reims en 1929 : il mise désormais tout sur sa carrière parisienne11, ce qui lui permet de remporter en 1932 le siège perdu par Léon Blum quatre ans plus tôt.
10Une fraction importante de parlementaires, venus surtout de la gauche radicale, n’adopte pas la même stratégie d’implantation locale. Ils fondent leur carrière politique sur leur appartenance à un comité et sur des mandats électifs locaux. Ce faible intérêt explique alors la facilité avec laquelle ils ont abandonné leur premier mandat pour se rendre à Paris. Denfert-Rochereau, Pascal Duprat sont essentiellement des Parisiens, qui ne se montrent guère en Charente-Inférieure et dans les Landes. Hormis une présence au conseil municipal de Lyon en 1870-1871, Georges Brialou ne fait pas preuve d’un engagement dans la vie de sa cité. D’autres ont fait plus d’efforts, mais semblent se lasser au fil du temps. Ainsi, Emile Flourens a tenté, au début des années 1890, de s’implanter dans les Hautes-Alpes, en se faisant élire au Conseil général et en fondant même une société savante (la Société d’études des Hautes-Alpes) ; mais, en 1898, il se présente en vain à Lyon, avant de rejoindre Paris quatre ans plus tard. Toutefois, la plupart de ces députés n’ont pas véritablement préparé leur passage à Paris. Si certains sont anciennement intégrés dans le milieu associatif de la capitale, notamment dans la franc-maçonnerie ou la presse, seulement cinq d’entre eux siègent au conseil municipal de Paris, soit avant leur élection (Victor Constant, Marcel Habert, Charles Hérisson), soit après (André Marty, Pierre Taittinger)12.
11La relative faiblesse de cet ancrage parisien est d’autant plus surprenante que ces parlementaires ont passé plus de temps à représenter le département de la Seine que la province : les 24 personnalités ayant effectué l’aller simple province-Paris ont consacré sept ans et demi à leur second mandat, contre cinq et demi à leur premier mandat. Sans doute faut-il voir là la réticence de certains de ces hommes à mener dans le département de la Seine la même implantation que celle qu’ils avaient déjà accomplie en province. Pour d’autres, cette discrétion dans les milieux parisiens s’explique par une fidélité à la province, dans la perspective d’un départ possible de la capitale.
12En effet, neuf anciens députés de province élus dans la Seine effectuent un retour en province, majoritairement dans leur ancien département13. Toutefois, quatre d’entre eux sont véritablement parachutés dans une circonscription située aux antipodes de leur ancien lieu d’implantation14. L’ancien député et président du conseil général de la Gironde, Louis Decazes se fait élire dans les Alpes-Maritimes en 1877, après un court mandat parisien. Quant à Joseph Paul-Boncour, qui représente à plusieurs reprises le département du Loir-et-Cher (il en est le député de 1909 à 1914 et le sénateur de 1931 à 1940), il choisit, après son intermède parisien (1919-1924), de se présenter dans le Tarn, en raison d’un désaccord politique avec la Fédération SFIO de la Seine mais aussi d’une attirance affective pour le pays de Jaurès15. Qu’il s’agisse d’un retour aux sources ou de la recherche d’une nouvelle implantation, ce retour s’effectue toujours après un mandat parisien extrêmement bref, qui n’excède jamais une législature. Pour Déat, Dupuy, Godelle et Laguerre, cette brièveté s’explique par un échec électoral. Les autres ont refusé de se représenter, craignant sans doute une défaite, à l’instar des députés boulangistes de 1889 (Naquet, Saint-Martin) qui, quatre ans plus tard, abandonnent leur circonscription. Cette stratégie est également adoptée par des députés et sénateurs de la Seine qui n’ont jamais exercé au préalable un mandat parlementaire en province.
De la seine vers la province
13Les 41 parcours qui conduisent des parlementaires parisiens16 à se faire élire (ou réélire) en province ne s’apparentent pas forcément à des replis stratégiques. Seulement 16 d’entre eux l’effectuent après un échec dans le département de la Seine, lors d’élections marquant un tournant politique : en 1893, Georges Laguerre et Stephen Pichon sont victimes du double reflux boulangiste et radical ; en 1928, le retour au scrutin d’arrondissement et la poussée du communisme dans la banlieue fragilisent la position de Léon Blum (battu par Duclos) et Pierre Dupuy, qui se font élire, l’un dans l’Aude en 1929, l’autre dans l’Inde française en 1932 ; et ce sont les élections du Front populaire qui provoquent le transfert le plus important puisque les modérés Jean Fabry et Jean Goy et le néo-socialiste Marcel Déat doivent chercher un refuge respectivement dans le Doubs, le Calvados et la Charente. En revanche, 25 de ces passages en province procèdent d’un choix non dicté par une défaite, mais plus ou moins imposé par les circonstances politiques. C’est sans doute ce qui explique qu’aucune force politique ni aucune période ne domine véritablement. Les partis gouvernementaux (radicaux, républicains de gauche) l’emportent toutefois sur les extrêmes, contrairement aux parcours inverses. Et si l’on considère la date de la fin du mandat parisien, on constate une légère sur-représentation de la période 1871-1889 (17 cas sur 41), liée aux candidatures multiples ; mais le mouvement perdure, de façon assez régulière, lors des périodes suivantes (1890-1914 et 1919- 1940, où l’on compte à chaque fois 12 cas). Une évolution apparaît toutefois avec netteté : si, au cours de la première période, 20 % des transferts s’expliquent par un échec, ce chiffre s’élève à 40 % dans la période suivante et à 66 % dans l’Entre-deux-guerres. Considérant de plus en plus la province comme un refuge, les parlementaires pratiquent plus fréquemment le parachutage.
Les raisons d’un choix
14Le passage en province obéit à des motivations diverses. Certains députés, battus ou menacés dans la Seine, estiment urgent de reconquérir un siège, pour conserver leur influence sur la vie politique nationale. La localisation importe peu, pourvu qu’elle soit susceptible de déboucher sur un résultat positif. Battu dans le département de la Seine en 1936 et originaire du Puy-de-Dôme, Jean Goy, président de l’Union nationale des combattants, songe un moment à se présenter lors d’une élection partielle favorable à la droite, à Mortain (Manche) en avril 1937, avant de se présenter, la même année, dans le Calvados. Il brigue alors la succession d’Henry Provost de la Fardinière qui, comme lui, apparaissait comme un Parisien et dirigeait une organisation nationale (il était vice-président des Jeunesses patriotes). Goy est alors élu face à cinq « horsains », parmi lesquels figure son principal concurrent, Henry Châtenet. L’un des deux seuls candidats originaires du Calvados, le socialiste André Sellée, fait d’ailleurs campagne sur le thème de « la Normandie aux Normands »17. Deux autres personnalités importantes ont ainsi trouvé refuge en province : Blum et Millerand. Après son échec parisien de 1928, Léon Blum refuse d’abord de se présenter à une élection partielle risquée dans la Drôme mais, moins d’un an après son échec, il devient député de l’Aude, grâce au retrait du secrétaire de la fédération départementale auquel pourtant la circonscription était promise. Quant à Alexandre Millerand, il rejoint un département avec lequel il n’avait pas de liens particuliers, l’Orne, l’année même de son échec dans la Seine, en 1927.
15La province ne joue pas toujours le rôle de refuge. Certains Parisiens y viennent, parce qu’ils peuvent éventuellement faire profiter leur parti de leur notoriété nationale ou du souvenir particulier qu’ils ont laissé dans une région : ce sont donc eux qui se posent en recours, souvent pour sauver un siège menacé. Lors d’élections très disputées, comme en 1885, ce phénomène prend une certaine ampleur : Clemenceau opte alors pour le Var, qu’il avait visité un an auparavant lors de l’épidémie de choléra de Toulon, afin d’y renforcer l’influence radicale ; de son côté, le président du Conseil Henri Brisson affirme, avant même l’élection, qu’il préférera le Cher à la Seine, qu’il représentait jusqu’alors ; de même, Eugène Spuller espère ouvertement que sa notoriété, acquise dans la capitale, servira ses amis de la Côte-d’Or18. À deux reprises, les radicaux de l’Ain ont recouru à des députés de la Seine en cours de mandat, dotés d’une aura nationale, pour défendre leurs couleurs. En juin 1900, le ministre Pierre Baudin cède au « devoir de venir à Belley », malgré des réticences mises en scène à loisir par la presse locale19 ; douze ans plus tard, alors qu’il vient juste d’abandonner le ministère de la Guerre, Messimy se réfère à l’exemple de Baudin pour abandonner ses électeurs de la Seine et se faire élire dans la circonscription de Trévoux. Selon ses partisans, sa candidature permet de « dépasser les petites rivalités cantonales » et de donner de la grandeur à la vie politique locale20. Au-delà de ces justifications, qui représentent toujours le Parisien en homme de devoir désintéressé répondant aux sollicitations de ses amis politiques provinciaux, le retour en province obéit souvent à des motifs plus personnels. Opéré au crépuscule d’une carrière parlementaire, il peut alors apparaître comme un retour aux sources et à un mode traditionnel d’action politique : simultanément élu comme sénateur dans la Seine et le Puy-de-Dôme en 1935, Pierre Laval choisit son département natal, où il entretient une véritable clientèle politique.
16Le cas de Pierre Laval n’est pas isolé. Sur l’ensemble de la période, 21 parlementaires parisiens gagnent un mandat provincial dans un département où ils ont des attaches familiales ou professionnelles, qu’ils n’ont jamais véritablement rompues : pour 16 d’entre eux, le choix se porte sur la région natale alors que, pour 5 autres, c’est le lieu de l’exercice professionnel qui a été déterminant. Le passage en province procède alors souvent d’une décision positive. Ainsi, quand Pierre Baudin, après un mandat inachevé dans la Seine et une ascension continue au conseil municipal de Paris21, devient député de l’Ain, son département natal, en 1900, il s’implante durablement par un mandat local (celui de conseiller général de l’Ain, qu’il exerce entre 1902 et 1914) et un engagement dans la presse régionale (il dirige Le Courrier de l’Ain). Parfois même, l’intégration dans la vie politique locale précède la candidature parlementaire. Député de la Seine jusqu’en 1897 et conseiller municipal de Paris, Émile Chautemps est constamment resté en contact avec la Haute-Savoie, en adhérant dès le début de sa vie publique parisienne à une association d’originaires (la Société philanthropique savoisienne de Paris) et en accédant au conseil général de ce département dès 1895. De même, au cours de sa campagne dans l’Ain en 1912, Messimy se présente comme « maire de Charnoz et conseiller général de Meximieux » 22. Quant à Eugène Spuller, il n’a pas attendu son échec à Paris en 1885 pour maintenir, en Bourgogne, une influence qu’il avait acquise à la fin du Second Empire, en participant notamment à la fondation du Journal de Langres : membre, au début des années 1880, de la Société bourguignonne de géographie et d’histoire, il entre au conseil général de la Côte-d’Or en 1883. Le retour en province semble plus facile si le parlementaire y a exercé une partie de son activité professionnelle, comme Émile Basly et Bracke-Desrousseaux dans le Pas-de-Calais et le Nord. Ou encore Ferdinand Gambon qui, bien que natif du Cher, a commencé, sous la monarchie de Juillet, sa carrière de magistrat puis de journaliste dans la Nièvre : c’est dans ce département qu’il est élu sous la Deuxième République et qu’il reviendra, après un court passage dans la Seine, en 1882.
17Les députés battus à Paris n’ont toutefois pas toujours un point de chute naturel en province. Certains tentent leur chance dans un département voisin de leur région natale, et doivent parfois recommencer une carrière politique. C’est le cas de Stephen Pichon, originaire de Côte-d’Or, qui, après son échec de 1893, décide de s’implanter dans le Jura. En dépit de sa notoriété, il tarde à être récompensé de ses efforts : il entre seulement en 1904 au Conseil général, qu’il présidera treize ans plus tard, et se fait élire au Sénat en 1906. D’autres fortes personnalités connaissent des parcours chaotiques. Ainsi, après avoir exercé pendant deux ans la fonction de gouverneur général d’Indochine (pour laquelle il a démissionné de son mandat parisien), Jean-Marie de Lanessan tente de trouver un refuge en province. Battu à Bordeaux lors d’élections partielles, en février 1893, il parvient toutefois à se faire élire député à Lyon en 1898 et 1902, grâce à ses relations avec le milieu colonial de la ville. Mais son influence politique locale s’affaiblit, au fur et à mesure que le radicalisme s’affirme comme la force politique majeure à Lyon : aussi est-il battu en 1906. Quatre ans plus tard, il fait valoir ses liens, très anciens, avec la ville de Rochefort (où il a été élève à l’École navale, puis chirurgien aide-major en 1870-1871) pour devenir le député de la ville ; mais en 1914, son échec sanctionne une incapacité à s’implanter en province. Ces difficultés ne concernent pas tous les députés extérieurs à leur circonscription, et certains « parachutés » parviennent à conserver leur mandat. Ainsi, de 1929 à 1940, Léon Blum représente une circonscription de l’Aude qui lui a été offerte par la SFIO à la suite de son échec de 1928, mais dans laquelle il apparaît véritablement comme un étranger23 ; absorbé par ses responsabilités nationales, il ne reste d’ailleurs que deux ans conseiller général du département. Son implantation locale repose sur son parti, mais aussi sur son nom. La plupart de ces parachutés jouissent d’une certaine notoriété, qu’ils ont exploitée au cours de leur campagne et qui a compté dans leur succès, les électeurs pensant ainsi être mieux représentés et défendus à Paris24. Mais cet atout, pour jouer durablement, doit être secondé par un véritable ancrage provincial.
Diversité des implantations provinciales
18On peut distinguer trois grands types d’implantation en province : l’influence par procuration, reposant sur le dévouement d’intermédiaires locaux qui se mettent au service d’une personnalité parisienne ; l’ancrage politique, qui est généralement le fait de personnalités ayant commencé leur engagement politique dans leur département d’origine, avant de connaître leur première consécration parlementaire en province ; l’implantation notabiliaire, souvent liée à une volonté d’exploiter politiquement l’image de provincial.
19L’influence par procuration ne concerne qu’un petit groupe d’élus, généralement parachutés mais ayant acquis une position suffisamment forte dans le monde politique pour bénéficier du relais de l’appareil régional d’un parti (c’est le cas de Blum dans l’Aude) ou d’un réseau politique (Millerand dans l’Eure, Painlevé dans l’Ain, Say dans les Basses-Pyrénées). La relation nouée entre Georges Clemenceau et les populations du Var souligne l’efficacité et les limites de cette stratégie25. L’ancien élu de Montmartre témoigne d’un certain attachement affectif à une région où il a subi pourtant un échec cuisant en 1893 ; mais il ne s’y montre guère, surtout après sa seconde élection au Sénat en 1909 : il passe alors deux ans sans venir au contact de ses électeurs. Sa clientèle, qui, dans les aimées 1880, se recrutait au sein d’un cercle assez large d’élus radicaux (le sénateur Ferrouillat, les maires de Draguignan et de Toulon, quelques conseillers généraux et avocats), tend alors à se réduire à quelques amis fidèles, au premier rang desquels figure Victor Meymonenq. Rencontré lors de la campagne sénatoriale de 1902, élu sénateur sur la liste de son patron en 1909, cet ancien ouvrier de F Arsenal joue véritablement un rôle d’intermédiaire, qu’il a bien défini dans son journal26 : « Clemenceau s’occupait de la grande cuisine, et moi de la petite. C’est-à-dire des faits intéressant les communes varoises. Il avait été convenu que je le tiendrais au courant des démarches effectives dans les différents ministères. Je passais au moins tous les quinze jours rue Franklin ». La notoriété de cet homme rejaillit sur Clemenceau, qu’il accompagne dans chacune de ses tournées varoises, en multipliant les interventions en provençal. Le « sénateur invisible », selon le mot de ses adversaires, bénéficie ainsi d’une forte popularité, entretenue par des visites médiatisées (comme la randonnée au lac d’Allos à dos de mulet, en octobre 1908) et une presse locale favorable aux radicaux (Le Petit Var puis, à partir de 1910, Le Journal du Var). Dans ce type d’implantation, la presse constitue d’ailleurs le lien le plus régulier entre le parlementaire et la province.
20Plutôt que de passer par des intermédiaires (presse ou réseaux), une minorité de députés venus de Paris préfèrent s’intégrer activement dans les sociabilités politiques de leur nouveau point d’ancrage. Cette démarche s’effectue plus facilement si l’élu s’est d’abord engagé en province, et devient presque systématique s’il appartient à la SFIO ou au PC. Le parcours d’Emile Basly cumule ces deux critères. Né à Valenciennes en 1854, cet ouvrier mineur a milité précocement dans le syndicalisme du Nord : il représente cette région au congrès de Saint-Étienne en 1880, avant de fonder le syndicat des mineurs d’Anzin, dont il est le secrétaire général en 1882- 1883. Au même moment, il commence une carrière politique au sein du conseil municipal d’Anzin. En 1884, il mène les grandes grèves d’Anzin et devient une personnalité nationale du socialisme : c’est pourquoi en 1885 il se présente à Paris et non pas dans sa région d’origine, alors qu’il vient de créer un journal politique local (Le Progrès de Denain). Un échec électoral, en 1889, le décide à revenir deux ans plus tard sur une terre où il a toutes ses attaches et où il apparaît comme une personnalité politique de premier plan : maire et conseiller général de Lens de 1900 à 1928, il préside en 1924 le conseil général du Pas-de-Calais. Un autre socialiste du Nord, Alexandre Bracke-Desrousseaux, suit le même type de parcours, avec une génération de décalage, sans appartenir toutefois au monde ouvrier ni disposer d’une telle influence régionale. Si son parcours universitaire l’a conduit de Douai à Lille puis à Paris, il a maintenu des liens avec sa région d’origine, par la presse notamment ; à son retour dans le Nord en 1928, il prend une place prépondérante au sein de la fédération SFIO et siège au conseil général et au conseil municipal de Lille. Sans être aussi complète, l’implantation locale de René Viviani dans la Creuse obéit à la même logique, tout comme celle de Joseph Paul-Boncour dans le Tarn ou Stephen Pichon dans le Jura. En revanche, celle de Ferdinand Gambon ou d’Arnaud de l’Ariège s’explique par la nature de leur parcours, qui s’apparente à l’échelle de deux Républiques, à un aller-retour province-Paris-province. Avant d’être député de la Seine (1871-1876) puis sénateur de l’Ariège (1876-1878), Arnaud de l’Ariège a déjà représenté ce département à l’Assemblée nationale, sous la Deuxième République : il jouit donc d’une notoriété ancienne, appuyée sur la fidélité d’un réseau politique et associatif et sur une image de notable.
21Le retour de Pierre Laval dans sa région natale répond à une stratégie différente – et, à vrai dire, exceptionnelle. Député-maire bien implanté en banlieue parisienne, il décide, au début des années 1930, de devenir un « châtelain auvergnat »27. Plus que la crainte d’un progrès communiste qui fragiliserait son mandat, la recherche d’une assise notabiliaire renforçant sa dimension nationale a poussé Pierre Laval à faire cet important investissement28. Investissement financier, puisqu’il achète un journal (Le Moniteur du Puy-de-Dôme), une imprimerie et un château (celui de Chateldon, sa ville natale). Investissement politique, qui passe par le renforcement des liens avec la colonie auvergnate de Paris et par la constitution d’un véritable réseau personnel dans le département : au milieu des années 1930, Laval compte des amis dans la plupart des partis du département, communistes exceptés. Cette influence apparaît surtout au cours des élections sénatoriales : élu facilement à l’automne 1935, il devient un faiseur de sénateurs, favorisant l’élection du radical Buisson en 1937 puis du modéré Bardoux en 1938. Il a parfaitement réussi sa reconversion, comme la plupart des parlementaires de la Seine passés en province.
22Au terme de leur carrière politique, ces hommes apparaissent finalement plus comme des provinciaux que comme des Parisiens. Ils ont, en moyenne, exercé leur mandat pendant neuf et demi dans la Seine et pendant onze ans et demi en province. Leur carrière est nettement plus longue que celle des hommes passés de la province à Paris, comme si la capitale usait plus rapidement ses représentants, alors que la province joue le rôle d’un refuge. Cette image est renforcée par la rareté des allers-retours Paris-province-Paris, alors que l’inverse est beaucoup plus fréquent. Seuls Floquet et Lockroy, deux véritables Parisiens, ont effectué cet itinéraire, que Brisson et Ranc ont également suivi, mais avec un second retour en province. Tous sont des radicaux, liés aux débuts de la Troisième République, fascinés par Paris et ne voyant dans la province qu’un moyen d’échapper pour un temps à la versatilité de l’électorat de la capitale. Ils ne représentent pas la majorité de ces parlementaires qui, même parachutés, ont cherché à valoriser politiquement leur mandat provincial.
*
23Au cours de la Troisième République, le rapport à la province des parlementaires parisiens a changé. Dans le cadre des candidatures multiples, jusqu’en 1885, la candidature en province était le plus souvent considérée comme une assurance contre une mauvaise surprise à Paris, où avaient lieu les combats les plus politiques : on défendait ses idées dans le département de la Seine, et ses positions personnelles dans un département où l’on jouissait d’une notoriété suffisante. Les élections parisiennes de 1885, au cours desquelles socialistes et radicaux mirent en avant nombre de leurs militants et élus provinciaux, reflètent à l’évidence cette conception, que l’on retrouve chez les boulangistes en 1889, sous un régime électoral pourtant différent. La suppression de la candidature multiple et les reclassements politiques dans la Seine où les extrêmes sont désormais sur-représentés entraînent une réévaluation du mandat provincial, esquissée au tournant du siècle et renforcée dans l’Entre-deux-guerres. Désormais, les parcours Paris-province l’emportent sur les itinéraires inverses et concernent des personnalités de premier plan qui, parties par nécessité à la suite d’un échec, n’éprouvent toutefois plus le besoin de revenir briguer un siège dans la capitale. Cette réhabilitation de la province, à laquelle n’échappent finalement que les parlementaires communistes, traduit sans doute à la fois un attachement nostalgique à une France rurale en déclin et une notabilisation du personnel républicain. Mais même bien implantés dans leur département, la plupart de ces parlementaires restent, par leur mode de vie, leurs relations et leurs activités, des Parisiens.
Notes de bas de page
1 Nous avons exclu de cette étude six parlementaires, qui ont exercé un de leuts mandats de façon trop brève pour être véritablement significative : il s’agit de Garibaldi (élu dans quatre départements le 8 février 1871, démissionnaire cinq jours plus tard), de Gambetta et Ledru-Rollin (démissionnaires de leur mandat provincial moins d’un mois après leur élection, en février 1871), de Dufraisse (invalidé dans les Alpes-Maritimes en 1871, et qui ne représente donc effectivement que le département de la Seine au cours de la Troisième République), de Thiers (qui démissionne, au bout d’un mois, de son mandat de sénateur du territoire de Belfort, en mars 1876) et de Chiappe (dont l’élection en Corse, en 1936, été invalidée). Nous avons en revance conservé Ferdinand Gambon, malgré la brièvetè de son mandat de 1871 (deux mois), en raison de ses deux doubles candidatures dans la Nièvre et la Seine, en 1871 et 1885.
2 Neuf parlementaires ont effectivement enchaîné mandat provincial, mandat parisien, puis mandat provincial. Deux autres ont effectué un parcours inverse (mandat parisien, puis provincial, puis parisien) : il s’agit de Floquet et Lockroy. Enfin, Brisson et Ranc ont ajouté à ce parcours un nouveau mandat provincial.
3 Sur ces 19 parlementaires, notons le cas particulier de Ranc, déchu de son mandat dans le Rhône en 1874 (et non pas battu au terme d’une élection).
4 Cf. Archives de la préfecture de police de Paris, Ba 609, rapport des Renseignements généraux, 29 mars 1885 : Achard présente notamment ses services au journal ministériel La Gironde.
5 Lors des élections partielles de décembre 1885, Achard récupère le siège d’Henry Maret (qui a opté pour le Cher), Brialou celui de Georges Clemenceau (qui a choisi le Var) et Douville-Maillefeu celui de Paul Bert (député de l’Yonne).
6 Certains ont refusé de prendre ce risque : témoin en est le renoncement de Le Hérissé, député d’Ille-et-Vilaine, que L’Éclair du 3 août 1889 présentait pourtant comme candidat à Paris.
7 Cf. P. Reynaud, Mémoires. 1. Venu de ma montagne, Paris, Flammarion, 1960, p. 187-189. Il ne manifeste alors aucun regret apparent, écrivant simplement : « Je continuai à passer les grandes vacances dans l’air pur de Barcelonnette, où je retrouvais mes cousins et, avec eux, mes amis d’enfance ». Cet ouvrage témoigne d’ailleurs d’une implantation très superficielle dans les Basses-Alpes.
8 Nous avons inclus dans ce groupe les départements suivants : Basses-Alpes (1 élu), Hautes-Alpes (2), Bouches-du-Rhône (3), Charente-Inférieure (2), Gers (1), Gironde (4), Landes (1), Loire-Inférieure (1), Meurthe-et-Moselle (2), Pyrénées-Orientales (1), Vaucluse (3).
9 Trois parlementaires parisiens ont, au préalable, représenté la Somme (René Goblet, Lucien Millevoye, Gaston Douville-Maillefeu), deux la Seine-et-Oise (Marcel Habert, André Marty), un l’Aisne (Camille Godelle), un la Marne (Marcel Déat).
10 On aurait pu également donner l’exemple de René Goblet, véritable notable à Amiens, qui cumule reconnaissance professionnelle (il fut bâtonnier), influence politique (maire d’Amiens, président du conseil général de la Somme), activité associative (au sein de la Libre pensée, mais aussi de l’Académie d’Amiens) et responsabilités dans la presse (il fonde Le Progrès de la Somme).
11 Cf. J.P. Cointet, Marcel Déat, Paris, Perrin, 1998, p. 63.
12 Victor Constant fut même président du conseil général de la Seine en 1930-1931 et Charles Hérisson président du Conseil municipal entre 1876 et 1878 ; quant à Marcel Habert, conseiller municipal de Paris entre 1911 et 1919, il assure le secrétariat de cette assemblée en 1913. André Marty fut élu conseiller municipal de Paris trois mois après son élection comme député de... Saint-Denis ; Pierre Taittinger fut conseiller municipal en 1936 seulement, douze ans après son élection comme député.
13 C’est le cas de Gaston Douville-Maillefeu, Camille Godelle, Georges Laguerre, Alfred Naquet et Jean-Baptiste Saint-Martin.
14 Pierre Dupuy (député de Gironde, de la Seine puis de l’Inde), Marcel Déat (passé par la Marne, la Seine puis la Charente), Louis Decazes et Joseph Paul-Boncour.
15 Cf J. Paul-Boncour, Entre-deux-guerres, Paris, Plon, 1945, t. 2, p. 85-87.
16 Rappelons que le chiffre de 41 renvoie à l’ensemble des transferts Paris-province, qu’il s’agisse d’aller simple, d’aller-retour et même des parcours plus complexes de Brisson et Ranc. Ces 41 passages ont été ainsi effectués par 39 personnalités différentes, dont 13 ont également fait le chemin inverse.
17 Cf. J. Quellien, Bleu, blanc, rouge : politique et élus dans le Calvados, Cahiers des Annales de Normandie, 1986, p. 292-294, 307, 353.
18 Cf. comptes rendus d’une réunion républicaine à Bourges (Le Temps, 9 septembre 1885) et d’une conférence Spuller à Paris (Le Temps, 19 septembre 1885).
19 Cf. Courrier de l’Ain, 27 juin 1900.
20 Cf. Courrier de l’Ain, 6 février 1912. Un article du même journal, le 18 février, fait référence à Baudin : « Pour cette élection, nous sommes en devoir d’évoquer certain précédent : M. Pierre Baudin lui aussi était représentant du XIe arrondissement de Paris, lui aussi répondit à l’appel des républicains du Bugey, et notre département n ’a pas eu à se plaindre – loin de là – de son élection dans l’Ain ».
21 Il est successivement secrétaire (1890), vice-président (1895) et président (1896- 1897) du conseil municipal de Paris.
22 Cf. Courrier de l’Ain, 6 février 1912.
23 Dans ses Mémoires, Marcel Déat évoque le caractère « exotique » de la présence de Blum dans la région de Narbonne : « Le terroir est assez curieusement choisi, on ne voit pas la silhouette de cet intellectuel buveur d’eau parmi la bruyante foule méridionale de ces vignerons et de ces marchands de vins » (cité par J.-P. Cointet, Marcel Déat, Paris, Perrin, 1998, p. 66).
24 C’est l’un des arguments avancés par un notable radical de l’Ain qui, après avoir combattu Messimy, se rallie finalement à sa candidature (Le Courrier de l’Ain, 9 février 1912) : « Je reconnais que les onze années (comme député de la Seine) et sa situation actuelle de membre du gouvernement donnent à M. Messimy une autorité et une influence supérieures à la mienne et que l’arrondissement de Trévoux profiterait grandement de ses hautes relations ».
25 Nous suivons ici Ch. Galfré, Le Tigre en Provence. Georges Clemenceau, l’élu du Var, Aix-en-Provence, Edisud, 1991, 237 p.
26 Ibid., p. 200.
27 C’est l’expression utilisée par J.-P. Cointet, Pierre Laval, Paris, Fayard, 1993, 586 p. (que nous suivons ici).
28 Dans cette perspective, il avait, en 1923, acheté une ferme château dans l’Orne, où il recevait les journalistes.
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