Introduction
La culture matérielle est-elle soluble dans l’Espace ?
p. 9-23
Texte intégral
« Tout objet doit être étudié : 1° en lui-même ; 2° par rapport aux gens qui s’en servent ; 3° par rapport à la totalité du système observé »
(Mauss 1947 : 26-27).
1La première journée doctorale d’archéologie qui s’est tenue le 20 mai 2006 avait pour thème « de la culture matérielle à l’identification de l’espace culturel ». Ceci reprend pour partie le titre d’un séminaire intitulé « la culture matérielle en archéologie et ethnologie » qui fut au programme de nos enseignements de 1981 à 2003. Sans doute est-ce parce qu’avec Pierre Lemonnier (ethnologue spécialiste de technologie culturelle), Anick Coudart et Jean-Paul Demoule (archéologues), j’en fus l’un des créateurs et des principaux animateurs, qu’on m’a demandé de préfacer ce volume. Je le ferai donc moins en résumant les propos de cette journée – les organisateurs l’ont fort bien fait – qu’en replaçant le thème dans l’histoire des théories de l’archéologie, persuadé que je suis qu’une meilleure connaissance de celle-ci, voire la simple reconnaissance qu’il y existe des courants intellectuels, est la condition nécessaire de toute recherche novatrice.
2L’équipe du séminaire généralement désigné en raccourci par « culture matérielle » fut ensuite rejointe par un certain nombre de collègues dont Sander Van der Leeuw, spécialiste renommé de l’ethnoarchéologie (et de bien d’autres domaines) qui tint pendant quelques années le rôle d’animateur principal. À ce séminaire, qui connaissait généralement un réel succès (il nous est arrivé d’avoir plus de soixante personnes), vinrent des spécialistes de technologie culturelle, des ethnologues, des agronomes, des archéologues, etc.1 Il est intéressant de rappeler que c’est dans ces mêmes années 1980 qu’apparut dans nos disciplines le concept de chaîne opératoire, développé par André Leroi-Gourhan dans Le geste et la parole (1964-1966)2 et appliqué par les spécialistes de technologie culturelle (on pense aux travaux d’Hélène Balfet pour la poterie), mais jusque-là resté confidentiel en archéologie et en préhistoire. Il fut emprunté à ces derniers et devint ce qu’il est aujourd’hui, à savoir le modèle dominant de l’étude du matériel. Nombre des communications à cette journée s’y inscrivent et d’autres s’y réfèrent, même si la référence apparaît parfois comme un simple clin d’œil. En quelques années, l’analyse des chaînes opératoires a remplacé la classique typologie formelle qui avait été jusque-là dominante et à laquelle les archéologues de ma génération furent formés. Celle-ci semblait pourtant avoir définitivement triomphé dans les années 1970 avec la promotion de l’utilisation de codes descriptifs informatisables élaborés notamment par Jean-Claude Gardin (1967) et son équipe, qui semblaient devoir renforcer ce triomphe en rationalisant cet usage contre les typologies « intuitives » antérieures, celles de Heinrich Dressel (1845-1920) pour les amphores ou de François Bordes (1919-1981), voire de Georges Laplace (1918-2004) pour l’industrie lithique, et ce même si peu de praticiens adhéraient alors aux joies austères du formalisme ou au développement des statistiques, souvent confondus – à tort – avec la New Archeology américaine. L’auteur de ces lignes soutint en 1974 une thèse sur les pointes de flèche en métal moyen-orientales qui faisait la part belle aux codes descriptifs, aux problèmes pratiques de leur construction et à l’utilisation de classifications et sériations informatisées (à « l’aide » d’énormes machines et de cartes perforées…) pour la reconnaissance de « types » dont la distribution chronologique et spatiale était ensuite cartographiée. On s’interrogeait aussi sur la valeur et la nature des types et des ensembles de traits descriptifs permettant de les constituer. Pas une ligne de l’ouvrage, essentiellement fondé sur des dessins recueillis dans les publications, n’était consacrée à l’observation des techniques de façonnage et nulle part on n’y parlait de chaînes opératoires, un terme alors absent du vocabulaire archéologique. Qui souhaite prendre connaissance de la manière dont on envisageait alors le futur de l’archéologie parmi ceux qui souhaitaient se démarquer des voies traditionnelles et pensaient que l’informatique et le calcul permettraient d’y parvenir, se reportera à l’Analytical archaeology de David L. Clarke (1968) et aux actes des colloques édités par Jean-Claude Gardin (1969, 1972).
3L’expression culture matérielle recouvre au mieux un concept protéiforme (pour des définitions récentes, voir Rosselin et Julien 2005 ; Tilley et al. 2006). Dans une partie de ses emplois, elle semble simplement un substitut espéré neutre du mot archéologie, défini par la collection des éléments matériels qui forment comme un sous-ensemble, voire un « sous-système », d’une culture à laquelle l’archéologue, contrairement à l’ethnologue, n’a pas un accès direct mais que, selon ses ambitions, il tente de décrire par le seul biais de ce qui lui reste ou de reconstruire au-delà de ce qui lui reste. Cette seconde acception semble aujourd’hui évidente mais ne le fut pas toujours, et laisse d’ailleurs dubitatifs nombre d’ethnologues, qui savent depuis longtemps que la culture est un tout et qui cherchent par bien d’autres informations en apparence plus riches (la parenté, les mythes) à décrire et interpréter le fonctionnement du groupe humain qu’ils étudient, celui qui se présente à eux comme tel et non celui que les archéologues reconstruisent laborieusement à partir des seuls vestiges ayant laissé des traces. Écoutons Maurice Godelier (1984 : 13) : « Armes, outils, monuments, objets de toute sorte [qui] sont les supports matériels d’un mode de vie sociale » perdent tout pouvoir d’information quand « abandonnés des hommes ils tombent en ruine, vestiges inertes et muets, offerts par l’histoire aux convoitises et à l’imagination des archéologues »3. C’est précisément cette limite à laquelle les uns semblent se résigner tandis que les autres tentent obstinément de la dépasser, en cherchant comment ils pourraient relier à des aspects plus vastes de la société qui l’a « produite » les caractéristiques d’une culture matérielle réduite à ces vestiges inertes et muets dans les vitrines des musées et les tiroirs des dépôts de fouille, c’est-à-dire dont manquent les multiples éléments qui n’ont pas été conservés et tout ce qui a trait aux « techniques du corps ».
4L’histoire du concept de culture matérielle, sans laquelle il serait impossible de comprendre les usages qui en sont faits en archéologie, est l’histoire de ces tentatives, et ne saurait être séparée de la connaissance de l’histoire des théories ethnographiques/logiques dans lesquelles les archéologues sont, consciemment ou sans même le savoir, allés rechercher leurs références interprétatives. Elle se décline en écoles multiples, elles-mêmes liées aux idéologies de l’époque où elles se sont développées4. Pour ne prendre qu’un exemple, illustratif en principe d’une idéologie d’État, c’est en 1919 que la Commission d’archéologie russe fut refondée en Académie russe pour l’histoire de la culture matérielle. Le terme fut maintenu à travers divers changements de nom jusqu’à la fondation en 1937 de l’Institut d’histoire de la culture matérielle de l’Académie des sciences de l’URSS, basé à Moscou. En 1991 la branche de Leningrad fut transformée en Institut pour l’histoire de la culture matérielle de l’Académie des sciences de Russie, de retour dans une ville redevenue officiellement Sankt Petersburg. La désignation initiale faisait ouvertement référence aux conceptions matérialistes de la culture en général, à une approche qu’on pourrait qualifier de positiviste, où l’on pourrait rendre compte de manière objective, un peu à la façon des sciences naturelles, de cultures définies d’une manière biologisante5. Parmi les principaux protagonistes se trouvaient non seulement des archéologues mais aussi des ethnographes et des linguistes comme Nikolaï I. Marr (1865-1934) ou des archéologues et linguistes comme IvanI. Meschaninov (1883-1967). Disons tout de suite que les archéologues soviétiques se coulèrent pour la plupart docilement dans ce moule, établissant les bases matérielles de superstructures pour employer le langage marxiste, dont ils laissaient le plus souvent la définition à d’autres, plus exposés idéologiquement. Cela fut à l’origine de recherches remarquables : l’orientaliste que je suis pense par exemple aux travaux pionnier de Sergueï P. Tolstov (1907-1969) sur les systèmes d’irrigation antiques de Khawrezm6, mais aussi d’un conformisme descriptif bien illustré par les dessins synthétiques des publications où tous les objets « caractéristiques » d’une même culture, du plan de site à la fibule, se trouvaient réunis sur une même page sans considération d’échelle. Dans un autre ordre d’idées, que penser de cette définition recueillie sur un site Internet francophone de Louisiane : « un large ensemble de choses fabriquées de façon traditionnelles dans notre vie de tous les jours, des afghans aux noix de coco des Zulu (sic), des pirogues aux manèges »7 ? Comment intégrer la nettement plus ambitieuse « civilisation matérielle » de Fernand Braudel ? C’est à cette diversité d’usages que nous pensions en lançant le séminaire.
5Au contact des ethnologues et dans l’ambiance intellectuelle de ce début des années 1980, les débats se recentrèrent rapidement sur la technologie culturelle telle qu’elle ressortait des travaux de Bertrand Gille (1978), André-Georges Haudricourt (1988) ou André Leroi-Gourhan (1943-1945). Plus que le formalisme, celle-ci semblait en effet pouvoir permettre de lier les aspects matériels aux aspects non matériels dans la mesure où la technologie culturelle postulait, et largement démontrait, que de multiples gestes et choix des chaînes opératoires renvoyaient à divers autres domaines techniques, symboliques, sociaux, etc. de la culture, qu’ils laissent ou non du point de vue de l’archéologie des traces matérielles. Qui veut s’en convaincre lira avec intérêt, par exemple, le chapitre consacré par Pierre Lemonnier (2005) au façonnage des tambours utilisés dans les cérémonies de rupture du deuil ou à celui des pièges à anguille (eux-mêmes impliqués dans cette cérémonie) chez les Ankavé de Nouvelle-Guinée8. Bien sûr, il serait ridicule de penser qu’il suffit d’identifier tel élément de chaîne opératoire reconnu par une analyse archéologique et de le relier à d’autres éléments associés à celui-ci dans une chaîne similaire observée par un ethnologue ou un technologue pour mieux comprendre une société du passé. Nous n’obtiendrions au mieux qu’un « amalgame d’Australien, d’Aïnou et de peau rouge », voire l’ombre de « quelque sorcière de nos campagnes » comme l’écrit Leroi-Gourhan (1965 : 27 et 31) dans une mise en garde célèbre sur le comparatisme. Mais que dans le matériel archéologique on note des constantes dans plusieurs chaînes opératoires concernant des matériaux et des produits différents, voire des activités différentes, et nous pouvons alors espérer avoir progressé.
6Un autre débat de ces années-là concernait la recherche de ce qui, dans tout objet, relevait de la fonction, c’est-à-dire des traits descriptifs liés à l’usage des objets, et ce qui relevait du style, c’est-à-dire pouvait être utilisé pour déterminer des groupes à valeur géographique et chronologique, qui pourraient être mis en parallèle avec les « derniers degrés du fait » de Leroi-Gourhan. Était-il possible de les distinguer de façon non équivoque ? Ou au contraire y avait-il du style dans la fonction et de la fonction dans le style ? Nombre d’articles parurent alors sur ces questions concernant de multiples types d’objets (Conkey et Hastorf 1990, Sackett 1972, Wiessner 1983, Wobst 1977). Vêtements, bijoux, poterie et armes peuvent être considérés comme des porteurs d’information, à usage de ceux qui les fabriquent, s’en servent où les portent, de leurs contemporains et au-delà à ceux… qui les fouillent, bien plus tard et sans qu’ils l’aient prévu, sinon peut-être y aurait-il aussi quelque message à leur usage. C’est ainsi qu’en supposant que les femmes produisaient la poterie décorée, peinte avec leurs propres motifs familiaux, on pouvait espérer inférer de la distribution de ces motifs sur le territoire d’un groupe donné, en l’occurrence les Indiens Arikara de Californie, le caractère patrilocal ou matrilocal de la résidence des femmes mariées (Deetz 1965), un travail très critiqué et contredit, par exemple, par Michael Dietler et Ingrid Herbich qui montrèrent que chez les Luo du Kenya, si les épouses se déplaçaient et fabriquaient la poterie dans le groupe familial de leur mari, elles mettaient un point d’honneur à imiter en tout point le savoir-faire et les productions de leur belle-mère (Dietler et Herbich 1994). Il est aussi apparu que de ce point de vue les chaînes opératoires contenaient du style, une réflexion qui continue de façon très vivante en anthropologie des techniques (Martinelli 2005 par ex.).
7Avant de passer de la culture matérielle analysée à travers les chaînes opératoires à l’identification de « l’espace culturel », sans doute convient-il de s’interroger sur cette expression. S’agit-il, comme dans certains emplois de « culture matérielle », de dénommer de façon peu compromettante ce qu’on nomme habituellement des cultures, lesquelles furent longtemps définies en termes spatiaux par la co-occurrence d’artefacts sur un territoire ? Il nous faut là encore remonter loin dans l’histoire de la discipline. Les premières façons explicites d’organiser spatialement le matériel et les groupes humains qui le produisent et l’utilisent remontent au xixe siècle, notamment en Allemagne avec Adolf Bastian (1826-1905) et Rudolf Virchow (1821-1902). Leur but était de classer les peuples et leurs objets, et de définir les cultures par les méthodes de la géographie (Erdkunde) par référence à laquelle la science naissante est dénommée Völkerkunde pour la différencier des études folkloriques (Volkskunde). Enseignée au début dans les instituts de géographie, liée à la linguistique et à la collecte intensive d’objets à des fins muséologiques, elle vise à présenter de façon systématique les sociétés dans le cadre d’une idéologie primitiviste et d’une vision naturaliste et évolutionniste de la culture : Bastian commeVirchow étaient médecins. C’est dans ce contexte qu’apparaît à la fin du xixe siècle dans les travaux de l’ethnologue et géographe africaniste Leo Frobenius (1873-1938) le concept de Kulturkreiss (« aire culturelle » ou « cercle culturel »). Les cultures sont conçues comme des êtres biologiques collectifs qui se développent, occupent une région, vieillissent et meurent. Dans le même temps, Friedrich Ratzel (1844-1904) élaborait une « théorie des migrations », leur reconnaissant un rôle décisif dans la dynamique de cette évolution par la transmission d’éléments culturels. Tout était en place. La reconstruction de l’histoire des cultures nécessitait, s’agissant des périodes sans écriture, l’étude de leur distribution géographique et de leurs productions matérielles. Ces conceptions sont passées à l’anthropologie américaine par l’intermédiaire de son fondateur, Franz Boas (1858-1942), physicien de formation mais nourri des idées de la Völkerkunde (il suivit les cours de Bastian et Virchow à Berlin). Il aurait d’abord, selon l’un de ses biographes (Cole 1999 : 135-136), eu pour idée, de créer une « science de la géographie » avant de se tourner vers l’anthropologie qu’il définit comme « la description de l’histoire de l’humanité […] depuis les premières traces qui sont enfouies dans le sol jusqu’au temps présent et partout dans le monde », assignant pour tâche à l’ethnologue de « retrouver l’histoire et la distribution de tout phénomène se rapportant à l’histoire sociale de l’homme et à l’apparence physique des tribus ». Par son œuvre monumentale et ses disciples (au nombre desquels Alfred Louis Kroeber, Edward Sapir, Clyde Kluckhohn), il influença jusqu’à aujourd’hui l’anthropologie culturelle mais aussi l’archéologie américaine et ses usages du concept de culture : le Rethinking Archaeology de Kwang-Chi Chang (1967) par exemple, élève de Kluckhohn, donne une bonne idée de cette conception de la discipline dans les années 1960.
8Dans le même temps, les conceptions de la Völkerkunde influencèrent profondément l’ethnologie et l’archéologie russes et, à travers elles, les travaux de l’époque soviétique. La définition de l’ethnos comme « une unité dans laquelle se produisent tous les processus des variations culturelles ou somatiques de l’homme en tant qu’espèce (ou genre) et qui s’appréhende lui-même comme un groupe de gens unis par la conviction de l’unité de leur origine, par leurs coutumes, leur langue et leur culture technique » formulée par Sergeï M. Shirokogorov (1887-1939)9, exilé en Chine après la révolution d’Octobre mais relayée en URSS par des auteurs comme Julian V. Bromlej (1921-1990), influença elle aussi durablement les travaux des archéologues soviétiques. Les cultures étaient ainsi des entités bio-culturelles, homogènes, à l’intérieur desquelles on pouvait établir des relations stables et « objectives » entre matériel et idéel. Le caractère réputé stable de ces entités ouvrait la voie aux théories migrationistes (elles-mêmes issues de la Völkerkunde) qui furent longtemps l’explication dominante des changements aux échelles géographiques et chronologiques. Je n’évoquerai pas ici l’anthropologie et les archéologies japonaises ou chinoises10 dont je suis peu familier, mais on comprendra que là encore culture, temps et espaces y dépendent de considérations théoriques et idéologiques qui ont évolué au cours du temps. Finalement la question à laquelle il nous faudrait répondre est simple : qu’est-ce qu’une société ? La réponse on s’en doute l’est moins, et c’est un euphémisme.
9On ne saurait parler des cultures et de leur dynamique en archéologie sans mentionner un bref mais passionnant article où Vere Gordon Childe (1892-1957), l’un de ceux qui contribuèrent le plus à la définition des cultures de l’Europe protohistorique à l’époque de la typologie triomphante, propose une synthèse des différentes définitions inhérentes à ces diverses écoles. Après avoir indiqué que l’archéologie travaille avec des types et des ensembles de types appelés « cultures », il affirme qu’archéologie et anthropologie (au sens de l’anthropologie sociale américaine) sont aussi indispensables l’une à l’autre que le sont paléontologie et zoologie dans les sciences de la vie. Les cultures préhistoriques ont été classées selon des séries évolutives, profondément influencées par les paradigmes contemporains de la zoologie, ce qui amène à les traiter comme des organismes ainsi que nous l’avons vu pour le kulturkreiss et la théorie de l’ethnos, et risque de conduire à traiter les cultures comme des organismes vivants et non comme des ensembles d’individus certes unis par de multiples liens mais qu’il serait dangereux de traiter simplement ainsi. Il convient dès lors de sortir des errements que ceci a pu engendrer en adoptant une démarche qui réconcilie fonctionnalisme, diffusionnisme et évolutionnisme, autrement dit de sortir des querelles dogmatiques. Marxiste convaincu, il suggère que la liaison culture matérielle/société peut être appréhendée à travers la technologie, mettant en avant la liaison entre forces productives et superstructure idéologique, mais il y met comme condition la nécessité de considérer la technologie dans toute sa richesse, même s’il ne cite pas Mauss et ignore les chaînes opératoires.
10C’était là l’occasion de suivre un prestigieux précurseur qu’on a un peu vite rejeté, mais on a préféré à se concentrer sur la méthodologie en oubliant l’arrière- plan théorique ; sur la manière dont il était possible d’identifier des groupes humains derrière les ensembles matériels définis à partir des typologies formelles et sur la signification de ces groupes. Peut-on reconnaître des cultures slaves, germaniques, permettant de retracer les mouvements de population ? Qu’est-ce que le Magdalénien, le Natoufien, le Jômon, le Rubané récent du Bassin parisien ou le Villeneuve-Saint-Germain, le Castelnovien, la culture de Fontbouisse ou celle d’Andronovo, le Halafien, le Hallstatt IIIC ou la Tène II ? Dans quelle mesure peut-on identifier tout ou partie du Fer III iranien avec la période historique de l’empire mède ? Ces termes et bien d’autres sont-ils tout simplement comparables, susceptibles des mêmes traitements méthodologiques ? C’est, disons-le, peu probable. Chacun connaît les excès, et les risques, d’applications simplistes de telles idées, surtout lorsqu’elles peuvent servir à des fins nationalistes ou, comme dans la protohistoire allemande sous la coupe du nazisme, proprement raciales. Dans le pire des cas, on finissait par avoir l’impression que ces assemblages évoluaient quasi par eux-mêmes, l’étude des groupes humains passant au second plan11. Mais en est-on quitte en traitant les termes mentionnés ci-dessus comme des étiquettes conventionnelles simplement « pratiques », en jetant comme on l’a fait dans l’après-guerre le bébé de l’évolutionnisme culturel avec l’eau fétide du bain nazi dans laquelle il avait trempé ?
11Sans doute est-ce la raison pour laquelle les organisateurs ont employé l’expression « espace culturel » car même si je le devine, je ne suis pas sûr du sens qu’il convient de lui donner. Peut-être aussi est-ce ce caractère vague qui les conduit à se plaindre du peu de mise en parallèle de cartes de répartition et de types de mobilier (celles de ma thèse !) ou du manque de questionnement tant sur ce thème que sur celui de la culture matérielle. La mention d’échelles différentes, du niveau du continent (de la « plaque culturelle » pour reprendre une analogie de Leroi-Gourhan avec les plaques tectoniques de Wegener) à celui du site, est de ce point de vue une perspective intéressante. On aurait aimé davantage de réflexion sur ces échelles, qu’il faudrait aussi confronter aux échelles chronologiques. Peut-on utiliser les mêmes méthodes et les mêmes schèmes interprétatifs quand on travaille sur la répartition de critères (pour dépasser les objets) sur un continent ou sur un site, sur un siècle ou sur plusieurs millénaires ? Les méthodes de la géographie sont-elles pour nos données véritablement discriminantes à toutes les échelles ? Il n’y a pas de mal à se tromper, à revenir sur un schème de raisonnement ou une interprétation pour repartir dans une autre direction, encore que ceci soit difficile à affronter pour un doctorant auquel le système demande de rédiger le « chef-d’œuvre » (au sens du compagnonnage) qui lui permettra peut-être de vivre de sa recherche, et peut-être faudrait-il s’interroger sur la définition même de nos thèses depuis que la durée en a été réduite officiellement à trois ans12. La modélisation qui permet de lier les dynamiques de la société avec celles de son (ses) territoire(s) via la distribution d’un ensemble de critères matériels dont on envisage aussi les interactions (Kohler et Van der Leeuw 2007) est un moyen heuristique efficace pour tester de nouvelles interprétations, mais ne semble avoir été envisagée nulle part et, il faut bien le dire, n’est guère enseignée ni pratiquée chez nous.
12Les ruptures de la fin des années 1960 et du début des années 1970 contre l’archéologie des typologies et des groupes culturels ont lancé la discipline dans de multiples directions, préparées par les évolutions antérieures de l’anthropologie. C’est ainsi que Mauss ajoute à la technologie diachronique des civilisations, une tout autre question qui place l’objet au sein de la société : « Comment s’en sert-on ? À quoi sert-il ? », et d’ajouter « le point de vue technologique conduira par exemple à l’étude de la hache mais non à l’étude de toutes les armes sans distinction » (1947 : 22), puisque la hache, tout en étant une arme, fonctionne différemment d’une épée ou d’une lance. Les objets seront classés en fonction de leur manière d’agir : « outils de poids et de choc… outils de frottement… outils pour trouer ». Ces extraits de l’étude de Nathan Schlanger (1991) montrent s’il était nécessaire la proximité avec les idées développées au même moment par Leroi-Gourhan dans les deux volumes d’Évolution et techniques (1943-1945). Il a fallu un certain temps à l’archéologie pour mesurer à quel point ce type d’approche permet de mieux appréhender les liens entre les objets et la société, et au-delà, à travers le fonctionnement des objets dans la société, c’est-à-dire une partie au moins du fonctionnement social. L’explosion des techniques d’observation et d’analyse, les progrès de la taphonomie, vinrent conforter ces idées, tandis qu’une meilleure maîtrise de l’espace offerte par les systèmes d’information géographique permettait de traiter spatialement des informations plus riches et plus complexes. Parallèlement, le développement de l’ethno-archéologie – un terme forgé par les archéologues et qui n’est reconnu que du bout des lèvres par les ethnologues – a répondu au besoin de référentiels sur le fonctionnement des objets dans les sociétés que les archéologues ne trouvaient pas ou ne pensaient pas trouver dans les travaux de l’ethnologie moderne, ce qui n’est que partiellement vrai. Les recherches de technologie culturelle montrent assez que, sans un questionnement proprement ethnologique renvoyant à tous les secteurs de la société (parenté, mythes, relations de pouvoir, etc.), l’archéologue risque fort de se condamner à des analogies superficielles, à une sorte de « tourisme ethnographique » méthodologiquement stérile. Les travaux les plus fructueux en ce domaine associent ethnologie et archéologie, le regard de l’archéologue associé à l’ethnologue étant nécessaire pour le retour sur les sociétés du passé (Pétrequin et Pétrequin 2006 par ex.)13. Il va de soi que l’ethnologue et l’archéologue peuvent être la même personne, comme dans le cas de Leroi-Gourhan, fondateur d’une « ethnologie préhistorique », mais des associations multidisciplinaires, avec leur richesse et leur difficulté, peuvent être tout aussi intéressantes, car là encore l’exigence de la recherche dépasse souvent les capacités d’un seul individu, comme le suggère Mauss à propos des recherches en céramologie : « Potier accompli, le chercheur idéal sera un expert encyclopédique, compétent en géologie, minéralogie, économie, mythologie, linguistique et taxinomie indigènes, histoire de l’art, etc. Et la poterie, ne l’oublions pas, n’est qu’une des nombreuses choses qu’il faut savoir, pour amener à la surface ce qu’on ne sait pas encore » (1947 : 33-37). Bon courage à tous !
13Tous les domaines couverts par la distribution spatiale des objets et la signification de ce qu’on retrouve dans les données archéologiques peuvent être abordés, à toutes les échelles spatiales. Je n’en prendrai qu’un exemple, dans la perspective qui nous intéresse ici. Le paradigme classique de la définition des cultures (ou des « espaces culturels » mais ce pluriel est-il équivalent à ce que les organisateurs entendent par « espace culturel » ?), postule qu’elles sont plus caractéristiques au centre que sur les marges, c’est-à-dire que, dans la formalisation de D.L. Clarke (1968 : fig. 58), c’est au centre de leur distribution géographique qu’on trouve le plus grand nombre des critères qui ont été utilisés pour les définir. Cela n’est ni évident ni anodin, une culture ne répondant pas à ce modèle gaussien14 serait en quelque sorte « mal définie ». Mais le travail de Ian Hodder (1982) et de son équipe sur la culture matérielle des populations des bords du lac Baringo au Kenya tend au contraire à montrer, à partir d’une étude ethnoarchéologique, que c’est sur les marges que celle-ci est la plus homogène, ceci étant interprété comme l’affirmation forte d’une identité par rapport aux autres. Beaucoup de spécialistes ont relevé les failles de l’aspect « ethnographique » de cette recherche, mais l’hypothèse aurait sans doute mérité d’être appliquée à l’étude des cultures protohistoriques européennes sur lesquelles se fonde la formalisation de Clarke, d’autant qu’une étude comme celle d’Anick Coudart (1998) tend à démontrer la validité de ce modèle pour les maisons néolithiques danubiennes. Nous abordons ici la question des frontières, qui pourrait être un beau thème pour des journées doctorales à venir.
14Ce qui précède n’a été écrit que pour affirmer haut et fort qu’il serait illusoire de penser que l’on pourra se passer de véritables approches théoriques, ou que celles-ci, grâce aux nouvelles technologies et aux méthodologies de l’archéologie moderne, permettront de faire table rase de ce qui a été jusque-là pensé et écrit. L’abondante (et pourtant très succincte) bibliographie qui suit cette brève introduction voudrait indiquer combien les possibilités de réflexion sont vastes et les concepts chargés de sens, souvent contradictoires. C’est à cette appropriation de la théorie que je voudrais inviter ceux qui constitueront la prochaine génération des chercheurs.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Parmi bien d’autres, citons Jean-Jacques Glassner, Maurice Godelier, André-Georges Haudricourt, Ian Hodder, Augustin Holl, Carl-Axel Moberg, Tim Murray, Mike Rowlands, François Sigault, Alain Testard, etc.
2 Selon Nathan Schlanger (1991) le concept lui-même aurait déjà été analysé, mais non nommé, par Marcel Mauss. Leroi-Gourhan qui fut un élève de Mauss (p. 114 et note 1) n’a réinventé la chaîne opératoire ni « dans le simple prolongement des conceptions de Mauss, ni à la suite de ses préoccupations ». Lorsqu’il écrit « […] j’ai passé une partie de mon temps à redécouvrir l’Amérique » (1982 : 106), il indique d’une certaine façon qu’il s’appuie sur la classification « qui ressort de l’enseignement de Marcel Mauss », tout en abordant les techniques d’une façon étrangère à la pensée de Mauss. L’article de Nathan Schlanger est passionnant dans la mesure où il tente de restituer un dialogue qui n’a pas eu lieu, et cette absence de dialogue sur les attendus théoriques est bien une caractéristique regrettable de notre métier, en France du moins.
3 C’est moi qui souligne.
4 Cette introduction est une évocation de la complexité de questions qui peuvent parfois de nos jours sembler évidente et en aucun cas un article de référence. Outre Schlanger (1991) cité plus haut, je me suis appuyé sur Diallo (1999) pour la Völkerkunde allemande, sur Seriot (2005) et Skalnik (1988) pour l’etnografiya soviétique.
5 Les orientations d’une revue comme la Revue d’histoire de la culture matérielle longtemps éditée par le Musée des sciences et de la technologie du Canada à Ottawa, par exemple, ne sont, on s’en doute, pas les mêmes.
6 Région située dans le delta de l’Amou Darya, l’antique Oxus, au sud de la mer d’Aral. Dans son ouvrage majeur (1947) il interprétait cet ensemble de canaux et de fermes comme le produit d’une société esclavagiste, assimilée à un despotisme oriental, concept qui n’avait pas encore été officiellement rejeté en URSS.
7 Voix de la Louisiane, www.louisianavoices.org/Unit7French/intro_unite7.html
8 Voir aussi Lemonnier 2004.
9 Le lecteur français peut prendre connaissance de ces idées dans Shirokogoroff (1936).
10 Sur ce point, Hudson 2006, Demoule et Souyri à paraître.
11 Chacun connaît les expressions « oublier l’Indien derrière l’artefact » ou « pots are not people », à tel point qu’on ne se souvient même plus à qui les attribuer (Robert J. Braidwood et Carol Kramer).
12 En fait, la durée moyenne de rédaction des thèses soutenues dans notre École doctorale est de l’ordre de cinq ans. J’ai entendu maintes fois dans des jurys regretter que les candidats qui avaient choisi de se conformer de plus près au délai officiel n’aient pas eu le temps de développer tel ou tel aspect, même si en dernier ressort on doit considérer qu’au regard des contraintes ce sont eux qui avaient raison.
13 Tout archéologue, au moins tout préhistorien, devrait connaître ce qui est trop modestement présenté comme un « catalogue » et qui est bien davantage. Et il faut noter que cette fois les ethnologues – venus en nombre à l’inauguration – ne font pas la fine bouche !
14 La même constatation vaut pour la chronologie, pour laquelle le modèle gaussien est dominant depuis les travaux de James A. Ford (1911-1968) : une innovation apparaît, croît, atteint son maximum et disparaît plus ou moins rapidement, le passage (la transition, la rupture, etc.) d’une culture à la suivante étant marqué par la variation concomitante de plusieurs courbes (Ford 1962).
Auteur
Professeur d’archéologie orientale, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologie et Sciences de l’Antiquité.
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