Impacts de l’expansion territoriale mexica sur l’économie des cités soumises
Mexique central, 1430-1520 apr. J.-C.
p. 191-212
Résumé
From 1430 to 1520 A.D, the Mexica (or Aztecs) extended their empire through conquest of numerous cities in central Mexico. In this article, we highlight two major consequences of Mexica expansion : the obligation for conquered people to pay tribute and the empire’s reorganisation in tributary provinces. First, we examine the impact on the economy of subjected cities, in terms of production, impoverishment or enrichment of the population. Changes in production observed in data from three archaeological sites in the state of Morelos show that there were various degrees of implication in the production of tribute. Second, the creation of the Tepequacuilco and Tepeaca provinces is examined in order to observe the effects of changing the pre-existing regional organization.
Entrées d’index
Mots-clés : Aztèque, expansion, tribut, organisation du territoire
Keywords : Aztecs, expansion, tribute, territorial organisation
Texte intégral
1Les Mexica (également appelés Aztèques) se sédentarisent dans la vallée de Mexico au début du xive siècle, après une longue période de migration ayant débuté deux siècles plus tôt depuis les terres semi-arides du nord du Mexique. Ils fondent leur capitale Tenochtitlan, à l’emplacement actuel de Mexico, vers 1325 apr. J.-C. Un temps sous la coupe du peuple tépanèque, qui domine alors la région, les Mexica se rebellent en 1428 et remportent une victoire décisive. Dès 1430, pour s’assurer du contrôle de la vallée et renforcer leurs effectifs, les Tenochca (habitants de Tenochtitlan) associent leurs forces à celles de deux cités proches et importantes, Texcoco et Tlacopan. Ensemble, ils mènent de nombreuses campagnes militaires et partagent le tribut (sorte d’impôt en nature) qu’ils réclament aux populations soumises. Au fil des années toutefois, les Tenochca prennent le dessus au sein de cette Triple Alliance. L’acquisition du tribut, composé de denrées alimentaires, d’objets exotiques et de luxe, leur permettait à la fois de se prémunir du manque de nourriture en cas de mauvaises récoltes et d’assurer la richesse et la puissance des souverains et de l’élite. C’est à cette fin qu’ils étendent leur domination sur de nombreuses cités, par le biais de conquêtes militaires et de soumissions pacifiques1, dans un rayon de 100 à 300 kilomètres de distance autour de la vallée de Mexico, voire jusqu’à plus de 800 kilomètres vers le sud dans l’actuel État du Soconusco (fig. 1). Leur expansion fut constante jusqu’en 1520, au moment de l’arrivée des Espagnols.
2Robert Barlow fut le premier à s’intéresser au sujet de l’expansion mexica dans The extent of the Empire of the Culhua Mexica (1949). Il identifia 519 cités soumises à l’Empire, dont 412 qu’il réussit à localiser sur une carte. En outre, il découvrit que les territoires soumis étaient réorganisés en provinces administratives qui devaient verser un tribut à l’Empire. Par la suite, Angel Palerm et Isabel Kelly, dans l’Appendice B de The Tajin Totonac (1952), Charles Gibson dans Structure of the Aztec Empire (1971) et Ross Hassig dans Aztec warfare. Imperial expansion and political control (1988), retracèrent les campagnes militaires des souverains mexica successifs. Plus récemment, Pedro Carrasco, dans Estructura politico-territorial del Imperio Tenochca. La Triple Alianza de Tenochtitlan, Tetzcoco y Tlacopan (1996), et Frances Berdan et al., dans Aztec Imperial Strategies (1996), se sont plus particulièrement attachés à l’organisation de l’Empire. Pedro Carrasco étudie notamment les rôles de Tenochtitlan, Texcoco et Tlacopan lors des conquêtes militaires, ainsi que la répartition et la gestion des territoires de l’Empire entre ces trois cités membres de la Triple Alliance. Frances Berdan et al. reviennent sur l’organisation des territoires en provinces, dont ils définissent deux catégories : les « provinces tributaires » versant un tribut à l’Empire et les « provinces stratégiques » qui ne versaient pas de tribut mais contribuaient à la protection des frontières de l’Empire. L’ensemble de ces publications s’appuie majoritairement sur les sources ethnohistoriques, comme les chroniques des xvie et xviie siècles, les codex, les documents administratifs de l’époque coloniale tels que les Relaciones Geograficas destinées à informer la couronne d’Espagne sur ces nouveaux territoires et les peuples y résidant. Les données archéologiques sont rarement prises en compte, sauf dans Aztec Imperial Strategies (1996). Mais, même dans cette publication, elles sont traitées dans des chapitres distincts, sans être comparées avec les sources ethnohistoriques.
3Notre thèse intitulée L’expansion mexica (1430-1520 apr. J.-C.) se démarque des publications précédentes à deux niveaux : le thème étudié et la méthode mise en œuvre. Nous nous attachons à l’étude des conséquences de l’expansion dans les cités soumises, thème qui n’a jamais fait l’objet de recherches développées jusque-là. Pour cela, nous nous appuyons sur l’ensemble des sources ethnohistoriques et archéologiques disponibles et utilisons la méthode du croisement systématique de nos données, afin d’obtenir les informations les plus complètes possibles. L’intérêt de cette méthode est accru du fait de la multiplication, depuis le début des années 1990, des travaux archéologiques concernant des sites soumis par les Mexica. Parmi les changements consécutifs à l’expansion qui ont été identifiés, citons par exemple la réorganisation des territoires en provinces mexica, le remplacement de dirigeants locaux par des chefs militaires mexica, l’utilisation du nahuatl (la langue mexica) comme langue officielle, l’adoption ou la fabrication de céramiques, de sculptures, de traits architecturaux mexica… Grâce aux données collectées, nous mesurons les différents degrés d’influence mexica et les impacts variés de l’expansion selon les cités soumises. En partant de ces résultats, notre objectif est d’apporter un éclairage nouveau sur l’organisation de l’Empire et de comprendre les stratégies déployées par les Mexica pour le contrôle de leurs territoires.
4Dans le cadre de la Journée doctorale d’archéologie 2007 de l’université Paris 1 consacrée au thème « Économies de subsistance, économies de croissance. Aspects territoriaux », nous traitons plus particulièrement le sujet des conséquences de l’expansion territoriale mexica sur l’économie des cités soumises. Nous identifions deux conséquences majeures de l’expansion susceptibles d’affecter l’économie de ces cités : premièrement, le versement d’un tribut aux Mexica, qu’elles devaient produire ou acquérir ; deuxièmement, la réorganisation des territoires en provinces administratives, dans le but d’assurer le bon versement du tribut et le contrôle de leurs territoires.
5Quels impacts la production du tribut d’une part, et la réorganisation territoriale d’autre part, eurent-elles sur l’économie des cités soumises ? Nous traiterons ces questions dans deux parties distinctes en nous appuyant sur des études de cas et des régions précises de l’Empire (fig. 2).
Impacts de la production du tribut sur l’économie des cités soumises
6Deux célèbres documents pictographiques du xvie siècle, la Matr’cula de tributos et la deuxième partie du Codex Mendoza (qui en est vraisemblablement une copie), nous informent à propos du tribut. Ces documents appartiennent à la catégorie des registres de tribut. Ils sont composés respectivement de 32 et 52 folios. Y figurent les glyphes toponymiques des cités soumises devant verser un tribut à la Triple Alliance, le détail (nature et quantités) des denrées à fournir, ainsi que la fréquence des versements à effectuer : le tribut était essentiellement constitué de denrées alimentaires (maïs, haricots, miel, piments…), de tissus de coton unis ou colorés, d’uniformes guerriers, de produits exotiques et de luxe (plumes, fèves de cacao, jade, or…). Il s’agissait de produits agricoles, de matières premières ou brutes et de produits manufacturés. Frances Berdan (Berdan & Anawalt, 1992, vol. 1, appendice B et C, p. 154-159) a mené une étude sur les quantités annuelles de biens perçus par Tenochtitlan, en s’appuyant sur les données des registres de tribut. Elle calcule ainsi que la capitale mexica recevait annuellement plusieurs millions de tonnes de maïs et de haricots, 5 400 pots de miel, 4 000 pains de sel, 128 000 mantas (capes de coton de 2,5 m de long), 665 uniformes guerriers, environ 30 000 plumes dont 2 480 plumes vertes de l’oiseau quetzal, de l’or, du jade… Les denrées alimentaires étaient stockées et utilisées lors des années de récoltes difficiles pour pallier le manque de nourriture. Les biens exotiques et de luxe revenaient directement aux souverains, assurant leur puissance. Ils les redistribuaient en partie aux membres de l’élite.
De quelle manière la production du tribut influait-elle sur l’économie des cités soumises et à quel point l’affectait-elle ?
7Les études de terrain menées par Michael Smith et Cynthia Heath-Smith à Capilco et Cuexcomate, deux villages ruraux de la province tributaire de Cuauhnahuac, et à Yautepec, cité urbaine de la province tributaire de Huaxtepec, trois sites localisés à une centaine de kilomètres au sud de Mexico (fig. 3), apportent de nombreux éléments de réponse. Leurs travaux présentent, en effet, deux intérêts majeurs pour mesurer les conséquences de l’expansion dans les cités soumises.
8D’abord, grâce à la combinaison d’études stratigraphiques fines, de datations radiocarbones et d’une méthode spécifique de classification du matériel céramique, ils ont obtenu une chronologie très précise permettant de distinguer les phases précédant et suivant la domination mexica dans la région2. Ainsi, à Capilco et Cuexcomate, la phase Early Cuauhnahuac s’étend de 1350 à 1430 apr. J.-C. et précède la phase Late Cuauhnahuac (1430-1550 apr. J.-C.). L’année 1430 marque, à peu d’années près, la domination de la région par les Mexica. À Yautepec, le découpage chronologique est légèrement différent : la phase Atlan (1300-1440 apr. J.-C.) est suivie de la phase Molotla (1440-1521 apr. J.-C.). L’année 1440 correspond à la date de la première conquête mexica dans la région.
9Par ailleurs, leurs recherches offrent la possibilité d’étudier un panel de sites variés : Capilco et Cuexcomate sont deux villages ruraux, tandis que Yautepec est une cité plus importante, qui n’était toutefois pas capitale de province. Ainsi, nous pourrons apprécier des différences éventuelles concernant l’impact de la production du tribut sur l’économie des cités soumises, selon la taille de la population et selon la localisation de la cité en contexte rural ou urbain. Les données chiffrées sur lesquelles nous appuyons notre propos sont extraites de plusieurs publications. Concernant Capilco et Cuexcomate, nous nous référons à Smith et Heath-Smith (1994), Smith (1994) et Smith (2004). Pour Yautepec, nous utilisons les articles de Smith, Heath-Smith et Montiel (1999) et de Smith (2004).
Modification, intensification, spécialisation de la production
10La production du tribut a-t-elle entraîné une modification dans la production agricole et influé sur le type de biens manufacturés en fonction des denrées exigées par le pouvoir central ?
11Il semble que les exigences mexica en matière de tribut étaient adaptées aux ressources disponibles dans chaque province. Frances Berdan (Berdan & Anawalt, 1992 ; 1996), compare la liste des denrées demandées en tribut dans la deuxième partie du Codex Mendoza et les données dont elle dispose à propos des ressources disponibles à l’époque dans chaque province. Dans la majorité des cas, ce qui était exigé par les Mexica était déjà produit localement, ou pour le moins, pouvait l’être sans difficulté compte tenu des conditions climatiques. Ainsi par exemple, le cacao, le coton, les plumes d’oiseaux exotiques, les coquillages, étaient plus particulièrement demandés aux provinces de Soconusco et de Cihuatlan, des terres côtières chaudes et humides du sud où ces denrées étaient déjà produites ou facilement accessibles. Toutefois, les mantas (capes de coton tissées) étaient demandées en tribut à de nombreuses cités, alors que le coton n’était pas produit dans toutes les provinces soumises. Lorsque les denrées demandées n’étaient pas produites localement, les populations soumises devaient les acquérir par voie de commerce, ce qui était souvent le cas pour le coton, les métaux comme le cuivre et l’or et les pierres précieuses telles que la turquoise et le jade (Berdan, 1996).
12Le constat effectué par Frances Berdan se vérifie dans les cas de Capilco, Cuexcomate et Yautepec. Ces cités, proches géographiquement, se trouvaient dans une des seules régions de l’Altiplano où le coton pouvait être cultivé (Smith, 2004). De même, l’autre culture spécifique de cette région était celle d’une espèce spécifique de Ficus, dont les fibres servaient à fabriquer le papier d’amate, en fibres végétales (Smith, 2004). Or précisément, les provinces de Cuauhnahuac et Huaxtepec, dans lesquelles se trouvaient ces cités, devaient verser les quantités parmi les plus importantes de capes ou mantas de coton (3 200 tous les 80 jours, plus 400 pagnes et 400 tuniques huipiles) et 8 000 feuilles de papier d’amate tous les 80 jours (Sepúlveda & Herrera, 2003). Pour ces provinces, les exigences mexica en matière de tribut étaient donc adaptées aux ressources disponibles dans la région.
13Pour autant, la production de tissus de coton et de papier d’amate étaient-elles développées dans ces cités avant la conquête ? Les données archéologiques nous permettent de répondre à cette question.
14À la phase Early Cuauhnahuac (1350-1430 apr. J.-C) précédant l’expansion Mexica, des ustensiles utilisés pour le filage du coton sont présents à Capilco et Cuexcomate. Il s’agit de pesons de filage en céramique appelés localement malacates (fig. 4 et 5) et de petits bols à base tripode ou de petites coupes en céramique servant de récipient dans lesquels on faisait tourner la baguette de filage lestée par le peson, comme il est illustré dans le folio 59r du Codex Mendoza (fig. 6). Sur ces sites, ces artefacts sont de petite taille, particularité intéressante. En effet, l’étude de Mary Hrones Parsons (1972) montre que les malacates de moins de 5 centimètres étaient utilisés pour le filage du coton, tandis que ceux de plus grande taille servaient à filer le maguey. Avant l’expansion, les malacates et récipients de filage, ou cuencos, représentent 1,7 % du total du matériel céramique à Capilco et 1,1 % à Cuexcomate. Dans le cas de Yautepec, ce type d’artefacts est également présent à la phase Atlan (1300-1440 apr. J.-C.) à hauteur de 0,8 % du total du matériel céramique.
Fig.5. Peson de filage et fuseau
Collection du musée du quai Branly, n° d’inventaire : 71.1938.164.282.1-2.
Hauteur : 20 cm, diamètre du peson : 2,5 cm, poids : 9 g.
Photo : SCALA, Florence, 2009.
15En revanche, seul le site de Capilco était producteur de papier d’amate avant l’expansion. C’est, en effet, le seul endroit où l’on a retrouvé des battoirs à écorce, localement connus sous le nom de machacadores. Il s’agit de broyeurs servant à casser les fibres végétales du Ficus, étape préalable à la fabrication du papier d’amate (fig. 7). 40 % des foyers de Capilco possédaient un ou plusieurs machacadores à la phase Early Cuauhnahuac (1350-1430 apr. J.-C.). À Cuexcomate et Yautepec, ce type d’outil n’a pas été retrouvé pour les périodes précédant l’expansion.
16À quel point la production de ces cités fut-elle modifiée pour fabriquer les denrées demandées en tribut ? Constate-t-on une spécialisation et une intensification de la production de certains produits ?
17À Capilco et Cuexcomate, le nombre de pesons et de récipients de filage de petite taille, liés au filage du coton, augmente de manière sensible après la domination mexica. Entre les phases Early Cuauhnahuac (1350-1430 apr. J.-C.) et Late Cuauhnahuac (1430-1550 apr. J.-C.), le pourcentage de ces artefacts passe de 1,7 % à 2 % du total du matériel céramique à Capilco et de 1,1 % à 2,7 % à Cuexcomate. Dans ces sites ruraux, et notamment à Cuexcomate, la production de tissus de coton s’est donc intensifiée, certainement dans le but de pourvoir à la demande mexica en matière de tribut.
18Par ailleurs, dans ces villages, le nombre de foyers possédant des battoirs à écorce, utilisés pour fabriquer le papier d’amate, augmente nettement après l’expansion. Comme nous l’avons dit précédemment, aucun foyer de Cuexcomate n’était équipé de machacadores avant l’expansion, tandis que 20 % des foyers en possèdent après. À Capilco, 40 % des foyers étaient déjà équipés de ce type d’ustensile à la phase Early Cuauhnahuac (1350-1430 apr. J.-C.) et ce chiffre s’élève à 58 % à la phase Late Cuauhnahuac (1430-1550 apr. J.-C.). De plus, la présence de pigments (hématite, limonite, graphite), utilisés pour l’élaboration de Codex, a été fréquemment constatée sur ces sites. À Cuexcomate notamment, de nombreux machacadores et des quantités élevées de pigments ont été trouvés dans la cour d’une structure proche de la résidence de l’élite (patio du groupe 10), ce qui révèle probablement l’emplacement d’un atelier spécialisé dans la fabrication de papier d’amate et la réalisation de manuscrits pictographiques. L’existence d’un tel atelier à Cuexcomate, ainsi que le nombre très élevé de foyers possédant des machacadores à Capilco (58 %), suggère un haut degré de spécialisation de ces deux cités dans ces productions. L’intensification de la fabrication de papier d’amate tient probablement en grande partie à la nécessité de répondre aux exigences du tribut. Mais il est envisageable que des habitants de Cuexcomate aient profité de cette hausse de la production pour se spécialiser dans la réalisation de codex, dont ils tiraient profit car cette denrée ne leur était pas demandée en tribut. De cette manière, ils réussirent à bénéficier de ce qui, au départ, ne devait être qu’un surcroît de travail.
19Enfin, dans les deux sites ruraux, on constate également l’augmentation du nombre de cultures en terrasses après l’expansion. Cela a pu être provoqué par le besoin plus élevé en maïs et haricots, denrées demandées en tribut. Toutefois, Michael Smith et Cynthia Heath-Smith (1994) pensent que l’explication principale tient plutôt à la croissance démographique très forte de ces cités. Entre les phases Early Cuauhnahuac (1350-1430 apr. J.-C.) et Late Cuauhnahuac (1430-1550 apr. J.-C.), la population de Capilco passe de 70 à 120 habitants, celle de Cuexcomate de 240 à 800 habitants.
20L’exemple du site urbain de Yautepec contraste radicalement avec ceux de Capilco et Cuexcomate. Le pourcentage d’ustensiles liés au filage du coton y augmente très faiblement après la conquête : il passe de 0,8 % du total du matériel céramique à 0,9 %. Ces chiffres sont d’ailleurs nettement plus faibles que ceux observés pour les sites ruraux. Quant à la fabrication de papier d’amate, elle reste peu importante même après la conquête mexica. On ne trouve aucun machacador sur le site à la phase Atlan (1300-1440 apr. J.-C.) et, à la phase Molotlan (1440-1521 apr. J.-C.), seuls 10 % des foyers en sont équipés. De même, la présence de pigments (hématite, limonite, graphite) est très faible à Yautepec. Par ailleurs, il n’a pas été possible d’observer une hausse de la production agricole, car la ville moderne recouvre une grande partie de la cité postclassique. Selon les données existantes à ce jour, on ne constate donc ni modification, ni intensification ou spécialisation de la production en vue de répondre aux exigences du tribut à Yautepec.
Vers un appauvrissement des populations ?
21Produire le tribut représentait un effort considérable qui ne rapportait rien aux populations des cités soumises et les empêchait de se consacrer à l’ensemble de leurs activités passées. Dans cette perspective, la production du tribut a-t-elle entraîné un appauvrissement des populations ?
22À Capilco et Cuexcomate, pour la phase précédant la domination mexica, des objets de luxe comme des perles de jade, des labrets en obsidienne, des pendentifs en coquillage, des objets en bronze, des céramiques importées, ont été retrouvés dans la majorité des structures d’habitat. Dans ces cités, ce type de biens était donc accessible à l’ensemble de la population et pas uniquement aux membres de l’élite, même si le nombre d’artefacts est plus élevé dans la résidence de l’élite de Cuexcomate. À la phase Late Cuauhnahuac (1430-1550 apr. J.-C.), qui suit l’expansion, on constate la stagnation ou la baisse de la quantité de ce type d’artefacts. À Capilco, le nombre de foyers possédant des objets en bronze passe de 70 % avant la domination mexica à 40 % après cette domination et le nombre de foyers possédant des objets en cristal de roche et en coquillages importés passe de 60 % à 40 %. En outre, la résidence de l’élite de Cuexcomate (groupe 6) disparaît et est remplacée par une structure d’habitat aux dimensions plus modestes, utilisant des matériaux de construction moins nobles. Il semble toutefois que les membres de l’élite aient continué d’y résider. Il y a donc un appauvrissement général de la population, qui touche aussi bien le peuple que l’élite. Cet appauvrissement s’explique au moins en partie par la production du tribut, activité pour laquelle les habitants consacraient énormément de temps et qui ne leur rapportait rien. Néanmoins, Michael Smith et Cynthia Heath-Smith (1994, p. 368-371) évoquent également le fort accroissement de la population comme autre facteur ayant pu contribuer à l’appauvrissement de ces habitants.
23À Yautepec, la situation économique de la population reste similaire. Le pourcentage de céramique importée baisse légèrement après la conquête (de 2,2 à 1,8 % du total de tessons), tandis que le pourcentage de foyers possédant des objets en bronze augmente (de 20 à 30 %), de même pour les objets en cristal de roche et en coquillages importés (de 5 à 12 %). On ne constate donc pas un appauvrissement de la population de Yautepec. On remarque néanmoins que les habitants de Yautepec possèdent moins de biens de luxe que ceux de Capilco et Cuexcomate et ce, même après l’expansion. Selon l’étude de Michael Smith et al. (1999, p. 148-149), la différence de richesse entre le peuple et l’élite à Yautepec est beaucoup plus évidente que dans les sites ruraux.
24La comparaison entre la situation économique des habitants de Capilco et Cuexcomate (qui s’appauvrirent) et celle de la population de Yautepec (qui ne fut pas modifiée) conduit à penser que ces cités ne furent pas touchées de la même manière par l’expansion mexica. Dès lors, pourquoi les répercussions économiques de l’expansion furent-elles plus marquées dans les sites ruraux ?
Qui produisait le tribut ?
25Capilco et Cuexcomate n’apparaissent pas sur le folio qui détaille les denrées demandées à la province de Cuauhnahuac (Sepúlveda & Herrera, 2003, p. 32). Cela s’explique certainement par le fait qu’il s’agissait de villages ruraux peu importants à l’échelle régionale. Pourtant, au vu des données chiffrées que nous avons présentées, leur implication dans l’élaboration du tribut est évidente.
26À l’inverse, le glyphe toponymique de Yautepec apparaît sur le folio figurant le tribut demandé à la province de Huaxtepec. Mais les données archéologiques disponibles n’ont permis de constater aucune modification de la production en vue de la fabrication du tribut. Cette cité ne participait-elle pas à la production du tribut malgré sa présence sur des registres pictographiques tels que la Matr’cula de tributos et la deuxième partie du Codex Mendoza ?
27Une première hypothèse est que Yautepec contribuait à produire les autres denrées demandées à l’ensemble des cités de la province de Huaxtepec, à savoir 65 uniformes de guerriers et 2 000 récipients en céramique (planche 7 de la Matr’cula de tributos). Or, les plumes utilisées pour fabriquer les costumes de guerriers ne se conservent pas avec le temps et les matériaux utilisés pour leur assemblage (comme les résines naturelles) sont également périssables. Par ailleurs, distinguer la production céramique destinée au tribut de celle utilisée localement n’est pas chose aisée. Les activités liées à la production du tribut à Yautepec ne sont donc peut être plus décelables par le biais des fouilles archéologiques. En outre, seule une petite partie des habitations de Yautepec a pu être fouillée car, comme cela a déjà été mentionné, ce site se trouve en zone urbaine. La fouille de l’ensemble des structures de la cité postclassique aurait peut-être révélé des résultats différents.
28Michael Smith et Cynthia Heath-Smith (1994, p. 367) émettent une hypothèse complémentaire selon laquelle les souverains des cités influentes (comme l’était Yautepec) obligeaient leurs cités sujettes (comme l’étaient Capilco et Cuexcomate) à leur verser un tribut conséquent. Ces grands centres urbains se déchargeaient donc probablement de la part la plus importante de la production du tribut en obligeant les villages sur lesquels ils avaient de l’autorité à leur en verser une partie. Cela pourrait expliquer pourquoi peu d’artefacts indiquent l’élaboration du tribut à Yautepec.
29Parmi la population de ces cités, chacun participait-il à la production du tribut ou seulement certains ? Les données de terrain n’indiquent pas l’existence d’ateliers spécialisés dans la production du tribut, excepté celui de Cuexcomate où l’on fabriquait des codex (qui n’étaient pas une denrée demandée en tribut). À Capilco et Cuexcomate, les ustensiles utilisés pour le filage du coton et la fabrication du papier d’amate ont été retrouvés dans de nombreuses structures d’habitation. À l’exception du groupe 6 de Cuexcomate, qui correspond à une résidence d’élite, l’ensemble des structures fouillées dans ces sites étaient des demeures humbles. Par ailleurs, à Yautepec, Michael Smith (2004, p. 107) constate que les structures domestiques les plus modestes sont celles où l’on retrouve le plus grand nombre d’artefacts liés à la production du tribut. Ces données tendent donc à faire penser que le tribut était majoritairement produit par les personnes de condition modeste.
Impacts de la réorganisation territoriale sur l’économie des cités soumises
30Le deuxième volet de notre étude concerne les différents impacts de la réorganisation territoriale sur l’économie des cités soumises. Robert Barlow, le premier, mit en évidence l’existence de provinces mexica dans The extent of the Empire of the Culhua Mexica (1949). Il obtint ce résultat en se concentrant sur l’étude de la Matr’cula de tributos et de la deuxième partie du Codex Mendoza, deux registres de tribut évoqués précédemment. Il remarqua l’organisation spécifique de ces codex : chaque folio correspond à un regroupement de cités géographiquement proches, qui doivent se répartir la charge de tribut figurée. Il émit l’hypothèse que ces regroupements de cités appartenaient à des entités administratives précises : les provinces mexica. Chaque folio représente donc la charge de tribut à verser par la province concernée. Chaque province était administrée par une capitale de province : la première cité figurant sur le folio. Le tribut y était centralisé avant d’être acheminé vers la vallée de Mexico. Robert Barlow dénombra ainsi 38 provinces tributaires dans La Matricula de tributos et la deuxième partie du Codex Mendoza et délimita leurs frontières sur une carte. À l’heure actuelle encore, même si le nombre de provinces a été revu à la hausse, leurs frontières réévaluées et leurs fonctions précisées dans des publications postérieures, la découverte de Barlow reste essentielle.
31Dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons plus particulièrement au processus de formation des provinces. En règle générale, les Mexica respectèrent les organisations régionales préexistantes. Toutefois, face à une cité en constante rébellion ou dont la puissance et la volonté d’indépendance était trop affirmée, les Mexica pouvaient agir de différentes manières. Par exemple, ils pouvaient envoyer des colons pour limiter les risques de rébellions, affaiblir l’influence d’une cité en désignant une cité rivale comme capitale de province. Dans d’autres cas, les Mexica pouvaient entretenir des rapports privilégiés avec une cité grâce à une alliance matrimoniale, des accords militaires passés ou parce que le nahuatl ou une langue proche était déjà parlé dans cette cité du fait de certaines vagues de migration effectuées au cours des siècles précédents. Cela pouvait se traduire par un traitement de faveur envers la cité concernée au sein de l’organisation de la province, par exemple, sa désignation comme capitale de province ou lieu de marché important. Pour considérer l’impact de ces réorganisations régionales sur l’économie des cités soumises, nous examinerons deux exemples. Tout d’abord, nous considérerons le sort réservé à Oztuma, Teloloapan et Alahuiztlan, cités rebelles de la province de Tepequacuilco, puis le cas de Quauhtinchan et Tepeaca, deux cités rivales de la province de Tepeaca.
Étude de cas : le processus de formation de la province de Tepequacuilco
32Pour comprendre la formation de la province de Tepequacuilco, notamment dans la région d’Oztuma, Teloloapan et Alahuiztlan (fig. 8), il faut reprendre l’histoire de la conquête de ces cités. Selon les sources à notre disposition, Oztuma, cité localisée dans l’actuel état du Guerrero, fut conquise à plusieurs reprises. Les chroniques du xvie siècle de Fray Juan de Torquemada (1723, ch. LXVI), et d’Ixtlilxochitl (Historia de la nacion chichimeca, 1975, ch. LX, 109) nous informent que la première conquête de cette cité eut lieu en 1442 sous le règne de Moctezuma Ilhuicamina, souverain de Tenochtitlan. Nezahualcoyotl et Totoquihuatzin (respectivement souverains de Texcoco et Tlatelolco, la cité jumelle de Tenochtitlan) prirent part à cette campagne. Dans un deuxième temps, la première partie du Codex Mendoza consacrée aux conquêtes des différents souverains tenochca, nous apprend qu’Axayacatl, le successeur de Moctezuma Ilhuicamina, qui régna de 1469 à 1481, conquit une nouvelle fois cette cité (folio 10 v). Enfin, les chroniqueurs du xvie siècle, Fray Diego Duran (2002, ch. XLIV, XLV) et Hernando Alvarado Tezozomoc (1992, p. 72-74) font état d’une nouvelle rébellion d’Oztuma, impliquant cette fois Teloloapan et Alahuiztlan, au début du règne d’Ahuizotl vers 1487. Selon ces chroniques, le souverain de Teloloapan ne se rendit pas à la célébration de l’avènement d’Ahuizotl à Tenochtitlan, marquant ainsi son hostilité. Intrigué, Ahuizotl envoya des espions dans la région qui lui rapportèrent que Teloloapan, Oztuma et Alahuiztlan avaient barricadé leurs routes avec du bois et des plantes épineuses, empêchant ainsi les marchands mexica de passer. Comme le fait remarquer Jay Silverstein (2001, p. 31), les récits concernant la conquête de Teloloapan, Oztuma et Alahuiztlan sous Ahuizotl diffèrent selon les sources. Fray Diego Durán et Hernando Alvarado Tezozomoc, donnent la vision des vainqueurs. Selon eux, Ahuizotl, au début de son règne, devait affirmer son pouvoir après la politique militaire faible de son prédécesseur. Pour cela, il mena personnellement la campagne militaire contre ces trois cités, en commençant par Teloloapan qui se soumit et accepta de payer le double du tribut qui lui était alors imposé, comme punition pour s’être rebellée. Selon ceux de Teloloapan, les habitants d’Oztuma et d’Alahuiztlan les avaient poussés à la rébellion. En conséquence, Ahuizotl décida de raser ces cités jusqu’aux arbres fruitiers, de tuer tous leurs habitants ou de les capturer en vue de sacrifices humains. Il demanda pour cela l’aide militaire de Teloloapan. Six mois plus tard, il envoya 2 000 colons de la vallée de Mexico pour repeupler Oztuma et Alahuiztlan et constituer une garnison. La Relación Geografica d’Ixcateopan (Acuña, R. 1985, p. 275-292) qui concerne la région de Teloloapan, Oztuma et Alahuiztlan, rapporte le témoignage des autochtones. Selon ce document, après la bataille remportée contre Oztuma, Ahuizotl remit en liberté une partie des prisonniers à la condition qu’ils lui obéissent et lui versent un tribut. Après quelque temps, les Tarasques (ennemis des Mexica qui avaient constitué un Empire puissant) tentèrent une percée militaire à Oztuma. Le souverain d’Oztuma demanda alors l’aide militaire des Mexica. Ahuizotl envoya donc des renforts qui s’installèrent à Oztuma et construisirent un fort. Malgré les divergences de ces récits, deux points concordent : la bataille contre Oztuma et Alahuiztlan vers 1487, puis l’arrivée de colons mexica dans ces cités en charge de la défense militaire de la frontière. Quelles en furent les conséquences économiques pour les populations soumises ?
33Durán (2002, ch. II, 351) rapporte qu’après leur conquête, Oztuma et Alahuiztlan sont « deux cités dépeuplées, que tous les arbres fruitiers, cacaoyers, cotonniers sont délaissés et que tous les champs sont en friches et déserts ». Nous avons vu que le témoignage de la Relación Geografica d’Ixcateopan est moins radical mais, même si une partie des habitants a survécu à la conquête, les pertes humaines énormes et le temps passé à combattre ont probablement conduit à de moins bonnes récoltes. L’économie de ces cités fut donc affaiblie directement par les combats contre les Mexica. Le cas de Teloloapan diffère. Cette cité fut moins durement touchée par les combats mais le tribut exigé par les Mexica doubla. Cela se répercuta forcément sur l’économie de cette cité.
34Par ailleurs, l’arrivée de colons mexica à Oztuma et Alahuiztlan s’inscrit dans le processus de formation de la province. Il s’agissait de conférer à ces cités un rôle stratégique de défense des frontières. Ce fut notamment le cas pour Oztuma, rare cité de l’Empire gouvernée à la fois par un tlacochtectli (gouverneur militaire mexica) et un tlacatecatl (gouverneur civil mexica). Selon les travaux de Jay Silverstein (2001, p. 34-38), les colons s’installèrent sur le Cerro Oztuma, qui devint la forteresse la plus importante de la ligne de défense mexica. Cette forteresse fut construite par ces colons et il est probable qu’eux seuls y résidaient. Selon la Relación geografica d’Ixcateopan (Acuña, R. 1985, 6, p. 275-292), les habitants de la forteresse ne versaient pas de tribut à l’Empire. Les prospections menées par Jay Silverstein dans la région révèlent qu’ils avaient également un accès privilégié aux biens de luxe fournis par les marchands de la vallée de Mexico, tels que l’obsidienne verte de Pachuca (Silverstein, 2001, p. 39). À l’inverse, les populations chontales environnantes devaient ravitailler et subvenir aux besoins des habitants de la forteresse selon la Relación geografica d’Ixcateopan (Acuña, R. 1985, 6, p. 293-325). Cette charge, ajoutée à celle du tribut, influa sur l’économie de ces cités et contribua probablement à l’appauvrissement de leurs populations. Par ailleurs, Oztuma acquit le statut de cité puissante et riche dans la région. Elle concurrença donc Ixtepec, la capitale chontal, ce qui modifia la hiérarchie économique régionale préalable.
Étude de cas : le processus de formation de la province de Tepeaca
35La formation de la Province tributaire de Tepeaca (fig. 9) offre un deuxième exemple des effets de la réorganisation territoriale sur l’économie des cités concernées. José Luis de Rojas (1994, p. 405-431) s’est penché sur la longue rivalité opposant deux cités de cette province : Quauhtincan et Tepeaca. Il nous apprend qu’avant l’expansion mexica, Quauhtinchan était la cité dominante de la région. Toutefois, Tepeaca, cité rivale distante d’une quinzaine de kilomètres, revendiquait une partie des territoires contrôlés par Quauhtinchan. Le souverain de Tepeaca envoya des émissaires à Tenochtitlan pour leur demander de l’aide contre ceux de Quauhtinchan, ce qui leur fut accordé. Ainsi en 1458, Tepeaca remporta la victoire contre Quauhtinchan. Lorsque les Mexica partirent en campagne militaire dans cette région en 1466 apr. J.-C., Tepeaca, qui avait tissé des liens privilégiés avec les Mexica, n’opposa aucune résistance. Elle fut de ce fait favorisée dans la réorganisation territoriale Mexica et devint la capitale de Province. Étant donné que Tepeaca se trouvait sur une voie de commerce, les dirigeants mexica obligèrent ceux de Tepeaca à sécuriser et faire garder tous les chemins pour que les marchands ne soient pas attaqués (Diego Durán, 2002, ch. XVIII). De plus, ils leur imposèrent de tenir un riche marché où l’on devait pouvoir trouver des objets exotiques et de luxe comme des mantas (capes de coton) décorées, des pierres précieuses, des bijoux, des plumes de différentes couleurs, de l’or et de l’argent, des peaux de jaguars et d’ocelots, des fèves de cacao… Les pochteca (marchands qui pratiquaient le commerce à longue distance) fréquentaient ce marché. Tepeaca devint donc un centre commercial important et l’un des passages obligés sur les routes de commerce. À l’inverse, Quauhtinchan, auparavant la cité la plus importante de la région, perdit toute autorité. On lui imposa un nouveau souverain et la cité s’appauvrit.
Bilan
36Les répercussions de l’expansion mexica sur l’économie des cités soumises sont loin d’être identiques. Les villages de Capilco et Cuexcomate participaient pour une large part à la production du tribut, ce qui contribua à l’appauvrissement de la population. À l’inverse, la contribution de la ville de Yautepec pour la production du tribut n’a pu être déterminée avec certitude mais elle était probablement réduite, ce qui expliquerait que ces habitants réussirent à maintenir leurs standards économiques de vie. Par ailleurs, l’arrivée de colons mexica à Oztuma et Alahuiztlan représente une contrainte pour les populations locales qui doivent les ravitailler et bouleverse l’économie régionale. Enfin, à Tepeaca, un dynamisme économique est créé par l’implantation d’un marché important et le nouveau statut de capitale de province de la cité, tandis que Quauhtinchan perd toute influence et pouvoir économique.
37Ces différences tiennent essentiellement au degré d’implication d’une cité dans la production du tribut et aux procédés de réorganisation des territoires mexica. Dans cette perspective, il est nécessaire de s’interroger sur les conséquences de l’expansion mexica sur l’économie des cités soumises au cas par cas. Il est donc à souhaiter que les études archéologiques du type de celles de Michael Smith et Cynthia Heath-Smith dans le Morelos, se multiplient.
38Les conséquences de l’expansion dans les cités soumises ne se limitent pas aux effets économiques. Pour mener une étude complète sur le sujet, il faut également considérer les changements linguistiques, politiques, religieux et l’influence mexica sur les cités soumises. Cela fait l’objet de notre recherche de thèse.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Étant donné l’immensité des territoires et la diversité des populations concernées, les Mexica furent confrontés à des niveaux différents de résistance face à l’envahisseur. En fonction de celle-ci, la sujétion s’effectuait de manière pacifique ou se soldait par une conquête militaire.
2 Les méthodes de datation ayant permis ces résultats sont détaillées dans la publication de Michael Smith et Cynthia Heath-Smith (1994) pour Capilco et Cuexcomate, et dans l’article de Timothy Hare et Michael Smith (1996) pour Yautepec. Ces travaux, menés au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, sont aujourd’hui encore d’une importance capitale car ils demeurent les seuls à permettre la distinction chronologique entre les phases précédant et suivant la domination mexica.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 8096 : Archéologie des Amériques.
Sujet de thèse : L’expansion mexica (1430-1520 après J.-C.).
Directeur : B. Faugère.
Thèse soutenue le 24 septembre 2009.
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