Les structures de stockage du massif du Barajas
Un regard sur l’économie de subsistance d’une population du Centre-Nord du Mexique à l’Épiclassique (650-900 apr. J.-C.)
p. 77-98
Résumé
Doctoral research was undertaken from 2002 to 2007 on underground storage features found in the Cerro Barajas. This study was part of the Barajas project, examining Prehispanic sites dating to the Epiclassic period (AD 650-950) in a mountain range located in north-central Mexico. The remains on these sites include dozens of underground cells which were used to store the goods of the local populations.
Storage facilities are rare in first millennium contexts in central Mexico, and the Barajas features thus offer an excellent opportunity to investigate various aspects of the economy of these populations. Analysis of the contents of the features shows that, apart from some valuable objects, they were mostly used to store food products, including maize and amaranth.
As a result of this analysis, stocks can be reconstructed, leading to formulation of various hypotheses on the subsistence strategies of these populations.
Entrées d’index
Mots-clés : épiclassique, Mésoamérique, stockage, maïs, silo, surplus
Keywords : archaeology, Mesoamerica, storage, maize, surplus
Texte intégral
Introduction
1Les sites préhispaniques établis sur le massif montagneux du Cerro Barajas, localisé dans le Centre-Nord du Mexique font l’objet, depuis 1998, d’un programme de recherche mené par l’UMR 8096, sous la direction de G. Pereira (Pereira, Migeon & Michelet 2001 ; 2005) (fig. 1). Ces gisements regroupent des dizaines, voire des centaines de bâtiments particulièrement bien conservés qui ont été occupés entre 500 et 900 apr. J.-C., répartis sur la face nord du Barajas (fig. 2). Bon nombre de ces constructions ont malheureusement été victimes de pillages assez sévères ces dernières décennies. C’est souvent du fait de ces pillages qu’un nombre significatif de structures souterraines, tout à fait spécifiques du secteur, sont aujourd’hui visibles en surface (fig. 3). Ces structures ont constitué un axe de recherche du projet à partir de 2001 (Bortot, 2001 ; 2002 ; 2005, sous presse a, b). À ce jour, plus de 75 aménagements souterrains ont été recensés et 29 d’entre eux ont été fouillés. Leurs découvreurs y avaient vu les vestiges de citernes (Zepeda, 1988). Au début du projet Barajas, on évoqua d’abord une fonction funéraire, puis celles de dépotoirs et de lieux de stockage. L’analyse d’un premier groupe de cellules a montré qu’aucune d’entre elles ne contenait d’ossement, qu’elles n’étaient pas non plus construites en vue de servir de citernes faute d’étanchéité, et que plusieurs étaient vides, ce qui paraissait contradictoire avec un usage comme dépotoirs. L’hypothèse du stockage était donc la plus plausible. Elle a ensuite pu être vérifiée pour la majorité des structures souterraines étudiées.
2Cette interprétation était pourtant surprenante, car elle était sans équivalent connu pour cette région et cette période. En effet, il semble que, du Classique au Postclassique, les populations préhispaniques du Mexique central ont utilisé des dispositifs de stockage aériens, construits en matériaux périssables dont il est aujourd’hui difficile de retrouver la trace. Ces dispositifs en atmosphère aérée étaient d’ailleurs probablement bien adaptés à la conservation du maïs, lequel constituait la base du régime alimentaire. Cela dit, exposées à la vue de tous, ces constructions formaient aussi des équipements dont il était difficile d’assurer la sécurité, notamment en cas de tensions socio-politiques. Dans le contexte politique instable qui caractérise l’Épiclassique, principale période d’occupation des sites du Barajas, on pouvait supposer qu’elles étaient peu adaptées. C’est probablement en partie pour cette raison que les habitants de la zone ont opté pour des dispositifs souterrains à l’accès restreint, permettant de garder beaucoup plus à l’abri leurs biens et la production agricole.
3Les résultats de l’analyse des structures et de leur contenu permettent d’entrevoir plusieurs modalités de la pratique du stockage et donc certains aspects de l’économie de subsistance des populations. Nous proposons, dans les lignes qui suivent, de résumer quelques-uns des éléments les plus probants de l’étude réalisée.
Les espaces souterrains de stockage du Cerro Barajas
Morphologie
4Le corpus se compose de près de 75 structures souterraines réparties surtout dans les secteurs d’habitat des établissements préhispaniques du Barajas. Les structures présentent certains traits récurrents qui attestent de la normalisation constructive dont elles ont fait l’objet. Il s’agit, dans tous les cas, de cellules aménagées dans des terrasses et présentant un système d’accès vertical. Elles sont délimitées latéralement par les affleurements rocheux plus ou moins retaillés et des murs en dalles sèches, et recouvertes de grandes dalles de basalte. Leurs plans varient, mais la plupart sont quadrangulaires. Leur surface moyenne est comprise entre 2 et 4 m², leur profondeur entre 1 et 1,5 m, et leur capacité volumétrique oscille entre 1 et 4 m3. Il en existe de trois types :
Les plus communes sont des espaces souterrains aménagés sous un bâtiment aérien (une maison). Il s’agit donc en réalité de sous-sols, voire de caves. Si la plupart sont simples, d’autres peuvent être plus complexes et constituées de plusieurs cellules connectées. L’accès au sous-sol est évidemment privatif, mais il n’est pas scellé.
Il existe en second lieu des cellules extérieures à l’habitat, construites à quelques mètres de celui-ci (fig. 4). Dans ce cas, les cellules ne sont jamais connectées entre elles. Pour que ces espaces fussent privatifs, et aussi pour qu’ils fussent protégés des intempéries, ils étaient probablement scellés. On suppose donc que ces fosses ne contenaient pas des biens de consommation courante, mais plutôt des réserves ou une certaine forme de surplus.
Enfin, nous avons distingué des concentrations de cellules souterraines (fig. 5). Pour ces dernières, il est difficile de déterminer leur mode d’utilisation par le contexte. Apparemment, elles ne se trouvent pas directement dans des zones de production, ni non plus sur les lieux de consommation puisqu’on les trouve généralement associées à des bâtiments isolés et de taille modeste.
5Par ailleurs, il faut signaler que deux autres types de dispositifs de stockage ont été identifiés. Le premier concerne les structures domestiques : il s’agit de pièces attenantes à l’habitat principal, dans lesquelles ont été retrouvées des quantités significatives de contenants en céramique, associés souvent à des instruments de mouture. Le second concerne les secteurs civico-cérémoniels, au sein desquels on observe des bâtiments à pièces multiples, dont plusieurs sans accès latéral apparent. Ces équipements non souterrains n’ont, jusqu’à présent, pas été analysés, et nous les tiendrons donc à l’écart de notre étude, en retenant, malgré tout, le potentiel qu’ils représentent.
Contenu des structures souterraines de stockage
6La fouille de 29 espaces souterrains sélectionnés dans notre corpus a permis de réunir une quantité importante de matériel. Près de 34 000 tessons ont été recueillis et quelque 200 artefacts lithiques ; en outre, environ 400 échantillons de sédiments ont été soumis à des analyses chimiques et botaniques. L’analyse de ce matériel a montré qu’il existait différents types d’éléments stockés dans les espaces souterrains pour y être protégés. En dehors de quelques artefacts particuliers, nos structures ont surtout abrité des récipients en céramique de formes relativement variées avec notamment des bouchons –en fait des récipients, retouchés ou non et utilisés comme tels –, ainsi que différents ustensiles permettant le maniement de produits, vraisemblablement ceux contenus dans les céramiques. Les structures ont aussi contenu des produits dont nous n’avons cependant pas beaucoup de traces tangibles. L’analyse des 400 prélèvements de sédiments provenant des niveaux d’occupation a révélé l’existence, dans une cellule (TOR-02’04), d’un épi de maïs carbonisé et, dans deux autres (ANG-F3’02 et ANG-F3’03), de cupules de maïs. Deux de ces cellules étaient plus ou moins intactes, ce qui incite à accorder une forte importance aux indices qu’elles ont fournis. Par ailleurs, trois structures ont révélé la présence de Cheno-am et les genres Chenopodium et/ou Amaranthus (ANG-F3’02, 03 et TAP-BC23’01).
7À partir de la présence de récipients en céramique souvent bouchés dans plusieurs cellules et de la découverte des quelques restes botaniques mentionnés, on peut supposer que nos structures et les contenants qu’elles comportaient devaient servir au stockage de produits comestibles. Nos connaissances sur l’agriculture et sur le système de subsistance des populations qui occupaient le Centre-Nord mexicain au premier millénaire étant quasi inexistantes, il convient de se tourner vers le Haut Plateau central qui, lui, a fait l’objet d’études bien plus détaillées sur le sujet.
Généralités sur les systèmes de subsistance
Le cas du Mexique central
8Le régime alimentaire dans les zones rurales contemporaines du Mexique central atteste d’une continuité certaine des pratiques agricoles et, plus généralement, du système de subsistance depuis l’époque précolombienne. Dans les années 1960, Sanders s’était fondé sur les consommations actuelles des populations paysannes pour dresser la liste des cultigènes consommés depuis l’époque préhispanique dans leur ordre d’importance (Sanders et al., 1979). Le maïs (Zea mays) occupe la première place : au moment de son étude, Sanders enregistrait encore entre 30 et 65 % des terres cultivées destinées au maïs, suivant les conditions naturelles des secteurs. On trouve ensuite le haricot (Phaseolus) et le maguey (Agave) pour les produits de base, la raquette du nopal (Opuntia) et la figue de barbarie, la tuna pour les aliments complémentaires, les tomates (Physalis) et les piments (Capsicum) pour les assaisonnements et d’autres espèces qu’il classe dans les aliments secondaires, tels que l’avocat (Persea americana), le chayote (Sechium), le capulin (Prunis capuli), l’amarante (Amaranthus), la chia (Salva hispanica), etc. (ibid.).
9De nombreux autres travaux ont été réalisés sur les systèmes de subsistance du Mexique central à l’époque préhispanique (Beltrán, 1949 ; Rojas Rabiela, 1988 ; Rojas Rabiela & Sanders, 1994 ; McClung de Tapia, 1987 ; 1997). Tous les auteurs s’accordent pour dire que, dans tout le Mexique central, le maïs, consommé depuis le IV e millénaire avant notre ère au moins, constitue, dès le Ier millénaire av. J.-C., le produit le plus important de l’activité agricole et du régime alimentaire (Beltrán, 1949 ; Flannery, 1976, 1985 ; Sanders et al., 1979 ; Rojas Rabiela & Sanders, 1985 ; de Rojas, 1987 ; McClung de Tapia, 1987 ; 1997 ; Garc’a de Acosta, 1990 ; Pearsall, 1990).
10Après le maïs, le haricot était probablement un produit important du régime alimentaire, bien que sa consommation soit largement moins documentée ; elle est toutefois mentionnée, comme celle du maïs, par plusieurs sources ethno-historiques qui traitent de l’alimentation, de l’agriculture ou du tribut de Tenochtitlan. À égalité peut-être avec le haricot, il faut mentionner aussi la chia, un produit qui a perdu une partie de l’importance qu’il revêtait à l’époque préhispanique. Les courges ne doivent évidemment pas être oubliées : elles se prêtaient particulièrement bien à la biculture dans les champs de maïs, une pratique qui a tendance aujourd’hui à régresser. Curieusement, elles sont assez rarement citées parmi les éléments de base du régime alimentaire des populations préhispaniques. L’amarante est, elle, une plante dont la consommation remonte aussi à l’époque précolombienne. Il en existe une soixantaine d’espèces, toutes originaires du continent américain. L’amarante aurait d’abord été consommée dans sa forme sylvestre avant d’être domestiquée, approximativement en même temps que le maïs, au IVe millénaire avant notre ère. Le témoignage le plus ancien en contexte anthropique a été retrouvé dans la vallée de Tehuacan, dans la grotte de Coxcatlan et daterait de 4000 av. J.-C. (Benhalbib, 2005). Sanders, d’après notamment les Relaciones Geográficas de 1580, fait de l’amarante le produit agricole le plus important après le maïs, dans l’activité agricole du Mexique central au moment de la Conquête (Sanders et al., 1979). Il explique cette importance par ses qualités nutritionnelles et énergétiques qui dépassent celles du haricot. Des planches du Codex Florentin montrent que l’amarante, sous le nom de uauhquilitl, ou feuilles tendres du uauhtli (Rojas Rabiela & Sanders, 1985), pouvait être consommé comme légume (livre 11, chap. 3, par. 3), mais le uauhtli, une fois séché, fournissait aussi une graine (livre 4, chap. 38), connue sous le nom de alegr’a, de première importance dans l’alimentation. Cependant, dès les débuts de la Conquête, les Espagnols s’efforcèrent de limiter sa culture, car plusieurs rituels mexica utilisaient les graines d’amarante. Quoi qu’il en soit, on sait qu’il s’agit d’une plante facile à mettre en culture (pour peu que ce soit sur des terrains plats) et peu susceptible d’avoir été la cible des prédateurs habituels des réserves ; par ailleurs, la taille réduite des graines d’amarante impliquait peut-être d’autres techniques de stockage que le maïs.
Le Cerro Barajas et ses environs
11Le massif du Barajas se situe au sud-ouest d’une macro-région appelée le « Bajio ». Cette région, qui correspond à l’ouest-nord-ouest du Haut Plateau central mexicain, est constituée par la grande plaine alluviale de la partie médiane du fleuve Lerma, dans la portion comprise entre les vallées de Tarandacuaro (Guanajuato) et La Piedad (Michoacán), entre 100 et 102° de longitude ouest. Le Bajio a été qualifié au xviie siècle de « grenier » de la Nouvelle Espagne en raison du haut rendement de ses terres. Ce surnom disparaîtra au début du xxe siècle, quand la production de régions plus au nord atteindra des rendements comparables (Sánchez & Elling, 2004). Au premier millénaire, il faut se représenter la vallée du Bajio comme une plaine entrecoupée d’éminences volcaniques, comme celle du Barajas, entre lesquelles les zones basses ou les fonds de vallées auraient été périodiquement inondés formant de petits lacs et des marécages. Des analyses de sols de surface ont de fait révélé une base sodique et saline, caractéristique des zones lacustres ; de ces zones lacustres il reste aujourd’hui principalement celles de Yuriria et Cuitzeo (Cárdenas & Fernández, 2004). Les températures moyennes annuelles oscillent entre 18 °C et 20 °C et les précipitations sont comprises entre 600 et 700 mm/an pour l’État de Guanajuato (Rzedowski & Calderón de Rzedowski, 1987). Un aspect mérite d’être souligné : la possible (probable) forte susceptibilité de la zone aux aléas climatiques. Une des interprétations du recul vers le sud de la frontière nord de la Mésoamérique repose d’ailleurs sur l’hypothèse que les conditions climatiques auraient connu un phénomène de péjoration net, quoique pas forcément long, au début du xie siècle (Michelet, 1984 ; 1995 ; 1990b). La végétation originelle du Bajio a maintenant disparu à plus de 95 % (Rzedowski & Calderón de Rzedowski, 1987). La végétation actuelle se compose essentiellement de plantes xérophytes et d’herbacées ; on trouve aussi de façon résiduelle le mezquite, qui a été beaucoup coupé, provoquant ainsi la prolifération de buissons microphylles et inermes. Actuellement, le Bajio est une région à vocation agricole par excellence grâce au climat et à l’abondance d’eau disponible suite à l’aménagement de barrages sur le fleuve Lerma. Ces barrages ont permis à un grand nombre de terrains alluviaux d’être irrigués et de produire jusqu’à deux récoltes à l’année (Rzedowski & Calderón de Rzedowski, 1987). Les principales plantes cultivées de nos jours sont le blé, le sorgho, la luzerne, le maïs, l’agave, ainsi que diverses cultures maraîchères.
12L’exploitation des sols avant la Conquête est peu connue mais, d’après les données environnementales, le Bajio se situerait à la limite géographique au-delà de laquelle la simple pluviométrie permet difficilement une agriculture sans irrigation. On sait par ailleurs qu’aux xvie et xviie siècles, la structure agraire fut dominée par l’élevage et par la culture du maïs et du blé. À la fin du xviie siècle, cette structure changea, et les terrains consacrés à l’élevage furent mis en culture. Cette augmentation des activités agricoles aurait peu à peu épuisé les ressources hydrauliques de surface et c’est à cette époque qu’auraient commencé à se développer les techniques d’irrigation (Sánchez & Elling, 2004).
13Les études paléobotaniques réalisées, notamment à Hoya de Parangueo (Municipe de Valle de Santiago) montrent qu’au début de notre ère, le Bajio présentait de forts indicateurs de présence de l’agriculture, de la culture du maïs surtout, très certainement déjà pratiquée par les habitants de Chupicuaro vers 100 av. J.-C. (Brown, 1984). Les premiers agriculteurs du secteur ne semblent pas avoir eu recours à des techniques hydrauliques, en tout cas aucune trace de ces dernières n’a été signalée à ce jour. Cela dit, la richesse des sols et les conditions climatiques globalement favorables font croire à une agriculture importante (Cárdenas & Fernández 2004).
14Outre des conditions environnementales propices à l’agriculture, les ressources naturelles locales sont diverses, ou l’étaient il y a encore peu de temps. La région était riche en particulier de nombreuses espèces animales, dont la variété, à l’image de la végétation, s’est considérablement appauvrie. Par ailleurs, les fonds de vallées, marqués par la présence de petits lacs et de marécages, devaient permettre le recours à des ressources aquatiques diverses.
15En résumé, la région du Bajio où se trouve le Cerro Barajas, a connu, durant les dernières décennies, des changements drastiques : la construction de barrages a bouleversé le réseau hydraulique régional et l’agriculture mécanisée s’est fortement développée. De nos jours, l’agriculture traditionnelle est de plus en plus rare ; du coup, les pratiques que l’on peut observer sont de moins en moins comparables avec celles des contextes archéologiques. Il n’en reste pas moins que les populations du Barajas ont produit, consommé et stocké un certain nombre de cultigènes, divers produits sylvestres et des ressources animales variées.
Reconstitution hypothétique des stocks du Cerro Barajas
Méthode
16À partir des informations résumées ci-dessus, nous avons proposé une reconstitution hypothétique des capacités de stockage de nos structures souterraines sur la base d’une série d’estimations. Ces estimations mettent en jeu trois variables : la morphologie des espaces souterrains, la nature du produit contenu et son mode de stockage.
La morphologie des espaces souterrains
17Concernant la morphologie des structures souterraines, nous avons distingué les trois types présentés plus haut, à savoir, les cellules indépendantes, uniques ou doubles, les cellules indépendantes multiples et les sous-sols. Nous avons généralement pris en considération d’abord le volume des structures prises individuellement puis, pour la discussion finale, nous avons considéré les volumes totaux, en considérant que toutes les cellules d’un même complexe pouvaient avoir fonctionné ensemble.
Les produits stockés
18En ce qui concerne ces derniers, on a considéré a priori que tous les produits évoqués ci-dessus avaient pu être stockés, en plus du maïs et de l’amarante dont nous avions retrouvé des restes. Néanmoins, d’après tous les travaux publiés, le maïs a certainement occupé une place prédominante puisqu’il était la base même de l’alimentation. On peut donc penser qu’il a nécessité des volumes de stockage très supérieurs à ceux de l’amarante et, encore plus, à ceux des autres produits alimentaires. En fait, nous avons choisi de considérer que l’essentiel des volumes des espaces souterrains de stockage lui était consacré. Pour calculer les quantités de maïs qui pouvaient avoir été contenues dans les cellules, il fallait d’abord savoir les caractéristiques du maïs stocké et la forme sous laquelle il l’avait été : en grains ou en épis ? Notre seul indice de départ était la découverte de l’épi de maïs carbonisé dans la cellule TOR-02’04. Cet indice permettait de pencher en faveur d’un stockage du maïs en épis et de recueillir quelques informations sur le type de maïs et, notamment, sa taille. Le fragment découvert mesure 3,8 cm ; il n’est pas complet, mais sa longueur initiale ne devait guère dépasser 4 cm. Nous ne savons pas de quelle espèce il s’agit. La morphologie des espèces cultivées aujourd’hui au Mexique central n’a évidemment pas grand-chose à voir avec les maïs archéologiques et il faut s’écarter franchement des référents actuels pour les calculs qui nous intéressent. Une recherche importante a été menée récemment sur des maïs archéologiques par A. López Corral (López & Uruñuela, sous presse) : ce sont des épis de maïs retrouvés dans un silo daté du Formatif lors de fouilles de sauvetage à Cholula. Ces épis, avant carbonisation avaient de 2,75 à 4,53 cm de long, de 1,25 à 2 cm de diamètre à la base et de 0,75 à 1,07 cm de diamètre à la pointe. Si on applique à notre spécimen une réduction de 20 à 25 % causée par sa carbonisation, sa longueur initiale doit avoir été comprise entre 4,56 et 4,75 cm, ce qui en fait un spécimen légèrement plus grand que les épis plus anciens découverts à Cholula. Cependant la différence est suffisamment limitée pour nous autoriser à utiliser les chiffres obtenus par A. López et G. Uruñuela au sujet de la volumétrie des espèces du Haut Plateau central. A. López et G. Uruñuela estiment qu’un épi de maïs stocké sans feuille occupait environ 23,31 cm3. Un volume de stockage de 1 m3 aurait ainsi pu contenir 42 900 épis. Il faut encore ajouter que, selon López et Uruñuela, chaque épi de Cholula aurait eu un poids en grains de maïs compris entre 9,8 et 12,6 g. Nous avons, pour notre part, retenu la moyenne, soit 11,2 g.
Le mode de stockage
19Pour ce qui est du mode de stockage, il convenait de prendre en compte la présence, non systématique, de récipients en céramique dans les cellules. Le maïs était-il contenu dans ces récipients ou était-il empilé à même le sol ? L’analyse systématique que nous avons faite de la relation entre les structures et les récipients n’a pas permis d’apporter une réponse tranchée à la question et il nous a donc fallu garder ouvertes deux possibilités, même si les capacités volumétriques qu’elles fournissent varient en gros du simple au double. Dans le cas d’un stockage à même le sol, le volume du stock est a priori proche de celui de la structure elle-même ; en adoptant cette clé de calcul on obtient le stock maximal qui a pu être constitué à un endroit donné. Dans le cas d’un stockage dans des céramiques, les pertes sont importantes : nous avons considéré que, dans ce cas, les volumes ont pu correspondre en gros à la surface de la structure multipliée par une hauteur moyenne de 50 cm de haut ; les chiffes obtenus par cette règle de calcul représenteraient les volumes minimaux stockés.
20Nous avons ainsi calculé les quantités de maïs que chaque structure souterraine avait pu abriter, soit dans l’éventualité d’un stockage en céramiques (stockage dit « horizontal »), soit dans celle d’un stockage à même le sol (stockage « vertical »), les chiffres obtenus constituant les extrémités de l’échelle de probabilité. Les résultats ont ensuite été organisés en fonction des trois types morphologiques distingués. Il faut encore préciser que les calculs ont été faits en priorité sur les 29 spécimens fouillés. Pour les autres spécimens pour lesquels nous n’avions pu enregistrer que le plan, seul le stock minimum a été estimé.
21Les dizaines d’estimations effectuées ont montré qu’une cellule souterraine pouvait, en moyenne, contenir entre 600 kg et 1,7 t de maïs en épis sans feuille, en fonction du mode de stockage.
Interprétations sur l’économie de subsistance
22Pour parvenir à des propositions sur l’économie de subsistance des populations du Barajas, à partir des résultats obtenus, il nous fallait encore réfléchir sur deux points : la productivité agricole et les besoins nutritionnels de l’époque.
23La question de la productivité agricole à l’époque préhispanique a régulièrement été abordée dans la littérature spécialisée, mais elle bute souvent sur un manque de données concernant les pratiques agraires, ce qui explique le recours fréquent à des analogies ethnographiques (Kirkby, 1973 ; Sanders et al., 1979). Pour l’époque préhispanique Kirkby (1973) estime par exemple que chez les paysans des vallées centrales de Oaxaca les rendements minimaux de maïs auraient été de 200 à 250 kg/ha. Sanders pour sa part pense que les estimations de Kirkby sont trop basses et suggère un rendement minimum de 400 à 500 kg/ha. Il estime même que pour le Formatif moyen dans le Bassin de Mexico, la production de maïs par hectare en plaines alluviales et sans irrigation aurait déjà avoisiné 625/ha (Sanders et al., 1979). Flannery, quant à lui, présente des données relatives au téosinte du deuxième millénaire av. J.-C. et il propose une productivité variant de 125 à 600 kg/ha (Flannery, 1976).
24Pour ce qui est du régime nutritionnel et, plus spécifiquement, de la consommation du maïs, nous nous sommes appuyée sur les travaux d’A. López Corral et G. Uruñuela déjà cités. Ceux-ci reprennent les chiffres d’Hernández (Hernández et al., 1983) et les tableaux des recommandations nutritionnelles de Chávez et Ledesma (1997). Selon eux, une famille de 5 membres (2 adultes et 3 enfants) aurait eu besoin d’environ 3 741 250 calories par an, ce qui correspondrait à 1 111 kg de maïs. S’appuyant à nouveau sur Sanders (1979), ils estiment que le régime alimentaire des populations agraires devait reposer sur le maïs et sur ses produits dérivés de 50 à 70 %. En définitive, pour eux, une famille de 5 personnes des environs de Cholula aurait nécessité et donc consommé, entre 556 et 833 kg de maïs par an. Ces mêmes auteurs soulignent au passage que leurs résultats vont dans le sens des estimations de Sanders qui calculait, lui, des besoins de l’ordre d’une tonne de maïs par an pour une famille de 7 personnes (Sanders et al., 1979). On ajoutera que d’après les travaux de T. Rojas Rabiela (Rojas Rabiela & Sanders, 1985), un même type de régime alimentaire se serait maintenu longtemps au-delà du Préclassique et on peut donc supposer qu’il ne devait guère différer de celui des populations du Barajas. Les deux derniers points traités permettent de mettre en perspective les résultats quantitatifs obtenus lors de la première étape analytique de notre étude. Tous les résultats sont récapitulés dans trois tableaux qui organisent les données en fonction de la typologie des structures.
Les sous-sols
Tableau 1. Tableau de calcul des capacités volumétriques des sous-sols
Structures souterraines | m2 | m3 | T.m3 | Kg de maïs maximum Répartition verticale | Estimation kg de maïs minimum Répartition horizontale | NMI alimentés pendant un an | Nombre d’hectares cultivés |
TOR-01’01 | 2,26 | 5,42 | 5,42 | 2604- | 546 | 3 à 4 | 0,87 |
TOR-02’01 | 1,63 | 1,86 | 893,65 | 0 s’il s’agit effectivement d’une entrée | |||
TOR-02’02 | 1,76 | 2,13 | 1023,3 | 422,8 | |||
TOR-02’03 | 0,82 | 0,88 | 422,8 | 0 (cellule de stockage de biens prévieux) | |||
TOR-02’04 | 0,98 | 1,08 | 5,95 | 518 | 235 | 4 à 5 | 1,05 |
TOR-03’01 | 1,74 | 1,74 | 1,74 | 836 | 418 | 2 à 3 | 0,66 |
CHAR-01’01 | 6,4 | 8 | 8 | 2163,8 | 879 | 6 à 7 | 1,4 |
NOG-C5’01 | 2,07 | 2,98 | 1431 | 497 | |||
NOG-C5’02 | 1,62 | 2,33 | 5,31 | 1119 | 389 | 6 à 7 | 1,41 |
PAL-01’01 | 4,84 | ? | ? | 1162 | |||
PAL-01’02 | 4,47 | ? | ? | ? | 1073 | moins de 15 | 3,5 maximum |
SAN-03’01 | ~ 1,8 | ? | ? | ? | 432 | 3 | 0,69 |
TAP-A1’01 | 3,15 | 2,83 | ? | 1359 | 756 | plus de 5 | 1,2 |
TAP-BC4’01 | 5,74 | 9,87 | ? | 4742 | 1378 | 9 à 10 | 2,2 |
CAM-01’01 | 2,88 | ? | ? | ? | 691 | 4 à 5 | 1,1 |
PER-C3’01 | 3,96 | 6,45 | 6,45 | 3099 | 951 | 6 à 7 | 1,5 |
TOTAL | 20211 | 9829,8 | entre 44 et 66 | entre 14 et 29 |
25Rappelons qu’il s’agit de cellules souterraines simples et parfois multiples, localisées sous l’espace d’habitat. Lorsqu’elles se composent de plusieurs cellules (TOR-02, NOG-C5, PAL-01), on pouvait circuler de l’une à l’autre par des portes au seuil surélevé. Dans ce cas, il est fort probable que le stockage ne s’organisait pas à même le sol, mais dans des contenants disposés de part et d’autre de l’axe de circulation. Néanmoins, pour aboutir à un ordre de grandeur maximal, nous avons aussi calculé la quantité de maïs qu’elles auraient pu contenir si elles avaient été intégralement remplies. Les résultats montrent une grande variabilité d’une structure à l’autre. Les sous-sols pouvaient en effet abriter les besoins en maïs pour un an de 3 à 10 individus (en écartant les structures pour lesquelles nous n’avons pas le volume). En révisant un par un tous les complexes, nous avons abouti à une moyenne de 7 à 8 individus alimentés en maïs pendant un an.
Les cellules indépendantes, uniques ou doubles
Tableau 2. Tableau de calcul des capacités volumétriques des cellules indépendantes, uniques ou doubles
Structures souterraines | m2 | m3 | T.m3 | Kg de maïs maximum Répartition verticale | Estimation kg de maïs minimum Répartition horizontale | NMI alimentés pendant un an | Nombre d’hectares cultivés |
SAN-01’01 | 2,55 | ? | ? | ? | 612 | 4 à 5 min | 0,9 min |
SAN-02’01 | 3,96 | ? | ? | ? | 951 | 6 à 7 min | 1,4 min |
ANG-A1’01 | 0,59 | ? | ? | ? | 142 | 1 min | 0,20 min |
LAR-01’01 | 2,85 | 2,56 | 2,56 | 1230 | 684 | entre 4 et 9 | entre 0,9 et 1,8 |
LAR-02’01 | 1,26 | ? | ? | ? | 302 | 2 min | 0,4 min |
TAP-A3’01 | 2,43 | ? | ? | 2066 | 583 | 4 min | 0,8 min |
TAP-BC23’01 | 1,65 | 4,3 | ? | 1715 | 396 | entre 3 et 14 | entre 0,6 et 2,95 |
TAP-BC8’01 | 2,59 | 3,57 | ? | 1821 | 622 | entre 4 et 12 | |
TAP-BC8’02 | 2,53 | 3,79 | ? | ? | 607 | entre 4 et 12 | entre 2,6 et 5 |
TAP-BC11 | 9,77 | ? | ? | ? | 2347 | entre 16 et 17 min | 3,3 min |
TAP-E6’01 | 2,13 | ? | ? | ? | 511 | entre 3 et 4 min | 0,8 min |
TAP-E13’01 | 2,03 | ? | ? | ? | 487 | entre 3 et 4 min | 0,7 min |
TAP-E13’02 | 2,31 | ? | ? | ? | 554 | entre 3 et 4 min | 0,88 min |
TAP-E13’03 | 2,47 | ? | ? | ? | 593 | entre 3 et 4 min | 0,94 min |
TAP-E12 | 2,14 | ? | ? | ? | 514 | entre 3 et 4 min | 0,82 min |
PER-01’01 | 3,24 | ? | ? | ? | 778 | entre 5 et 6 | 1,24 min |
TOTAL | 10683 | entre 79 et 109 | entre 16,34 et 22,23 |
26Ces structures, que l’on trouve souvent par paire, sont disposées à proximité d’un habitat sans être strictement connectées à celui-ci. Le mode de stockage n’y est pas toujours très clair ; si certaines cellules ont contenu des récipients en céramique, d’autres en revanche étaient vides et, dans tous les cas, des contenants en matériaux périssables ont pu jouer un rôle non négligeable. Les deux extrémités de notre échelle de valeur ont donc ici une réelle importance. On constate que ces cellules pouvaient contenir les quantités nécessaires pour de 3 à 9 individus pendant un an : si l’on stockait dans des contenants en céramique, la plupart des structures souterraines de cette catégorie auraient pu contenir les réserves correspondant à la consommation de maïs d’une famille de six personnes pendant six mois.
Les cellules multiples
27Considérons enfin le cas des cellules multiples. Celles-ci sont déconnectées des zones d’habitat. Dans ce cas encore, le mode de stockage employé a pu varier, en céramiques ou à même le sol, et on doit sans doute penser à des solutions mixtes. On constate que, dans le cas d’un stockage en céramiques, les complexes connus ont la capacité d’abriter les besoins de 16 à 38 personnes. Dans le cas d’un stockage vertical, on aurait pu atteindre jusqu’à 87 personnes pour l’un des complexes.
28Au terme de cette série de propositions, on peut encore constater que, si l’on fait les totaux, les structures souterraines étudiées auraient permis de stocker le maïs nécessaire à une population comprise entre 261 et 362 personnes. Mais, reconnaissons-le, nos estimations demeurent très approximatives. Plusieurs incertitudes peuvent être signalées. On ne sait pas quelle est la proportion volumétrique tenue par l’amarante, ni celle des autres produits éventuellement contenus dans les structures. On ne connaît pas non plus le nombre total d’espaces souterrains du massif et il est vraisemblable que plusieurs structures souterraines n’ont pas été enregistrées, parce que ensevelies. Malgré tout, il n’est pas sans intérêt de constater que les équipements souterrains enregistrés possédaient une capacité de stocker les produits agricoles nécessaires à plusieurs centaines de personnes. Il resterait encore, à partir des indications sur les productivités, à tenter de remonter des stocks aux zones de production. Les quantités contenues dans les cellules proviendraient, dans notre cas, de 60 et 92 hectares cultivés, un chiffre qui permet à son tour d’imaginer concrètement l’impact de l’économie de subsistance de quelques centaines de personnes sur le paysage.
Tableau 3. Tableau de calcul des capacités volumétriques des cellules multiples
Structures souterraines | m2 | m3 | T.m3 | Kg de maïs maximum Répartition verticale | Estimation kg de maïs minimum Répartition horizontale | NMI alimentés pendant un an | Nombre d’hectares cultivés |
MOR-D’01 | ~ 1,85 | 1,88 | 903 | 444 | |||
MOR-D’02 | ~ 4,23 | 3,38 | 1624 | 1016 | |||
MOR-D’03 | 1,32 | 1,65 | 793 | 317 | |||
MOR-D’04 | 1,27 | 1,52 | 730 | 201 | |||
MOR-D’05 | ~ 1,03 | 0,93 | 447 | 247 | |||
MOR-D’06 | 2,51 | 2,51 | 1206 | 603 | |||
MOR-D’07 | 2,92 | 2,04 | 980 | 701 | |||
MOR-D’08 | 0,7 | 0,21 | 100 | 100 | |||
MOR-D’09 | ~ 2,2 | 0,77 | 370 | 369 | |||
MOR-D’20 | 2,86 | 4,91 | 2359 | 687 | |||
MOR-D’21 | 3,43 | 6,17 | 2965 | 824 | entre 38 et 87 | entre 8,8 et 20 | |
SAN-F’01 | 4,51 | ? | ? | ? | 1083 | ||
SAN-F’02 | 2 | ? | ? | ? | 480 | ||
SAN-F’03 | 3,36 | ? | ? | ? | 807 | 16 min | 3,7 min |
ANG-B2’01 | 1,12 | ? | ? | ? | 269 | ||
ANG-B4’01 | ? | ? | ? | ? | ? | ? | ? |
ANG-F3’01 | 2,94 | 4,82 | ? | 2316 | 706 | 24,5 x 2 (12 fosses au total) 59 personnes | |
ANG-F3’02 | 3,75 | 6,71 | ? | 3224 | 900 | ||
ANG-F3’03 | 2,76 | 3,5 | ? | 1682 | 663 | ||
ANG-F3’04 | 1,99 | ? | ? | ? | 478 | ||
ANG-F3’05 | 1,5 | ? | ? | ? | 360 | ||
ANG-F3’06 | 1,85 | ? | ? | ? | 444 | 5,68 x 2 = 11,3 min | |
MAJ-A2’01 | 2,69 | ? | ? | ? | 646 | ||
MAJ-A2’02 | 5,39 | ? | ? | ? | 1294 | ||
MAJ-A2’03 | 4,03 | ? | ? | ? | 968 | ||
MAJ-A2’04 | 3,21 | ? | ? | ? | 771 | 25 min | 5,88 min |
TOTAL | ? | 15378 | entre 138 et 187 | entre 29,7 et 40,9 |
Conclusion
29En conclusion, l’enregistrement des vestiges architecturaux du Cerro Barajas a permis de définir un dispositif de stockage souterrain inédit dans le Centre du Mexique à l’Épiclassique. La difficulté majeure dans l’analyse de ces structures, réside dans le fait qu’il n’existe pas, ou presque pas, d’éléments de comparaison, qu’il s’agisse du domaine de la morphologie, de celui de la technologie ou des questions d’anthropologie économique. Les pistes de la recherche sont nombreuses mais complexes.
30Dans les lignes qui précèdent, nous avons suivi la ligne de réflexion qui semblait la plus plausible, celle d’un stockage essentiellement consacré au maïs. À partir d’un épi de maïs retrouvé carbonisé sur le niveau d’occupation d’une des cellules les mieux préservées de notre corpus, nous avons tenté de déterminer les quantités de maïs stockables dans les cellules. On a vu que grosso modo chaque structure pouvait contenir les quantités de maïs nécessaires à l’alimentation d’une famille de 5 personnes de six mois à un an, mais les chiffres proposés sont loin d’être tous incontestables.
31Il resterait à souligner que l’Épiclassique coïncide, dans la région d’étude, avec des mouvements migratoires importants qui ont probablement engendré des tensions socio-politiques. Beaucoup de sites, notamment ceux du Barajas, sont établis sur les hauteurs, dans des secteurs protégés, parfois enserrés dans une enceinte défensive. Dans ces circonstances, les stratégies de l’économie de subsistance pourraient bien avoir été particulières, notamment, bien sûr, en ce qui concerne le stockage.
Bibliographie
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Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 8096 : Archéologie des Amériques. Sujet de thèse : Les structures souterraines du Cerro Barajas (Centre-Nord du Mexique, 650-900 apr. J.-C.) et la question du stockage.
Directeur : D. Michelet.
Thèse soutenue le 15 septembre 2007.
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