Une façade à images pour un culte sans image
Le cas du temple Nabatéo-romain de khirbet edh-Dharih en Jordanie
p. 213-236
Résumés
Edh-Dharih est un site nabatéen situé à environ 70 km au nord de Pétra, en Jordanie. Au sanctuaire est associée une petite agglomération rurale ainsi qu’une nécropole. Considéré lieu d’étape et de pèlerinage, edh-Dharih nous livre un temple d’une grande richesse iconographique et architecturale qui autorise une bonne compréhension de la religion nabatéenne. En partant de l’analyse iconographique de la façade du temple, restituée, nous pouvons effectuer un parallèle entre les informations que nous livrent les images de cette façade et la conception ainsi que l’architecture du temple. Le décor mêle en effet des éléments issus des traditions gréco-romaines. Mais, à les regarder de plus près, ces représentations sont traitées dans un style nabatéen à la fois quant à la technique artistique et quant au rendu de l’expression des visages. La façade d’un temple étant ce qui est perçu en premier lieu, le programme décoratif pourrait suggérer l’intégration du royaume nabatéen à l’empire romain, qui eut lieu en 106 de notre ère, et cela à la vue de tous et notamment des pèlerins. Cependant, si la façade dénote un style syncrétique mêlant thèmes gréco-romains dans un traitement sémitique, le cas est similaire pour le plan du temple qui présente, au-delà du plan typique avec vestibule et cella, une plate-forme cultuelle sur laquelle on plaçait des bétyles pour effectuer des offrandes aux divinités. Ces éléments, décoratifs et conceptuels, liant tradition provinciale nabatéenne et « images » gréco-romaines, sont-ils un moyen de légitimer l’adhésion des Nabatéens à l’Empire romain, tout en conservant volontairement une part d’autonomie ? Cette problématique permet de se questionner sur le syncrétisme culturel et religieux au sein de ce même temple.
Edh-Dharih is a Nabataean site situated approximately 70 km north of Petra in Jordan. Attached to the sanctuary are a small rural town and a necropolis. Supposed to be a caravan and pilgrimage place, edh-Dharih offers us a temple rich in iconography and architecture which allow a good understanding of the nabataean religion. Starting from the iconographic analysis of the facade of the temple, restored, we can make a parallel between the information shown by the images of that facade and the conception as well as the architecture of the temple. The decoration mixes elements from graeco-roman traditions. These representations are actually treated in a nabataean style : both the artistic technique and in the facial expressions. The facade of a temple being what is noticed first, the decorations could underline the integration of the Nabataean Kingdom to the Roman Empire, which took place in AD 106, and that in view of all in particular the pilgrims. However if the facade denotes a syncretic style mixing graeco-roman subjects in a semitic treatment, the case is similar for the plan of the temple which presents, beyond the standard plan with a vestibulum and a cella, a religious platform on which baetyls were placed for making offerings to the deities. Are these ornamental and abstract elements, linking Nabataean provincial tradition and Graeco-roman “images”, a means to legitimize the membership of Nabateans into the Roman Empire, while voluntarily preserving a certain autonomy ? This problem allows questioning the cultural and religious syncretism within the same temple.
Entrées d’index
Mots-clés : Nabatéens, temple, façade, Romains, plate-forme cultuelle, culte, zodiaque, restitution
Keywords : Nabataeans, temple, facade, Roman, worship platform, semitic cult, zodiac, reconstruction
Texte intégral
Introduction
1Le site d’edh-Dharih est localisé dans le centre de l’actuelle Jordanie, à environ deux heures de route au sud d’Amman, à 70 km au nord de Pétra et à 8 km au sud d’un haut-lieu qui lui est associé, Tannur1. Dans l’Antiquité, edh-Dharih se trouvait au cœur du royaume nabatéen, qui fut annexé en 106 de notre ère à l’Empire romain par l’empereur Trajan (fig. 1). La localité est située à environ 700 m d’altitude sur un ensemble de terrasses naturelles et de pentes de 8 ha. qui domine la rive droite du wadi Laaban.
2Les campagnes de fouilles archéologiques ont été menées de 1984 à 2007 par une mission franco-jordanienne dirigée par François Villeneuve, professeur à l’Université de Paris 1 et Zeidoun al-Muhesein, professeur à l’Université du Yarmouk. Ces études de terrain ont permis de déceler des traces d’occupation datant du Néolithique et du début de l’âge du Bronze avec des phases d’abandons et de réoccupations successives jusqu’au xvie siècle (Villeneuve et al., 2003 ; 2005).
3La période qui nous intéresse ici correspond à la construction d’un temple, encore visible à l’état de vestiges, bâti, d’après les études stratigraphiques, à l’extrême fin du ier siècle ou au tout début du iie siècle de notre ère, soit à peu près au moment de l’annexion romaine (fig. 2). Ce temple qui nous est visible a été érigé au-dessus d’un temple plus ancien datant du ier siècle de notre ère.
4Le site d’edh-Dharih ne se réduit pas à un sanctuaire ; en effet, est associé à ce dernier un village où ont été fouillées deux maisons, des huileries, une possible hôtellerie ainsi qu’une nécropole comprenant entre autres un tombeau monumental.
5Le sanctuaire est composé de deux cours de temenos en enfilade ; le temple, objet de notre étude, se trouve dans la partie nord de la seconde cour de temenos.
6Ce bâtiment cultuel, long de 23 m et large de 17 m, est accessible par une porte, ménagée au centre de la façade, qui mène à un vestibule de plan barlong. Dans le même axe, une seconde porte mène à la cella, qui possède en son centre une plate-forme cultuelle flanquée de pièces d’angle (voir infra) (fig. 3).
7L’étude systématique des blocs architecturaux par des relevés et des réflexions au cours de toutes les campagnes archéologiques a permis une restitution solidement argumentée de la façade. Mesurant environ 15 m de haut, cette façade présente une riche iconographie mêlant, traités dans un style local nabatéen, des motifs végétaux neutres et classiques et des éléments issus de la mythologie gréco-romaine qui nous sont difficiles à interpréter, d’une part en raison de l’iconoclasme qui a frappé les figures animées et d’autre part en raison de l’ambiguïté de certaines scènes.
8Ces éléments décoratifs et conceptuels de la façade – liant tradition provinciale nabatéenne et « images » gréco-romaines – sont-ils un moyen de légitimer l’adhésion des Nabatéens à l’Empire romain, tout en conservant volontairement une part d’autonomie ? Quel est le message livré par cette façade ?
9Notre analyse suivra trois pistes de réflexion pour tenter de répondre à cette problématique et pour présenter les axes de la recherche. Dans un premier temps, nous détaillerons l’étude de l’organisation de la façade avec les éventuelles influences décelables, puis nous présenterons un essai d’analyse iconographique des images livrées par la façade afin d’aboutir au rapport entre les éléments de la façade et le culte sémitique qui prenait vie au sein du temple.
L’agencement de la façade
10Elle s’organise selon un arrangement symétrique de quatre demi-colonnes (pilastres – quarts de colonnes aux angles) surmontées de chapiteaux corinthiens (fig. 4). Une porte centrale est flanquée par deux piédestaux symétriques qui devaient supporter une statue ou une représentation animale et au-dessus de chacun desquels se trouvait un panneau de cadres décorés, lui-même surmonté d’une fenêtre placée à 7 m de haut.
11Cette partie inférieure soutient un couronnement constitué, de bas en haut, d’une architrave sculptée de motifs végétaux et animaliers, d’une frise faisant alterner des bustes personnifiés du zodiaque et des Victoires ailées debout, le tout surmonté d’une corniche denticulée.
12Ce couronnement porte lui-même un fronton triangulaire dont le côté ouest a pu être en partie restitué. Ce fronton est scindé en deux par un arc clavé dont nous n’avons pas connaissance de l’arrangement intérieur excepté l’indice d’une corne d’abondance qui peut aussi bien indiquer une Tychè qu’une autre divinité, masculine ou féminine. Un poisson se trouve dans l’écoinçon du fronton, précédé d’une petite Victoire ailée tenant une couronne de sa main gauche. À côté se tient un buste humain de face dont les membres antérieurs sont des jambes de cheval et dont les membres postérieurs sont remplacés par une queue de serpent ou de monstre marin qui indiquent un centaure marin ou « triton ». Un aigle debout regarde en direction du centre du fronton, vers l’intérieur du tympan.
Les comparaisons en contexte nabatéen
13La façade d’edh-Dharih est, comme nous l’avons vu, constituée de blocs de calcaire, souvent sculptés. En contexte nabatéen, d’autres monuments cultuels et funéraires sont très proches de l’ordonnancement de cette façade.
14Le haut-lieu de Tannur, situé sur le jebel du même nom à 700 m d’altitude, est composé d’une cour rectangulaire pavée au sein de laquelle se trouve un temenos intérieur, entourant une plate-forme ou autel accessible par un escalier. Des pièces se trouvent sur les deux longs côtés de cette cour (Mc Kenzie, 2003 : 172). Le site nous est connu par une première étude menée par Nelson Glueck et par son équipe dans les années 1930 puis par la reprise de ces travaux par Judith McKenzie dans les années 2000. Ces recherches ont permis de fournir une restitution hypothétique des éléments du site.
15La façade du temenos interne de Tannur présente des similitudes avec celle du temple d’edh-Dharih. Elle est conçue de façon symétrique et mesure un peu plus de 10 m de haut. L’arrangement des colonnes est similaire à celui de la façade d’edh-Dharih puisque la porte est flanquée de demi-colonnes engagées ; les angles externes de la façade sont composés de pilastres dans lesquels s’insèrent de chaque côté des quarts-de-colonnes engagées. La façade est percée en son centre d’une porte qui donne accès vers la plate-forme. Les colonnes et les chapiteaux corinthiens, similaires à ceux d’edh-Dharih, soutiennent un couronnement qui présente une frise décorée alternant les bustes personnifiant les sept planètes et les victoires ailées. Une corniche denticulée surplombe cette frise. Cette façade s’achève dans sa partie supérieure par un fronton triangulaire surmonté d’un attique. D’après les restitutions de J. McKenzie, la porte est surmontée d’un arc au sein duquel se trouvait un relief de la déesse syrienne Atargatis dans un décor à motifs floraux et végétaux rappelant globalement celui d’edh-Dharih.
16À Pétra, toujours en contexte cultuel, la restitution de la façade de la cella du temple dit Qasr al-Bint montre un registre de fausses assises stuquées donnant un effet illusionniste très chargé et rappelant les panneaux de cadres décorés de la façade d’edh-Dharih (Dentzer-Feydy et al., 2003 : 45).
17En contexte funéraire, ces façades de temples nous rappellent les façades de certains tombeaux nabatéens taillés dans le grès des falaises de Pétra (Dentzer-Feydy, 1990 : 231). Le tombeau dit Khazneh présente deux niveaux superposés : la partie inférieure est intéressante car elle se compose d’une porte centrale d’accès au tombeau et d’un agencement de six colonnes, chacune étant surmontée d’un chapiteau corinthien en grès similaire au type des chapiteaux d’edh-Dharih sculptés dans du calcaire (fig. 5). Les quatre colonnes centrales soutiennent un entablement en saillie avec une frise décorée ainsi qu’un fronton triangulaire surmonté d’un attique. De chaque côté de la porte se trouve un piédestal taillé dans le rocher, rappelant l’organisation inférieure de la façade d’edh-Dharih.
Les comparaisons en contexte méditerranéen
18Si l’on poursuit la comparaison au-delà des frontières nabatéennes, les cadres sculptés de la façade d’edh-Dharih auraient pu être inspirés de représentations stuquées et peintes se trouvant sur les parois de bâtiments civils ou liés au domaine funéraire que l’on trouve en Grèce, en Italie ou encore en Égypte.
19Par exemple, à Délos, dans la Maison des Comédiens, un décor fictif daté du iie siècle avant notre ère présente, de bas en haut, une plinthe basse puis des orthostates, des moulures en rais-de-cœur, une assise avec un décor de méandres, puis au-dessus cinq assises appareillées dont l’aspect fournit un rendu réaliste par de faux joints entres les pierres suggérées (Barbet, 1985 : 24).
20Nous retrouvons ce type de décor peint sur les parois de certains hypogées alexandrins. Dans la Necropolis, à Gabbari, la pièce n° 5 de la paroi de l’hypogée B1, daté de la fin du iiie siècle et du début du iie siècle avant notre ère, présente de bas en haut un soubassement avec des orthostates, une assise de couronnement et quatre assises de parpaings rappelant ceux, en calcaire, de la façade d’edh-Dharih (Guimier-Sorbets et al., 2001 : 126).
21Ces types de décor ont d’ailleurs pu être à l’origine des 1er et du 2e style pompéiens. Le 1er style se caractérise par une représentation d’assises appareillées peintes de façon fictive, comme ce que nous rencontrons, entre autres, sur les parois de la Maison de Salluste à Pompéi, au ier siècle avant notre ère. Le 2e style s’attache à reprendre les modèles les plus élaborés du 1er style tout en ajoutant des éléments empruntés à l’architecture réelle, mais de façon chargée. Le souci du réalisme est d’ailleurs l’une des caractéristiques de ce courant artistique. C’est ce que l’on peut voir dans l’état daté du ier siècle avant notre ère de la Villa des Mystères. M. Lyttleton soutient qu’il existe une similitude entre ces décors peints en Italie et l’architecture du Proche-Orient à la même époque, notamment les façades des tombeaux nabatéens (Lyttleton, 1974). Elle parle même d’« architecture baroque » qu’elle définit comme étant la « représentation fictive d’une architecture chargée ». La façade d’edh-Dharih pourrait correspondre à l’amalgame de ces différents types de représentations puisque les artisans qui y ont travaillé ont fourni un rendu architectural « réaliste » dans du calcaire, rappelant l’architecture fictive des deux premiers styles pompéiens, ainsi que l’ordonnancement des façades de certains tombeaux rupestres nabatéens dans les falaises de grès.
Un essai d’analyse iconographique
22Pour des raisons de présentation, nous procédons à une division arbitraire de la façade d’edh-Dharih en deux parties. La partie inférieure comporte les trois panneaux de cadres jusqu’à la limite inférieure du couronnement ; la partie supérieure comprend le couronnement avec le fronton. Pourquoi cette distinction ? La partie inférieure de la façade, ne dépassant pas 10 m de haut, met en avant des scènes liées à des rituels, à la mythologie gréco-romaine ainsi qu’à des références historiques très certainement. Il nous est difficile de les comprendre en raison de l’iconoclasme du viiie siècle. La partie supérieure, dont les blocs devaient être visibles par les pèlerins à une distance importante, semble-t-il, montre des symboles forts liés à l’imagerie gréco-romaine et certainement en référence au nouvel ordre romain.
La partie inférieure : les assises décorées
23Mesurant en moyenne 40 cm de haut et 50 cm d’épaisseur, et donc de dimensions beaucoup plus modestes que les figures du couronnement et du fronton, les cadres présentent trois grands types de décor (fig. 6) :
des motifs végétaux alternant entre des foudres, des fleurs, des rinceaux, des grappes de raisin, notamment dans l’ensemble des parpaings du côté ouest de la façade ;
des objets tels que des canthares et des peltes. Les vases évoquent des scènes liées à d’éventuels banquets. Les canthares sont parfois flanqués de personnages ailés ;
des scènes énigmatiques telles qu’une louve romaine, un bovin se faisant attaquer par un fauve, des scènes représentant des personnages devant un autel et des étendards de culte.
24Prenons l’exemple du bloc n° 10 034, long de 95 cm, haut de 42 cm et épais de 39 cm (fig. 7). Même si la scène a été mutilée, il nous est possible de distinguer un animal avec un corps trop long pour être un bovin mais faisant plutôt penser à une louve. Les pattes de l’animal s’achèvent pourtant par des onglons de bovin. Deux petits personnages situés sous sa panse semblent être allaités par l’animal. Cette scène n’est pas sans rappeler le mythe de la fondation de Rome en 753 avant J.-C. et l’allaitement de Romulus et de Remus par la louve. À gauche de la louve est représenté un rameau de laurier. Il ne devait pas s’agir d’un simple motif ornemental, sinon le même symbole végétal aurait été sculpté des deux côtés.
25Afin de mieux comprendre ce corps disproportionné, l’hypothèse avancée est la suivante : le sculpteur a pu travailler à partir de plusieurs copies successives importées sur le territoire et il ne devait pas connaître l’anatomie de l’animal (P. Linant de Bellefonds, communication personnelle, 2008 ; Villeneuve, 2002 : 94). En effet, les loups vivent généralement en milieu tempéré, en Europe, et sont rares en Orient. La forme du corps n’était donc pas très fiable et encore moins travaillée de façon minutieuse. Toute la signification du bloc doit peut-être être comprise comme étant le symbole de l’annexion de la Nabatène à l’Empire romain en 106 de notre ère. La scène parait refléter la volonté des autochtones de « faire romain », tout simplement (Dulière, 1979 : 295).
26Placée sous cette forme, au sein d’un cadre aux dimensions modestes, au niveau de l’assise inférieure des panneaux de cadres du côté oriental de la façade, la scène prenait un caractère symbolique mais discret car les pèlerins devaient s’approcher pour en contempler les détails. Ces images sont peut-être là uniquement pour suggérer, comme c’est la vocation des bas-reliefs et des décors des parois des temples égyptiens.
27De loin, le contour de l’image, outre sa valeur décorative, devait suggérer un lien à l’Empire romain, mais encore fallait-il ne pas être trop loin de la façade du temple pour le comprendre.
28Le bloc n° 9001 n’est pas non plus le plus simple à appréhender et à interpréter (fig. 8). Il est long également de 95 cm, haut de 49 cm et épais de 33 cm. La scène s’insère dans un cadre taillé en saillie, large de 5 cm en moyenne. Un fauve représenté de profil et regardant vers sa gauche s’attaque tel un prédateur à un bovin dont nous voyons la tête, de face. Le bloc a également été très abîmé par les mutilations dues à l’iconoclasme : il est donc difficile de le décrire davantage. Devons-nous interpréter cette image comme une allégorie de la mainmise de l’Empire romain sur le territoire nabatéen ? Ou devons-nous chercher l’influence d’un mythe religieux ?
La partie supérieure : le couronnement et le fronton
29Elle mesure environ 5 m de haut et comprend tout le couronnement de la façade, dont l’avancée est supportée par les demi-colonnes et les chapiteaux corinthiens. Il est intéressant de constater que les blocs les plus lourds et les plus épais ont été placés dans la partie supérieure de la façade, ce qui est maladroit d’un point de vue architectonique.
30À l’extrémité occidentale de l’architrave se trouve un bloc conçu en forme de cadre et représentant une Méduse. Nous supposons un bloc similaire à l’extrémité orientale de l’architrave. Méduse, l’une des trois Gorgones, avait le pouvoir de pétrifier ceux qui osaient la défier en la regardant dans les yeux. En contexte funéraire, comme dans les hypogées de Kôm el-Chougafa à Alexandrie, il s’agit d’un symbole apotropaïque ayant pour vocation de protéger les défunts. En contexte cultuel, comme ici sur la façade du temple d’edh-Dharih, elle a pu protéger le temple lui-même et bien marquer la délimitation entre l’espace profane et l’espace sacré. D’après Michel Fuchs, elle est « maîtresse des passages et reine des limites » (Fuchs, 2001 : 82).
31Au centre de l’architrave, des blocs à décor plus neutre et plus aimable, sans connotation particulière, sont présents. Une chèvre se dirigeant vers la droite évolue dans une nature végétale avec des feuilles de vignes (fig. 9). Les cornes de la chèvre sont le symbole positif de la fécondité et de l’abondance. La chèvre est souvent nourricière dans les mythes antiques. Un peu plus loin, nous rencontrons un oiseau représenté debout et regardant vers la gauche. L’animal est certainement lié au ciel et est peut-être une référence divine.
32La frise présente un agencement des blocs d’architecture en boutisses. Nous y reconnaissons une alternance de bustes symbolisant les signes zodiacaux et des victoires ailées debout. De gauche à droite, les blocs suivants ont pu être mis au jour et restitués sur la façade : le taureau, les gémeaux, le cancer et la balance. L’ordre astral habituel nous laisse penser que le bloc à l’extrémité gauche devait correspondre à celui du bélier et que celui achevant le cycle devait correspondre aux poissons.
33Au premier abord, les gémeaux semblent être personnifiés par les Dioscures, Castor et Pollux que l’on identifie grâce au pileus, leur bonnet conique qu’ils portent sur les cheveux (fig. 10). Les Grecs et les Romains voyaient dans les Dioscures des divinités guerrières. Ils sont le modèle des vertus chevaleresques, du courage, de la justice ainsi que de l’hospitalité. Ils sont souvent protecteurs des voyageurs sur terre comme sur mer.
34Les autres symboles ont-ils également été personnifiés ? Nous pouvons interpréter le buste du taureau (dont les cornes sont cassées) comme une figure du dieu Pan et celui du cancer comme une figure du dieu des voyageurs, Hermès. La présence de ce zodiaque est cependant problématique. Dans l’Empire romain, dès l’époque augustéenne, l’image du zodiaque rencontre les thèmes de la propagande impériale (Gury, 1997 : 497). Ce zodiaque, imposant, constitué de blocs mesurant de 70 cm à 1 m de haut en moyenne et trônant à presque 12 m de haut, était offert à la vue de tous et devait avoir pour vocation d’être compréhensible immédiatement et de loin, à la différence des cadres des panneaux décorés. Cette frise a pu marquer un événement important, glorifiant, étant donné la présence des Victoires ailées. N’est-ce pas là, une nouvelle fois, une référence au nouvel ordre cosmique romain ? Mais si l’on interprète ces symboles d’une façon totalement différente, peut-il y avoir un rapport avec un culte astral ?
35En contexte nabatéen, ce même type d’élément se remarque sur la façade du temenos intérieur de Tannur. La frise présente une composition similaire à celle d’edh-Dharih, mais cette fois-ci avec une alternance de bustes déifiés des sept planètes et de Victoires ailées debout sur un globe (Mc Kenzie, 2003 : 174). Le haut-lieu de Tannur était orienté vers l’est. L’orientation et les symboles astraux représentés sont peut-être liés à des cultes équinoxiaux de printemps et d’automne. Sur ce même site, à l’intérieur de ce temenos intérieur, se trouve une plate-forme accessible par un escalier. Sur la devanture de cet édicule, au niveau des piédestaux, ont pu être reconnus à la base des pilastres, des deux côtés, un buste de la vierge et un buste représentant des poissons. Le cycle zodiacal était donc scindé en deux parties, avec à gauche, si l’on accepte la restitution, une série commençant en haut par le bélier et s’achevant par la vierge, et à droite une série allant de la balance aux poissons.
36Dans le même registre symbolique, une statue dont nous ne connaissons pas la provenance originelle a été mise au jour sur le même site. Elle représente une Victoire ailée brandissant de ses deux mains – avec les bras placés à la perpendiculaire – un disque au centre duquel se trouve une Tychè, à droite de laquelle est représenté un petit croissant de lune. Ce disque est bordé d’une bande circulaire figurant un cycle zodiacal, mais représenté, une nouvelle fois, différemment des normes habituelles. Si l’on scinde ce disque en son milieu, les deux représentations sommitales sont celles, à gauche, du bélier et à droite, de la balance. En suivant le cycle vers la gauche, on parvient à l’extrémité inférieure au symbole de la vierge et en suivant le cycle vers la droite, on aboutit à l’extrémité inférieure au symbole des poissons. Cette disposition en deux parties rappelle celle de la façade de l’autel décrite précédemment.
37Ailleurs dans le domaine nabatéen, une lampe à huile avec des symboles zodiacaux non anthropomorphiques a été mise au jour à Pétra, dans les fouilles du temple dit « aux lions ailés ».
38Le fronton triangulaire surplombait la façade du temple d’edh-Dharih à une hauteur de plus de 11 m. Sa décoration se rapporte à une imagerie gréco-romaine. Une restitution du côté ouest a pu être proposée grâce à la découverte des blocs correspondants, en position de chute (fig. 11). Un poisson se trouvait dans l’écoinçon, animal dont la forme est adaptée à l’extrémité du fronton. Plus haut et moins excentrée, une Victoire ailée tenait de sa main levée une couronne. Le personnage est représenté frontalement et semble s’envoler vers le centre du fronton. Plus vers le centre, un buste humain, représenté de face et doté de jambes de chevaux en guise de membres antérieurs et d’une queue de serpent ou monstre marin pour les membres postérieurs, figure un centaure marin ou « triton ». Cette représentation est rare au Proche-Orient. On considère les centaures comme des personnifications symboliques de l’animalité et de la force sauvage (Cazenave, 1996 : 109).
39À gauche de ce personnage vers le centre du fronton se situe un aigle représenté de façon frontale dont le regard est dirigé vers le centre de l’arc, donc en direction de l’éventuelle divinité ou du groupement de divinités placé à cet endroit. L’aigle est censé être le roi des animaux, tout comme le lion. Il symbolise la victoire et la puissance. Associé à une Victoire ailée, le message semble être clairement affiché aux yeux de tous, mettant en avant la puissance de l’Empire romain.
Le culte sémitique du temple
40La façade du temple d’edh-Dharih, figurant une imagerie empruntée aux mythes et aux symboles gréco-romains, mène à une cella dont l’organisation est conçue pour un culte sémitique (Will, 1987 : 343).
L’agencement de la plate-forme cultuelle
41La cella est pourvue en son centre d’une plate-forme cultuelle entourée d’un déambulatoire et flanquée de chaque côté par deux pièces d’angle (fig. 12). Cette plate-forme carrée de 1,40 m de haut et de 7 m de côté était accessible par un escalier central en bois (fig. 13). Sous la plate-forme se trouvent deux cryptes accessibles chacune depuis le déambulatoire. Une troisième crypte est située sous le sol de l’une des pièces latérales à l’est de la plate-forme.
42La présence de cryptes, d’un déambulatoire autour de la plate-forme cultuelle, ainsi que des pièces latérales n’est pas sans nous rappeler l’organisation de temples secondaires d’époque romaine en Égypte.
43Faisant écho à l’élévation reconstituée de la façade, l’essai de restitution de l’élévation de la plate-forme, à partir des blocs architecturaux, révèle un décor exubérant, riche en motifs végétaux et très chargé (fig. 14).
44La plate-forme est portée par une base qui se décompose, de bas en haut, en une plinthe moulurée de 39 cm de haut, une assise médiane constituée de gros blocs de 72 cm de haut, puis une corniche de 28 cm de haut. Le tout est surmonté sur trois côtés (façade exclue) d’un stylobate de 1 m de haut. L’une des assises de stylobate était constituée de poutres de bois, dans un but sans doute architectonique, l’insertion de poutres de bois dans la maçonnerie permettant à la paroi de mieux résister aux séismes.
45Sur le stylobate, se trouve sur trois côtés (façade exclue toujours) un ensemble de colonnes selon un plan en ∏ : six colonnes proprement dites et quatre éléments d’angle de section cordiforme (pilastres à deux demi-colonnes accolées). Le tout est surmonté d’un entablement rythmé par des pilastres et chapiteaux de pilastre alternant avec de petits blocs d’architrave. Entre les pilastres, le décor est abondant, constitué de motifs végétaux et notamment de rinceaux.
46Sur les faces des pilastres d’angle de ce kiosque, le décor comporte un assemblage de panneaux composés de cadres décorés rappelant ceux de la façade, mais avec des dimensions plus importantes.
47Une nouvelle fois, le décor apparaît « baroque », rappelant l’accumulation ornementale et pseudo-architectonique sur les façades des tombeaux nabatéens.
Un essai de compréhension du culte
48Comme nous l’avons vu précédemment, l’étude du site d’edh-Dharih et celle de Tannur sont complémentaires. Leurs contextes sont cependant différents. Tannur est un sanctuaire isolé sans structure associée. Edh-Dharih, est constitué d’un village complet et de sa nécropole qui sont liés au sanctuaire. Edh-Dharih est donc un lieu de vie pour une communauté nabatéenne alors que Tannur est uniquement un lieu de culte.
49Les temples des deux sites n’ont pas la même orientation : alors que celui d’edh-Dharih est orienté nord-est, celui de Tannur est orienté vers l’ouest. Dans ce dernier temple, des cultes liés aux équinoxes de printemps et d’automne devaient prendre place. L’iconographie astrale de la façade du temenos interne appuie cette hypothèse. Il semble en revanche que les constructeurs du temple d’edh-Dharih se sont adaptés à l’orientation imposée par le substrat rocheux, sans que l’orientation du temple ait un sens religieux.
50Un témoignage textuel confirme les indices architecturaux — comme la plate-forme cultuelle — d’un culte de nature sémitique. Nous possédons en effet le témoignage grec d’Épiphane de Salamine, écrit entre 375 et 377, concernant les rites de circumambulation. Ce texte relatif à des sanctuaires païens d’Alexandrie, Pétra et Élusa nous éclaire sur la fonction des cryptes, qui servaient à héberger les bétyles. Les prêtres venaient les y chercher pour ensuite effectuer une septuple circumambulation ; cérémonie suivie de banquets. L’archéologie corrobore ce fait puisque des salles de banquet ont été mises au jour dans le sanctuaire au sud du temple.
51Même si Épiphane a relaté les rituels de son époque (ive siècle de notre ère), le rituel nabatéen n’avait pas du être beaucoup modifié depuis le iie siècle. Le déambulatoire situé autour de la plate-forme cultuelle d’edh-Dharih devait ainsi permettre d’effectuer des rites de circumambulation.
52Dans la religion nabatéenne, autant que nous pussions en juger par les vestiges d’autels dans les sanctuaires, on sacrifiait les victimes animales quelconques sur des autels multiples et de positions variées mais les animaux de taille importante sur un grand autel, comme celui situé immédiatement à l’est du temple à edh-Dharih (fig. 3). Le sang, selon un texte de la Souda, était ensuite versé sur les bétyles. Ceux-ci, à edh-Dharih, étaient visiblement placés sur la plate-forme (Chambon et al., 2002) : les trous de fixation taillés dans le dallage de cette plate-forme le montrent clairement. De part et d’autre de ces mortaises, deux petits trous conduisaient le sang des libations vers une cavité sous le dallage (Villeneuve, 1989).
53Les cryptes servaient à entreposer les bétyles et plus généralement le matériel de culte, à l’abri des regards, avec une fonction similaire à celle connue dans les temples égyptiens de la même époque. En contexte nabatéen, le temple du wadi Ramm et le temple « aux Lions ailés » à Pétra disposaient également de cryptes. Au contraire, le temple de Tannur en était démuni : ce qui fait penser que des processions avec transport des bétyles s’effectuaient depuis le temple, principal, d’edh-Dharih vers le haut-lieu de Tannur, de façon épisodique et à des moments précis du calendrier religieux, par exemple aux équinoxes. Les décors zodiacaux trouvés à edh-Dharih et Tannur sont peut-être en rapport avec un culte astral, en relation avec le calendrier des cultes. Mais n’ont-ils pas aussi une seconde fonction : celle de mettre en avant le nouvel ordre romain – n’oublions pas en effet que ce type de décor était très utilisé depuis l’époque augustéenne ?
Conclusion
54Les partis architecturaux et décoratifs retenus à edh-Dharih ainsi qu’à Tannur montrent une ouverture à certaines influences méditerranéennes, au moins dans la composition de la façade et dans une adaptation sélective à l’imagerie romaine à travers des symboles classiques, tout en conservant à l’intérieur du temple un dispositif cultuel et un mode de représentation du divin traditionnels. La symbolique gréco-romaine a assurément servi à faire passer un message. Celui-ci est peut-être double : évoquant un nouvel ordre établi en 106 de notre ère et un culte qu’il nous reste difficile de décrypter, en raison de la pénurie épigraphique et du martelage des figures sur les cadres de la façade (Baslez, 1999 : 235). Cela nous a fait perdre un grand nombre d’informations : il est donc délicat pour l’instant de déterminer le sens de certaines représentations ainsi que la ou les divinités auxquelles le temple était dédié.
55Il faut certes tenir compte que des militaires romains circulaient dans la région et faisaient halte à edh-Dharih à l’occasion. Même si l’annexion s’est déroulée de façon pacifique, la façade du temple, visible de loin, devait avoir pour but d’accueillir les voyageurs et les soldats, en toute diplomatie.
56Derrière cette façade, porteuse de ce message d’acculturation clairement affiché, pouvait tranquillement se perpétuer, à l’intérieur du temple, un culte sémitique traditionnel.
Bibliographie
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10.3406/syria.1986.6940 :Notes de bas de page
1 Les études des sites d’edh-Dharih et de Tannur sont intimement liées puisque leurs phases de construction sont concomitantes. Des similitudes artistiques et architecturales sont facilement discernables, ce qui fait penser que les architectes et les artisans qui travaillaient sur ces deux sites étaient les mêmes.
Auteur
Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, UMR 7041, équipe APOHR. delphineseigneur@aol.com. Sujet de thèse : « L’étude architecturale du temple de Khirbet edh-Dharih (Jordanie) et sa reconstitution théorique », sous la direction de François Villeneuve. Soutenance prévue fin 2012.
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