La pensée de Jean d’Arcy entre religion, politique et communication
p. 43-51
Texte intégral
1Dans l’histoire de la télévision, Jean d’Arcy a laissé le souvenir d’un pionnier. À une époque fondatrice d’une télévision publique qualifiée tour à tour de « télévision de service public », « télévision des instituteurs », « école des Buttes Chaumont », il est apparu aux yeux de ses contemporains comme une personnalité respectée et a fait l’objet d’une large reconnaissance1.
2Jean d’Arcy (1913-1983) a été élevé au collège Saint Jean-de-Béthune, chez les eudistes, un ordre tourné vers la mission. Son milieu d’origine est celui d’un enfant de militaire catholique à Versailles, plutôt à droite. Après ses études il devient officier d’active et le reste jusqu’en 1945. De sa formation d’officier il a conservé tout au long de sa vie une certaine idée de l’honneur national, une vision technique et politique des réseaux et du territoire. Plusieurs étapes ont marqué sa carrière : successivement officier (1933-1944), membre de cabinets ministériels (1944-1950), directeur des programmes de la RTF (1952-1959), directeur de la division radio et des moyens visuels d’information au service de l’information des Nations unies (1961-1971). Chargé de nombreuses responsabilités dans le domaine de la communication audiovisuelle, il a joué un rôle de conseil au sein de l’Ina, du Haut Conseil de l’audiovisuel (1975) et de la commission Moinot (1981).
3En dépit des travaux qui lui ont été consacrés, Jean d’Arcy, dont on sait le rôle décisif qu’il a joué dans les différentes fonctions2 qu’il a exercées, reste difficilement classable car il n’a souhaité ni s’affilier à un parti ni s’exprimer sous forme de livres. Cependant il a régulièrement pris position. Il a justifié ses choix et ses engagements. Par-delà les enjeux de mémoire nous nous proposons de tenter de situer Jean d’Arcy et sa pensée dans ses relations avec la religion, la politique et la communication. Quelle est l’intrication de ces trois dimensions dans sa pensée ? Quels sont les liens entre ses convictions religieuses, son positionnement politique, sa conception de la communication et des droits de l’homme ? Notre analyse se fonde en particulier sur les archives assemblées par le Comité d’histoire de la télévision3, sur des documents issus des papiers Bidault4, mais aussi sur les archives du fonds Raymond Pichard5.
La religion à la télévision
4La consultation des archives du père Pichard montre la présence continue de Jean d’Arcy dans la construction de la télévision, son attachement aux qualités techniques du 819 lignes mais surtout l’affirmation réitérée de son engagement aux côtés du père Pichard, d’une part, en faveur d’émissions religieuses, d’autre part dans la construction d’une communauté spirituelle autour de la télévision en France, en Europe et dans le monde6. Le père dominicain Pichard7 connaît d’Arcy depuis 1944. Il lui a rendu visite au ministère de l’information en 19488 et lui a proposé plusieurs projets à soumettre au pape, projets auxquels d’Arcy souscrit et qu’il s’emploie à faire adopter : solliciter du pape Pie XII un discours filmé, en français et en anglais, célébrant la fête de Pâques 1949 ; proposer au pape d’offrir au Vatican, à l’occasion de l’année sainte 195o, un émetteur de télévision à la définition du 819 lignes destiné à devenir un studio-école9. D’Arcy patronne alors le comité national pour le don d’un émetteur au Saint-Siège10.
5À partir de ce moment s’établissent entre eux une coopération et une connivence que Pichard apprécie. Il parle volontiers de d’Arcy comme d’un ami de l’Église11 et de l’ordre dominicain qui aide la cause de l’Église, tout en soulignant que pour d’Arcy ce sont les intérêts de la RTF qui priment :
Il ne faut pas oublier que Monsieur d’Arcy défend les intérêts de la radiodiffusion et que nos intérêts ne coïncident pas toujours. J’estime vivement d’Arcy et comme je vous l’avais dit, c’est de tous ceux que j’ai rencontrés jusqu’à présent celui avec lequel il m’a été le plus agréable de collaborer. Si nous gagnons quelques points en Europe sur le plan de la télévision, je pense que nous lui devrons beaucoup. J ’ai été très heureux de lui voir confier désormais l’émission concernant la radiodiffusion en Italie et au Vatican […]. Je considère d’Arcy comme un ami12.
6Alors que Pichard, conseiller ecclésiastique à la télévision, préside le Comité français de télévision et la Fédération internationale de télévision et de radio, d’Arcy en est le vice-président13. Dans un même mouvement, d’Arcy favorise la présence religieuse à la télévision, la mise en œuvre européenne du 819 lignes et les échanges européens. Pour d’Arcy la coopération européenne concourt à la construction d’« une communauté mondiale de télévision14 » dont il souhaite l’avènement.
7En février 1954, d’Arcy participe aux rencontres en vue du développement des émissions religieuses et éducatives à l’initiative du Comité français de télévision et de la Fédération internationale de télévision et de radio15. Dans un numéro de juin 1954 de la Revue internationale de télévision et de radio16 consacré aux échanges européens de l’été 1954, Jean d’Arcy se montre soucieux de ne pas renforcer par des programmes de télévision la « déchristianisation du monde » :
Nous puisons évidemment notre matière autour de nous. Le monde est déchristianisé et nous portons peut-être la responsabilité d’accroître cette déchristianisation par nos programmes, mais comment faire des programmes dans le monde tel qu’il est, alors que l’on nous demande avant tout d’être des témoins, de retransmettre ?
8Il explique, à propos de la semaine d’échanges européens qui se tient entre Noël et juin 1954, qu’il est « très ennuyé que la canonisation de Pie X qui intervient le 29 mai 1954 ne puisse pas [en raison du calendrier] être retransmise » : « Nous pensions qu’il y avait là une manifestation extraordinaire de l’union spirituelle de l’Europe. La télé a demandé de changer la date », sans succès toutefois.
9Alors qu’existe un vif débat au même moment au sein de l’Église catholique sur l’opportunité de retransmettre la messe et la communion à la télévision aux côtés d’émissions profanes, d’Arcy prend position et œuvre avec le père Pichard à la mise en place des émissions catholiques à la télévision et en particulier de l’émission Le jour du Seigneur pour laquelle Pichard est engagé par contrat auprès de la RTF.
10Quand le père Pichard est chargé par la direction de la télévision de commenter les échanges européens qui s’ouvrent à Rome le 6 juin 1954, il souligne le fait que « la direction de la télévision, M. d’Arcy, et le directeur des programmes de la BBC ont tenu à ce que ces échanges commencent le jour de la Pentecôte. Ils se sont fiés à la RAI pour l’organisation du reportage qui, ce jour-là, doit être fait au Vatican17 ».
11Les relations entre d’Arcy et Pichard se prolongent jusqu’à la mort de d’Arcy en 1983. Quinze jours avant sa mort, d’Arcy écrit à Pichard : « À quand une banque de données de l’Église ? Quid de votre idée de la Bible en vidéocassettes18 ? »
Jean d’Arcy et l’esprit résistant
12Les valeurs de la Résistance imprègnent la pensée et l’action de Jean d’Arcy, même s’il évoque toujours sa participation à la Résistance avec modestie. Jean d’Arcy a été membre de l’organisation Combat pendant la guerre. Il se définit lui-même comme « un militaire faisant de la résistance19 ». Il n’a jamais cessé d’appartenir à des réseaux d’anciens résistants. On sait qu’en 1959, alors que des différends l’opposaient au ministre de l’information Roger Frey, il était protégé par ses amitiés résistantes : en particulier celle de A’Weng20, directeur de cabinet de Roger Frey.
13Quand il insiste à plusieurs reprises sur l’importance des « nourritures spirituelles » que la télévision doit apporter à tous, cette notion relève chez lui autant de l’esprit religieux que de son attachement aux valeurs de la Résistance bien au-delà de la fin de la guerre.
14La conception des missions du service public à la télévision que défend d’Arcy, – qu’il n’entend pas confondre avec un service public de télévision – repose sur le fameux triptyque énoncé en ordre alphabétique « distraire, informer, instruire », étroitement corrélé pour lui à la notion de « nourritures spirituelles » et de valeurs spirituelles qu’il faut contribuer à diffuser. Ainsi, devant le stage international des réalisateurs, il déclare en 1957 :
Nous avons à apporter du pain, des jeux et des nourritures spirituelles [...]. Grâce à la télévision qui apporte un spectacle complet maintenant à domicile, nous pouvons apporter la satisfaction de ces besoins intellectuels et spirituels qui ne sont plus réservés ainsi aux classes riches comme c’était le cas jusqu à maintenant. C’est en cela que nous sommes un service et un service public21.
15Enfin, si la télévision remplit des missions de service public, elle appartient à tous. Pour reprendre les mots de d’Arcy à l’École de guerre en février 1956 : « Ces moyens de communication appartiennent à tous22. » Elle ne peut donc se transformer en télévision de gouvernement ou de parti politique. Notons aussi qu’il distingue entre service et service public. Jean d’Arcy met en avant la notion de « responsabilité sociale » : il a été formé comme officier dans les années 1930, à un moment où les idées du maréchal Lyautey sur le « rôle social de l’officier » font autorité.
16Jean d’Arcy semble donc pouvoir être rattaché à la mouvance du catholicisme social qui a influencé un certain nombre de résistants. Plusieurs éléments plaident en ce sens, en particulier sa proximité avec Edmond Michelet qui en faisait partie : Jean d’Arcy a été chef de cabinet (novembre 1945-novembre 1946) au ministère des Armées. Parmi les personnalités qui ont joué un rôle dans la télévision des années 1950, plusieurs étaient membres des Équipes sociales23, en particulier Pierre Schaeffer ou encore Paul-Henry Chombart de Lauwe. De plus, la proximité de d’Arcy avec un dominicain, le père Pichard, conforte cette hypothèse24.
Prises de position politiques
17Les notes qu’il rédige sur la situation en Indochine en 194625 révèlent à la fois des jugements très politiques sur la situation en Indochine et son respect des valeurs des combattants vietnamiens, qu’il rapproche de celles des résistants.
18Chef de cabinet du ministre des Armées Edmond Michelet, il écrit le 3 juillet 1946 :
En résumé, Ho Chi Minh est incontestablement une figure puissante. Sa vaste culture, son intelligence formée au contact des grands révolutionnaires des temps modernes, son sens politique indéniable, son sens aigu des réalités qui caractérise toute son activité politique, sa longue pratique de l’action révolutionnaire en même temps que l’habitude des questions politiques internationales en font un adversaire de valeur de la classe des grands révolutionnaires internationaux. Si on ajoute à cela le désintéressement absolu et la sincérité profonde dont il ne s’est jamais départi, on comprend le prestige et l’influence considérable dont il jouit sur la population. Sa popularité est immense et son pouvoir sur la masse très grand. Pour les Annamites le nom de Ho Chi Minh incarne une FOI, un idéal et une volonté26.
19D’Arcy analyse l’échec de la conférence de Fontainebleau en juillet 1946 en montrant les positions du gouvernement, plus préoccupé par son élection que par les négociations, et celle de l’amiral d’Argenlieu dont il souligne l’intérêt pour une présence missionnaire en Indochine mais aussi le cynisme. Il regrette l’absence de respect pour les Vietnamiens et justifie leur « irritation27 ». Il critique l’impréparation totale du voyage d’Ho Chi Minh en France alors que la conférence de Fontainebleau avait été décidée en avril ; le choix de Fontainebleau et non de Paris comme lieu de la conférence décidé par le secrétaire général du Comité de l’Indochine à la suite d’un télégramme de l’amiral d’Argenlieu ; la composition de la délégation française.
20D’Arcy le redira plusieurs années plus tard en 1973 à Philippe Devillers lors d’un entretien pour le film de Jean Lacouture et Philippe Devillers : « La République est morte à Dien Bien Phu » ; il partage avec Giap, Pham Van Dong et Ho Chi Minh « un fond commun de résistance » :
Si bien que finalement nous nous tutoyons avec Giap, dans cet esprit commun. C’était une atmosphère extrêmement ouverte, généreuse, nous nous préparions à construire un nouvel univers, un peu naïvement peut-être, mais nous pensions que cette Union française, dont on venait d’établir les fondements, pouvait représenter quelque chose et je crois que ce désir était assez partagé de l’autre côté, que ce sentiment que de nouveaux rapports pourraient s’établir, était partagé du côté vietnamien, en tout cas du côté de H028.
21Sa pensée politique, elle, est sous-tendue par des valeurs identiques. À plusieurs reprises il réaffirme sa proximité politique avec le MRP tout en expliquant sa volonté de ne pas y adhérer. Le 4 septembre 1958, dans une lettre manuscrite au président29 (on peut penser sans pouvoir l’affirmer de façon certaine qu’il s’agit du président du Conseil supérieur de télévision), alors qu’il est critiqué30, menacé dans ses fonctions, d’Arcy dresse le bilan de son action comme directeur des programmes. Il affirme avec une certaine fierté son bilan d’activité de directeur des programmes de la RTF :
Je sais aussi ce que ma présence a représenté en tenue, en valeur de création, en sens de la responsabilité sociale, en refus de la fatalité et de la vulgarité. Je n’ai jamais voulu écrire, estimant qu’un fonctionnaire en activité n’a pas à le faire, mais mes objectifs de formation de la nation, de réveil des hommes de ce pays devant le destin qui s’ouvre à eux, de service public, ont été maintes fois par moi définis à mes collaborateurs et devant les conseils et comités de la RTF. J’ai fait le contraire d’une télévision de passivité. Je n’admets pas qu’on me dise le contraire. La vérité est que je n’ai voulu m’inscrire à aucun parti – un fonctionnaire à ma place n’en a pas le droit – et en conséquence je n’ai été défendu par aucun31.
22Cette position de méfiance à l’égard des partis pourrait le rapprocher du général de Gaulle. Cependant, elle semble plutôt participer d’une conception du service public et de l’action sociale d’un fonctionnaire.
Une pensée de la communication
23Pour finir je m’interrogerai sur les éléments de continuité dans la pensée de d’Arcy. À partir des années 1950, d’Arcy a cessé volontairement l’action politique stricto sensu32. Un élément de continuité caractérise sa pensée : la volonté de mettre les techniques les plus modernes au service de la communication entre les hommes : successivement la télévision, le 819 lignes, le câble, le satellite et même le partage de connexion entre ordinateurs.
24Dans une conférence prononcée à l’École de guerre en février 195633, Jean d’Arcy insiste sur la visée commune qui unit l’ensemble des médias publics et privés dans le monde autour de la satisfaction du besoin d’information, d’éducation, de culture. Les progrès des moyens techniques de communication dans l’histoire contribuent à l’échange mondial entre les hommes :
Les nations au cours de l’histoire se sont constituées grâce aux moyens de communication qui leur ont permis de forger leur unité : le réseau routier de l’Empire romain, le réseau ferré du xixe siècle, le réseau téléphonique et le réseau radio du xxe siècle ont joué, chacun à leur époque et de façon chaque fois plus perfectionnée, ce rôle de système nerveux d’un pays que joue aujourd’hui la télévision Par le réseau d’Eurovision dix pays d’Europe se trouvent actuellement réunis entre eux34.
25En 1960, à l’Unesco, il met en avant un idéal de « télévision au service de la compréhension internationale35 » : le câble et le satellite doivent aider à construire une télévision « sans frontières », « instrument de tolérance et d’intelligence d’autrui36 ». Le développement de l’Eurovision opère dans ce sens.
26À partir de 1969, il veut impulser, au-delà du droit à l’information tel qu’il est garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, un droit de l’homme à la communication. Il en formule les contours à la télévision dans le magazine Eurêka37 où il annonce une « révolution », la « fin des monopoles privés et publics » grâce aux nouveaux moyens de « circulation des images et des sons38 » et en particulier le câble et le satellite. À la fin des années 1970, il se prononce pour le « droit de l’homme à communiquer », droit qu’il distingue du droit à l’information car il est plus large et se diffuse de façon horizontale : il s’agit, pour les individus et les collectivités, d’obtenir le droit de communiquer par eux-mêmes, en mettant fin alors à un droit qui serait réservé aux gouvernements39. Jean d’Arcy insiste sur l’écart entre le décret sur les mass media intitulé « Moyens de communication sociale », issu des travaux du concile Vatican II qui date de décembre 196340, et la définition du droit à communiquer qui ne saurait souffrir aucune limitation, aucun contrôle, fût-ce au nom de la morale et du « bon usage de ces moyens de communication41 ».
27Qu’y a-t-il de commun entre le d’Arcy des cabinets ministériels au sortir de la Libération, celui qui est directeur de programmes de la RTF dans les années 1950 et le défenseur du droit à la communication des années 1970 et 1980 ? Ce rapide tour d’horizon des prises de position de Jean d’Arcy permet d’approcher un homme d’action et de conviction qui s’est toujours situé de façon indépendante vis-à-vis des institutions de pouvoir. Ses convictions religieuses ont imprégné son action de résistant comme son désir de construire des réseaux d’échanges « des images et des sons » entre les hommes en Europe et dans le monde. Son attention aux techniques de communication les plus modernes a été mise au service de ses ambitions et de ses intuitions.
Notes de bas de page
1 Le JT d’A2 le 19 janvier 1983 est dédié par Patrick Poivre d’Arvor à « un très grand Monsieur de la télévision française, un des pionniers de la télévision [...] ». Voir aussi les nombreux témoignages d’hommage à Jean d’Arcy sur le site du Comité d’histoire de la télévision (CHTV).
2 Sur sa biographie, voir en particulier François Cazenave (propos recueillis par), Pionnier et visionnaire de la télévision : Jean d’Arcy parle, préface d’Henri Pigeat, Bry-sur-Marne/Paris, Ina/La Documentation française, 1984 et Sylvie Pierre, Jean d’Arcy, penseur et stratège de la télévision, Paris, Ina Éditions, 2012.
3 Le CHTV a été créé en 1980 par des professionnels de la télévision et des historiens. Jean d’Arcy en a été le premier président. Le fonds Jean d’Arcy versé par le CHTV est consultable à l’Inathèque et comprend 76 dossiers.
4 Papiers Bidault 457AP/127, Indochine, juillet 1946, ouverture des négociations de Fontainebleau.
5 Archives de la province dominicaine de France. Raymond Pichard est le père dominicain qui a œuvré aux premières émissions catholiques de télévision en France. Le fonds Pichard a été inventorié et classé par Mélisande Leventopoulos qui m’en a facilité l’accès. Je la remercie. Voir en particulier Mélisande Leventopoulos, « Une église moderne en images : la cause cinématographique du père Pichard (1947-1955) », 1895. Revue d’histoire du cinéma, n° 63, printemps 2011, p. 71-91.
6 La présence de plusieurs archives concernant la construction de la télévision française au sein des archives du père Pichard ne peut qu’interpeller le chercheur qui travaille sur l’histoire de la télévision et lui faire prendre conscience des liens constitutifs entre les milieux dominicains et les fondateurs de la télévision en France.
7 Qualifié de « dominicain cathodique » par André Morelle, Raymond Pichard, Paris, Lethielleux, 2009. Raymond Pichard contribue à la première émission religieuse de télévision : la messe de minuit de Noël 1948.
8 Fonds CHTV, dossier « La religion à la télévision », R.P. Pichard, Jean d’Arcy et l’introduction des religions juive et chrétienne dans la télévision naissante, mémoire, 10 avril 1983, 46 p.
9 Fonds Pichard, « La construction d’un réseau européen de télévision et ses répercussions sur la vie de l’Église », 7 mai 1949, « L’assemblée des cardinaux et archevêques français a décidé à l’occasion de l’année sainte d’offrir à Radio Vatican un émetteur de télévision à la définition du 819 lignes, avec l’espoir qu’un jour la liaison pourra se faire entre Rome et la France et que, entraînés dans le même mouvement, les fidèles de tous les pays d’Europe pourront voir la messe du pape. »
10 Fonds Pichard, V-802-3 année 1949, voir en particulier le dossier 17 et la « Note sur le poste français de télévision au Vatican » par Jean d’Arcy.
11 Lettre amicale de Pichard à d’Arcy le 21 mars 1950.
12 Fonds Pichard, 28, émissions de radio télévision au Vatican, 1950, lettre du R.P. Pichard au père Laval, Saint-Louis-des-Français, Rome.
13 Fonds Pichard, procès-verbal de la réunion du 13 mai 1950 : président Raymond Pichard, conseiller ecclésiastique à la télévision ; vice-président Jean d’Arcy, fonctionnaire, médaille de la Résistance, Croix de guerre.
14 Jean d’Arcy, « Les échanges européens de l’été 1954 », Revue internationale de télévision et de radio, n° 4-5, printemps 1954, p. 12-16.
15 Fonds Pichard, v.802.7 1954-52 A UNDA (Correspondances), Association catholique internationale pour la radiodiffusion et la télévision.
16 Jean d’Arcy, « Les échanges européens de l’été 1954 », art. cité.
17 V.802.7 1954, dossier 55 Eurovision, lettre de Pichard à Mgr Veuillot, Saint-Louis-des-Français.
18 R.P. Pichard, mémoire, 10 avril 1983, qui évoque la « lettre-testament » que Jean d’Arcy lui a adressée quinze jours avant sa mort.
19 François Cazenave (propos recueillis par), Pionnier et visionnaire de la télévision..., op. oit., p. 22 : « La résistance pour moi s’est passée à Toulouse et à Paris dans le service de Combat, chargé d’assurer le courrier entre Paris, Londres et Alger […]. J’étais un militaire faisant de la résistance. »
20 CHTV, Note de l’Oncle Pierre, juin 1959. François A’Weng était conseiller référendaire à la Cour des comptes et ancien membre de la France libre.
21 CHTV, conférence de M. Jean d’Arcy, stage international des réalisateurs, lundi 21 octobre 1957, p. 45.
22 Jean d’Arcy, Action psychologique, intervention à l’École de guerre, février 1956, CHTV.
23 Les Équipes sociales ont été fondées par un intellectuel catholique, Robert Garric, en 1919. Convaincues du « rôle social de l’intellectuel catholique », elles voulaient reconquérir le peuple, l’éduquer et reconstruire une société chrétienne en dehors du champ politique. Elles ont traversé le xxe siècle.
24 Je renvoie à ce propos à la récente thèse de Pascal Bousseyroux sur Robert Garric, le fondateur des Équipes sociales.
25 Jean d’Arcy est chef adjoint du cabinet, délégué du gouvernement aux conférences de Dalat et de Fontainebleau.
26 Papiers Bidault 457AP/127, Indochine, juillet 1946, ouverture des négociations de Fontainebleau ; présidence du GPRF, cabinet du Président, le chef de cabinet, Paris, le 3 juillet 1946, note pour Monsieur le Président signée par Jean d’Arcy.
27 Ibid.
28 Nous remercions Philippe Devillers de nous avoir communiqué le Verbatim de cet entretien avec Jean d’Arcy en août 1973.
29 Cette lettre fait partie du fonds du Comité d’histoire de la télévision. Elle est signée Jean d’Arcy. Nous ne pouvons être certains quelle ait été envoyée mais son contenu est particulièrement intéressant car Jean d’Arcy, face à ceux qui mettent en cause sa politique des programmes, communique ses positions.
30 Sur son éviction de la direction des programmes on peut se référer au témoignage de Roger Stéphane dans une communication orale à l’assemblée générale du CHTV le 9 juin 1983 : « En 1959, je fus invité à déjeuner avec Michelet par le ministre de l’information de l’époque, Roger Frey. Frey nous informa qu’il voulait écarter d’Arcy de la télévision. Nous nous sommes récriés avec quelque véhémence que Jean d’Arcy n’avait pas démérité […]. En réalité il n’y avait aucune [raison] mais Roger Frey avait l’idée de confier ce poste à Albert Ollivier. Et ce choix nous embarrassait bien. Michelet et moi nous étions de longue date des amis [de Jean d’Arcy]. »
31 Jean d’Arcy, lettre au Président, 4 septembre 1958.
32 Raymond Pichard (mémoire du R.P. Pichard, op. cit.) s’attribue – peut-être exagérément – le mérite de la réorientation de d’Arcy vers la télévision et explique qu’en 1948 « il souhaitait quitter la politique pour entrer à la télévision. Je lui en ai donné l’occasion en proposant le projet d’offrande d’un émetteur de télévision pour les catholiques français pour l’année sainte au Vatican ».
33 Jean d’Arcy, Action psychologique, intervention à l’École de guerre, février 1956, CHTV.
34 Jean d’Arcy, Action psychologique, intervention à l’École de guerre, février 1956, CHTV.
35 Fonds Jean d’Arcy, CHTV, Inathèque de France, Jean d’Arcy, « La télévision au service de la compréhension internationale », Paris, Unesco, 29 juin-1er juillet 1960, 10 p.
36 Ibid.
37 Jean d’Arcy, Eurêka, première chaîne, 12 novembre 1969, réalisateur Maurice Dugowson.
38 Ibid.
39 Jean d’Arcy, President of the International Institute of Communications, président du Syndicat national de la vidéocommunication, « Le droit de l’homme à communiquer », International Commission for the Study of Communication Problems, 1978, 16 p.
40 Vatican II, décret sur les moyens de communication sociale promulgué par S.S. Paul VI, 4 décembre 1963, dans Église, cinéma et télévision. Choix de textes des papes et des évêques, Paris, Fleurus, 1966, p- 318-331-
41 Cité dans François Cazenave (propos recueillis par), Pionnier et visionnaire de la télévision..., op. cit., p. 150 : « Communication sociale ou individuelle : […] Le terme de "communication sociale" est apparu pour la première fois il y a une quinzaine d’années, dans différents communiqués du Vatican. [...] J’ai vu quelques bons esprits, particulièrement en France, mettre l’accent sur une soi-disant communication sociale dont les moyens s’opposeraient aux moyens de communication individuelle. »
Auteur
Est professeure d’histoire et d’anthropologie culturelles (xxe siècle) à l’École nationale des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib-université de Lyon). Elle est membre du Larhra (Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes-UMR CNRS 5190) et membre associé de l’équipe Isor (Images, sociétés, représentations) de l’université Paris 1, membre des comités de rédaction de la revue Le temps des médias et de la revue Sociétés & Représentations. Elle a codirigé un numéro de cette revue « Archives et patrimoines visuels et sonores », Publications de la Sorbonne, printemps 2013. Elle a notamment publié : La télévision sur la scène du politique. Un service public pendant les Trente Glorieuses, Ina/L’Harmattan, (Mémoires de télévision), 2009 ; en codirection avec Pascale Goetschel, Laurent Martin, Pascal Ory, Dix ans d’histoire culturelle, Presses de l’Enssib, 2011 ; en codirection avec Marie-Françoise Lévy, La télévision des Trente Glorieuses. Culture et politique, Paris, CNRS Éditions, 2007.
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