Chapitre 4. Constructions de la nature et protections de la nation
p. 175-218
Texte intégral
National parks would seem to be as much about the nature of national identity as about physical nature1.
Kenneth R. Olwig
1En tant qu’objet générique, le parc national est une construction humaine, plurielle et contradictoire. Toujours fonction d’un paysage naturel qui doit signifier la permanence au sein de sociétés humaines moteurs de changements, il est avant tout un lieu de visite préservé pour être consommé par la collectivité nationale ou internationale et, malgré tout, un milieu de vie à développer pour les communautés locales. En tant qu’objet historique, le parc revêt cependant des formes différentes selon les environnements saisis, mais aussi et surtout selon les États agissants. Façonné au gré d’une négociation permanente entre les objectifs poursuivis par ceux qui le dirigent et les aspirations nourries par ceux qui l’habitent ou l’environnent, le parc est toujours fonction de la nation qui l’élabore. Les apports historiographiques sont inégaux à cet égard. Au Canada, où les historiens ont largement démontré la dimension nationaliste de la mise en parc de la nature, les deux parcs fédéraux du Québec demeurent peu étudiés2. En France, tandis que bon nombre de travaux retracent l’histoire des parcs nationaux métropolitains, rares sont ceux qui évoquent leur teneur idéologique nationale3. Centrée sur les seuls parcs nationaux ou ouverte à la question des rapports sociaux à la « nature », l’histoire environnementale de l’Éthiopie contemporaine reste quant à elle à écrire4.
2Chaque parc national doit ici être réinscrit dans son contexte national. La matérialité des espaces-parcs répond à l’imposition d’un « ordre naturel et social5 » destiné à faire voir un certain paysage. À présent, il importe d’envisager les logiques qui président à l’instauration d’un ordre naturel et national et, pour cela, d’analyser la façon dont les États disent la nature au fur et à mesure qu’ils disent la nation et, à l’échelle locale, la façon dont ils se servent des parcs pour figurer et soutenir le récit national. Alternant l’analyse des politiques étatiques de la nature à mettre en parc avec l’étude des territoires mis en parc, cette double focale illustre les trois temps qui jalonnent la mise en scène nationale de la nature. Un retour sur les prémices de la patrimonialisation de la nature est d’abord inévitable. « Idée émergée6 » à la fin du xixe siècle pour servir l’« affirmation des identités individuelles et collectives7 », le patrimoine s’étend du monument à la nature, au cours des années 1930 au Canada, et des années 1960 en France et en Éthiopie. Les parcs sont alors institués en tant que « hauts lieux8 » de la nation. Débute ensuite un temps de cohérence durant lequel les parcs apparaissent comme un espace privilégié de la narration nationale. « Patrimoine identitaire géographique9 », vecteur d’une « identité territoriale10 », le parc national conjugue les potentiels idéologiques du monument et de l’espace. « Territoire-patrimoine », il compte parmi « le patrimoine de tous les patrimoines11 ». Au début du xxie siècle se dessine toutefois un temps de crise. L’État français réforme en 2006 les principes qui guident la gestion des parcs nationaux. À cette date, il qualifie les parcs de « projet[s] de territoire » entre les échelons locaux et nationaux du pouvoir et, qui plus est, les communes ont désormais la liberté de s’en retirer12. Dans une perspective relativement similaire, à Forillon, le gouvernement fédéral canadien autorise en 2009 la nation micmac à construire un site représentatif de « sa culture et [de] ses traditions13 » et, en 2011, la Chambre des communes présente ses « excuses officielles » aux anciens expropriés du parc14. En Éthiopie, la tendance est en revanche à l’affirmation nationale. L’État fédéral s’impose en 2009 sur les autorités régionales en s’attribuant la gestion exclusive du Simien Mountains et en 2012, l’Ethiopian Wildlife Conservation Organization annonce à l’Unesco son intention de « restaurer le statut patrimoine mondial du Simien Mountains » sans pour autant procéder au déplacement des populations exigé depuis plus de quarante ans15. Après l’évocation des prémices de la patrimonialisation de la nature et l’analyse du temps national qui court des années 1970 aux années 2000, l’étude de ces remises en cause offre l’occasion d’historiciser la réécriture des récits nationaux, processus aujourd’hui inachevé mais bel et bien en œuvre.
Quand la nature devient patrimoine
3La fin du xixe siècle consacre l’avènement du patrimoine national. D’abord focalisés sur le bâti et sur l’histoire, les pouvoirs publics définissent les objets et les objectifs de l’invention des traditions nationales16 et progressivement, ils élargissent la « production et la consommation17 » patrimoniales à la « nature ». Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France, le Canada et l’Éthiopie recourent au patrimoine monumental, culturel et naturel pour respectivement transcender les territorialités locales, concilier les passés québécois et britannique et consolider la nation en gagnant la reconnaissance de la communauté internationale.
L’invention du patrimoine national
4En matière de constructions nationale et patrimoniale, la France fait généralement référence18. Après la Révolution de 1789 et la destruction des œuvres symboles de l’Ancien Régime, apparaît la nécessité d’ancrer la nation dans un temps qui dépasse le moment révolutionnaire. À cette fin, le « monument historique » est inventé19. Rapidement soutenu par la création de musées sur l’ensemble du territoire métropolitain, le phénomène illustre ce que le sociologue Luigi Bobbio nomme « la conception nationale-patrimoniale [française], fondée sur la métaphore de l’héritage, l’attribut de la souveraineté et l’élaboration d’un État-nation moderne20 ». Le mouvement se poursuit tout au long du xixe siècle. La Société de l’histoire de France et le Comité des travaux historiques réécrivent l’histoire nationale depuis la capitale tandis qu’en province les collectionneurs, les antiquaires et les sociétés savantes encouragent les élus municipaux à multiplier les musées qui célèbrent « les grands jours et les riches heures de la localité ». Défini par la nation qui l’englobe et le dépasse, converti en un espace de mémoire, le territoire local devient le vecteur privilégié de l’identification de la nation21. Cette mise en scène de l’histoire n’est pas spécifique à la France. Cependant, comme le fait remarquer Pierre Nora, l’État français se distingue des autres pays européens « par la construction systématique d’une mémoire […] intensément passéiste », « mémoire républicaine [qui] a articulé l’État, la société et la nation dans une synthèse patriotique22 ». Les lieux de mémoire ont apporté à ce sujet une telle contribution qu’il serait superflu – et de surcroît fort difficile – de ne pas recourir aux matériaux théoriques et empiriques fournis par cette production, elle-même devenue lieu de mémoire23. Elle permet au contraire d’affirmer qu’à la fin du xixe siècle le patrimoine constitue d’ores et déjà, en France, l’instrument premier de l’intégration nationale des différences.
5S’agissant de la « nature », à propos de laquelle Les lieux sont d’ailleurs plutôt silencieux, la République l’intègre assez tardivement au registre patrimonial. Idéologisée par les romantiques et les libéraux, les uns y cherchant un paysage esthétique24, les autres voyant dans sa protection le signe d’un humanisme rationaliste25, sa conservation s’inscrit dans l’agenda politique au début du xxe siècle26. Le processus renvoie à l’inflation patrimoniale qui caractérise la France d’alors. Concentré sur la tradition et l’exceptionnalité locales27, le ministère des Affaires culturelles porte une attention croissante aux bâtiments présentant un « intérêt public […] au point de vue de l’histoire ou de l’art ». En 1913, il décrète que certains de ces bâtiments méritent d’être classés « monuments historiques » afin qu’aucun « travail de restauration, de réparation ou de modification » ne vienne altérer leur aspect28. Ce souci de la préservation de l’authentique s’étend aux « monuments naturels » en 1930. Une fois classés, ces derniers « ne peuvent ni être détruits ni être modifiés dans leur état29 ». La loi inaugure le début des territoires-patrimoines français. En s’emparant du paysage naturel pour figurer la nation, l’État s’emploie à « décliner le territoire en espaces individualisés30 ».
6Nettement moins documentée et en tous les cas rarement examinée, la politique patrimoniale éthiopienne fait largement écho à la configuration nationale française. Publiée et annotée par Maurice de Coppet, ministre de France en Éthiopie, la Chronique du règne de Ménélik II (r. 1889-1913) révèle la conduite de campagnes de fouilles archéologiques destinées, dans le pays amhara et dans le Šäwa, à localiser des églises chrétiennes médiévales et, en pays oromo, d’anciens camps royaux. Le neguśä nägäśt* (roi des rois) s’investit également dans une entreprise de « destruction créatrice31 » lorsque, à la fin de son règne, il ordonne que des églises jugées décrépites soient démolies pour être restaurées par des techniciens européens32. Dans cette « archéologie des traces du passé chrétien de l’Éthiopie », les historiens Bertrand Hirsch et François-Xavier Fauvelle-Aymar identifient une « politique des ruines » dédiée à la réalisation d’au moins deux objectifs. En évoquant le temps des rois durant lequel avait été impulsée, au xve siècle, la première grande expansion du royaume chrétien, Ménélik légitime la dynastie choanne au cœur des hauts plateaux où l’islam se fait toujours plus présent, mais aussi au sein des régions périphériques nouvellement conquises. En inventant une nation monumentale et authentiquement chrétienne, le souverain s’adresse d’autre part aux puissances coloniales de l’époque. Enraciné « dans le monde chrétien et “occidental” » des nations européennes qui élaborent elles aussi un récit national et patrimonial33, l’État impérial cherche à allier la conquête de l’intérieur à une reconnaissance nationale venue de l’extérieur.
7Avec Hailé Sélassié, cet enchevêtrement de la construction nationale et de l’affirmation internationale devient consubstantiel à l’existence même de l’Éthiopie contemporaine. Au pouvoir depuis les années 1920, le ras Täfäri Mäkwännen achève la formation de l’État unitaire envisagé, un siècle auparavant, par Téwodros II (r. 1855-1868)34. Il subordonne la noblesse et les pouvoirs régionaux à l’autorité d’un État central absolutiste, il instaure une politique d’homogénéisation culturelle et religieuse des territoires et, jusqu’à l’arrivée des Italiens en 1936, il « consacre toute son attention à la restructuration administrative et au raffermissement de l’unité nationale35 ». Comme au temps de Ménélik II, la nation demeure également sous l’influence européenne, qui dans une certaine mesure, peut paraître subie. Aux yeux des États coloniaux qui encerclent l’empire éthiopien et signent des traités dans le déni le plus complet de ses représentants, l’indépendance du pays ne va pas de soi. C’est notamment pour remédier à cette « sorte de relation semi-coloniale » qu’Hailé Sélassié s’engage dans une intense politique d’ouverture. Il convainc la Société des nations d’intégrer l’Éthiopie en 1923, il effectue l’année suivante un Grand Tour d’Europe, il procède à l’européanisation de l’administration nationale dans les années qui suivent et, en 1930, à Addis-Abeba, il se fait couronner empereur devant une soixantaine de dignitaires, de souverains et de chefs d’État étrangers36. Endurée sous certains aspects, cette forme d’ascendance internationale est aussi stratégique37. En leur garantissant la stabilité de ses frontières, l’Éthiopie participe à l’effort colonial de l’Italie (dans le nord érythréen), de la Grande-Bretagne (dans l’ouest soudano-kenyan et dans l’est somalien) et de la France (à Djibouti). En retour, l’empire reçoit les armes et les subsides économiques nécessaires à la consolidation de son territoire récemment agrandi38. Si l’Éthiopie échappe à la colonisation en participant au colonialisme, l’influence étrangère est enfin souhaitée par l’empereur. Selon Berhanou Abebe, la Constitution de 1931 témoigne de la volonté d’offrir au regard international un système proche de celui en vigueur dans les pays du Nord. Hailé Sélassié s’inspire du modèle français pour faire du parlement le symbole de l’unité nationale et la généralisation d’un système d’impôt unique et en espèces « prépare l’introduction […] du concept de la propriété à l’occidentale39 ».
8Durant ce premier règne, on ne saurait dire si Hailé Sélassié use du patrimoine pour donner forme à cet ensemble national doté de traits internationaux. Il entend par contre clairement y recourir à son retour sur le trône. En 1944, il confie au ministère de l’Agriculture le soin d’établir des « zones de chasse nationales » et de réguler la collecte des « trophées » abattus par celles et ceux ayant obtenu la licence désormais prévue à cet effet40. Après cinq années passées en exil au Royaume-Uni entre 1936 et 1941 et d’intenses négociations avec les Britanniques quant au statut de l’Éthiopie libérée, il est significatif que l’empereur mette en place des réserves de chasse similaires à celles des colonies anglaises voisines41. Sur le plan national, le geste est tout autant symbolique. Aux commandes de la « Nouvelle Ère » annoncée par Hailé Sélassié, l’État central édite le premier Journal officiel du pays en anglais et en amharique42 et il institue légalement le patrimoine naturel et national, tout à la fois symptôme historique et outil politique de cette stratégie qui consiste à asseoir la légitimité de la nation éthiopienne sur son existence internationale.
9Comme en France et en Éthiopie, l’édification politique du Canada requiert l’invention d’un patrimoine à même d’inscrire l’État dans un temps exclusivement national. Sans idée cohérente du passé à mythifier, la tâche est plus délicate. Initié par la Société royale du Canada, le mouvement débute dans les années 1880 lorsque les défenseurs de la tradition loyaliste militent pour la protection du chemin de Lundy où, en 1814, Canadiens et Britanniques repoussèrent l’armée américaine. Au Québec aussi, certains historiens et politiciens font le choix du système fédéral afin de promouvoir la préservation des sites emblématiques de l’histoire canadienne-française43. En 1919, avec la création de la commission des lieux et monuments historiques du Canada et le recensement des bâtiments à commémorer, le phénomène prend une ampleur nationale et une teneur explicitement nationaliste44. L’écriture du roman national est toutefois minée par la dualité appelée à jalonner l’histoire canadienne45. D’un côté, les provinces de l’Ouest et de l’Est demandent une action en faveur de lieux empreints d’une histoire à caractère régional et, d’un autre, le Québec et l’Ontario s’opposent à propos des sites susceptibles de commémorer le passé « national ». Très tôt, ces velléités provinciales contraignent la commission à sélectionner les lieux historiques du Canada en éludant toute idéologie nationaliste46.
10Avec la Première Guerre mondiale et la distinction croissante qui s’opère entre une identité britannique et une canadianité véritable mais encore chancelante47, l’État fédéral se tourne vers la nature. En apparence plus neutre, la nature sert de « médium à travers lequel transcender les complexités d’une nation en transformation48 ». Depuis, « l’identité culturelle du Canada [lui] doit beaucoup » : l’État en fait un thème central des musées, de la musique, de la littérature et, avant tout, de la récréation49. Instaurés au cas par cas au début du xxe siècle dans les montagnes Rocheuses et en Colombie-Britannique, les parcs nationaux sont mis au service de cette politique nationale de la nature à partir des années 1920. Le gouvernement fédéral décide que les parcs doivent être représentatifs des conditions originelles des provinces plutôt que dédiés à la protection de certaines caractéristiques naturelles50 et, à cet effet, la direction des parcs nationaux crée plusieurs parcs dans les provinces occidentales. Favorisant l’incorporation de l’Ouest dans la communauté imaginée nationale canadienne, le processus légitime le vote de la loi concernant les parcs nationaux51. Répondant de façon concrète aux provinces désireuses de bénéficier de l’infrastructure « parc national » et de façon symbolique à la volonté d’officialiser l’identité nationale physique et imaginée, la loi de 1930 dédie « les parcs […] au peuple canadien ». Elle précise que « ces parcs doivent être entretenus et utilisés de manière qu’ils restent intacts pour la jouissance des générations futures52 ». Cependant, rapidement, l’État fédéral fait face à la même dualité fédérale-provinciale qui avait entravé la valorisation des lieux et monuments historiques. En subordonnant la création d’un parc à un vote parlementaire, le législateur institue une procédure à double voie. La province concernée doit accepter de céder ses terres aux autorités fédérales qui, elles, doivent juger ces terres dignes d’être classées « parc national53 ». Les difficultés que celles-ci rencontrent pour élaborer un compromis expliquent notamment pourquoi, entre 1938 et 1968, seuls trois parcs sont créés sur l’ensemble du territoire canadien. Selon Lloyd Brooks, chef de la planification de la direction des parcs nationaux et historiques à la fin des années 1940, ce temps d’arrêt renvoie à des considérations à la fois pratiques et idéologiques. Sur le plan financier, les administrations provinciales estiment que les dépenses afférentes à l’achat des terrains relèvent du domaine fédéral tandis que, s’appuyant sur la loi de 1930, la direction des parcs refuse pour sa part d’acquérir des terres qui ne soient pas déjà libres de droits individuels et collectifs54. Sur le plan politique, le conflit a trait à la propriété éminente de la terre. En effet, pour que la nature « canadienne » soit préservée, les gouvernements provinciaux doivent abandonner une portion de leur territoire55. En d’autres termes, l’édification d’un patrimoine strictement national exige le sacrifice préalable de la souveraineté provinciale.
11Au Canada, en France et en Éthiopie, les finalités du patrimoine institutionnel se révèlent ainsi définies durant le premier xxe siècle. Ancré dans une dialectique multiscalaire du pouvoir toujours fonction du contexte national, l’objet patrimonial sert à inventer une trame nationale qui dépasse les réalités provinciales au Canada, à convertir les mémoires locales en une tradition nationale en France et, en Éthiopie, à soutenir un État central qui s’affirme d’autant plus national lorsqu’il est reconnu comme tel par la communauté internationale.
L’invention du patrimoine naturel
12À la fin des années 1960, alors que les musées continuent de servir l’idéal national français56, que l’État éthiopien instrumentalise de plus en plus le bâti chrétien57 et que le gouvernement fédéral canadien parvient à intégrer les monuments historiques à la sémantique nationale58, la nature fait son entrée dans le domaine patrimonial. « Haut lieu » du patrimoine, elle rend possible « l’avènement d’une interprétation nouvelle de l’espace59 ». « Haut lieu » de la nation, elle incarne la « manifestation territoriale d’un système de valeurs60 » nationales. La création des parcs des Cévennes, de Forillon et du Semēn représente la concrétisation de ce processus qui, pour être compris, doit être envisagé à l’aune de l’intensification des logiques nationales présidant à l’invention patrimoniale.
13Au Canada, en 1969, afin d’amener les identités et aspirations régionales vers un « forum fédéral », la direction des parcs nationaux décide de créer au moins un parc par province61. Présentée comme le résultat d’une « révision des pratiques administratives concernant les parcs nationaux62 », cette relance de la patrimonialisation nationale de la nature symbolise l’aboutissement d’une redéfinition des rapports qu’entretiennent les échelons fédéraux et provinciaux du pouvoir. Le changement est impulsé en 1949 par la création d’une commission royale d’enquête sur les lettres, les arts et les sciences et par la mise en œuvre d’une « politique nationale63 ». Une dizaine d’années durant, le gouvernement fédéral établit bon nombre d’institutions culturelles pour promouvoir une identité canadienne menacée par la culture américaine en pleine expansion, il réforme la fiscalité afin de disposer d’une réelle capacité d’action et il « canadianise » les symboles nationaux. Débute alors l’ère du Peaceable Kingdom, durant laquelle le Canada se définit comme une nation égalitaire et multiculturelle défendue par un État autonome et agissant. Organisée lors de l’exposition universelle de Montréal en 1967, la célébration du centenaire de la Confédération constitue l’apogée de cette période de réification nationale64. S’agissant de la dualité fédérale-provinciale, la donne a également changé. Investie dans la santé publique, l’assistance sociale et les activités culturelles, l’administration fédérale compose à présent avec des gouvernements provinciaux dont les revenus ne cessent d’augmenter. Finalement, elle consent à organiser avec eux l’économie nationale65. Au cours de cette période, le partage des prérogatives politiques et économiques favorise la cohabitation des singularités provinciales et du nationalisme fédéral66. L’abandon de l’héritage britannique suscite néanmoins une véritable incertitude et la nation doit sans cesse affirmer sa canadianité67. Depuis, la valorisation du patrimoine naturel constitue une priorité nationale. Après la création de deux uniques parcs nationaux dans l’Est canadien en 1947 et 195768, le ministre des Affaires indiennes et du Nord déclare en 1968 qu’entre quarante et soixante parcs doivent être créés dans l’ensemble du pays69. L’année suivante, le ministère formule sa première « politique des parcs nationaux ». Rappelant que « le Canada est un pays jeune dont une partie importante de la population vivait, il n’y a pas bien longtemps encore, sinon dans des endroits sauvages ou à proximité d’eux », l’État jette les bases d’un « réseau de parcs nationaux » représentatifs des « beautés naturelles du Canada », « sources d’inspiration créatrice » dont « les Canadiens devraient profiter le plus possible dans l’intérêt même de l’épanouissement culturel du pays70 ».
14En 1970, un an après l’édition de cette seconde « politique nationale », la création du parc Forillon se trouve à la charnière du passage du fédéralisme coopératif au fédéralisme agressif. Au début des années 1960, le gouvernement provincial du libéral Jean Lesage procède à de vastes réformes politiques, institutionnelles et sociales. Il place le Québec sous le signe d’un État-providence revendiquant davantage d’autonomie au sein du Canada. À l’extérieur de la province, cette période de bouleversements – qualifiée de « Révolution tranquille » – se traduit par la reconnaissance effective de la spécificité québécoise. Non seulement le gouvernement contraint l’État fédéral à organiser une redistribution des richesses entre provinces, mais il obtient aussi le droit de refuser l’intervention fédérale et de bénéficier, le cas échéant, d’une compensation fiscale71. Dans le cadre d’un processus qu’il a largement impulsé, l’État québécois profite alors d’un programme fédéral à frais partagés pour instituer le Bureau d’aménagement de l’Est du Québec. En 1968, celui-ci prévoit la mise en place du parc Forillon72. Si l’aspect négocié de l’identité canadienne est encore nettement visible, l’État fédéral œuvrant au nation-building tout en autorisant le province-building québécois73, l’arrivée au pouvoir de Pierre-Elliott Trudeau met un terme au processus. Rompant radicalement avec la vision de son prédécesseur, Lester B. Pearson, lequel considérait le Québec comme « une nation au sein de la nation », Trudeau s’évertue dès 1968 à affirmer la souveraineté canadienne, à renforcer le rôle de l’État fédéral et à éliminer les ententes asymétriques entre Ottawa et Québec. Sans équivoque, sa stratégie face au nationalisme québécois « privilégie l’affrontement et vise son anéantissement74 ». Les premières heures de Forillon s’inscrivent dans ce contexte. La signature d’un bail emphytéotique75 permettant à la province de conserver symboliquement sa souveraineté témoigne de son statut de « société distincte » au sein de la Confédération. Le Québec sera le seul État provincial à rester maître d’un territoire devenu parc national fédéral. L’incendie par Parcs Canada des résidences de populations d’ores et déjà expropriées76 atteste en revanche la détermination fédérale à s’imposer au Québec.
15Le 21 mai 1969, devant la Chambre des communes, Jean Chrétien signale la création du « premier parc national au Québec » afin de « conserver intact un coin extrêmement pittoresque de notre pays ». Le ministre des Affaires indiennes explique qu’il y a « maintenant un parc national dans au moins chaque province ». Les Québécois pourront désormais « jouir des nombreux avantages qui découlent de l’association au réseau canadien des parcs nationaux77 ». Comme le démontre Claire Elizabeth Campbell à propos des parcs établis quelques années plus tard dans le nord du pays, il s’agit pour Parcs Canada de prendre position « là où le gouvernement fédéral [est] particulièrement soucieux de montrer le drapeau78 ». En juillet, le projet d’entente conclu avec le ministère provincial des Travaux publics prévoit que « le parc […] sera entretenu et utilisé de manière qu’il reste intact pour les générations futures79 ». Puis, en juin 1970, l’annonce officielle de la création du parc Forillon précise que « la loi sur des Parcs nationaux est très claire sur l’obligation de [le] préserver […] contre toute atteinte80 ». Parcs Canada omet seulement de mentionner qu’avant de sauvegarder l’intégrité du territoire il lui faudra effacer, dans le temps et dans l’espace, la présence québécoise. Puisant sa légitimité dans la nature à défaut de la déceler dans l’histoire81 et poursuivant un objectif de canadianisation du Québec, l’administration fédérale se doit d’inventer un patrimoine naturel et national qui soit, à l’image des parcs préservés dans le reste du pays depuis la fin du xixe siècle, vierge d’occupation humaine.
16Dans la mesure où la mise en parc de la nature s’avère déterminée par le message que l’État national entend délivrer à travers elle, le flou qui pèse sur les modalités de la patrimonialisation de la nature éthiopienne suggère une difficulté notoire quant à l’aménagement de l’imaginaire national. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Hailé Sélassié affirme les dimensions absolutiste et nationaliste de son pouvoir. Après avoir réorganisé l’armée impériale et l’administration provinciale, il promulgue en 1955 une seconde Constitution. La réintégration de l’Érythrée au sein du territoire éthiopien est entérinée et les échelons régionaux du pouvoir sont fermement soumis à l’autorité centrale82. S’efforçant de « “nationaliser” l’Empire83 » par la loi de l’État, la culture amharo-tigréenne et la religion orthodoxe, Hailé Sélassié décide de doter le pays d’un patrimoine national naturel. Dès 1962, il envisage de créer des parcs nationaux afin d’« offrir des infrastructures récréatives au public […] à travers la préservation de la nature et de la faune sauvage84 ». En 1967, il évoque « la valeur nationale de ce patrimoine85 ». Il mentionne en 1968 la volonté de « préserver le patrimoine du pays pour qu’il puisse être transmis aux futures générations86 » et, en août 1969, il dédie le premier parc national d’Éthiopie, dans la vallée de l’Awash, « aux richesses naturelles de la nation87 ». La forme que doit revêtir cette nature nationale se montre cependant fort confuse. Il est question de réserves de chasse (game reserves) et de sanctuaires (game sanctuaries) en 196388, de parcs nationaux (national parks) et de zones de chasse contrôlées (controlled hunting areas) en 196689, de vingt-six zones de conservation en 196890 et de deux parcs nationaux en 197091. Le trouble tient en grande partie à la précarité économique du pays. L’EWCO ne dispose d’aucun budget durant ses premières années92 et, après que le ministère de l’Agriculture a remédié à la situation, ses responsables reçoivent chaque année un dixième des fonds nécessaires au bon fonctionnement de l’institution93. Contrairement au Canada ou à la France, l’appareil idéologique et financier dont dispose l’État éthiopien apparaît bien incapable de concrétiser l’imaginaire national.
17Au-delà de la contrainte matérielle, il importe tout de même à l’État de donner à croire au patrimoine naturel. Aussi, en 1962, à Paris, la délégation éthiopienne demande assistance à l’Unesco afin de « définir une politique de conservation94 ». L’assistance est accordée. En 1963, l’ancien directeur général de l’Unesco, Julian Huxley, et le professeur du Muséum national d’histoire naturelle, Théodore Monod, dirigent la première « mission » envoyée en Éthiopie « pour conseiller le gouvernement sur l’établissement d’une organisation capable de conserver les ressources naturelles du pays95 ». Après une autre mission conduite par le major Ian Grimwood et Leslie Brown, anciens conseillers du ministère de l’Agriculture kenyan, l’Unesco recommande à l’État éthiopien d’instituer une Wildlife Conservation Organization et d’y employer des expatriés96. L’EWCO est créée en 1965 et, la même année, John Blower est nommé Adviser to the Imperial Ethiopian Government on Wildlife Conservation97. Depuis, le WWF et l’UICN envoient du matériel et du personnel en Éthiopie. Hailé Sélassié ne manque pas de les remercier pour leur contribution au « développement des ressources en faune sauvage du pays98 ». Cette sollicitation permanente de la communauté internationale est, là encore, caractéristique de la politique menée par l’empereur. Selon John Markakis et Asmelash Beyene, même la Constitution révisée de 1955 s’adresse avant tout au monde extérieur. Confirmant la centralisation du pouvoir impérial, elle instaure le suffrage universel pour la Chambre des députés du parlement dans un unique objectif : la reconnaissance internationale99. Au fil des ans, Hailé Sélassié se focalise graduellement sur le rayonnement de l’Éthiopie à l’étranger. Il a à cœur d’obtenir en 1963 la construction, à Addis-Abeba, du siège de l’Organisation de l’unité africaine et en 1964, lors de la première session ordinaire de l’OUA, il revendique l’inviolabilité des frontières au nom de la souveraineté des États africains. Fort de son prestige de nation parlementaire moderne, et qui plus est jamais colonisée, l’État éthiopien a trouvé le meilleur moyen pour réprimer légitimement les rébellions érythréennes et somaliennes qui fragilisent les marges de la « Grande Éthiopie100 ». Cette stratégie, qui consiste à mettre le regard international au service de la question nationale, se trouve à l’origine de l’édification du patrimoine naturel éthiopien. Par définition, la « nature » naît de la menace de sa disparition imminente101. Or, dans l’Éthiopie contemporaine, le fait urbain est sporadique102. Le temps des villes est loin de l’emporter sur le temps des campagnes et l’environnement non humain demeure plus productif que symbolique. Parce que cet environnement est reconnu naturel par des organisations telles que l’Unesco, l’UICN et le WWF, Hailé Sélassié va néanmoins laisser la communauté internationale inventer une nature qui sera, de fait, reconnue comme nationale.
18Dès 1965, depuis ses bureaux de l’EWCO, John Blower indique à l’empereur les parcs nationaux qu’il convient d’établir103. Assisté du docteur Bernhard Nievergelt, « expert mondial de l’Ibex », Blower organise une expédition dans le Semēn qu’il ajoute, alors, à la liste des territoires à mettre en parc104. Il désigne ensuite le gardien – étranger – en charge du Simien Mountains et supervise lui-même la construction de la route entre Debark et Sankaber, financée, apparemment grâce à son intervention, par le United Nations Development Program (UNDP) et la Food Agricultural Organization (FAO)105. Puis, en 1969, quelques mois après que le WWF s’est plaint qu’« aucun progrès n’ait été accompli106 » dans le Semēn et que l’Unesco a suggéré au gouvernement « de mettre de l’ordre107 » dans sa législation, le parc national est instauré pour « la préservation de la faune sauvage » et des « richesses naturelles de la nation108 ». Ainsi, au gré d’une entente entre deux dispositifs de pouvoir, l’un national, l’autre global, une réelle « hybridation institutionnelle109 » émerge. Elle autorise la communauté internationale à sauvegarder ce qu’elle considère comme « naturel » et elle permet à l’État impérial de convertir un espace local en un symbole national.
19Impulsée par le Nord et réglée par le pouvoir central, l’histoire locale procède toujours d’en haut. La signification des lieux est transformée et singularisée par l’État qui patrimonialise au fur et à mesure qu’il nationalise. En un processus strictement endogène, en France aussi, il est davantage question d’intensification des logiques nationales que de rupture. Emblèmes « des France110 » d’en bas, les campagnes sont saisies par le pouvoir à partir des années 1950. En 1945, la IVe République instaure une commission supérieure des sites, perspectives et paysages, laquelle doit identifier, dans chaque département, les « monuments naturels » dignes d’être préservés111. Centrée sur la « conservation […] des espèces », la notion de « réserve naturelle » est instituée en 1957112 et, trois ans plus tard, la loi sur les parcs nationaux réunit la protection des sites et des espèces. Palliant une législation qui « permet uniquement […] de classer […] des stations où se rencontrent des éléments de faune ou de flore rares ou menacés », un parc national doit enclore « le territoire de tout ou partie d’une ou plusieurs communes » lorsque « la conservation de la faune, de la flore, du sol, du sous-sol, de l’atmosphère, des eaux et, en général, d’un milieu naturel présente un intérêt spécial113 ». Cet « intérêt spécial » renvoie à la conception française de la « nature ». Au début du xxe siècle, avec l’existence d’une seule « réserve artistique » dans la forêt de Fontainebleau, les sociétés savantes, les associations de tourisme et les clubs d’alpinistes s’associent à l’administration des Eaux et Forêts pour promouvoir l’idée de parc national. Insistant sur le sublime de paysages inoccupés par l’homme, leurs initiatives n’aboutissent guère et ils se concentrent sur la création de réserves dans l’empire colonial114. Cependant, au tournant des années 1950, avec l’exode rural et les transformations économiques et sociales qui bouleversent les campagnes françaises, le romantisme agraire, balbutiant au début du siècle115, connaît un essor sans précédent. La demande sociale est à la préservation de la société paysanne et la campagne toute entière devient monument historique116.
20Le phénomène participe plus largement de la démocratisation culturelle mise en œuvre par la Ve République. Créé par le général de Gaulle en 1959 pour être confié à André Malraux, le ministère des Affaires culturelles entend transmettre des valeurs empruntées au passé. Il s’investit pour cela dans la valorisation publique du patrimoine, « réception collective de certains biens qualifiés de la tradition nationale et/ou de l’identité locale117 ». Les parcs nationaux s’inscrivent dans cette politique d’unification du patrimoine et de la culture. Les premiers parcs de montagne apparaissent en 1963 et en 1967, en Vanoise et dans les Pyrénées118. L’État affirme leur « caractère national119 » en les plaçant sous la tutelle du conseil national pour la protection de la nature et d’un comité interministériel120 et, dès leurs débuts, il les dédie à la sauvegarde d’un « cadre de vie » et d’une « source d’identité culturelle121 ». Créé en 1970122, le parc national des Cévennes ne fait pas exception. Aux dires d’Yves Bétolaud, ingénieur agronome des Eaux et Forêts employé par le ministère de l’Agriculture pour planifier la mise en place des parcs, il s’agit de « faire quelque chose pour la civilisation de la montagne, c’est-à-dire un mode de vie d’une haute valeur sociale et culturelle, qui a été celui de presque toutes les montagnes françaises123 ». Le 21 septembre 1970, lors de l’inauguration du parc national, le ministre de l’Agriculture Jean Duhamel insiste sur « l’intérêt du monde rural qui est à la base et qui doit toujours inspirer l’activité des parcs nationaux124 ». Achevant sa transition vers la modernité urbaine, la France découvre en Cévennes un symbole de « son ancrage terrien et [elle] invent[e], par le lien symbolique et distant au paysage, un substitut à l’emprise agraire125 ».
21La place accordée aux hommes diffère, en parc national, selon que l’on observe l’espace français ou les espaces canadien et éthiopien. Derrière ces dissemblances relatives aux façons de faire le patrimoine se lisent les logiques identitaires nationales. Du côté français, l’État use de la ruralité menacée de ses campagnes afin d’illustrer un roman national qui s’écrit au passé. Mobilisant le parc en tant que substitut à l’historicisation du territoire, l’État fédéral canadien orchestre pour sa part une naturalisation de la nation supposée dépasser les conflits matériels et mémoriels qui l’opposent aux provinces. Quant à l’Éthiopie, la nature y devient patrimoine pour mieux servir l’internationalisation de la nation, procédé d’ores et déjà indispensable à la nationalisation des territoires.
Quand le patrimoine naturel devient métarécit
22Au tournant des années 1960, les administrations responsables des parcs nationaux ont défini les manières de construire la nature nationale. Au temps des prémices succède celui du « métarécit ». Caractérisant à l’origine « les grands récits […] de la modernité126 », le métarécit désigne plus généralement une rhétorique politique. S’agissant de l’institutionnalisation de l’environnement, Béatrice Jalenques-Vigouroux évoque pour le second xxe siècle un « métarécit environnemental […] faisant intervenir des registres de discours qui font émerger des tendances “lourdes”127 ». Au sein des espaces-parcs, des années 1970 au début du xxie siècle, le métarécit est à la fois patrimonial et national. Français, canadien ou éthiopien, l’État produit un discours normatif destiné à faire de la nature patrimonialisée l’expression signifiante de la nation patrimonialisante. Dans les Cévennes, à Forillon et dans le Semēn, en tant que haut lieu national, c’est-à-dire en tant que lieu de nature protégé pour faire valoir la nation, le parc national est le locuteur privilégié de ce métarécit patrimonial. Cette approche par le haut puis par le bas – les parcs tels que les envisage la nation et la nation telle qu’elle est énoncée par les parcs – vise à démontrer que les logiques identitaires président plus que tout autre facteur aux différents façonnements de la nature nationale, la France décidant de verser dans la folklorisation des communautés rurales, le Canada choisissant de magnifier la nature millénaire d’une presqu’île tout juste vidée de ses populations, et l’Éthiopie s’évertuant, en vain, à extraire l’homme d’un espace naturel toujours plus anthropique.
La nation dit la nature
23Dans les années 1970, en France, le patrimoine demeure le fait du pouvoir. La « centralité de l’État culturel » se renforce et la « culture nationale » se diffuse128. À cette fin, le pouvoir déploie les outils traditionnels de l’édification de la mémoire collective, ainsi les « rétrospection, célébration et commémoration129 ». Il élargit également le patrimoine au territoire pour valoriser « une image de la diversité des cultures et des pratiques sociales130 ». Comme l’explique Françoise Péron, à cette époque, « les Français comprennent qu’une longue phase de leur passé rural est en train de se clore à jamais131 ». Aussi, il est logique que l’État se donne les moyens de patrimonialiser la nature. Georges Pompidou met sur pied le ministère de la Protection de la nature et de l’environnement en 1971132, la « protection des espaces naturels et des paysages » est décrétée d’« intérêt général » en 1976133 et, l’année suivante, le conseil national pour la protection de la nature est chargé « d’améliorer la protection des espaces naturels […], notamment en matière de parcs nationaux134 ». Cette politique se traduit par la création de nouveaux parcs dans les Alpes françaises135 et par la nationalisation du système des parcs nationaux. Selon le ministère, les parcs représentent les « dépositaires d’éléments parmi les plus prestigieux du patrimoine national » et, à ce titre, il importe de trouver « une définition claire de l’image parc ». Concrètement, l’administration cherche à « imposer un style, un système d’expression graphique à tous les parcs nationaux136 ». Il s’agit notamment d’adopter une typographie commune à l’ensemble des établissements publics « Parc national137 ». Au-delà de ces attentions pratiques, le ministère de l’Environnement et du Cadre de vie considère que les parcs « témoignent pour la plupart d’entre eux de l’effort tenace qu’ont fait les sociétés rurales montagnardes pour vivre et se développer ». Dans cette perspective, il met en avant « la place de l’homme dans le parc, […] celle du montagnard, et donc de l’agriculture de montagne », et il souligne l’importance de la « préservation du patrimoine national que constitue désormais l’existence des Parcs138 ». Comme dans bon nombre de pays européens à la même période, cette insistance sur « la figure du “montagnard” » participe à la valorisation nationale de « communautés durables139 ». En France, on se situe dans le cadre plus précis de la promotion de territoires ethnologiques. L’État patrimonialise depuis 1980 jusqu’aux éléments vivants de la campagne, comme les fêtes, les croyances et les modes de vie140, et « dans ce récit-là, le patrimoine rural peut bien sembler être toujours celui d’un collectif national141 ».
24La « fièvre patrimoniale142 » française s’intensifie au fur et à mesure que progresse la décentralisation de l’administration nationale143. Loin d’abandonner sa vocation culturelle, celle-ci se concentre sur la « fabrique des lieux », faisant des « anciens “trous perdus” » des entités signifiantes, et de la nature une donnée « historicisée, “écologisée”144 ». En termes législatifs, l’État reste d’abord silencieux quant à la contribution des parcs nationaux à cet encensement de la ruralité. Laissant leurs responsables agir sur place, il coordonne l’action collective. Il instaure un programme baptisé « Parcs Horizon 7 » pour « développer la notoriété commune des parcs nationaux […] et préparer la vente en commun de “produits” de nos parcs145 », il crée une « papeterie des Parcs nationaux146 » et il met en place une signalétique commune dans les sept parcs nationaux de France147. En 1994, après avoir étendu le principe de « mise en valeur des paysages » à l’échelle du pays148, l’administration nationale fonde le réseau Parcs nationaux de France et l’Atelier technique des espaces naturels (Aten)149. L’État inscrit alors les parcs à l’enseigne du « tout patrimoine150 ». Dans une « note de doctrine » publiée en 1999, la nouvelle direction de la nature et des paysages articule « les grandes missions des parcs nationaux » autour de la préservation de leur « caractère ». Selon la direction, la notion réunit « les paysages et le patrimoine […] appropriés par la culture locale ou nationale », une série d’éléments matériels tels que les « hameaux ou habitations isolées », et un « contexte immatériel d’histoires, de foi populaire, de légendes et de traditions151 ». L’Aten précise en 2001 les modalités de l’entreprise. Il importe de « restaurer et [de] gérer le patrimoine naturel et culturel » des parcs nationaux. Le premier objectif nécessite la protection de la diversité biologique et des espèces animales et végétales, le second commande l’intégration du « regard que les hommes portent sur ce patrimoine naturel » et la préservation des espaces « historiques », « construits » et « immatériels152 ». Ainsi l’État fait-il son « devoir », pour reprendre l’expression d’Armand Frémont. Grâce au patrimoine, il entretient « le poème collectif écrit sur la terre depuis sept millénaires » et « la terre des agriculteurs […] devient plus que jamais lieu de mémoire153 ». L’État recourt tout autant aux musées des arts et traditions populaires, aux inventaires du patrimoine et aux écomusées qu’aux parcs nationaux. Par la sauvegarde de la nature et la valorisation d’une culture de la nature, les parcs servent une mise en patrimoine de la nation devenue mise en mémoire du territoire national.
25Ce regard passéiste que la France porte sur la campagne et les hommes qui l’ont façonnée mériterait que l’on parle de protection de la ruralité plutôt que de la « nature ». L’administration emploie néanmoins le terme d’usage en matière de parc national. Ici, le Canada se distingue du cas français en revendiquant une nature synonyme de wilderness, « réalité canadienne » proche de celle des États-Unis154. À l’image de son voisin, l’État fédéral se fait le protecteur de « régions naturelles » et le « réseau des parcs nationaux » y est explicitement idéologique. Rebaptisée Parcs Canada en 1973, la direction des parcs nationaux offre « aux Canadiens des repères qui leur permettent d’apprécier leur pays et ses cultures, de consolider leur unité nationale, grâce à l’observation de la diversité des régions155 ». À la fin des années 1980, rappelant que les parcs constituent « un trésor national sans prix156 », Parcs Canada participe également au Programme de coordination de l’image de marque initié par l’État fédéral. Afin de « permettre au public de reconnaître facilement les activités fédérales au moyen d’une image de marque uniforme », chaque parc national, du Pacifique à l’Atlantique, propose à ses portes d’entrée, au long de ses sentiers ou sur ses prospectus, une charte graphique commune157. Depuis, Parcs Canada affirme sa qualité nationale. Reformulant sa politique directrice en 1994, elle estime que les lieux placés sous sa responsabilité représentent « l’essence même de notre identité nationale » : « Ils donnent forme à la perception que nous avons de nous-mêmes. » L’agence s’occupe aussi bien des parcs « naturels » que des parcs « historiques ». Mais si le ministre du Patrimoine canadien signale dans l’introduction de cette réédition l’impératif de « connaître les activités du passé », il souligne avant tout « la beauté de la nature sauvage » et « le sentiment d’émerveillement et de vénération » qu’elle suscite158. De plus, l’opération des parcs historiques continue d’être enfouie dans celle, nettement plus vaste, des parcs nationaux naturels159. Après la valorisation de la rudesse de la wilderness domptée et préservée par les Canadiens160, l’État fédéral continue ainsi à faire de la nature et de la géographie le ciment de la culture canadienne161.
26Cette offre permanente d’une nature autour de laquelle agréger la communauté cherche à combler l’écart qui se creuse entre les échelons fédéraux et provinciaux du pouvoir. Tout au long des années 1970, afin de renforcer les contours idéels et matériels de la nation, le gouvernement de Pierre-Elliott Trudeau donne son contenu à la culture canadienne162 et, simultanément, il défend un nationalisme d’attaque : seule la nation canadienne doit être reconnue dans les provinces du pays163. Or, à mesure que le Canada structure sa canadianité, le Québec revendique sa « québécitude164 ». Aussi, malgré l’échec d’un premier référendum sur l’indépendance de la province en 1980, le pancanadianisme promu par l’État fédéral sur un fond officiel de « nation multiculturelle » ne fait qu’exacerber les différences. Au début des années 1990, après une décennie de débats constitutionnels entre élus fédéraux et provinciaux, la réconciliation nationale échoue165. Profitant de l’échec du deuxième référendum sur l’autonomie québécoise en 1995, le gouvernement fédéral soutient un « nationalisme compétitif ». Il reconnaît que chaque province, le Québec en tête, détient « sa propre façon d’être une communauté politique au sein de la fédération canadienne » mais, de son côté, il s’évertue à renforcer l’unité, l’économie et l’assistance sociale nationales166. Au-delà des affres d’une identité nationale immobilisée politiquement dans la confrontation fédérale-provinciale, la production fixiste et ininterrompue du récit patrimonial révèle alors l’effort accompli par l’État canadien pour protéger la nation. Il se sert des parcs pour transcender, d’une part, les frontières provinciales. La direction des parcs nationaux réorganise ses bureaux régionaux en 1973 et la nouvelle agence Parcs Canada se retrouve à la tête des régions de l’Ouest, des Prairies, de l’Ontario, du Québec et de l’Atlantique167. Élaborant une trame canadienne au-dessus des divisions territoriales administratives, le pouvoir fédéral s’assure également de transcender jusqu’au temps des hommes. À partir d’un découpage du pays en trente-neuf régions, il structure le « réseau des parcs nationaux du Canada ». « Physiographiques », « géographiques » ou « naturelles », ces régions sont sélectionnées selon une « catégorie géologique ou écologique » de l’« histoire naturelle » du Canada. Leur préservation nécessite en revanche l’exclusion de toute « valeur pittoresque […], produit de la pensée humaine168 ». En d’autres termes, un parc national existe autant hors des frontières des sociétés humaines qu’en dehors de leur histoire. L’État fédéral s’érige en garant d’un paysage qui, « pendant des siècles, […] n’a subi […] que l’action des agents naturels » ; il prend la tête de « cette famille canadienne de parcs, […] régions naturelles ayant une importance nationale169 » et, en 1981, il se félicite d’avoir instauré vingt-huit parcs nationaux dans dix-sept des trente-neuf régions naturelles du pays170. Il affine ensuite son argumentaire naturaliste avec la notion d’« intégrité écologique ». Évoquée à la fin des années 1970 comme le « grand principe qui régira l’utilisation des richesses du patrimoine171 », sa dimension nationaliste est de plus en plus explicite. En 1985, le ministre de l’Environnement Tom McMillan estime que dans la mesure où « les parcs représentent notre réalité territoriale en tant que peuple », « ils peuvent aider à protéger l’intégrité de la souveraineté territoriale172 ». L’interprétation est légalisée en 1988. La nouvelle loi sur les parcs nationaux donne « la primauté […] à la préservation de l’intégrité écologique par la protection des ressources naturelles173 ». Ainsi, non seulement la nature est-elle écologisée, mais la nation toute entière l’est également. En 1990, aux dires de Parcs Canada, « les parcs nationaux […] célèbrent la beauté et l’infinie diversité de notre pays ». Chaque parc « est un sanctuaire où la nature peut évoluer selon ses propres règles, comme elle le fait depuis la nuit des temps » et depuis peu au sein de « chacune des régions naturelles qui caractérisent notre pays et qui ont façonné notre histoire174 ». L’histoire récente, celle des hommes, pas celle de la nature, est ici insignifiante. Les provinces et leurs représentants peuvent se déchirer quant à l’importance à accorder aux héritages autochtones, français et britannique, les parcs nationaux continuent eux-mêmes d’illustrer la canadianité. La ministre du Patrimoine canadien l’indique d’ailleurs clairement : « Ils sont à notre image, et reflètent notre histoire et nos cultures, nos espoirs et nos aspirations, nos réussites et nos échecs175. » Aujourd’hui, suivant l’obligation légale qui lui est faite, Parcs Canada poursuit un objectif de « rétablissement de l’intégrité écologique par la protection des ressources naturelles et des processus écologiques176 ». Avec quarante-deux parcs nationaux177, vingt-huit régions naturelles canadiennes sont préservées en 2010 au nom d’une nation, avant tout, naturelle.
27En France comme au Canada, la déclinaison nationale du patrimoine naturel se montre fonction d’une certaine idée, ou disons d’une certaine instrumentalisation, du temps social. La première s’appuie sur le temps des hommes, tandis que la seconde mise sur le temps de la nature. L’Éthiopie offre un tout autre cas de figure. Avec la communauté internationale comme énonciatrice du récit patrimonial, le temps de la nature éthiopienne s’inscrit dans celui du patrimoine mondial. Le processus débute à la fin des années 1960. Né de la remise en cause d’une « civilisation de puissance178 », le « paradigme écologique179 » se propage au-delà des frontières nationales et le patrimoine devient un objet universel. À Paris, en novembre 1972, l’Unesco ratifie la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel. Sont décrétés « “patrimoine naturel” les monuments naturels constitués par des formations physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou scientifique180 ». En répertoriant ces monuments sur une « liste » et en les représentant par des points sur une carte mondiale muette, sans frontière ni capitale nationales, l’Unesco procède à la « déterritorialisation des objets patrimonialisés181 ». Comme bien d’autres pays du Sud182, l’Éthiopie entrevoit là un moyen d’accroître son prestige national. Dès 1972, elle propose l’inscription des montagnes du Semēn et des églises monolithiques de Lalibela sur la Liste du patrimoine mondial183. Leur classement sera entériné en 1978184. Profitant d’un patrimoine qui a l’avantage de rentrer dans les catégories définies par la convention185, l’État prend soin de promouvoir l’approche adéquate. Sous Hailé Sélassié, le gouvernement éthiopien demande à l’UNDP et à la FAO de financer « le déplacement des populations vivant à l’intérieur des parcs à venir186 » et de créer un circuit touristique au sein des « grands espaces vierges » du sud du pays187. Durant les années 1980, c’est au tour de l’administration socialiste de requérir l’aide de l’Unesco afin de « rendre les montagnes du Semēn, les montagnes du Bale et les lacs d’Abijata-Shalla conformes à l’inscription Patrimoine mondial188 ». Un « programme de resettlement » et un Plan d’action pour la conservation de la faune sauvage sont nécessaires et le WWF soutient leur mise en œuvre189. Puis, sous le régime fédéral, l’EWCO va jusqu’à concevoir un trust fund regroupant les fonds alloués par le WWF, l’UNDP et l’Union européenne pour dédier de nouvelles « zones protégées » à la flore, à la faune et au paysage190.
28Loin d’être cantonnée au domaine du patrimoine, l’adoption d’un modèle aux traits occidentaux se poursuit sur le plan politique. La « respectabilité internationale191 » de la nation constitue la pierre angulaire de la politique conduite par Hailé Sélassié et il en va de même aux époques socialiste et fédérale. Le Därg s’allie officiellement à l’URSS pour mieux contenir les sécessionnistes érythréens, somali et oromo192 et, aujourd’hui, l’EPRDF se sert de l’aide internationale pour accélérer la modernisation du pays, mais aussi pour légitimer le contrôle fédéral des économies régionales193. Choisie dans une certaine mesure par l’Éthiopie, l’entreprise est lourde de conséquences. Derrière la version officielle selon laquelle la vocation des agences internationales est de « faire souscrire les États à la notion d’universalité de la culture194 » se cache en effet une appropriation transnationale – c’est-à-dire occidentale – de la souveraineté nationale. De 1970 à 1974, après le départ de John Blower, l’Américain Melvin Bolton assure le rôle d’Acting Advisor auprès de l’EWCO. Il engage un Technical Advisor britannique, deux Chief Warden américains, un biologiste de la Fauna Preservation Society de Londres et il obtient de la Zoological Society de Francfort le prêt d’un aéronef permettant d’opérer sur l’ensemble du territoire195. À la chute de l’empire, cette communauté de donateurs et de techniciens se maintient. Le WWF offre à l’administration nationale quatre voitures tout-terrain et un équipement autorisant la formation d’une « unité antibraconnage196 ». Francfort assure la maintenance de son aéronef et, en 1978, le gouvernement japonais envoie un écologue à l’EWCO197. Au milieu des années 1980, avec la famine et la guerre civile qui menacent le pays, seuls restent les universitaires suisses198. Il faut attendre 1992 pour que le WWF reprenne son activité en finançant l’Education Division de l’EWCO199. Depuis, toujours avec le WWF, l’UNDP et plusieurs pays européens, l’Autriche et la Suisse en tête, participent à l’élaboration des politiques environnementales nationales et à l’aménagement des parcs nationaux créés et à créer200.
29De cet entremêlement des pouvoirs émerge ainsi un ordre naturel et occidental. Mettant l’accent sur les « richesses naturelles » que constituent la « faune », la « flore » et les « panoramas » éthiopiens201, la première loi relative à la protection de la faune sauvage est produite par des étrangers. Juriste au bureau du Premier ministre, l’Américain Donald Paradis en recommande la rédaction au ministre de l’Agriculture en janvier 1967202 et, à sa demande, John Blower rédige une première version203. Il la transmet au responsable de l’EWCO en rappelant que « l’Unesco demande de légiférer204 ». Puis, une année et demie durant, Leslie Brown et lui-même peaufinent leur première Wildlife Policy205. Stipulant « l’importance d’agir pour une meilleure conservation de la faune sauvage et pour l’établissement de parcs nationaux », le préambule de cette politique reprend mot pour mot celui de la loi publiée en 1970 par le Journal officiel éthiopien206. L’administration nationale a seulement souligné « l’importance de se conformer aux critères internationaux207 ». Ancré dans « une action publique internationale “occidentale”208 », le patrimoine éthiopien devient le réceptacle et le transmetteur de « l’image traditionnelle d’une Afrique, lieu privilégié d’expression de la nature et non du génie des hommes209 ». À la suite de cette loi, les programmes et plans d’aménagement produits par l’EWCO associent en effet systématiquement le patrimoine naturel à un idéal de faune, de flore, de panorama et, surtout, d’espace libéré des hommes qui en menacent l’intégrité210. Les années 1980 et la remise en cause internationale de la fortress of conservation – selon laquelle la nature doit être mise à l’abri de ses occupants – n’entament en rien le processus211. Tout en revendiquant le principe de la community conservation, l’EWCO se concentre sur les « zones pouvant être reconnues patrimoine mondial212 ». Pour cela, l’Américain Jesse C. Hillman, en charge de « coordonner l’action internationale » de l’institution, veille à « accroître la sensibilisation des peuples éthiopiens » tout en « assurant la continuité des espèces sauvages dans les zones protégées » du pays213. Avec la République fédérale, le discours se fait de plus en plus participatif. L’EWCO affiche en 1995 une volonté de « réorienter son approche en se concentrant sur les populations locales214 », tandis qu’en 1997, l’Environmental Protection Authority promulgue une Stratégie nationale de conservation. Celle-ci doit « promouvoir un développement économique et social durable215 » et « renouveler les lignes directrices de la gestion nationale de la biodiversité216 ». Là encore, la norme est exogène. Exigée en 1992 des signataires de la convention sur la diversité biologique, la naissance d’une Conservation Strategy indique qu’à l’image de nombreux pays du Sud, l’Éthiopie essaie de se tailler une place honorable au sein de « la distribution asymétrique du pouvoir » qui caractérise la gestion mondiale de la biodiversité217. Il est également significatif qu’en 2007 l’État fédéral considère qu’afin de « satisfaire aux standards internationaux », les parcs nationaux doivent encore et toujours être dédiés à la conservation de la « faune sauvage » et à la préservation des « valeurs scéniques218 ».
30Entre le « métarécit du “développement durable”219 » des agences transnationales et l’« impérialisme vert220 » des anciennes puissances coloniales, la différence est ténue. L’Afrique continue d’apparaître comme un éden en voie de disparition et les populations rurales africaines continuent d’être perçues comme dévastatrices. Les États européens ont néanmoins cédé leur place aux institutions internationales et la colonisation s’est effacée derrière le paradigme de la « gouvernementalité verte221 ». Sociologues, géographes et historiens ont largement démêlé les mécanismes de ces « écologies globales » qui s’imposent au Sud comme « une nouvelle forme de gouvernance222 ». S’agissant de l’Éthiopie, l’anthropologue Alan Hoben démontre que l’absence de passé colonial ne l’empêche pas d’être sous l’influence de ces « récits néomalthusiens […], reflets de l’hégémonie des discours développementalistes occidentaux223 ». Le comparatisme apporte toutefois un élément de plus à l’analyse. De l’hybridation institutionnelle inaugurée par Hailé Sélassié a émergé, en quelques décennies, une relative confiscation de la souveraineté nationale et patrimoniale. Privé du pouvoir d’inventer la nature, l’État est amoindri dans sa capacité à inventer la nation. Il existe bel et bien un métarécit patrimonial éthiopien. Seulement, là où la France s’empare du temps des paysans pour pérenniser l’image rurale de la nation, là où le Canada recourt au temps de la nature immémoriale pour enraciner les populations dans un contexte national apolitique, l’Éthiopie compose avec un patrimoine naturel qui doit évoluer dans le temps global – et occidental – avant de pouvoir être ancré dans l’imaginaire national.
La nature dit la nation
31En matière de paysage politique, selon Kenneth Olwig, deux types de configuration sont possibles : le paysage de la « coutume », centré sur la pratique quotidienne des lieux, et celui de la « nature », décentré sur la vision des lieux saisis par l’État224. Patrimonialisés par un pouvoir venu d’en haut, les parcs nationaux font partie de la deuxième catégorie. En Éthiopie, en France, au Canada, ils sont le produit d’un travail institutionnel, matériel et symbolique répondant à la volonté étatique d’offrir à une majorité l’espace vécu d’une minorité. Tantôt naturalisé, tantôt ruralisé et parfois mondialisé, le paysage « parc national » est alors bel et bien fonction des logiques nationales qui ordonnent son façonnement.
32À Forillon, la tentative d’écrire le récit d’une nation naturelle préside à l’histoire canadienne du parc québécois. Territoire de pêche et d’agroforesterie largement distinct des espaces esseulés saisis au début du siècle par l’administration du Dominion, Forillon doit livrer une histoire similaire à celle que racontent, du Pacifique à l’Atlantique, les autres parcs nationaux du pays. Cette histoire débute dès 1971 :
La création du Parc national Forillon ajoute une dimension nouvelle au réseau des parcs nationaux parce que ce territoire renferme des caractéristiques qui ont, sur le plan national, une signification et un intérêt particulier. […] Son principal objectif est la préservation du caractère naturel du parc, et cela pour le bénéfice de tous les Canadiens225.
33Sanctionnant l’existence légale d’un patrimoine national au Québec, le pouvoir fédéral entend ainsi poursuivre son effort de nationalisation des territoires. Le caractère naturel et national de Forillon est entériné, chacune des provinces est à présent dotée d’au moins un parc national et le ministère des Affaires indiennes souligne non sans fierté l’achèvement d’un réseau de parcs « exactement représentatif du pays226 ». Après son inauguration en 1977 par le Premier ministre Pierre-Elliott Trudeau, le parc Forillon est défini par Parcs Canada comme un moyen de « prendre conscience de la valeur du patrimoine national227 » en 1978, comme un « patrimoine intact légué pour le bénéfice des générations à venir228 » en 1988, et comme l’emblème d’une « fierté nationale229 » en 1994. De façon toujours plus explicite, en 2010, le ministre de l’Environnement, Jim Prentice, érige le parc au rang de ces « lieux d’apprentissage merveilleux [qui] aident la population à mieux comprendre et apprécier le Canada230 ».
34Territoire national, ce que l’État fédéral dédie aux Canadiens est aussi, et surtout, un territoire naturel. En 1972, une fois les populations expropriées, leurs maisons brûlées et les terrains enherbés, Forillon intègre le nouveau découpage du pays en régions naturelles. Avant d’être gaspésienne, québécoise ou canadienne, la presqu’île est désormais l’agrégat préservé de la région des monts Notre-Dame et Mégantic, « région no 30 » dans l’« histoire naturelle » du Canada231. Une quinzaine d’années durant, afin de mieux en « assurer la conservation232 » et de « permettre au public de situer le parc national Forillon dans l’ensemble du réseau canadien des parcs nationaux233 », les responsables du parc s’efforcent de naturaliser l’espace. Après avoir protégé, déplacé ou réintroduit des orignaux, des cerfs, des ours, des castors ou des faucons, ils réhabilitent le couvert végétal et forestier de la presqu’île et, en 1986, ils peuvent se vanter d’offrir à la nation « l’authenticité d’un milieu […] non modifié par l’activité humaine234 ». Fort de cette réussite, Parcs Canada œuvre à la pérennisation du travail accompli. L’agence s’évertue à « maintenir […] dans un état naturel » le « paysage […] le plus spectaculaire à l’est des Rocheuses235 » et, depuis 1995, elle assure « l’intégrité écologique des écosystèmes représentatifs de la région naturelle des monts Notre-Dame et Mégantic236 ».
35Ce double processus de canadianisation de la nature et de naturalisation du Canada nécessite une refonte inédite de la mémoire des lieux. Une fois le parc Forillon légalisé, l’État fédéral affirme qu’il ne sera pas un parc comme les autres. « On s’attachera particulièrement à illustrer le mode de vie traditionnel des pêcheurs artisans. Cette dimension […] marquera un précédent dans l’histoire des parcs nationaux237. » L’objectif est clair : il s’agit de « recréer le Forillon […] de la fin du xixe siècle238 ». Pour cela, pendant une quinzaine d’années, les gestionnaires du parc agencent l’intérieur et l’extérieur des quatre habitations encore existantes239, ils entretiennent les « anciennes terres agricoles […] témoins de l’occupation humaine antérieure à la création du parc240 », ils réaménagent le long de la côte les trois havres de pêche déjà existants241 et, en 1984, ils se targuent d’avoir su « redonner un aspect humain au site242 ». Certains voient, dans cet effort pour « “recréer l’adaptation de l’homme à la nature” », la marque d’une « mentalité coloniale propre à des organismes comme Parcs-Canada […], qui commande qu’on écrase d’abord toute résistance indigène, même culturelle, à l’intérieur des “colonies” conquises243 ». L’opération est en réalité plus subtile ou, en tous les cas, plus complexe. Comme en Mauricie où a ouvert le deuxième parc québécois, l’État canadien se livre à une réinterprétation scientifique et écologique de l’espace-parc244. Puis, afin de dépolitiser le territoire pour mieux y construire la nation, Parcs Canada procède à une véritable mise en abîme de l’histoire humaine de Forillon. Dès 1973, aux côtés « d’évènements qui ont forgé la destinée de ce pays », l’agence met en avant les « forces de la nature […] qui influent sur le caractère et la culture d’un peuple245 ». Elle reconnaît ensuite aux Gaspésiens un « passé très riche et recelant un paysage harmonieux », mais elle affirme que « l’essence même de ce paysage caractéristique des monts Notre-Dame fut mise en place au Siluro-dévonien, il y a 395 millions d’années246 ». Mêlant progressivement les « paysages culturels » aux « paysages exceptionnels », elle annonce en 1988 son intention de « maintenir l’intégrité des écosystèmes », d’« assurer l’évolution naturelle des ressources du parc » et de « commémorer l’occupation humaine de Forillon247 ». Avec « ses 500 millions d’années d’histoire naturelle entremêlées à plus de 300 d’histoire humaine248 », la naturalité de la presqu’île l’emporte radicalement sur son humanité. L’histoire qui tend à séparer le Québec du Canada n’est pas ici reniée. Depuis les années 1960, face à un mouvement trop souvent impulsé par la province québécoise, l’État fédéral peine à inventer le compromis qui ancrerait les provinces, et de surcroît le Québec, dans l’imaginaire national canadien. Or, en réinventant la singularité historique d’une portion du territoire québécois, Parcs Canada peut subordonner la province à l’histoire sans borne de la nature canadienne. À tort ou à raison, tel est le récit patrimonial qu’a choisi l’État fédéral et qu’il continue, en 2010, de livrer. Multiculturel par le passé, Forillon est une « terre d’accueil unique [qui] a façonné les humains qui y ont laissé leur empreinte, des Autochtones de la paléohistoire aux derniers occupants avant la création du parc ». Haut lieu de la nation, Forillon « tel qu’il se révèlera à nos enfants » est aussi et surtout « un témoin authentique » d’une région – naturelle – canadienne249.
36Cette substitution d’une réalité anthropique à une symbolique naturelle renvoie à un contexte canadien où, contrairement à la France, selon Cole Harris, « l’histoire et les apports successifs des générations cèdent leur place à la nature ». Simplement effleurée par le géographe au cours de sa réflexion sur une nature canadienne qu’il juge encore « belle, rude et présente250 », la dissemblance tient moins à la matérialité de l’espace qu’aux finalités poursuivies par ces deux États. L’administration française doit elle aussi composer, en Cévennes, avec un territoire humanisé. Certes, son occupation est bien antérieure à celle de la presqu’île de Forillon. Le poids du temps n’incite pas pour autant l’État français à valoriser l’anthropisation des lieux. Seul le poids d’une « mémoire-patrimoine251 » d’ores et déjà en voie d’édification justifie que l’État se saisisse de la campagne et, pour reprendre son expression, du « campagnard » :
Le campagnard, dans des maisons dont le style traditionnel sera restauré, et sur des prairies et terres de parcours dont l’état d’exploitation sera maintenu, associe l’homme à la protection [sic] […]. Ainsi […] les vieux mas, leurs près et leurs terrasses doivent-ils être sauvegardés, au même titre que les déserts stériles et les fourrés les plus sauvages252.
37Préambule de la première pochette « sentiers » du parc national, ce texte inaugure un modèle du genre en matière d’invention de la tradition. « Esprit durable d’une culture » destinée à symboliser la cohésion sociale253, la tradition nationale s’empare des Cévennes au début des années 1970. En 1971, le directeur du parc, Alexis Monjauze, évoque à propos du maintien de l’écobuage et de l’activité pastorale un « phénomène qui fait rêver ». Par l’entretien des champs et des pelouses comme de l’architecture rurale, il entend faire du parc national une « capitale du souvenir, un conservatoire de l’esthétique provinciale, un objet d’art […] consacré à la double glorification du passé et de l’environnement254 ». Deux ans plus tard, les responsables du parc publient le numéro 0 de la revue Cévennes. Adoptant l’approche de leur directeur, ils qualifient les Cévennes d’« œuvre nationale » à conserver pour le « prestige national ». Ils se déclarent prêts à rendre au lieu « sa pure beauté et [à] vivifier son témoignage255 ». Comme l’écrit Eric Hobsbawm à l’égard de la production des traditions, « les exemples de manipulation les plus réussis reposent sur l’exploitation de pratiques qui font écho à un besoin ressenti […] par certains groupes constitutifs du peuple256 ». Cette élaboration d’une nature mémorielle confirme l’hypothèse. Dès 1975, le quotidien Le Monde évoque avec admiration le potentiel du parc cévenol, « peut-être l’un des lieux de dépaysement les plus recherchés de l’Hexagone » où l’on « trouvera à la fois la nature et les hommes, c’est-à-dire une campagne, un coin miraculeux qui aurait échappé à la fois au maquis et au bulldozer257 ». L’État se fait dès lors le devoir d’alimenter et de pourvoir cette demande sociale de campagne. Pour la « nature », il veille au « repeuplement animalier » du territoire258 et à la bonne « évolution des unités écologiques259 ». Pour les « hommes », il prend garde de conserver les « paysages qu’on ne peut dissocier de l’architecture260 » et de « permettre à ceux qui vivent sur ce territoire de s’y maintenir261 ».
38Durant les années 1980, le travail se poursuit. Au sein d’« unités biologiques » réhabilitées262, l’administration gestionnaire soutient l’activité agricole et entretient les pâturages, les chemins de transhumance et le bâti263. Usant progressivement du registre patrimonial, ses dirigeants accompagnent la décentralisation qui consiste, à l’échelle locale, à donner de l’autonomie aux collectivités et, à l’échelle nationale, à enrichir le patrimoine264. Ils voient dans les Cévennes « un conservatoire de riches traditions » évoluant au sein « de milieux équilibrés […] qu’il convient de gérer en bon père de famille » et, sur ce fond d’unification de la nature et de la culture, ils œuvrent « à la pérennité de paysages remarquables que la nation veut sauvegarder265 ». Les communes ayant obtenu les moyens de financer leurs propres politiques culturelles, les responsables du parc cessent de subventionner les activités du centre d’animation cévenol266. Par le biais d’une nouvelle commission culturelle, « lieu de réflexion sur la culture et l’avenir des Cévenols267 », ils affinent leur action et définissent trois domaines d’intervention. En milieux fermé et ouvert, les écomusées offrent à la population « l’explication du territoire auquel elle est attachée, jointe à celle des populations qui l’ont précédée, dans la discontinuité ou la continuité des générations268 ». Abandonnant aux départements la tâche de « consultance architecturale » dans laquelle ils étaient jusque-là impliqués269, les gestionnaires du parc mettent en œuvre une « stratégie de transmission du patrimoine » architectural. À ce titre, ils se focalisent sur des « constructions traditionnelles » comme les bancels et les ouvrages vernaculaires270. Ils se préoccupent enfin du « patrimoine ethnologique » et conduisent diverses « actions […] pour répertorier, protéger, conserver et mettre en valeur tout ce qui concerne la tradition orale, les coutumes, le patrimoine mobilier et immobilier271 ». À l’image du processus qui modèle les territoires périurbains et ruraux, la « campagne ordinaire » devient de ce fait « espace public272 ». Au cœur de cette « nostalgie régionaliste […] coextensive à l’affirmation de la nation273 », le potentiel du parc national mérite d’être souligné. En effet, non seulement l’État veut y protéger la nation en patrimonialisant les éléments susceptibles de remémorer son passé rural, mais il parvient également à faire croire à la naturalité de ce patrimoine. Au milieu de forêts entretenues et de châtaigneraies restaurées274, en un espace où les aigles et les castors font leur « retour naturel » et où les pelouses steppiques et les zones « floristiquement remarquables » demeurent275, la « diversité des milieux naturels » et les « paysages forgés de la main de l’homme » se côtoient au point de ne faire qu’un. Naturellement culturel, le seul territoire qu’offrent les Cévennes est celui que la nation installe « à l’abri des transformations qui lui feraient perdre son identité et sa valeur de témoin de la vie et du travail des générations précédentes276 ».
39Au début du xxie siècle, orienté par une « politique pour le patrimoine rural277 » puis par l’établissement public « Parcs nationaux de France278 », le récit national s’affiche de plus en plus nostalgique. L’administration responsable promeut un parc qui « possède de par sa géographie et son histoire une très forte identité » et elle s’attache à « conserver l’essentiel de sa qualité et de son authenticité279 ». Aux côtés des aides financières destinées à l’élevage du bœuf pascal et de l’agneau de parcours, « preuve vivante […] que les traditions se perpétuent », la sauvegarde de la châtaigneraie « signe l’identité des Cévennes280 », le maintien de l’agropastoralisme permet de « recréer la nature281 » et la protection des milieux contribue au « retour naturel d’espèces d’intérêt patrimonial282 ». Réinventant la ruralité d’un territoire exploité dans le passé par les communautés locales et entretenu aujourd’hui grâce à son soutien, l’État consigne les Cévennes au rang de l’identité et du patrimoine. Autrefois espace vécu, les Cévennes sont converties en « archétypes paysagers, porteurs et marqueurs de l’identité et héritage culturel précieux283 ». Si le phénomène témoigne de la vigueur de ce « retour » décrit par Bertrand Hervieu et Jean Viard, celui de la « France charnelle […], terrienne et paysanne, sauvage et naturelle, terre de plaisir et de mémoire284 », l’histoire du parc national des Cévennes suggère surtout le rôle directeur de la puissance publique. Conscient que c’est « au regard de la mémoire et de la mémoire seule que la “Nation” […] garde sa pertinence et sa légitimité285 », l’État s’ingénie à faire de la France une « nation-mémoire » et recourt, entre autres objets et artifices, aux parcs nationaux.
40Selon l’Unesco, la « tradition agropastorale » qui se perpétue en Cévennes représente une « valeur universelle exceptionnelle ». À ce titre, elle inscrit en 2011 une portion du parc national sur la Liste du patrimoine mondial286. Le contraste avec le parc national du Semēn est dès lors des plus saisissants. En 1996, vingt ans après avoir labellisé son « paysage », ses « espèces » et sa « biodiversité », l’Unesco inscrit le parc sur la Liste du patrimoine mondial en péril :
Valeur universelle exceptionnelle. […] Les menaces pesant sur l’intégrité du parc sont l’installation humaine, les cultures et l’érosion des sols, en particulier autour du village de Gich […]. Les activités agricoles et pastorales […] ont sévèrement affecté les valeurs naturelles du bien287.
41Parce que l’agropastoralisme est valorisé en France, mais déprécié en Éthiopie, là où l’Européen façonne, l’Africain détruit, et là où l’État français renforce sa légitimité, l’État éthiopien reçoit donc un blâme. Aux yeux des autorités nationales, cette sanction est toutefois « regrettable288 ». Il faut dire que depuis la fin des années 1960, les autorités éthiopiennes entendent se servir des montagnes du Semēn pour participer à l’universalisation du patrimoine qui s’étend de l’Europe à l’Amérique et, rapidement, de l’Afrique à l’Asie289. Dès 1972, après que l’UICN ait formulé une définition internationale du concept « parc national » et que l’Unesco ait adopté la convention sur le patrimoine mondial290, l’État impérial fait appel à ces deux agences. Son objectif est double. Il s’agit d’ériger le Simien Mountains en « patrimoine mondial291 » et, pour cela, il importe de le valoriser en tant que « parc national292 ». L’entreprise est couronnée de succès en 1978. À Washington, à l’occasion de sa session annuelle, l’Unesco déclare le Simien Mountains patrimoine mondial de l’humanité293. Bien décidée à rester dans les rangs des pays reconnus par la communauté internationale pour la valeur de leur patrimoine, l’Éthiopie s’efforce de promouvoir les éléments ayant justifié le classement du parc national. Par le biais d’une réglementation édictée en 1969294 puis renforcée par le Därg295 et l’EPRDF296, l’administration gestionnaire œuvre avant tout à l’accroissement des populations de walia ibex. De 150 en 1968, ils sont quelques 600 spécimens à être recensés en 2006297. Une stricte restriction des activités humaines permet aussi de faire état d’un « retour de la végétation » au début des années 1980298 et d’une progression du « couvert forestier » à la fin des années 1990299. L’administration rappelle enfin avec attention le soin porté aux « paysages du Semēn300 » et à « l’enchantement » qu’ils doivent procurer au public301. Au-delà de l’image éculée de la misère et de la famine, l’Éthiopie ordonne ainsi un patrimoine conforme aux critères internationaux. Avec un parc fait de flore mais surtout de faune, de paysages spectaculaires plutôt qu’anthropiques, l’État dispose d’une « vitrine à exposer et à vendre sur la scène internationale302 ». Tant que cette image est celle d’un patrimoine national, le pouvoir – impérial, socialiste ou fédéral – demeure nommément national.
42Choisissant d’internationaliser l’espace local pour mieux nationaliser le territoire éthiopien, l’État se retrouve cependant confronté à une universalisation du patrimoine profondément inégale. Au Canada, l’autorité fédérale mentionne régulièrement sa collaboration avec les organisations internationales. Elle évoque en 1983 la mise en place de réserves de biosphère en partenariat avec l’Unesco303 ; en 1995, elle intègre à la politique directrice du parc Forillon la stratégie mondiale de la Conservation définie par l’UICN et, en 2011, elle se félicite de l’obtention du prix Don à la terre, distinction discernée par le WWF aux institutions qui contribuent « à la protection de la planète304 ». Le regard de la communauté internationale est tout aussi peu contraignant du côté français. Si l’UICN refuse de classer les Cévennes dans sa « catégorie “Parc national” » tant que la chasse y est pratiquée305, elle sollicite volontiers leurs gestionnaires pour accueillir l’Opération « chevaux de Przewalski ». Afin de réintroduire ces chevaux sur les steppes de Mongolie, l’UICN finance dans les années 1980 l’entretien des milieux nécessaires à la bonne « évolution » de l’espèce306. L’administration du parc national français travaille également avec l’Unesco et le WWF. Avec la première, elle bénéficie du label Réserve de la biosphère307 et, avec le second, elle met en avant un sigle de renom pour attirer davantage de public dans ses gîtes Panda308. Source de prestige dans les pays du Nord, la reconnaissance internationale est en revanche source de contraintes en Éthiopie. D’une part, les responsables du parc du Semēn doivent œuvrer à la pérennisation d’un idéal de type « faune – flore – panorama ». Ils se doivent d’autre part d’enrayer un cercle vicieux de type « surpâturage – surexploitation – déforestation ». En 1970, l’Unesco recommande le « départ et la réinstallation des villageois » afin de mettre un terme à la « destruction des forêts » et des « habitats naturels309 ». Aussitôt, les autorités impériales abrogent le droit de résidence au sein du parc310 et proposent à ses occupants d’être relogés quelque six cents kilomètres plus au sud311. Sous le Därg, c’est le conseiller américain de l’EWCO, J.G. Stephenson, qui préconise « des mesures pour stopper la croissance démographique312 ». L’administration s’exécute en 1978. Elle détruit sept villages et expulse 1200 habitants313. La guerre civile l’empêche de poursuivre son effort et, quelques années après l’arrivée au pouvoir de l’EPRDF, les experts internationaux soulignent « l’impact des hommes et du bétail sur l’intégrité des ressources naturelles ». Arrivés à Addis-Abeba le 2 novembre 1996 et repartis sept jours plus tard, ils estiment qu’« étant donné les menaces actuelles et imminentes, […] le site devrait être inclus sur la Liste du patrimoine mondial en péril314 ». Le comité du patrimoine mondial entérine leur décision au mois de décembre315. Pour « restaurer le statut du parc », l’État fédéral met promptement en place une politique de « réduction de l’occupation humaine316 ». Il pénalise les bergers faisant paître leurs troupeaux317 et organise, en vain, le déplacement des résidents318. Dans un cadre défini par des logiques internationales et non, comme en France et au Canada, nationales, le récit patrimonial livré par l’Éthiopie à travers le Simien Mountains atteste une stabilité remarquable. Impériale, socialiste ou fédérale, elle doit inventer une nature nationale qui, pour être désignée comme telle, doit être de faune, de flore et de paysage et, surtout, libérée de ses occupants.
43Compte tenu de l’échec récurrent de l’entreprise, le patrimoine naturel paraît desservir la nation bien plus qu’il ne la sert. Créé pour renforcer la visibilité internationale du pays, l’existence du Simien Mountains contribue à l’adoption, recherchée et subie, d’un ordre naturel et occidental. À l’époque impériale, le WWF est aux commandes. Il dirige les premières expéditions scientifiques319, rémunère les gardiens expatriés du parc national320 et désigne les membres des Peace Corps chargés de les assister321. À l’époque socialiste, l’Unesco et les Suisses planifient la gestion du Semēn. La fondation suisse Pro Semien crée une école à Debark pour les enfants des employés322, l’Unesco subventionne la formation du personnel éthiopien au College for African Wildlife de Mweka, en Tanzanie323, et elle dépêche Hans Hurni pour rédiger le premier Management Plan du Simien Mountains324. L’Autriche rejoint ensuite l’Unesco et la Suisse. Depuis l’instauration de la République fédérale, le World Heritage Fund finance la reconstruction du parc325, le gouvernement autrichien organise le développement de la zone périphérique tout en préparant les Management Plans du Simien Mountains326 ; l’Unesco et l’UICN mandatent les experts suisses pour définir les mesures nécessaires à la réhabilitation du « statut Patrimoine mondial327 ». Pourtant rien n’y fait. Arrivés à Debark le 11 mai 2006 au soir et repartis dans la matinée du 14, ces derniers admettent que l’administration a réalisé un certain nombre de « progrès » mais déplorent son incapacité à mettre en œuvre « une réduction significative et durable de la densité de population humaine ». Selon eux, le parc est toujours « en péril328 ». Patrimonialisé pour accroître le prestige de la nation, le Simien Mountains sanctionne finalement son échec.
44Désignée mauvais élève à l’école du patrimoine mondial, l’Éthiopie demeure l’un des lieux privilégiés du discours occidental selon lequel « l’Europe a ses cathédrales préservées à travers les âges » tandis que « l’Afrique est fière de montrer ses prodigieux spectacles naturels329 ». Ainsi l’État éthiopien se retrouve-t-il le locuteur de ce métarécit environnemental. Là où les États français et canadien déclinent un discours sur la nature qui signifie la nation, il propose un patrimoine national qui peut difficilement faire sens. L’approche comparée confirme l’émergence contemporaine de deux types de parcs nationaux : ceux qui énoncent la « justice naturelle » fondée sur la construction d’une biodiversité universelle ; et ceux qui énoncent la « justice politique » fondée sur la préservation d’une identité nationale330. La comparaison indique également qu’au-delà de la matérialité des éléments humains et non humains de l’environnement les rapports sociaux à la « nature » sont bien souvent circonscrits par les rapports étatiques à la nation. L’État français cherche à parfaire la mise en mémoire de la nation et, pour cela, il fait de son parc national le symbole d’une association pluriséculaire entre le territoire et ses occupants. Pour effacer la mémoire conflictuelle de la nation, les autorités canadiennes s’évertuent au contraire à bâtir un parc national où la nature ne fait qu’annoncer la dimension éphémère des hommes. Le Simien Mountains ne procède pas d’une pareille idéologisation du territoire. S’adressant à un public international bien plus qu’à la communauté nationale, l’État éthiopien veut surtout le rendre conforme à la représentation occidentale de la « nature ».
Quand le récit national doit être réécrit
45Surplus de passé en France, manque d’histoire au Canada et déficit de sens en Éthiopie, ces manières de dire et de faire la nature perdent aujourd’hui de leur cohérence et, de plus en plus, sont remises en cause. Récentes et inachevées, « menus faits qui font la chair de la vie » et du temps présent, ces remises en cause nécessitent, pour être analysées, un vaste corpus de sources orales, sonores et visuelles331. Témoignant d’un nouvel ordre de représentations et relevant en cela du changement culturel, « création et récréation du monde » avec l’identité pour « matrice332 », les évolutions que connaît chacun des parcs nationaux suggèrent cependant une réécriture du récit patrimonial que l’on doit évoquer. Plutôt que la « fin des métarécits », sera discuté ici le renouvellement incertain des « mythes nationaux333 » : au cœur de ce processus, en Éthiopie, en France et au Canada, les parcs demeurent aussi bien les révélateurs de la narration nationale que ses instruments.
Vers l’éthiopianisation d’un patrimoine inter-national
46L’histoire du parc national éthiopien révèle la dimension subie de l’internationalisation de la nature et, pourquoi ne pas prononcer le mot ?, néocoloniale. International, le récit éthiopien demeure toutefois, aussi, national. L’EWCO confisque la gestion du parc du Semēn à l’État-Région Amhara en 2009 et, en 2012, elle annonce aux représentants de l’Unesco renoncer momentanément à l’expulsion de ses habitants. Pour être comprise, cette double affirmation de l’État fédéral nécessite un dernier retour sur l’histoire nationale de la nature éthiopienne.
47La prise du pouvoir par le Därg à l’été 1974 renforce la centralisation du pays. Hailé Sélassié a imposé l’autorité de l’État aux élites provinciales, Mengistu l’étend à l’ensemble des campagnes334. La vraie rupture est en fait idéologique. Même si le procédé est fallacieux, l’existence d’un pouvoir qui dit gouverner au nom des masses constitue un premier bouleversement. « Le bond en avant, le choc, a été énorme335. » Le renforcement de la vulgate nationaliste en représente un second. Avec pour slogan Ityopya Teqdäm*, « L’Éthiopie d’abord », l’État remplace le concept de « peuple éthiopien » introduit par l’empereur par celui de « nation éthiopienne336 ». Pour illustrer cette nation, ses dirigeants font autant appel à l’histoire, archéologique et chrétienne, qu’à la richesse patrimoniale du pays337. Dès 1978, le Därg attribue aux parcs nationaux « un rôle fondamental dans le développement de la nation338 ». Il accuse l’« ordre féodo-bourgeois » d’avoir causé « la déprédation des ressources naturelles » et décide de « prendre des actions décisives et immédiates afin de conserver, développer et administrer les ressources forestières et fauniques du pays339 ». L’argument est avant tout rhétorique. Comme au temps de l’empire, la fabrication du patrimoine est d’abord destinée à la consommation internationale. La destruction des villages du Semēn répond en 1978 aux exigences de l’Unesco340, la politique nationale de gestion de la faune est définie dix ans plus tard par un Américain341 et c’est à la demande de l’UICN et du WWF qu’est établie en 1990 une première stratégie nationale de conservation342. Les représentants du Därg justifient cette influence étrangère par un manque de budget récurrent. Ils déplorent le déficit permanent de l’EWCO343 et expliquent qu’ils ont besoin de fonds internationaux pour atteindre leurs objectifs en matière de préservation344. En réalité, l’administration socialiste consacre 43 % de son budget à la défense et pas plus de 0,2 % au tourisme345. Focalisée sur l’éthiopianisation et la villagisation des campagnes, elle entend seulement faire du patrimoine un « tremplin346 » pour consolider les assises matérielles et idéelles de son pouvoir. L’échec est patent. Suivant les directives d’experts occidentaux déconnectés des réalités éthiopiennes, le Därg enferme le patrimoine naturel dans l’espace du discours. Ainsi, en 1980, il présente le Simien Mountains comme l’un des « dix parcs nationaux pleinement développés » du pays347. Trois ans plus tard, il prévoit avec l’Unesco d’y mettre en œuvre une « stratégie touristique et éducative348 ». Aux dires du conseiller américain de l’EWCO, en 1990, cette stratégie visant au « développement » du parc est toujours d’actualité349. Le fait que le Semēn soit neuf années durant le théâtre d’une guerre civile n’est mentionné explicitement qu’en 1992350. L’entreprise patrimoniale est donc à l’image de l’édification nationale. Défenseur d’une idéologie empruntée à l’intelligentsia de gauche, l’État militaire unifie le socialisme et le nationalisme pour énoncer un « métarécit de la modernité » éthiopienne auquel personne ne croit, excepté, peut-être, une « poignée d’intellectuels351 ». Il en va de même du patrimoine naturel et du parc national du Semēn. Produits d’un récit national incohérent venu de l’extérieur, personne, sauf la communauté internationale et quelques membres de l’élite dirigeante, ne peut y croire.
48Arrivé au pouvoir en 1991, le Tigrean Popular Liberation Front s’approprie les revendications autonomistes des groupes d’opposition qu’il réunit, sous la direction de Meles Zenawi, au sein de l’Ethiopian People’s Revolutionary Democratic Front. Conscient qu’une identité « éthiopienne » rime, pour deux tiers du territoire et 50 % de la population, avec l’expansion coloniale menée par les empereurs choans pendant près d’un siècle, l’EPRDF reformule les bases de l’unité nationale352. Le parti divise l’Éthiopie en neuf États-Régions (Kellel) censés refléter un découpage ethnique et il fonde l’ordre politique sur l’identité culturelle – c’est-à-dire, en fait, sur le territoire et la langue353. La mainmise d’Addis-Abeba sur le Simien Mountains témoigne du caractère superficiel de cet ethnofédéralisme officiel, déclinaison contemporaine d’un idéal national éthiopien qui n’évolue pas, ou peu. Peuplé d’amharophones, culturellement et géographiquement proche du Tigray septentrional, le Semēn n’est jamais valorisé dans sa dimension ethnique ou régionale, bien au contraire. La République devenue fédérale, la gestion du parc revient en 1996 au Kellel Amhara, lequel se dote en 2003 d’une Parks Development and Protection Authority (PADPA)354. L’État fédéral continue néanmoins de « coordonner » le travail à accomplir au sein des parcs nationaux du pays355. Qui plus est, le budget de la PADPA dépend en grande partie de fonds fédéraux356 et, dans le Kellel Amhara comme dans les autres États-Régions, les fonctionnaires de l’administration doivent être affiliés à l’EPRDF, véritable État-parti. Au côté d’une reconnaissance de la diversité des territoires éthiopiens demeure finalement une intervention constante du pouvoir central357. Garantissant l’autonomie des régions pour mieux « maintenir la cohérence d’un ensemble national358 », l’État soutient l’éthiopianité d’une nation fondée depuis au moins sept siècles sur la fusion du « pôle amhara » et des « pôles locaux » et, depuis plus d’un siècle, sur la prééminence d’un « pôle éthiopien qui ne se réduit pas tout à la fait à la somme des deux précédents359 ». À cet effet, il mobilise notamment le patrimoine naturel. Certes, l’influence internationale perdure. Les gestionnaires du Simien Mountains ont pour seul objectif « le retrait de la Liste du patrimoine mondial en péril360 » tandis que, à l’échelle nationale, l’Environmental Protection Authority cherche à « respecter les accords internationaux361 ». Le récit patrimonial et national gagne pourtant en plus en plus cohérence. D’une part, l’État fédéral se donne les moyens de ses ambitions. En 1995 et en 2002, il double le personnel et le budget alloués aux parcs nationaux362. D’autre part, en 2007, il assigne les « zones protégées » à une « utilisation appropriée de l’espace » et précise que celles qui sont « mondialement importantes » doivent être gérées par les autorités nationales363. Cette inflexion légale est concrétisée quelques années plus tard. Le Simien Mountains réintègre officiellement le giron fédéral en 2009 et, en novembre 2012, à Addis-Abeba, lors d’une réunion regroupant les représentants de l’EWCO et de l’Unesco, l’administration éthiopienne déclare le déplacement des populations « irréalisable dans le court terme ». En lieu et place du resettlement, elle annonce la promotion d’« une approche intégrée » destinée à accroître la productivité agropastorale pour réduire les dégradations environnementales et elle réclame pour cela « davantage de soutiens financiers364 ». Ainsi le parc est-il en passe de devenir l’outil nationaliste qu’il était supposé être. À l’instar du patrimoine culturel monumental365, le patrimoine naturel servirait désormais moins la communauté internationale que cette culture éthiopienne du pouvoir qui reste amharo-tigréenne et orthodoxe mais qui se revendique aussi, depuis un siècle, nationale.
Vers la fin de la nation-mémoire française
49Contrairement à ce renforcement étatique de la dimension nationale de la nature éthiopienne, les États canadiens et français se tournent vers des réalités locales faisant davantage appel au présent et au concret qu’au symbole et au passé. En France, le modèle national s’est construit sur le registre de la nostalgie, « une forme de tristesse géographique qui associe temps et espace puisqu’elle est autant regret de l’espace d’un temps perdu que regret du temps d’un espace perdu366 ». Au moment où la nation-mémoire achève de trouver sa cohérence, les autorités nationales paraissent cependant réaliser l’inconsistance qu’il peut y avoir à investir le territoire de significations toujours plus passéistes. En 2003, elles estiment qu’un « parc ne peut vivre en marge des grandes mutations que connaît la société ». Aux dires du député du Var Jean-Pierre Giran, chargé par le Premier ministre de proposer une réforme des parcs nationaux, il importe d’« allier le local et le national », la « tradition et [l’]évolution367 ». En 2006, l’Assemblée nationale entérine le projet. Un « cœur » et une « zone d’adhésion » remplacent les zones centrale et périphérique et le parc devient un « projet de territoire traduisant la solidarité écologique entre le cœur du parc et ses espaces environnants ». La nouvelle loi fonde l’existence du parc sur l’adoption d’une « charte » rédigée par l’administration nationale et approuvée tous les douze ans par les communes, et elle assure à celles-ci une meilleure visibilité au sein de l’équipe dirigeante par le biais d’un « conseil économique, social et culturel368 ». Signe d’une reconnaissance des échelles horizontales du pouvoir et de « la crise […] des modèles bucoliques, plus ou moins périmés, des paysâges, des paysâgés [sic]369 », la réforme marque le passage d’une approche nationale et défensive à une vision contractuelle et moderniste370.
50S’agissant de la « soif patrimoniale française » née il y a de là deux siècles, « le rapport à l’histoire qui hante nos paysages » a peut-être fini « de s’artificialiser371 ». L’État a maintenu autant que faire se peut un modèle misant sur l’imaginaire national de la diversité rurale et aujourd’hui, il essaie de le réinventer. S’inspirant de l’action conduite par les acteurs locaux dans les parcs naturels régionaux372, les gestionnaires du parc des Cévennes inaugurent en 2000 un « partenariat de projet avec les collectivités373 ». Par l’élaboration de chartes validées par les représentants des communes et départements des zones centrale et périphérique, ils soutiennent une politique d’aménagement du territoire aux accents contemporains. Dans la vallée du Galeizon, au pied du mont Lozère, l’administration s’associe par exemple à l’opération Conservation-Développement menée par le syndicat du Valdonnez374. Elle y planifie la gestion des forêts de pins maritimes, aide à la rénovation des berges communales et contribue financièrement à la formation d’artisans porteurs de projets de « développement durable375 ». En 2012, elle déclare vouloir « trouver la voie d’un équilibre homme/nature renouvelé376 ». Cette démarche aux traits plus réels que « traditionnels » participe de « la promotion par l’État d’une gouvernance locale377 ». Nouveau mot d’ordre du ministère de l’Écologie en matière de parcs nationaux, l’objectif se traduit en Cévennes par la mise en œuvre concertée de projets agricoles, économiques et touristiques378. Là encore, on se situe d’abord dans l’espace du discours. L’enquête publique préalable à l’application de la charte du parc national ne s’est achevée qu’en janvier 2013. La rhétorique a tout de même changé. Sans aucun doute, le récit demeure national. Aussi le président de l’établissement public Parcs nationaux de France déclare-t-il en 2008 qu’« à un moment où le concept de Nation retrouve droit de cité dans la conscience française […], notre territoire en constitue un élément fondateur. […] Nous avons le sentiment d’être copropriétaires et comptables d’un pays hors du commun qui appartient à tous ceux qui l’aiment ». Il ajoute néanmoins que « depuis la loi de 1960, le monde a beaucoup changé » et c’est pourquoi la loi de 2006 a « introduit plus de démocratie dans le fonctionnement des parcs379 ». Comme l’annonçait Philippe Poirrier à la fin des années 1990 à propos de la politique culturelle française, c’est peut-être là « la fin de l’État jacobin » et le début du « gouvernement partagé380 ». À travers et par les parcs se lit et se dessine en tous les cas le passage « dans la douleur d’un modèle de nation à un autre, qui ne s’est pas encore trouvé », pour citer, une dernière fois, Pierre Nora381.
Vers l’historicisation de la nation canadienne
51Au Canada aussi, les parcs naturels servent à la refonte, si relative et incertaine soit-elle, du récit national. À la fin des années 1980, les autorités nationales ajoutent à leur mission de préservation de l’« intégrité écologique » une volonté de sauvegarde des « paysages culturels ». « Tournant inédit et ironique » de leur politique, ils préconisent la valorisation des communautés locales tout en conservant l’intégrité des milieux comme première priorité382. La décision de protéger « l’intégrité de certains paysages culturels » est annoncée à Forillon en 1994383 et, depuis 2001, il est question d’une « recapitalisation du Parc national […] mettant en lumière les dimensions multiethniques et ethnoculturelles de la population gaspésienne384 ». Ce discours sur la nature trouve son équivalent conceptuel dans le récit national. Catriona Mortimer-Sandilands le souligne fort bien. « Multinaturalisme » et « multiculturalisme » partagent le même objectif : « Les deux discours éloignaient les représentations nationalistes canadiennes d’un conflit franco-anglais fondateur pour les amener vers un Canada unifié dans la diversité385. » Selon l’auteur, en l’an 2000, l’affirmation légale de l’intégrité écologique386 signe le retour d’une idéologie strictement naturaliste. L’histoire de Forillon suggère qu’au contraire l’État canadien se tourne aujourd’hui plus qu’auparavant vers une unification de la nature et de la culture nationales.
52L’administration nationale opère en premier lieu ce que Roch Samson nomme un « virage autochtone387 ». Les gestionnaires du parc Forillon mentionnent au cours des années 1980 les « groupes amérindiens » autrefois présents sur la plage de Penouille388 et, durant les années 1990, ils évoquent une zone côtière où l’été, « Micmac et Iroquois […] venaient pêcher389 ». Puis, en 2006, dans la droite ligne des réformes constitutionnelles concédant aux « Premières nations » un certain droit à l’autonomie390, ils s’investissent dans « la mise en valeur de la culture mi’kmaque391 ». En 2009, la nation micmac et Parcs Canada décident de la construction d’un site dédié à la communauté amérindienne de Gespeg392 tandis qu’au sud-est de la presqu’île, l’Anse-aux-Sauvages est rebaptisée Anse-aux-Amérindiens393. Les responsables du parc amorcent alors à l’été 2010 un « virage québécois ». Dans la maison Dolbel-Roberts du secteur de Grande-Grave, ils célèbrent le quarantième anniversaire du parc en inaugurant l’exposition « Ces Gaspésiens du bout du monde », un « site commémoratif dédié en particulier aux expropriés394 ». L’année suivante, les autorités nationales encouragent le « processus de réconciliation » en présentant leurs « excuses officielles », à la Chambre des communes, aux « familles expropriées395 ». Le symbole est d’autant plus fort que le gouvernement du Québec ne s’excuse lui-même que huit mois plus tard396. Après tout, en cédant à Parcs Canada un territoire libre de droits, c’est bien l’administration québécoise qui autorisait la destruction des bâtiments de résidence et d’exploitation. Ce calendrier des excuses favorise néanmoins le « fédéralisme d’ouverture » promu depuis 2006 par le gouvernement fédéral de Stephen Harper, lequel promet de respecter légalement la spécificité des provinces canadiennes et le principe selon lequel « les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni397 ». Plus largement, l’ouverture du paysage gaspésien aux empreintes autochtones et québécoises peut faire l’objet de deux interprétations. On peut y voir l’émergence d’un « fédéralisme authentique » qui veut « sauvegarder l’unité du Canada398 » ou, inversement, une ruse du discours qui consiste à verser dans le multinationalisme symbolique pour mieux poursuivre la « vieille logique de l’État-nation399 ». Au-delà de cette polarisation historique et historiographique de la question nationale se dessine en tous les cas une permanence et une évolution. Comme le démontre Will Kymlicka, l’édifice national reste enraciné dans la négation plus ou moins vigoureuse des « nationalismes minoritaires autochtone et québécois », entités supposées s’effacer derrière le primat d’une citoyenneté nationale canadienne400. Ainsi en témoigne le maintien de l’intégrité écologique, outil scientifique destiné, à Forillon, à « augmenter le pourcentage des Canadiens et Canadiennes disant éprouver un attachement personnel aux lieux administrés par Parcs Canada401 ». L’approche selon laquelle « l’intégrité écologique occupe trop de place » par rapport à une « intégrité culturelle » à réhabiliter révèle en revanche une conversion à l’histoire certes discursive, mais significative402. Face à cette interrogation fastidieuse que constitue encore le Canada403, l’État fédéral semble aujourd’hui prendre la mesure de l’histoire humaine des communautés imaginées nationales et, surtout, de l’incapacité de la nature et de la nation canadiennes à en effacer totalement les traces.
53Quel que soit l’espace national observé, ces inflexions attestent autant de la crise contemporaine des discours étatiques et patrimoniaux que de leur force passée. Temps des prémices, le premier xxe siècle est le moment où les bornes du récit national sont précisées. Temps du métarécit, le second xxe siècle suggère l’imposition durable de ces logiques nationales. Objets génériques et conceptuels, les parcs apparaissent quarante années durant les instruments de la narration nationale. Façonnés pour signifier les contours idéels et matériels de la nation, ils favorisent la promotion d’un idéal national d’autant plus puissant qu’il semble naturel. L’entreprise revêt cependant des formes singulières. Objets historiques et contextuels, les parcs sont à la fois produits d’une matière première anthropique et fonction de la culture nationale de la nature propre à chacune des administrations responsables. Leur potentiel dépend de la capacité de l’État à formuler et à concrétiser un imaginaire national de la nature qui soit cohérent et c’est pourquoi de telles dissemblances séparent les cas canadien, français et éthiopien.
54En prise avec des institutions transnationales qui définissent et circonscrivent une nature africaine coupée des réalités, les autorités éthiopiennes usent du regard extérieur pour légitimer la nation et, rapidement, elles doivent composer avec un patrimoine inter-national n’ayant de national que sa qualité internationale. Focalisée sur la mémoire rurale et sur l’ensemble des éléments humains et non humains à même de l’illustrer, la République française œuvre pour sa part à la réinvention nationale de la France des paysans, agraire, folklorique et nostalgique. Le Canada essaie quant à lui de bâtir une nation citoyenne et apolitique. Pour cela, l’État fédéral réifie une nature vierge et atemporelle capable d’agréger la communauté autour d’un symbole savamment dépourvu d’humanité.
55À travers l’histoire naturelle du parc national se lit ainsi, au Canada comme en France et en Éthiopie, l’histoire nationale de l’instrumentalisation politique de la nature. Dépendante de la « qualité » du territoire proposé, c’est-à-dire de la cohérence du discours identitaire formulé à son propos, l’adhésion des individus n’est jamais acquise404. Rejet timide des représentations occidentales de la nature et affirmation certaine des logiques nationales éthiopiennes, remise en cause de la nation-mémoire française et incohérence du multiculturalisme national et naturel au Canada, les récits patrimoniaux et nationaux se fracturent. Aujourd’hui en voie de réécriture, ils n’ont d’ailleurs jamais été tout à fait acceptés par les minorités locales sacrifiées pour le bénéfice de la majorité.
Notes de bas de page
1 K. R. Olwig, « Reinventing Common Nature : Yosemite and Mount Rushmore. A Meandering Tale of a Double Nature », dans Cronon (dir.), Uncommon Ground…, op. cit., p. 380.
2 Voir notamment : Craig-Dupont, « Hunting, Timber Harvesting… », art. cité, p. 179-204 ; R. Rudin, « The 1st French-Canadian National Parks : Kouchibouguac and Forillon in History and Memory », Journal of the Canadian Historical Association/Revue de la Société historique du Canada, 22/1, 2011, p. 161-200 ; Thibeault, La création d’un premier parc national au Québec, op. cit.
3 Voir notamment : Basset, Aux origines du Parc national des Cévennes, op. cit. ; I. Mauz, « Comment est née la conception française des parcs nationaux ? », Revue de géographie alpine, 90/2, 2002, p. 33-44 ; Selmi, Administrer la nature, op. cit.
4 Voir notamment : McCann, « History 395… », art.cité, p. 25-29 ; Turton, « The Mursi and National Park… », art. cité, p. 169-186.
5 Castonguay, « Foresterie scientifique et reforestation », art. cité, p. 61.
6 Chastel, « La notion de patrimoine », art. cité, p. 1431.
7 J. Le Goff, « Introduction », dans Id. (dir.), Patrimoine et passions identitaires, op. cit., p. 12.
8 Voir notamment : A. Micoud, Des hauts-lieux : la construction sociale de l’exemplarité, Paris, CNRS Éditions, 1991, p. 16.
9 Guérin-Pace, « Sentiment d’appartenance… », art. cité, p. 299.
10 Guermond, « L’identité territoriale : l’ambiguïté d’un concept… », art. cité, p. 291.
11 Beauchard, « Patrimoine territorial et espace public », art. cité, p. 3.
12 « Loi no 2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux », JO, 90, 2006, p. 5682-5683.
13 PC/UGG, Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 53.
14 « Motion de l’opposition – Le Parc Forillon », Débats de la Chambre des communes, 40e législature, 3e session, 145/130, 14 février 2011, p. 8155-8156.
15 EWCO, An Integrated Approach to the Conservation of the Simien Mountains Ecosystem, 2012, n.p.
16 Hobsbawm, « Introduction », art. cité, p. 25.
17 Thiesse, La construction des identités nationales…, op. cit., p. 155.
18 Voir notamment : D. Poulot, Musée, nation, patrimoine, 1789-1815, Paris, Gallimard, 1997.
19 Chastel, « La notion de patrimoine », art. cité, p. 1433-1469.
20 L. Bobbio, cité dans D. Poulot, Une histoire du patrimoine en Occident, Paris, Puf, 2006, p. 14.
21 Gasnier, « Le local, une et divisible », art. cité.
22 P. Nora, « De la République à la Nation », dans Id., Les lieux de mémoire, op. cit., t. 1, p. 559-567.
23 P. Garcia, « Les lieux de mémoire, une poétique de la mémoire ? », Espaces Temps, 74-75, 2000, p. 22-42.
24 Walter, « Les échelles d’un imaginaire paysager européen », art. cité, p. 58-60.
25 Voir notamment : M.Agulhon, « Le sang des bêtes. Le problème de la protection des animaux en France au xixe siècle », Romantisme, 11/31, 1981, p. 94.
26 Kalaora, Savoye, « La protection des régions de montagne… », art. cité, p. 6.
27 Walter, Les figures paysagères de la nation…, op. cit., p. 271.
28 « Loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques », JO, 1345, 1980, p. 3-7.
29 « Loi du 2 mai 1930 relative à la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque », JO, 1345, 1980, p. 72.
30 Poulot, Une histoire du patrimoine…, op. cit., p. 173-174.
31 D. Harvey, Le capitalisme contre le droit à la ville. Néolibéralisme, urbanisation, résistances, Paris, Éditions Amsterdam, 2011, p. 23.
32 Guèbrè Sellassié, Chronique du règne de Ménélik II Roi des Rois d’Éthiopie, trad. de l’amharique par Tèsfa Sellasié, éd. et annotée par M. de Coppet, Paris, Librairie orientale et américaine/Maisonneuve, 1931, t. 2, p. 169, 281-282, 523-526.
33 B. Hirsch, F.-X. Fauvelle-Aymar, « Aksum après Aksum. Royauté, archéologie et herméneutique chrétienne de Ménélik II (r. 1865-1913) à Zära Yaqob (r. 1434-1468) », Annales d’Éthiopie, 17,2001, p. 60-63.
34 Bahru Zewde, A History of Modern Ethiopia…, op. cit., p. 140. Täfäri Mäkwännen conserve son titre de ras – gouverneur – jusqu’à son couronnement impérial officiel en 1930, sous le nom d’Hailé Sélassié.
35 Berhanou Abebe, Histoire de l’Éthiopie d’Axoum à la révolution, Paris, Maisonneuve et Larose/Centre français des études éthiopiennes, p. 164.
36 Bahru Zewde, A History of Modern Ethiopia…, op. cit., p. 89-131.
37 E. Sohier, Le roi des rois et la photographie, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, p. 229-255.
38 S. Pausewang, « Democratic Dialogue and Local Tradition », dans Fukui, Kurimoto, Shigeta (dir.), Ethiopia in Broader Perspective…, op. cit., p. 194.
39 Berhanou Abebe, Évolution de la propriété foncière au Choa (Éthiopie). Du règne de Ménélik à la constitution de 1931, Paris, Imprimerie nationale/Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1971, p. 210-211.
40 « Proclamation no 61 of 1944. Preservation of Game », Negarit Gazeta, 3e année, 9, 29 mai 1944, p. 91-92.
41 Voir notamment : S. Jones, « A Political Ecology of Wildlife Conservation in Africa », Review of African Political Economy, 33/109, 2006, p. 484-485.
42 Berhanou Abebe, Histoire de l’Éthiopie…, op. cit., p. 193-197. Publiant depuis 1942 l’ensemble des lois éthiopiennes, Negarit Gazeta signifie, en amharique, Journal officiel.
43 Taylor, Negotiating the Past…, op. cit., p. 4-13.
44 J. Dutour, La construction du patrimoine du Canada entre reconnaissance publique et valorisation touristique : le rôle de la Commission des lieux et monuments historiques et des organismes de tourisme canadiens (1919- 1956), thèse d’histoire dirigée par D. Poulot et L.Turgeon, université Laval/EHESS, 2009, p. 43.
45 S. Ricketts, « Cultural Selection and National Identity : Establishing Historic Sites in a National Framework, 1920-1939 », The Public Historian, 18/3, 1996, p. 23.
46 Taylor, Negotiating the Past…, op. cit., p. 32-34.
47 B. S. Osborne, « Warscapes, Landscapes, Inscapes : France, War, and Canadian National Identity », dans I. S. Black, R. A. Butlin (dir.), Place, Culture and Identity : Essays in Historical Geography in Honor of Alan R. H. Baker, Québec, Presses de l’université Laval, 2001, p. 311-333.
48 Nature served as a medium through which one might deal with the complexities of a nation in transformation, dans G.Altmeyer, « Three Ideas of Nature in Canada, 1893-1914 », dans Gaffield, Gaffield (dir.), Consuming Canada…, op. cit., p. 113.
49 The cultural identity of Canada owes much to “the wilderness”, dans K.Atkinson, « Wilderness and the Canadian Mind », British Journal of Canadian Studies, 16/2, 2003, p. 229.
50 MacEachern, Natural Selections…, op. cit., p. 40-42.
51 Apostle, The View from the Hill…, op. cit., p. 33.
52 « Loi concernant les parcs nationaux », Statuts du Canada, 4e session, 16e parlement, 33, 30 mai 1930, p. 282.
53 Ibid., p. 288-296.
54 L. Brooks, « Planning a Canadian National Park System. Progress and Problems », dans Nelson, Scace (dir.), Canadian Parks…, op. cit., p. 316.
55 L. Brooks, cité dans Thibeault, La création d’un premier parc national au Québec…, op. cit., p. 61.
56 D. Poulot, « Gloires et opprobres politiques au musée », Sociétés et représentations, 26/2, 2008, p. 197-217.
57 Hirsch, « Préface », art. cité, p. 9-13.
58 Dutour, La construction du patrimoine du Canada…, op. cit., n.p.
59 Micoud, Des hauts-lieux…, op. cit., p. 16.
60 B. Debarbieux, « Du haut lieu en général et du Mont Blanc en particulier », L’Espace géographique, 22/1, 1993, p. 6.
61 Taylor, Negotiating the Past…, op. cit., « Foreword », n.p.
62 MAINC/DPNLH, Politique des parcs nationaux, 1969, p. 2.
63 Linteau, Durocher, Robert, Histoire du Québec…, op. cit., p. 353.
64 Edwardson, Canadian Content…, op. cit., p. 16.
65 Stevenson, Unfulfilled Union…, op. cit., p. 84-85.
66 K. L. Brock, « The Politics of Asymmetrical Federalism : Reconsidering the Role and Responsibilities of Ottawa », Canadian Public Policy, 34/2, 2008, p. 143-161.
67 Palmer, Canada’s 1960s…, op. cit., p. 5.
68 MacEachern, Natural Selections…, op. cit., p. 5.
69 K.McNamee, « Preserving Canada’s Wilderness Legacy : A Perspective on Protected Areas », dans J. G. Nelson, J. C. Day, L. M. Sportza (dir.), Protected Areas and the Regional Planning Imperative in North America, Calgary, University of Calgary Press/Michigan State University Press, 2003, p. 30.
70 MAINC/DPNLH, Politique des parcs nationaux, 1969, p. 3, 14.
71 Linteau, Durocher, Robert, Histoire du Québec…, op. cit., p. 360-395.
72 ODEQ, Entente générale de coopération Canada-Québec. Le plan de développement du Bas Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine, 1968, p. 15.
73 R. Blake, « Intergovernmental Relations Trumps Social Policy Change : Trudeau, Constitutionalism, and Family Allowances », Journal of the Canadian Historical Association/Revue de la Société historique du Canada, 18/1, 2007, p. 238.
74 McRoberts, Un pays à refaire…, op. cit., p. 67-87.
75 « Entente en vue des transferts de l’administration et du contrôle de terrains relatifs à l’aménagement d’un parc national dans la presqu’île de Forillon », Greffes des ententes intergouvernementales, 12, 8 juin 1970, p. 2-4.
76 Bernier, La bataille de Forillon, op. cit., p. 201-222.
77 « Les parcs nationaux. Déclaration au sujet de l’aménagement d’un parc à Pointe-Forillon », Débats de la Chambre des communes, 28e législature, 1re session, 21 mai 1969, p. 8883-8885.
78 […] where the federal government was particularly concerned with showing the flag, dans Campbell, « Governing a Kingdom : Parks Canada », art. cité, p. 10.
79 MTP, Projet du Parc Forillon. Acquisition des Terrains. Structures de l’organisation, 1969, n.p.
80 Entente générale de coopération Canada-Québec, Forillon, 1970, p. 11.
81 Gilbert, « La nature comme légitimation », art. cité, p. 40.
82 Bahru Zewde, A History of Modern Ethiopia…, op. cit., p. 201-206.
83 C. Barnes, T. Osmond, « L’après-État-nation en Éthiopie. Changement de forme plus que d’habitudes ? », Politique africaine, 99, 2005, p. 9.
84 IEG, A Decree to Secure the Conservation of State Forests, dans EWCO/Blower, 1962, n.p.
85 EWCO, Wildlife in Ethiopia. AVanishing National Heritage, 1967, p. 1.
86 Hailé Sélassié, « Foreword », Walia, 1, 1969, n.p.
87 « Order no 54. Awash National Park Order », Negarit Gazeta, 28e année, 4, 6 janvier 1969, p. 24.
88 MA, Draft Hunting and Game Products Regulation, 1963, n.p.
89 IEG/EWCO, Big Game in Ethiopia, 1966, p. 4.
90 MA, Legal Notice. Wildlife Conservation Regulations Issued Pursuant to the Game Proclamation of 1944, 1968, p. 4.
91 « Order no 65 of 1970. Wildlife Conservation Order », Negarit Gazeta, 30e année, 4, 5 novembre 1970, p. 30-33.
92 FWCDD, A Forestry and Wildlife Development Program for Socialist Ethiopia, 1978, p. 7.
93 De J. Blower à H.E.Ato Abeba Retta, « Wildlife Conservation and National Parks », 1969, p. 4.
94 J. Blower, Memorandum on Present Plans for the Conservation and Development of Wildlife Resources in Ethiopia, 1965, p. 2.
95 Unesco, « Unesco Sends Nature Conservation Mission to Ethiopia », Press Release, 2061, 1964, n.p.
96 Grimwood, Ethiopia. Conservation of Nature…, op. cit., p. 1-2.
97 De J. Blower au Major Gizaw, « Appointment of Expatriate Game Warden », 27 décembre 1965, p. 1-2.
98 Hailé Sélassié, « Foreword », art. cité, n.p.
99 J. Markakis, Asmelash Beyene, « Representative Institutions in Ethiopia », The Journal of Modern African Studies, 5/2, 1967, p. 204.
100 C. Clapham, « Haïlé Sélassié et son temps », dans Prunier (dir.), L’Éthiopie contemporaine, op. cit., p. 128.
101 Davallon, Grandmont, Schiele, L’environnement entre au musée, op. cit., p. 37.
102 B. Hirsch, F.-X. Fauvelle-Aymar, « Cités oubliées », Journal des africanistes, 74/1-2, 2004, p. 299.
103 De J. Blower à Hailé Sélassié, « His Imperial Majesty », juin 1966, p. 3.
104 De J.Blower au Major Gizaw, « Report on a Visit to the Simien Mountains », 29 novembre 1966,p. 1.
105 J. Blower, Development of Roads and Tracks in National Parks, 1968, p. 2.
106 F.Vollmar, Conservation in Ethiopia, dans EWCO/Leslie Brown, 1969, p. 2.
107 De J. Blower à H. E.Ato Abeba Retta, « Wildlife Conservation and National Parks », 1969, p. 8.
108 « Order no 59. Simien National Park Order », Negarit Gazeta, 29e année, 4, 31 octobre 1969, p. 6.
109 J.-P. Gilly, F.Wallet, « Enchevêtrement des espaces de régulation et gouvernance territoriale. Les processus d’innovation institutionnelle dans la politique des Pays en France », Revue d’économie régionale et urbaine, 5, 2005, p. 707.
110 Nora (dir.), Les lieux de mémoire, op. cit., t. 3 Les France, p. 2219-4719. Après deux sections intitulées « La République » et « La Nation », Les Lieux de mémoire proposent une troisième partie, « Les France », laquelle met en avant la dialectique indivisibilité-divisibilité de la France contemporaine.
111 « Ordonnance no 45-2633 du 2 novembre 1945 », dans « Loi du 2 mai 1930… », art. cité, p. 67.
112 « Loi no 57-740 du 1er juillet 1957 complétant la loi du 2 mai 1930 réorganisant la protection des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque », JO, 1454/2, 1980, p. 3.
113 « Loi no 60-708… », art. cité, p. 1-2.
114 A. Selmi, « L’émergence de l’idée de parc national en France. De la protection des paysages à l’expérimentation coloniale », dans Larrère, Lizet, Berlan-Darqué (dir.), Histoire des parcs nationaux., op. cit., p. 43-56.
115 Voir notamment : J. Ozouf, M. Ozouf, « “Le Tour de la France par deux enfants” », dans Nora (dir.), Les lieux de mémoire, op. cit., t. 1, p. 277-301.
116 Voir notamment : Corbin, L’homme dans le paysage, op. cit., p. 14.
117 Lamy, « Patrimoine et culture… », art. cité, p. 52.
118 Protection de la nature, espaces naturels et institutions communes, législation et réglementation, Paris, Journaux officiels, 1998, p. 15-104.
119 « Décret no 61-1195 du 31 octobre 1961 portant règlement d’administration publique pour l’application de la loi no 60-708 du 22 juillet 1960 relative à la création de parcs nationaux », JO, 1205,1977, p. 6.
120 « Arrêté du 28 février 1962 relatif au fonctionnement du comité interministériel des parcs nationaux », JO, 1205,1977, p. 121-122.
121 Finger-Stick, Ghimire, Travail, culture et nature…, op. cit., p. 119, 169.
122 « Décret no 70-777… », art. cité, p. 67-85.
123 Y. Bétolaud, cité dans C. Reverchon, P. Gaudin, C. Reverchon, Enquête sur les origines du Parc des Cévennes (1982-1983), Florac, Parc national des Cévennes, 1983, p. 341.
124 J. Duhamel (ministre de l’Agriculture), Allocution prononcée lors de l’installation solennelle du conseil d’administration du Parc national des Cévennes à Florac le 21 décembre 1970, dans CDA/Leynaud, 1970, n.p.
125 Cornu, « Déprise agraire et reboisement… », art. cité, p. 199.
126 J.-F. Lyotard, La condition postmoderne : rapport sur le savoir, Paris, Éditions de Minuit, 1979, p. 7.
127 N. d’Almeida, B. Jalenques-Vigouroux, « Dire le développement durable », Responsabilité et environnement, 48, 2007, p. 48. Voir également : B. Jalenques-Vigouroux, Dire l’environnement : le métarécit environnemental en question, thèse de sciences de l’information et de la communication dirigée par N. d’Almeida, université Paris IV, 2006, 2 vol.
128 P. Poirrier, « Les territoires des Affaires culturelles. Le développement du partenariat entre l’État et les villes (1959-1999) », Revue historique, 301/4, 1999, p. 859-860.
129 Ory, Une nation pour mémoire…, op. cit., p. 8.
130 D. Poulot, « De la raison patrimoniale aux mondes du patrimoine », Socio-anthropologie, 19, 2006 (en ligne : http://socio-anthropologie.revues.org/753, consulté le 22 février 2012).
131 Péron, « La construction du patrimoine maritime en Bretagne… », art. cité, p. 322.
132 Charvolin, L’invention de l’environnement…, op. cit., p. 149.
133 « Loi no 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature », JO, 1454/2, 1980, p. 1.
134 « Décret no 77-1300 du 25 novembre 1977 pris pour l’application de la loi no 76-629 du 10 juillet 1976 », JO, 1454/2, 1980, p. 19.
135 Laslaz, Vanoise…, op. cit., p. 383-385.
136 MECV, 1979. Quinze ans de parcs nationaux français, 1979, p. 1, 19.
137 Les documents produits par les gestionnaires de chaque parc national français sont depuis rédigés selon une typographie et une présentation communes.
138 MECV, 1979. Quinze ans de parcs nationaux français, 1979, p. 1, 33.
139 B. Debarbieux, « Construits identitaires et imaginaires de la territorialité : variations autour de la figure du “montagnard” », Annales de géographie, 660-661, 2008, p. 105.
140 « Décret no 80-277 du 15 avril 1980 instituant un conseil du patrimoine ethnologique », JO, 1345, 1980, p. 423-427.
141 Micoud, « Des patrimoines aux territoires durables… », art. cité, p. 16.
142 Fabre, « “Ethnologie et patrimoine en Europe”… », art. cité, p. 148.
143 Nous faisons référence aux lois Defferre relatives à la répartition des droits et des compétences entre l’État et les communes, départements et régions (lois nos 82-213 du 2 mars 1982 et 83-8 du 7 janvier 1983), à la déconcentration initiée en 1985, ainsi qu’à la loi d’amélioration de la décentralisation du 5 janvier 1988.
144 A. Bensa, « Fièvres d’histoire dans la France contemporaine », dans A. Bensa, D. Fabre (dir.), Une histoire à soi : figurations du passé et localités, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2001, p. 2-4.
145 PNC, RA 1986, 1987, p. 3.
146 Id., RA 1990, 1991, p. 22.
147 Id., RA 1992, 1993, p. 24.
148 « Loi no 93-24 du 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages et modifiant certaines dispositions législatives en matière d’enquêtes publiques », JO, 7, 9 janvier 1993, p. 503.
149 PNC, RA 1994, 1995, p. 21.
150 M. Poulot, « De la clôture patrimoniale des territoires périurbains dans l’ouest francilien », Socio-anthropologie, 19, 2006 (en ligne : http://socio-anthropologie.revues.org/663, consulté le 22 février 2012).
151 PNC, Programme d’aménagement du parc national des Cévennes 2000-2006, 2000, « Annexe 1 », p. 1.
152 Aten, Guide de référence des programmes d’aménagement des Parcs nationaux, 2001, p. 17-18.
153 A. Frémont, « La terre », dans Nora (dir.), Les lieux de mémoire, op. cit., t. 3, p. 3048, 3072.
154 MAINC/PC, Manuel de planification du réseau des parcs nationaux, 1972, p. 2.
155 Id., Politique de Parcs Canada, 1979, p. 11.
156 EC, T. McMillan (ministre de l’Environnement), « Conserver et protéger ». Aperçu des modifications à la Loi sur les parcs nationaux, 1986, p. 1.
157 Secrétariat du Conseil du trésor du Canada, Programme de coordination de l’image de marque, 1990, p. 1-17 ; PC, Programme de l’image de marque de Parcs Canada, 2007, n.p.
158 PC, Principes directeurs et politiques de gestion, 1994, p. 3.
159 Taylor, « Foreword », art. cité.
160 DPN, The Kicking Horse Trail Scenic Highway from Lake Louise, Alberta to Golden, British Columbia, 1928, cité dans Apostle, The View from the Hill…, op. cit., p. 47.
161 Kaufmann, « “Naturalizing the Nation”… », art. cité, p. 689.
162 Edwardson, Canadian Content…, op. cit., p. 20.
163 Bothwell, Canada and Quebec…, op. cit., 1998.
164 Bouchard, Genèse des nations et cultures du nouveau monde…, op. cit., p. 162.
165 R. Bothwell, I. Drummond, J. English, Canada since 1945 : Power, Politics, and Provincialism, 2e éd., Toronto, University of Toronto Press, 1989, p. 438.
166 […] all other provinces have their own sense of being a political community within the Canadian federation, dans Lecours, Béland, « Federalism and Fiscal Policy… », art. cité, p. 582.
167 Lothian, Histoire des parcs nationaux du Canada…, op. cit., t. 2, p. 30-31.
168 MAINC/PC, Manuel de planification du réseau des parcs nationaux, 1972, p. 48.
169 PC, Politique de Parcs Canada, 1979, p. 37.
170 DPN, La protection du patrimoine naturel du Canada – Le réseau des parcs nationaux du Canada, 1981, p. 12.
171 PC, Politique de Parcs Canada, 1979, p. 12.
172 T. McMillan, cité dans R. C. Scace, J. G. Nelson (dir.), Patrimoine de demain, Ottawa, Parcs Canada, 1986, t. 1, p. 272, 275.
173 « Loi modifiant la Loi sur les parcs nationaux et la Loi modifiant la Loi sur les parcs nationaux », Statuts du Canada, 33e législature, 2e session, 48, 18 août 1988, p. 1229-1277.
174 EC, Projet de réseau des parcs nationaux, 1990, p. 3.
175 PC, Plan de réseau des parcs nationaux, 1997, « Préface », n.p.
176 « Loi concernant les parcs nationaux », Statuts du Canada, 36e législature, 2e session, 32, 20 octobre 2000, p. 5.
177 K. McNamee, « Combler les lacunes : créer de nouveaux parcs nationaux », The George Wright Forum, 27/2, 2010, p. 256.
178 B. de Jouvenel, La civilisation de puissance, Paris, Fayard, 1976, p. 43.
179 R. Delort, F. Walter, Histoire de l’environnement européen, Paris, Puf, 2001, p. 121.
180 Unesco, Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, Paris, Unesco, 1972, p. 1-2.
181 Bridonneau, Lalibela, une petite ville d’Éthiopie…, op. cit., p. 70.
182 Choay, L’allégorie du patrimoine, op. cit., p. 155.
183 EWCO, Fourth Five Year Plan. Second Draft, 1973, p. 2.
184 Unesco, Deuxième session. Rapport final, Washington, Unesco, 1978, p. 7.
185 Hirsch, « Préface », art. cité, p. 9.
186 M. Bolton, S. F. Request for a National Parks and Conservation Planning Project, dans EWCO/Blower, 1970, p. 4.
187 PCO, Resort Tourist Circuit in Ethiopia, dans EWCO/Blower, 1971, p. 1.
188 Ermias Bekele, Unesco, A Description of the Conservation Status and Future Outlooks of Ethiopia’s Simien Mountains, Bale Mountains, and Abijata-Shalla Lakes National Parks, 24 avril 1982, p. 43.
189 WWF, WWF Reports December 1988-January 1989, Gland, 1989, p. 11.
190 EWCO/WWF, Establishment of a Trust Fund for Ethiopia’s Protected Areas. Proceedings of a Workshop 12 & 13 January 1996, 1996, p. 1-7.
191 P. B. Henze, Histoire de l’Éthiopie. L’œuvre du temps, Paris, Moulin du pont, 2004, p. 275.
192 C. Legum, « L’Éthiopie : le nouvel allié africain de Moscou », Politique étrangère, 49/4, 1984, p. 873-881.
193 A. Gascon, « Shining Ethiopia : l’Éthiopie post-communiste du nouveau millénaire », Autrepart, 48/4, 2008, p. 148.
194 M. Parent (Président de l’International Council on Monuments and Sites), cité dans Poulot, Une histoire du patrimoine…, op. cit., p. 176.
195 [Anon.], A Summary of the External Assistance Requested and Received by the Wildlife Conservation Organization from May 1972 to December 1975, dans EWCO/Blower, 1975, p. 1-2.
196 WWF, Yearbook 1975-1976, Morges, 1976, p. 59.
197 EWCO, Annual Report, 1979, p. 18-19.
198 Hillman, Ethiopia : Compendium of Wildlife Conservation Information, op. cit., p. 13.
199 Ibid., p. 26.
200 FDRE/EPA, State of Environment Report for Ethiopia, 2003, p. 33-37.
201 « Order no 65 of 1970… », art. cité, p. 30-32.
202 De D. E. Paradis à H.E. Dedjazmatch Ghermatchew Tekle Hawariat, « Memorandum. Re : Wildlife Regulations », dans EWCO/Blower, 1967, n.p.
203 EWCO/Blower : entre juillet 1966 et février 1967, les deux hommes s’envoient au moins douze lettres, dont huit d’entre elles évoquent la préparation de la loi.
204 J. Blower, Wildlife Conservation Regulations, 1967, p. 1.
205 J. Blower, L. Brown, Declaration of Wildlife Policy, 1968, p. 1.
206 J. Blower, Draft Wildlife Conservation Order, 1969, p. 1.
207 « Order no 65 of 1970… », art. cité, p. 30.
208 V.Andrée, « Statut de la nature et nature de l’action publique environnementale », dans P.Arnould, É. Glon (dir.), La nature a-t-elle encore une place dans les milieux géographiques ?, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005, p. 117.
209 Sinou, Dispositifs et enjeux du processus de mondialisation…, op cit., p. 23.
210 Ethiopian Wildlife and Natural History Society, « Ethiopia’s National Parks », Agazen, 1, 1973, n.p. ; FWCDD, A Forestry and Wildlife Development Program…, op. cit., p. 3-5.
211 Adams, Hulme, « Conservation and Communities… », art. cité, p. 5-9.
212 EWCO, Evaluation Report on Forestry and Wildlife & Development Activities, 1981, p. 46.
213 Hillman, Ethiopia : Compendium of Wildlife Conservation Information, op. cit., p. 2.
214 MNRDEP/FARMA, Participatory Wildlife Management Workshop. Proceedings May 16-18 1995, 1995, p. 76.
215 FDRE/EPA, The Conservation Strategy of Ethiopia. Executive Summary, 1997, p. 20.
216 Ibid., t. 2, p. 57.
217 M. Hufty, « La gouvernance internationale de la biodiversité », Études internationales, 32/1, 2001, p. 5.
218 « Proclamation no 541/2007… », art. cité, p. 3740.
219 Y. Rumpala, « “Développement durable” : du récit d’un projet commun à une nouvelle forme de futurisme ? », A contrario, 14/2, 2010, p. 127.
220 R. Grove, Green Imperialism : Colonial Expansion, Tropical Island Edens and the Origins of Environmentalism, 1600-1860, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, p. 16-72.
221 T.W. Luke, « Environmentality as Green Governmentality », dans É. Darier (dir.), Discourses of the Environment, Oxford, Blackwell, 1999, p. 121-151.
222 Global ecologies […] can be seen as a new form of governance that has accompanied the rise of environmentalism, dans MacDonald, « Global Hunting Grounds… », art. cité, p. 283.
223 […] neo-Malthusian narratives […] reflect the hegemony of Western development discourse, dans Hoben, « Paradigms and Politics… », art. cité, p. 1008.
224 K. R. Olwig, « The Landscape of “Customary” Law versus that of “Natural” Law », dans K. R. Olwig, D. Mitchell (dir.), Justice, Power and the Political Landscape, New York, Routledge, 2009, p. 11-32.
225 MAINC/DPNLH, Parc national Forillon. Plan-cadre provisoire. Audiences publiques, 1971, p. 2.
226 Id., Compte rendu des délibérations de l’audience publique tenue à Gaspé (Québec) le 17 novembre 1971, 1972, t. 1, p. 1.
227 PC, Parc national Forillon. Plan directeur, 1978, n.p.
228 T. McMillan (ministre de l’Environnement), dans EC/SCP, Amendement au plan de gestion. Parc national Forillon, 1988, p. 3.
229 PC, L’avenir du parc. Révision du plan directeur, 1994, p. 7.
230 J. Prentice (ministre de l’Environnement), dans PC/UGG, Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 111.
231 MAINC/PC, Manuel de planification du réseau des parcs nationaux, 1972, p. 9.
232 PC/RQ, Parc national Forillon. Plan directeur, 1975, p. 8.
233 Id., Plan d’interprétation. Parc national Forillon, 1976, p. 95.
234 Id., Activités et organisation du service de conservation du Parc national Forillon, 1986, p. 7.
235 EC/SCP, Projet de réseau des parcs nationaux, 1990, p. 4.
236 Id., Parc national Forillon. Plan directeur, 1995, p. 12.
237 MAINC/DPNLH, Parc national Forillon. Plan-cadre provisoire. Audiences publiques, 1971, p. 3.
238 PC, J. Simard, Inventaire des documents figurés du Parc national Forillon, 1971, p. 2.
239 PC, Parc national Forillon. Plan directeur, version abrégée, 1979, p. 12.
240 PC/RQ/SCRN, Plan de gestion des terres agricoles en friche. Parc national Forillon, 1983, p. 1.
241 PC/SP, Parc national Forillon. Révision du plan de gestion, 1985, p. 6.
242 PC/RQ, R. Gauthier, Parc historique national Forillon, Anse-Blanchette, 1984, p. 20.
243 L. Naud, « L’impact culturel des parcs fédéraux », Le jour, dans CSQ/Revue de presse 3671-F/4, 1er mai 1974.
244 Craig-Dupont, « Hunting, Timber Harvesting… », art. cité, p. 190-198.
245 PC, Éléments d’informations. Parc national Forillon, 1973, p. 4.
246 Id., Secteur d’aménagement de Grande-Grève, 1981, p. 3.
247 EC/SCP, Amendement au plan de gestion. Parc national Forillon, 1988, p. 10-24.
248 PC/RQ/SP, Parc national Forillon. Plan directeur, 1975, p. 35.
249 PC/UGG, Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 33.
250 Harris, « Le Canada et la nature… », art. cité, p. 267.
251 Nora, « La nation-mémoire », art. cité, p. 22.
252 PNC, Les sentiers, 1971, prospectus.
253 Lenclud, « La tradition n’est plus… », art. cité, p. 15.
254 A. Monjauze, « Un parc national adapté aux vieilles civilisations », Options méditerranéennes, 9, 1971, p. 88-89.
255 PNC, Cévennes. Revue du parc national des Cévennes, 0, 1973, p. 4.
256 E. Hobsbawm, « Production en masse des traditions et traditions productrices de masses : Europe, 1870-1940 », dans Hobsbawm, Ranger, L’invention de la tradition, op. cit., p. 320.
257 M.Ambroise-Rendu, « La campagne s’est réfugiée dans les Cévennes », Le Monde, dans CDA/ Dossiers de presse I, 24 mai 1975, p. 19.
258 PNC, Programme d’aménagement 1976-1981, 1976, p. 1.
259 Id., Projet de programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 102.
260 Id., Programme d’aménagement 1976-1981, 1976, p. 17.
261 Id., RA 1978, 1979, p. 34.
262 Id., Programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 98.
263 Id., RA 1983, 1984, p. 6 ; Id., RA 1988, 1989, p. 23.
264 M.Agulhon, La République, t. 2, 1932 à nos jours, 3e éd., Paris, Hachette, 1997, p. 413.
265 PNC, Projet de programme d’aménagement 1981-1985, 1980, p. 10, 37.
266 Id., RA 1983, 1984, p. 2.
267 Id., Cévennes. Revue du parc national des Cévennes, 40, 1989, Les gens d’ici…, p. 2.
268 Id., Programme d’aménagement 1986-1990, 1986, p. 45.
269 Id., RA 1983, 1984, p. 26.
270 Id., RA 1985, 1986, p. 20-36.
271 Id., Programme d’aménagement 1986-1990, 1986, p. 57.
272 A. Micoud, « La campagne comme espace public ? », Géocarrefour, 76/1, 2001, p. 71.
273 J. Revel, « La région », dans Nora (dir.), Les lieux de mémoire, op. cit., t. 2, p. 2927.
274 PNC, RA 1983, 1984, p. 21.
275 Id., RA 1990, 1991, p. 3 ; Id., RA 1994, 1995, n.p.
276 Id., Programme d’aménagement 1986-1990, 1986, p. 43.
277 Chiva, Une politique pour le patrimoine culturel rural, op. cit., p. 2.
278 « Loi no 2006-436 du 14 avril 2006… », art. cité, p. 5687.
279 PNC, Programme d’aménagement 1994-1999, 1994, p. 2.
280 Id., Les authentiques du parc. Gérer ensemble l’espace et valoriser l’authentique, 1995, n.p.
281 Id., RA 1997, 1998, p. 3.
282 Id., RA 2001, 2002, p. 7.
283 Id., Programme d’aménagement du parc national des Cévennes 2000-2006, 2000, p. 44.
284 Hervieu, Viard, Au bonheur des campagnes…, op. cit., p. 7.
285 Nora, « La nation-mémoire… », art. cité, p. 2214.
286 « Les Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agropastoralisme méditerranéen » (en ligne : http://whc.unesco.org/fr/list/1153, consulté le 28 septembre 2012).
287 « Parc national du Simien » (en ligne : http://whc.unesco.org/fr/list/9, consulté le 28 septembre 2012).
288 De B.Von Droste (WHC Director) à Mulugeta Eteffa (Ambassador Permanent Delegate), « Re : Stakeholders and Donors Meeting – Simen National Park World Heritage site, Ethiopia », dans SMNPD/Archives, 21 janvier 1998, courrier électronique.
289 J. Milian, E. Rodary, « Les parcs nationaux dans le monde, un aperçu cartographique », dans S. Héritier, L. Laslaz (dir.), Les parcs nationaux dans le monde. Protection, gestion et développement durable, Paris, Ellipses, 2008, p. 40-41.
290 M.-C. Cormier-Salem, B. Roussel, « Patrimoines naturels : la surenchère », La Recherche, 333, 2000, p. 106-110.
291 WWF, Yearbook 1973-1974, Morges, 1974, p. 130.
292 De P. D. Stracey au général Mebratu, « Mr. Hammersley’s Note on Simien », dans EWCO/Blower, 22 février 1972, p. 1.
293 Unesco, Deuxième session. Rapport final, Washington, Unesco, 1978, p. 7.
294 « Order no 59… », art. cité, p. 6.
295 MA/FWCDD, A Development Plan for Wildlife Conservation, 1980, p. 26.
296 G. Debonnet, L. Melamaria, B. Bomhard, Reactive Monitoring Mission to Simien Mountains National Park Ethiopia, 10-17 May 2006, 2006, p. 13.
297 Unesco, Mission Report from Simen Mountains National Park, 2006, p. 14.
298 Ermias Bekele, Unesco, A Description of the Conservation Status…, op. cit., p. 12.
299 Ludi, Simen Mountains Study 2004…, op. cit., p. 22.
300 De Gizaw Gedlegeorgis à J. Blower, « Investment Project », décembre 1966, p. 1.
301 PMGSE, Management Planning Considerations for the Simien Mountains National Park and Proposals for the Integrated Rural Development of the Simien Highlands, 1983, p. 5.
302 Bridonneau, Lalibela, une petite ville d’Éthiopie…, op. cit., p. 229.
303 PC, Politique de Parcs Canada, 1983, p. 12.
304 Id., « 100 ans/years 1911-2011 », La Revue Parcs Canada, 2011, Édition du centenaire, p. 1.
305 Vourc’h, Pelosse, La chasse en Cévennes lozériennes…, op. cit., p. 5.
306 PNC, RA 1983, 1984, p. 17.
307 Id., RA 1985, 1986, p. 50.
308 Id., RA 1994, 1995, p. 18-19.
309 De J. Blower au Major Gizaw, « Board Meeting », 22 février 1969, p. 2.
310 « Regulations Issued Pursuant to the Game Proclamation of 1944 and the Wildlife Conservation Order of 1970 », Negarit Gazeta, 19 janvier 1972, 31e année, 7, p. 37.
311 L. Brown, A Report on the Wildlife Situation in Ethiopia, dans EWCO/Leslie Brown, 1975, p. 3.
312 EWCO, J. G. Stephenson, An Appraisal of the Current State of the Wildlife of Ethiopia with a Resultant Recommendation on the Banning of Sport Hunting, 1978, p. 1.
313 PMGSE, Management Planning Considerations for the Simien…, op. cit., p. 9.
314 WHC/Unesco, Technical Mission to Ethiopia on Simien Mountains National Park and World Heritage Site 2-9 November 1996, 1996, p. 33.
315 Unesco, Vingtième session, Mérida, Unesco, 1996, p. 32.
316 FDRE/EPA, Environmental Policy, 1997, p. 18.
317 De Berhanu Gebre Mohammed à ANRS/Bureau of Agriculture, « Submission of Conservation Status Report of SMNP », dans SMNPD/Archives, 21 décembre 1995 (cal. éth.).
318 De Yisak Yiman à SMNPD, « Work Report », ibid., 13 octobre 2001 (cal. éth.).
319 J. Blower, Proposals for the Development of the Simien Mountains National Park, 1968, p. 2.
320 WWF, Conservation Programme 1972-1973, Morges, 1971, p. 19.
321 EG, Fourth Five Year Plan. Second Draft, 1973, p. 55.
322 G. Sprecher, « Introduction », dans Messerli, Aerni (dir.), Simen Mountains…, op. cit., p. 7.
323 Ermias Bekele, Unesco, A Description of the Conservation Status…, op. cit., p. 45.
324 MA/EWCO, Management Plan, SMNP and Surrounding Rural Area, 1986, p. IV.
325 De Ethiopian National Agency for Unesco à Unesco, « Subject : Rehabilitation of Simen Mountains National Park (SMNP) World Heritage Fund », dans SMNPD/Archives, janvier 1997, n.p.
326 ANRS, F. Falch, M. Keiner, SMNP Management Plan, 2000, p. 6 ; ANRS/PADPA/IDP, Simen Mountains National Park Management Plan, 2006, p. 41.
327 De B. Bomhard (UICN) à Mulugeta Woubshet (PADPA Manager), « Subject : SMNP Management Plan », dans SMNPD/Archives, 25 octobre 2006, courrier électronique ; H. Hurni, E. Ludi, « Comments on Management Plan, Simen Mountains National Park (Draft of September 2006) », ibid., courrier électronique.
328 Debonnet, Melamaria, Bomhard, Reactive Monitoring Mission…, op. cit., p. 6-7.
329 J.Verschuren (Parc national du Congo, 1963), cité dans Neumann, Imposing Wilderness, op. cit., p. 34.
330 G.Taff, « Conflict between Global and Local Land-Use Values in Latvia’s Gauja National Park », dans Olwig, Mitchell (dir.), Justice, Power and the Political Landscape, op. cit., p. 140. L’auteur distingue les concepts de natural justice et de political justice.
331 D.Veillon, « Le quotidien », dans Institut d’histoire du temps présent, Écrire l’histoire du temps présent. En hommage à François Bédarida, actes de la journée d’études de l’IHTP, 14 mai 1992, Paris, CNRS Éditions, 1993, p. 316.
332 N. Séguin, « Quelques considérations pour l’étude du changement culturel dans la société québécoise », dans G. Bouchard (dir.), La construction d’une culture. Le Québec et l’Amérique française, Sainte-Foy, Presses de l’université Laval, 1993, p. 214.
333 M.Vautier, « Les métarécits, le postmodernisme et le mythe postcolonial au Québec. Un point de vue de la “marge” », Études littéraires, 27/1, 1994, p. 57.
334 Bahru Zewde, « Introduction », dans Bahru Zewde, Pausewang (dir.), Ethiopia. The Challenge…, op. cit., p. 10.
335 G. Prunier, « La révolution éthiopienne et le régime du Derg », dans Id. (dir.), L’Éthiopie contemporaine, op. cit., p. 151.
336 Omar Osman Rabeh, « La révolution éthiopienne et le problème des nationalités dans la Corne de l’Afrique : Somalie occidentale et Érythrée », dans J.Tubiana (dir.), La Révolution éthiopienne comme phénomène de société, Paris, L’Harmattan, 1990, p. 96.
337 Donham, Marxist Modern…, op. cit., p. 13.
338 FWCDD, A Forestry and Wildlife Development Program…, op. cit., p. 28.
339 « Proclamation no 192 of1980. Forest and Wildlife Conservation and Development Proclamation », Negarit Gazeta, 39e année, 17, 5 septembre 1980, p. 133.
340 PMGSE, Management Planning Considerations for the Simien…, op. cit., p. 9.
341 EWCO, J. C. Hillman, Action Plan-Wildlife Management, 1988, p. 1.
342 EG/UICN, National Conservation Strategy, 1990, « Foreword », n.p.
343 MA/FWCDD, A Development Plan…, op. cit., p. 2.
344 Unesco, Wildlife Management in Sub-Saharan Africa, Rome, Unesco, 1987, p. 475.
345 Frost, Shanka, « Perception of Ethiopia… », art. cité, p. 349.
346 A. Ouallet, « Affirmations patrimoniales au Mali : logiques et enjeux », dans P. Cosaert, F. Bart (dir.), Patrimoines et développement dans les pays tropicaux, Bordeaux, Dymset, 2003, p. 302.
347 MA/FWCDD, A Development Plan…, op. cit., p. 8.
348 PMGSE, Management Planning Considerations for the Simien…, op. cit., p. 12.
349 EWCO/J. C. Hillman, Wildlife Conservation Areas. Summary Sheets, 1990, p. 35.
350 De Berihun Gebremedhin à SMNPD, « Regarding the Building of Camp Sites », dans SMNPD/ Archives, 6 décembre 1985 (cal. éth.).
351 Donham, Marxist Modern…, op. cit., p. 127. L’auteur évoque un metanarrative of modernity » compréhensif « by only a handful of intellectuals.
352 Pausewang, « Democratic Dialogue and Local Tradition… », art. cité, p. 188.
353 S.Vaughan, « Identité ethnique et fédéralisme en Éthiopie du Sud », Politique africaine, 99, 2005, p. 22-25. L’auteur cite la Constitution de 1995 qui réfère aux Nations, nationalities and peoples.
354 « Proclamation no 96/2003. The Amhara National Regional State Parks Development and Protection Authority Establishment Proclamation », ZIKRE HIG, 9e année, 8, 23 décembre 2003, p. 1.
355 FDRE/EPA, The Conservation Strategy of Ethiopia, 1997, t. 1, p. 56.
356 Unesco/UICN/WHC, E. L. Edroma, K. S. Hillman, Monitoring Mission Report to Simen Mountains National Park and World Heritage Site, Ethiopia : 9th-14th April 2001, 2001, p. 9.
357 Assefa Fiseha, « Theory versus Practice in the Implementation of Ethiopia’s Ethnic Federalism », dans D.Turton (dir.), Ethnic Federalism. The Ethiopian Experience in Comparative Perspective, Oxford, James Currey, 2006, p. 147.
358 Planel, « Du centralisme à l’ethnofédéralisme… », art. cité, p. 87.
359 Id., La chute d’un éden éthiopien, Paris, IRD Éditions, 2008, p. 24.
360 De Mulugeta Woubshet à SMNPD, « Regarding the Report by Unesco Experts », dans SMNPD/ Archives, 4 avril 1999 (cal. éth.).
361 FDRE/EPA, State of Environment Report for Ethiopia, 2003, p. 104-107.
362 MNRDEP/FARMA, Participatory Wildlife Management Workshop…, op. cit., p. 8 ; EWCO, Seyoum Mengistu, Abebe Getahun, The Wildlife Conservation Areas of Ethiopia : Current Status and Future Prospects, 2002, p. 86.
363 « Proclamation no 541/2007… », art. cité, p. 3734, 3737.
364 EWCO, An Integrated Approach to the Conservation…, op. cit., 2012, n.p.
365 Bridonneau, Lalibela, une petite ville d’Éthiopie…, op. cit., p. 317-321.
366 P. Gervais-Lambony, « Nostalgies citadines en Afrique Sud », EspacesTemps.net, 2012 (en ligne : http://www.espacestemps.net/articles/nostalgies-citadines-en-afrique-sud/, consulté le 24 janvier 2013).
367 Giran, Les parcs nationaux…, op. cit., p. 27, 30.
368 « Loi no 2006-436 du 14 avril 2006… », art. cité, p. 5682-5685.
369 Roger, Court traité du paysage, op. cit., p. 113.
370 Voir notamment : Berlan-Darqué, Kalaora, « Du pittoresque au “tout-paysage” », art. cité, p. 185-195.
371 M.Augé, Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, p. 89.
372 « Loi no 93-24 du 8 janvier 1993… », art. cité, p. 503.
373 PNC, Programme d’aménagement du parc national des Cévennes 2000-2006, 2000, p. 82-83.
374 Id., RA 2002, 2003, p. 29.
375 Id., RA 2004, 2005, p. 28.
376 Id., Parc national des Cévennes. Réserve de biosphère des Cévennes. Paysage culturel des Causses et des Cévennes. Charte, 2012, p. 21.
377 « Arrêté du 23 février 2007 sur les “principes fondamentaux” applicables à l’ensemble des parcs nationaux français », JO, 82, 6 avril 2007, p. 6509.
378 PNC, Contrat d’objectifs État-Établissement Public du Parc national des Cévennes. 2007-2009, 2007, p. 6.
379 Giran, Les parcs nationaux…, op. cit., p. 3.
380 Poirrier, « Les territoires des Affaires culturelles… », art. cité, p. 871.
381 P. Nora, « Le nationalisme nous a caché la nation », Le Monde, 18 mars 2007.
382 Parks Canada found itself defining not one but two core paradigms for park management : Cultural landscapes and ecological integrity. It was a new and ironic twist on an historical duality, dans Campbell, « Governing a Kingdom : Parks Canada », art. cité, p. 11.
383 PC/RQ, Parc national Forillon. Programme de collection, 1994, p. 11.
384 PC/PNF, B. Violette, La Gaspésie ethnoculturelle dans la péninsule de Forillon, 2001, n.p.
385 [Multinaturalism and multiculturalism discourses] both shifted Canadian nationalist representations away from a foundational French-English conflict toward a Canada unified in diversity, dans Mortimer-Sandilands, « The Cultural Politics of Ecological Integrity… », art. cité, p. 174-178.
386 « Loi concernant les parcs nationaux », Statuts du Canada, 36e législature, 2e session, 32, 20 octobre 2000, p. 5.
387 Samson, « Nature et culture dans les parcs nationaux… », art. cité, p. 196.
388 PC/PNF, Plan de mise en valeur de la zone marine, 1980, p. 34.
389 EC/SCP, Projet de réseau des parcs nationaux, 1990, p. 81 ; PC/Ethnoscop, Étude de potentiel et inventaire archéologiques. Vallée de l’Anse-au-Griffon, 1995, p. 59.
390 F. Houle, « Des identités nationales dans le régime fédéral canadien », dans Andrew (dir.), Dislocation et permanence…, op. cit., p. 236-237.
391 PC/UGG, Parc national du Canada Forillon. Document de consultation publique. Plan directeur préliminaire, 2006, p. 75.
392 Id., Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 81.
393 Ibid., p. 25.
394 Ibid., p. 63.
395 « Motion de l’opposition – Le Parc Forillon », Débats de la Chambre des communes, 40e législature, 3e session, 145/130, 14 février 2011, p. 8155.
396 « Motion sans préavis. Présenter des excuses officielles aux expropriés de Forillon », Journal des Débats de l’Assemblée nationale, 39e législature, 2e session, 42/52, 20 octobre 2011, p. 2960-2964.
397 S. Harper, cité dans A. Noël, « Fédéralisme d’ouverture et pouvoir de dépenser au Canada », Revista d’Estudis Autonòmics i Federals, 7, 2008, p. 11.
398 A. Bernard, « Le système politique canadien et ses particularités », dans A. Faure, R. Griffiths (dir.), La société canadienne en débats. What Holds Canada Together ?, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 50.
399 […] the old logic of the nation-state, dans Caron, Laforest, « Canada and Multinational Federalism… », art. cité, p. 29.
400 W. Kymlicka, La voie canadienne. Repenser le multiculturalisme, Montréal, Boréal, 2003, p. 213-234.
401 PC/UGG, Parc national du Canada Forillon. Plan directeur, 2010, p. 16.
402 Ibid., p. 93.
403 Palmer, Canada’s 1960s…, op. cit., p. 429. Selon l’auteur, what Canada is remains a vexing, seemingly unanswerable, project of interrogation.
404 Gervais-Lambony, Territoires citadins…, op. cit., p. 104.
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