De la règle de saint Benoît à la pratique réglementaire pénitentielle chez les bénédictins et bénédictines des xvie-xixe siècles : traductions, relectures et interprétations
p. 189-211
Résumés
La réglementation en termes de fautes et de pénitences a longtemps été négligée par les historiens du monachisme moderne. Pourtant, les documents normatifs produits par les réformateurs et réformatrices bénédictins dans ce domaine sont loin d’être négligeables. Dans leur esprit, ces textes sont fidèles à la règle, mettant en valeur une graduation des fautes et une volonté d’adapter des formules générales aux individus fautifs. En mettant en perspective la responsabilité des supérieurs dans ce domaine, ces textes et ces commentaires en font un des fondements de l’équilibre communautaire tant en milieu masculin que féminin. De même, ils révèlent les difficultés que les communautés, de tout temps, ont eues pour résoudre les problèmes posés par les religieux désignés comme « rebelles, opiniâtres, fugitifs et apostats ».
The rules and regulation when it comes to mistakes and penitence has long been neglected by historians of modern monasticism. However, normative documents produced by Benedictine reformers in this area are far from negligible. In their minds, these texts are faithful to the Rule, highlighting a scale by which faults are measured and a willingness to apply a general and standard rule to faulty individuals. By putting the prime responsibility of the leadership in perspective, these texts and comments are a cornerstone of community balance both in male and female contexts. Similarly, they reveal the difficulties that communities at all times have had to solve problems posed by religious designated as “rebels, stubborn, fugitives and apostates.”
Texte intégral
1Inutile de dire que, au sein du monachisme bénédictin d’héritage médiéval, la période moderne se traduit par une production normative très importante. Les textes réglementaires parmi lesquels on peut compter les commentaires de la règle, les statuts, les déclarations et les constitutions sont d’autant plus nombreux que la réforme des réguliers est dynamique, qu’elle touche tant les hommes que les femmes. On peut donc considérer que toute nouvelle congrégation bénédictine, toute réforme imposée à un monastère se traduisent à plus ou moins brève échéance par la publication de constitutions, placées à la suite de la règle elle-même.
2Il faut aussi bien considérer que si les monastères bénédictins masculins, en France en particulier, sont pour l’essentiel réunis en congrégation (Chezal-Benoît, congrégation de Saint-Vanne, congrégation de Saint-Maur…), les couvents féminins sont le plus souvent indépendants et soumis à l’ordinaire, avec deux exceptions notables cependant, celui des bénédictines de Notre-Dame du Calvaire, fondé par le père Joseph, autour de 1617-1621, et celui des bénédictines de l’Adoration perpétuelle du Très Saint-Sacrement, institué par Catherine de Bar (1614-1698) à Paris, en 1652-16531. Dans tous les cas ou presque, la congrégation ou, côté féminin, l’abbesse réformatrice a à cœur de fixer les cadres juridico-spirituels de l’entreprise réformatrice, selon deux modalités ou finalités : redonner à lire la règle et fournir les éléments nécessaires à en adapter les principes aux contextes religieux, politique, économique et social.
3En milieu féminin, ces textes, longtemps mûris puis revus et corrigés, souvent par les supérieurs masculins, sont édités au nom de l’abbesse réformatrice, de son vivant ou, comme une sorte d’hommage, après sa mort, de manière à ancrer la réforme dans la communauté, au-delà du seul charisme de l’abbesse.
4La dizaine de documents ici utilisés peuvent être considérés comme représentatifs de l’importance de la question de la faute, de la pénitence et des difficultés que les religieux et les religieuses ont lorsqu’il s’agit d’aborder et de régler ces questions délicates qui déterminent l’équilibre communautaire. Il s’agit des statuts dressés par l’évêque de Paris, Étienne Poncher, au début du xvie siècle2, pour les bénédictines du diocèse de Paris, des constitutions des bénédictines de Notre-Dame-de-Consolation, rue du Cherche-Midi à Paris, publiées par Marie Éléonore de Rohan, abbesse de Malnoue, en 16873, des constitutions des bénédictines du Saint-Sacrement, publiées en 1850 mais s’inspirant largement de textes de la fin du xviie siècle4, restés en partie manuscrits, des déclarations sur la règle publiées par la congrégation de Saint-Vanne en 16795, des commentaires de la règle de dom Philippe François, du début du XVIIe siècle6, de l’abbé de Rancé7 et enfin de dom Augustin Calmet, publiés en 17348.
5La question de la réglementation en ce domaine est un des révélateurs de la vitalité monastique. Parler de la privation de l’office choral ou du réfectoire commun, de la prosternation au moment du passage de la procession d’entrée au chœur ou du fait de manger à terre au réfectoire implique nécessairement l’existence d’une communauté et d’une vie commune effective, ce qui n’est pas le cas dans nombre de monastères non réformés ni même dans la plupart des prieurés conventuels clunisiens, ne réunissant bien souvent qu’un à trois religieux. Comme le dit dom Calmet9, un monastère ne peut pas être jugé « déréglé » s’il y a des fautes commises, mais seulement si le supérieur n’y a pas « soin d’y corriger les fautes qui s’y commettent ». Preuve en est que la réglementation prévue, relayée par le supérieur dans un espace communautaire, constitue donc bien un des aspects de la dynamique réformatrice monastique.
L’échelle des fautes
6Des statuts d’Étienne Poncher pour les moniales bénédictines de l’évêché de Paris, au seuil de la modernité, aux constitutions des bénédictines du Saint-Sacrement, en 1850, on ne cesse de classer les fautes à la suite de Benoît de Nursie. Cependant, il semble que, du côté féminin, on liste de façon parfois très détaillée les fautes, plus encore au xixe siècle, selon une graduation dont la gravité extrême est représentée par la notion de « scandale public ».
7En voici deux exemples, l’un de la fin du xviie siècle, l’autre des années 1850. Le premier est tiré des constitutions des bénédictines de Notre-Dame-de-Consolation à Paris, publiées en 1687. Ce volume est d’autant plus intéressant que la constitution listant les fautes et les peines, très précise, est séparée et mise en fin de volume pour éviter qu’elle ne soit diffusée aussi largement que les constitutions elles-mêmes :
« On a jugé à propos de séparer ce dernier chapitre du reste des Constitutions parce qu’on a résolu de les laisser au public, croyant qu’elles pourront peut-être y être utiles à la gloire de Dieu et qu’on n’a pas cru qu’il fût à propos que tout le monde pût voir ce détail des fautes et des corrections. C’est pourquoi on lèvera tous les exemplaires de ce dernier chapitre et on ne le reliera dans aucun livre des constitutions, excepté dans ceux qui seront pour l’usage des sœurs. »
8Cette constitution supplémentaire est annoncée à la fin de la constitution sur le 24e chapitre. Son existence n’est donc pas inconnue des lecteurs extérieurs, ce qui permet aussi sa diffusion prudente mais réelle. La liste des différentes fautes et des pénitences qui y correspondent est nécessaire pour une raison pratique liée à la gouvernance de la supérieure qu’il convient d’aider. De leur côté, les sœurs elles-mêmes y trouvent ainsi une aide précieuse dans leur propre cheminement monastique quotidien, aussi bien spirituel que comportemental. Cette constitution permet deux choses : « donner plus de facilité à connaître la grandeur des fautes que l’on commet », et faire en sorte que « la supérieure puisse plus aisément donner des pénitences qui leur soient proportionnées ».
9Quatre espèces de fautes sont distinguées : les « fautes légères », le « degré des fautes un peu plus importantes », les « fautes plus grièves » et, enfin, les « fautes très grièves ». Cette graduation reprend ou plutôt interprète les chapitres 23 à 30, 45 et 46 de la règle en systématisant toute une tradition médiévale et moderne mêlant relecture de la règle, commentaires et usages.
10Pour les premières (liste en annexe), le texte se réfère aux fautes évoquées dans la règle aux chapitres 45 et 46 lorsqu’il s’agit d’évoquer les erreurs faites à l’oratoire ou lors des activités quotidiennes, par inattention ou inadvertance et sans aucune volonté de nuire. En effet, ce qui caractérise ce premier degré est l’absence de volonté. Ces fautes sont commises « sans réflexion, par légèreté, inapplication, oubli ou ignorance ». Elles n’en sont pas pour autant à négliger car elles contiennent en elles des attitudes ou des faits de négligence qui peuvent porter à conséquence, ce que le texte de la constitution signale en disant : « Ce qui nous doit faire remarquer quelle perfection et quelle pureté de conscience notre glorieux Père demande de ses enfants, puisqu’il ne veut pas qu’ils laissent passer le moindre défaut sans le purifier par la pénitence et l’humiliation. » En effet, le texte précise que « si une sœur tombe ordinairement dans quelqu’une de ces fautes, elle doit être punie plus sérieusement ». Ces fautes concernent le défaut de promptitude dans l’obéissance, la modestie extérieure, la discrétion, le silence et le respect mutuel. Elles sont corrigées, si la supérieure le juge nécessaire, par quelques pénitences privées ou publiques.
11Dans le cas du second degré de fautes (voir annexe), intervient la volonté à laquelle s’ajoutent la négligence et l’habitude. La nature des fautes reste donc à peu près la même, avec une mention particulière pour l’ensemble des relations avec les autres moniales. Ce sont en quelque sorte les premières fautes graves dans la mesure où elles révèlent aussi la désobéissance, l’amour propre, les failles dans le rapport au monde, mais aussi l’absence de volonté de combattre ses erreurs. Les pénitences sont plus accentuées et la pratique de la discipline en public ou en privé peut être ordonnée.
12Vient ensuite le degré des fautes plus graves (voir annexe). La constitution renvoie explicitement au chapitre 23 de la règle : « S’il se rencontre quelque frère opiniâtre, ou désobéissant, ou superbe, ou murmurateur, ou transgresseur habituel de la sainte Règle en quelque point, ou contempteur des ordres de ses anciens. » Le texte du xviie siècle évoque une attitude « rebelle » et un mépris des remontrances des supérieurs. La volonté de mal faire est indubitable, tout comme l’habitude mais aussi l’attitude contestatrice visible et revendiquée. Toutes les fautes concernées créent le désordre dans la communauté, avec des conséquences évidentes sur l’image du monastère, sans pour autant qu’il y ait scandale public. C’est là le point central de cette catégorie de fautes puisque la fautive trompe ses supérieurs, qu’il s’agisse de la supérieure ou du supérieur régulier extérieur, peut entraîner d’autres religieuses dans son sillage et enfin rompt la clôture. Il faut donc agir avec la plus grande sévérité car la communauté est en danger. Intervient alors véritablement l’excommunication régulière dont parle Benoît de Nursie au chapitre 25, exclusion interne au monastère et non pas étendue à toute l’Église, comme l’est l’excommunication majeure. Mais ce n’est pas tout, les peines proposées sont ici plus nombreuses et plus précises que dans les deux catégories précédentes, révélant ainsi qu’il s’agit, parmi les fautes graves, du degré le plus courant et que les religieuses fautives peuvent encore être corrigées en interne avec quelque espérance de réussite et de rétablissement du calme dans la communauté. Cependant, ici encore, la constitution suggère les peines plutôt qu’elle ne les impose, l’appréciation des faits et des personnes restant de la responsabilité des supérieurs.
13Reste le quatrième et dernier degré, celui des fautes « très grièves » : rupture de la clôture, transgression de la profession monastique, du vœu de chasteté en particulier, volonté de détruire la communauté et la réputation du monastère par le scandale. Non seulement la religieuse n’est plus religieuse dans l’esprit mais sa faute « sépare l’âme de Dieu ». Le rapport entre fautes graves et rupture de la clôture matérielle et spirituelle est un fondement de l’échelle des fautes en milieu féminin, et ce bien avant le concile de Trente. En témoigne Étienne Poncher dans ses statuts réformateurs dans les premières années du xvie siècle. La transgression de la pauvreté et l’envoi ou la réception de lettres sans la permission de la supérieure sont considérés comme particulièrement graves :
« Toutes choses soient communes comme il est écrit, que personne ne dise ou présume avoir pour sienne et propre aucune chose. Et si on trouve quelque chose notable que la deffunte eut caché ou celé le tenant en propre comme sienne, qu’on ne la mette point en terre sainte mais qu’on l’enterre en un lieu profane, non béni10. »
14La gravité de cette catégorie de fautes est extrême et conduit inévitablement au scandale public, et toutes les mesures coercitives peuvent être envisagées dans l’esprit de la règle (chap. 28). Cependant, dom Calmet, qui résume dans son commentaire la législation pontificale dans ce domaine, insiste sur le fait que l’expulsion du monastère a toujours été peu usitée à l’égard des moniales, ce qui est renforcé par la place occupée par la clôture dans les décrets du concile de Trente. Il faut éviter « le scandale que leur sortie pourroit causer et les nouveaux dangers ausquels elles seroient exposées11 ». L’expulsion interdite, on insiste donc sur la nécessité d’installer dans le monastère une « chambre forte12 ». Le lien entre expulsion impossible et prison est clairement établi dans la constitution commentant le chapitre 28, sur les incorrigibles13 :
« Il ne reste rien à ajouter sur ce chapitre à ce que Notre Saint Père y prescrit pour les incorrigibles excepté en ce qui regarde de mettre les sœurs professes hors du monastère, le saint Concile de Trente l’ayant défendu et les Parlements ayant fait des lois contre cette règle. Mais si une sœur mérite d’être mise hors du monastère pour les fautes que la Règle marque, elle sera mise en prison. »
15La fin de la constitution ajoutée précise, un peu à la manière d’un rituel, les modalités de la mise en prison et du retour en communauté, en gardant toujours à l’esprit la nécessaire prise en compte de la personnalité des individus au sein d’un équilibre communautaire qu’il faut à tout prix préserver. Il va de soi que, seule, la supérieure ne peut agir et que, pour les fautes les plus graves, elle doit s’en remettre au supérieur commis par l’archevêque de Paris14.
16Cent cinquante années plus tard, en 1850, les bénédictines de l’Adoration perpétuelle du Très Saint-Sacrement ne font pas autre chose et dressent une liste plus détaillée encore des différentes fautes. Celle-ci est intégrée à la constitution traitant en un seul bloc des chapitres 23 à 25 de la règle. Elle distingue non plus quatre mais cinq degrés d’erreurs, se fondant sur les mêmes principes : volonté ou non de pécher, obstination, incorrigibilité et désobéissance ; enfin, mise en danger de soi, d’autrui jusqu’à la mise en danger de toute la communauté. Les fautes les plus légères reprennent celles, traditionnelles, présentes dans les constitutions des bénédictines de Notre-Dame-de-Consolation. La seconde espèce de faute correspond aux péchés véniels. Elle réunit les fautes réalisées par négligence et surtout par « advertance », comme rompre le silence, soutenir son jugement, se priver de la sainte communion, s’absenter sans permission de la première table ou passer un jour sans se réconcilier ou sans faire sa pénitence. Viennent ensuite les fautes plus graves, marquées par l’obstination et par le fait que la faute est connue de l’ensemble ou de la plus grande part de la communauté. Ces fautes sont faites contre la règle, contre les constitutions et contre l’obéissance. En d’autres termes, elles révèlent une transgression de la clôture (envoi et réception de lettres sans permission, conversations avec l’extérieur sur la vie du couvent), une contestation des supérieures (médisance, refus d’obéissance) et un manque de respect envers les consœurs (disputes, injures…). La dénomination des fautes encore plus graves reprend les expressions du texte du xviie siècle puisque ces fautes « séparent l’âme d’avec Dieu » et sont « opposées aux pratiques fondamentales de l’Institut ». Elles ouvrent en particulier la voie à l’emprisonnement dans la cellule et à la privation pendant un temps de voix active et passive. Restent les fautes les plus graves qui non seulement séparent l’âme d’avec Dieu mais scandalisent le prochain et « blessent la religion » : transgression du vœu de chasteté, persistance opiniâtre dans une désobéissance formelle, vol d’argent et violences physiques sérieuses envers la prieure ou une autre sœur.
17En définitive, tout est encadré pour régler l’uniformité des gestes et des attitudes dans ce milieu clos qu’est le monastère féminin. Les manquements en matière de modestie extérieure, de respect mutuel, d’obéissance, de respect de la clôture définissent en regard le portrait de la religieuse idéale. Les statuts d’Étienne Poncher en rendent compte précisément, dans la mesure où le rituel de la pénitence affirme publiquement le repentir et le respect de l’autorité au sein de la communauté15 :
« S’il s’en trouve quelqu’une de contentieuse aimant à débattre, qu’on la chastie. D’abondant s’il arrive que l’abbesse ou autre supérieure ou ancienne reprenne quelque sœur comment que ce soit, quand même ce serait pour peu de chose, voire si elle s’aperçoit aucunement que l’esprit de son ancienne ou supérieure était tant soit peu ému et irrité contre elle, incontinent sans plus différer, elle se jetera et tiendra à ses pieds prosternée en terre, lui faisant satisfaction jusques à tant que l’émotion cesse par la bénédiction. Que si quelqu’une ne tient compte ou méprise de ce faire, elle sera punie corporellement par l’abbesse ; ou si elle est contumace, qu’elle soit mise en prison. »
18Plus encore, cette précision renvoie aussi au fait que le « retranchement » définitif, c’est-à-dire l’expulsion de la communauté, dans les cas les plus graves, étant désormais totalement prohibé, ce retranchement se fait à l’intérieur de la clôture sous la forme d’un enfermement de nature carcérale particulièrement exigeant et sévère.
19Contrairement à ces listes que l’on trouve dans les textes normatifs féminins, les bénédictins sont beaucoup moins précis. Bien souvent, y compris dom Augustin Calmet dans son Commentaire de la Règle, en 1734, ils se bornent, pour eux-mêmes, à commenter et à paraphraser les termes de la règle. Pourtant, ce sont souvent ces mêmes hommes qui conseillent les supérieures féminines dans l’exercice de l’autorité. Les religieuses, et en particulier les supérieures, auraient alors besoin de cadres beaucoup plus précis dans l’exercice de l’autorité quotidienne, peut-être en raison même d’une clôture bien plus stricte ne laissant théoriquement aucune soupape individuelle et collective. Cette hypothèse semble plausible tant les moniales demeurent sous le regard et le contrôle permanents de l’ordinaire ou de leur propre supérieur masculin. En effet, prenons l’exemple des déclarations sur la règle de la congrégation de Saint-Vanne, publiées en 1679 : pas de liste précise de fautes, mais l’idée et le discours que sont répartis dans l’ensemble des déclarations sur la règle et dans les ordonnances des chapitres généraux des considérations qui délimitent des manquements de nature diverse dont la gravité est mesurée par les supérieurs. La seule insistance a trait aux attitudes fautives les plus graves : fugitifs, rebelles, incorrigibles et apostats, ainsi qu’aux peines encourues pour ces faits. Plutôt que de lister les fautes et leur échelle, les supérieurs vannistes insistent sur les modalités effectives de la pénitence encourue pour les fautes les plus graves et sur le rapport d’obéissance à l’autorité régulière. C’est cette même insistance que l’on retrouve chez les femmes, signe de la difficulté, voire de l’impossibilité du monde monastique moderne à gérer les crises individuelles aiguës, comme le montre aussi le cas du frère Denis de la Campagne, soutenu par Mabillon16.
De l’échelle des fautes à l’échelle des pénitences
20En bons relecteurs de la règle, tant sur le plan strictement normatif que spirituel, moines et moniales insistent sur quatre aspects fondamentaux : le rôle du supérieur en matière d’autorité, la dimension thérapeutique de la peine, avec la distinction entre faute secrète et faute publique, la cohérence entre la peine, la faute et la personnalité du fautif, et enfin le retour possible du religieux repentant au sein de la communauté.
21Selon Benoît, l’abbé est responsable devant Dieu des âmes qu’il a sous son aile. Au xviie siècle, comme avant dans certaines familles, la personne de l’abbé recouvre aussi le chapitre général ou le supérieur général, si la communauté appartient à une congrégation centralisée, et plus largement tout supérieur régulier, comme le prieur ou la prieure d’un monastère. L’abbé, le supérieur légitime, n’agit pas non plus seul. Il est entouré des anciens, des doyens ou, chez les moniales, des discrètes ou des assistantes. Ainsi, chez les bénédictines de Notre-Dame-de-Consolation en particulier, la sous-prieure et la doyenne ne peuvent donner des pénitences que lorsqu’elles président le chapitre. Il s’agit alors de pénitences « ordinaires », sauf si elles ont reçu de la supérieure un ordre spécifique17. Dans tous les cas, masculins et féminins, plus la peine encourue est lourde, plus la décision prise est « collective » et à plusieurs niveaux. Le supérieur d’un monastère bénédictin, membre d’une congrégation, s’en remet au chapitre général. La prieure d’un monastère féminin doit recourir à l’évêque et au supérieur masculin du monastère, comme chez les bénédictines du Calvaire. C’est particulièrement le cas lorsque, chez les vannistes, il faut rétablir un fugitif au rang de profession. Il faut que « tous les définiteurs y aient consenti au chapitre général et que ceux-ci aient fait leur rapport à tous les prélats de la congrégation » et qu’il y ait une approbation des deux tiers des membres18.
22Cette définition de l’autorité à la fois spirituelle et juridique doit beaucoup à la volonté réformatrice de l’Église, à travers les recommandations du concile de Trente, et à l’érudition historique développée au sein du monde monastique entre 1615 et 1730. Dom Calmet en est une preuve dans son Commentaire littéral de la Règle. Dans ses développements, le bénédictin semble montrer qu’une codification juridique et normative précise appuyée sur des sources historiques justifie la peine et en renforce la réalité et l’efficacité. L’abbé de Senones dégage la peine et sa réglementation du discours spirituel et ascétique d’un Rancé une cinquantaine d’années plus tôt ou d’un Philippe François au début du xviie siècle. Ainsi dom Jean Mabillon, écrivant ses réflexions sur les prisons monastiques à la suite d’un profond désaccord avec ses supérieurs au sujet d’un jeune religieux fautif et fugitif, est rejoint une trentaine d’années plus tard par un autre moine érudit mais réfléchissant en tant qu’abbé et donc détenteur de l’autorité en la matière. Tous deux contribuent à définir un enfermement carcéral monastique qui doit être rare, humain, thérapeutique et toujours orienté vers une possible rédemption humaine et spirituelle.
23La dimension thérapeutique de la peine n’est pas neuve. Elle fait partie intégrante de la tradition chrétienne. La comparaison entre le corps malade soigné par des médicaments et l’esprit malade soigné par des pénitences est classique. Elle nourrit en partie le fameux texte de Mabillon cité plus haut. On la retrouve aussi sous la plume d’un des bénédictins de Saint-Vanne les plus importants du xviie siècle, dom Philippe François. Ses œuvres sont très lues par les moines et les moniales tout au long du xviie siècle. Selon lui, l’orgueil et la désobéissance sont les plus grandes maladies du moine ou, plus exactement, les « plus dangereuses bêtes qui se sauraient trouver en religion19 ». En conséquence, les supérieurs sont aussi des médecins de l’âme20 :
« Si les médecins corporels épuisent toute l’industrie de leur art pour remédier à une maladie corporelle, il est bien raison que les supérieurs qui sont médecins spirituels fassent tout ce qui est en eux pour apporter quelque remède à la maladie spirituelle d’une âme ; et comme les médecins corporels en la guérison des corps ordonnent tout le meilleur que leur science et pratique leur enseignent, ainsi il faut que les supérieurs en la guérison des âmes se servent de tous les meilleurs remèdes que la Religion leur fournit. »
24Cette dimension thérapeutique se traduit aussi dans l’affirmation de Rancé lorsqu’il écrit qu’« on ne punit pas le fautif pour le perdre mais pour le sauver21 ». Enfin, exclure le fautif du reste de la communauté renvoie à la notion de contagion. Le fautif est momentanément dangereux. S’il persiste dans ses erreurs, d’où la gravité de l’accusation d’opiniâtreté, et qu’il n’est pas corrigé, il met en péril la vie communautaire. Rancé insiste particulièrement sur la notion de contagion lorsqu’il évoque les incorrigibles, les « religieux rebelles et opiniâtres » :
« Comme les maux contagieux se communiquent aisément dans les lieux resserrés et qu’ils frappent avec promptitude tous ceux qui s’y rencontrent, ainsi l’indisposition d’un frère […] est capable d’infecter et de faire périr une communauté tout entière22. »
25Il faut donc agir avec la plus grande fermeté tout en tenant compte de la personnalité du malade. Cependant, Rancé semble le seul de nos auteurs à envisager formellement l’expulsion du fautif du monastère, quoique cette mesure ne soit plus en vigueur depuis le concile de Trente. Pour le réformateur cistercien, elle subsiste toujours, même si Urbain VIII « y a apporté quelque modération » puisqu’il veut qu’« un religieux pour être reconnu et traité comme incorrigible, c’est-à-dire pour mériter d’être chassé du monastère, ait passé une année tout entière en prison dans les jeûnes et dans d’autres exercices de pénitence23 ». La cohérence entre la peine et la faute est donc nécessaire, sachant que le principe de base réside dans le fait qu’aucune faute ne doit rester impunie. Comme le dit dom François, la vie monastique préfigure en quelque sorte le purgatoire24.
26Si l’ensemble des textes évoquent une échelle des fautes et des peines, dom Calmet exprime plus clairement encore la différence entre les faiblesses et imperfections d’une part et les fautes scandaleuses d’autre part. Il faut donc avertir le religieux avant de prendre des sanctions publiques, en particulier lorsque les fautes sont légères et de peu d’importance. Ainsi, pour les fautes légères, dans lesquelles il n’y a pas de volonté mais qui deviennent dangereuses si elles sont habituelles, on s’en tiendra à la séparation de la table commune. Ce n’est que pour les fautes graves (orgueil, désobéissance, insultes, incorrigibilité, opiniâtreté…) que l’on aura recours à l’excommunication et en particulier à l’exclusion de l’oratoire.
27Dom Calmet est tout particulièrement attentif au respect des constitutions de sa congrégation, qui indiquent clairement cette séparation entre faute secrète et faute publique, comme le font aussi la plupart des textes contemporains, à l’image des bénédictines de Notre-Dame-de-Consolation25. Si la faute est secrète, la pénitence doit être accomplie secrètement et sans délai. En revanche, si la faute est publique, la pénitence sera publique. Les déclarations sur la règle des vannistes sont particulièrement claires à ce sujet, allant même jusqu’à proposer de changer une pénitence si elle ne correspond pas au statut de la faute :
« Si la faute est secrète, nous voulons que le coupable accomplisse aussi sa pénitence secrètement et sans délai. Et qu’il n’en puisse être dispensé par qui que ce soit, non pas même par son propre Prélat, en quelque manière que ce puisse être, si ce n’est que la pénitence imposée par nos Ordonnances se doive faire en public comme serait de manger en terre au réfectoire, auquel cas on pourrait la changer en une autre secrète26. »
28En revanche, la faute publique, c’est-à-dire connue de tous ou visible, doit être traitée publiquement, grâce à une interprétation des admonestations voulues par Benoît :
« Si la faute est publique, le coupable fera aussi publiquement sa pénitence en la manière qu’on lui aura imposée. Que s’il néglige ou refuse de le faire, personne comme il est dit ci-dessus ne pourra l’en dispenser. Et si dans les trois jours, il ne l’accomplit publiquement, il sera obligé de réitérer la même pénitence pour ce mépris. Et si dans les trois autres jours suivants, il refuse avec arrogance et opiniâtreté de l’accomplir, on le contraindra encore de la réitérer pour la troisième fois. Enfin, si, dans trois autres jours, il demeure encore endurci et rebelle, qu’il soit mis sur-le-champ en prison comme incorrigible, rebelle et obstiné et comme une personne qui méprise la sainte Règle, les ordonnances et les supérieurs des chapitres généraux, jusques à ce qu’il rentre en lui-même et qu’il promette de faire ladite pénitence autant de fois qu’il a refusé ou différé de la faire, comme il est porté ci-dessus27. »
29Il est clair que, dans ce cadre, l’enfermement carcéral au sein du monastère, tant pour les hommes que pour les femmes, reste une ultime solution lorsque le fautif est déclaré « incorrigible, rebelle et obstiné ». Ces trois termes auxquels il faut ajouter celui d’« apostat » sont caractéristiques des fautes les plus graves, depuis la règle même. Les vannistes sont formels en exigeant l’aménagement dans chaque monastère de « prisons sûres et solides pour y mettre les fugitifs, rebelles, incorrigibles et apostats28 ». En corollaire, la recherche des fugitifs doit mobiliser tous les moyens propres à la congrégation mais aussi le bras séculier afin qu’ils soient ramenés au monastère et mis en prison jusqu’à ce que « le chapitre général ou le Régime ait ordonné ce qu’on en fera29 ». Cette législation très exigeante et précise concernant les fugitifs permet aussi de distinguer les religieux en transfert de monastère des véritables fugitifs. En effet, à Saint-Vanne comme à Saint-Maur, les moines, pour leurs études comme pour leurs différentes nominations comme supérieurs ou professeurs, sont régulièrement amenés à changer de monastère et à se déplacer. Les déclarations consacrent un paragraphe à cette différenciation nécessaire. Il faut que
« nos religieux de quelque qualité ou condition qu’ils puissent être qui passeront de leurs monastères à d’autres lieux pour quelque cause que ce soit portent avec eux des lettres patentes de leurs supérieurs souscrites et scellées avec la liste des lieux où ils doivent aller et par lesquels ils doivent passer, à faute de quoi ils seront emprisonnés comme fugitifs par tous les prélats et supérieurs de nos monastères en quelque part on les rencontre30 ».
30Reste l’expulsion de la communauté. Elle devient rarissime chez les hommes, même si Rancé la reconnaît en tant que telle, et théoriquement impossible en vertu du concile de Trente sur lequel s’alignent les familles monastiques dans leur ensemble.
31Calmet est très clair et dans son commentaire, il reprend les grandes étapes du droit canon en matière d’enfermement pour fautes graves, jusqu’à la législation tridentine, celle d’Urbain VIII en 162431 puis d’Innocent XII en 169332. Cette précision et le fait même que toutes les constitutions masculines et féminines insistent tant sur les peines appliquées aux fautes les plus graves montrent combien cette gestion en interne des fugitifs, apostats et incorrigibles peut poser de problèmes aux communautés et aux supérieurs.
32Calmet consacre une quinzaine de pages à cette question33. La question de l’expulsion est particulièrement délicate : expulser permet d’éviter la contagion du troupeau, mais l’expulsion est une sorte d’espace de liberté pour le religieux fautif. Il y a donc un dilemme qui ne concerne que les hommes puisque, pour les religieuses, selon Calmet, le retour au monde a toujours été considéré comme impossible. Il cite en exemple une religieuse de Saint-Pierre de Metz, « dévoilée et chassée de son cloître » en 888, que le concile de Metz ordonna d’enfermer dans une prison34. Plus largement, il renvoie à la synthèse de Tamburini consacrée au droit des abbesses35 qui estime que « les règles sur le sujet de l’expulsion des religieux incorrigibles ne regardent point les religieuses36 ».
33Se recentrant sur la question masculine, il évoque les débats entre canonistes sur la situation du religieux expulsé. Peut-il vivre en « sûreté de conscience » ? « Demeure-t-il obligé à l’observation de ses vœux ? » Calmet dit clairement que l’expulsion n’est pas un affranchissement des vœux et que le religieux n’étant pas en état de salut est « obligé de se corriger et de faire tous les efforts pour rentrer dans son cloître ». Le religieux n’est pas « sécularisé » puisque, s’il rentre au monastère et est progressivement réintégré, il ne doit pas émettre de nouvelle profession. Cependant, ordinairement, les religieux expulsés sont dépouillés de leur habit monastique. Revêtus de l’habit séculier, ils ne sont donc plus obligés de le porter ni de pratiquer les observances monastiques. Paradoxalement, s’ils sont toujours religieux par leur profession, comme Calmet le rappelle, ne pas suivre les observances, dont le silence, les jeûnes réguliers et autres veilles, conduit au péché mortel. Mais, dans leur nouvelle situation a priori temporaire, ces observances sont incompatibles avec la vie dans le monde37. Pour l’abbé de Senones et ancien président de sa congrégation, on peut résoudre ces questions en évoquant une sorte de maintien hors du monastère du vœu de pauvreté et une sorte de transfert d’autorité en matière d’obéissance. Pour ce qui est de la pauvreté individuelle, le vœu subsiste, ce qui signifie que tout ce que le religieux expulsé acquiert revient à son monastère d’origine. Parallèlement, exclu de la communauté, le religieux doit obéir au pape et à l’ordinaire. Enfin, il n’est plus astreint à l’office divin, sauf s’il est « engagé dans les ordres sacrés38 ».
34Face à ces difficultés nées de la rencontre entre la sédimentation réglementaire et le discernement individuel, Calmet définit un traitement plus rationnel et juridique que spirituel de la réglementation et de sa justification. Il fait état d’une évolution à la fois historique, juridique et sociale. Pourtant, sur le fond, il ne s’éloigne guère de Rancé. C’est le signe que tous deux sont d’éminents lecteurs de la règle, mais que Rancé est plus sensible à la tradition pénitentielle du monachisme que son confrère érudit qui inscrit son discours dans des pratiques et une succession de textes émanant des conciles et du Saint-Siège. Lorsqu’il évoque la possibilité du retour au monastère, Rancé affirme que le supérieur doit préférer la charité commune à la charité particulière :
« Le supérieur ne fait rien contre l’ordre de Dieu puisqu’il ne fait rien que de préférer la charité commune à la charité particulière et qu’il peut rendre des assistances et prendre soin de celui que la seule crainte de déplaire à Dieu l’oblige d’exclure de son monastère39. »
35Calmet, fidèle disciple de Mabillon et qui a connaissance de son texte sur les prisons, même s’il ne le cite pas, condamne fermement les excès de l’enfermement carcéral monastique tels qu’il les lit par exemple dans les constitutions de Hirsau, rédigées vers 1085 sur le modèle clunisien. Même lorsqu’il s’agit de l’usage de l’excommunication régulière, il met en garde le supérieur qui n’est jamais obligé d’en arriver à un tel stade, sauf s’il y a utilité pour le sujet ou pour la communauté. Certes, la prison monastique est possible mais les conditions doivent être humaines : que l’on puisse y travailler et s’y chauffer l’hiver. Plus encore, selon Calmet, les rigueurs inhumaines sont parmi les « causes de la décadence de l’état religieux. Dans les réformes qui sont venues depuis, on a été obligé de modérer l’autorité des supérieurs et de la réduire à de justes bornes ».
36Calmet se méfie aussi des peines corporelles, parlant même au passé lorsqu’il évoque les verges et la discipline là où les bénédictines du Saint-Sacrement, au xixe siècle, désignent ces peines comme possibles, en privé comme en public : « La coupable sera enfermée en lieu de sûreté et subira d’autres peines selon la qualité de sa faute, comme d’être flagellée en chapitre40. » Pour les incorrigibles, la non-repentance au moment du décès entraîne au xixe siècle comme au xviie siècle la « privation de sépulture solennelle », et la prieure pourra alors « commander qu’elle soit enterrée comme profane dans quelque lieu du monastère le moins fréquenté41 ». De la même façon, Calmet n’est pas favorable à l’exclusion de l’oratoire et admet l’existence de variantes ou de degrés dans ce genre d’exclusion, le tout étant laissé au jugement du supérieur. En revanche, il ne reprend pas l’idée mabillonnienne de « monastère-prison », comme il y a des « monastères-noviciats » dans chaque province.
Conclusion
37La réglementation en termes de fautes et de pénitences a longtemps été négligée par les historiens du monachisme moderne. Pourtant, les documents normatifs produits par les réformateurs et réformatrices bénédictins dans ce domaine sont loin d’être négligeables. Dans leur esprit, ces textes sont fidèles à la règle, mettant en valeur une graduation des fautes et une volonté d’adapter des formules générales aux individus fautifs. En mettant en perspective la responsabilité des supérieurs dans ce domaine, ces textes et ces commentaires en font l’un des fondements de l’équilibre communautaire tant en milieu masculin que féminin. De même, ils révèlent les difficultés que les communautés, de tout temps, ont eu pour résoudre les problèmes posés par les religieux désignés comme « rebelles, opiniâtres, fugitifs et apostats ». Ces textes, cependant, ne posent jamais la question de la remise en cause possible d’une vocation individuelle après plusieurs années de profession monastique. Il faut sans doute se tourner vers d’autres sources telles que les consultations d’avocat liées à des procédures particulières pour voir apparaître les situations de crise liées aux vocations forcées, par exemple. Ainsi, lorsqu’une religieuse évoque, après une vingtaine d’années de profession, une possible remise en cause de la validité de sa profession aux motifs qu’on lui avait dit qu’il n’y avait pour elle aucun salut hors du cloître et qu’en outre elle a des problèmes de santé ne lui permettant pas de suivre tous les exercices et qu’elle subirait sa profession, Mabillon même refuse de prendre en compte les analyses de la religieuse. Au contraire, il l’exhorte à prier avec persévérance. Celle-ci n’a pas d’autres choix que de se convertir avec l’aide d’un directeur spirituel, d’une bonne supérieure attentive et des trois instruments classiques : la prière, les saintes lectures et les sacrements42.
Annexe
Annexe
Annexe
« Dernière constitution » tirée de La Règle du Bienheureux Père Saint Benoist, avec les constitutions pour les religieuses bénédictines de Notre Dame de Consolation, de la rue du Cherche-Midy, du Faubourg Saint-Germain-des-Prez lez Paris, Paris, Coignard,
1687, p. 450 et suiv.
Fautes légères
1. Ne se ranger pas promptement au Divin Office ou à quelqu’autre observance, manquer de se rendre attentive au son de la cloche.
2. Faire paraître de l’immortification de la vue43.
3. N’avoir pas les yeux baissés ordinairement en marchant par la maison.
4. Regarder fixement les personnes à qui on parle ou qui nous parlent.
5. Dire quelques paroles sans nécessité.
6. Faire du bruit à l’église, au dortoir, ou dans sa cellule, en laissant tomber quelque chose, ou la posant rudement.
7. Ne s’entretenir que de choses inutiles lorsqu’on a permission de parler.
8. Sortir de sa cellule sans besoin, par dissipation.
9. Manquer par oubli de donner quelque chose dont on a la charge à une sœur qui en a besoin.
10. Marcher avec précipitation ou courir se ranger à quelque observance.
11. Laisser les choses dont on se sert où elles ne doivent pas être.
12. Manquer à faire quelque cérémonie ou quelques poses ou à dire quelque peu de chose à l’office par inapplication.
13. Différer quelque peu de temps à quitter tout ce qu’on fait quoiqu’imparfait, comme l’ordonne notre sainte Règle, quand l’obéissance ordonne autre chose.
14. Faire des gestes des mains, des yeux ou de la tête en parlant.
15. Manquer de respect à ses sœurs par mauvaise habitude, leur parlant incivilement, etc.
16. Éclater de rire ou parler trop haut par surprise quand on est obligée de parler.
17. Faire paraître avec ses sœurs quelque légère impatience qui dure peu.
18. Se louer soi-même en choses légères.
19. Faire paraître de la curiosité en choses mêmes indifférentes.
20. Donner son avis sans qu’on le demande.
21. Parler souvent de soi-même.
22. N’être pas exacte à se coucher à l’heure ordonnée.
23. Ne soumettre pas promptement son jugement à celui de ses sœurs.
24. Parler sans être interrogée.
25. Manquer de condescendance et de rendre à ses sœurs les petits services qu’il est permis de leur rendre.
Pour lesquelles fautes ou autres semblables, la supérieure pourra donner pour pénitence si elle le juge à propos de :
1. Baiser la terre ou les pieds des sœurs.
2. Dire quelques prières.
3. Manger à terre.
4. Demeurer quelque temps prosternée, ou les bras en croix.
5. Lire au réfectoire ou devant le très saint sacrement le chapitre de la Règle, des constitutions ou règlements auquel on aura manqué.
6. Dire sa coulpe au réfectoire ou aux assemblées.
7. Demander pardon à la communauté ou à quelque particulière à l’égard de laquelle on aurait commis quelque faute.
Et autres choses semblables.
Degré des fautes un peu plus importantes
1. Venir tard par coutume au divin office et aux observances.
2. Manquer souvent aux cérémonies ; dire lâchement l’office et s’y tenir de même.
3. Parler souvent rudement.
4. Rompre souvent le silence.
5. Soutenir son propre jugement avec opiniâtreté contre ses sœurs.
6. Parler à une sœur avec quelque manière de mépris.
7. Contester avec une sœur et disputer avec elle.
8. Manquer par négligence à sonner le divin office précisément à l’heure ordonnée.
9. Manquer à l’obéissance en choses légères.
10. Se mêler de choses dont on n’est point chargée et en parler.
11. S’entretenir des défauts naturels de qui que ce soit pour en railler.
12. Ne pas parler à ses sœurs avec le respect que l’on leur doit ou parler mal d’elles en leur absence.
13. Reprendre ses sœurs.
14. Ne pas s’humilier aussitôt qu’on est reprise, se mettant à genoux ; ou s’excuser lorsqu’on est reprise quoiqu’on ne soit pas coupable.
15. Cacher à la supérieure les choses qui ne sont pas fort importantes dont il est ordonné de l’avertir.
16. Faire quelque légèreté au parloir qui puisse mal édifier les personnes du dehors ; les presser de nous rendre des visites.
17. Parler sans permission aux sœurs du noviciat, ou les novices aux sœurs de la communauté et aux pensionnaires.
18. Parler sans permission de ce qu’on a appris au-dehors.
19. Prendre trop de soin de ce qui regarde son corps, s’en inquiéter et en parler à d’autres qu’à la supérieure, en santé ou en maladie.
20. Dire quelque chose à une sœur qui puisse lui donner quelque petit sentiment contre une autre.
21. Manquer par négligence à faire une pénitence que la supérieure a ordonnée.
22. Manquer de demander pardon à une sœur devant que de se coucher quand on lui a donné quelque sujet de mécontentement.
23. Rendre compte de ce qui se passe dans son office à celles qui n’en ont que faire.
24. Manger hors les repas quelque peu de chose.
25. Manger souvent par négligence à se coucher à l’heure ordonnée.
26. Faire coutume de s’entretenir des vanités du monde.
27. Entrer dans les lieux des offices les unes des autres sans permission.
Pour ces fautes et pour d’autres semblables, on peut ordonner :
1. Tout ou une partie de ce qui est marqué dans le 24e chapitre de la Règle.
2. D’être la dernière de toutes.
3. Garder quelque temps le silence.
4. Prendre la discipline en particulier ou en public.
5. Être privée de la sainte communion.
6. S’humilier une ou plusieurs fois devant celles à qui on aurait manqué de charité ou que l’on aurait mal édifiées.
7. Demeurer en silence derrière la porte pendant la récréation.
8. S’accuser devant la communauté et demander le secours de ses prières.
9. Lire un billet humiliant au réfectoire ou ailleurs.
10. Punir de quelqu’autre peine ou humiliation les sens par lesquels on a manqué.
Degré des fautes plus grièves
1. De murmurer contre la supérieure.
2. De lui parler avec arrogance et sans respect, soit en public, ou en particulier.
3. Mépriser sa conduite et ses ordonnances.
4. Différer par infidélité de faire les pénitences imposées.
5. Dire des paroles injurieuses à une sœur ; lui reprocher ses fautes ou les pénitences qu’elle a faites.
6. Entretenir un commerce au-dehors à l’insu de la supérieure, soit par lettres soit autrement ; ou si l’on savait qu’une sœur commet cette faute sans en avertir la supérieure, ces deux fautes seront punies également. Si une sœur se servait de son office pour commettre cette infidélité, la faute serait très griève.
7. Parler bas au parloir en sorte que celle qui accompagne ne puisse entendre.
8. Se coucher sans avoir demandé pardon à la supérieure lorsqu’elle est mécontente.
9. Écouter les murmures des imparfaites et entrer dans leurs sentiments.
10. Parler avec les excommuniées sans en avoir l’ordre ou la permission sous quelque prétexte que ce pût être. Ou se charger de quelques commissions de leur part ou de leur dire quelque chose de la part de quelqu’autre, quand on a ordre de leur parler.
11. Dire quelque chose à une sœur pour lui donner du dégoût de quelqu’une des pratiques de la religion ou de la conduite de la supérieure.
12. Refuser de pardonner à une sœur de qui on a reçu quelque mécontentement lorsqu’elle s’humilie pour y satisfaire.
13. Témoigner de l’aversion pour une sœur, le faire connaître à quelqu’autre et parler d’elle contre la charité.
14. Relever les secrets du chapitre dehors ou dedans le convent ou si les discrètes manquaient au secret de ce que la supérieure leur communique.
15. Découvrir à qui que ce soit des personnes du dehors les défauts notables de quelque sœur, excepté au supérieur.
16. S’entretenir des pénitences qu’on a données au chapitre, soit avec les sœurs qui y étaient ou avec celles qui n’y étaient pas, ce qui serait encore une plus grande faute.
17. Mentir en parlant à la supérieure pour cacher les fautes que l’on a commises.
18. Parler aux sœurs de ses peines, tentations, ou dégoûts pour sa vertu ou pour sa vocation.
19. Parler des fautes de ses sœurs à d’autres qu’à la supérieure.
20. Témoigner directement ou indirectement du mécontentement de la Religion de la supérieure ou des sœurs et faire d’autres discours semblables contre la grâce de la vocation religieuse qui donnent du dégoût de la religion aux faibles qui les entendent.
21. Parler au chapitre sans être interrogée ou en avoir obtenu la permission de la supérieure.
22. Cacher ses fautes par orgueil.
23. Accuser faussement une sœur d’une chose notable à la supérieure ou au supérieur par vengeance ou par malice.
24. Parler au travers des portes ou par les fenêtres s’il y en a qui donnent au-dehors.
25. Donner des commissions au-dehors ou en recevoir du dehors pour soi ou pour d’autres sans permission.
26. Parler de qui que ce soit avec mépris soit en leur présence ou en leur absence.
Pour toutes ces fautes et autres semblables, on pourra imposer :
1. Toute ou en partie l’excommunication qui consiste en la séparation des lieux et des personnes, des sacrements et autres exercices comme il est dit dans le 25e chapitre de la Règle, dont voici les termes : que le frère qui est coupable d’une faute plus griève soit privé tout ensemble de la table et de l’oratoire ; qu’aucun frère ne lui parle ; qu’il travaille seul à ce qui lui sera ordonné ; qu’il prenne sa réfection seul et en telle quantité et à l’heure que l’abbé aura ordonnée ; et qu’il ne soit béni d’aucun de ceux qui passent ni la viande qui lui est donnée.
2. De jeûner au pain et à l’eau.
3. Se prosterner à la porte du chœur toutes les fois que l’on entre ou que l’on sort du divin office ou du réfectoire et demander pardon et le secours des prières.
4. Prendre ou recevoir la discipline en particulier ou en public.
5. Avoir la cellule ou quelqu’autre lieu pour prison pendant quelques jours.
6. N’entrer point au chœur mais demeurer à la porte et se prosterner la tête contre terre toutes les fois que la communauté entrera et sortira du divin office.
7. Être privée de la sainte communion.
8. Ôter le voile noir et en donner un blanc.
9. Ôter la charge de celles qui s’en serviraient pour entretenir des commerces au-dehors pour elles ou pour d’autres. Les mettre les dernières le reste de l’année et les laisser sans charge pendant quelques années et pour toujours s’il ne paraît pas un véritable amendement.
10. Priver la coupable pour un temps de voix active et passive.
11. L’employer à un travail humiliant.
12. La mettre quelques jours dans un continuel silence.
13. Et la mettre en prison si, par ses murmures et sa désobéissance, elle cause du trouble et du scandale dans la communauté.
Degré des fautes très grièves
Le 4e degré de fautes sont les très grièves qui séparent l’âme d’avec Dieu et qui scandalisent notablement le prochain, comme :
1. Persister avec opiniâtreté et rébellion, dans une désobéissance et refuser de faire la pénitence que la supérieure a enjointe.
2. Transgresser le vœu de chasteté.
3. Être propriétaire en chose assez importante pour faire un péché mortel.
4. Rompre la clôture.
5. Battre quelqu’un outrageusement.
6. Mettre de la division dans la communauté par des rapports faux ou malicieux, surtout si c’est entre la supérieure et les sœurs.
7. Faire des cabales pour l’élection de la prieure ou pour faire renvoyer ou faire recevoir une fille à sa vêture ou à sa profession.
8. S’excuser au chapitre et tenir tête à la supérieure.
Pour toutes ces fautes dont la plupart attire sur la coupable l’excommunication de l’Église, et autres semblables plus grièves, la supérieure pourra user non seulement de l’excommunication régulière mais aussi des châtiments corporels comme prison, jeûnes, disciplines ; ôter le voile et l’habit de religion ; priver de voix active et passive et de toutes charges ; et imposer toutes les autres pénitences qu’elle jugera à propos selon que l’ordonnance de notre glorieux Père saint Benoît qui laisse au jugement de l’abbé de proportionner les pénitences aux fautes, ayant égard aux circonstances qui les accompagnent qui peuvent être telles qu’une faute légère en elle-même peut devenir griève, et une griève peut devenir légère ; comme si quelqu’un tombait souvent dans une faute légère et méprisait les corrections et avertissements avec opiniâtreté, cette faute deviendrait griève ; et si, au contraire, une sœur tombait rarement ou par mégarde, oubli, légèreté, ou imbécillité d’esprit dans une faute griève, elle devrait être punie comme légère, si ce n’était qu’elle eût causé du scandale au-dehors ou au-dedans du convent qu’on fût obligé de réparer.
Comme il n’est plus permis d’user du retranchement44 que notre glorieux Père ordonne dans le 28e chapitre de notre sainte Règle pour les incorrigibles, le Concile et les parlements l’ayant défendu aux Filles, si une sœur était assez malheureuse pour l’avoir mérité aux conditions portées dans le même chapitre, ce que Dieu ne veuille permettre, elle sera mise en prison et n’en pourra sortir qu’après y avoir fait une assez longue pénitence et avoir donné des marques d’une si véritable contrition qu’on n’en puisse douter.
Les sœurs sont obligées sous peine d’être punies comme rebelles de conduire la coupable dans la chambre forte quand la supérieure le leur ordonnera. Et si celle qu’on y conduit, refusait d’y aller et obligeait d’user de violence, on redoublerait sa pénitence.
Si la sœur qui est en prison rompait sa prison et que quelqu’une y eut contribué ou en eut eu connaissance sans en avertir la supérieure, elle serait mise à sa place pour quelque temps qui lui sera marqué par la supérieure.
Si une sœur mourrait dans une impénitence manifeste qui l’eut rendue indigne de la participation des sacrements, elle ne serait point enterrée en terre sainte, on la mettrait en quelque lieu du monastère le moins fréquenté et elle serait privée des prières de l’Église et de celles de la communauté.
La supérieure prendra avis des discrètes dans les punitions extraordinaires et même du supérieur, mais elle mettra toujours en lieu de sûreté et en pénitence les rebelles dont la vue pourrait scandaliser la communauté et en troubler la paix.
Quand une sœur a été mise en prison, si elle donne avec persévérance de si grandes marques de son repentir qu’on juge à propos de lui faire miséricorde, et de l’en faire sortir, elle sera reconduite au chapitre où la communauté se trouvera. Elle se prosternera devant la supérieure et ensuite aux pieds de toutes les sœurs et après elle se mettra à genoux au milieu du chapitre et implorera le secours des prières de la supérieure et des sœurs, disant : « Je vous supplie très humblement, Ma révérende Mère et toutes mes mères et mes sœurs, de m’accorder le secours de vos prières pour attirer la miséricorde de Dieu sur moi et la grâce de faire une véritable pénitence toute ma vie. »
Après cela, la supérieure lui ordonnera ce qu’elle trouvera à propos qu’elle fasse, quelles pénitences elle continuera et celles dont elle la dispensera, ayant égard en toutes occasions de diminuer la rigueur de la pénitence à celles qui se reconnaîtront bientôt et qui seront humbles et dociles pour recevoir la correction.
Ce que notre glorieux Père dit dans le chapitre 26 de la Règle, « qu’il faut avertir en secret une fois ou deux ceux qui manquent devant que de les reprendre en public », semble contraire à ce qu’il a dit dans le 2e chapitre dont voici les paroles : « Que l’abbé ne dissimule point les fautes de ceux qui manquent mais qu’il s’efforce de tout son pouvoir de les déraciner aussitôt qu’elles commencent à paraître, se souvenant du péril et de la chute d’Élie prêtre de Silo. » Mais ce qui suit dans le même chapitre 2 accorde les deux chapitres ensemble. Voici ce qu’il ajoute : « En sorte néanmoins que l’abbé corrige seulement de paroles, pour la première et la seconde fois, les plus honnêtes et plus dociles d’esprit. Mais qu’il châtie de verges et d’autres punitions corporelles les méchants, les opiniâtres, superbes, ou désobéissants, dès l’instant même qu’ils commenceront à faire mal, vu qu’il est écrit que le fou ne se corrige point par des paroles ; et ailleurs châtiez votre enfant avec des verges et vous délivrerez son âme de la mort. »
Notre saint Père fait voir clairement dans ces chapitres 2 et 23 que son intention est que l’on avertisse en particulier les esprits doux et dociles, capables de se corriger par des paroles devant que de les reprendre et de les corriger en public. Et qu’au contraire il veut que l’on châtie sévèrement ceux qui ont l’esprit mal fait, qui sont emportés, opiniâtres, murmurateurs, superbes et désobéissants, aussitôt que leurs fautes commencent à paraître. À quoi la supérieure aura égard et au compte qu’elle rendra un jour à Dieu de sa conduite dans laquelle elle ne doit envisager que la gloire de Dieu, le salut des âmes dont elle est chargée et sa propres perfection.
Notes de bas de page
1 Daniel-Odon Hurel (dir.), Guide pour l’histoire des ordres et des congrégations religieuses, France, xvie-xxe siècles, Turnhout, Brepols, 2001.
2 Reigles des abbayes et monastères des filles religieuses de l’ordre de S. Benoist réformés, par M. Estienne Poncher, Traduites par Dom Laurent Benard, Paris, 1608.
3 La Règle du Bienheureux Père Saint Benoist avec les constitutions pour les religieuses bénédictines de Notre-Dame de Consolation, de la rue du Cherche-Midy, du faubourg Saint-Germain-les-Prez lez Paris, Paris, Coignard, 1687.
4 Constitutions sur la Règle de Saint Benoit pour les religieuses bénédictines de l’adoration perpétuelle du Très-Saint Sacrement de l’autel, confirmées et approuvées par N. S. P. le Pape Clément XI, Paris/Lyon, 1850.
5 La Règle de saint Benoit avec les déclarations qui se gardent en la Congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe, Toul, J. et A. les Laurents, 1679.
6 Dom Philippe François, La Règle de saint Benoist traduite nouvellement en français avec les considérations spirituelles sur les poincts principaux de chaque chapitre dicelle, Paris, Chastellain, c. 1613.
7 Abbé de Rancé, La Règle de saint Benoit nouvellement traduite et expliquée selon son véritable esprit, Paris, Muguet, 1689.
8 Augustin Calmet, Commentaire littéral, historique et moral sur la Règle de saint Benoît avec des remarques sur les différents Ordres religieux qui suivent la Règle de S. Benoît, Paris, Emery, Saugrain, Pierre Martin, 1734, 2 vol., in-4o.
9 Ibid., II, p. 447.
10 Reigles des abbayes, op. cit., p. 100.
11 Augustin Calmet, Commentaire littéral, op. cit., chap. xxviii, p. 485-486.
12 La Règle du bienheureux Père Saint Benoit, op. cit., p. 180 (à propos du chap. 26 de la règle).
13 Ibid., chap. 28, p. 186.
14 Ibid., chap. 31, p. 188, à propos des fugitives.
15 Reigles des abbayes, op. cit., p. 113-114.
16 « Jean Mabillon et le monachisme : l’absolu et l’humanité », dans Daniel-Odon Hurel (éd.), Dom Mabillon, le moine et l’historien. Œuvres choisies, Paris, R. Laffont, 2007, p. 968-976.
17 La Règle du bienheureux Père Saint Benoit, op. cit., p. 179, à propos du chap. 26.
18 La Règle de saint Benoit avec les déclarations, p. 98.
19 Dom Philippe François, La Règle de saint Benoist traduite, op. cit., p. 238.
20 Ibid., p. 245.
21 La Règle de saint Benoit nouvellement traduite et expliquée, op. cit., p. 93.
22 Ibid., p. 102, à propos du chap. 28.
23 Ibid., op. cit., p. 107.
24 Dom Philippe François, La Règle de saint Benoist traduite, op. cit., p. 240v.
25 À propos du chapitre 23 de la règle (p. 28) : la prieure, la sous-prieure, les doyennes et les discrètes peuvent avertir une ou deux fois les sœurs de leurs fautes s’il s’agit de fautes « dont le retardement de la correction ne peut nuire ni à elles ni à la communauté », en revanche, aux « fautes publiques, il faut des réparations publiques ».
26 La Règle de saint Benoit avec les déclarations, op. cit., p. 88.
27 Ibid., p. 88.
28 Ibid., p. 94.
29 Ibid., p. 95.
30 Ibid., p. 100, § 9.
31 En particulier le décret du 21 septembre 1624, dans Magnum Bullarium Romanum, Lyon, 1673, IV, p. 63-64 : De regularibus Apostatis, et Ejectis, ac de innovatione, declarations, et observantia generalium decretorum a Clem. VIII ad Regularium reformationem, Novitiorumque receptionem spectantium editorum.
32 Voir les textes suivants d’Innocent XII : Decretum de Apostatis et Fugitivis auctoritate Sanctissimi Domini nostri Innocentii PP. XII editum de prima martii 1693, ainsi que le Decretum de Ejectis et Ejiciendis, toujours du 1er mars 1693 (voir Magnum Bullarium romanum, a beato Leone Magno usque ad S. D. N. Clementem XII, Tomus septimus, Luxembourg, 1741, p. 284).
33 Commentaire des chap. 28 et 29, I, p. 478-493.
34 Augustin Calmet, Commentaire, op. cit., I, p. 485.
35 Ascanius Tamburinius monachus Valluisumbrosae, De jure Abbatissarum et monialium sive praxis gubernandi moniales aliasque mulieres sub habitu ecclesiastico et regulari degentes, Lyon, Anisson, 1648, disputatio 21, quaesitum 3 et 4, p. 248 : Utrum monialis possit ab uno ad aliud monasterium transferri sub spe correctionis et utrum monialis incorrigibilis possit de monasterio ad aliud transferri vel omnino expelli.
36 Augustin Calmet, Commentaire, op. cit., I, p. 486.
37 Ibid., p. 486.
38 Ibid., p. 487.
39 La Règle de saint Benoit nouvellement traduite et expliquée, op. cit., p. 108, au sujet du chap. 29.
40 Constitutions sur la Règle de Saint Benoit pour les religieuses bénédictines de l’adoration perpétuelle du Très-Saint Sacrement, op. cit., p. 49.
41 Ibid., p. 50. Le conseil reprend manifestement le texte de Notre-Dame-de-Consolation (voir annexe).
42 Jean Mabillon, « Réponse à une lettre touchant la validité des vœux d’une religieuse », dans Daniel-Odon Hurel, Jean Mabillon, op. cit., p. 1002-1007.
43 Regarder à droite et à gauche, se montrer curieuse du regard.
44 Ou expulsion du monastère.
Auteur
CNRS, UMR 8584
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La décapitation de Saint Jean en marge des Évangiles
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France et îles Britanniques, deux mémoires
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