« Unité des cœurs » et « uniformité des mœurs » au défi de l’espace et du temps : les statuts des ordres religieux au Moyen Âge
p. 171-188
Résumés
À compter du xiie siècle, les religieux eurent recours, sous les appellations les plus diverses, à un nouveau type de normes et de textes normatifs : les statuts, qui venaient compléter leurs règles et leurs éventuelles coutumes, souvent fixées dans des coutumiers. Avec le temps, les statuts devinrent durablement le principal pilier de leur ius particulare, toujours en évolution. Il s’agissait de dispositions de droit propre formulées de façon générale et prospective, qui avaient été adoptées en commun lors des sessions de leurs chapitres généraux, étaient dûment promulguées et pouvaient être amendées à tout moment. Au sens large, il s’agissait aussi et surtout de recueils officiels de telles dispositions, lesquels furent rapidement conçus comme de véritables codes de droit. Les statuts sont l’un des produits les plus marquants du mouvement de diversification poussée de la vita religiosa de l’Occident chrétien en ordres religieux selon le modèle des cisterciens, c’est-à-dire en réseaux structurés de monastères constituant des sujets et objets de droit qui consciemment se différenciaient des autres et étaient gouvernés de façon transpersonnelle.
From the twelfth century onward, the religious made recourse, under the most diverse names, to a new kind of norm and normative text: statutes, which came to complete their rules and, if they had some, also their customs, which had often been written down into customaries. With time, the statutes would permanently become the main pilar of their ever evolving ius particulare. They were regulations of their own law formulated in a general and prospective manner which had been passed conjointly on the occasion of their general chapter sessions, which were duly promulgated, and which could be amended at any time. In a broader sense, statutes were also, and perhaps most importantly, official written records of such regulations which were rapidly conceived as veritable codes of law. They are one of the most striking products of the movement of wider diversification of Western vita religiosa in the form of religious orders by the model of the Cistercians, that is in the form of structured networks of monasteries which constituted legal subjects and objects consciously differentiating themselves from the others and which were governed in a transpersonal fashion.
Note de l’auteur
Le court texte présenté et discuté à Clairvaux le 4 octobre 2012 a été préparé dans l’heureuse quiétude d’un séjour de recherche d’un an (2011-2012) financé par l’Alexander von Humboldt-Stiftung à la Forschungsstelle für Vergleichende Ordensgeschichte de l’Université technique de Dresde. Il est ici repris sans grandes modifications.
Texte intégral
1Dans le traité, malheureusement resté inachevé, qu’il consacra aux constitutions de son ordre, l’Expositio super constitutiones fratrum Praedicatorum1, Humbert de Romans, ancien maître général de l’ordre dominicain, excellent et fin connaisseur de la vita regularis de son temps, le xiiie siècle, et membre d’un ordre qui, bien qu’encore jeune et « neuf » en son genre2, entendit se placer à de nombreux égards dans la continuité de certains de ses prédécesseurs et contemporains parmi les plus illustres, comme en particulier les chanoines prémontrés et les moines cisterciens3, se penche brièvement sur les normes positives ou commandements (mandata) – on pourrait aussi dire : « règles » – en vigueur dans l’Église, qu’il classe en quatre groupes hiérarchisés. Les deux premiers, à savoir les 1) Dei mandata et les 2) Ecclesiae mandata, sive pontificum, valent pour tous les chrétiens, tant laïcs que clercs, cependant que les deux derniers, les 3) [mandata] patrum instituentium regulas, ut Augustini, Benedicti, et similium, soit les règles, et les 4) mandata sequentium eos, constitutiones condentium, ne s’appliquent qu’aux religieux, à ces chrétiens (et chrétiennes) qui se sont engagés, en faisant profession, à suivre de surcroît les consilia evangelica (pauvreté, obéissance et chasteté) comme s’ils étaient, précisément, des mandata de Dieu ou de Son Église4. C’est à cette quatrième catégorie définie par Humbert, qui recouvre toutes les normes de droit écrit élaborées par et spécialement pour une communauté religieuse ou, comme dans le cas dominicain et d’ordinaire, un ordre religieux donné pour compléter la règle qu’il s’est donnée ou a adoptée, que sont consacrées les quelques pages qui suivent.
Les statuts dans l’édifice normatif des religieux
2En les appelant « constitutions », Humbert ne faisait que reprendre le terme particulier alors utilisé tant dans son ordre que dans les autres ordres mendiants5, qui l’avaient emprunté aux prêcheurs. Ailleurs, cette même res, qu’historiens ou juristes qualifient génériquement et commodément plus volontiers de « statuts », était désignée par de nombreux autres nomina, notamment : statuta, instituta, decreta, institutiones, definitiones, stabilimenta, voire aussi, de façon conservatrice, mais pour nous équivoque si ce n’est fallacieuse, consuetudines6, comme cela avait été du reste le cas, dans un premier temps, chez les prêcheurs eux-mêmes7. Qu’il ne soit pas question de consuetudines dans la classification d’Humbert peut a priori étonner : n’est-ce pas dans la consuetudo, dont la règle de saint Benoît déjà admettait l’existence (61, 2 : consuetudo loci) et qui souvent avait été consignée par écrit dans d’imposants coutumiers8, que les religieux, en premier lieu les moines bénédictins, avaient depuis longtemps pris l’habitude de puiser des normes de vie que leur règle n’édictait pas9 ? Mais Humbert considère, à vrai dire on ne peut plus classiquement, que la coutume est lex non scripta10. Par ailleurs, il écrit à une époque où les religieux, d’évidence, ne produisaient quasiment plus que des statuts, y compris ceux chez qui la coutume tenait ou avait tenu une place de premier plan. C’est le cas par exemple de Cluny, dont l’ecclesia se transforma au cours du xiiie siècle en ordo en adoptant une série de statuta11, des prémontrés, qui à la même époque ne se dotèrent plus que d’institutiones12, des chartreux, qui, après avoir au XIIe siècle compilé plusieurs recueils de consuetudines ou de supplementa ad consuetudines, ne promulguèrent plus que des statuta13, et même, comme déjà évoqué14, des prêcheurs, qui ne remplacèrent définitivement le terme de consuetudines, hérité de l’époque (1215-1216) où Dominique et les premiers frères avaient été institués et reconnus comme communauté diocésaine de chanoines prédicateurs régie par la règle de saint Augustin, puis installés à Saint-Romain de Toulouse avant de se préparer et de commencer à essaimer, par celui de constitutiones qu’à partir des années 1250. Ces changements terminologiques démontrent en tout cas que les ordres concernés avaient bien conscience ou pris conscience que coutumes et statuts constituaient, à côté de la règle ou du texte de référence qui en tenait lieu (dans le cas cartusien, exceptionnel, il s’agit des consuetudines cartusiae rédigées par le prieur de Chartreuse Guigues Ier à la fin des années 112015), deux types de normes différents.
3En matière de « règles », la vita religiosa de l’Occident médiéval, quels que soient ses avatars, reposait donc, au plus tard à partir du XIIIe siècle, idealiter sur trois « piliers » normatifs : 1) la règle, presque toujours présente, surtout depuis que le IVe concile du Latran (1215) avait interdit la fondation de toute nouvelle religio qui n’adopterait pas de règle déjà approuvée16 ; 2) la coutume, que certains, comme les frères mineurs, dont la législation avait pour seuls pôles la règle (dite bullata) de 1223 et les constitutions la complétant17, pouvaient ne pas connaître du tout ; et 3) les statuts18. L’Ordensbuch, dans lequel les chevaliers teutoniques coulèrent en 1442 l’ensemble de leurs normes, qui dataient presque toutes des siècles précédents, l’illustre très clairement : s’y succédaient, après le prologue, la règle, une soixantaine de coutumes (consuetudines, Gewohnheiten) et une sélection de statuts divers (institutiones, Gesetze) et pénaux (iudicia)19. Ces trois « piliers normatifs », auxquels viennent s’ajouter d’éventuels décrets pontificaux, fréquemment promulgués (et imposés) sous forme de bulles de réforme20, forment le ius particulare ou proprium des communautés et ordres religieux, lequel marque en droit la large autonomie, située – dit d’une formule suggestive – à la fois dans et au-dehors du ius commune, dont ils jouissent au sein de l’Église21 – et ce jusqu’à nos jours (voir les canons 586, 587, 598 et 662 du Codex iuris canonici de 1983).
4Des trois, les statuts sont incontestablement, en pratique, le « pilier » le plus important et le deviennent de plus en plus au fur et à mesure que le temps s’écoule. Le fait se devine déjà derrière les changements de terminologie que l’on observe dans certains ordres, surtout au tournant des xiie et xiiie siècles, et dont ont déjà été donnés quelques exemples. Il est aisément reconnaissable lorsque les ou des normes d’origine coutumière se retrouvent éclatées et fondues, pour ne pas dire dissoutes, dans le creuset d’un texte statutaire, comme c’est très nettement le cas chez les chartreux, qui légiféraient de façon additive ou cumulative et donc éminemment conservatrice22 : leurs Antiqua statuta promulgués en 127223 contiennent, comme l’annonce leur prologue24, la quasi-totalité des dispositions des recueils précédents, qu’il s’agisse de consuetudines, de supplementa ad consuetudines ou de statuta, et l’augmentent des nouveaux statuts adoptés depuis, en réagençant le tout en fonction de leurs divisions et sous-divisions thématiques. Quant à la règle, les statuts finissent par la reléguer à l’arrière-plan. Ces mêmes antiqua statuta cartusiens avaient ainsi aussi « désossé » les consuetudines cartusiae, tout en prescrivant leur lecture intégrale dans chaque chartreuse, à des fins (seulement) mémorielles et d’édification (seulement) tous les quatre ans25. Dans la seconde moitié du xiiie siècle, Humbert de Romans écrivit aussi une longue Expositio regulae b. Augustini26 dans le but déclaré de promouvoir l’amor et la reverentia ad ipsam chez des frères qui vouaient à celle-ci bien plutôt une minor devotio, allant jusqu’à discuter du bien-fondé de sa présence dans l’édifice normatif de l’ordre27. Du reste, il avait même été question, chez les prêcheurs, un court, mais ô combien significatif moment, en 1255, de fusionner, à l’instigation et sous la houlette du cardinal dominicain Hugues de Saint-Cher, règle, coutumes et constitutions in unam regulam28. Et lorsque, à la fin du xve siècle, ils entreprirent une révision générale de leur droit, qui aboutit à la promulgation d’une nouvelle collection de stabilimenta en 1489/149329, les hospitaliers allèrent pour leur part au bout de cette logique en se débarrassant purement et simplement de leur règle, qui avait été élaborée durant le généralat de Raymond du Puy dans la première moitié du xiie siècle30.
Définitions
5De ces dernières observations, qui devraient achever de montrer ou rappeler que, à partir du Moyen Âge dit « central », les « règles » selon lesquelles vivaient ou étaient censés vivre les religieux d’Occident étaient avant tout des « règles » statutaires, commencent à poindre de premiers éléments de réponse à une importante question qui n’a pas encore été abordée de front : que faut-il précisément entendre par « statut(s) »31 ?
6Employé au singulier, le terme désigne une décision législative ou réglementaire prise et promulguée (ou du moins discutée) par ou au nom d’une assemblée compétente, en l’occurrence un chapitre, et plus particulièrement, dans les ordres religieux, le chapitre général (ou, lorsqu’il existe, l’organe décisionnel de celui-ci, à savoir le définitoire)32. Cette décision, motivée ou pas, est toujours formulée de manière générale et impersonnelle, et surtout écrite, ce qui lui confère incontestablement le caractère d’une lex33. Au pluriel et par extension, le terme qualifie tout recueil (officiel) de telles décisions. En fait de recueils statutaires, on peut distinguer, sur le plan formel, les « simples » compilations, qui généralement se contentent de suivre l’ordre chronologique, des collections systématiques ou codifications, elles plus élaborées car organisées par matières, puis, lorsqu’on considère leurs contenus, les recueils complets, dans lesquels étaient collationnées toutes les normes en vigueur au moment de leur promulgation, des recueils partiels, de complément ou d’actualisation, qui ne renfermaient, de leur côté, que les normes adoptées ou modifiées depuis la publication du dernier « recueil complet ». Comparés aux dispositions de la règle et aux coutumes, les statuts présentent les principaux caractères différentiels suivants34 :
Contrairement à la règle, dont le libellé est intangible ou du moins finit par l’être, les statuts peuvent être à tout moment, au rythme des sessions capitulaires, supprimés, amendés ou complétés si besoin est, c’est-à-dire actualisés de façon continue. Cette propriété leur confère certes une souplesse et une adaptabilité sans pareilles, qui sans conteste contribuent grandement à expliquer l’étonnante longévité des ordres religieux, mais exposent aussi ceux-ci au danger bien réel de l’« inflation législative » – de la multitudo constitutionum, comme le disent les constitutions dominicaines35 –, contre lequel furent toutefois développés des mécanismes d’endiguement (entre autres : publication de nouveaux recueils statutaires après révision complète de la matière juridique, opération qualifiée avec pertinence et précision en 1234 par les cisterciens de Retractatio et compilatio diffinitionum et ordinatio36, obligation d’adoption des statuts en plusieurs lectures37…).
Au contraire des coutumes, consignées a posteriori dans des coutumiers, l’orientation des statuts est prospective.
À la différence à la fois des règles et des coutumes, les statuts ne sont pas en principe transmissibles, en totalité ou en partie, à d’autres communautés, même si des « transferts institutionnels » entre ordres et l’existence de « modèles statutaires » – cistercien au XIIe ou dominicain au XIIIe siècle, notamment – peuvent aisément être identifiés38.
D’autre part, leur horizon dépasse celui du seul couvent auquel se bornent presque toutes les règles et, pour ainsi dire par nature, tous les coutumiers : ils réglementent non seulement la vie quotidienne des religieux dans leur maison, mais aussi la vie institutionnelle d’un ensemble formé de plusieurs maisons, d’un ordre religieux.
Les statuts, produits de l’apparition des ordres religieux
7En tant que genre, les statuts sont l’un des produits les plus originaux et significatifs des bouleversements et réformes qui ont profondément modifié, à partir du xiie siècle, dans le sillage de la Réforme grégorienne, le monde des religieux d’Occident39. Leur forme d’expression la plus visible fut la diversification rapide et de plus en plus prononcée de ce monde40, qui jusqu’alors présentait un aspect relativement homogène, divisé qu’il était en seulement deux grands ordines concurrents, l’ordo monasticus, fondé sur la règle de saint Benoît, et l’ordo canonicus, plus jeune, qui entre-temps se réclamait de la règle de saint Augustin. Non seulement chacune de ces deux branches se subdivisa en plusieurs rameaux, la première étant confrontée à une soudaine et vive renaissance de l’idéal érémitique (Vallombreuse, Cîteaux)41, la seconde se scindant en ordo antiquus et ordo novus42, mais encore apparurent des centres réformateurs qui, du moins à leurs débuts, affirmèrent leur originalité radicale par leur refus non moins radical des règles traditionnelles (Camaldoli, Grandmont, la Chartreuse, Sempringham, Fontevraud, Obazine…), de même que, avec les premiers ordres religieux-militaires43, une forme complètement nouvelle de vie régulière, bientôt suivie par une autre, au début du siècle suivant, avec les premiers ordres mendiants44. Les principaux protagonistes et représentants de ce renouvellement exceptionnel furent les cisterciens – et ce pas uniquement en raison de leur fulgurante expansion dans toutes les contrées de l’Occident chrétien.
8Les moines blancs donnèrent en effet au terme ordo un nouveau sens et une nouvelle réalité en liant indissociablement observance et cohésion corporative assise sur le droit, se démarquant du même coup de manière tranchée des autres moines et ouvrant ainsi la voie à l’institutionnalisation autonome de la vita religiosa45. Avec les cisterciens en effet, pour employer les termes choisis de Gert Melville :
« Une acception plus large du terme “ordo” dépassa l’ancienne limitation conceptuelle au [seul] sens de “style de vie commun” et associa désormais de façon indissociable observance et cohérence juridico-corporative. Ceci voulait en même temps dire se démarquer fortement des autres communautés monastiques et ouvrir la voie à une institutionnalisation de la vie religieuse d’emblée autonome. Les cisterciens créèrent l’“ordre [religieux]” en tant que sujet de droit au sens que le terme prit alors et qu’il conserve jusqu’à aujourd’hui46. »
9Concrètement, il s’était agi pour eux, après que les premières abbayes-filles (filiae) du novum monasterium de Cîteaux eurent été fondées dans les années 1110, de garantir que leur propositum de retour à la puritas de la règle de saint Benoît, tout à fait « réactionnaire » et négateur de la tradition, soit mis en œuvre de façon uniforme par-delà le temps, c’est-à-dire dans l’avenir, et par-delà l’espace, c’est-à-dire en plusieurs lieux. Pour ce faire, ils s’appuyèrent avant tout sur la force normative du droit positif – et donc statutaire – en se dotant collectivement d’une véritable « charte constitutionnelle » : la célèbre Charte de charité, qualifiée aussi, de façon très révélatrice, de « pacte » ou de « décret » et dont nous disposons de trois versions successives (Carta caritatis prior, Summa Cartae caritatis et Carta caritatis posterior)47. En toute clarté, son prologue proclamait :
« Avant que les abbayes cisterciennes ne commencent à fleurir, le seigneur abbé Étienne [Harding, l’abbé de Cîteaux] et ses frères ordonnèrent qu’en aucune manière des abbayes ne seraient fondées dans le diocèse de quelque évêque avant que celui-ci n’ait approuvé et confirmé le décret élaboré et confirmé par la communauté de Cîteaux et les autres communautés issues d’elle […]. Et donc, dans ce décret, les frères précités, pour prévenir tout futur naufrage de la paix mutuelle, mirent au clair, statuèrent et transmirent à leurs descendants par quel pacte ou de quelle façon ou, plutôt, par quelle charité leurs moines, séparés de corps dans des abbayes situées dans diverses parties du monde, seraient indissolublement soudés en esprit. Ce décret, ils décidèrent donc de l’appeler “Charte de charité” [… ]48. »
10Ses premiers articles se préoccupaient ensuite d’imposer l’uniformité de l’observance49. Étaient par ailleurs créés, avec la visite annuelle des abbayes-filles par leurs abbés-pères, d’une part un mécanisme de contrôle50 et, avec le chapitre général des abbés, lui aussi annuel, d’autre part un organe législatif commun51. Celui-ci commença immédiatement à travailler, promulguant année après année des statuta annalia et mettant au point de premières collections statutaires encore non systématiques (capitula, instituta)52, auxquelles succédèrent au xiiie siècle, à intervalles assez réguliers, ces véritables codifications qu’étaient les Libelli definitionum53.
11Ce faisant, les cisterciens non seulement innovèrent, mais encore, comme l’on sait, firent école54. La constitution d’ordres religieux, par le biais d’un droit statutaire, qui définissait de façon rationnelle et différentielle en somme l’identité et la pratique religieuses et institutionnelles de chacun d’entre eux, et au moyen de structures de gouvernement et d’administration, devint bientôt un phénomène global caractéristique de la vita regularis d’Occident, embrassant aussi bien les communautés et congrégations déjà existantes que celles qui se constitueraient ultérieurement55. Les premiers à avoir emboîté le pas aux cisterciens furent, dès les années 1130, les chanoines prémontrés, auxquels nous devons la belle formule, tirée du prologue de leurs statuts, mise en exergue dans le titre de la présente contribution et que d’autres ordres, comme les prêcheurs ou les ermites de saint Augustin56, reprirent telle quelle. Selon cette formule, les statuts ont pour but de garantir en tout temps et lieu l’« uniformité observée à l’extérieur, dans les mœurs », laquelle est l’expression de l’« unité qui doit être conservée à l’intérieur, dans les cœurs », soit de réaliser le précepte apostolique, ancré dans la règle (augustinienne), du habere cor unum et animam unam in Domino (acte 4, 32)57. D’autres suivirent, et, en 1215, le ive concile du Latran entendit promouvoir, par son 12e canon, le « modèle cistercien » en ordonnant aux supérieurs des maisons religieuses non rattachées à un ordre de se réunir tous les trois ans en chapitre provincial « à la façon des cisterciens » (iuxta morem Cisterciensium)58.
Objet et qualité de la législation statutaire
12Reste une question importante encore en suspens : sur quoi porte la législation statutaire des ordres religieux ? Pour s’en faire une bonne idée, un simple regard sur quelques sommaires de codifications statutaires suffit. Le plus simple est celui des constitutions dominicaines dites « primitives », qui ne comptent que deux parties appelées « distinctions », la première consacrée aux divers aspects de la vie conventuelle, la seconde essentiellement à la vie (institutionnelle) de l’ordre dans son ensemble59. Sous le généralat de l’éminent canoniste Raymond de Peñafort, en 1239-1241, ces premières constitutions furent remaniées et actualisées en un nouveau Liber, dont le plan fut alors « gelé ». Dans les deux distinctions d’origine, conservées, se succèdent en nombre réduit des paragraphes thématiques regroupés tacitement en quatre « blocs » cependant facilement reconnaissables – pour la première : 1) spiritualia, 2) vie quotidienne, 3) entrée dans l’ordre et 4) code pénal ; et, pour la seconde : 1) maisons, 2) supérieurs, 3) chapitres et 4) charges et états particuliers60. L’agencement du Liber des prémontrés en quatre « distinctions » est certes différent, mais présente des accentuations thématiques très similaires : 1) vie conventuelle, 2) officiers, 3) code pénal, et 4) vie de l’ordre61. Le sommaire des Libelli definitionum cisterciens est quant à lui beaucoup plus détaillé puisqu’il ne contient pas moins de 15 divisions (elles aussi appelées distinctiones). Mais là aussi, ce sont les mêmes sujets de prédilection qui se dégagent62. D’évidence, les statuts étaient susceptibles de s’intéresser à tous les domaines constitutifs de la vita religiosa, y compris la liturgie. Mais c’est bien sur l’organisationnel, le disciplinaire et le matériel, ainsi que, dans une moindre mesure, le champ des interactions quotidiennes au sein de la communauté qu’ils se concentrent. N’étaient peut-être quelques lignes dans certains prologues, voire au détour de certains de leurs chapitres ou articles63, il n’y a strictement nulle trace de spiritualité dans ces textes à la tonalité et à la teneur exclusivement juridiques, alors que toutes les règles sont aussi, si ce n’est surtout, chacune à sa manière, des traités de spiritualité de la vie régulière64. Lorsque, en 1236, ils déclarèrent que les dispositions de leurs constitutions n’obligeaient pas les frères ad culpam, sed ad penam65, appliquant ce faisant le « principe de loi purement pénale » au cœur de leur dispositif normatif66, les dominicains, bientôt là encore suivis par d’autres (prémontrés, clunisiens, cisterciens, carmes, ermites de saint Augustin… )67, en prirent d’ailleurs dûment acte en consacrant, pour ainsi dire, l’objectivation juridique complète de leurs normes statutaires, c’est-à-dire de la plupart de leurs normes de vie religieuse.
Notes de bas de page
1 Expositio magistri Humberti super consitutiones fratrum Praedicatorum, dans B. Humberti de Romanis quinti Praedicatorum magistri generalis opera de vita regulari, Joachim Joseph Berthier (éd.), Rome, 2 vol., 1889 (réimpr., Turin, 1956), vol. 2, p. 1-178.
2 Kaspar Elm, « Gli ordini mendicanti : un ceto di vita religiosa », dans Il papato duecentesco e gli ordini mendicanti, Spolète, Centro italiano du studi sull’alto Medioevo, 1998, p. 5-22.
3 Le legs normatif des prémontrés aux premiers dominicains est ainsi décrit par Humbert, Expositio, op. cit. (n. 1), p. 2 : Notandum quod constitutiones Praemonstratensium omnino eodem modo incipiunt, et ex hoc elicitur quod verum est quod constitutiones nostrae extractae sunt ab illorum constitutionibus, cum ipsi nos praecesserint : et hoc justum fuit. Praemonstratenses enim reformaverunt et auxerunt religionem beati Augustini, sicut Cistercienses beati Benedicti religionem, et excedunt omnes illius religionis in vitae austeritate, in observantiarum pulchritudine, in discreto maximae multitudinis regimine per capitula generalia, et visitationes, et hujusmodi. Proinde beatus Dominicus et fratres sui temporis, cum non potuissent obtinere a Domino Papa secundum fervorem conceptum novam et arctam regulam, et ab hoc revulsi proposito elegissent regulam beati Augustini, non immerito cum illa regula de constitutionibus illorum qui alios illius ordinis excedebant, assumpserunt quod arduum, quod decorum, quod discretum invenerunt in illis, si competens reputarunt. Non contenti autem illis alia multa superaddiderunt, et addere non cessant in capitulis annualibus, praerogativam ordinis beati Augustini sibi non solum doctrinae et praedicationis officio, sed et vitae merito vindicantes.
4 Ibid., p. 16 : Sunt enim Dei mandata maxima ; sed Ecclesiae mandata, sive Summorum Pontificum, parva in respectu ad illa ; minora patrum instituentium regulas, ut Augustini, Benedicti, et similium : sed minima mandata sequentium eos, constitutiones condentium. Et intellige quantum est ex parte mandantium, non mandatorum. Nam majoris auctoritatis sunt Summi Pontifices et Concilia quam Augustinus, vel Benedictus ; isti vero sunt majores quam moderni sub eis militantes.
5 Jusque-là au mieux éditées de façon partielle et, surtout, éclatée, les constitutiones des mineurs et des carmes font depuis peu l’objet d’ambitieuses entreprises d’édition complète ; pour ce qui est du Moyen Âge, ont été à ce jour déjà publiés les volumes suivants : Constitutiones generales ordinis fratrum Minorum I (Saeculum XIII), Cesare Censi, Romain Georges Mailleux (éd.), Grottaferrata, Frati editori di Quaracchi, 2007 ; Constitutiones generales ordinis fratrum Minorum II (Saeculum xiv/1), Id. (éd.), Grottaferrata, Frati editori di Quaracchi, 2007 ; Corpus constitutionum ordinis fratrum beatissimae Virginis Mariae de Monte Carmelo, Volumo primo, 1281-1456, Edison R. L. Tinambunan, Emanuel Boaga (éd.), Rome, Edizioni Carmelitane, 2011.
6 Voir les divers exemples ici évoqués, ainsi que ceux, plus nombreux, traités en détail dans Cristina Andenna, Gert Melville (dir.), Regulae – Consuetudines – Statuta. Studi sulle fonti normative degli ordini religiosi nei secoli centrali del Medioevo, Münster, Lit, 2005.
7 Florent Cygler, « Le ius particulare dominicain au xiiie siècle : prise de vue », ibid., p. 445-459 ; Paul Bernard Hodel, « Les constitutions primitives. Un état des lieux », Mémoire dominicaine. Histoire – Documents – Vie dominicaine, 13, 1998/2 : Les dominicains et leur droit. Les frères – les moniales – les sœurs apostoliques – les laïcs, p. 37-45.
8 Voir les nombreux et divers textes édités dans les (à ce jour) 14 volumes du Corpus consuetudinum monasticarum, Siegburg, 1963 et suiv.
9 Sur la coutume et les coutumiers en milieu régulier, plus particulièrement monastique, voir notamment les deux études de référence : Joachim F. Angerer, « Zur Problematik der Begriffe : Regula – Consuetudo – Observanz und Orden », Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktinerordens und seiner Zweige, 88, 1977, p. 312-323 ; Kassius Hallinger, « Consuetudo. Begriff, Formen, Forschungsgeschichte, Inhalt », dans Untersuchungen zu Kloster und Stift, Göttingen, 1980, p. 140-166. On trouvera dans André Vauchez, Cécile Caby (dir.), L’histoire des moines, chanoines et religieux au Moyen Âge. Guide de recherche et documents, Turnhout, Brepols, 2003, p. 71-81, une commode présentation d’ensemble, ainsi que, p. 87-91, une bibliographie actualisée, à laquelle peuvent être ajoutées certaines des contributions de Susan Boynton, Isabelle Cochelin (dir.), From Dead of Night to End of Day. The Medieval Customs of Cluny/Du cœur de la nuit à la fin du jour. Les coutumes clunisiennes au Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2005, dont l’intérêt dépasse le seul cas clunisien : Anselme Davril, « Coutumiers directifs et coutumiers descriptifs d’Ulrich à Bernard de Cluny », p. 23-28 ; Isabelle Cochelin, « Évolution des coutumiers monastiques dessinée à partir de l’étude de Bernard », p. 29-66 ; Gert Melville, « Action, Text, and Validity : On Re-Examining Cluny’s Consuetudines and Statutes », p. 67-83 (version anglaise actualisée, Id., « Handlung, Text und Geltung. Zu Cluny’s Consuetudines und Statuten », dans Wilfried Ehbrecht et al. (dir.), Der weite Blick des Historikers. Einsichten in Kultur-, Landes- und Stadtgeschichte. Peter Johanek zum 65. Geburtstag, Cologne, 2002, p. 23-39). Ce dernier recueil d’articles est par ailleurs lui aussi doté d’une copieuse bibliographie, annexée p. 355-385.
10 Expositio, op. cit. (n. 1), p. 12 : Est enim consuetudo lex non scripta ; constitutio vero lex scripta : […]. Voir aussi ibid., p. 8 : Alii sunt religiosi qui praeter regulam nulla scripta habent ; sed in agendis suis soli consuetudini innituntur, vel rationi, facientes quod eis videtur rationabile ; alii ordinationes majorum suorum sequentes, quod scriptis ordinant vel mandant. Sur les vues d’Humbert, voir Andreas Fieback, « Necessitas non est legi subiecta, maxime positivae. Über den Zusammenhang von Rechtswandel und Schriftgebrauch bei Humbert de Romanis O. P. », dans Gert Melville (dir.), De ordine vitae. Zu Normvorstellungen, Organisationsformen und Schriftgebrauch im mittelalterlichen Ordenswesen, Münster, Lit, 1996, p. 125-151.
11 Sébastien Barret, « Regula Benedicti, consuetudines, statuta : aspects du corpus clunisien », dans Cristina Andenna, Gert Melville (dir.), Regulae…, op. cit. (n. 6), p. 65-103 ; Giles Constable, « Monastic Legislation at Cluny in the Eleventh and Twelfth Centuries », dans Stephan Kuttner (dir.), Proceedings of the Fourth International Congress of Medieval Canon Law, Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1976, p. 151-161 ; Gert Melville, « Die cluniazensische Reformatio tam in capite quam in membris. Institutioneller Wandel zwischen Anpassung und Bewahrung », dans Jürgen Miethke, Klaus Schreiner (dir.), Sozialer Wandel im Mittelalter. Wahrnehmungsformen, Erklärungsmuster, Regelungsmechanismen, Sigmaringen, J. Thorbecke, 1994, p. 249-297.
12 Jörg Oberste, « Règle, coutumes et statuts. Le système normatif des prémontrés aux xiie-XIIIe siècles », dans Cristina Andenna, Gert Melville (dir.), Regulae…, op. cit. (n. 6), p. 261-276.
13 Maria Pia Alberzoni, « I Certosini fra Consuetudines e Statuta : Gli Sviluppi Istituzionali fino alla Metà del XIII Secolo », dans Silvio Chiaberto (dir.), Certose di Montagna, certose di pianura. Contesti territoriali e sviluppo monastico, Borgone di Susa, 2002, p. 103-116 ; Florent Cygler, « Les consuetudines et statuta des chartreux au Moyen Âge », dans Cristina Andenna, Gert Melville (dir.), Regulae…, op. cit. (n. 6), p. 179-193.
14 Voir les références données supra, n. 7.
15 Guigues Ier, prieur de Chartreuse. Coutumes de Chartreuse. Introduction, texte critique, traduction et notes par un Chartreux, Maurice Laporte (éd.), Paris, 1984.
16 Constitutiones Concilii quarti Lateranensis una cum Commentariis glossatorum, Antonio García y García (éd.), Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticano, 1981, p. 62 (canon 13).
17 Pour des études récentes de la législation franciscaine et de ses éléments constitutifs, voir Jens Röhrkasten, « Franciscan Legislation from Bonaventure to the End of the Thirteenth Century », dans Cristina Andenna, Gert Melville (dir.), Regulae…, op. cit. (n. 6), p. 483-500 ; Roberto Rusconi, « La formulazione delle regole minoritiche nel primo quarto del secolo xiii », ibid., p. 461-481 ; ainsi que les contributions à La regola dei frati minori, Spolète, Fondazione Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, 2010.
18 Voir les aperçus suivants : Florent Cygler, « Règles, coutumiers et statuts (ve-xiiie siècles). Brèves considérations historico-typologiques », dans Marek Derwich (dir.), La vie quotidienne des moines et chanoines réguliers au Moyen Âge et Temps modernes, Wroclaw, 2 vol., 1995, vol. 1, p. 31-49 ; Lars-Arne Dannenberg, art. « Religiosenrecht », dans Gert Melville, Martial Staub (dir.), Enzyklopädie des Mittelalters, Darmstadt, Primus, 2 vol., 2008, vol. 1, p. 228-234 ; Gert Melville, « Regeln – Consuetudines-Texte – Statuten. Positionen für eine Typologie des normativen Schrifttums religiöser Gemeinschaften im Mittelalter », dans Cristina Andenna, Gert Melville (dir.), Regulae…, op. cit. (n. 6), p. 5-38 ; Id., Die Welt der mittelalterlichen Klöster. Geschichte und Lebensformen, Munich, C. H. Beck, 2012, p. 285-294 : « Die Klöster und das Recht ».
19 Die Statuten des deutschen Ordens, nach den ältesten Handschriften, Max Perlbach (éd.), Halle s/ Saale, 1890 (réimp., Hildesheim, 1975).
20 Nombreux sont les études et ouvrages abordant ce type de réformes, qu’ils se concentrent sur un pontificat donné, se consacrent à un ou plusieurs ordres ou encore mêlent les deux démarches – par exemple : Maria Pia Alberzoni, « Bonifacio viii e gli Ordini mendicanti », dans Bonifacio VIII, Spolète, Fondazione Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, 2003, p. 365- 412 ; Id., « I nuovi Ordini, il IV concilio lateranense e i Mendicanti », dans Domenico di Caleruega e la nascita dell’ordine dei frati predicatori, Spolète, Fondazione Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, 2005, p. 39-89 ; Jan Ballweg, Konziliare oder päpstliche Ordensreform. Benedikt XII. und die Reformdiskussion im frühen 14. Jahrhundert, Tübingen, 2001 ; Ursmer Berlière, « Innocent iii et la réorganisation des monastères bénédictins », Revue bénédictine, 32, 1920, p. 23-42, 145-159 ; Id., « Honorius III et les monastères bénédictins, 1216-1227 », Revue belge de philologie et d’histoire, 2, 1923, p. 237-265, 461-484 ; Guido Cariboni, « Il papato di fronte alla crisi istituzionale dell’Ordensverfassung cistercense nei primi decenni del xiii secolo », dans Gert Melville, Jörg Oberste (dir.), Die Bettelorden im Aufbau. Beiträge zu Institutionalisierungsprozessen im mittelalterlichen Religiosentum, Münster, Lit, 1999, p. 619-653 ; Florent Cygler, « Cartusia numquam reformata ? La réforme constitutionnelle de l’ordre cartusien au xiiie siècle », dans Reinhardt Butz, Jörg Oberste (dir.), Studia monastica. Beiträge zum klösterlichen Leben im Mittelalter. Gert Melville zum 60. Geburtstag, Münster, Lit, 2004, p. 47-72 ; Franz J. Felten, « Le pape Benoît xii (1334-1342) et les Frères Prêcheurs », dans La papauté d’Avignon et le Languedoc, 1316-1342, Toulouse, Privat ; Id., « Die Kurie und die Reformen im Prämonstratenserorden im hohen und späten Mittelalter », dans Irene Crusius, Helmut Flachenecker (dir.), Studien zum Prämonstratenserorden, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2003, p. 349-398 ; Id., « Die Ordensreformen Benedikts xii. unter institutionengeschichtlichem Aspekt », dans Gert Melville (dir.), Institutionen und Geschichte. Theoretische Aspekte und mittelalterliche Befunde, Cologne/Weimar/Vienne, Böhlau, 1992, p. 369- 435 ; Gregorio IX e gli ordini mendicanti, Spolète, 2011 ; Michele Maccarone, « Riforma e sviluppo della vita religiosa con Innocenzo iii », Rivista di storia della Chiesa in Italia, 16, 1962, p. 29-72 ; Id., « Riforme e innovazioni di Innocenzo iii nella vita religiosa », dans Id., Studi su Innocenzo III, Padoue, Antenore, 1972, p. 221-337 ; Id., « Le costituzioni del iv concilio lateranense sui religiosi », dans Id., Nuovi studi su Innocenzo III, R. Lambertini (éd.), Rome, Istituto storico italiano per il Medio Evo, 1995, p. 1-45 ; Pietro de Leo (dir.), L’Ordine certosino e il Papato dalla fondazione allo scisma d’Occidente, Soveria Mannelli, 2003 ; Kaspar Elm, « Gli ordini mendicanti… », art. cité (n. 2) ; Franz Neiske, « Reform oder Kodifizierung ? Päpstliche Statuten für Cluny im 13. Jahrhundert », Archivum historiae pontificae, 26, 1988, p. 71-118 ; Clément Schmitt, Un pape réformateur et un défenseur de l’unité de l’Église : Benoît XII et l’ordre des frères mineurs, 1334-1342, Quaracchi, Collège Saint-Bonaventure, 1959.
21 Sur les rapports entre le ius commune de l’Église et le ius particulare des ordres, voir Gert Melville, « Ordensstatuten und allgemeines Kirchenrecht. Eine Skizze zum 12./13. Jahrhundert », dans Peter Landau, Joers Mueller (dir.), Proceedings of the Ninth International Congress of Medieval Canon Law. Munich, 13-18 July 1992, Cité du Vatican, Biblioteca apostolica Vaticana, 1997, p. 691-712 ; Id., « Zum Recht der Religiosen im Liber extra », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte 118, kan. Abt. 87, 2001, p. 165-190. Les dispositions du ius commune concernant les religieux sont quant à elles examinées par Lars-Arne Dannenberg, Das Recht der Religiosen in der Kanonistik des 12. und 13. Jahrhunderts, Münster, Lit, 2008.
22 F. Cygler, « Les consuetudines et statuta des chartreux… », art. cité (n. 13), p. 191 et suiv.
23 Statuta antiqua ordinis cartusiensis in tribus partibus comprehensa, J. Amorbach (éd.), Bâle, 1510 (réimpr. avec pagination continue en plusieurs volumes, ici utilisée, dans The Evolution of the Carthusian Statutes from the Consuetudines Guigonis to the Tertia compilatio. Documents, James Hogg (éd.), Salzbourg, 4 vol., 1989, vol. 1 et 2, p. 57-269).
24 Voir le prologue ; ibid., p. 162 : […], visum est capitulo generali, quod omnes consuetudines et statuta nostri ordinis, simul in unam quantum possibile foret aggregarentur consonantiam, ut inveniri citius, et facilius possent memorie commendari.
25 Ibid., p. 163 : Et quamvis in consuetudinibus domni guigonis quantum ad observationem quedam mutata sint, statuit tamen idem capitulum, quod eedem consuetudines in singulis domibus nostri ordinis ex integro quantum ad litteram sine mutatione aliqua habeantur. Et si qua sunt in eis cancellata restaurentur ; et in omni anno bisextili in conventu legantur, ut videamus quantum lapsum facimus a conservatione patrum antiquorum.
26 Expositio regulae b. Augustini secundum b. Humbertum, magistrum ordinis fratrum Praedicatorum, dans B. Humberti de Romanis quinti Praedicatorum magistri generalis opera, op. cit. (n. 1), vol. 1, p. 43-633.
27 Ibid., p. 43 : Cogitanti mihi de sermone qui exiit inter Fratres de regula beati Augustini noto vobis, et timenti ne forte sermo hujusmodi aliquibus vestrorum esset occasio minoris devotionis ad ipsam, transtuli partem studii cui libenter, cum vacat, intendo, ad cogitandum de ea.
28 Bullarium ordinis Fratrum Praedicatorum, A. Bremond (éd.), Rome, 8 vol., 1729-1740, vol. 1, p. 271 : Nos [le pape Alexandre IV] itaque […] tibi [le cardinal Hugues] auctoritate concedimus, quod de consilio Magistri & discretorum Fratrum ipsius Ordinis, quos tua circumspectio duxerit eligendos, Regulam, Constitutiones, & Consuetudines eorumdem diligenter inspicere, ac ex illis que potiora & utilitoria fuerint, eligere valeas, & in unam Regulam redigere, sive de ipsis aliter ordinare, prout expedire videris, ad ejusdem Ordinis conservationem inviolabilem, & perpetuam firmitatem. Sur ce projet, qui suscita dans l’ordre quelques remous et fut rapidement abandonné, voir Pierre Mandonnet, Saint Dominique. L’idée, l’homme et l’œuvre, Paris, Desclée de Brouwer, 2 vol., 1938, vol. 2, p. 265-272 : « Le projet de fusion » ; l’articulation de la règle et des constitutions chez les prêcheurs, telle que conçue par Humbert de Romans, est étudiée par Florent Cygler, Gert Melville, « Augustinusregel und dominikanische Konstitutionen aus der Sicht Humberts de Romanis », dans Gert Melville, Anne Müller (dir.), Regula sancti Augustini. Normative Grundlage differenter Verbände im Mittelalter, Paring, Augustiner-Chorherren-Verl., 2002, p. 419-454.
29 Stabilimenta Rhodiorum militum. Die Statuten des Johanniterordens von 1489/93, Jyri Hasecker, Jürgen Sarnowski (éd.), Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2007.
30 Die Ordensregel der Johanniter/Malteser : die geistlichen Grundlagen des Johanniter-/Malteserordens, mit einer Edition und Übersetzung der drei ältesten Regelhandschriften, G. T. Lagleder (éd.), St. Ottilien, 1994. On trouvera dans Stabilimenta Rhodiorum militum, op. cit. (n. précédente), p. 42-44, une succincte mise au point au sujet de la règle et de sa disparition de la législation de l’ordre.
31 Sur ce qui suit, voir Florent Cygler, « Ausformung und Kodifizierung des Ordenrechts vom 12. bis zum 14. Jahrhundert. Strukturelle Beobachtungen zu den Cisterziensern, Prämonstratensern, Kartäusern und Cluniazensern », dans Gert Melville, De ordine vitae, op. cit. (n. 10), p. 6-58.
32 Sur cette instance, ses compétences et son travail, voir Florent Cygler, Das Generalkapitel im hohen Mittelalter. Cisterzienser, Prämonstratenser, Kartäuser und Cluniazenser, Münster, Lit, 2002 ; Jacques Hourlier, Le chapitre général jusqu’au moment du Grand Schisme. Origines, développement, étude juridique, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1936.
33 Les exemples cistercien et clunisien sont abordés en détail et de façon comparative par Florent Cygler, Gert Melville, Jörg Oberste, « Aspekte zur Verbindung von Organisation und Schriftlichkeit im Ordenswesen. Ein Vergleich zwischen den Zisterziensern und Cluniazensern des 12./13. Jahrhunderts », dans Clemens M. Kasper, Klaus Schreiner (dir.), Viva vox und ratio scripta. Mündliche und schriftliche Kommunikationsformen im Mönchtum des Mittelalters, Münster, Lit, 1997, p. 203-280, ici p. 237-256 : « Die Schriftlichkeit des zisterziensischen und cluniazensischen Generalkapitels. Zur Relevanz von Definitionen für Ordensstrukturen ».
34 Sur ce qui suit, voir Gert Melville, « Regeln – Consuetudines… », art. cité (n. 18), p. 11 et suiv.
35 De oudste constituties van de dominicanen. Voorgeschiedenis, tekst, bronnen, ontstaan en ontwikkeling (1215-1237), Antoninus Hendrik Thomas (éd.), Louvain, 1965, p. 344 : Et ut multitudo constitutionum vitetur, prohibemus ne aliquid de cetero statuatur, nisi per duo capitula continua fuerit approbatum. Et tunc in tertio capitulo immediate sequente poterit confirmari vel deleri […].
36 Statuta capitulorum generalium ordinis Cisterciensis ab anno 1116 ad annum 1786, Joseph M. Canivez (éd.), Louvain, 8 vol., 1933-1941, vol. 2, p. 131. L’exemple cistercien a du reste été particulièrement bien étudié : voir Colomban Bock, « Les codifications du droit cistercien », Collectanea ordinis Cisterciensium reformatorum, 9, 1947, p. 249-252, 341-350 ; 10, 1948, p. 118-127, 278-290 ; 11, 1949, p. 151-166, 334-352 ; 12, 1950, p. 101-117, 161-175 ; 14, 1952, p. 4-29, 191-207 ; 16, 1954, p. 267-283 ; 17, 1955, p. 161-185, 253-264 ; 18, 1956, p. 28-41 ; Florent Cygler, Gert Melville, Jörg Oberste, « Aspekte zur Verbindung… », art. cité (n. 33), p. 220-227 ; Jean A. Lefèvre, Bernard Lucet, « Les codifications cisterciennes aux XIIe et XIIIe siècles d’après les traditions manuscrites », Analecta sacri ordinis Cisterciensis, 15, 1959, p. 3-22 ; Bernard Lucet, « L’ère des grandes codifications cisterciennes (1201-1350) », dans Études d’histoire du droit canonique dédiées à Gabriel Le Bras, Paris, 2 vol., 1965, vol. 1, p. 249-262. On trouve parfois dans la législation d’autres ordres des périphrases similaires, par exemple dans les Statuta Jancelini (The Statuta Jancelini (1222) and the De reformatione of Prior Bernard (1248), James Hogg (éd.), Salzbourg, 1978, p. 137 : Hec compilatio mandato capituli generalis, contrarietatibus, superfluitatibus, necnon obscuritatibus et que diversa erant et confusa in unam quantum possibile fuit consonantiam collectis atque per titulos dispositis facta fuit […]) et les Antiqua statuta cartusiens (voir supra, n. 24), ou encore dans la Quinta distinctio prémontrée de 1322 (J. Gerits, De evolutie van de Premonstratenzer wetgeving van 1290 tot 1322, mémoire de licence dactyl., Université catholique de Louvain, 1964, p. 233 : […], presentem compilationem seu correctionem statutorum extravagantium, […]).
37 Voir l’exemple dominicain donné supra, n. 35 (trois lectures). D’autres ordres adoptèrent par la suite aussi le procédé (triple ou double lecture), notamment les cisterciens (Statuta capitulorum generalium ordinis Cisterciensis, op. cit. [n. précédente], vol. 3, p. 27 : Statuta de cetero facienda non obligent, nisi in sequentis anni capitulo confirmentur, […] [bulle Parvus fons de Clément IV, 1265]), les prémontrés (Statuta primaria Praemonstratensis ordinis, dans J. Le Paige, Bibliotheca Praemonstratensis ordinis, Paris, 1633 [réimpr. en 2 vol. : Averbode, 1998], p. 784-831, ici p. 818, col. 1 : Statuimus firmiter perpetuo et inviolabiliter observandum, quod omnia Statuta quae de cetero fient in nostro Capitulo generali, primo anno quo facta fuerint, publicentur et observentur tam a Praelatis, quam a subditis, […]. Secundo anno eadem Statuta examinentur & anno tertio approbentur, si fuerint approbanda. Quod si qui dicta Statuta voluerint oppugnare, causam sufficienter ostendant, coram diffinitoribus Capituli generalis, ut tunc ipsa Statuta totaliter approbentur, vel totaliter reprobentur. Quod si tunc fuerint approbata, sine remissione qualibet, tam a Praelatis, quam subditis de caetero observentur [Liber institutionum de 1290]) ou encore les chartreux (Statuta antiqua ordinis cartusiensis, op. cit. [n. 23], p. 216 : Nulla etiam constitutio vel statutum per capitulum generale fieri poterunt cum effecto, nisi per duo generalia capitula continua approbentur).
38 Sur ce point, voir brièvement Florent Cygler, « Pour une approche comparée des normes et de l’organisation de la vie régulière au Moyen Âge : quelques pistes », dans Gert Melville, Anne Müller (dir.), Mittelalterliche Orden und Klöster im Vergleich. Methodische Ansätze und Perspektiven, Münster, Lit, 2007, p. 163-186, ici p. 180 et suiv.
39 Giles Constable, « Renewal and Reform in Religious Life. Concept and Realities », dans Id., Robert L. Benson (dir.), Renaissance and Renewal in the Twelfth Century, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1982, p. 37-67 ; Id., The Reformation of the Twelfth Century, Cambridge, cup, 1996.
40 Cette diversification est abordée de front notamment par Jean Leclercq, « Diversification et identité dans le monachisme au xiie siècle », Studia monastica, 28, 1986, p. 51-74 ; Gert Melville, « Einheit und Vielfalt. Das mittelalterliche Europa der Klöster und Orden », dans Waltraud Schreiber (dir.), Von den Olympischen Spielen bis zur Potsdamer Konferenz. Standardthemen des Geschichtsunterrichts forschungsnah, Neuried, Ars Una, 2006, p. 163-186 (version italienne : « Unitas e diversitas. L’Europa medievale dei chiostri e degli ordini », dans Giorgio Cracco et al. (dir.), Europa in costruzione. La forza delle identità, la ricerca di unità (secoli ix-xiii), Bologne, Il Mulino, 2006, p. 357-384).
41 Voir, commodément, Id., Die Welt der mittelalterlichen Klöster, op. cit. (n. 18), p. 84-113 : « Rückkehr in die Wüste ».
42 Pour de récentes synthèses, voir Cristina Andenna, « Kanoniker sind Gott für das ganze Volk verantwortlich ». Die Regularkanoniker Italiens und die Kirche im 12. Jahrhundert, Paring, Augustiner-Chorherren-Verl., 2004 ; Michel Parisse (dir.), Les chanoines réguliers. Émergence et expansion (xie-xiiie siècles), Saint-Étienne, PUSE, 2009 ; Gert Melville, Die Welt der mittelalterlichen Klöster, op. cit. (n. 18), p. 114-122 : « Die Regularkanoniker : ein neues Sebstverständnis des Klerus ».
43 Kaspar Elm, « Gli ordini militari. Un ceto di vita religiosa fra universalismo e particolarismo », dans Enzo Coli, Maria De Marco, Francesco Tommasi (dir.), Militia sacra. Gli ordini militari tra Europa e Terrasanta, Pérouse, S. Bevignate, 1994, p. 9-28 ; Alain Demurger, Chevaliers du Christ. Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge (xie-xvie siècle), Paris, Seuil, 2002.
44 Voir la référence donnée supra, n. 2.
45 Gert Melville, « Das Cisterziensertum : Wagnis und Modell im 12. und 13. Jahrhundert », dans Martina Schattkowsky, Andre Thieme (dir.), Altzelle. Zisterzienserabtei in Mitteldeutschland und Hauskloster der Wettiner, Leipzig, Leipzig Universitätsverlag, 2002, p. 21-36 ; Id., « Die Zisterzienser und der Umbruch des Mönchtums im 11. und 12. Jahrhundert », dans Franz J. Felten, Werner Rösener (dir.), Norm und Realität. Kontinuität und Wandel der Zisterzienser im Mittelalter, Münster, Lit, 2009, p. 23-43 ; Id., Die Welt der mittelalterlichen Klöster, op. cit. (n. 18), p. 123-141 : « Die Zisterzienser : Kollegialität statt Hierarchie », plus particulièrement p. 131- 136 ; Joachim Wollasch, Mönchtum des Mittelalters zwischen Kirche und Welt, Munich, W. Fink, 1973, p. 171-186.
46 Ein weiter gefaßtes Verständnis von ordo überschritt die bisherige begriffliche Beschränkung auf einen gemeinschaftlichen Lebensstil und verband Observanz nunmehr untrennbar mit korporationsrechtlicher Kohärenz. Dies bedeutete zugleich eine scharfe Abgrenzung von sonstigen monastischen Gemeinschaften und öffnete den Weg zu einer von vornherein eigenständigen Institutionalisierung des religiösen Lebens. Die Cisterzienser kreierten den “Orden” als Rechtssubjekt im von da an und bis heute gültigen Sinne, Gert Melville, « Das Cisterziensertum… », art. cité, p. 21.
47 Ces différentes versions ainsi que d’autres textes fondateurs ont récemment été réédités de façon groupée : Narrative and Legislative Texts from Early Cîteaux. Latin Text in Dual Edition with English Translation and Notes, Chrysogonus Waddell (éd.), s. l., Brecht, 1999.
48 Ibid., p. 274 (Carta caritatis prior) : Antequam abbatie cistercienses florere inciperent, domnus stephanus abbas et fratres sui ordinauerunt ut nullomodo abbatie in alicuius antistitis diocesi fundarentur antequam ipse decretum inter cisterciense cenobium et cetera ex eo nata exaratum et confirmatum, ratum haberet et confirmaret, […]. In hoc ergo decreto predicti fratres, mutue pacis futurum precauentes naufragium, elucidauerunt et statuerunt suisque posteris relinquerunt quo pacto, quoue modo, immo qua caritate monachi eorum, per abbatias in diuersis mundi partibus corporibus diuisi, animis indissolubiliter conglutinarentur. Hoc ergo decretum cartam caritatis uocari censebant […].
49 Ibid., p. 276 : Vt uno modo ab omnibus regula intelligatur et teneatur. II. Nunc vero uolumus illisque precipimus, ut regulam beati benedicti per omnia obseruent sicuti in nouo monasterio obseruatur. Non alium inducant sensum in lectione sancte regule ; sicut antecessores nostri sancti patres, monachi scilicet noui monasterii, intellexerunt et tenuerunt, et nos hodie intelligimus et tenemus, ita et isti intelligent et teneant. Vt idem libri ecclesiastici et consuetudines sint omnibus. III. […].
50 Ibid., p. 277 : Vt semel per annum mater uisitet filiam. V. Semel per annum uisitet abbas maioris ecclesie omnia cenobia que ipse fundauerit ; […]. Sur la visite chez les cisterciens, voir Jörg Oberste, Visitation und Ordensorganisation. Formen sozialer Normierung, Kontrolle und Kommunikation bei Cisterziensern, Prämonstratensern und Cluniazensern (12.-frühes 14. Jahrhundert), Münster, Lit, 1996, p. 57-159 : « Die Vorreiter : Cisterzienser ».
51 Narrative and Legislative Texts from Early Cîteaux, op. cit. (n. 47), p. 278 : De generali capitulo abbatum apud cistercium. VII. Harum ecclesiarum abbates omnes per annum semel illa die quam inter se constituerint ad nouum monasterium ueniant, ibique de salute animarum suarum tractent ; in obseruatione sancte regule uel ordinis, si quid est emendandum uel augendum, ordinent ; bonum pacis et caritatis inter se reforment. […]. Le chapitre général cistercien est étudié en détail dans Florent Cygler, Das Generalkapitel, op. cit. (n. 32), p. 23-118 : « Das “klassische” Generalkapitel : Cisterzienser ». Pour une synthèse sur les structures de gouvernement cisterciennes et leur jeu, voir, toujours utile, Jean-Berthold Mahn, L’ordre cistercien et son gouvernement des origines au milieu du xiiie siècle, Paris, E. de Boccard, 1951 (réimpr., 1982).
52 Ces textes ont eux aussi été récemment réédités : Twelfth-Century Statutes from the Cistercian General Chapter. Latin Text with English Notes and Commentary, Chrysogonus Waddell (éd.), s. l. Brecht, 2002.
53 La codification cistercienne de 1202 et son évolution ultérieure, Bernard Lucet (éd.), Rome, Editiones Cisterciences, 1964 ; Les codifications cisterciennes de 1237 et de 1257, Id. (éd.), Paris, CNRSÉditions, 1977 ; Libellus antiquarum definitionum ordinis cisterciensis, dans Nomasticon cisterciense seu antiquiores ordinis cisterciensis constitutiones… Editio nova, H. Séjalon (éd.), Solesmes, 2 vol., 1892, vol. 2, p. 366-470. Sur ces Libelli, voir les références données supra, n. 36.
54 Gert Melville, Die Welt der mittelalterlichen Klöster, op. cit. (n. 18), p. 142-158 : « Der Erfolg des zisterziensischen Modells ».
55 Id., « Zur Funktion der Schriftlichkeit im institutionellen Gefüge mittelalterlicher Orden », Frühmittelalterliche Studien, 25, 1991, p. 391-417 ; Id., « “Diversa sunt monasteria et diversas habent institutiones”. Aspetti delle molteplici forme organizzative dei religiosi nel Medioevo », dans Gaetano Zito (dir.), Chiesa e società in Sicilia. I, Secoli xii-xvi, Turin, Società editrice internazionale, 1995, p. 323-345 ; Id., « Alcune osservazioni sui processi di istituzionalizzazione della vita religiosa nei secoli xii e xiii », Benedictina, 48, 2001, p. 371-394 ; Klaus Schreiner, « Verschriftlichung als Faktor monastischer Reform. Funktionen von Schriftlichkeit im Ordenswesen des hohen und späten Mittelalters », dans Hagen Keller, Klaus Grubmüller, Nikolaus Staubach (dir.), Pragmatische Schriftlichkeit im Mittelalter. Erscheinungsformen und Entwicklungsstufen, Munich, W. Fink, 1992, p. 37-75 ; Id., « Dauer, Niedergang und Erneuerung klösterlicher Observanz im hoch- und spätmittelalterlichen Mönchtum. Krisen, Reform- und Institutionalisierungsprobleme in der Sicht und Deutung betroffener Zeitgenossen », dans Institutionen und Geschichte, op. cit. (n. 22), p. 295-341.
56 Voir respectivement De oudste constituties van de dominicanen, op. cit. (n. 35), p. 311 ; Las primitivas Constituciones de los Agustinos (Ratisbonenses del año 1290). Introducción, texto y adaptación romanceada para las religiosas, Ignacio Aramburu Cendoya (éd.), Valladolid, Archivio agustiniano, 1966, p. 31.
57 Les statuts de Prémontré au milieu du xiie siècle. Introduction, texte et tables, Placide F. Lefèvre, Wilfried M. Grauwen (éd.), Averbode, 1978, p. 1 : Quoniam ex precepto regule iubemur habere cor unum et animam unam in Domino, iustum est ut qui sub una regula et unius professionis voto vivimus, uniformes in observanciis canonice religionis inveniamur, quatenus unitatem, que interius servanda est in cordibus, foveat et representet uniformitas exterius servata in moribus. Quod profecto tunc compencius et plenius poterit observari et memoriter retineri, si ea que agenda sunt, scripto fuerint commendata, si omnibus qualiter sibi sit vivendum, scriptura teste, innotescat, si mutare vel addere vel minuere nulli quiquam propria voluntate liceat, si minima non negligimus, ne paulatim defluamus. Ea propter, ut et paci et unitati tocius Ordinis provideremus, librum istum, quem librum consuetudinum vocamus, diligenter conscripsimus, […]. Au sujet du « précepte » évoqué et de sa mise en œuvre chez les réguliers ayant adopté la règle de saint Augustin, voir Klaus Schreiner, « Ein Herz und eine Seele. Eine urchristliche Lebensform und ihre Institutionalisierung im augustinisch geprägten Mönchtum des hohen und späten Mittelalter », dans Regula sancti Augustini, op. cit. (n. 28), p. 1-47.
58 Constitutiones Concilii quarti Lateranensis, op. cit. (n. 16), p. 60 et suiv. : In singulis regnis sive provinciis fiat de trienno in triennum, salvo iure diocesanorum pontificum, commune capitulum abbatum atque priorum abbates proprios non habentium, qui non consueverunt tale capitulum celebrare, […]. Huiusmodi vero capitulum aliquot certis diebus continue iuxta morem Cisterciensium celebretur, […]. Hoc ipsum regulares canonicos secundum ordinem suum uolumus et precipimus ordinare. […]. Ce canon fut ensuite intégré au Liber extra : X, 3, 35, 7 (Fr. 660 et suiv.). Sur la législation d’Innocent III et du concile au sujet des religieux, voir notamment les travaux de Michele Maccarone référencés supra, n. 20.
59 De oudste constituties van de dominicanen, op. cit. (n. 35), p. 312 : Prima distinctio continet qualiter se habeant fratres in suo monasterio in die, qualiter in nocte, qualiter novicii, qualiter infirmi, qualiter minuti, et de silencio et de culpis. Secunda distinctio, de provinciali capitulo et generali et studio et predicatione.
60 « Les constitutions des frères prêcheurs dans la rédaction de s. Raymond de Peñafort (1241) », Raymond Creytens (éd.), Archivum fratrum Praedicatorum, 18, 1948, p. 5-68, ici p. 30 : Prima distinctio continet : I. De officio ecclesie. – II. De inclinationibus. – III. De suffragiis mortuorum. – IV. De ieiuniis. – V. De cibo. – VI. De collatione. – VII. De infirmis. – VIII. De minutione. – IX. De lectis. – X. De vestitu. – XI. De rasura. – XII. De silentio. – XIII. De recipiendis. – XIV. De novitiis et eorum instructione. – XV. De professione. – XVI. De levi culpa. – XVII. De gravi culpa. – XVIII. De graviori culpa. – XIX. De gravissima culpa. – XX. De apostatis. Secunda distinctio continet : I. De domibus concedendis et construendis. – II. De electione prioris conventualis et institutione subprioris. – III. De electione prioris provincialis. – IV. De electione magistri. –V. De electione diffinitorum capituli provincialis et generalis. – VI. De capitulo cotidiano. – VII. De capitulo provinciali. – VIII. De capitulo generali. – IX. De solempni celebratione capituli. – X. De capitulo generalissimo. – XI. De visitatoribus. – XII. De predicatoribus. – XIII. De itinerantibus. – XIV. De studentibus. – XV. De conversis.
61 Les statuts de Prémontré au milieu du xiie siècle, op. cit. (n. 57), p. 1 : Prima distinccio continet qualiter se habeat conventus in die, qualiter in nocte, qualiter in estate, qualiter in hieme, qualiter se habeant novicii et directi in via, infirmi et minuti. Secunda continet des officiis. Tercia de culpis. Quarta de annuo colloquio, de construendis abbaciis et de unitate abbaciarum.
62 Voir par exemple La codification cistercienne de 1202, op. cit. (n. 53), p. 25 : 1) De abbatia construenda et ecclesia et utilibus suis et ornamentis et grangiis et aliis edificis, 2) De dedicationibus et ordinationibus et benedictionibus, 3) De divino officio, 4) De privilegiis et immunitatibus, 5) De generali capitulo et pertinentibus ad ipsum, 6) De capitulo quotidiano et correctione culparum, 7) De visitationibus et auctoritate patris abbatis et electionibus et degradationibus, 8) De officialibus et operariis, 9) De his qui sunt in via, 10) De his quos licet recipere vivos vel mortuos, 11) De rebus quas licet habere, dare, commodare, vel si liceat fideiubere, 12) De venditione et emptione, 13) De victu et vestitu, 14) De conversis, 15) De capitulis que non habent propriam distinctionem.
63 Ainsi les chartreux insérèrent-ils la Commendatio solitariae vitae par laquelle s’achevaient les Coutumes de Guigues (Coutumes de Chartreuse, op. cit. [n. 15], p. 286-294) dans leurs Antiqua statuta : Statuta antiqua ordinis cartusiensis, op. cit. (n. 23), p. 213-215.
64 Voir la rapide présentation générale du genre « règles » par Adalbert de Vogüé, Les règles monastiques anciennes (400-700), Turnhout, Brepols, 1985. L’exemple le plus significatif est bien entendu celui de la règle de saint Benoît : voir Id., La règle de saint Benoît, vol. 7 : Commentaire doctrinal et spirituel, Paris, Cerf, 1977.
65 De oudste constituties van de dominicanen, op. cit. (n. 35), p. 311 et suiv. : […], ut unitati et paci totius ordinis provideamus, volumus et declaramus ut constitutiones nostre non obligent nos ad culpam, sed ad penam, nisi propter contemptum vel preceptum.
66 Florent Cygler, « Une nouvelle conception de la culpabilité chez les réguliers. Humbert de Romans, les dominicains et le “principe de la loi purement pénale” au xiiie siècle », dans Jacqueline Hoareau-Dodinau, Pascal Texier (dir.), La culpabilité, Limoges, pulim, 2001, p. 387-401.
67 Voir respectivement Les statuts de Prémontré réformés sur les ordres de Grégoire IX et d’Innocent IV au xiiie siècle, Placide F. Lefèvre (éd.), Louvain, 1946, p. 2 (Institutiones vero, quas in presenti libro conscripsimus, non ad culpam obligare intelligimus transgressores sed ad penam, nisi aliquis eas transgredi presumpserit ex contemptu [Institutiones de 1236/1238]) ; Bullarium sacri ordinis Cluniacensis, P. Simon (éd.), Lyon, 1680, p. 153, col. 2 (Diffinitiones seu ordinationes Capituli generalis ad mortalem culpam non obligent, sed ad poenam ; nisi contra essentialia observantiae regularis existant [bulle Regis pacifici pacis de Nicolas iv, 1289]) et Statuts, chapitres généraux et visites de l’ordre de Cluny, Gaston Charvin (éd.), Paris, 9 vol., 1965-1979, vol. 1, p. 73 (Sequitur secunda pars, de ordinationibus, prohibitionibus et preceptis que ad mortale peccatum non obligant transgressores, sed aliam penam arbitrariam [statuts de l’abbé Bertrand Ier, 1301]) ; Libellus antiquarum definitionum ordinis cisterciensis, op. cit. (n. 53), p. 470 (Et sciendum quod non est intentio Capituli generalis pro transgressione definitionum quarumlibet praemissarum, ad culpam, nisi contemptus intervenerit, ad poenam tamen personas obligare [1289/1316]) ; Corpus constitutionum ordinis fratrum beatissimae Virginis Mariae de Monte Carmelo, op. cit. (n. 5), p. 79 (Quod constitutiones non obligant nos ad culpam sed ad poenam [constitutions de 1281]) ; Las primitivas Constituciones de los Agustinos, op. cit. (n. 56), p. 31 (Ut igitur paci et unitati totius Ordinis provideamus, volumus et declaramus, ut Constitutiones nostras non obligent nos ad culpam sed ad poenam, nisi propter praeceptum vel contemptum).
Auteur
Université de Nantes
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