Les mythes de la Renaissance
p. 79-93
Texte intégral
1En inaugurant l’âge moderne, la Renaissance semble le berceau d’un long processus de désenchantement du monde. Cet âge de lumières dévoile les erreurs et démystifie les mythes. Lorenzo Valla mobilise les règles de la critique philologique pour montrer que la donation de Constantin, qui fonde l’existence d’un domaine pontifical est une forgery. Le même suspecte, bientôt relayé par Érasme, que le disciple de l’apôtre saint Paul, Denis l’Aréopagite n’est pas l’auteur du corpus dionysiacum1. Érasme démontre que saint Paul n’a pas eu de correspondance avec Sénèque, Polydore Vergil doute que le roi Arthur a été inhumé à Glastonbury Abbey2 et plus tard Baronius que saint Jacques soit allé prêcher en Espagne et y repose3. Partout, les origines troyennes que se sont forgé les peuples, en imitant la trame épique de l’Énéide, sont remises en cause même si elles servent encore à anoblir une ville, un pays, une famille ou à justifier des alliances comme celle entre la France et le sultan ottoman4.
2En outre la découverte du Nouveau Monde, inconnu des Anciens, comme celle de l’imprimerie ou de la peinture à l’huile, accréditent l’émergence d’un sentiment de supériorité sur eux et de progrès des connaissances qui fragilise les mythes des origines et le préjugé favorable à l’antique. La Renaissance participe en outre à la redécouverte d’une vraie Antiquité, non altérée par toutes les affabulations gothiques d’un obscur Moyen Âge qui l’avait parée de récits fabuleux et légendaires. Cette historicisation de l’Antiquité participe de sa démythification. La Renaissance est donc une étape dans une histoire des sciences qui vise à faire du chercheur un « chasseur de mythe » pour reprendre une expression de Norbert Elias5.
3Ce discours qui n’est pas faux, sans être vrai, participe néanmoins inconsciemment de la construction de ce qu’André Chastel a appelé, dans un titre célèbre, le mythe de la Renaissance6. Car celle-ci, par la renovatio temporis qu’elle promeut rejoue des mythes anciens de l’âge d’or en même temps qu’elle se fabrique comme mythe solaire et scolaire. L’époque de la Renaissance produit en même temps un contre-mythe, le Moyen Âge qui recouvre selon la définition de Flavio Biondo l’âge intermédiaire entre elle et l’Antiquité. Celle-ci a le charme des commencements, de la jeunesse et de la pureté avec lequel renoue un présent qui entend rompre avec l’obscur et ténébreux Moyen Âge où les invasions barbares, les scories arabiques et les inventions scolastiques ont dénaturé le legs antique.
4De sorte que présenter les mythes de la Renaissance pour l’historien suppose tout à la fois de décortiquer l’engouement de ces mythomaniaques que furent les hommes des Quattrocento et Cinquecento, de cerner les « mythologiques » de ces récits rénovés, enrichis, forgés et diffusés par la littérature, la peinture, la gravure et l’imprimerie, tout en s’interrogeant sur le rôle que joue l’historien dans l’entretien et la pérennisation du mythe chez nos contemporains.
5De ce point de vue, le spécialiste de la Renaissance est comme celui de la Révolution qui doit concilier approche critique, mise à distance et refus de refroidir son objet affecté d’un imaginaire valorisant. On est ainsi confronté dans l’univers de Clio à des historiens de la Renaissance qui s’emploient à montrer que cette époque fut une œuvre au noir, avec son alchimie, ses bûchers, ses inquisitions, loin de l’éclat lumineux et harmonieux du mythe, tandis que les médiévistes ne cessent de dire que le Moyen Âge n’était pas si barbare et même tellement moderne que les médiévistes le font durer longtemps.
6C’est afin de cerner la complexité entre les mythes et cette époque qui est déterminante dans la périodisation de l’histoire humaine que j’aborderai successivement le mythe de la Renaissance, sa critique et enfin la fonction des mythes dans cette époque qui les aima tant.
La Renaissance et le mythe de l’âge d’or
7Lorsque Laurent le Magnifique prend le pouvoir en 1468, le motto des festivités est « le temps revient » et, en 1492, Ficin parle d’un « siècle d’or » où ont été rénovés les arts libéraux, la grammaire, la poésie, l’éloquence, la sculpture, l’architecture, la musique, le tout à Florence. Ailleurs, cette rénovation peut prendre le visage de la Réforme ou des grandes découvertes océaniques. Poètes et écrivains de la Renaissance ont facilement eu recours à la rénovation de mythes anciens comme celui de l’âge d’or ou d’Astrée pour qualifier leur époque, qui restaure, qui restitue en retournant ad fontes7. Ce thème de l’âge d’or, ignoré par Curtius dans son étude sur la persistance de la culture antique dans l’Occident médiéval a trouvé durablement sa place dans l’imaginaire occidental avec les pages de Michelet, ou le livre de Jacob Burckhardt, La Civilisation de la Renaissance en Italie (1860)8. Elle est une épiphanie, sortie de nulle part, élan créateur dans lequel un ami et disciple de Burckhardt, Nietzsche, voit l’expression stoïcienne de l’éternel retour du temps. Jean Jacquart est bien l’héritier de cette vision lorsqu’il impose l’usage du « beau xvie siècle » dans l’historiographie française pour qualifier l’émergence de cette civilisation dans la première moitié du xvie siècle.
8Dans l’imaginaire antique, païen ou chrétien, l’âge d’or est celui de l’enfantement du monde, du paradis, du jardin d’Éden, qui renvoie moins à la valeur économique du métal qu’à la valeur éthique des hommes, puisque dans la sémantique gréco-latine, aureus peut désigner le meilleur, le bien et le noble. C’est un locus classicus emprunté au livre d’Hésiode, Les Travaux et les jours ou aux Métamorphoses d’Ovide, mais aussi au livre de Daniel qui décline le temps qui passe selon une dégradation métallique, depuis l’âge d’or jusqu’à l’âge du fer en passant par l’argent, le bronze et le cuivre.
9Cette linéaire conception temporelle de l’âge d’or peut se combiner avec celle d’une rénovation cyclique des âges et une migration des localisations à travers l’omniprésente thématique de la translatio studii et imperii9. Les hommes de la Renaissance y souscrivent en imaginant un retour à l’âge d’or, à cette époque où les hommes, plus proches de la création et de la révélation, étaient plus grands et vivaient plus vieux. Les géants de Rabelais ou les Patagons américains s’inscrivent dans cet imaginaire. Mais ce retour de l’âge d’or est aussi véhiculé par le désir de la Réforme protestante de revenir à l’Écriture. Toutes les réformes religieuses, catholique ou réformées, aspirent à renouer avec le temps des priora tempora, des Pères et de l’Église primitive, autant de notions durcies par la théologie positive mais aussi par un imaginaire qui en fait une église plus jeune, plus vraie, plus vigoureuse, notamment par le martyre10. Cette involution dans l’originel comme disait Alphonse Dupront s’accompagne d’une révolution des lieux où s’épanouit l’âge d’or. Rome n’est plus dans Rome pour être ailleurs.
10Il ne faudrait toutefois pas s’attendre à retrouver intégralement dans la Renaissance l’image bucolique et pastorale de l’âge d’or que décrivent Virgile et Ovide, état printanier de la liberté, de l’innocence, de la fertilité et de la prospérité sans travail puisque tout y est mis en commun. Certes, la littérature avec Sannazaro, Montemayor, Le Tasse, Sidney, Honoré d’Urfée, a chanté l’Arcadie avec ses bergers et ses bergères ou le jardin des Hespérides. Certes, dans le chapitre XI du livre I du don Quijote, Cervantes fait l’éloge de l’âge d’or où le « tien » et le « mien » n’existaient pas. Certes, Thomas More, Rabelais, Campanella ont inventé des utopies, des abbayes de Thélème, des cités du soleil, pacifiques, iréniques et communautaires. Mais c’est moins l’état de nature que l’idéal évangélique ou tridentin que véhiculent nombre d’utopies renaissantes11. Ronsard a certes chanté le temps où l’hymen ne connaissait l’anneau, le prêtre et la loi : mais la législation royale française sur le mariage renforce alors le contrôle parental. Le premier des Adages d’Érasme est amicorum communia omnia, « tout est commun aux amis » : certains ont cru localiser et reconnaître dans l’état de nudité, de cueillette et de communisme des Indiens d’Amérique la persistance de cet éden paradisiaque. Mais l’Indien est aussi cannibale, sodomite, pratique les sacrifices humains, et l’épisode anabaptiste de Münster a décrié ce mythe communautaire platonicien. Quant à la nudité, la Contre-Réforme l’a voilée.
11L’âge d’or des Anciens n’a finalement pas grand-chose en commun avec le mythe de la Renaissance comme âge d’or peuplé de doux bergers batifolants dans un locus amoenus. Y trônent au contraire une galerie d’âpres et rugueux génies, nouveaux Prométhée ou nouveaux Hercule, que sont les artistes, les écrivains, les princes ou les conquistadors12. Leur univers n’est pas celui du jardin des délices mais celui de l’incertitude et des jeux de la fortune.
12En outre le christianisme a établi cet âge d’or non dans un temps révolu mais dans l’espérance eschatologique de la parousie. Le mythe n’est plus régression dans le temps, mais projection dans l’avenir. La Renaissance est saturée de prédictions astrologiques et prophétiques qui annoncent l’imminence de la fin des temps, du combat entre le Christ et l’Antéchrist, de la parousie, voire de l’installation d’un millenium13. Les années 1523, 1533, 1547, 1566, 1577, 1600, 1666 ont été redoutées ou espérées. Les polémiques religieuses vont identifier dans le pape ou dans Luther l’Antéchrist, dans Rome la nouvelle Babylone, et dans le Paris ligueur ou la Genève calviniste de nouvelles Jérusalem. Enfin, ces mythes prophétiques et johanniques inspirent l’attente d’un pasteur angélique ou d’un empereur des derniers temps, qui mourra en délivrant les lieux saints à moins qu’il n’établisse la monarchie universelle, sorte de restauration de la pax romana augustéenne propice à la réforme de l’Église et au retour du Christ14. Ces mythes du rex redivivus fleurissent alors. Charles VIII de France ou Charles Quint sont peut-être ces nouveaux Charlemagne attendus à la fin des temps ? Ferdinand d’Aragon qui conquiert Grenade n’est-il pas un nouveau Ferdinand III de Castille qui reconquit Séville ? Ces mythes théologico-politiques ont pu inspirer ponctuellement Savonarole, Gattinara, le chancelier de Charles Quint après Pavie et jusqu’aux godly anglais15. Ils ont pu inspirer la constitution du ghetto comme lieu d’attente de la parousie et de la conversion finale des juifs16. Mais on sait aussi que la croisade n’est plus qu’un mythe sans expédition et que la monarchie universelle est souvent davantage une accusation d’hégémonie tyrannique qu’un projet politique d’irénisme17.
13Âge d’or virgilien ou parousie d’inspiration scripturaire, l’imaginaire renaissant est travaillé par une conscience sans précédent de la temporalité. Et c’est pour durcir cette scansion du temps qu’elle se met à forger son mythe et à étayer celui-ci par des forgeries. Car loin d’être une époque d’épuration des mythes et de démystification par l’acribie érudite, la Renaissance en a rénové beaucoup et en a même forgé, enrichissant ainsi l’imaginaire mythique occidental.
14Le temps des humanistes et de la critique fut aussi celui des falsifications textuelles, étymologiques ou archéologiques qui renforcent et cristallisent les mythes18. Le critique est le meilleur faussaire puisqu’il connaît les critères, ô combien historiques, du vrai. Annius de Viterbe met ainsi sur le marché des chroniques d’un prêtre chaldéen, Bérose, qui va servir à étayer le thème de l’éternel retour et à fabriquer des légendes, même après la découverte de la supercherie par Casaubon et Scaliger. De même en Espagne, à la fin du xvie siècle apparaît une chronique attribuée à un ami de saint Jérôme, Flavius Lucius Dexter.
15À ces supports textuels s’ajoutent des témoignages archéologiques. La vérité est dans le souterrain et l’on sait que de nombreux mythes sont comme revivifiés par d’opportunes découvertes. En 1577, après des profanations protestantes, des travaux mettent au jour le tombeau primitif de saint Denis comme, en 1611, une crypte où il priait à Montmartre, avant son martyre, et sur laquelle une nouvelle abbaye est édifiée19. Gérard Labrot a montré comment les catacombes romaines découvertes en 1578 avaient participé à la construction du mythe de Rome et d’une légendaire Roma sotterranea où la vérité est enracinée dans une terre qui ne ment pas, celle des martyrs20. À Grenade, des plombs sont découverts et accréditent l’image d’une Espagne évangélisée par saint Jacques21.
16La Renaissance n’a pas seulement rénové de vieux mythes en forgeant des preuves qui se donnent pour antiques, elle en a aussi mis en circulation de nouveaux. Certains actualisent le thème ancien du roi caché, dont on attend le retour22. Aux figures du roi Arthur et de Frédéric Barberousse s’ajoute celle de Sébastien qui inspire le sébastianisme23. D’autres mythes sont institués à la faveur d’un établissement mystérieux comme le mythe jésuite, qui est surtout forgé par leurs adversaires gallicans, protestants ou juristes et que les jansénistes rénoveront ensuite. La Renaissance offre matière à identifier dans le présent des figures mythiques anciennes et à forger des mythes qui remplacent les anciens.
17Le Nouveau Monde a particulièrement ravivé cet imaginaire mythique. Tout d’abord, parce que certains ont cru y trouver le royaume du prêtre Jean ou le fabuleux royaume d’Ophir que visita Salomon. Très vite, la géographie américaine offrit à ces mythiques royaumes un mythe de substitution. Le « trésor de Venise », Ophir ou les richesses de la reine de Saba s’effacèrent devant le mythe des richesses du Pérou comme l’a montré Antonello Gerbi24. Arias Montano voit dans le Pérou, l’Ophir de Salomon. Avec le mythe péruvien, l’âge d’or d’antan, celui où comme dit Ronsard « le bel âge doré où l’or n’avait puissance », devient sonnant et trébuchant. La légende de l’Eldorado empruntée aux Indiens vient encore enrichir un mythe péruvien synonyme de richesse native et inépuisable. Mais le mythe est susceptible de déclinaisons variables. Dans ses Économies royales, Sully estime que les vraies mines d’or du Pérou sont, pour la France, pâturage et labourage. La richesse qui ne résulte pas du travail peut être jugée nocive. Sur le plan moral, le Pérou a selon la légende noire espagnole été l’enfer des conquistadors en les rendant esclaves du lucre et de la violence, qu’illustre l’exécution des empereurs incas Atahualpa et Tupac Amaru. Le Pérou a rendu les Espagnols orgueilleux et odieux à tous puisque cet or a financé l’agressivité jésuite, les ligueurs et les Tercios qui ont mis l’Europe à feu et à sang. Les arbitristes voient aussi dans l’or du Pérou les causes de la décadence de l’Espagne, de la ruine de son économie non compétitive, de la dépopulation du royaume, du mépris du travail et de la pernicieuse oisiveté25.
18L’Amérique a aussi rénové le mythe impérial et la conception que l’on se fait des empires26. Jusqu’alors unique et associé à l’Italie et la Germanie, l’empire se décline maintenant au pluriel (Ottoman, Chine) et se passe désormais d’élection germanique et de sacre romain pour désigner des monarchies où le soleil ne se couche jamais. Philippe II est un roi-planète qui réalise l’idéal virgilien d’un imperium sine fine, qui va plus oultre que les colonnes d’Hercule, pour reprendre la devise de Charles Quint. En Angleterre, où la rupture avec Rome s’accompagne d’une volonté d’affirmer que le roi est empereur, que sa couronne est impériale, la possibilité d’avoir une part d’Amérique peut légitimer cette prétention. Ainsi Raleigh publie en 1596 une Discovery of the Large, Rich and Beautyful Empire of Guiana, estimant que le Guyane peut devenir l’Eldorado et le Pérou anglais. Et Falstaff y fait écho.
19Les hommes de la Renaissance ont construit leur mythe sur la rénovation de mythes antiques, comme celui de l’âge d’or, mais en faisant de leur époque une nouvelle ère du monde. Tout en restaurant l’Antiquité, en l’imitant et en lui donnant une puissance mythique dans l’histoire humaine, les hommes de la Renaissance se mesurent aussi à elle pour affirmer que si les Anciens étaient admirables ils ne savaient pas tout. Dans cette imitation et cette émulation, les modernes prennent conscience de leur supériorité. Il leur incombait de découvrir que l’on pouvait vivre aux antipodes, qu’il existait un continent inconnu des Anciens. Il leur incombait aussi d’inventer l’imprimerie, la poudre, la peinture à huile et de réaliser la première circumnavigation. Très vite formulés, ces thèmes ont pris racine dans l’historiographie de la période, exposant le mythe de la Renaissance à bien des critiques.
La critique du mythe de la Renaissance
20La critique du mythe renaissant a été formulée tout d’abord par les médiévistes. La Renaissance a-t-elle eu lieu où n’est-elle qu’un mythe forgé par des poètes et repris par les historiens ? Les médiévistes ont montré qu’il n’avait pas fallu attendre la Renaissance et son culte des héros et des génies pour promouvoir l’individu et sa conscience. La liberté d’Abélard, auteur d’une autobiographie de ses malheurs, l’humanisme de saint François, l’introspection de la conscience par la généralisation de la confession ont déjà fait émerger l’individu et la personne dès le Moyen Âge. De même le processus de civilisation des mœurs a été engagé par la littérature courtoise comme par les disciplines canoniales et monacales, bien avant l’essor des collèges, des cours et des manuels de civilité. Et bien des inventions attribuées à la Renaissance sont effectuées dès le xive siècle, de sorte que la Renaissance commence chez Duby, comme chez Vasari, au xiiie siècle. Et l’on sait que nombre de traits de la modernité, à commencer par l’État, ont désormais une genèse médiévale pour reprendre des titres empruntés à Michel Mollat ou Jean Philippe Genet. De sorte qu’au mythe d’une Renaissance-rupture s’est substituée avec Huizinga l’idée d’une période de transition, appelée déclin ou automne du Moyen Âge. Mais quelle époque n’est pas une transition ? Et transition suppose un départ et une arrivée. En soulignant les permanences dans la longue durée des structures médiévales, Jacques Le Goff plaide pour un long Moyen Âge au risque d’occulter ce qui est peut-être un trait de la modernité inauguré par le Renaissance : la conscience aiguisée du changement et l’idée que l’histoire est la science du changement.
21Aussi tout en dénonçant qu’elle ait eu lieu, les médiévistes ont voulu démontrer que la Renaissance n’avait pas le monopole de la Renaissance et on a parlé de renaissance carolingienne, de renaissance ottonienne ou de renaissance du xiie siècle27. Preuve que le mythe est opératoire même s’il est délocalisé chronologiquement. Mais n’est ce pas l’historiographie plus que les contemporains qui ont forgé ces renaissances ?
22À cette critique des médiévistes s’ajoute maintenant celle de l’anthropologue Jack Goody qui part d’une définition de la Renaissance certes réductrice, mais qu’on ne discutera pas ici ; c’est le retour à l’antique, le développement de la culture, de l’enseignement, des techniques et des sciences comme du commerce. Or Goody nie que l’Occident du xvie siècle en ait le monopole et les prémisses : dans Le Vol de l’histoire et dans son plus récent Renaissances : The One or the Many?28, il s’en prend à un concept qui participe de la l’ethnocentrisme occidental à l’heure où la mondialisation invite à décentrer les regards, à provincialiser l’Europe. Non, les Européens du xvie siècle n’ont pas inventé le capitalisme, l’individualisme, l’expansion européenne. La période de la Renaissance a été avant tout une étape décisive dans la cristallisation culturelle de l’Europe et de l’Occident en ce qu’elle a fait main basse sur un héritage gréco-latin qui était tout autant oriental et africain qu’européen. Or cette redécouverte de l’Antiquité n’a pas été réalisée dans un isolat européen mais grâce, depuis le xiiie siècle, aux connexions avec d’autres aires culturelles, comme les mondes arabe, byzantin, juif ou musulman. Bref, la création historiographique au xixe siècle d’une Renaissance s’appropriant l’héritage antique, les mérites de sa transmission et faisant de l’Occident le berceau de la modernité est une construction idéologique de la domination. Une histoire connectée et décentrée montre que bien des inventions de la Renaissance sont déjà faites par les Chinois, les Arabes, ou transmises par eux de sorte qu’il est vain et erroné d’en faire l’expression d’un native genius occidental. Il faut au contraire valoriser un network of exchanging cultures plutôt que des civilisations territorialisées et essentialisées.
23Médiévistes et anthropologues s’emploient à détruire le mythe de la Renaissance, en faisant une utopie et une uchronie qui seraient applicables à d’autres espaces et d’autres époques. Tout en ayant le souci de démystifier le mythe attaché à une époque, ces historiens et anthropologues contribuent à en faire un concept applicable hors de la Renaissance européenne des xve et xvie siècles. Resterait à déterminer pourquoi les autres historiographiques ont repris ce concept qui n’est qu’un mythe historiographie occidental. N’est-ce pas encore une marque d’européocentrisme de la part de Goody que de vouloir trouver des renaissances chez les autres ? Il n’est pas certain qu’ils soient aussi enclins à importer ce mythe.
Les fonctions des mythes à la Renaissance
24En bon historien méfiant devant l’anachronisme, il faut se demander si les mythes élaborés par les hommes de la Renaissance ont été employés dans cette perspective européocentrique et dominatrice qu’il est actuellement bienséant de flétrir.
25On sait que les autres ont permis aux Européens de réfléchir sur eux-mêmes. Les cannibales ou les Indiens inspirent à Montaigne ou à Las Casas une réflexion sur les Européens, pour relativiser leurs mérites, leurs coutumes et parfois faire leur procès. Les empires et les villes du monde inspirent à Botero une réflexion sur la grandeur des États. Mais laissons cette dimension du rapport des Européens au monde pour interroger l’usage qu’ils font des mythes et se demander si c’est dans une perspective impérialiste.
26Dans un livre célèbre, Adam et le Nouveau Monde, Gliozzi a montré qu’un certain nombre de mythes avaient été exploités par la monarchie espagnole ou par les conquistadors pour légitimer leur domination29. Les auteurs proches de ces derniers invoquent la prophétie d’Osée qui parle de tribus d’Israël égarées retombées dans l’idolâtrie et châtiées par Dieu. Cela permet de justifier l’encomienda, les mauvais traitements infligés et la dépopulation amérindienne. La couronne quant à elle invoque les droits de Japhet, Tubal et Hesperos pour revendiquer le Nouveau Monde indépendamment de la bulle d’Alexandre VI. En outre la couronne se déclare héritière des voyages phéniciens dans la mer Océane afin de minorer les droits importants accordés à Christophe Colomb et la nouveauté absolue de la découverte. C’est un jeu à double tranchant car les adversaires de l’hégémonie ibérique, en mettant l’accent sur les mythes anciens qui porteraient trace de la connaissance antique de l’Amérique, peuvent les mobiliser contre la monarchie espagnole qui entend tenir de la providence divine la découverte du continent révélée à nul autre auparavant. Le protestant Jean de Léry lance ainsi l’idée que les Indiens descendraient de Cham et seraient de toute éternité voués à la damnation et à la domination, ce qui réduit à néant l’entreprise missionnaire et colonisatrice de l’Espagne. Dans les années 1580, alors que l’Angleterre se lance dans l’aventure océanique, Richard Hakluyt publie ses Principal Navigations of the English par le récit des conquêtes arturiennes. Tous ces mythes anciens et ces généalogies bibliques incroyables font assurément le jeu d’un certain impérialisme.
27L’expansion du christianisme vers ces mondes lointains entend aussi n’être que la réitération de missions apostoliques déjà réalisées au tempora priora du christianisme. En témoigne un texte du grand penseur catholique de la raison d’État, Botero, adressé au cardinal Antonio Carrafa et intitulé De catholicae religionis vestigis atque argumentis que vel Lusitani in India vel Castellani in novo orbe invenierunt30. Apres avoir rappelé que les Ibériques ont réalisé ce que les Grecs et les Romains n’avaient jamais fait, ni Hercule, ni Alexandre le Grand, l’auteur entend se consacrer aux vestiges qui ont été trouvés en faveur de la sainte foi dans ces mondes inconnus et lointains, preuve que l’objectif missionnaire est moins d’introduire que de rénover un christianisme primitif résiduel au milieu du paganisme et de l’idolâtrie. En outre la découverte de ces vestiges qui n’a été réservée qu’à des monarchies catholiques atteste la vérité de la foi romaine sur l’hérésie. Il évoque alors la mission de saint Matthieu en Éthiopie et celle de saint Thomas aux Indes. Les Portugais ont du reste entre 1517 et 1540 repéré la tombe du martyr, ses os et une croix ensanglanté31. Dans le monde précolombien, des prophéties circulaient annonçant la venue d’hommes barbus et vêtus qui renverseraient les idoles. Les rites et les doctrines impies américaines conservaient des traces de la prédication apostolique et de la doctrine évangélique comme le Déluge, la rénovation du monde (mundi renovatio), l’immortalité de l’âme, la résurrection de l’âme.
28Dans ce souci de rabattre l’inconnu sur le connu, de concilier légendes indiennes et mythes européens, on peut voir certes une entreprise de justification de l’expansion des Ibériques et de la chrétienté. Mais il ne faut pas oublier que, outre des raisons sociopolitiques, une nécessité intellectuelle impose de penser l’univers dilaté dans l’unité des origines adamiques. L’Église impose en effet l’idée de la monogenèse de l’humanité et d’unité du genre humain. Nul descendant d’Adam n’est de nature différente qu’un autre. Le mythe de l’Atlantide est ainsi mobilisé pour faire la suture entre deux humanités qui se sont ignorées, se sont oubliées, mais n’en proviennent pas moins d’un même ancêtre commun et ont vécu une même histoire avant l’amnésie.
29De même le mythe d’Adam nomothète et le mythe du Cratyle motivent bien des recherches des humanistes sur ce que fut la première langue de l’humanité, la langue parfaite, où les mots et les choses entretenaient un rapport de transparence ontologique32. Sans cette quête d’un Ursprach mythique on comprend mal l’engouement pour l’hébreu, la cabbale. Cependant le mythe de Babel qui explique la confusio lingarum consécutive à l’orgueil des hommes n’est pas qu’un mythe négatif. Il permet aussi de justifier la diversité de la nature, qui est l’expression de son inventivité et de la générosité divine. Certes les missionnaires ont converti, mais ils ont aussi mis en écriture des langues sans écriture et copié des traditions orales. Toute la Renaissance est dans ce désir de penser l’Un dans la diversité et de joindre les contraires. Voilà qui est plus complexe qu’un anachronique procès en sorcellerie sur l’impérialisme et l’ethnocentrisme européen.
30Cette conscience de la diversité est aussi un moyen de conjurer des formes d’impérialisme unificateur. Les mythes ne sont pas qu’un vecteur d’unification mais aussi d’autonomie. Voilà pourquoi les hommes de la Renaissance ont tant investi dans les antiquités de leur cité, de leur famille et de leur nation. Ils y trouvaient la gloire d’une fondation ancienne33, la justification de droits imprescriptibles et immémoriaux qui ne relevaient pas de concession romaine ou impériale. Ils y trouvaient une liberté qui échappait à la sujétion que suppose la filiation. Quelques exemples illustreront cette forma mentis.
31Dans sa Laudatio florentinae urbis, Leonardo Bruni estime que Florence a été fondée non pas par César au temps de l’Empire comme l’avait cru tout le Moyen Âge, mais au temps de la république romaine. En renonçant à cette vision gibeline des origines impériales, Bruni pose un mythe des origines qui alimente l’humanisme civique républicain34. Il avance aussi l’hypothèse des origines étrusques afin d’autonomiser l’histoire toscane de l’héritage romain revendiqué par l’empereur ou le pape, les gibelins ou les guelfes. Un siècle plus tard, Pier Francesco Giambullari publie à Florence Il gello où des savants dialoguent sur les origines du toscan. Cette langue procède du chaldéen et de l’étrusque, grâce toujours à Annius qui avait donné à sa ville natale, Viterbe, comme à Volterra cette origine étrusque. Ce roman des origines, que Guillaume Postel ratifiera en 1551, permet tout à la fois de prendre de la distance vis-à-vis de Rome tout en occultant le mythe des origines républicaines à l’heure du principat médicéen35.
32En France aussi, s’affirme dès le milieu du xvie siècle le mythe celte et gaulois, qui fait procéder le royaume et ses habitants non plus de Francs issus de Troyens, mais d’un peuple matriciel qui a essaimé en Europe, en Galicie, en Galice, au pays de Galles, voire en Asie avec les Galathes. Le mythe d’un peuple de philosophes-prêtres, incarnés par les druides, et plus ancien que Rome, installe l’autochtonie de la civilisation française, face à l’image d’une Gaule divisée et barbare ne devant son essor et son unité qu’à la colonisation romaine36. Dans sa Galliade, Le Fèvre de la Boderie entend montrer que la renaissance française est le retour non de l’Antiquité romaine mais de la Gallia : pour ce faire, il estime que le mot hébreu galal signifie retour. Même si les Valois sont par étymologie Gaulois, le mythe sert moins à justifier une expansion dynastique qu’à légitimer, sous la plume des monarchomaques l’image d’un peuple attaché à la délibération, aux assemblées et rétif à l’absolutisme. C’est le sens du célèbre Franco-gallia de François Hotman, publié après la Saint-Barthélemy, qui apparaît comme l’expression d’une tyrannie inspirée par la pensée italienne et machiavélienne.
33Dans l’Empire, la redécouverte de la Germanie de Tacite a été à la fin du xve siècle un moyen de réhabiliter, avec le témoignage d’un grand Romain, le prestige d’une nation que les humanistes italiens associaient aux barbares depuis Pétrarque37.
34En Angleterre aussi, la monarchie, qui rompt avec Rome, éprouve le besoin de montrer par des mythes des origines son autonomie par rapport à un universalisme de chrétienté centré sur le pape et l’empereur. Henri VIII, dont le frère avait été appelé Arthur, parle de plus en plus de sa couronne impériale et les lettrés alimentent le mythe d’un Constantin proclamé empereur en Angleterre, dont le roi Arthur serait un descendant38. La légende arthurienne forgée au xiie siècle connaît un regain d’intérêt avec la publication de Caxton, History of Arthur, en 1485. Cette matière inspire pageant, théâtre (Spenser Fairie Queen), durant toute l’époque Tudor39. Lorsque la rupture avec Rome se produit, les historiens anglais acquis à la Réforme valorise le mythe d’une conversion en trois temps de l’Angleterre, où celle missionnée depuis Rome et dirigée par Augustin est précédée d’une première conversion réalisée au temps apostolique par Joseph d’Arimathie en personne et suivie d’une conversion par des Celtes. On rapporte que Arimathie aurait recueilli le Graal et l’aurait déposé à Glastonbury40. Ces origines de l’ecclesia anglicana justifient tout à la fois le caractère ancestral et apostolique d’une institution qui est l’égale de Rome. Au contraire, les catholiques anglais comme Stapleton insistent sur l’envoi d’Augustin par Rome41.
35Mais l’Angleterre protestante n’est pas seule à mettre en avant ses origines apostoliques pour témoigner de sa grandeur, de ses particularités et de ses privilèges envers Rome comme l’attestent les débats sur la venue de saint Jacques en Espagne.
36Les mythes des origines activés, voire forgés, à la Renaissance oscillent donc entre revendication d’autonomie, d’autochtonie, de différence et aspiration universaliste et chrétienne, inscrite dans un schéma monogénétique de l’histoire humaine. Et c’est le rôle des historiens de comprendre la fonctionnalité sociopolitique de ces récits.
37Dans tous ces cas, le passé le plus ancien, quasi mythique, sert à fonder et légitimer des droits présents, des préséances et des vérités. Les mythes sont le remède à la prescription des droits et à l’altération des coutumes par le temps qui passe. Le mythe dit une nature, une essence que rien ne saurait affecter. Il répète à l’infini, in saecula saecularum, le fétichisme des commencements. Ainsi le mythe des origines wisigothiques de l’Espagne forgé au Moyen Âge reste très vivace dans la monarchie composite du xvie siècle car il rappelle que la péninsule fut chrétienne et unie, avant que la conquête arabe et la reconquête chrétienne ne la morcellent. Longtemps isolationniste, permettant d’affirmer l’exemptio ab imperii d’une Espagne qui s’est libérée de l’emprise arabe par ses seules forces, le mythe wisigothique évolue au temps des Habsbourg. Descendant des Goths, cette famille allemande légitime ainsi sa présence sur le trône espagnol. L’aventure gothique annonce aussi l’expansion ibérique42. Enfin le mythe wisigothique inspire une politique d’unité chrétienne. En purifiant le sol ibérique du judaïsme et de l’Islam, les rois catholiques et leurs successeurs sont de nouveau Hermenegilde, de nouveau Récarède, de nouveau Sisebut. Hermenegilde, fils du roi arien Léovigild, fut martyrisé par son père pour s’être converti au catholicisme. Sixte V autorise son culte et Philippe III porte son nom. Son frère, Récarède, est le roi wisigoth qui abandonna l’hérésie. Enfin Sisebut força la conversion ou l’expulsion des juifs. Toutes ces figures historiques ont acquis valeur de mythe fondateur de la pureté des origines que les souverains du xvie siècle réactualisent en obligeant la conversion des juifs, celle des musulmans et en procédant en 1609 à l’expulsion des morisques d’Espagne43.
38Les mythes ne sont pas seulement au service de la politique de souverains désireux d’affirmer leur pouvoir et de légitimer leur politique comme étant la plus conforme à la nature de leur sang et de leur domaine. Ils peuvent aussi nourrir la résistance politique. L’histoire des « Livres de plombs » est une tentative de réécriture de l’histoire des morisques afin de changer l’image très négative que les vieux chrétiens avaient d’eux, alors que se précise leur expulsion. De même, le royaume légendaire de Sobrarbe qui engendra la couronne d’Aragon sert à la Renaissance à fabriquer le mythe des fueros de Sobrarbe qui définit la relation pactiste du royaume et du roi, garantit par l’office de la justicia. Lors de la révolte de 1591, les insurgés, fort de ce mythe et de ses commentaires juridiques peuvent rappeler au souverain son serment où il est dit : Nos que valemos tanto como vos os hacemos nuestro rey y señor con tal que nos guardeis nustros fueros y libertades y si no no44.
39Les historiens de la Renaissance ne doivent donc pas négliger les innombrables mythes qui la hantent, le plus souvent forgés par des humanistes érudits ou représentés par des artistes érudits ou soumis à des commandes précises. Ces motifs légendaires sont un moyen, par lesquels les hommes du temps disent leur monde en plein changement sous l’effet des découvertes, de la fracture religieuse, de l’affirmation de grands ensembles étatiques. Le déchiffrement iconologique, l’attention aux commanditaires ou au dédicataires, l’analyse de la réception, les fonctionnalités du mythe sont nécessaires à la compréhension de la polysémie d’une époque qui plus qu’aucune autre depuis Rome a élevé son propre mythe.
Notes de bas de page
1 J.-M. Le Gall, Le Mythe de saint Denis entre Renaissance et Révolution, Seyssel, Champ Vallon, 2007.
2 J. P. Carley, « Polydore Vergil and John Leland on King Arthur : The Battle of the Books », Interpretations, 15/2, 1984, p. 86-100.
3 T. D. Kendrick, Saint James in Spain, Londres, Methuen, 1960 ; O. R. Castelao, Les Mythes de l’apôtre saint Jacques, Pau, Cairn, 2009.
4 G. Huppert, « The Trojan Franks and their Critics », Studies in the Renaissance, 12, 1965, p. 227-241 ; C. Beaune, Naissance de la nation France, Paris, Gallimard, 1985 ; L. V Saulnier, « Le soliloque français, œuvre inédite de Jean Lucas de la Fons. Une apologie de l’alliance turque inspirée par Marguerite de Navarre », dans Mélanges Chamard, Paris, Nizet, 1951, p. 210-224.
5 N. Elias, Qu’est-ce que la sociologie ?, Paris, Éditions de l’Aube, 1991, p. 58.
6 A. Chastel, Le Mythe de la Renaissance 1420-1520, Genève/Paris, Skira/Weber, 1969.
7 H. Levin, The Myth of the Golden Age in the Renaissance, Londres, Faber and Faber, 1970.
8 W. Ferguson, La Renaissance dans la pensée historique, Paris, Payot & Rivages, 2008 [1948].
9 F. Buttay, Fortuna : usages politiques d’une allégorie morale à la Renaissance, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2008.
10 J.-L. Quantin, Le Catholicisme classique et les Pères de l’Église. Un retour aux sources, Paris, Institut d’études augustiniennes, 1999 ; P. Polman, L’Élément historique dans la controverse religieuse du xvie siècle, Gembloux, impr. J. Duculot, 1932 ; K. Van Liere, S. Ditchfield, H. Louthan (éd.), Sacred History Uses of the Christian Past in the Renaissance World, Oxford, Oxford University Press, 2012.
11 M. Screech, Rabelais, Paris, Gallimard, 1992 ; A. C. Fiorato, La Cité heureuse, Paris, L’Harmattan, 2001.
12 Sur le mythe de Prométhée et Hercule, voir M. R. Jung, Hercule dans la littérature française du xvie siècle, Genève, Droz, 1966 et R. Trousson, Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, Genève, Droz, 1964. Eugenio Garin (L’Homme de la Renaissance, Paris, Seuil, 1990) reprend cette typologie des grandes figures génériques, le prince, l’artiste, le conquistador…
13 M. Reeves, The Influence of Prophecy in the Later Middle Ages, Oxford, Clarendon Press, 1969 ; Id., Prophetic Rome in High Renaissance Period, Oxford, Clarendon Press, 1992.
14 A. Haran, Le Lys et le Globe : messianisme dynastique et rêve impérial en France, Seyssel, Champ Vallon, 2000 ; F. Yates, Astrée le symbolisme impérial au xvie siècle, Paris, Belin, 1989.
15 Sur Gattinara, J. Headley, The Emperor and His Chancellor, Londres/New York/Melbourne, Cambridge University Press, 1983.
16 Voir l’analyse de la politique de Pie V vis-à-vis des juifs dans N. Lemaitre, Pie V, Paris, Fayard, 1994.
17 G. Poumarède, Pour en finir avec la croisade. Mythes et réalités de la lutte contre les Turcs aux xvie et xviie siècles, Paris, Fayard, 2004.
18 A. Grafton, Faussaires et Critiques : créativité et duplicité chez les érudits occidentaux, Paris, Les Belles Lettres, 1993.
19 J.-M. Le Gall, Le Mythe de saint Denis…, op. cit.
20 G. Labrot, L’Image de Rome : une arme pour la Contre-Réforme, Seyssel, Champ Vallon, 1987.
21 Y. El Alaoui, « Les livres de plomb de Grenade. Proposition pour un état de la question », dans P. Ragon (dir.), Les Généalogies imaginaires. Ancêtres, lignages et communautés idéales (xvie-xxe siècle), Rouen, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2007, p. 147-161. Bilan de la bibliographie existante dans deux volumes de la revue Al-Qantara, 23/2, 2002 et 24/2, 2003.
22 Y.-M. Bercé, Le Roi caché. Sauveurs et imposteurs. Mythes politiques populaires dans l’Europe moderne, Paris, Fayard, 1990.
23 Sur la légende d’Arthur, voir ibid., chap. V.
24 A. Gerbi, Il mito del Perù, Milan, Franco Angeli, 1988.
25 P. Vilar, Or et monnaie dans l’histoire, 1450-1920, Paris, Flammarion, 1978.
26 R. Koebner, Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 1961.
27 E. Patzeit, Die karolingische Renaissance, Vienne, Österreichischer Schulbücherverlag, 1924 ; C. H. Haskins, The Renaissance of the Twelfth Century, Cambridge, Harvard University Press, 1927.
28 J. Goody, Renaissances : The One or the Many ?, Cambridge/New York/Melbourne, Cambridge University Press, 2010.
29 G. Gliozzi, Adam et le Nouveau Monde. La naissance de l’anthropologie comme idéologie coloniale, Lecques, Théétète, 2000.
30 Ce texte figure dans les Epistolarum illustrissimi ac Reverendissimi D.D. Caroli Cardinalis Borromaei nomine scriptarum libri II, Paris, s. n., 1586.
31 L. M. Brockey, « Doubting Thomas : The Apostle and the Portuguese Empire in Early Modern Asia », dans K. Van Liere, S. Ditchfield, H. Louthan (éd.), Sacred History, op. cit, p. 231-249.
32 C. G. Dubois, Mythes et langages au xvie siècle, Bordeaux, Ducros, 1970 ; M. Martin-Jacquemier, L’Âge d’or du mythe de Babel, 1480-1600 : de la conscience de l’altérité à la naissance de la modernité, Paris, Eurédit, 2006 ; J. Dauphiné, M. Jacquemier (dir.), Babel à la Renaissance, Paris, Eurédit, 2007.
33 J.-M. Le Gall, « Vieux saint et grande noblesse : saint Denis, les Montmorency et les Guise », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 3, 2003, p. 7-33 ; R. Bizzochi, Genealogie incredibili : scritti di storia nell’Europa moderna, Bologne, Il Mulino, 2009.
34 H. Baron, The Crisis of the Early Italian Renaissance : Civic Humanism and Republican Liberty in an Age of Classicism and Tyranny, Princeton, Princeton University Press, 1966, p. 49 et suiv.
35 Voir A. d’Alessandro, « Il mito dell’origine aramea de Firenze », Archivio storico italiano, 138, 1980, p. 339-389.
36 C. G. Dubois, Celtes et Gaulois au xvie siècle. Le développement littéraire d’un mythe nationaliste, Paris, Vrin, 1972.
37 Voir l’article sur la Germanie de Tacite dans É. François (dir.), Mémoires allemandes, Paris, Gallimard, 2007.
38 R. Koebner, Empire, op. cit., p. 52-53.
39 A. Sydney, Spectacle Pageantry, and Early Tudor Policy, Oxford, Clarendon Press, 1969 ; E. Muir, Civic Ritual in Renaissance Venice, Princeton, Princeton University Press, 1981.
40 J. P. Carley (éd.), Glastonbury Abbey and the Arthurian Tradition, Rochester, D. S. Brewer, 2001 ; M. B. Shichtman, J. P. Carley (éd.), Culture and the King : The Social Implications of the Arthurian Legend. Essays in Honor of Valerie M. Lagorio, Albany, State University of New York Press, 1994.
41 R. Oates, « Elizabethan Histories of English Christian Origins », dans K. Van Liere, S. Ditchfield, H. Louthan (éd.), Sacred History, op. cit., p. 186-208.
42 A. Milhou, Pouvoir royal et absolutisme dans l’Espagne du xvie siècle, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1999 ; M. G. Pelayo, Mitos et symboliscos politicos, Madrid, Taurus, 1964.
43 I. Poutrin, Convertir les musulmans : Espagne, 1491-1609, Paris, Puf, 2012 ; H. Méchoulan, Le Sang de l’autre ou l’honneur de Dieu : Indiens, juifs, morisques dans l’Espagne du siècle d’or, Paris, Fayard, 1979 ; J. C. Baroja, Le Mythe du caractère national et son élaboration en Espagne, Lyon, Fédérop, 1975.
44 R. Giesey, If not, not : The Oath of the Aragonese and the Legendary Laws of Sobrarbe, Princeton, Princeton University Press, 1968.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre de recherche en histoire moderne (CRHM)/Institut d’histoire moderne et contemporaine (UMR 8066 IHMC)
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