Quand prendre la rue c’est subvertir l’espace colonial : le cas oranais (années 1920-1930)
p. 111-125
Texte intégral
1On aurait du mal à esquisser, en quelques lignes, l’apport des travaux de Omar Carlier à l’historiographie politique et sociale de l’Algérie contemporaine, tant il est central et, pour tout dire, constitutif du champ de ces études. Où qu’il porte ses regards, le doctorant faisant ses premiers pas dans le champ de l’histoire de l’Algérie tombe sur sa signature et ses textes aussi inspirés qu’exigeants : qu’il s’intéresse aux nationalismes1 ou aux sociabilités2, du café3 à l’échoppe du barbier, en passant par la boutique du tailleur, ou encore à l’image4 et au corps des hommes politiques5. Il a arpenté le terrain oranais pendant des années, avec passion, patience et finesse, et son apport sur l’Oranie des années 1920 et 1930 est immense6. Les recherches qui ont permis l’analyse proposée ici, dans le cadre d’un doctorat consacré à l’histoire de la SFIO et de ses réseaux dans le département d’Oran entre 1918 et 19397, lui doivent beaucoup.
2Nous aborderons dans cette contribution les usages de l’espace urbain en contexte colonial : investi, approprié, bousculé, cet espace constitue un prisme pertinent pour appréhender la nature des rapports politiques dans l’Algérie colonisée. Grâce au dépouillement des archives publiques et privées8 et de la presse de l’époque, nous montrerons que l’occupation de l’espace urbain se joue sur un registre tout aussi symbolique que réel, organisé autour de l’enjeu central de la visibilité : « en occupant la rue, la place, le quartier […] les Algériens imposent et s’imposent un autre mode de présence dans la ville. Avec les Européens, sans eux, ou contre eux, ils y prennent de nouvelles marques et ils le marquent. […] Pour toutes les forces politiques, la ville devient une scène, un terrain et un espace de démonstration9 ». Dans le contexte colonial, l’investissement de cet espace produit une violence spécifique, liée à une peur de la submersion de la population européenne. Investir l’espace urbain colonial, c’est le subvertir, en transformer le sens en même temps que la physionomie.
3Au sortir de la Grande Guerre, c’est la gauche européenne qui défie la première les autorités municipales d’Oran, débordant les limites des quartiers ouvriers pour organiser sa visibilité au cœur de la ville bourgeoise. Progressivement, à partir des années 1930, les Algériens s’organisent dans des groupements populaires spécifiques, mais leur inscription dans la ville suit, en partie, les lignes tracées par les organisations de gauche. L’urbanité oranaise reste profondément coloniale et ses usages ne peuvent s’en émanciper tout à fait.
La gauche française au défi de l’espace public colonial
4Dans les mois qui suivent la fin de la Grande Guerre, le mouvement ouvrier français tente d’investir la ville d’Oran en organisant défilés, meetings et grèves. Il conteste pratiquement seul, jusqu’à la fin des années 1920, la façon dont les autorités coloniales organisent l’espace urbain, en orchestrant sa visibilité, au cœur de la ville, en tant que minorité au sein de la population colonisatrice. Les Algériens peuvent apparaître dans ces initiatives, mais ils occupent une place marginale jusqu’aux célébrations du Centenaire de la prise d’Alger (1930). L’Algérie évolue à cet égard selon une chronologie propre dans le Maghreb colonisé. Dans la Tunisie voisine, des mobilisations de masse sont organisées plus précocement par les populations locales : des rumeurs de destruction du cimetière du Djellaz provoquent de sanglantes émeutes en 1911, à Tunis10. Rien de tel à Oran, où des contestations sur l’emplacement et l’état du nouveau cimetière donnent encore lieu, en 1934, à une mobilisation de notables dont l’acmé est atteinte avec la rédaction d’une pétition des élus de la municipalité dans le collège musulman11.
5Lorsqu’on veut illustrer la force du combat social transcommunautaire au lendemain de la Première Guerre mondiale en Algérie, c’est à la journée oranaise du 1er mai 1919 que l’on fait référence12. Plusieurs milliers de personnes défilent ce jour-là derrière les représentants des syndicats et du Parti socialiste, brandissant le drapeau rouge de la Bourse du travail, le lieu de réunion des syndicats, cravaté de crêpe noire en hommage à Jaurès. Cet emblème classique du mouvement ouvrier, associé au symbole du deuil, fait partie du paysage politique de l’Algérie depuis la fin du xixe siècle, avec les éléments du système symbolique tertio-républicain, drapeau tricolore et Marseillaise. Puis viennent les dockers « avec leur drapeau vert et rouge » et les « arrimeurs indigènes », arborant un « drapeau de soie rouge, jaune et verte brodée d’or »13. Le vert symbolise l’islam, le rouge étant à la fois la couleur du mouvement ouvrier et celle de l’Empire ottoman alors en guerre contre la Grèce. Quant au jaune, c’est la couleur de la dynastie musulmane des Ayyoubides14. L’apparition de ces drapeaux vient rompre la dualité classique entre drapeau rouge et drapeau tricolore, introduisant de nouveaux systèmes symboliques et de nouvelles références. Déjà, en 1910, des dockers algériens avaient défilé derrière un drapeau vert frappé du croissant et de l’étoile, dans la ville de Philippeville (Skikda) dans le Constantinois15.
6Le caractère multicommunautaire de l’assistance se lit dans la présence d’un orchestre de musique arabo-andalouse, mêlée aux youyous poussés des balcons, rompant là encore avec la liturgie des défilés ouvriers européens. Les pancartes portent en revanche des revendications ouvrières classiques : réduction du temps de travail, augmentation des salaires, repos hebdomadaire et abolition du travail de nuit. La manifestation traverse le centre-ville et descend vers le vieil Oran, pour s’arrêter sur la promenade Létang. La foule est si dense que c’est en plein air, depuis le kiosque à musique surplombant le port, que les orateurs s’adressent à la foule. Parmi eux, Saïd Faci du syndicat des instituteurs s’exprime en français, suivi par deux représentants des dockers, Zétouni et Sahraoui, qui s’adressent à la foule en arabe – probablement dialectal, même si la source ne le dit pas – et par l’espadrilleur Candel, en espagnol16 : le caractère trilingue des discours met en lumière la diversité des auditeurs présents et de la population ouvrière d’Oran. On note aussi le bilinguisme du jeune mouvement syndical algérien, selon qu’il concerne les professions ouvrières ou intellectuelles.
7Pour Gilbert Meynier, le 1er mai 1919 à Oran fait partie de ces « quelques cas limites » dans lesquels « la conscience de classe tente de prévaloir sur la barrière coloniale » au lendemain de la guerre. Cette fête représente pour les Algériens une façon d’échapper, en partie, aux schémas coloniaux : « De colonisés, les Algériens deviennent simplement des prolétaires17. » Mêlant leurs blouses d’ouvriers à celles des Européens, ils occupent l’espace public dans lequel ils sont admis, pour une fois, à un autre titre que celui d’« indigène ». La manifestation, à travers les symboles visuels et sonores qu’elle charrie, met en scène un mouvement mixte et multilingue. Mais les mots d’ordre ne mettent pas en valeur la situation particulière des travailleurs algériens. Ainsi Saïd Faci, instituteur naturalisé18, fondateur en 1922 de l’Association des instituteurs d’origine indigène, ne s’exprime qu’en termes généraux « contre les iniquités sociales, contre l’oppression du capital, contre l’asservissement du peuple19 ».
8Dans l’après-guerre, sur fond d’agitation sociale, c’est ainsi dans le cadre du mouvement ouvrier européen que les Algériens font leur apparition dans les appropriations contestataires de l’espace urbain. Ce dernier est tout aussi réel et tangible qu’un écran sur lequel s’inscrivent les fantasmes et les peurs de la psyché coloniale, comme le montre l’espace suivant. Le centre-ville d’Oran se partage schématiquement en deux, autour de la place de l’Hôtel-de-Ville : descendant vers la mer, les quartiers du vieil Oran accueillent les ouvriers et les pêcheurs de la Marine, les Algériens de la ville ancienne de Sid el Houari et les Juifs, qui résident dans un quartier appelé le « derb israélite », en fait quelques rues derrière le théâtre municipal. De la même place en se dirigeant vers le sud, on atteint les quartiers bourgeois de la ville haute. Or à l’été 1930, la fédération SFIO et la rédaction de son journal Le Semeur investissent des locaux sur son artère principale, le boulevard Clemenceau. La SFIO côtoie désormais les grands hôtels, cafés et magasins20, au premier étage d’un immeuble haussmannien, alors qu’elle s’est longtemps logée à la Marine puis près de la gare ferroviaire. Or cette apparition dans le paysage visuel du centre-ville bourgeois ne passe pas inaperçue.
9Un mois à peine après l’installation, le maire de droite Jules Molle publie un arrêté interdisant l’exhibition du drapeau rouge à la fenêtre du local, signe « séditieux […] de nature à susciter […] des violences préjudiciables à l’ordre public21 ». L’employé permanent de la fédération obtempère le jour même, après la visite du commissaire22, mais cinq jours plus tard, le drapeau est de nouveau déployé23. Le secrétaire fédéral Marius Dubois est alors convoqué au tribunal de simple police, qui prononce la relaxe immédiate. La municipalité ne s’avoue pas vaincue pour autant : six jours plus tard, elle réplique avec un nouvel arrêté, interdisant « l’exhibition de tout drapeau ou bannière rouge, même portant des inscriptions syndicales […] dans les rues aux fenêtres, balcons, terrasses et sur les murs des immeubles de la ville d’Oran24 ». La mésaventure, rapportée dans Le Populaire25, n’est pas banale. Malgré son poids relativement faible, la fédération SFIO gêne manifestement. Le rouge emblème flottant sur un immeuble bourgeois du centre introduit un choc visuel et l’interdiction continue jusqu’à la mort de son auteur en 1931.
10Les événements parisiens de février 1934 donnent à la gauche oranaise l’occasion d’une démonstration de puissance sans précédent. Le 9 février, le PCF a organisé dans la capitale une manifestation aussitôt interdite, qui a fait plusieurs centaines de blessés et neuf morts. Au décompte macabre figure un Oranais, Vincent Perez, atteint par le tir d’un agent de police devant la gare de l’Est. La nouvelle à peine connue, un « comité Vincent Perez » est formé à Oran26. Il obtient le retour de la dépouille et organise le cortège funéraire. Dimanche 11 mars 1934, le cercueil drapé de rouge est débarqué sur le quai Sainte-Thérèse, où l’attend une foule impressionnante27. À la tête du cortège, la société musicale socialiste de Beni-Saf joue des airs funéraires, tandis que des femmes munies d’un brassard rouge arpentent les trottoirs en vendant des cartes postales du Secours rouge international (SRI)28. La foule scande « Front rouge29 ! ». Le commissaire central d’Oran compte ce matin-là seize drapeaux rouges flottant dans le ciel d’Oran, et plusieurs milliers de manifestants. La foule suit le cercueil jusqu’au cimetière chrétien, où les principaux dirigeants politiques et syndicaux rendent hommage à l’ouvrier métallurgiste décédé. La cérémonie funéraire est tout autant un rite d’hommage et de commémoration qu’un grand rite de cohésion, entre CGT et CGTU, SFIO et PCU30. Le 14 juillet 1935, entre 12 000 et 15 000 manifestants parcoururent les rues de la ville en direction du monument aux morts, sur le front de mer31. Sous un soleil de plomb, une foule immense s’étend à perte de vue, plus nombreuse qu’elle ne l’a sans doute jamais été.
11À partir de 1936, un tournant s’opère : dans les défilés du Front populaire, les Algériens n’apparaissent plus individuellement mais dans des cortèges séparés, au nom de leurs propres organisations. Dans le défilé du 14 juin, organisé par le comité oranais de Front populaire, un millier d’Algériens défile derrière l’emblème du Bloc des organisations musulmanes d’Oranie (BOMO). Ce groupe a été créé quelques semaines plus tôt par Saïd Zahiri, membre de l’association des oulémas, pour participer à l’organisation du premier Congrès musulman algérien, le 7 juin à Alger. Non contents de former un cortège distinct, les militants défilent aux cris tonitruants de « Nos droits ! Égalité32 ! ». Le milieu des années 1930 en Algérie, fonctionne en effet comme une période charnière33. Tout concourt à faire de ces années un seuil décisif : la célébration du Centenaire, le déclenchement différé de la crise économique mondiale et le développement des organisations revendicatives de la population colonisée. On date généralement du milieu des années 1930 l’« avènement de la rue » algérienne34, avec les émeutes de la braderie de Tlemcen, en 1933, et celles de Constantine en 193435. À cet égard, Oran n’est pas en reste, mais sur un autre tempo et selon un modèle propre, qui tient à son caractère de ville coloniale, à majorité européenne.
D’une contestation à l’autre : le basculement des années 1936-1937
12À partir du début des années 1930, on assiste à la diffusion des modes d’appropriation symbolique de l’espace urbain, des mouvements européens vers les organisations spécifiquement algériennes : Fédération des élus, Association des oulémas musulmans d’Algérie, BOMO. Le phénomène est d’abord timide et, jusqu’au milieu des années 1930, ces groupes s’en tiennent à des répertoires d’action notabiliaire : intervention des élus dans les assemblées, correspondance avec les institutions, envoi de délégations. Faute de succès cependant, leur stratégie évolue. Mais c’est avec le Congrès musulman algérien, en 1936-1937, que la conquête de l’espace urbain devient massive et significative. On a souvent évoqué cette « entrée en politique »36, cette prise de pouvoir par la rue. Mais comment s’effectue-t-elle concrètement ? Peut-elle se permettre d’ignorer purement et simplement, dans une ville comme Oran, les espaces du colonisateur ? Car le chef-lieu est à majorité européenne, à 75 % au recensement de 193637. Dans son urbanisme, mais aussi ses lieux de politisation, c’est une ville irrémédiablement coloniale, à la différence de Tlemcen, ou de Constantine à l’autre bout de la colonie. À Oran, la mobilisation algérienne se produit au cœur de la ville et du rapport colonial.
13À Oran, l’implantation de l’Étoile nord-africaine se fait prioritairement en Ville nouvelle38, à partir de l’été 193739. Elle est plus tardive que dans les villes précoloniales de l’Ouest à majorité démographique algérienne comme Tlemcen, la ville d’origine de Messali Hadj, Mostaganem et Mascara. Les partis de la gauche française cherchent aussi à prendre pied dans ce quartier. Même si la ville coloniale est ségréguée de façon évidente, les espaces sont loin d’être étanches, et les franchissements se font dans les deux sens. La frontière intra-urbaine est connue de tous mais ce n’est pas un mur ; elle fonctionne tout à la fois comme limite et comme seuil, comme borne et comme interface, espace de mise en relation. Fin mai 1936, la section SFIO organise ainsi sa première réunion dans la ville nouvelle. Elle est animée par quatre militants, dont « le camarade Saadoun, indigène lui-même » selon Le Semeur40 : le jeune instituteur, naturalisé41, échappe en fait à cette catégorie juridique, preuve que celle-ci désigne d’abord, dans le sens commun, une origine ethno-nationale. Un orateur socialiste s’adresse aussi à l’auditoire : « Camarades indigènes, venez au Parti socialiste, vous serez accueillis en frères. » Le compte rendu paru dans le journal socialiste s’achève sur une phrase qui dit tout autant la nouveauté de la démarche, l’importance de l’événement et l’ingénue fierté des néophytes : « Le socialisme pénètre dans la masse indigène, l’événement est vraiment d’importance42 ! » À partir de cette date, les incursions dans la ville « musulmane » deviennent plus fréquentes. Ainsi, en février 1937, le député récemment élu Marius Dubois se rend au « thé d’honneur » que lui offre le BOMO au café Latrache, identifié à la société sportive « musulmane » de la ville, l’USMO43. Cette pratique, qui fait pendant aux apéritifs organisés dans les cafés européens, traduit une adaptation des modes de mobilisation à la religion musulmane et à l’absence de licence alcoolique des « cafés maures ». Une foule estimée à 4 000 personnes par la police44 se groupe autour du café pour entendre les discours retransmis par haut-parleur.
14Les cafés, « cercle[s] du pauvre45 », et notamment les cafés sportifs, sont étroitement liés à la mobilisation politique nationaliste. Le café de l’USMO offre un exemple saisissant du parcours, retracé par Omar Carlier, menant en Algérie du « café échotier », lieu d’information et de colportage, au « café militant »46. Il devient à partir de 1936 un lieu de réunion récurrent du BOMO mais aussi du Parti socialiste. Au mois d’avril 1937, la section d’Oran y organise seule un meeting en l’honneur de son secrétaire fédéral et de trois députés socialistes métropolitains en tournée47. Au moment des élections cantonales, en octobre de la même année, des meetings de campagne y sont donnés48. Les militants socialistes, conscients de la mutation des lieux de sociabilité politique « musulmane » de la ville, l’accompagnent et y participent.
15En lisant les liasses de rapports de surveillance consacrés à l’activité politique du CMA et du BOMO, on constate que leurs lieux de réunion ne se trouvent pas, en majorité, dans des quartiers à majorité algérienne. Cette mobilisation s’inscrit en effet dans une géographie militante préexistante, investissant les lieux de la politique européenne. Occuper ces espaces, c’est inscrire la mobilisation algérienne sur la scène politique coloniale et la rendre visible de tous. Le BOMO, par exemple, se réunit à plusieurs reprises dans la salle du Skating de Gambetta, où la SFIO a ses habitudes49. Si le lieu est le même, les modes de mobilisation sont différents et la réunion se termine par la fâtiha prononcée par Abdelhamid Ben Badis50. Le comité oranais du CMA utilise le stade de l’équipe européenne de football, le Gallia51, situé dans un quartier populaire à majorité démographique d’origine espagnole. Des questions de logistique sont en jeu : des équipements sont mis à sa disposition par la gauche locale, en l’occurrence un haut-parleur prêté par l’Union socialiste républicaine (USR)52. Se réunir dans ces lieux, c’est s’appuyer sur une structure organisationnelle dont le fonctionnement est avéré. Mais c’est aussi faire le choix de déborder les limites de la ville « musulmane », de conquérir présence et visibilité sur la scène politique européenne.
16Les groupements politiques algériens ne se réunissent pas seulement dans les quartiers périphériques de la ville53, mais aussi en plein centre-ville européen. La salle de la Loge, en particulier, est utilisée à plusieurs reprises. Située sur le plateau Saint-Michel, près de la gare, cette vaste salle sert de lieu de réunions et de festivités aux groupements antifascistes. En mai 1937, le BOMO y donne une réunion publique54, deux semaines plus tard c’est le groupement des jeunesses du CMA qui s’y réunit55. D’autres lieux de la sociabilité européenne sont utilisés, comme la Casa de España, créée pour rassembler les associations républicaines espagnoles, lieu de rassemblement antifranquiste pendant la guerre civile56. C’est en outre dans une brasserie du centre-ville que le comité local du CMA donne rendez-vous pour saluer un membre qui quitte la ville, en novembre 1937, autour d’un apéritif57. Les usages sont comme inversés : là, le thé d’honneur auquel participe la SFIO, ici, l’apéritif organisé par le CMA… Sans exagérer la portée des « hybridations » à l’œuvre en contexte colonial – celui-ci restant puissamment adossé à un rapport de domination –, on ne peut que constater la façon dont certaines pratiques s’échangent.
17La ville d’Oran est un lieu d’exclusion, de cloisonnement, mais aussi de circulation et, parfois, de rencontre entre colonisateurs et colonisés. Tlemcen est un contre-modèle à l’échelle du département, où le comité local du CMA se réunit plutôt dans le cercle réformiste Es Saada58. À Oran si les étoilistes, en raison de l’interdiction dont ils sont par deux fois l’objet, se cachent et qu’une partie de l’activité politique algérienne échappe aux regards des Européens et de la police, d’autres développent une stratégie de visibilité. Ne pas se soustraire aux regards, entrer dans le champ de vision des Européens, c’est revendiquer une place dans cette ville d’apparence si française. Or cette visibilité déclenche les passions dans la droite européenne, et contribue à expliquer la violence de la vie politique oranaise dans ces mêmes années.
Violence et visibilité dans l’espace urbain colonial
18La ville constitue un espace symbolique, dont l’investissement est capable de subvertir les rapports de force issus de la colonisation. Pour les Algériens, l’enjeu est de dépasser le contingentement étroit de leur électorat : s’emparer des rues, c’est signifier l’entrée des masses dites « indigènes » dans la vie politique telle qu’elle est organisée par la colonie. L’image y a toute son importance : l’apparition de manifestants algériens produit une sorte d’effraction visuelle, comme le montre un exemple concernant le centre-ville d’Alger. Le bulletin colonialiste L’Afrique française évoque ainsi le défilé d’Alger du 14 juin 1936 la présence de femmes dans les cortèges : « Visage hermétiquement clos à l’exception d’un hiatus filiforme par quoi leurs yeux aperçoivent à peine le soleil et la vie, et… le poing tendu… ! »59. Choc politique, choc graphique, la présence de femmes voilées au sein des cortèges marque une rupture dans le cours des temps coloniaux.
19Au même moment, l’espace urbain oranais continue à être âprement disputé à l’intérieur de la population des Français citoyens. Partisans et opposants au Front populaire s’opposent dans des affrontements ritualisés. L’atavisme antisémite, qui s’est déjà exprimé à la fin du xixe siècle puis a resurgi en 1925 avec le maire Molle, est de nouveau activé après la victoire du Front populaire. Fin juin 1936, dans l’ambiance électrique des grèves avec occupation d’ateliers, la ville se couvre de croix gammées et d’inscriptions « À bas les Juifs60 ». Pendant six jours, Oran est le théâtre d’émeutes qui font des dizaines de blessés. Le nouveau maire d’Oran, Gabriel Lambert, échaudé par son échec aux élections législatives qu’il impute à la défection de l’électorat juif, prend la tête du parti antisémite en annonçant la création du Rassemblement national d’action sociale (RNAS). Ce dernier regroupe sous sa bannière les différents groupes de la droite radicale : les partisans des Croix-de-feu récemment dissoutes, reconstituées en Parti social français (PSF) par le colonel de La Rocque, ceux du Parti populaire français (PPF) de Doriot et ceux des Amitiés latines61. La ville devient l’arène d’affrontements sanglants : l’enjeu, au-delà de la violence interpersonnelle, est bien de prendre possession de l’espace urbain.
20La géographie politique de la ville se dessine à travers la localisation des échauffourées : c’est devant le bar Novelty, dans la ville haute, repaire des partisans de Lambert, qu’éclatent rituellement les bagarres. Le 27 juin, elles se prolongent jusqu’à la devanture de la brasserie Vendôme, tenue par un cafetier juif, sur la place de l’Hôtel-de-Ville : les adversaires du Front populaire vont de la ville haute, considérée comme le « quartier fasciste » par la gauche62, vers la ville basse, identifiée comme le quartier du Front populaire. Pourtant Saint-Michel, dans la ville haute, est un bastion de la gauche oranaise du fait de la présence de la gare et des cheminots : ce ne sont pas tant les pro- et anti-Front populaire qui s’affrontent, mais deux conceptions des limites de la communauté, car les bas quartiers regroupent une partie des éléments juif et musulman de la ville.
21La place de la mairie, au milieu du trajet menant de l’un à l’autre pôle, prend alors des allures de champ de bataille rangée. Armés de bâtons, de manches de pioche mais aussi de revolvers, les partisans de Lambert font de chaque rencontre avec une bande adverse une occasion de se battre. Le 29 juin 1936, après six jours d’affrontements contenus, un jeune homme de 23 ans, Jacques Zaoui, tombe sous un coup de revolver, en plein quartier juif, à deux pas de la mairie. En réaction à la mort de l’un des leurs, les partisans du Front populaire prennent les rues d’Oran, pour exprimer leur deuil et leur colère63. Dès le lendemain de son décès, le corps de la victime est exposé dans la salle Jean-Jaurès64, le nouveau local du Parti socialiste. Au centre de la vaste salle, un catafalque a été dressé, surélevant le cercueil, invitant à la gravité et au recueillement. De part et d’autre de la dépouille, des membres des Jeunesses socialistes se relaient trois jours durant pour monter une garde d’honneur. Du matin au soir, des milliers de personnes viennent saluer la mémoire de la victime65. Parmi eux, « plusieurs milliers de Musulmans » selon le bulletin du comité de l’Afrique française. Ce dernier rapporte :
Les premiers [les Européens] saluaient la dépouille de leur poing fermé ; les seconds [les « indigènes »] de l’index levé. Les premiers se livraient à une manifestation politique ; les seconds témoignaient, par le geste rituel affirmant l’unité d’Allah [la shahāda, le témoignage ou acte de foi], qu’ils accomplissaient un devoir… religieux. Une nuance, peut-être, mais éloquente66.
22Là encore, le choc est aussi moral que visuel.
23La mise en scène de l’événement par le comité de Front populaire puise volontiers dans le registre de la martyrologie : les domaines du sacré et du politique se croisent dans un dispositif que la mort de Vincent Perez a déjà contribué à mettre en place, en 1934. Rite de deuil et d’hommage, il est aussi « mise en spectacle du politique67 ». Le matin du 2 juillet, une foule immense s’ébranle pour accompagner le défunt à sa dernière demeure. Selon Le Semeur, ils sont au nombre de 20 00068, chiffre confirmé par la police69. Dans le long cortège figurent de nombreux « indigènes » ; les chapeaux de feutre et les casquettes se mêlaient aux turbans70. En tête vient un groupe de jeunes militants du Front populaire, portant des brassards rouges et tricolores, suivis par deux sociétés musicales, la fanfare du Front populaire et une société musicale juive71. Les tenues blanches de ses musiciens rappellent le linceul immaculé dans lequel sont enroulés les défunts dans le rite juif. Puis viennent les différents partis et syndicats membres du comité de Front populaire, défilant chacun derrière son drapeau. Plusieurs voitures disparaissent sous les couronnes et les gerbes de fleurs. La note de surveillance signale également la présence, parmi les drapeaux rouges, d’un drapeau « avec des inscriptions en langue arabe » qu’il ne détaille pas, sans doute celui du BOMO formé un mois plus tôt. Arrivée au cimetière, la foule assiste en silence à l’inhumation, précédée par les discours du président du BOMO, du président du comité de Front populaire et du grand rabbin72. Dans les mois suivants, la tombe de Jacques Zaoui est intégrée aux lieux de mémoire de la gauche oranaise. Déjà les tombes d’Édouard Malvy, cheminot syndicaliste mort au lendemain de la guerre, et de Vincent Perez étaient l’objet d’une culture commémorative codifiée. Ainsi tous les 1er mai, on rend hommage à leur mémoire au cours d’un véritable « pèlerinage laïc partisan73 » : le défilé des travailleurs comprenait systématiquement un passage par le cimetière pour fleurir leurs tombes74. La figure de Jacques Zaoui vient ainsi compléter la trinité des martyrs de la classe ouvrière oranaise. Dès le 1er mai 1937, le parcours intègre la visite de sa tombe75.
24Quel lien dessiner entre cette violence politique, dirigée vers la gauche européenne, et le mouvement concomitant d’investissement de l’espace urbain par les organisations algériennes ? L’un et l’autre phénomène ont partie liée. Cette violence, au cœur de la ville, a pour enjeu central la transformation de l’espace colonial européen en un espace mixte. Si la gauche française est l’objet de craintes croissantes, de l’autre côté du spectre politique, c’est qu’elle est perçue, de façon largement fantasmée, comme un mouvement transcommunautaire. Déjà, au début des années 1930, elle était vue comme intrinsèquement liée à la population juive de la ville. Le Petit Oranais, le journal fondé par le docteur Molle, avait fait de la SFIO un « parti juif ». Une caricature parue en octobre 1931, en pleine campagne électorale, représente ainsi le socialiste Marius Dubois (barbu, juché sur les épaules d’un manifestant), fraîchement élu conseiller général dans le quartier juif de Sédiman, et Pierre Ardilouze (en costume trois-pièces), candidat dans le canton de la Marine, portés en triomphe par une foule composée en majorité de Juifs, croqués aussi bien en riches hommes d’affaires portant costume trois-pièces qu’en tenue traditionnelle.
25En 1936, les partis de gauche deviennent, dans les peurs de la droite oranaise, le parti des Algériens. Dans leur esprit, les organisations de gauche forment désormais un front solidaire avec les « indigènes ». Cette vision relève en large partie du fantasme, mais elle redouble leur violence. En avril 1937, le banquet organisé par les militants socialistes de Sidi Bel Abbès en l’honneur de la visite de Marius Dubois et des députés métropolitains de la SFIO est l’objet d’un attentat à la bombe. L’explosif, déposé devant la porte du restaurant, ne fait aucune victime mais impressionne76. L’agression vise un parti qui compte désormais un sixième, environ, d’Algériens parmi ses militants et s’est fait le héraut du projet Blum-Viollette. La SFIO, qui constituait jusque-là une « faction »77 minoritaire de la société des Européens, est en passe de devenir un groupe transfrontalier, transgressant – bien qu’à la marge – la ligne séparant la population des colonisateurs de celle des colonisés.
26L’espace urbain est ainsi vécu comme une métaphore de la colonisation. Des visions telles que celle que la photographie suivante sont vécues comme des infractions dans l’espace public européen, redoublant la peur de la submersion d’une partie de la population européenne et, partant, sa violence. Elle représente le militant poly-engagé – notamment à la SFIO, à la LICA et au CMA – Mohammed el-Aziz Kessous, tout sourire, en costume trois-pièces et chechia au pied des escaliers de l’hôtel de ville, accompagné de camarades socialistes, à l’occasion de la visite de la commission parlementaire de l’Algérie et des protectorats, en avril 1937. Le naturel et la décontraction de l’homme, devant un lieu clé du pouvoir européen, signale un changement irrémédiable.
27Loin du sentiment de citadelle assiégée que cultive, dans une configuration démographique diamétralement opposée, la population de Guelma dans le département de Constantine78, le peuplement colonial d’Oran vit dans une situation de majorité démographique et politique qu’il n’accepte pas de voir remise en cause, même à la marge. Les modes concurrents d’appropriation de la ville génèrent une violence politique particulièrement élevée, si on la compare avec celle que connaissent les départements français métropolitains à la même époque, et qu’il faudrait pouvoir restituer de façon plus globale à l’échelle algérienne. Cette autre « violence ordinaire79 » invite à une analyse approfondie des rapports sociaux et spatiaux en situation coloniale, sur les traces toujours fécondes et inspirantes de Omar Carlier.
Notes de bas de page
1 Omar Carlier, Entre nation et jihad. Histoire sociale des radicalismes algériens, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1995.
2 Id., « Sociabilité : concept, objet, problème. Du salon de Mme du Deffand aux terrains africains », dans Laurent Fourchard, Odile Goerg, Muriel Gomez-Perez (dir.), Lieux de sociabilité urbaine en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2009, p. 7-38.
3 Id., « Le café maure, sociabilité masculine et effervescence citoyenne (Algérie xviie-xxe siècles) », Annales ESC, no 4, 1990, p. 975-1003.
4 Id., « L’émergence de la culture moderne de l’image dans l’Algérie musulmane contemporaine (Alger, 1880-1980) », Sociétés & Représentations, 24, no 2, 2007, p. 321.
5 Id., « L’orateur et son public : le corps militant dans la geste étoiliste », Cahiers de l’URASC, no 4, octobre 1991, p. 71-109 ; Omar Carlier, Raphaëlle Nollez-Goldbach (dir.), Le corps du leader. Construction et représentation dans les pays du Sud à l’époque contemporaine, Paris, L’Harmattan, 2008.
6 Voir, par exemple, Omar Carlier, « “Homme fétiche” ou “homme symbole” ? Un notable-militant : Houari Souiah, premier préfet d’Oran (1915-1990) », Cahiers de la Méditerranée, no 46-47, décembre 1993, p. 203-247.
7 Claire Marynower, Être socialiste dans l’Algérie coloniale : pratiques, cultures et identités d’un milieu partisan dans le département d’Oran, 1919-1939, thèse de doctorat, IEP de Paris, 2013.
8 Les documents cités proviennent des fonds des archives nationales d’outre-mer (ci-après ANOM), des archives de la wilaya d’Oran (AWO), des archives de l’Assemblée populaire communale d’Oran (APCO) et des archives de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).
9 Carlier, Entre nation et jihad…, op. cit., p. 164.
10 Mary Dewhurst Lewis, Divided Rule – Sovereignty and Empire in French Tunisia, 1881-1938, Berkeley, University of California Press, 2013, p. 108-109.
11 Saddek Benkada, « Élites émergentes et mobilisation de masse : l’affaire du cimetière musulman d’Oran (février-mai 1934) », dans Didier Le Saout, Marguerite Rollinde (dir.), Émeutes et mouvements sociaux au Maghreb, Paris, Karthala, 1999, p. 79-89.
12 Ahmed Koulakssis, Gilbert Meynier, « Sur le mouvement ouvrier et les communistes d’Algérie au lendemain de la Première Guerre mondiale », Le Mouvement social, no 130, janvier-mars 1985, p. 5.
13 Jean Macquart, « À Oran, la manifestation des syndicats », Le Soir, 2 mai 1919, p. 1.
14 Omar Carlier, « L’hymne et le drapeau », séminaire « Symbolique politique et mise en scène du pouvoir en Méditerranée « musulmane », xixe-xxe siècles », Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman, Paris, 25 janvier 2011.
15 Ahmed Koulakssis, Gilbert Meynier, L’Émir Khaled : premier za’im ? Identité algérienne et colonialisme français, Paris, L’Harmattan, 1987, p. 22.
16 A. M. B., « Le 1er mai à Oran : manifestation monstre », La Lutte sociale, 4 mai 1919, p. 4.
17 Gilbert Meynier, L’Algérie révélée : la guerre de 1914-1918 et le premier quart du xxe siècle, Genève, Droz, 1981, p. 694-695.
18 ANOM/Oran/92(2514), Chef de la sûreté départementale, Note de renseignement, Oran, 28 février 1919.
19 Jean Macquart, « À Oran, la manifestation des syndicats », Le Soir, 2 mai 1919, p. 1.
20 Félix Falck, Guide du touriste en Algérie, Paris, Étienne Chiron, 1926, p. 202.
21 APCO/L/28, arrêté de la ville d’Oran, Oran, 14 août 1930.
22 APCO/L/28, rapport du commissaire central au gouverneur général de l’Algérie, au préfet, au maire et au procureur de la République, Oran, 14 août 1930.
23 APCO/L/28, rapport du commissaire central au maire, Oran, 19 août 1930.
24 APCO/L/28, minute d’arrêté, mairie d’Oran, 29 août 1930.
25 « À Oran l’affaire du drapeau rouge se termine à la confusion des fascistes », Le Populaire, 29 août 1930, p. 3.
26 « Les obsèques du camarade Vincent Perez », Le Semeur, 17 mars 1934, p. 1-2.
27 Le Semeur, 17 mars 1934, p. 1.
28 ANOM/Oran/466, rapport du commissaire central au préfet, Oran, 12 mars 1934.
29 « Les obsèques du camarade Vincent Perez », art. cité, p. 1-2.
30 Voir
citationID
Emmanuel Bellanger, Danielle Tartakowsky, « Enterrer les morts et les honorer », Le Mouvement social 237, no 4 (2011), p. 3-12.31 « Le 14 juillet 1935 à Oran », Le Semeur, 20 juillet 1935, p. 1.
32 ANOM/GGA/3CAB/90, lettre du chef de la Sûreté départementale au préfet, 19 juin 1936.
33 Jacques Berque, Le Maghreb entre deux guerres, Paris, Seuil, 1979, p. 261-276.
34 Ibid., 269.
35 Joshua Cole, « Antisémitisme et situation coloniale pendant l’entre-deux-guerres en Algérie : les émeutes antijuives de Constantine (août 1934) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 108, no 4 (2010), p. 3-23.
36 Abderrahmane Bouchène et al., Histoire de l’Algérie à la période coloniale (1830-1962), Paris/Alger, La Découverte/Barzakh, 2012, p. 387-411.
37 Service central de statistique du GGA, Répertoire statistique des communes de l’Algérie (recensement du 8 mars 1936) (Alger, Ancienne imprimerie Victor Heintz, 1936).
38 Voir Carlier, Entre nation et jihad…, op. cit., p. 31-76.
39 Lahouari Touati, Économie, société et acculturation : l’Oranie colonisée, 1881-1937, thèse de doctorat, université de Nice-Sophia Antipolis, 1984, p. 402.
40 M. J., « Une réunion au village nègre », Le Semeur, 6 juin 1936, p. 2.
41 ANOM/92/5510, décision de naturalisation d’Allel Saadoun ould Mohammed, 14 octobre 1931.
42 M. J., « Une réunion au village nègre », art. cité.
43 AWO/I/7, rapport du commissaire central au préfet, Oran, 16 janvier 1937.
44 AWO/I/7, rapport du chef de la sûreté départementale au préfet, Oran, 16 janvier 1937.
45 Carlier, Entre nation et jihad…, op. cit., p. 45.
46 Omar Carlier, « Le café maure. Sociabilité masculine et effervescence citoyenne Algérie xviie-xxe siècles) », Annales. Économies, sociétés, civilisations, vol. 45, no 4, 1990, p. 993-996.
47 R. L., « Nos grandes réunions : 10 000 auditeurs musulmans et européens acclament les députés SFIO au Village nègre », Le Semeur, 17 avril 1937, p. 2.
48 « Tribune des élections cantonales : candidature Kessous », Oran républicain, 8 octobre 1937, p. 5.
49 « Réunions du Parti socialiste SFIO », Le Semeur, 31 mars 1931, p. 2.
50 ANOM/Oran/90, lettre du commissaire central au préfet, Oran, 12 octobre 1936.
51 ANOM/GGA/3CAB/90, lettre du chef de la sûreté départementale au préfet (affaires indigènes), Oran, 8 juin 1937.
52 ANOM/GGA/3CAB/90, lettre du chef de la sûreté départementale au préfet (affaires indigènes), Oran, 8 juin 1937.
53 On peut aussi citer la salle de la Chaumière à Gambetta ou encore le cercle populaire de Saint-Antoine.
54 ANOM/Oran/90, lettre du chef de la sûreté départementale au préfet, Oran, 11 mai 1937.
55 ANOM/Oran/90, lettre du commissaire central d’Oran au préfet, Oran, 3 juin 1937.
56 ANOM/Oran/90, lettre du préfet au gouverneur général, Oran, 1er février 1938.
57 ANOM/Oran/90, lettre du commissaire divisionnaire, au préfet d’Oran, 2 novembre 1937.
58 ANOM/Oran/90, lettre du commissaire central de Tlemcen au préfet, Mostaganem, 21 janvier 1938.
59 Jacques Ladreit de Lacharrière, « La situation dans l’Afrique du Nord », L’Afrique française, juillet 1936, p. 395.
60 ANOM/GGA/3CAB/95, rapport du préfet au Gouvernement général de l’Algérie, Oran, 1er juillet 1936.
61 Samuel Kalman, « Le Combat par tous les moyens : Colonial Violence and the Extreme Right in 1930s Oran », French Historical Studies, vol. 34, no 1, 2011, p. 141. Voir aussi Samuel Kalman, French Colonial Fascism : The Extreme Right in Algeria, 1919-1939, New York, Palgrave Macmillan, 2013.
62 LICRA/129, rapport sur les menées racistes en Oranie soumis par la section LICA d’Oran au congrès interfédéral de la LICA, 22 et 23 mai 1937, à Alger.
63 ANOM/GGA/3CAB/95, rapport du préfet au Gouvernement général de l’Algérie, Oran, 1er juillet 1936.
64 « Les grèves à Oran », L’Écho d’Oran, 1er juillet 1936, p. 3.
65 ANOM/GGA/3CAB/25, rapport du chef de la sûreté départementale au préfet, Oran, 1er juillet 1936.
66 Ladreit de Lacharrière, « La situation dans l’Afrique du Nord », art. cité, p. 395.
67 Paula Cossart, « La communion militante : les meetings de gauche durant les années Trente », Sociétés & Représentations, vol. 12, no 2, 2001, p. 131.
68 « Les obsèques de Jacques Zaoui », Le Semeur, 4 juillet 1936, p. 1-2.
69 ANOM/GGA/3CAB/25, rapport du chef de la sûreté départementale au préfet, Oran, 2 juillet 1936.
70 Le Front populaire de l’Oranie, 8 juillet 1936, p. 1.
71 ANOM/GGA/3CAB/49, rapport du chef de la sûreté départementale au préfet, Oran, 21 mars 1936.
72 « Les obsèques de Jacques Zaoui », Le Front populaire de l’Oranie, 3 juillet 1936, p. 1-2.
73 Voir Franck Frégosi, « La “montée” au Mur des Fédérés du Père-Lachaise : pèlerinage laïque partisan », Archives de sciences sociales des religions, no 155, juillet-septembre 2011, p. 165-189.
74 ANOM/GGA/3CAB/49, tract de l’UD des syndicats d’Oranie, distribué à l’issue de la réunion de la SFIO du 29 avril 1936 à Oran.
75 « Le peuple d’Oran a célébré le 1er mai dans le souvenir de ses morts », Oran républicain, 2 mai 1937, p. 5.
76 ANOM/GGA/3CAB/52, lettre de Fernand Kessis au gouverneur général de l’Algérie, Sidi Bel Abbès, 5 avril 1937.
77 Georges Balandier, « La situation coloniale : approche théorique », Cahiers internationaux de sociologie, no 110, 2001/1, p. 19.
78 Jean-Pierre Peyroulou, Guelma, 1945 : une subversion française dans l’Algérie coloniale, Paris, La Découverte, 2009.
79 Sylvie Thénault, Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale : camps, internements, assignations à résidence, Paris, Odile Jacob, 2011.
Auteur
maîtresse de conférences à Sciences Po Grenoble (Pacte)
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