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    Plan détaillé Texte intégral Évaluer et exploiter les biens des rebelles : le temps de l’enquête La comptabilité de la rébellion Les prolongements de l’enquête de 1324 Notes de bas de page Auteur

    Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Le prix de la rébellion

    Remarques autour de la reddition de Spolète en 1324

    The price of the rebellion. Comments on the surrender of Spoleto in 1324

    Sylvain Parent

    p. 349-362

    Résumés

    Au xive siècle, tandis qu’ils sont installés en Avignon, les papes voient leur autorité très régulièrement contestée au sein de leurs possessions italiennes, où les populations sont en théorie des sujets de l’Église. Certains pontifes emploient alors tous les moyens possibles, sur le plan militaire, diplomatique et judiciaire pour tenter de faire plier et revenir dans le droit chemin ceux qu’ils qualifient de rebelles de la sainte mère Église (rebelles sancte matris ecclesie). Cet article analyse en particulier le cas de la ville de Spolète, qui finit par se soumettre en 1324 après des années de rébellion. Cette reddition est éclairée par de très nombreux documents, notamment comptables, qui permettent d’analyser dans le détail tout le processus de sortie de crise et les enjeux liés à la gestion des biens confisqués aux rebelles.

    In the 14th century, the authority of the popes, who settled in Avignon, is very regularly challenged within their Italian possessions, where the populations are in theory subjects of the Church. Some pontiffs therefore use every military, diplomatic and judicial means possible to try to control and to put those they called rebels against the Mother Church back on the right track (rebelles sancte matris ecclesie). This paper analyses in particular the case of the city of Spoleto, which ended up submitting in 1324 after years of rebellion. Numerous documents and especially accounting documents bear witness of this surrender and they analyse in detail the whole process involved behind resolving the crisis and the challenges related to the management of the property confiscated from the rebels.

    Texte intégral Évaluer et exploiter les biens des rebelles : le temps de l’enquête La comptabilité de la rébellion Les prolongements de l’enquête de 1324 Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Comment en finir avec la rébellion ? Et comment, une fois celle-ci officiellement éteinte, reprendre le contrôle sur une cité après des années de désobéissance ? Quelles sont les conséquences, économiques notamment, pour celles et ceux qui s’étaient rebellés ? Autrement dit, comment s’effectue la « sortie de crise » ? Voici quelques-unes des questions que soulèvent les événements qui se déroulèrent à Spolète dans les premières décennies du xive siècle. La cité était alors la « capitale » du duché de Spolète, l’une des six provinces pontificales (les cinq autres étant la Campagne et Maritime, le Patrimoine de Saint-Pierre, la marche d’Ancône, le Comtat Venaissin et le comté de Romagne), et ses habitants y étaient donc, à ce titre, des sujets de l’Église1. La gestion de ces provinces était confiée à des recteurs pontificaux nommés par le pape. À l’image de la plupart des autres territoires sous domination pontificale, les équilibres géopolitiques y étaient alors extrêmement précaires et la papauté mit tout en œuvre pour faire plier ceux qu’elle qualifiait de rebelles de la sainte mère Église (rebelles sancte matris ecclesie)2.

    2Dans un tel contexte de contestation, qui finit par s’installer dans la durée et devint en quelque sorte structurel, même si les tensions variaient en intensité selon les périodes, il n’est donc pas étonnant d’une part que le vocabulaire de la rébellion et de la dissidence ait envahi la documentation produite dans ces espaces, et d’autre part que cette rébellion ait eu un impact très concret sur la manière dont les autorités ecclésiastiques administraient leurs territoires. Cette accusation de « rébellion » touchait ainsi tous ceux qui perturbaient d’une manière ou d’une autre la pax, dans les territoires pontificaux comme au-dehors, ou qui contestaient l’autorité pontificale, qu’il s’agisse de membres de lignages seigneuriaux en pleine ascension, de communautés politiques ou d’individus. Au sein de la masse documentaire produite par la chancellerie pontificale et par les officiers pontificaux dans les terres de l’Église, les registres comptables, en particulier, témoignent non seulement de cette agitation mais aussi des moyens engagés pour tenter de la contenir. Le cas de Spolète me semble donc particulièrement intéressant, car les documents conservés y sont nombreux, très riches et permettent à la fois d’interroger les problèmes gestionnaires liés à cette instabilité chronique, mais aussi d’étudier la question de l’après-rébellion, du retour à la normale, et ainsi questionner les différentes temporalités de la sortie de crise.

    Évaluer et exploiter les biens des rebelles : le temps de l’enquête

    3L’un des intérêts principaux du dossier concernant la reddition de Spolète en avril 1324 est qu’il permet de disséquer tout le processus de retour à la normale et de mesurer l’impact concret sur les populations qui sortirent alors perdantes de ce bras de fer avec la papauté.

    4Dans les premières années du xive siècle, cette ville d’Italie centrale s’était posée progressivement comme un des hauts lieux de la résistance à l’autorité du souverain pontife. Il n’est évidemment pas possible d’évoquer ici en détail la chronologie complexe de ces événements, mais rappelons simplement qu’à partir de 1319, les forces gibelines avaient repris le dessus dans la cité, confortées par l’évolution politique de cités proches, comme Assise, tombée aux mains de Muzio Di Francesco3, ou encore d’Arezzo, désormais sous la domination de l’évêque Guido Tarlati4, mais aussi par l’influence grandissante de l’un des plus puissants signori du temps, Federico Da Montefeltro5, qui fédérait alors l’opposition gibeline dans la marche d’Ancône et le duché de Spolète6. Au printemps 1320, les gibelins de Spolète nommèrent d’ailleurs ce dernier capitaine général et duc de leur cité. En mars et avril 1322, la prise d’Assise et, quelques semaines plus tard, la mort de Federico Da Montefeltro, finirent par porter un coup aux forces gibelines de la zone7.

    5Dès lors, les troupes du recteur et celles de la cité de Pérouse, qui souhaitait au passage profiter de la situation pour mettre la main sur sa proche voisine, se préparèrent pour le siège de la ville. C’est dans ce contexte qu’un nonce apostolique fut dépêché sur place, le dominicain Foulque de Sisteron, chargé de conduire un long et difficile processus de négociation8. Au printemps 1324, des renforts finirent par arriver de Florence, Sienne, Montepulciano, Orvieto et Camerino pour accentuer la pression sur la cité9. Ainsi, à l’issue de près de deux années de siège, Spolète finit par se rendre le 9 avril 1324. Cette reddition signait la mise à l’écart de la pars gibellina et l’expulsion de celles et ceux clairement identifiés comme rebelles. Le nonce apostolique ayant achevé sa mission, il reprit la route d’Avignon quelques semaines plus tard.

    6C’est donc dans le prolongement immédiat de cette soumission de la cité en avril 1324 que les autorités du duché mirent en place, quelques mois plus tard, une enquête très détaillée, préalable nécessaire à l’identification des biens à confisquer. Elle fut conduite entre les mois de septembre et novembre 1324 et son but était dans un premier temps d’évaluer le nombre de biens que possédaient les rebelles identifiés dans chacun des quartiers qui composaient la cité, et ensuite d’estimer la valeur de ces biens en vue de leur vente ou de leur mise en exploitation ultérieure par des laboratores10. De cette enquête, il subsiste en particulier un volumineux manuscrit composite de 399 folios, conservé dans le fonds des Introitus et Exitus11. C’est un document complexe à aborder, que nous ne pouvons qu’effleurer dans le cadre de cet article, en raison notamment de la masse d’informations qui y sont recueillies. Les autorités cherchaient à répondre à trois questions précises : 1) Quels sont les noms de ces rebelles ? 2) Que possèdent-ils et où se trouvent ces biens ? 3) Enfin, que rapportent ces derniers12 ?

    7Les six premiers folios dressent la liste précise, quartier par quartier, des rebelles expulsés de la cité, soit un total de 636 personnes, réparties de la façon suivante (voir tabl. 1).

    8Un tel usage des listes était très courant dans le monde communal italien où, à partir de la deuxième moitié du xiiie siècle, les autorités communales avaient pris l’habitude de confectionner des registres de bannis et d’exilés politiques, dont on a conservé de remarquables exemples à Bologne et à Florence notamment13. Il demeure néanmoins difficile d’estimer précisément quel pourcentage de la population cela représentait, car les sources qui permettraient d’effectuer un décompte global de la population à cette époque font défaut14.

    Tableau 1 — La répartition des rebelles à Spolète en 1324 (d’après Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61, fol. 1v-6)

    Quartier (guayta)

    Nombre de personnes condamnées

    Palazzo

    89

    S. Andrea

    76

    Petrenga

    80

    Frasanti

    50

    S. Benedetto

    46

    Salamonesca

    39

    Grifonesca

    62

    Tirallesca

    50

    Ponzianina

    28

    Duomo

    22

    Petrenga

    12

    S. Giovanni

    44

    Filittiera

    38

    9Les cent folios suivants sont consacrés à l’estimation des biens possédés par ces rebelles et à ce que rapportaient ces biens au moment de la reddition. Pour ce faire, les enquêteurs convoquèrent certains habitants de ces quartiers, sans qu’il soit possible cependant, en l’état actuel de mes investigations sur ce dossier, de comprendre les logiques qui ont présidé à la sélection de ces témoins, puisque le nombre de témoins amenés à comparaître est au final assez faible : on constate qu’il y a parmi eux des notaires et des magistri, donc des personnes qui, dans le cadre de leur métier, avaient certainement une bonne connaissance des situations patrimoniales d’un certain nombre de leurs concitoyens. Ils furent interrogés de manière systématique sur le patrimoine de chacun de ces rebelles, selon un modèle qui se présente de la façon suivante :

    Tableau 2 — Un exemple d’interrogatoire : Francischitus Bartholicti, du quartier San Giovanni (d’après Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61, fol. 17-v)

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    10Enfin, après la transcription de ces interrogatoires, la quasi-totalité du reste du manuscrit est occupée par des extraits des cadastres de la ville réalisés quelques années plus tôt, en 131915. Des cadastres qui, d’après ce que rappelle Achille Sansi, étaient conçus de manière distincte pour chaque quartier16. L’intention des enquêteurs apparaît ici clairement : en faisant extraire des cadastres de 1319 des données concernant des personnes impliquées dans la rébellion, l’objectif était d’obtenir une photographie du patrimoine de ces individus, afin de pouvoir la confronter aux témoignages recueillis lors de l’enquête de 1324 et, le cas échéant, de pouvoir l’actualiser. Cependant, à ce stade de mon exploration du manuscrit, il semblerait que les informations contenues dans ces extraits ne concernent, pour des raisons que je n’ai pas pu déterminer pour le moment, qu’une partie seulement des rebelles expulsés en 1324, puisque ces extraits de cadastres ne mentionnent que 350 personnes – mais il y a peut-être eu des déperditions. De même, il semble difficile d’estimer le pourcentage du sol communal que ces biens saisis représentaient et il n’est pas certain qu’on puisse le faire en croisant ces dossiers avec les documents produits par la commune dans ces années.

    11De ces extraits de cadastres émerge donc une estimation précise des patrimoines de ces rebelles à la fin de la décennie 1310. Les écarts de fortune y sont conséquents, ce qui permet de penser que la diversité sociologique des personnes impliquées dans la rébellion était assez importante. Si l’on prend par exemple le cas des trente-sept personnes appartenant au quartier du palais communal (guayta palatii), on s’aperçoit que certains ne semblaient posséder que peu voire pas de patrimoine, tel Massiolus Jacoboni Nicole, tandis que d’autres avaient des patrimoines dépassant les 20 000 livres, comme pour Angelictus et Fossus domini Petri domine Aretine17. Les documents en question ne précisent cependant pas le statut social de ces rebelles ou leur situation professionnelle.

    12Une enquête d’une telle ampleur, pour laquelle je ne connais pas d’équivalent dans les sources pontificales consultées jusqu’à présent, a donc servi de préalable à l’établissement des sentences de confiscation qui furent prononcées quelques mois plus tard, en 1325, permettant officiellement, j’y reviendrai un peu plus loin, la vente de ces biens ou leur mise en exploitation.

    La comptabilité de la rébellion

    13L’analyse d’un tel dossier montre bien à quel point les sources comptables produites par les trésoriers de ces provinces pontificales sont riches pour étudier la manière dont les autorités firent face à ces rébellions, mais aussi que la prise en charge de cette question était parfaitement intégrée à la gestion financière courante du duché de Spolète. Nous possédons, en effet, beaucoup de registres de recettes et de dépenses pour cette province, principalement conservés au sein de l’Archivio Segreto Vaticano dans les séries Introitus et Exitus et Collectoriae, ce qui représente des milliers de folios cumulés et offre ainsi de multiples manières d’aborder ces questions de rébellion18. Au sein de cet ensemble documentaire, les années 1320-1330 sont certainement parmi les mieux documentées.

    14Dans ces registres, ces questions de rébellion apparaissent selon diverses modalités. Dans beaucoup de cas, les actes de rébellion ne font pas nécessairement l’objet d’un traitement spécifique ou d’une individualisation sous forme de rubriques dédiées : par exemple, dans les rubriques consacrées aux amendes ou aux compositions (compositiones), les actes de rébellion ne représentent qu’une catégorie de délits parmi d’autres, à côté des affaires de mœurs, des homicides, des insultes ou des querelles de voisinage qui sont jugés par la cour temporelle du recteur pontifical, ce qui témoigne peut-être d’une forme de banalisation au pénal et au judiciaire de la rébellion. Mais on voit par ailleurs se développer dans ces registres des rubriques spécifiquement consacrées à la rébellion et qui concernent surtout deux aspects : d’un côté, le financement de la lutte militaire ou l’organisation de la croisade contre ces rebelles, en particulier pour assurer le paiement des hommes qui se mettaient au service de l’Église, ou bien encore la levée de fonds auprès des fidèles ; de l’autre, le problème épineux des biens des rebelles (bona rebellium), c’est-à-dire des biens confisqués suite aux condamnations judiciaires prononcées à leur encontre. Et c’est bien sur ce dernier aspect, on l’a compris, que le dossier de Spolète est particulièrement riche.

    15Pour bien comprendre les enjeux qui se cristallisent autour de ces bona rebellium, il convient de rappeler en quelques mots comment ils s’inscrivent dans l’économie générale du duché, où les sources de revenus étaient, comme ailleurs dans les terres de l’Église, assez variées. D’un côté, les autorités ecclésiastiques pouvaient compter sur la levée d’un certain nombre de taxes directes (cens, fouages, obligations féodales diverses) ou indirectes (péages). Cependant, Chantal Reydellet-Guttinger constate que ces revenus du domaine étaient finalement assez réduits puisqu’ils « représentaient moins de 1 % des recettes totales19 ». Les profits liés à l’exercice de la justice étaient, quant à eux, bien plus conséquents et étaient composés d’une partie des profits de justice des cours communales, mais aussi des profits « que tiraient des coupables la justice du recteur : condamnations en argent, amendes, compositions ou accords payés en argent20 » ; des recettes judiciaires annuelles qui étaient en général comprises entre 2 500 et 3 500 florins, soit autour de la moitié des revenus du duché21. Enfin, à côté de ces recettes ordinaires, figuraient d’autres sources de revenus, comme les décimes, les bénéfices vacants ou encore les biens des clercs suspens et des rebelles de l’Église ; comme le rappelle à nouveau Chantal Reydellet-­Guttinger, « de toutes les commissions données aux trésoriers du Duché, la plus fructueuse [était], sans conteste, la levée des revenus des biens confisqués à un grand nombre de laïcs et clercs d’Assise, Spolète à la suite des rébellions des deux communes contre le gouvernement provincial en 131922 ».

    16Ce problème de la saisie et de l’exploitation des biens des rebelles ne se posait évidemment pas uniquement aux autorités du duché de Spolète ou des autres territoires pontificaux. Dans le monde communal italien, depuis le xiiie siècle et avec l’exacerbation des tensions entre factions, les politiques d’exclusion de certains groupes avaient des répercussions sur les patrimoines familiaux et sur la gestion des affaires de la cité23 ; de la même manière, les inquisiteurs étaient eux aussi confrontés, avec la confiscation des biens des hérétiques, à des problèmes similaires24.

    Les prolongements de l’enquête de 1324

    17L’enjeu de l’enquête conduite à Spolète en 1324 était donc d’organiser une gestion au long cours de ces biens confisqués et ce d’autant plus qu’ils rapportaient, je viens de le rappeler, infiniment plus que les revenus ordinaires du domaine. Sur ce point également, les informations fournies par ces dossiers documentaires sont d’une très grande richesse. Au sein de ce même registre Introitus et Exitus 61, qui contient les vestiges de notre enquête, les trente derniers folios renferment justement les noms de centaines de laboratores à qui des biens furent confiés en gestion25 ; il n’est toutefois pas possible, d’après les sondages effectués jusqu’à présent, de connaître avec précision les régimes juridiques (contrats ou baux) sous lesquels ces biens étaient exploités. Ainsi, pour la période qui s’échelonne du 12 août au 30 septembre 1325, le registre nous fournit l’identité de 449 personnes ; pour celle qui court du 28 juillet au 22 octobre 1326, ce sont 234 laboratores qui sont recensés. Ces cahiers font en particulier le décompte très précis des quantités de céréales dont s’acquittait chaque laborator aux échéances fixées26. Le compte rendu de ces versements se présente toujours de la même manière : est d’abord mentionnée la date à laquelle le prélèvement a été effectué, puis l’identité du laborator ainsi que celle du ou des rebelles dont il exploitait les biens, enfin la quantité de grains ou de céréales prélevée27. Pour les années suivantes, nous possédons de nombreux libri ou quaterni qui font le compte très précis de ce que rapportaient ces prélèvements faits sur les biens saisis aux rebelles, ainsi que sur ceux pris aux clercs qui avaient été suspendus : en effet, cette dernière catégorie est systématiquement associée, dans la documentation, à celle qui concerne les rebelles. Les sanctions qui touchèrent durant ces décennies de nombreux clercs, en particulier à Assise ou à Spolète et dans sa région, étaient motivées par des faits de rébellion, de complicité avec des rebelles ou bien encore de non-respect des sanctions prononcées à l’encontre de certaines communautés ou cités (interdit, excommunication, etc.).

    18Dans la plupart de ces registres, le trésorier détaille avec une grande précision les différentes sortes de céréales prélevées (blé, orge, avoine, seigle, etc.), de manière assez standardisée et selon un ordre qui est répété pour chaque année, comme on peut le constater avec le cas de l’année 132928. Une fois ces quantités indiquées, le trésorier détaillait en général les dépenses qui avaient été nécessaires au recouvrement de ces denrées, le salaire des serviteurs mobilisés ou encore les dons effectués de manière systématique aux établissements religieux de la ville ou bien à ceux qui assistaient le trésorier dans sa tâche, autant de frais qui étaient prélevés sur ces biens pris aux rebelles29. Même si l’approche statistique est toujours délicate avec ce genre de sources comptables, on peut néanmoins se faire une idée des sommes globales perçues dans ce cadre, par exemple pour les années 1328-1332.

    Tableau 3 — Sommes perçues pour les années 1328-1332 (d’après Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Collectoriae 228)

    Année

    Somme perçue (arrondie)

    Dépenses réalisées pour effectuer ces collectes

    1328

    706 florins

    120 florins

    1329

    903 florins

    163 florins

    1330

    309 florins

    99 florins

    1331

    346 florins

    129 florins

    1332

    147 florins

    63 florins

    19Le système de prélèvement et de mise en valeur de ces biens semble donc avoir été bien rôdé dans les années qui suivirent la reddition de la ville. Au vu des sommes que généraient ces saisies, il n’est pas étonnant que ces questions de gestion aient été scrutées de près par la papauté : d’ailleurs, en 1327, une nouvelle mission pontificale fut dépêchée dans le duché de Spolète – la première depuis le départ de Foulque de Sisteron à l’été 1324, précisément pour enquêter sur les terres confisquées aux rebelles et laissées incultes30. On comprend à la lecture de certains documents que la gestion de ces biens fut régulièrement la source de tensions entre les autorités et les citoyens de Spolète ou de ses alentours. On touche là un point sensible de la gestion des provinces pontificales et, dans le duché de Spolète comme ailleurs, nous trouvons la trace de dénonciations du comportement des officiers au service du recteur, et en particulier de leur rapacité ou de l’arbitraire de certaines de leurs initiatives. Benoît XII, d’ailleurs, diligenta plusieurs enquêtes dans les années 1330 afin de procéder, entre autres choses, à la réforme de la gestion de ces territoires et de tenter de mettre un terme aux abus les plus criants31.

    20À ce jour, j’ai pu identifier en particulier un registre qui témoigne de telles tensions : il s’agit du Collectoriae 416. Ce gros registre composite de 250 folios contient notamment le compte rendu des prélèvements effectués sur les biens des rebelles dans les années 1330, selon des modalités similaires à celles évoquées un peu plus haut ; mais, en plus de ces données, il renferme également, entre les folios 175 et 222, un cahier rassemblant cinquante-huit petitiones recueillies en novembre 1338, toutes présentées sur le même modèle, et qui visaient en particulier un notaire et officier du duché, Johannes Risci de Fulginei, qui aurait agi contra jus et justitiam et de facto suo arbitrio voluntate32. Les plaintes concernent des faits qui se seraient déroulés sur la période 1334-1338 : parmi celles déposées, on trouve par exemple quelques cas de gibelins qui, de retour à Spolète, cherchèrent à récupérer leur terre33. Le plus gros des récriminations, cependant, concernait les prélèvements qui auraient été effectués de force par cet officier. La plupart des plaignants dénoncent, en effet, la brutalité avec laquelle il obtenait ces paiements : plusieurs évoquent des incarcérations d’office dans une prison aménagée dans l’église Sant’Isacco, à proximité du palais communal, ou dans la prison communale elle-même, ayant pour but de forcer les administrés à s’acquitter des sommes que cet officier estimait lui être dues ; dans la plupart des cas, la libération ne survenait qu’une fois ces sommes payées – les frais de détention étant par ailleurs à la charge des personnes incarcérées34. Les sommes alors prélevées s’élevaient parfois à plusieurs florins. Dans d’autres cas, l’officier envoyait directement ses sbires au domicile de la personne et ceux-ci confisquaient un certain nombre de biens qui n’étaient restitués qu’une fois le paiement effectué. Enfin, certains des plaignants avaient refusé de payer les sommes demandées, soit parce qu’ils estimaient que les terres qu’ils avaient récupérées n’étaient pas exploitables ou ne rapportaient rien (inculta et infructifera)35, soit parce qu’ils contestaient le fait qu’une partie du revenu de ces terres devait revenir à l’Église. Sans préjuger de la bonne foi ou non des plaignants, on voit bien qu’ici l’objet des plaintes portait notamment sur le statut de ces terres et biens, l’officier estimant qu’une partie des revenus générés devait revenir à l’Église tandis que les plaignants le contestaient.

    21Pour achever ce bref panorama, rappelons simplement que la masse vertigineuse de données concernant Spolète est donc, me semble-t-il, à tout point de vue exceptionnelle – voire sans équivalent. Exceptionnelle par l’ampleur du gisement documentaire, mais également par le fait qu’on ne possède pas pour d’autres cités en situation de rébellion dans les terres de l’Église, pourtant nombreuses en ce début du xive siècle, une telle variété de documents et d’éclairages aussi précis. Si j’ai ici choisi de concentrer mon propos sur le moment où la rébellion s’achève, le cas de Spolète offre en réalité une sorte de concentré des interrogations soulevées dans cet ouvrage autour de la diversité des motifs et des formes de la contestation, et il constitue un point d’observation idéal d’une ville médiévale en situation de rébellion ouverte contre un pouvoir supérieur et dont elle dépend, permettant en particulier de confronter la pluralité des modes d’action envisagés pour mettre un terme à cette rébellion, au plan diplomatique, militaire ou judiciaire et de saisir avec force détails les conséquences et prolongements du retour à l’obéissance.

    Notes de bas de page

    1 Je renvoie aux études classiques de D. Waley, The Papal State in the Thirteenth Century, Londres, 1961 ; id., « L’Umbria e lo Stato papale nei secoli xii-xv », Storia e arte in Umbria nell’età comunale, t. 2, Pérouse, 1971, p. 271-287 ; P. Partner, The Lands of St. Peter: the Papal State in the Middle Ages and the Early Renaissance, Londres, 1972. Plus récemment voir S. Carocci, Vassalli del papa: potere pontificio, aristocrazie e città nello stato della chiese (xii-xv s.), Rome, 2010.

    2 Sur la situation dans le duché de Spolète, les travaux de Luigi Fumi, pourtant anciens, n’en demeurent pas moins précieux : on trouvera une synthèse de ses principaux articles sur le sujet dans L. Fumi, Eretici e ribelli nell’Umbria. Studio storico di un decennio (1320-1330), Città di Castello, 1916. Sur l’offensive judiciaire menée par Jean XXII au cours de ces années contre nombre de ces rebelles au sein des terres de l’Église comme au-dehors, je me permets de renvoyer à S. Parent, Dans les abysses de l’infidélité. Les procès contre les ennemis de l’Église en Italie au temps de Jean XXII, Rome, 2014.

    3 Sur ce personnage et sur le procès pour rébellion et hérésie qu’il subit du temps de Jean XXII, voir S. Brufani, Eresia di un ribelle al tempo di Giovanni XXII: il caso di Muzio di Francesco d’Assisi, Spolète, 1991.

    4 Sur la seigneurie de Guido Tarlati et son procès au temps de Jean XXII, voir en dernier lieu P. Licciardello, Un vescovo contro il papato : il conflitto fra Guido Tarlati e Giovanni XXII (1312-1339), Arezzo, 2015.

    5 A. Gattucci, « Giovanni XXII e il ghibellinismo italiano: il processo per eresia ed idolatria, e l’assassinio di Federico da Montefeltro (1322) », Studi storici in onore di Raffaele Molinelli, Urbino, 1998, p. 143-179 ; G. Franceschini, I Montefeltro nei primi due secoli della loro storia (1150-1350), San Sepolcro, 1963 ; L. Fumi, « Eretici e ribelli nell’Umbria dal 1320 al 1330 studiati su documenti inediti dell’Archivio segreto Vaticano », Bollettino della Deputazione di Storia Patria per l’Umbria, 3 (1897), p. 257-285 et 429-489, ici p. 433 et suiv.

    6 W. Heywood, A History of Perugia, Londres, 1910, p. 115-120.

    7 Ibid., p. 127-128.

    8 Nous avons conservé de cette nonciature un très intéressant document comptable et nous possédons ainsi l’ensemble des dépenses engagées par cette nonciature pendant plus de trois ans. J’ai réalisé une édition de ce dossier documentaire dans un mémoire inédit de l’École française de Rome : Pratiques diplomatiques et écritures comptables. Édition du livre de comptes d’un nonce apostolique, le dominicain Foulque de Sisteron (Italie, 1321-1324), Rome, 2011 ; en attendant la publication de ce très beau dossier diplomatique, je renvoie à sa rapide présentation dans S. Parent, « Pratiques diplomatique et écritures comptables. Notes sur le livre d’un nonce apostolique : le dominicain Foulque de Sisteron (Italie, 1321-1324) », dans Les relations diplomatiques au Moyen Âge. Formes et enjeux, Paris, 2011, p. 111-118.

    9 Heywood, A History…, op. cit. n. 6, p. 130.

    10 Pour des réflexions autour de la place que prend l’enquête en ces derniers siècles du Moyen Âge, contentons-nous ici de renvoyer aux contributions rassemblées dans L’enquête au Moyen Âge, dir. C. Gauvard, Rome, 2008, ainsi que dans Quand gouverner c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière (Occident, xiiie-xive s.), éd. T. Pécout, Paris, 2010. Dans ce dernier ouvrage, pour le contexte italien qui nous occupe, voir en particulier R. Rao, « Le inchieste patrimoniali nei comuni dell’Italia settentrionale (xii-xiv secolo) », p. 285-298 et A. Jamme, « Entre révélation des réalités et propagande politique, l’enquête et ses desseins dans l’État pontifical aux xiiie et xive siècles », p. 257-284.

    11 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61.

    12 Ibid., fol. 1v : In primis cum infrascripti pro detestandis per eos commissis excessibus rebelles sacro Sancte Romane Ecclesie sanctissimi patris prelibati dictique rectoris et ducalis curie reperiantur exbanditi et eorum bona memorate ecclesie confiscata, quorum nomina inferius annotantur inquirit et inquirere intendit dictus rector atque commissarius et veritatem indagare intendit, que et qualia sint hujusmodi bona ipsorum et cujusque eorum, et in quibus et ubi confiscat particulariter et per membra. Item qui et quales ipsorum bonorum particulariter et per membra possunt esse fructus, redditus et proventus annui et cujus valoris annuatum possunt esse dictus fructus, redditus et proventus. Item symilem et parilem inquisitionem facit et facere intendit de bonis, fructibus et reditibus et proventibus quorumque rebellium, bannitorum seu condempnatorum Spoletanorum Romane ecclesie et camere domini nostri summi pontificis ex ipsorum culpis, offensis sive contumaciis, tam per processus dicti domini nostri summi pontificis quod etiam per processus contra eos factos per ducalem curiam confiscatis. Quorum rebellium, bannitorum seu condempnatorum nomina sunt hec.

    13 Sur cette pratique que Giuliano Milani a appelée « governo delle liste », je renvoie en particulier à sa synthèse : G. Milani, L’esclusione dal comune. Conflitti e bandi politici a Bologna e in altre città italiane tra xii e xiv secolo, Rome, 2003.

    14 Ernesto Sestan estimait que la ville comptait environ 10 000 habitants à la fin du xiie siècle (E. Sestan, « Il comune di Spoleto tra i comuni italiani », Il Ducato di Spoleto. Atti del IX congresso internazionale di Studi sull’alto medioevo, Spolète, 1983, p. 149-188, p. 166) ; dans leur synthèse sur les villes italiennes, Maria Ginatempo et Lucia Sandri estiment qu’au début du xive siècle, la ville comptait certainement entre 10 000 et 20 000 habitants (M. Ginatempo, L. Sandri, L’Italia delle città. Il popolamento urbano tra Medioevo e Rinascimento [secoli xiii-xvi], Florence, 1990, p. 149).

    15 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61, fol. 110-364.

    16 A. Sansi, Storia del comune di Spoleto dal secolo xii al xvii, Foligno, 1879, vol. 1, p. 150.

    17 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61, fol. 123-158 : 1. Alexander Angeloni (fol. 123r-125r) : 10 200 libr., 18 sol. ; 2. Angelictus et Fossus domini Petri domine Aretine (125r-137v) : 23 900 libr., 3 sol. ; 3. Angelus Thomassicti Andree (137v-138r) : 781 libr., 19 sol. ; 4. Dominus Symon domini Johannis (138r-140v) : 9 117 libr. ; 5. Heredes domini Gerardi domini Phylippi (140v-141r) : 4 702 libr. ; 6. Gentilis domini Thomassii (141r-v) : 615 libr., 12 den. ; 7. Gictus domini Egidii (141v) : 292 libr. ; 8. Simon domini Jacobi de Laperino (142r-144r) : 2 825 libr., 8 sol. ; 9. Heredes Massaroni Palucçi (144v-146r) : 2 994 libr., 8 sol. ; 10. Nardus Seccapopuli (146r) : 1 885 libr., 6 sol. ; 11. Bondunus Johannis Gandentis et Livannus ejus nepos (146v) : 4 279 libr. ; 12. Heredes Jordani domini Peccii (146v-147r) : 3 627 libr., 10 sol. ; 13. Palictus Symonis (147r-v) : 2 052 libr., 5 sol. ; 14. Corradus Palicti (147v) : 779 libr. ; 15. Mathiolus Munallicti pestiferius (147v-148r) : 693 libr., 18 sol. ; 16. Andreictus Raynaldi domini Gentilis (148r-v) : 1 482 libr., 10 sol. ; 17. Setronus Berracii (149r-v) : 939 libr., 10 sol. ; 18. Massius Bertaccii (149v-150r) : 1 435 libr., 5 sol. ; 19. Petrus Jacobini (150r) : 815 libr., 1 sol. ; 20. Palictus Colunbani (150r-v) : 1 233 libr. ; 21. Heredes domini Francisci Jacoboni Jannis (150v) : 1 389 libr. ; 22. Martinus et Francischictus Palme (150v-152r) : 4 999 libr., 15 sol. ; 23. Palictus Angelicti Fossi (152v) : 87 libr., 4 sol. ; 24. Raynaldus domini Jacobi de Lapperino (152v-153v) : 789 libr. ; 25. Heredes Thomassi Honesti (153v) : 1 610 libr. ; 26. Riccardellus Vanecti (154r-v) : 1 678 libr., 17 sol. ; 27. Leonardus Acti Felicis (154v) : 463 libr. ; 28. Solacius Marsilionis (154v-155r) : 359 libr. ; 29. Provençanus Venturelle (155r-v) : 2 772 libr., 5 sol. ; 30. Vitarellus Petrucii Contis, aurifex (155v) : le total a été oublié ; 31. Jacobus Gerardi Pellagalli (155v-156r) : 1 030 libr., 19 sol. ; 32. Massiolus Jacoboni Nicole (156r) : n’a pas de biens immobiliers ou de maisons. 33. Angnerillus Transarici Simonis (156v) : 646 libr., 10 sol. ; 34. Berardutius Marcoli Berardi (156v) : 129 libr. ; 35. Marchigianus et Filippittus Stephani (156v-157r) : 321 libr., 16 sol. ; 36. Heredes domini Simonis domini Thomassii (157r-v) : 1 655 libr. ; 37. Vannillus et Pactus Bartholi Maconi (157v-158r) ; 582 libr., 18 sol.

    18 Pour une présentation des sources concernant le duché de Spolète, on peut renvoyer à C. Reydellet-Guttinger, L’administration pontificale dans le Duché de Spolète (1305-1352), Florence, 1975 ; voir aussi A. G. Walsh, The Administration of the Duchy of Spoleto (1303-1334), Boston, 1974.

    19 Reydellet-Guttinger, L’administration…, op. cit. n. 18, p. 70-71. Cette dernière rappelle que le pourcentage est semblable dans le Patrimoine de Saint-Pierre d’après les travaux de Waley (The Papal State…, op. cit. n. 1, p. 256).

    20 Reydellet-Guttinger, L’administration…, op. cit. n. 18, p. 72.

    21 Ibid.

    22 Ibid., p. 76.

    23 À propos du cas de Bologne dans le dernier tiers du xiiie siècle, Giuliano Milani rappelle que « l’inédite augmentation du nombre de bannis politiques portait en elle quelques spécificités : d’un côté cela mettait dans les mains de la commune un patrimoine énorme, de l’autre cela engendrait une série de problèmes inédits en ce qui concerne le recensement, l’administration et l’usage de ces confiscations » (Milani, L’esclusione dal comune…, op. cit. n. 13, p. 329) ; le chapitre 8, en particulier, est entièrement consacré à cette question de la saisie et de l’exploitation de ces biens. Voir également V. Mazzoni, Accusare e proscrivere il nemico politico. Legislazione antighibellina e persecuzione giudiziaria a Firenze (1347-1378), Pise, 2010.

    24 Pour une évocation des enjeux autour des biens des hérétiques, voir S. Parent, « Entre extorsion de fonds et procès truqués. Le contrôle de l’activité des inquisiteurs en Italie au xive siècle », Aux marges de l’hérésie. Inventions, formes et usages de l’accusation d’hérésie au Moyen Âge, dir. F. Mercier, I. Rosé, Rennes, 2017, p. 291-324.

    25 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61, fol. 368-399 ; cette section commence ainsi, fol. 368r : In nomine Domini amen. Hic est liber continens in se inquisitionem factam de fructibus, redditibus et proventibus bonorum rebellium de Spoleto per me Johannem Gilii de Turdeto, notarium ducalis curie generalis ac etiam commissarium seu subdelegatum sive etiam subcollectorem venerabilis viri domini Johannis de Amelio, Forojulensis archidiaconis, Spoletani ducatus in spiritualibus et temporalibus rectoris per sanctam Romanam ecclesiam generalis, ac etiam commissarii seu delegati sive etiam recollectoris et exactoris fructuum, reddituum et proventuum de bonis et possessionibus dictorum rebellium per sedem apostolicam specialiter deputati. Et etiam nomina laboratorum et nomina ipsorum rebellium, de quorum possessionibus infrascripti fructus assingnati [sic] et exacti fuerunt ; et assingnationes factas per ipsos laboratores de ipsis fructibus ; et quantitates fructuum per ipsos laboratores assingnatas, prout inferius seriose manu mei Johannis, notarii predicti, per omnia describuntur. Sub anno Domini ab ejus Nativitate 1325.

    26 Ibid., fol. 384 : Hoc est bladum et legumen recollectum, receptum et exactum per me Johannem Gilii de Tuderto, notarium ducalis curie generalem, de bonis rebellium et condempnatorum sancte Romane Ecclesie de Spoleto, quorum nomina inferius describuntur, de mandato et ex commissione michi facta per venerabilem virum dominum Johannem de Amelio, Forojuliensem archidiaconem ducalis province generalem rectorem ac etiam commissarium seu delegatum a sanctissimo patre domino nostro domino Johanne pape XXIIdo, super bonis rebellium de Spoleto specialiter constitutum, sub anno Domini ab ejus Nativitatis millesimo CCCXXVIo, indictione VIIIIa, tempore domini Johannis pape XXIIdi, diebus et mensis infrascriptis.

    27 Pour ne prendre qu’un exemple, voir Vaticano, Arch. Segr. Vat., Intr. et Ex. 61, fol. 384 : Die XXVIIIa mensis julii. Carutius magistri Leonardi de Villa Cispiani portavit de bonis filiorum domini Abbrunamontis….16 cuppas spelte ; die XXX julii. Johannes Francie de villa Collis portavit de bonis domini Johannis Massey…8 cuppas grani.

    28 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Intr. et Ex. 60, fol. 97v : Summa grani rebellium : 893 cupp. ; summa salbarum rebellium : 27 cupp. ; summa ordei rebellium : 77 cupp. ; summa spelte rebellium : 408 cupp. ; summa segale rebellium : 18 cupp. ; summa alvesis rebellium : 47 cupp. ; summa de çeçeia rebellium : 2 cupp. et med. ; summa de çiçi rebellium : 1 cupp. ; summa milii et panici rebellium : 15 cupp ; summa surchi rebellium : 89 cupp. ; summa grani clericorum suspensorum : 115 cupp. ; Summa spelte clericorum suspensorum : 29 cupp. ; summa segale clericorum suspensorum : 8 cupp. ; summa ordei clericorum suspensorum : 4 cupp et med ; summa alvesis clericorum suspensorum : 1 cupp.

    29 Ibid., fol. 98 : item dedit amore dei de mandato dicti domini thesaurarii fratribus predicatorum de Spoleto 4 cupp. grani ; item dedit dictis fratribus 2 salm. Musti ; item dedit fratribus minoribus pro dicta helemosina : 4 cupp. grani ; item dedit dictis fratribus 2 salm musti ; item dedit fratribus heremitanis sancti Augustini 4 cupp. grani ; item dedit dictis fratribus 2 salm. musti ; item dedit fratribus servorum Sancte Marie 2 salm. musti ; item dedit Vannucio notario de Spoleto qui fuit secum ad scribendum bona dictorum rebellium 6 salm. musti ; item bibit dictus magister Thomas cum familiaris suis post recollectionnem dictorum fructuum 5 salm. musti.

    30 Cette mission fut confiée à l’archidiacre de Cahors Bertrand Carit et à Guillaume Dulcini, procureur général des Prêcheurs : Reydellet-Guttinger, L’administration…, op. cit. n. 18, p. 43.

    31 Sur cette pratique de l’enquête, voir notamment Jamme, « Entre révélation… », loc. cit n. 10. Pour le pontificat de Benoît XII, je me permets de renvoyer aux éléments synthétiques proposés dans S. Parent, « Benedict XII and Italy: Restoring Orthodoxy and Consolidating Papal Sovereignty after John XXII », Pope Benedict XII (1334-1342). The Guardian of Orthodoxy, éd. I. Bueno, Amsterdam, 2018, p. 182-186.

    32 Cette formule est utilisée par l’un des plaignants, Symonictus Palicti : Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Collectoriae 416, fol. 187.

    33 Les gibelins avaient notamment brièvement fait leur retour en 1335, avant d’être à nouveau expulsés en 1336.

    34 Citons par exemple le cas de Johannes Blaxioni de Monte Publico, dans le district de Spolète, qui dépose sa plainte le 20 novembre 1338 : l’officier du recteur l’avait obligé à payer 22 livres pour quatre parcelles de terres situées sur le territoire de Monte Publico et que Johannes mettait en valeur et dont l’officier disait que les revenus revenaient à l’Église ; il passa seize jours en prison et dut également s’acquitter de 28 cuppas de grani sur ces mêmes terres : Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Collectoriae 416, fol. 177v-178.

    35 C’est par exemple l’argument avancé par un certain Gentilis Jacobicti de villa Cerçani, qui déposa sa plainte le 22 novembre 1338 et se plaignait de s’être fait extorquer 3 florins d’or pour le fructus de trois années d’une parcelle située dans cette villa et dont l’officier assurait qu’il revenait à l’Église ; le plaignant insista sur le fait que la parcelle était alors en friche et ne produisait rien (inculta et infructifera) : Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Collectoriae 416, fol. 178v.

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    Sylvain Parent

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    1 Je renvoie aux études classiques de D. Waley, The Papal State in the Thirteenth Century, Londres, 1961 ; id., « L’Umbria e lo Stato papale nei secoli xii-xv », Storia e arte in Umbria nell’età comunale, t. 2, Pérouse, 1971, p. 271-287 ; P. Partner, The Lands of St. Peter: the Papal State in the Middle Ages and the Early Renaissance, Londres, 1972. Plus récemment voir S. Carocci, Vassalli del papa: potere pontificio, aristocrazie e città nello stato della chiese (xii-xv s.), Rome, 2010.

    2 Sur la situation dans le duché de Spolète, les travaux de Luigi Fumi, pourtant anciens, n’en demeurent pas moins précieux : on trouvera une synthèse de ses principaux articles sur le sujet dans L. Fumi, Eretici e ribelli nell’Umbria. Studio storico di un decennio (1320-1330), Città di Castello, 1916. Sur l’offensive judiciaire menée par Jean XXII au cours de ces années contre nombre de ces rebelles au sein des terres de l’Église comme au-dehors, je me permets de renvoyer à S. Parent, Dans les abysses de l’infidélité. Les procès contre les ennemis de l’Église en Italie au temps de Jean XXII, Rome, 2014.

    3 Sur ce personnage et sur le procès pour rébellion et hérésie qu’il subit du temps de Jean XXII, voir S. Brufani, Eresia di un ribelle al tempo di Giovanni XXII: il caso di Muzio di Francesco d’Assisi, Spolète, 1991.

    4 Sur la seigneurie de Guido Tarlati et son procès au temps de Jean XXII, voir en dernier lieu P. Licciardello, Un vescovo contro il papato : il conflitto fra Guido Tarlati e Giovanni XXII (1312-1339), Arezzo, 2015.

    5 A. Gattucci, « Giovanni XXII e il ghibellinismo italiano: il processo per eresia ed idolatria, e l’assassinio di Federico da Montefeltro (1322) », Studi storici in onore di Raffaele Molinelli, Urbino, 1998, p. 143-179 ; G. Franceschini, I Montefeltro nei primi due secoli della loro storia (1150-1350), San Sepolcro, 1963 ; L. Fumi, « Eretici e ribelli nell’Umbria dal 1320 al 1330 studiati su documenti inediti dell’Archivio segreto Vaticano », Bollettino della Deputazione di Storia Patria per l’Umbria, 3 (1897), p. 257-285 et 429-489, ici p. 433 et suiv.

    6 W. Heywood, A History of Perugia, Londres, 1910, p. 115-120.

    7 Ibid., p. 127-128.

    8 Nous avons conservé de cette nonciature un très intéressant document comptable et nous possédons ainsi l’ensemble des dépenses engagées par cette nonciature pendant plus de trois ans. J’ai réalisé une édition de ce dossier documentaire dans un mémoire inédit de l’École française de Rome : Pratiques diplomatiques et écritures comptables. Édition du livre de comptes d’un nonce apostolique, le dominicain Foulque de Sisteron (Italie, 1321-1324), Rome, 2011 ; en attendant la publication de ce très beau dossier diplomatique, je renvoie à sa rapide présentation dans S. Parent, « Pratiques diplomatique et écritures comptables. Notes sur le livre d’un nonce apostolique : le dominicain Foulque de Sisteron (Italie, 1321-1324) », dans Les relations diplomatiques au Moyen Âge. Formes et enjeux, Paris, 2011, p. 111-118.

    9 Heywood, A History…, op. cit. n. 6, p. 130.

    10 Pour des réflexions autour de la place que prend l’enquête en ces derniers siècles du Moyen Âge, contentons-nous ici de renvoyer aux contributions rassemblées dans L’enquête au Moyen Âge, dir. C. Gauvard, Rome, 2008, ainsi que dans Quand gouverner c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière (Occident, xiiie-xive s.), éd. T. Pécout, Paris, 2010. Dans ce dernier ouvrage, pour le contexte italien qui nous occupe, voir en particulier R. Rao, « Le inchieste patrimoniali nei comuni dell’Italia settentrionale (xii-xiv secolo) », p. 285-298 et A. Jamme, « Entre révélation des réalités et propagande politique, l’enquête et ses desseins dans l’État pontifical aux xiiie et xive siècles », p. 257-284.

    11 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61.

    12 Ibid., fol. 1v : In primis cum infrascripti pro detestandis per eos commissis excessibus rebelles sacro Sancte Romane Ecclesie sanctissimi patris prelibati dictique rectoris et ducalis curie reperiantur exbanditi et eorum bona memorate ecclesie confiscata, quorum nomina inferius annotantur inquirit et inquirere intendit dictus rector atque commissarius et veritatem indagare intendit, que et qualia sint hujusmodi bona ipsorum et cujusque eorum, et in quibus et ubi confiscat particulariter et per membra. Item qui et quales ipsorum bonorum particulariter et per membra possunt esse fructus, redditus et proventus annui et cujus valoris annuatum possunt esse dictus fructus, redditus et proventus. Item symilem et parilem inquisitionem facit et facere intendit de bonis, fructibus et reditibus et proventibus quorumque rebellium, bannitorum seu condempnatorum Spoletanorum Romane ecclesie et camere domini nostri summi pontificis ex ipsorum culpis, offensis sive contumaciis, tam per processus dicti domini nostri summi pontificis quod etiam per processus contra eos factos per ducalem curiam confiscatis. Quorum rebellium, bannitorum seu condempnatorum nomina sunt hec.

    13 Sur cette pratique que Giuliano Milani a appelée « governo delle liste », je renvoie en particulier à sa synthèse : G. Milani, L’esclusione dal comune. Conflitti e bandi politici a Bologna e in altre città italiane tra xii e xiv secolo, Rome, 2003.

    14 Ernesto Sestan estimait que la ville comptait environ 10 000 habitants à la fin du xiie siècle (E. Sestan, « Il comune di Spoleto tra i comuni italiani », Il Ducato di Spoleto. Atti del IX congresso internazionale di Studi sull’alto medioevo, Spolète, 1983, p. 149-188, p. 166) ; dans leur synthèse sur les villes italiennes, Maria Ginatempo et Lucia Sandri estiment qu’au début du xive siècle, la ville comptait certainement entre 10 000 et 20 000 habitants (M. Ginatempo, L. Sandri, L’Italia delle città. Il popolamento urbano tra Medioevo e Rinascimento [secoli xiii-xvi], Florence, 1990, p. 149).

    15 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61, fol. 110-364.

    16 A. Sansi, Storia del comune di Spoleto dal secolo xii al xvii, Foligno, 1879, vol. 1, p. 150.

    17 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61, fol. 123-158 : 1. Alexander Angeloni (fol. 123r-125r) : 10 200 libr., 18 sol. ; 2. Angelictus et Fossus domini Petri domine Aretine (125r-137v) : 23 900 libr., 3 sol. ; 3. Angelus Thomassicti Andree (137v-138r) : 781 libr., 19 sol. ; 4. Dominus Symon domini Johannis (138r-140v) : 9 117 libr. ; 5. Heredes domini Gerardi domini Phylippi (140v-141r) : 4 702 libr. ; 6. Gentilis domini Thomassii (141r-v) : 615 libr., 12 den. ; 7. Gictus domini Egidii (141v) : 292 libr. ; 8. Simon domini Jacobi de Laperino (142r-144r) : 2 825 libr., 8 sol. ; 9. Heredes Massaroni Palucçi (144v-146r) : 2 994 libr., 8 sol. ; 10. Nardus Seccapopuli (146r) : 1 885 libr., 6 sol. ; 11. Bondunus Johannis Gandentis et Livannus ejus nepos (146v) : 4 279 libr. ; 12. Heredes Jordani domini Peccii (146v-147r) : 3 627 libr., 10 sol. ; 13. Palictus Symonis (147r-v) : 2 052 libr., 5 sol. ; 14. Corradus Palicti (147v) : 779 libr. ; 15. Mathiolus Munallicti pestiferius (147v-148r) : 693 libr., 18 sol. ; 16. Andreictus Raynaldi domini Gentilis (148r-v) : 1 482 libr., 10 sol. ; 17. Setronus Berracii (149r-v) : 939 libr., 10 sol. ; 18. Massius Bertaccii (149v-150r) : 1 435 libr., 5 sol. ; 19. Petrus Jacobini (150r) : 815 libr., 1 sol. ; 20. Palictus Colunbani (150r-v) : 1 233 libr. ; 21. Heredes domini Francisci Jacoboni Jannis (150v) : 1 389 libr. ; 22. Martinus et Francischictus Palme (150v-152r) : 4 999 libr., 15 sol. ; 23. Palictus Angelicti Fossi (152v) : 87 libr., 4 sol. ; 24. Raynaldus domini Jacobi de Lapperino (152v-153v) : 789 libr. ; 25. Heredes Thomassi Honesti (153v) : 1 610 libr. ; 26. Riccardellus Vanecti (154r-v) : 1 678 libr., 17 sol. ; 27. Leonardus Acti Felicis (154v) : 463 libr. ; 28. Solacius Marsilionis (154v-155r) : 359 libr. ; 29. Provençanus Venturelle (155r-v) : 2 772 libr., 5 sol. ; 30. Vitarellus Petrucii Contis, aurifex (155v) : le total a été oublié ; 31. Jacobus Gerardi Pellagalli (155v-156r) : 1 030 libr., 19 sol. ; 32. Massiolus Jacoboni Nicole (156r) : n’a pas de biens immobiliers ou de maisons. 33. Angnerillus Transarici Simonis (156v) : 646 libr., 10 sol. ; 34. Berardutius Marcoli Berardi (156v) : 129 libr. ; 35. Marchigianus et Filippittus Stephani (156v-157r) : 321 libr., 16 sol. ; 36. Heredes domini Simonis domini Thomassii (157r-v) : 1 655 libr. ; 37. Vannillus et Pactus Bartholi Maconi (157v-158r) ; 582 libr., 18 sol.

    18 Pour une présentation des sources concernant le duché de Spolète, on peut renvoyer à C. Reydellet-Guttinger, L’administration pontificale dans le Duché de Spolète (1305-1352), Florence, 1975 ; voir aussi A. G. Walsh, The Administration of the Duchy of Spoleto (1303-1334), Boston, 1974.

    19 Reydellet-Guttinger, L’administration…, op. cit. n. 18, p. 70-71. Cette dernière rappelle que le pourcentage est semblable dans le Patrimoine de Saint-Pierre d’après les travaux de Waley (The Papal State…, op. cit. n. 1, p. 256).

    20 Reydellet-Guttinger, L’administration…, op. cit. n. 18, p. 72.

    21 Ibid.

    22 Ibid., p. 76.

    23 À propos du cas de Bologne dans le dernier tiers du xiiie siècle, Giuliano Milani rappelle que « l’inédite augmentation du nombre de bannis politiques portait en elle quelques spécificités : d’un côté cela mettait dans les mains de la commune un patrimoine énorme, de l’autre cela engendrait une série de problèmes inédits en ce qui concerne le recensement, l’administration et l’usage de ces confiscations » (Milani, L’esclusione dal comune…, op. cit. n. 13, p. 329) ; le chapitre 8, en particulier, est entièrement consacré à cette question de la saisie et de l’exploitation de ces biens. Voir également V. Mazzoni, Accusare e proscrivere il nemico politico. Legislazione antighibellina e persecuzione giudiziaria a Firenze (1347-1378), Pise, 2010.

    24 Pour une évocation des enjeux autour des biens des hérétiques, voir S. Parent, « Entre extorsion de fonds et procès truqués. Le contrôle de l’activité des inquisiteurs en Italie au xive siècle », Aux marges de l’hérésie. Inventions, formes et usages de l’accusation d’hérésie au Moyen Âge, dir. F. Mercier, I. Rosé, Rennes, 2017, p. 291-324.

    25 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Intr. et Ex. 61, fol. 368-399 ; cette section commence ainsi, fol. 368r : In nomine Domini amen. Hic est liber continens in se inquisitionem factam de fructibus, redditibus et proventibus bonorum rebellium de Spoleto per me Johannem Gilii de Turdeto, notarium ducalis curie generalis ac etiam commissarium seu subdelegatum sive etiam subcollectorem venerabilis viri domini Johannis de Amelio, Forojulensis archidiaconis, Spoletani ducatus in spiritualibus et temporalibus rectoris per sanctam Romanam ecclesiam generalis, ac etiam commissarii seu delegati sive etiam recollectoris et exactoris fructuum, reddituum et proventuum de bonis et possessionibus dictorum rebellium per sedem apostolicam specialiter deputati. Et etiam nomina laboratorum et nomina ipsorum rebellium, de quorum possessionibus infrascripti fructus assingnati [sic] et exacti fuerunt ; et assingnationes factas per ipsos laboratores de ipsis fructibus ; et quantitates fructuum per ipsos laboratores assingnatas, prout inferius seriose manu mei Johannis, notarii predicti, per omnia describuntur. Sub anno Domini ab ejus Nativitate 1325.

    26 Ibid., fol. 384 : Hoc est bladum et legumen recollectum, receptum et exactum per me Johannem Gilii de Tuderto, notarium ducalis curie generalem, de bonis rebellium et condempnatorum sancte Romane Ecclesie de Spoleto, quorum nomina inferius describuntur, de mandato et ex commissione michi facta per venerabilem virum dominum Johannem de Amelio, Forojuliensem archidiaconem ducalis province generalem rectorem ac etiam commissarium seu delegatum a sanctissimo patre domino nostro domino Johanne pape XXIIdo, super bonis rebellium de Spoleto specialiter constitutum, sub anno Domini ab ejus Nativitatis millesimo CCCXXVIo, indictione VIIIIa, tempore domini Johannis pape XXIIdi, diebus et mensis infrascriptis.

    27 Pour ne prendre qu’un exemple, voir Vaticano, Arch. Segr. Vat., Intr. et Ex. 61, fol. 384 : Die XXVIIIa mensis julii. Carutius magistri Leonardi de Villa Cispiani portavit de bonis filiorum domini Abbrunamontis….16 cuppas spelte ; die XXX julii. Johannes Francie de villa Collis portavit de bonis domini Johannis Massey…8 cuppas grani.

    28 Vaticano, Arch. Segr. Vat., Intr. et Ex. 60, fol. 97v : Summa grani rebellium : 893 cupp. ; summa salbarum rebellium : 27 cupp. ; summa ordei rebellium : 77 cupp. ; summa spelte rebellium : 408 cupp. ; summa segale rebellium : 18 cupp. ; summa alvesis rebellium : 47 cupp. ; summa de çeçeia rebellium : 2 cupp. et med. ; summa de çiçi rebellium : 1 cupp. ; summa milii et panici rebellium : 15 cupp ; summa surchi rebellium : 89 cupp. ; summa grani clericorum suspensorum : 115 cupp. ; Summa spelte clericorum suspensorum : 29 cupp. ; summa segale clericorum suspensorum : 8 cupp. ; summa ordei clericorum suspensorum : 4 cupp et med ; summa alvesis clericorum suspensorum : 1 cupp.

    29 Ibid., fol. 98 : item dedit amore dei de mandato dicti domini thesaurarii fratribus predicatorum de Spoleto 4 cupp. grani ; item dedit dictis fratribus 2 salm. Musti ; item dedit fratribus minoribus pro dicta helemosina : 4 cupp. grani ; item dedit dictis fratribus 2 salm musti ; item dedit fratribus heremitanis sancti Augustini 4 cupp. grani ; item dedit dictis fratribus 2 salm. musti ; item dedit fratribus servorum Sancte Marie 2 salm. musti ; item dedit Vannucio notario de Spoleto qui fuit secum ad scribendum bona dictorum rebellium 6 salm. musti ; item bibit dictus magister Thomas cum familiaris suis post recollectionnem dictorum fructuum 5 salm. musti.

    30 Cette mission fut confiée à l’archidiacre de Cahors Bertrand Carit et à Guillaume Dulcini, procureur général des Prêcheurs : Reydellet-Guttinger, L’administration…, op. cit. n. 18, p. 43.

    31 Sur cette pratique de l’enquête, voir notamment Jamme, « Entre révélation… », loc. cit n. 10. Pour le pontificat de Benoît XII, je me permets de renvoyer aux éléments synthétiques proposés dans S. Parent, « Benedict XII and Italy: Restoring Orthodoxy and Consolidating Papal Sovereignty after John XXII », Pope Benedict XII (1334-1342). The Guardian of Orthodoxy, éd. I. Bueno, Amsterdam, 2018, p. 182-186.

    32 Cette formule est utilisée par l’un des plaignants, Symonictus Palicti : Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Collectoriae 416, fol. 187.

    33 Les gibelins avaient notamment brièvement fait leur retour en 1335, avant d’être à nouveau expulsés en 1336.

    34 Citons par exemple le cas de Johannes Blaxioni de Monte Publico, dans le district de Spolète, qui dépose sa plainte le 20 novembre 1338 : l’officier du recteur l’avait obligé à payer 22 livres pour quatre parcelles de terres situées sur le territoire de Monte Publico et que Johannes mettait en valeur et dont l’officier disait que les revenus revenaient à l’Église ; il passa seize jours en prison et dut également s’acquitter de 28 cuppas de grani sur ces mêmes terres : Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Collectoriae 416, fol. 177v-178.

    35 C’est par exemple l’argument avancé par un certain Gentilis Jacobicti de villa Cerçani, qui déposa sa plainte le 22 novembre 1338 et se plaignait de s’être fait extorquer 3 florins d’or pour le fructus de trois années d’une parcelle située dans cette villa et dont l’officier assurait qu’il revenait à l’Église ; le plaignant insista sur le fait que la parcelle était alors en friche et ne produisait rien (inculta et infructifera) : Vaticano, Arch. Segr. Vat., Cam. Ap., Collectoriae 416, fol. 178v.

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    Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, éditeur. Contester au Moyen Âge : de la désobéissance à la révolte. Éditions de la Sorbonne, 2019, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.55167.
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