Contester l’autorité législatrice ?
La résistance au pouvoir royal dans les manuscrits carolingiens de la loi salique
Challenging the law-making authority? The Carolingian Manuscripts of the Salic Law
p. 127-142
Résumés
Les plus anciens manuscrits de la loi salique datent de l’époque carolingienne, où ils se caractérisent par leur nombre, plus de 80 manuscrits conservés, mais aussi par une répartition complexe. Quinze manuscrits contiennent des versions plus anciennes de la loi, tandis que tous les autres reproduisent une version K, publiée sous l’autorité de Charlemagne en 803. Cet article propose de considérer toutes ces copies comme les marques de l’acceptation ou de la contestation de la réforme judiciaire tentée par les souverains carolingiens et du rôle corseté dans lequel elle prétendait enfermer les copistes. Dès lors, la complexité de la tradition écrite de la loi salique n’apparaît plus comme le reflet passif de ses origines mérovingiennes, mais comme la trace de la résistance pratique des copistes du ixe siècle, qui défendirent leur droit à composer des compilations juridiques originales.
The oldest manuscripts of the Salic law date back to the Carolingian period. They are characterized by their large number, more than 80 manuscripts were preserved, but also by their complex distribution. Fifteen manuscripts contain older versions of the law, while all the others reproduce a K version, published under the authority of Charlemagne in 803. This paper proposes to consider all these copies as marks of acceptance or protest of the judicial reform attempted by the Carolingian rulers and of the so-called restricted role the copyists were assigned by this reform. Therefore, the complexity of the written tradition of the Salic law no longer appears as a passive reflection of its Merovingian origins, but as a trace of the practical resistance of the copyists of the 9th century, who defended their right to write original collections of legal documents.
Texte intégral
1Parce qu’elle fut invoquée pour justifier les pratiques dynastiques du xive siècle, la loi salique devint l’un des documents fondamentaux de la monarchie française et concentra l’intérêt des érudits. Les premières éditions parurent au milieu du xvie siècle1 et les manuscrits de la loi salique ont été au cœur des débats au sujet de son origine. Les plus anciens ne remontent qu’au règne de Pépin (751-768) alors que de nombreux signes indirects indiquent la présence de la loi salique, sous forme écrite, dès le viie siècle et que son épilogue renvoie à une nouvelle rédaction dans la deuxième moitié du vie siècle2. L’intervalle de deux siècles entre la date supposée de rédaction et les premiers témoins matériels de la loi salique a suscité toutes les hypothèses, depuis celle d’une falsification3 jusqu’à celle d’une rédaction dès le ive siècle de notre ère4. L’édition en 1962 et 19695 produite par K. A. Eckhardt, un savant que ses activités nazies cantonnaient au rôle de « collaborateur extérieur6 » aux Monumenta Germaniae Historica, n’a provoqué qu’un arrêt des discussions artificiel, dès lors que l’on constate que cette édition n’a pas été faite avec, mais contre les manuscrits, dont elle supprime tous les éléments qui ne rentrent pas dans son schéma de classement des différentes versions7.
2Les débats sur le texte originel de la loi salique ont reposé sur un petit nombre de manuscrits, 16 seulement sur les 92 conservés, qui présentent ce que j’appellerai ici les versions minoritaires de la loi salique, à savoir les versions A, C, D et E ; ils se concentrent même parfois sur les 6 manuscrits qui représentent les versions A et C. À l’issue de siècles d’études, il paraît établi que ces deux versions sont les plus anciennes, sans qu’on puisse en aucune façon retracer les relations entre elles8. Les versions D et E sont, quant à elles, associées à une rédaction dans la deuxième moitié du viiie siècle.
3En dehors de ces manuscrits, la loi salique a été copiée 76 fois dans une version carolingienne du texte. Dans cette version K, le texte de la loi salique présente de très faibles variations d’un manuscrit à l’autre9. En conséquence, ces manuscrits ont été complètement délaissés par Eckhardt, comme l’a montré R. McKitterick10. À ce jour, cette version caroline n’a pas réellement été éditée, car les savants, emportés dans leur quête des origines de la loi salique, ont tenu pour négligeable l’étape carolingienne, bien que ce soit la seule à nous fournir des témoins. La loi salique version K, établie vers 802/803, est le plus souvent évoquée comme témoin de la réforme législative de Charlemagne, et la diffusion de cette version rénovée est présentée comme le signe de sa réussite partielle.
4Néanmoins, la chronologie de la copie des différentes versions de la loi salique révèle une lente diffusion de cette version K, qui s’est imposée de façon ni exclusive ni univoque : pourquoi les copistes ont-ils préféré des versions anciennes alors qu’ils avaient à disposition une version rénovée ? Quelle peut être la raison de ce choix archaïsant ? Je vais tenter de montrer que la diversité des manuscrits de la Loi salique peut être interprétée comme le reflet d’une contestation théorique et d’une résistance pratique à la réforme judiciaire lancée par les souverains carolingiens.
Les manuscrits antérieurs à la rédaction de la version K
Tableau 1 — Les manuscrits de la loi salique copiés avant 802/803
Signe dans l’édition d’Eckhardt | Cote | Date de copie |
A 2 | Wolfenbüttel, HAB, Weißenburg 97 | après 751, par Agambertus |
D 9 | St-Gall, Stiftsbibliothek, 731 | 793, par Wandalgarius |
A 3 | Munich, BSB, latin 4115 | autour de 800 |
C 5 | Paris, BnF, latin 4403 B | fin viiie/début ixe siècle |
5Avant 802, la loi salique fut copiée sous des formes diverses, sans aucun contrôle. La liberté ainsi laissée aux pratiques de copistes apparaît dans le manuscrit A 211. Il comporte la Loi salique dans une version A en 93 chapitres, incluant le Pacte de Childebert et Clotaire. Son insertion dans la numérotation des chapitres de la loi salique montre que, pour le copiste Agambertus, la loi salique était constituée par incrémentation, en incorporant les édits royaux. L’épilogue copié ensuite éclaire cette conception, en présentant la loi salique comme une suite de publications royales mérovingiennes, depuis le premier roi des Francs12.
6Les rois apparaissent ici comme les seuls à pouvoir modifier la loi, en supprimant, corrigeant et ajoutant des chapitres. Vient ensuite une liste de souverains, qui complète la succession déjà évoquée dans l’épilogue, depuis un anonyme premier roi des Francs. Cette liste commence avec Thierry III (673-690) et se clôt avec le règne de Childéric III (743-751), décrit au passé, et le calcul de la somme de durée des règnes sur 78 ans. Agambertus écrit donc sous un roi carolingien, Pépin, Carloman ou Charles, mais choisit de n’en faire aucune mention. Le silence sur le règne en cours peut correspondre au désir de s’en tenir aux règnes terminés, et donc aux souverains défunts, mais après la loi salique, son épilogue et une liste royale mérovingienne, est copié un texte inclassable, appelé Parodie de la loi salique, où le refus de l’autorité des Carolingiens me semble exprimé de façon claire et fait alors écho à ce qui me paraît un positionnement légitimiste. Sans souverain légitime, l’œuvre législative est présentée de façon grotesque :
Essai de traduction de la Parodie de la loi salique13
Ici commencent les prélèvements au malberg. | INCIPIT TOTAS MALB. |
Au nom de Dieu, du Père tout-puissant. Que soit faite la volonté de Laidobrand et d’Adon : pour que la loi salique, qui n’a pas d’article à ce sujet, sur leur demande faite de bon cœur par la grâce de Fredon, ensemble avec sa femme et leurs grands, pour qu’ils doivent admettre, avec l’aide de Dieu, un article dans cette loi | In nomine dei patris omnipotentis. Sit placuit uolumtas laidobranno et adono ut pactum salicum de quod titulum non abit gratenter suplicibus aput gracia fredono una cum uxore sua et obtimatis eorum in ipsum pactum titulum unum cum deo adiuturio pertractare debirent |
comme quoi, si quelqu’un, que ce soit dans la maison, ou hors de la maison, pourraient avoir une bouteille pleine, qu’ils n’en versent goutte ni dans leur coupe, ni dans celles des autres. | ut si quis homo aut in casa aut foris casa plena botilia abere potuerint tam de eorum quam de aliorum in cuppa non mittant ne gutta. |
Si quelqu’un a osé le faire, au malberg, leodardi, qu’il paie XV sous et la bouteille, qu’on la casse entièrement ; au bouteiller, qu’on casse la tête ; à l’échanson, qu’on enlève les boissons. Il faut procéder de cette façon : qu’ils boivent à la grande coupe et qu’ils y mouillent des mies de pain. Quand le seigneur boit deux fois, ses vassaux la troisième – c’est bien. | Se ullo hoc facire presumserit, mal. leodardi, sol. xv con. et ipsa cuppa frangant la tota ad illo botiliario frangant lo cabo at illo scanciono tollant lis potionis. Sic conuinit obseruare aput satubo bibant et intus suppas faciant cum senior bibit duas uicis sui uassalli, la tercia bonum est. |
Moi qui ai écrit, je n’ai pas écrit mon nom. Qu’on juge le coupable. | Ego qui scribsi mea nomen non hic scripsi cul. iud. |
7Je donne ici un essai de traduction française, mais le mélange des registres et des langues et les volontaires ruptures de construction rendent l’ensemble quasiment intraduisible14. C’est un texte en latin dans lequel sont introduites peu à peu de plus en plus de tournures romanes. L’effet parodique du texte tient au détournement du droit écrit en l’appliquant à un domaine où il paraît démesuré et ridicule, aussi bien qu’à la dérision du langage juridique en introduisant des formes choquantes15. L’auteur aboutit à la création comique d’une langue mixte, mêlant des formes latines et vernaculaires, recherchées et familières, correctes et fautives. Le manuscrit se poursuit avec une compilation originale de droit romain, et une main postérieure a ajouté à son début une formule de serment de garantie tirée des droits romain et franc16. Il était donc considéré comme un recueil utile à l’exercice du pouvoir judiciaire, et non comme un ouvrage comique.
8Il me semble que le positionnement de la parodie au sein du manuscrit, à la suite de la loi salique, son épilogue et une liste royale mérovingienne, nous incite à y voir bien plus qu’une blague de potache : il s’agit à mes yeux d’un message politique de refus des Carolingiens et de leur législation. Depuis 744, les maires du palais avaient fait rédiger des modifications de la loi, qui étaient présentées comme l’expression de la volonté commune de tous les puissants, à travers des capitulaires. Après 751, ils prétendaient assurer le rôle législatif exclusif du roi. Cet article loufoque comporte des éléments qui le rapprochent de la loi salique, copiée auparavant dans le manuscrit, mais aussi de très nombreuses expressions qui renvoient à des emprunts généraux à la langue de la chancellerie, telle qu’elle apparaît aussi dans les formules et les capitulaires17. Si la parodie s’inspire donc de la loi salique comme de la tradition juridique franque en général, l’étude plus précise de sa forme la rapproche davantage des capitulaires produits par les maires du palais, qui s’inséraient dans le même héritage18. Or dans le manuscrit, cette parodie occupe précisément la place, juste après la loi salique, où de très nombreux manuscrits reproduisent les édits mérovingiens et les capitulaires pippinides19.
9En outre, dans la description du consensus qui fonde la loi, le rédacteur a ajouté uxore sua par rapport à la formule de l’épilogue cum obtimatis suis. L’ajout est comique : dans la logique mérovingienne, la reine peut jouer un rôle de représentation du roi, mais n’a rien à voir avec le processus législatif, où n’apparaît que le roi. En revanche, la reine joua un rôle dans la nouvelle dynastie dès le sacre de 751 et sa place comme représentante de l’autorité royale est soulignée dans le capitulaire De villis20. On y trouve aussi mention d’un butticularius et d’un partage de denrées deux tiers, un tiers21. La parodie caricaturait-elle précisément le capitulaire De villis ? La tradition manuscrite de ce dernier est on ne peut plus restreinte, puisqu’il fut copié dans un seul manuscrit, dans la première moitié du ixe siècle22. Plus qu’à un texte précis, je pense que la parodie fait allusion à cette nouvelle ambition de présenter la reine comme l’égale du roi dans ses jugements, et de régenter l’intérieur des maisonnées à travers des ajouts écrits à la loi salique.
10Agambertus nous livre ici l’ampleur de sa maîtrise, en passant d’un registre à un autre, en faisant sombrer les ambitions législatrices des Carolingiens dans le ridicule du quotidien et le prosaïsme de la consommation d’alcool. Il manifeste encore son indépendance, dans le manuscrit, en copiant ensuite une version originale du Bréviaire d’Alaric23, puis un colophon qui livre son nom. Nous ignorons dans quel contexte put émerger une telle critique mais il semble bien que ce soit ici les ajouts à la lex salica qui sont ridiculisés, et à travers eux le nouveau pouvoir des Pippinides. Le copiste a noté l’absence d’attention à la tradition manuscrite des capitulaires, et il s’engouffre dans cet espace de liberté pour refuser, en caricaturant sa législation, la légitimité de la nouvelle dynastie24. De telles critiques furent-elles lues ? Diffusées ? Aucun des textes du manuscrit de Wolfenbüttel ne semble avoir servi de modèle à un autre manuscrit. Cet isolement philologique peut refléter l’impasse politique du positionnement d’Agambertus, à mesure que les Carolingiens cumulaient succès militaires et idéologiques.
11D’autres manuscrits de la loi salique montrent une position bienveillante à l’égard de la nouvelle dynastie. D 9 est un manuscrit de la loi salique, conservé à Saint-Gall ; en 793, le copiste Vandalgarius copia une liste de règnes proche de celle de A 225 ainsi qu’une version D de la Loi salique et un résumé du Bréviaire d’Alaric, complétés cette fois par la Loi des Alamans. Cette liste royale est amplifiée par rapport au manuscrit A 2, car elle ajoute des rois mérovingiens depuis Clotaire II ainsi que dix-sept années de règne pour le défunt roi Pépin. Le copiste du manuscrit a donc choisi de ne pas actualiser la liste jusqu’au roi régnant. Néanmoins, la 26e année de règne de Charlemagne, soit 793, est mentionnée deux fois par ailleurs dans le manuscrit (p. 237 et 342). Tout comme Agambertus, Vandalgarius met en avant son nom et sa responsabilité dans la copie, mais n’est pas connu pour d’autres manuscrits. Il n’intègre dans son calcul que les années de règne des rois défunts, mais n’hésite pas à mentionner le souverain actuel dans d’autres passages du manuscrit. Son indépendance se manifeste néanmoins dans l’attribution de la Loi des Alamans (p. 295), car ce manuscrit est le seul, avec le manuscrit A 3 (fol. 42), à attribuer la rédaction à un duc des Alamans, Lantfrid, mort en 73026. A 3, copié vers 800, ne comporte aucune mention des rois carolingiens27. Dans les manuscrits D 9 et A 3 de la loi salique, les versions anciennes de la loi salique sont donc associées à une législation issue des concurrents des Pippinides, suivant une présentation qui témoigne de l’existence de plusieurs autorités législatrices possibles.
12Comme critères communs aux manuscrits de la loi salique copiés avant 803 apparaissent :
la copie de textes d’accompagnement – prologues ou épilogue – qui permettent d’évoquer différentes étapes de transformation du texte ;
des réécritures et reprises qui pourraient être le fait même du copiste, concernant différentes lois (la Parodie de la loi, la loi romaine dans des résumés spécifiques) ;
la mise en avant, une fois sur deux, d’un nom de copiste qui prend une responsabilité d’auteur.
Les manuscrits de la loi salique copiés après 803
13En 802/803, Charlemagne promut de nouvelles versions des textes des lois franques, ainsi que des capitulaires d’ajouts aux lois et la rédaction de nouvelles lois28. Dans la version K de la loi salique, la norme et les sanctions sont exprimées dans un latin rénové, avec des articles reclassés de façon plus logique29. Sa grande diffusion manuscrite s’appuie sur un nouveau type de manuscrits de lois, tel que le manuscrit K 57, Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Aug. 4o 50. 2, probablement originaire de Wissembourg. Le texte de la loi salique, version K, s’y trouve copié en 71 chapitres, sans prologue ni épilogue. Il est suivi d’un capitulaire de 803 et de deux capitulaires de 805. Une main plus tardive a rajouté avant l’an mil un capitulaire de Louis le Pieux de 818/819, une autre une prière30. L’autorité de l’empereur n’est indiquée de façon explicite que pour le capitulaire de 803 (fol. 51).
Tableau 2 — Les manuscrits de la loi salique K peut-être copiés entre 803 et 814
Signe dans l’édition d’Eckhardt | Cote | Date probable de copie |
K 81 | Saint Pétersbourg, Q. V. II. 11 | après 805, 1er/2e quart ixe s. |
K 57 | Wolfenbüttel, HAB, Aug. 4o 50. 2 | après 805, sans doute avant 818. |
14La caractéristique commune à la plupart des manuscrits de la version K copiés dans la première moitié du ixe siècle est de repousser toute tentative de contextualisation. La loi salique, sans prologue ni épilogue, est souvent suivie d’une sélection de capitulaires, parmi lesquels se trouvent ceux de 803 mais aussi ceux présentés comme des ajouts aux lois publiés par Louis le Pieux en 818. D’autres textes de loi, comme la Loi ripuaire, la Loi des Bavarois ou la Loi des Alamans peuvent être rassemblés dans ces manuscrits, le plus souvent sans textes d’accompagnement non plus. Contrairement à ce que propose K. Ubl, il me semble que cette absence de justification du pouvoir est délibérée et significative31. Celui-ci est et n’a nul besoin d’être précisé ni contextualisé.
15Suivant S. Airlie, la culture politique du monde carolingien était avant tout caractérisée par « les efforts de la dynastie pour faire croire à ses soutiens que sa domination royale exclusive était naturelle32 ». Elle exprimait ici, de façon absolue, son autorité législatrice. Un tel positionnement était en décalage avec les manuscrits antérieurs des lois, notamment de la loi salique, qui n’hésitaient pas à rappeler les étapes et les autorités successives qui les avaient modifiées. Leur composition était supposée refléter différentes entreprises de mises à jour, y compris en dehors de l’autorité des rois francs.
16Dans ce nouveau type de manuscrit des lois, rien ne permet de situer le contexte de la copie manuscrite. Le manuscrit ne comporte ni colophon ni indication de provenance. Dans le cas de K 57, il semble qu’il ait été copié sous Charlemagne, après 805, car le capitulaire de 818 fut ajouté plus tard, d’une autre main. Sur le plan paléographique, aucun spécialiste ne peut être plus précis que « première moitié du ixe siècle », et proposer, éventuellement, la France du Nord ou du Nord-Est (ce que firent H. Mordek et B. Bischoff33), par absence de tout trait distinctif. Cette uniformité des copies est elle-même porteuse de sens : la réforme carolingienne est ici appliquée dans toute sa rigueur, pour réduire le copiste à un rôle anonyme, standardisé. Le manuscrit K 57 est un livre de lois, de taille pratique, 180/185 mm × 115/120 mm, conçu pour être appliqué sans qu’il y ait besoin de préciser que tous les textes qu’il contient définissent la justice voulue par le roi carolingien. Nous avons conservé 21 manuscrits de la loi salique version K copiés dans la première moitié du ixe siècle. Sur cet ensemble, un seul manuscrit, K 46, ajoute un prologue à la loi salique, emprunté ici à la version D (fol. 41-v).
Tableau 3 — Manuscrits de la loi salique K probablement copiés sous le règne de Louis le Pieux
Signe dans l’édition d’Eckhardt | Cote | Date probable de copie |
Non référencé | Vatican, BAV, Reg. lat. 1431 | 1er quart ixe s. |
K 70 | Vatican, BAV, Reg. lat. 857 | 1er quart ixe s. |
K 61 | Nuremberg, Stadtbibliothek, Cent. V, App. 96 | après 811, 1re moitié ixe s. |
K 19 | Sankt-Paul im Lavanttal, Archiv des Benediktinerstiftes, 4/1 | après 816, 1er tiers ixe s. |
K 46 | Paris, BnF, latin 18238 | après 819, 2e quart, mi-ixe s. |
K 27 | Paris, BnF, NAL 204 | après 821 |
V 84 | Trèves, Stadtbibliothek, Mappe X, Fragm. 1 | 2e quart ixe s. |
K 71 | Vatican, BAV, Reg. lat. 991 | 2e quart ixe s. |
17En dépit du grand nombre de manuscrits de la version K, cette catégorie paraît peu produite durant le règne de Charlemagne. Je m’avance ici sur un terrain délicat, vu la difficulté de datation de ces manuscrits normalisés, conçus comme les éléments indifférenciés d’une production en masse. Néanmoins, même si chacune des datations données peut être discutée – je m’appuie ici sur les propositions de B. Bischoff et H. Mordek –, il me semble que le schéma qui se dessine doit rester juste dans son ensemble : très peu de manuscrits copiés sous Charlemagne (2), davantage copiés sous Louis le Pieux (8) et surtout un grand nombre copié dans le tiers central du ixe siècle, sans que l’on puisse savoir si cela eut lieu avant ou après la guerre civile. Les copies effectuées sous les deux premiers empereurs carolingiens ne représentent que 21 manuscrits, un tiers des manuscrits de la loi salique K conservés. Ce nombre doit être comparé avec celui des manuscrits copiés à la même époque, mais qui reprennent une version plus ancienne de la loi salique, à savoir 9 manuscrits conservés, 4 pour le règne de Charlemagne, 4 pour le règne de Louis le Pieux et 1, dont la rédaction ne peut être précisée, dans la première moitié du ixe siècle.
18Ainsi, la rédaction de la version carolingienne de la loi salique ne semble accompagnée d’aucun effort remarquable de diffusion manuscrite durant le règne de Charlemagne, où il y a davantage de manuscrits conservés des versions plus anciennes. Les copies de la version K semblent s’être imposées dans la suite de la première moitié du ixe siècle, où elles représentent les deux tiers des copies de la loi salique conservées. La différence de diffusion manuscrite entre les versions ne devint discriminante que dans la seconde moitié du ixe siècle, où l’on compte 26 manuscrits de la version K conservés, contre 3 seulement pour des versions minoritaires34.
Tableau 4 — Autres manuscrits de la version K copiés dans la première moitié du ixe siècle
Signe dans l’édition d’Eckhardt | Cote | Date probable de copie |
K 80 | Munich, BSB, Lat. 29560 + Munich, UB, 4o Cod. ms. 1140 + Philadelphia, Free Library, Lewis T162 | début ixe s. |
K 80 a | Würzburg, UB, M. p. j. q. 3 | 1er tiers ixe s. |
K 18 | Leyde, Bibliothek der Rijksuniversiteit, Voss. Lat. O. 86 | 1er tiers ixe s. |
K 26 | Paris, BnF, latin 4759 | ? fin ixe s. ou 2e quart ixe s. |
K 29 | Paris, BnF, latin 8801 | 1er/2e quart ixe s. |
K 60 | Wolfenbüttel, HAB, Gud. Lat. 327 | 1er quart ixe s. |
K 50 | Lyon, Bm, 375 | 2e quart ixe-xe s. |
K 38 | Paris, BnF, latin 4758 | 1re moitié ixe s. |
K 73 | Vatican, BAV, Reg. lat. 1128 | 1re moitié ixe s. |
K 64 | Bamberg, Staatsbibliothek, Jur 35 | 1re moitié ixe s. |
K 69 | Vatican, BAV, Reg. lat. 338, f. 1-63 | 1re moitié ixe s. |
19La réforme de la loi salique de Charlemagne ne semble pas devoir sa prééminence au travail de copie effectué avant 814, mais bien à l’époque de son fils et de ses petits-fils. Nous avons ici une nouvelle piste pour interpréter le jugement négatif d’Éginhard sur ces réformes législatives35. Du point de vue des manuscrits, l’apport de Charlemagne se limite à la diffusion d’un texte quasiment stable de la loi salique. La tentative de réformer ou amender la Lex Ribuaria fut un échec, car la liste des chapitres et le texte de la loi sont restés instables d’un manuscrit à l’autre36. Les capitulaires d’ajouts aux lois furent recopiés dans de nombreux manuscrits, mais sans lien direct avec les lois préexistantes37.
Tableau 5 — Manuscrits de versions minoritaires de la loi salique copiés après 803
probablement copiés entre 804 et 814 | ||
A 1 | Paris, BnF, latin 4404 | peu après 805, par Audgarius |
E 15 | Paris, BnF, latin 4629 | peu après 805 |
E 11 | Vatican, Reg. lat. 846 | 1er quart ixe s. |
E 14 | Saint-Gall, Stiftsbibliothek, 729 | 1er quart ixe s. |
probablement copiés entre 814 et 840 | ||
A 4 | Paris, BnF, latin 9653 | après 818 |
D 8 | Paris, BnF, latin 4627 | peu après 818 |
D 7 | Montpellier, BU (section médecine), H 136 | après 818, 1er tiers du ixe s. |
E 13 | Varsovie, Biblioteka Uniwersytecka 1 | 1er/2e quart ixe s. |
probablement copié dans la première moitié du ixe siècle | ||
C 6 | Paris, BNF, latin 18237 | après 823, 2e quart ixe s. |
20Une étape paraît franchie sous Louis le Pieux, dont témoigne le capitulaire de 819 qui propose des ajouts à la loi salique38. Dans celui-ci, on trouve un système élaboré de citations de la loi salique, qui comprend à la fois des citations précises et un système de renvois aux numéros des chapitres. Or les numéros et l’ordre des chapitres ne changent pas dans la version K. En revanche, le capitulaire paraît plus fluctuant, dans ses 4 manuscrits carolingiens39, mais le système de renvoi numérique fonctionne dans plus de la moitié des cas et les citations précises permettent d’y suppléer. Cette indéniable réussite technique pour la modification du texte législatif antérieur doit cependant être relativisée au vu de la portée très réduite du texte. Pourtant, le capitulaire de l’année suivante affichait pour lui de grandes ambitions :
De façon générale, nous rappelons à tous que les chapitres que nous avons conseillé, l’année dernière, d’ajouter à la loi salique, ne doivent plus désormais être désignés comme des chapitres, mais comme la loi, et qu’ils doivent même être retenus à la place de la loi40.
21Néanmoins, ce capitulaire ne fut copié que dans 4 manuscrits d’époque carolingienne41 et ne fut pas repris dans la collection d’Anségise.
22Seuls les copistes au service de Louis avaient abouti à un moyen de faire évoluer le droit écrit sous l’autorité du roi, à travers des modifications textuelles précises comme dans les Chapitres ajoutés à la loi salique de 819. Louis le Pieux, contrairement à son père, aurait donc possédé les outils conceptuels et techniques pour établir une version écrite contrôlée de la loi, mise à jour lors de différentes révisions, mais aurait échoué à l’imposer avant la guerre civile.
23Les rois carolingiens finirent par imposer leur version de la loi salique, mais un demi-siècle après son élaboration, et ne réussirent pas à en établir des versions actualisées sous leur autorité. Cet échec peut être interprété comme un signe d’incompétence des lettrés de l’Empire, mais je pense qu’il s’agit plutôt de l’effet d’une résistance collective aux deux principes qui soutenaient cette ambition impériale :
le refus de contextualiser la loi, de reconnaître l’importance et la diversité des héritages ;
la réduction du rôle du copiste, ramené à une simple reproduction, sans aucune intervention sur le contenu ni responsabilité d’auteur dans le choix de compilations originales.
24Nous voyons, à mon avis, s’exprimer un tel positionnement dans les manuscrits copiés après 803 qui reprennent des versions anciennes de la loi salique. Ainsi, le manuscrit A 1 fut copié par un dénommé Audgarius peu après 805 : il reproduit une version ancienne de la loi salique alors que le copiste connaissait la version D, dont il a repris le prologue, et des capitulaires de 803. Audgarius met en avant ses choix de composition du manuscrit dans un prologue qui loue « notre seigneur, l’empereur Charles ». Le prologue souligne la continuité de l’action législatrice, depuis les empereurs romains et les souverains mérovingiens, qui est aussi mise en valeur par une iconographie qui présente de façon unifiée les différents législateurs42. Cette suite de souverains intègre des individus hétérogènes, puisque l’introduction à la loi des Alamans met en avant comme législateur un surprenant Lodhanri, rex dux Alamannorum qui montre le désir d’opérer la synthèse de versions contradictoires sur l’origine de la loi des Alamans : certains manuscrits présentent une rédaction sous l’autorité d’un duc Lantfrid, d’autres d’un roi Clotaire43. Audgarius nous laisse ainsi une des dernières traces du pouvoir législatif de certains ducs, mais qui semble déjà ne plus être comprise. Elle ne sert plus ici à la défense de la légitimité de familles concurrentes des Pippinides, mais s’intègre dans une présentation de l’ampleur de l’héritage judiciaire repris et intégré par l’empereur carolingien, au sein duquel le copiste effectue sa propre sélection, y compris ici avec une version rare de la loi salique. Le caractère volontaire de ce choix atypique est clair pour le copiste du manuscrit A 4, qui connaît la version K de la loi salique, à laquelle il emprunte un paragraphe44, mais préfère recopier pour le reste une version ancienne du texte.
25C’est en ce sens que l’on peut interpréter la poursuite de la copie des versions minoritaires de la loi salique au cours du ixe siècle. Certes, le rappel des origines historiques des lois permettait de relativiser l’exclusivité de la domination des Carolingiens, mais l’autonomie des grandes familles aristocratiques ne fut défendue que dans le dernier tiers du siècle, dans la partie occidentale du royaume. En revanche, tous les copistes qui se lancèrent dans un tel choix d’antiquaire tenaient à soutenir l’importance de leur rôle et à se présenter comme les auteurs d’une représentation des lois propre à chaque manuscrit. On comprend ainsi le désappointement des érudits qui, depuis le xvie siècle, ont étudié ces manuscrits dans l’espoir d’y trouver le reflet passif des présentations mérovingiennes alors qu’ils illustrent la liberté du copiste carolingien.
26Quelques rares copistes ont choisi une autre voie pour illustrer leur importance, en modifiant la version carolingienne de la loi salique. Dans la première moitié du ixe siècle, les modifications se limitent à l’ajout de textes d’accompagnement, de nouveaux chapitres (K 57, fol. 50v), ou une modification de l’ordre du texte, comme c’est le cas de la collection de lois établie par Loup vers 83645. Mais les copistes semblent s’être sentis plus libres d’intervenir sur le contenu même du texte dans la seconde moitié du ixe siècle.
27Le manuscrit K 39 présente ainsi une liste de 72 chapitres de la version K46, mais introduit dans le cours de la copie des titres issus d’une version différente. Par exemple, le titre 59, De eo qui ad mallum venire contempserit dans la version K, est ici intitulé De Dispectionibus, comme le chapitre correspondant de la version C47. Au chapitre suivant, le titre 60 est bien celui de la version K, De rachinburgis qui secundum legem non judicant, mais le texte y est celui de la version C 48. Le copiste de ce passage avait donc les deux versions de la loi salique sous les yeux et il a opéré ses propres choix, pour élaborer une nouvelle version mixte. De nouveau, il devient ici possible d’identifier un contexte de copie du manuscrit, pour lequel travaillèrent de nombreuses mains. Un colophon indique la responsabilité de l’avocat laïc Autramnus, dans l’église Saint-Étienne de la villa de Templeuve49. La sélection originale d’un chapitre d’un capitulaire de 816 montre que la liberté d’action des différents copistes ne se limitait pas au seul texte de la loi salique et qu’ils ont composé le manuscrit pour un usage particulier50.
28Un autre travail original de la seconde moitié du ixe siècle est présenté dans le manuscrit K 1751, où le copiste, lui aussi du monde franc occidental, a composé un étonnant assemblage des différentes versions de la loi salique (fol. 64-fol. 88v). Il l’introduit par le prologue long lié à la version E, poursuit par les 70 chapitres de la version K, dans lesquels il glisse un deuxième chapitre original, qui n’a que quelques lignes en commun avec une disposition copiée dans le manuscrit A 2. Il étend cette liste de chapitres jusqu’à plus de 103, puis il envisage un deuxième et un troisième livre de la loi salique. Dans cet ensemble, il intègre des chapitres inconnus par ailleurs, des chapitres connus par la version A et des édits de rois mérovingiens. Il copie aussi l’épilogue de la loi salique, lié aux manuscrits de la version A, puis un résumé des prologues long et court, associés dans cet ordre aux manuscrits de la version C. Bref, il fait feu de tout bois, recomposant un héritage complexe pour tenter de donner une version intégrale et ordonnée des textes associés à la loi salique. L’apport spécifique des souverains carolingiens, la version K, est fondu dans ce remaniement original. Leur autorité n’est invoquée que pour les capitulaires copiés aux folios 132-141v. Avec la loi ripuaire, la loi des Alamans et la loi des Bavarois, l’ensemble propose une vision synthétique de l’héritage législatif des Francs. Se dessine ainsi l’idée que leur destin politique n’était pas lié à une dynastie spécifique et pouvait se poursuivre au-delà des Carolingiens.
29À travers les manuscrits de la loi salique copiés aux viiie-ixe siècles, nous avons pu constater la diversité des positionnements face à la réforme carolingienne. Si les signes d’un refus de la nouvelle dynastie disparaissent très vite, la reconnaissance de son pouvoir n’empêche pas les copistes de manifester leur indépendance face à son désir de maîtriser la diffusion écrite des lois et de leurs modifications. Il fallut plusieurs générations pour que le texte corrigé sous l’autorité de Charlemagne, plus clair et mieux ordonné, s’impose, et l’essai d’une évolution contrôlée de la loi sous l’autorité royale échoua. Si certains copistes acceptèrent de devenir les simples transcripteurs des textes établis par l’autorité royale, d’autres persévérèrent dans la fabrication de manuscrits particuliers, reposant sur la combinaison originale de versions minoritaires de la loi salique et d’autres textes de lois. Par le travail continu de compilation, d’adaptation et d’ajouts, ils conservaient des étapes oubliées de transformations des lois, mais aussi proposaient sans arrêt de nouvelles versions de la loi, jugées plus adaptées pour les lecteurs et usagers des manuscrits juridiques. Cette modification atteignit parfois le texte même de la version K de la loi salique.
30Ainsi, dans la deuxième moitié du ixe siècle, la loi était toujours constituée par incrémentation de textes législatifs nouveaux, comme les capitulaires, tandis qu’il appartenait au copiste de choisir parmi différentes versions des lois disponibles, voire de corriger celles dont il avait hérité, dans l’intérêt de ses lecteurs. Après 827, la collection d’Anségise remplaça graduellement la loi salique comme le texte de base d’énoncé des normes, toujours dans un souci d’application pratique. En revanche, les manuscrits du xe siècle montrent un nouvel intérêt pour la loi salique, intégrée cette fois dans des présentations de l’histoire franque.
Notes de bas de page
1 J. du Tillet, Libelli seu decreta a Clodoveo et Childeberto et Clothario prius aedita ac postremum a Carolo lucide emendata auctaque plurimum…, Paris, s. d. [probablement entre 1548 et 1549, à la mort de Jacques Bogard]. J. Herold, Originum ac germanicarum antiquitatum libri, Bâle, 1557.
2 K. Ubl, Sinnstiftungen eines Rechtsbuchs. Die Lex Salica im Frankenreich, Ostfildern, 2017, p. 53-65 et p. 137-140.
3 Sur l’hypothèse de Simon Stein, voir ibid., p. 13-18. Voir aussi C. Camby, Wergeld ou uueregildus. Le rachat pécuniaire de l’offense entre continuités romaines et innovation germanique, Genève, 2013.
4 J.-P. Poly, « La corde au cou. Les Francs, la France et la Loi salique », Genèse de l’État moderne en Méditerranée. Approches historiques et anthropologiques des pratiques et des représentations, Rome, 1993, p. 287-320 et id., « Freedom, Warriors’ Bond, Legal Book. The Lex Salica between Barbarian Custom and Roman Law. Liberté, lien des guerriers, livre de droit. La lex salica entre coutume barbare et loi romaine », Clio@Themis. Revue électronique d’histoire du droit, 10 (2016). Contra (à mon avis de façon convaincante) : W. Haubrichs, « Namenbrauch und Mythos-Konstruktion. Die Onomastik der Lex-Salica-Prologe », Nomen et Fraternitas. Festschrift für Dieter Geuenich zum 65. Geburtstag, dir. U. Ludwig, T. Schilp, Berlin/New York, 2008, p. 53-79.
5 Pactus legis salicae et Lex Salica, éd. K. A. Eckhardt, Hanovre, 1962-1969, MGH, LL nat. Germ. IV, 1 et 2.
6 C. Schneider, Die SS und “das Recht”. Eine Untersuchung anhand ausgewählter Beispiele, Francfort, 2005, p. 210-235.
7 K. Ubl, « Die erste Leges-Reform Karls des Großen », dir. A. Peer, G. Guldentops, Das Gesetz - The Law - La Loi, Berlin, 2014, p. 75-92. R. McKitterick, The Carolingians and the Written World, Cambridge, 1989, p. 23-75.
8 En dernier lieu, voir les propositions de Ubl, Sinnstiftungen…, op. cit. n. 2, p. 107-136.
9 Ibid., p. 165-191.
10 McKitterick, The Carolingians,…, op. cit. n. 7, p. 47-56.
11 Le manuscrit A 2 est consultable en couleurs (http://diglib.hab.de/mss/97-weiss/start.htm). H. Mordek, Bibliotheca capitularium regum Francorum manuscripta, Munich, 1995, p. 958-960. Commentaire dans Ubl, Sinnstiftungen…, op. cit. n. 2, p. 137-8.
12 Ms. A 2, fol. 37, l. 4-21. Édition dans Eckhardt, Pactus…, op. cit. n. 5, p. 253. Voir E. Ewig, « Die fränkischen Königskatalogue und der Aufstieg der Karolinger », Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 51 (1995), p. 1-28.
13 Ms. A 2, fol. 37v, l. 4-20. Édition dans Eckhardt, Pactus…, op. cit. n. 5, p. 254. G. A. Beckmann, « Aus den letzen Jahrzehnten des Vulgärlateins in Frankreich. Ein parodischer Zusatz zur Lex Salica », Zeitschrift für romanische Philologie, 79 (1963), p. 305-334.
14 Je m’inspire de la traduction proposée par M. Iliescu et D. Slusanski, Du latin aux langues romanes. Choix de textes traduits et commentés (du iie s. av. J.-C. jusqu’au xe siècle ap. J.-C.), Wilhelmsfeld, 1991, p. 177.
15 M. Selig, « Parodie et Protocole. L’importance de la “citation” pour les premiers documents des langues romanes », Le passage à l’écrit des langues romanes, dir. M. Selig, B. Frank, M. Hartmann, Tübingen, 1993, p. 91-108.
16 Ubl, Sinnstiftungen…, op. cit. n. 2, p. 138.
17 A. de Sousa Costa, Studien zu volkssprachigen Wörtern in karolingischen Kapitularien, Göttingen, 1993.
18 M. Coumert, « Écrire des ajouts aux lois », Die Sprache der Kapitularien, dir. K. Ubl, à paraître.
19 C’est le cas de 3 manuscrits sur les 5 autres manuscrits des versions A et C : A 1, A 4 et C 6.
20 J. Nelson, « Les reines carolingiennes », Femmes et pouvoirs des femmes à Byzance et en Occident (vie-xe siècles), dir. J.-M. Sansterre, R. Le Jan, A. Dierkens, S. Lebecq, Villeneuve d’Ascq, 1999, p. 121-132. R. Le Jan, « Les reines franques du vie au xe siècle : de la sphère privée à la sphère publique ? », Augusta, Regina, Basilissa. La souveraine de l’Empire romain au Moyen Âge : entre héritages et métamorphoses, Paris, 2018, p. 81-101.
21 Capitulare de villis, c. 44 et c. 47. R. Le Jan, « L’épouse du comte du ixe au xie siècle : transformation d’un modèle et idéologie du pouvoir », Femmes, pouvoir et société dans le haut Moyen Âge, Paris, 2001, p. 21-29.
22 C. Brühl, Capitulare de villis. Cod. Guelf. 254 Helmst. der Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel, Stuttgart, 1971. Mordek, Bibliotheca…, op. cit. n. 11, p. 947 et 1083. Ibid., p. 240-241 et 978-979 laisse apercevoir une tentative plus vaste de la nouvelle dynastie de légiférer jusqu’au cadre domestique.
23 J. M. Coma Fort, Codex Theodosianus : historia de un texto, Madrid, 2014, p. 302-304.
24 Pour d’autres exemples de productions indépendantes : R. McKitterick, « Histoire et mémoire de la crise d’une élite carolingienne : l’année 785 et les Annales regni Francorum », Les élites au haut Moyen Âge. Crises et renouvellements, dir. F. Bougard, L. Feller, R. Le Jan, Turnhout, 2006, p. 267-282.
25 Ms. D 9, p. 293 : le manuscrit est consultable en ligne (https://www.e-codices.unifr.ch/fr/list/one/csg/0731). Mordek, Bibliotheca…, op. cit. n. 11, p. 670-676. Le texte est édité dans Eckhardt, Lex Salica, op. cit. n. 5, p. 192 et 194.
26 Sur la Loi des Alamans et la révision attribuée au duc Lantfrid, voir les discussions des articles de D. Geuenich, E. Schumann, C. Schott et S. Patzold dans Recht und Kultur im frühmittelalterlichen Alemannien. Rechtsgeschichte, Archäologie und Geschichte des 7. und 8. Jahrhunderts, dir. S. Brather, Berlin/Boston, 2017.
27 Mordek, Bibliotheca…, op. cit. n. 11, p. 305-307.
28 M. Innes, « Charlemagne, Justice and Written Law », Law, Custom and Justice in Late Antiquity and the Early Middle Ages: Proceedings of the 2008 Byzantine Colloquium, dir. A. Rio, Londres, 2011, p. 155-203.
29 Ubl, Sinnstiftungen…, op. cit. n. 2, p. 174-191.
30 Mordek, Bibliotheca…, op. cit. n. 11, p. 918-920.
31 Ubl, Sinnstiftungen…, op. cit. n. 2, p. 227-236, raisonne à partir de collections rassemblées dans des manuscrits à mes yeux trop tardifs pour représenter la situation du règne de Charlemagne, notamment en raison de l’influence d’Hincmar.
32 S. Airlie, Power and Its Problems in Carolingian Europe, Farnham, 2012, p. ix.
33 B. Bischoff, Katalog der festländischen Handschriften des neunten Jahrhunderts, éd. B. Ebersperger, vol. III, Wiesbaden, 2014, no 7298, p. 500.
34 E 12, Paris, BnF, latin 4409 ; E 16, Berlin, SB, Phil. 1736 ; K/A 17, Leyde, Voss. Lat. Q. 119.
35 Éginhard, Vie de Charlemagne, c. 29, éd. et trad. M. Sot, C. Veyrard-Cosme, Paris, 2015, p. 66-67. Commenté dans Ubl, « Die erste Leges-Reform… », loc. cit. n. 7, p. 75-76.
36 Lex Ribuaria, éd. F. Beyerle, R. Buchner, Hanovre, 1954, MGH, LL nat. Germ. III, 2.
37 Coumert, « Écrire… », Die Sprache…, op. cit. n. 18. Les capitulaires sont édités dans Capitularia regum Francorum I, éd. A. Boretius, Hanovre, 1883, MGH, Legum II.
38 Capitula legi salicae addita (Boretius no 142). Une nouvelle édition est proposée par T. Faulkner, Law and Authority in the Early Middle Ages. The Frankish Leges in the Carolingian Period, Cambridge, 2016, p. 253-255.
39 Paris, BnF, latin 10758 ; Paris, BnF, latin 4628A ; Paris, BnF, latin 4632 et Sélestat, bibliothèque humaniste 14.
40 Capitula de functionibus publicis, 5 (Boretius no 143).
41 Mordek, Bibliotheca…, op. cit. n. 11, p. 1095.
42 Ms. A 1, fol. 1v-2 et 197.
43 Pour un duc Lantfrid, voir les mss A 3 et D 9, supra n. 26. Pour un roi Clotaire, par exemple le ms. E 14, Saint-Gall, Stiftsbibliothek 729, p. 335.
44 Ms. A 4, fol. 22v : Lex salica I, 3-5, édition Eckhardt, Pactus…, op. cit. n. 5, p. 18. Le manuscrit est visible sur Gallica : ark :/12148/btv1b10545842k.
45 Connue par deux manuscrits : Modène, Biblioteca Capitolare, O. I. 2 et Gotha, Forschungsbibliothek, Memb. I 84.
46 Ms. K 39, Paris, BnF, latin 4632, fol. 29v. Mordek, Bibliotheca…, op. cit. n. 11, p. 516-518.
47 Ibid., fol. 27, à comparer avec la version C, chap. 56, édition Eckhardt, Pactus…, op. cit. n. 5, p. 211.
48 Ibid., fol. 27v, à comparer avec la version C, chap. 57, édition Eckhardt, Pactus…, op. cit. n. 5 p. 215.
49 Ibid., fol. 59.
50 Ch. West, « The Significance of the Carolingian Advocate », Early Medieval Europe, 17 (2009), p. 186-206, ici p. 195-198.
51 Ms. K 17, Leyde, Voss. Lat. Q. 119. Mordek, Bibliotheca…, op. cit. n. 11, p. 210-217.
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