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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Le discours grammatical et son rapport aux listes Les listes dans les sources glossographiques du Liber glossarum Conclusion Annexe Notes de bas de page Auteur

    Le pouvoir des listes au Moyen Âge - I

    Ce livre est recensé par

    • Pierre Vey, Lectures, mis en ligne le 20 mars 2024. URL : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lectures/64254 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lectures.64254
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    Table des matières

    Les listes des grammairiens dans le haut Moyen Âge et le témoignage du Liber glossarum

    Franck Cinato

    p. 221-255

    Texte intégral Le discours grammatical et son rapport aux listes Organisation de la grammaire de Donat Le plan des Artes Donati Les parties du discours Exemples de déclinaisons et de conjugaisons Les annexes de la grammaire Le « livre 5 » de la grammaire de Charisius : survol Amorce de classification Les listes dans les sources glossographiques du Liber glossarum Les mots latins et grecs se rapportant à la grammaire (Grammaticae artis nomina grece et latine notata) Les noms des cris d’animaux Conclusion Annexe Annexe : Abréviations et éditions utilisées Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Cette contribution à la vaste réflexion engagée par le groupe Polima1 explore le thème des listes que l’on peut qualifier de « traditionnelles », en ce sens que, omniprésentes dans les écoles du haut Moyen Âge, elles ont été l’objet de transmissions manuscrites quelque peu particulières en vertu de leur nature glossographique.

    2Parmi les questionnements que soulèvent de telles listes, l’analyse des liens avec leur contexte immédiat, c’est-à-dire le texte ou le livre manuscrit qui les contient, s’impose comme un prérequis à leur intelligence. Dans le cas précis du discours grammatical, nous nous intéressons, dans la première partie de ce chapitre, à la manière dont la liste joue un rôle actif dans la pédagogie grammairienne. Elle est en effet constitutive de la pratique grammaticale parce qu’elle garantit l’organisation des notions et des concepts en fournissant une grille herméneutique qui, en outre, dans sa dimension mnémotechnique, permet de tester les acquis des élèves. À travers les exemples de listes grammaticales (comme celle des partes orationis et de quelques autres, connexes aux grammaires), il s’agira de situer le contexte épistémologique et de montrer comment ces listes ont été exploitées dans le cadre d’un apprentissage – celui du latin – qui se pose comme une propédeutique à toutes les autres sciences.

    3La notion de « déjà là » inhérente à toutes les listes est d’autant plus prégnante dans le cadre de cet enseignement durant le haut Moyen Âge que la tradition revêt une importance prédominante face à l’innovation. La seconde partie du chapitre s’attachera à démontrer que la persistance des données traditionnelles a pu s’exprimer à travers des traitements novateurs, ou du moins en pliant les matériaux aux nouveaux besoins. Suivant le fil conducteur de quelques problématiques ecdotiques soulevées par l’élucidation des sources lexicographiques du Liber glossarum2, trois études de cas viseront à dégager les constantes qui semblent présider à l’exploitation des listes et éventuellement à mettre en évidence les originalités de quelques aspects de leur transmission. À chaque fois, nous nous demanderons en quoi les changements qui affectent les listes peuvent refléter des besoins spécifiques, c’est-à-dire quelle valeur ajoutée possède l’usage dérivé d’une liste vis-à-vis de son agencement primitif.

    Le discours grammatical et son rapport aux listes

    Organisation de la grammaire de Donat

    4La tradition grammaticale latine est le parfait exemple de structuration selon une organisation pyramidale (ou arborescente) des connaissances. Dans les Artes, la liste participe activement au discours du grammairien ; elle se trouve autant à l’origine du plan général qu’elle s’insère à l’intérieur des exposés. Dans le contexte littéraire particulier que sont les grammaires, on observe un va-et-vient entre des listes mises en texte et des textes mis en liste.

    Le plan des Artes Donati

    5La grammaire de Donat3, le maître de grammaire de saint Jérôme (c. 363), illustre parfaitement cette double imbrication, où l’énumération se superpose au plan des livres au sein d’une structure tripartite4 :

    1) comment les mots sont formés
    2) les parties du discours (selon l’ordre des énumérations préliminaires)
    3) les vices et les vertus

    6L’énumération est le garant de la cohérence du texte : le sommaire/plan explicite la structure textuelle5.

    Figure 1 : Capitula artis Donati

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    7Les livres I (= ars min.) et III (= ars mai. II) débutent par l’exposé des parties du discours ; sur ce point, nous citons Louis Holtz :

    où sont énoncés à la fois le nombre des parties du discours et l’ordre selon lequel ces parties seront traitées. À l’intérieur de chaque chapitre, quel que soit le livre considéré, le plan est d’avance indiqué et scrupuleusement suivi6.

    8Pour chaque chapitre/paragraphe, cette organisation en arborescence est respectée. Le point de départ est une définition d’ensemble de la classe (par exemple le nomen) qui comporte le dénombrement de grandes catégories « d’accidents »/caractéristiques (six dans le cas du nom, voir fig. 2). Ensuite chaque caractéristique fait l’objet d’un développement qui à son tour contient l’énoncé et l’énumération de sous-classes (dans le cas du nomen, deux qualitas, trois degrés de comparaison, etc.) qui sont ensuite exposées systématiquement ; et ainsi de suite pour chaque partie du discours.

    Figure 2 : Les six catégories d’accident du nomen

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    9Cette organisation pyramidale des connaissances est plus ancienne que la discipline grammaticale elle-même, en tant qu’héritière de la méthode scientifique et scolaire hellénistique7. Un tel cadre descriptif rigide et traditionnel, appliqué à la grammaire, a pu constituer un frein plus qu’une aide réelle, comme l’a suggéré Louis Holtz :

    Souvent ce schéma pseudo-logique ne fait que donner un air de rigueur à des recettes empiriques. Il triomphe dans l’énumération et l’étiquetage, et dispense, par des dehors trompeurs, de regarder le réel dans sa complexité. N’a-t-il pas sa responsabilité dans la paralysie de la recherche antique8 ?

    10Si la grammaire de Donat a été lue durant tout le Moyen Âge bien qu’elle ne soit qu’un condensé (compendium) très loin de transmettre l’intégralité de la richesse héritée de la grammaire antique, c’est, selon Louis Holtz, parce que sa fonction première « n’a jamais été perdue de vue. Comme tous les résumés hellénistiques qui l’ont précédé, ce livre est avant tout un instrument pédagogique9 ». En outre, cette fonction de l’Ars Donati est renforcée par son schéma didactique, qui va du simple au complexe – un apport stoïcien10.

    11La description du mot magister illustre parfaitement le fait que l’analyse grammaticale reprend la structure d’ensemble, qui forme alors un schéma (pattern). La classification a été signalée en exposant quand elle n’est pas explicitement reprise dans l’énoncé, où elle est alors soulignée11.

    Magister (partes :) nomen (qualitas :) appellatiuum generis masculini numeri singularis figurae simplicis casus nominatiui et uocatiui, quod declinabitur sic : nominatiuo hic magister, genetiuo huius magistri, datiuo huic magistro, accusatiuo hunc magistrum, uocatiuo o magister, ablatiuo ab hoc magistro ; et pluraliter nominatiuo hi magistri, genetiuo horum magistrorum, datiuo his magistris, accusatiuo hos magistros, uocatiuo o magistri, ablatiuo ab his magistris.

    12Il est donc permis d’envisager les énumérations récurrentes dans le discours grammatical comme une méthode pédagogique et un principe organisateur des connaissances fondé sur des listes à fonction mnémotechnique. Mais l’exemple emblématique de telles listes est celui des partes orationis.

    Les parties du discours

    13Dès les premiers mots de l’Ars minor Donati, le maître interroge l’élève en débutant ainsi  : « Combien y a-t-il de parties au discours ? » « Huit » répond l’élève, avant d’en donner la liste12. Le nombre est canonique dans la tradition grammaticale latine, mais l’ordre selon lequel elles sont listées diffère légèrement selon les auteurs, tandis que chez les grammairiens grecs (« de Denys le Thrace à Hérodien13 ») l’ordre est invariable (fig. 3). C’est celui que l’on retrouvera chez Priscien (type III).

    Figure 3 : Listes grecque et latines des parties du discours

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    14Le nombre de parties est identique dans les deux traditions grammaticales, bien que les deux listes s’écartent sur deux items. La liste grecque comporte l’articulus, absent du latin – lequel l’assimile aux pronoms démonstratifs –, qui a été compensé par l’invention latine de la catégorie des interjections qui sont considérées dans la tradition grecque – et par Priscien – comme une variété d’adverbes.

    15Pour ce qui est du domaine latin, Louis Holtz a relevé trois types de listes (fig. 3). Le type III, uniquement chez Priscien14, correspond à l’ordre grec qui plaçait en tête nomen et verbum, tandis que l’ordre latin rapproche nomen de pronomen en tant que parties essentielles au discours. Disons simplement pour résumer qu’outre le nombre, la position des partes dans la liste reflète véritablement des orientations théoriques qui puisent pour les Latins aux distinctions varroniennes et aux débats philosophiques15.

    Exemples de déclinaisons et de conjugaisons

    16Les inévitables tables de déclinaisons et de conjugaisons sont une autre manifestation des listes chez les grammairiens. De telles listes de formes nominales et verbales servent d’outil pédagogique et d’aide à la mémorisation, mais, comme on l’a vu avec la déclinaison de magister et quoique ces exemples servent de paradigmes, elles allongent substantiellement le texte16.

    17Les copistes médiévaux ont adopté une mise en page particulière pour rendre plus évidentes ces « tables ». C’est le cas, par exemple à Fleury, dans des manuscrits sous forte influence irlandaise, comme au folio 8 d’un manuscrit de Berne de la fin du viiie siècle17 où le texte de Donat se voit disposé sur deux colonnes suite à la conjugaison du présent, alors qu’il est précédemment copié à longues lignes18.

    18Ce parti pris relevant de la « logographie19 » permet de singulariser les formes verbales ainsi que le découpage de la conjugaison en temps et en modes. Dans le cas précis du texte de Donat, il est difficile de dire si cette disposition particulière est héritée des modèles tardo-antiques en l’absence d’exemplaire conservé, ou si elle constitue une innovation purement médiévale.

    19Les textes techniques grammaticaux ne sont pas les seuls affectés directement par une pensée classificatrice, car l’organisation sous forme de liste s’observe plus encore dans des textes dérivés ou connexes à la grammaire qui servent de répertoire.

    Les annexes de la grammaire

    Le « livre 5 » de la grammaire de Charisius : survol

    20Comme chez Donat, l’Ars grammatica de Charisius20 débute par une table. Pourtant, en raison des aléas de la transmission manuscrite, la table initiale du plus ancien et seul témoin complet conservé ne correspond pas exactement au contenu du texte21.

    21Regardons, pour ce qui nous intéresse, les parties qui ne correspondent pas véritablement à de la grammaire. La table signale au chapitre VI du livre IV :

    § XV De idiomatibus. Synonyma Ciceronis indifferenter. Glossemata per litteras Latinas ordine conposita. Glossemata idem significantia.
    § XVI De differentiis

    22Ce que l’on peut considérer comme des annexes à l’Ars Charisii, qu’elles soient originales pour certaines ou ajoutées postérieurement pour d’autres comme il le semble – par exemple pour les Synonyma Ciceronis –, compose un cinquième livre formé de plusieurs listes de mots. Petits traités ou lexiques, ils forment ni plus ni moins qu’un ensemble de listes thématiques (d’idiomatismes, de différences et de synonymes), dont voici le catalogue :

    - De idiomatibus : un exposé général qui comporte des listes classées thématiquement22.
    - De differentiis : un recueil de différences, sans ordre alphabétique23.
    - De Latinitate : une liste alphabétique (sur la première lettre) d’expressions idiomatiques variées, qui débute par « ardua res. anima tua quod cupit »24 .
    - Glossulae multifariae idem significantes : une liste d’expressions synonymiques, dont l’ordre semble fondé sur la première lettre de chaque nouvelle vedette (avec des inconsistances)25.
    - Synonyma Ciceronis ordine litterarum conposita : une liste alphabétique de synonymes, alphabétisés sur la première lettre uniquement avec des inconsistances26.
    - Idiomata nominatiua quae per genera efferuntur : contiennent six lexiques alphabétiques bilingues de substantifs organisés en fonction du genre grammatical (mots latins masculins qui sont féminins en grec, masculins latins mais neutre en grec etc.)27.
    - Verba actiua… : petits lexiques alphabétiques (première lettre) bilingues de verbes organisés en fonction des conjugaisons (ordines) et de leur voix, accompagnés parfois de l’équivalent grec28.
    - Verba quae praepositionibus additis aliam significationem habent : une courte liste de verbes et leurs dérivés sans ordre29.
    - Omnes orationis partes sunt hae : extrait d’un lexique grammatical bilingue qui ne contient pas seulement des partes, contrairement à ce que laisse penser son titre, et au contenu proche des Hermeneumata (voir plus loin)30.
    - Verba actiua coniugationis primae : listes alphabétiques (première lettre) de verbes classés par déclinaisons31.

    23Parmi ces listes, certaines ont eu plus de faveur que d’autres : c’est le cas des Differentiae et des Synonyma, auxquels, pour être plus complet, on peut ajouter les traités d’orthographe (De orthographia) qui sont les recueils sous forme de listes, souvent alphabétisées, des pièges orthographiques les plus courants32. Les De orthographia, les Differentiae et les Synonyma composent, en compagnie des glossaires et autres recueils de gloses, le quatuor des outils pédagogiques qui viennent en renfort des traités de grammaire. Tous ces documents prennent la forme de listes de mots, accompagnés ou non d’explications : leur organisation reflète tout simplement leurs différentes fonctions.

    24Dans ce quatuor, les lexiques et les glossaires forment en général des bassins de matériaux qui se nourrissent fréquemment des trois autres genres, au sens où les traités d’orthographe comme les recueils de différences et de synonymes alimentent les glossaires. D’autre part, il a été démontré que les grammairiens ont amplement utilisé les glossaires33, de même que la grammaire de Charisius en son temps, avant celle de Priscien, a fortement influencé la composition des glossaires bilingues.

    25Terminons sur ce chapitre en rappelant que parmi toutes ces listes tardo-antiques, les différentes versions des Synonyma Ciceronis ont sans aucun doute été les plus populaires au Moyen Âge. Par convention, nous conserverons cette dénomination, mais elle n’a aucun fondement. Il est certain cependant que ces listes de synonymes viennent en droite ligne de l’école du grammairien tardo-antique qui précédait l’enseignement du rhéteur. De telles listes circulent déjà aux ive-ve siècles et très vraisemblablement plus tôt encore.

    26Sommairement, trois collections anciennes de Synonyma Ciceronis ont été identifiées, chacune d’elles comportant des spécificités mais présentant une origine commune34. La version qui semble la plus ancienne présente un vocabulaire organisé de manière thématique.

    27Ainsi, pour viser à l’amélioration du style, les listes de Synonyma font office d’aide-mémoire et, en tant que recueils, guident le lecteur vers de nouveaux rapprochements sémantiques. Sous tous ces aspects, ce type de recueil est clairement inscrit dans le mandat du grammairien antique qui vise à préparer l’élève à la classe du rhéteur.

    28En dépit des changements importants dans la société et la culture, ces listes ont pourtant conservé toute leur pertinence au Moyen Âge. Toutefois, dans les différentes familles de Synonyma qui nous sont parvenues, si certaines listes ont gardé leur organisation thématique, d’autres ont subi une alphabétisation au cours de leur transmission. Celle-ci est intervenue très tôt : elle se rencontre déjà dans les Synonyma attachés à la grammaire de Charisius. Cependant d’autres listes, comme celle contenue dans le manuscrit latin 7641 de la Bibliothèque nationale de France, laissent penser que des alphabétisations indépendantes et plus récentes ont dû se produire.

    29Quoiqu’il ne soit pas question de discuter l’origine de ces Synonyma Ciceronis, leur ancienneté avérée permet toutefois d’observer que cette liste scolaire a conservé sa validité comme outil pédagogique sur une très longue durée, plus d’un millénaire, période durant laquelle elle a peu changé, son évolution la plus remarquable ayant été ses alphabétisations.

    Amorce de classification

    30À ce stade, nous souhaiterions proposer une esquisse de typologie afin de replacer les textes déjà évoqués dans une perspective plus large. Pour ce faire, il reste encore à dire un mot sur les listes bilingues35.

    31Parmi certaines pièces annexées à l’Ars de Charisius, quelques-unes s’apparentent de loin aux Hermeneumata36, ou interprétations, c’est-à-dire à des traductions. Ces interprétations forment des ensembles de glossaires et de lexiques bilingues grec-latin (ou latin-grec) dans lesquels le vocabulaire est classé thématiquement. Outre les grands glossaires bilingues, comme ceux dits du pseudo-Cyrille et du pseudo-Philoxène, la famille des Hermeneumata pseudo-Dositheanea qui contiennent des listes bilingues du type de celles attestées déjà à Sumer, comporte au moins neufs versions différentes – c’est-à-dire presque autant que de témoins manuscrits. Les Hermeneumata les plus anciens semblent avoir été composés entre le début du iiie siècle – au plus tôt au iie siècle, d’après une mention faite dans le texte la Généalogie d’Hygien – et les ve-vie siècles. Mais le plus ancien témoin est un manuscrit du début du ixe siècle conservé à Montpellier. Certains Hermeneumata comme ceux du pseudo-Dosithée comportent en seconde partie des sections similaires aux Colloquia, petits manuels de conversation en latin, couvrant la journée d’un enfant, du lever au coucher. En outre, ils comprennent parfois des sections alphabétiques formant de petits glossaires.

    32Si les idiomata ont un objectif grammatical plus immédiat que les autres textes décrits ici, cette préoccupation grammairienne se trouve représentée à mi-chemin dans les Hermeneumata, qui sont, certes plus tournés vers l’acquisition de vocabulaire, mais proposent cependant des mises en contexte du vocabulaire, même si les constructions proposées sont la plupart du temps relativement simples.

    33Ajoutons simplement que le contenu de l’annexe à la grammaire de Charisius présente une cohérence globale en tant que « boîte à outil pédagogique », malgré le fait que chaque annexe représente un genre en soi ; résumons-en les principaux :

    - les Idiomata (de idiomatibus ; de Latinitate et idiomata nominatiua per genera, etc.)
    - les Differentiae
    - les Synonyma (glossulae multifariae idem significantes et Synonyma Ciceronis)
    - les listes de vocabulaire (liste des partes : omnes orationis partes sunt hae).

    34Quand on replace ces genres dans un panorama plus large des activités lexico­graphiques médiévales, on constate qu’ils se regroupent tous sous la même enseigne37, celle des « listes de vocabulaire thématiques (lexique méthodique/nominalia/arts du discours) », à l’exception des recueils de Differentiae qui, bien que souvent alphabétisés, constituent le pendant sémantique des traités orthographiques. Dans notre contexte lexicographique, la catégorie « Liste » pourrait comporter quatre sous-groupes, abstraction faite des distinctions bilingues ou unilingues :

    1. Grammaire et connexes (listes métalinguistiques ; idiomata generum, idomata casuum ; synonyma)
    2. Colloquia et Hermeneumata
    3. Noms hébreux
    4. Noms divers (noms d’animaux, de lieux, etc. ; par exemple les Voces animantium).

    35Il est toujours possible de discuter de la place des listes de noms hébreux, comme étant ou non un genre particulier de liste et de se demander s’il faut regrouper 3 et 4. Mais pour le propos qui va suivre, nous voudrions surtout faire remarquer que toutes ces listes ont fait l’objet de dépouillement, c’est-à-dire qu’elles ont servi de « réservoir à matériaux » lors de l’élaboration de glossaires alphabétiques. Il apparaît alors que ce matériel lexicographique a fait l’objet d’une double transmission, en conservant sa forme d’origine et en s’incorporant à d’autres outils nouvellement conçus. Ces réemplois n’ont jamais invalidé la fonction du document original.

    36De ce point de vue, le Liber glossarum, composé en Espagne au cours du viie siècle à partir des matériaux collectés autour d’Isidore de Séville, est un sujet d’étude fascinant38. Outre les articles issus du dépouillement de nombreux textes et gloses appartenant à des genres aussi différents que la patristique, la médecine, l’histoire naturelle, etc., une partie de ce vaste glossaire encyclopédique est constituée non seulement d’une refonte de plusieurs glossaires, mais aussi de listes, parmi lesquelles certaines de celles qui viennent d’être évoquées. Ainsi en prenant ces listes comme fil conducteur, l’étude des sources de ce glossaire offre autant de perspective d’études de cas.

    Les listes dans les sources glossographiques du Liber glossarum

    37Dans la suite de ce chapitre, il s’agira d’observer de quelle manière deux listes39 – en l’occurrence, une liste de vocabulaire métalinguistique bilingue et un catalogue de « voix » d’animaux – ont été traitées lors de la composition du Liber glossarum.

    Les mots latins et grecs se rapportant à la grammaire (Grammaticae artis nomina grece et latine notata)

    38La première étude de cas menée ici concerne une liste thématique bilingue (grec translitéré/latin) de vocabulaire métalinguistique : les Grammaticae artis nomina graeca et latina notata (ci-après GaN). Cette liste d’une centaine de termes, presque 150 si l’on tient compte de toutes les versions, s’est transmise dans plus d’une vingtaine de manuscrits durant tout le Moyen Âge40. La liste a été incorporée à plusieurs glossaires à divers moments de son histoire et à partir de différentes familles de listes. La dernière édition en date a été réalisée par Helmut Gneuss en 199441. Elle se fonde sur un témoin récent, mais plus complet que les trois plus anciens manuscrits42. Pour notre part, nous avons étudié cette liste dans la perspective d’élucider quelques sources lexicographiques du Liber glossarum, à l’occasion d’une lecture donnée en mai 2015 à l’université d’Irlande à Galway43. Cette recherche nous a permis d’entrevoir un faisceau de relations assez complexes qui tendraient à prouver que, dans ce cas précis, les concepteurs du Liber glossarum n’ont pas dépouillé eux-mêmes la liste, quoiqu’elle fût connue et transmise parfois dans leur entourage.

    39La liste des GaN n’est pas alphabétisée et son vocabulaire grammatical est organisé par sous-thèmes – principalement poésie, grammaire, versification, ponctuation – selon un agencement lemme grec translittéré, suivi d’une explication en latin, qui reprend la structure des Hermeneumata. Les hypothèses retenues concernant son origine font de cette liste le résultat de l’agrégation d’éléments de provenances diverses, dont Isidore, Placide et Dosithée, autour de noyaux formés d’extraits d’hermeneumata. Par exemple, dans les extraits proposés plus bas, il sera question de la liste des parties du discours et de celle des noms des cas.

    40Dans le Liber glossarum, les explications qui remontent ultimement à cette liste apparaissent sous plusieurs attributions données par les mentions de sources. Parmi celles-ci, nous trouvons majoritairement Placide, un pseudo-Placide et Isidore, ainsi que, dans une moindre mesure, des glossaires identifiés De glossis. Une étude superficielle des sources des GaN, c’est-à-dire sans le recours au Liber glossarum, montre qu’Isidore semble être à l’origine de nombreuses explications. Ce constat tendrait à se voir confirmé par le plus ancien témoin de la liste, le seul à livrer le nom d’Isidore dans l’incipit :

    Esidori Iunioris palestinensis episcopi grammaticae artis nomina grega et latina notata (W)
    Incipiunt grammaticae artis nomina grece et latine notata (P)
    Grammaticae artis nomina grece et latine praenotata (B)
    .

    41Il faut évidemment lire Hispalensis pour palestinensis sur W. L’orthographe du nom même d’Isidore, Esidorus, évoque la graphie largement majoritaire dans les étiquettes de source du Liber glossarum44. De même qu’Agustinus alterne fréquemment avec Augustinus dans le Liber glossarum, ces graphies renvoient non seulement aux usages des insulaires en activité sur le continent, mais surtout à ceux des scriptores wisigothiques, comme en témoigne la grammaire de Julien de Tolède45.

    42Cependant, grâce au témoignage du Liber glossarum, nous pouvons démontrer que la liste des GaN est antérieure à la rédaction des Étymologies du maître sévillan et que ce dernier a pu en réalité l’utiliser.

    43Plusieurs détails ne concordent pas avec un scénario dans lequel la liste résulterait d’un dépouillement des Étymologies, car si des matériaux de la liste des GaN rencontrent bien des parallèles chez Isidore, quelques articles ne bénéficient pas d’équivalents stricts, comme cette glose attribuée à Placide par le seul Liber glossarum :

    GaN 124. Periodos – clausula, siue circuitus. Nam cola totus uersus est, commata autem ips<a>e incisiones pedum, periodos uero tota sententia.
    = Lib. gl. PE 829 Placidi : Periodus — clausula siue circuitus, nam cola totus uersus est. comata autem incisiones pedum, periodus uero tota sententia. (Plac. ?)
    cf. Isid. Etym. 2, 18, 1 […] periodos ambitus uel circuitus. Fit autem ex coniunctione uerborum comma, ex commate colon, ex colo periodos ; cf. Ars mai. I, 6 (612, 8).

    44Comment expliquer cette inconstance ? Pourquoi le compilateur aurait-il puisé à une autre source, si Isidore lui fournissait une explication pour ce lemme ? En revanche, si l’on retourne la question et que l’on place la liste en amont des Étymologies, le problème disparaît puisque nous constatons simplement qu’Isidore n’a pas retenu l’explication en question.

    45En outre, d’autres indices démontrent l’ancienneté de la liste. C’est le cas par exemple des explications parallèles qui se lisent également dans le glossaire Abstrusa : probablement composé au vie siècle, celui-ci a été presque entièrement intégré au Liber glossarum au siècle suivant. De telles gloses montrent que la liste a bénéficié d’une dissémination à la haute époque :

    GaN 11. Prologus – sequentis operis praefatio.
    = Lib. gl. PR 2316 De glosis : Prologus — sequentis operis prefatio. (Abstr.)

    46Dans certains cas, il est possible de suggérer que la liste des GaN ait pu entrer dans les sources d’Isidore, comme ici ; mais contrairement à l’exemple précédent periodos, le Liber glossarum a hérité de la récriture d’Isidore, et non des GaN directement à cette occasion :

    GaN 52. Ctetica – possessiua, ut « Evandrius ensis » a possidendo utique dicta.
    cf. Lib. gl. TE 651 Esidori : Thetica — id est poss<ess>iua, a possessione, ut « Euandrius ensis ». (Is. 1, 7, 21)
    = Isid. Etym. 1, 7, 21 Ctetica, id est possessiua, a possessione, ut « Euandrius ensis ».

    47Ce qui est d’autant plus troublant à la lecture d’un autre exemple, où la situation est strictement inverse, car le Liber glossarum attribue cette fois à Isidore une explication (Lib. gl. PA 841 Patronymica) qui est en réalité celle des GaN. Elle se trouve précédée par une entrée De glossis, parallèle à l’explication isidorienne et suivie par la citation exacte du texte des Étymologies :

    GaN 53. Patronomica – a parentibus uocabula dicta, ut “Eacides”, “Agamemnonides”.
    Lib. gl. PA 840 De glosis : Patronimica — Graecum est ; a patre, ut si dicas “Tidides” Tidei filius, “Aeneius” Aeneae filius.
    Lib. gl. PA 841 Esidori : Patronymica — a parentibus uocabula dicta, ut ‘Aeatides’, ‘Agamemnon[u]ides’. (Isid. ?)
    Lib. gl. PA 842 Patronomica — dicuntur eo quod trahuntur a patribus, ut ‘Tydides’ Tydei filius, ‘Aeneius’ Aeneae filius, quamuis et a matribus et a maioribus ducantur. (= Isid. Etym. 1, 7, 20)
    cf. Pompeius in artem Donati (GL 5, 146, 23) a patre Agamemnonides, habes ab auo Aeacides ; etiam Dos. IX.21,3 … Pelides, Aeacides quae Graeci patronymica
    cf. Isid. Etym. 1, 7, 20 Patronymica dicuntur eo, quod trahuntur a patribus, ut ‘Tydides’ Tydei filius, ‘Aeneius’ Aeneae filius, quamuis et a matribus et a maioribus ducantur.

    48Dans ce cas précis, nous suggérons que l’attribution à Isidore provienne d’un glissement de l’étiquette de source46. Il convient alors de restituer la séquence suivante : PA 840 De glosis … ; PA 841 … ; PA 842 Esidori …

    49De la sorte, les mentions de provenances s’accordent mieux avec les sources réellement décelables. Nous constatons aussi que la première des deux entrées de glossaires (Lib. gl. PA 840) peut constituer la trame source de l’explication d’Isidore et non l’inverse. En effet sur ce point de grammaire, aucun texte ne présente les deux exemples de patronymes associés qui se lisent chez Isidore (Tydides et Aeneius) ; cette glose PA 840 du Liber glossarum constitue le seul autre parallèle. De plus, le mot Aeneius, peu courant dans les grammaires, se rencontre uniquement dans l’Ars grammatica et les partitiones de Priscien47. D’autre part, les patronymes apportés en exemple par l’explication des GaN (et Liber glossarum PA 841) semblent émaner du commentaire de Pompée sur Donat (saec. v), mais ils n’ont pas été exploités par Isidore à cet endroit. En conséquence, nous devons faire le même constat qu’Anne Grondeux à propos d’une entrée du Liber glossarum transmettant une citation de Pline (Lib. gl. IS 9) : « la citation devait alors figurer dans un dossier isidorien, mais n’a pas été recyclée dans les Étymologies48 ».

    50Le scénario qui s’accorde le mieux avec les conclusions d’Anne Grondeux relatives à la constitution du Liber glossarum serait de voir en PA 840-841 les reliquats des fiches préparées pour l’encyclopédiste sévillan, lequel n’a pas consulté lui-même les partitiones de Priscien – qui semblent la source ultime la plus probable pour l’exemple Aeneius –, en écartant le problème d’interprétation, car Priscien analyse cette forme comme un possessif latin, et non comme un patronyme grec49.

    51Enfin, le dernier exemple présenté montre une relation un peu plus complexe. Le Liber glossarum propose deux explications pour Epitheta, la première est attribuée à Placide et la seconde à Isidore :

    GaN 54. Epitheta – id est adiectiua, quae nominibus apponuntur ut puta ‘magnus homo’ ‘doctor (-tus leg.) philosophus’ : ‘magnus’ et ‘doctus’ epitheta sunt.
    cf. Plac. Rom. (CGL 5, 19, 10 = Plac. gl. E 22) : Epiteta sunt quae nominibus apponuntur. est autem graecum ut puta magnus homo, doctus phylosophus epiteta sunt.
    Lib. gl. EP 75 Placidi : Epiteta sunt, quae nominibus apponuntur. Est autem Grecum, ut puta ‘magnus homo’ ‘dictus (do-) phylosophus’. Magnus et doctus epyteta sunt.
    Lib. gl. EP 76 Esidori : Epyteta sunt, quae Latine adiectiua uel superposita appellantur, eo quod ad implendam sui significationem nominibus adiciantur, ut ‘magnus doctus’. Adicis ea personis, ut ‘magnus phylosophus’ ‘doctus homo’ et plenus est sensus. (Isid. 1, 7, 22)
    = Isid. Etym. 1, 7, 22 Epitheta, quae Latine adiectiua uel superposita appellantur, eo quod ad inplendam sui significationem nominibus adiciantur, ut ‘magnus’ ‘doctus’. Adicis ea personis, ut ‘magnus philosophus’ ‘doctus homo’ et plenus est sensus.

    52Un premier coup d’œil sur les parallèles montre que Liber glossarum EP 75 (supra) est en relation avec la glose de Placide et que EP 76 est une citation d’Isidore correctement attribuée. Or, en y regardant de plus près, l’on aperçoit de légères variantes : la leçon du Liber glossarum EP 75 semble bien emprunter à Placide, mais dispose d’un « ajout » (magnus et doctus) qui se trouve dans les GaN mais que n’a pas Placide, tandis qu’à l’instar de ce dernier, elle n’a pas la glose initiale id est adiectiua qui se lit dans les GaN et Isidore.

    53Les problèmes soulevés par le recueil de gloses attribué à Placide sont assez nombreux et il est inévitable, avant de poursuivre la discussion, d’ouvrir une parenthèse afin d’en exposer les grandes lignes. Les Glossae Placidi ont été rassemblés par Andreas Deverling, puis Georg Goetz dans le Corpus glossariorum latinorum (CGL), et enfin réédités, selon une autre approche par les Glossaria latina (Gloss. lat.) de Wallace Lindsay50. Quoiqu’il ne soit pas question de débattre outre mesure de l’attribution, ni de déterminer si ce Placide est aussi l’auteur du Commentum sur la Thébaïde de Stace ou celui des Narrationes fabularum ovidianarum, il n’est pas sans intérêt de remarquer que, de toutes les attributions, les plus fiables et les plus anciennes proviennent de la tradition des Glossae du Liber glossarum. Le titre trouvé dans les Libri Romani, qui mentionne Luctatii Placidi n’apparaît pas avant le xve siècle51, tandis que les gloses de Paris (BNF, ms. NAL 1298), provenant de Silos, ne portent aucune attribution et se trouvent mêlées à un glossaire qui descend d’une des sources du Liber glossarum52. D’autre part, excepté peut-être le Commentum, aucune des attributions à Luctantius Placidus ne semble fondée53. Il serait donc plus judicieux de considérer que le Placidus qui a compilé les Glossae n’est pas le même personnage que le Lactantius Placidus qui aurait confectionné le Commentum à la Thébaïde.

    54Ceci dit, revenons maintenant sur nos exemples précédents. La figure 4 indique pour chaque exemple le « statut » que les différents éditeurs leur ont donné.

    Figure 4 : Attributions variables à Placide

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    55Les entrées du Liber glossarum présentées ici, bien qu’elles offrent des explications parallèles probantes avec celles de la liste des GaN, attribuent celles-ci soit à Placide, soit à des gloses. Et sauf dans quelques cas d’erreurs évidentes (comme pour PA 841), les attributions données par le Liber glossarum demeurent fiables. Il semble donc bien y avoir deux canaux distincts – Placidi et de glossis, voire trois, si l’on compte Isidore – qui transmettent au Liber glossarum des matériaux originaires de la liste des GaN.

    56Les trois entrées figurent dans les GaN, mais, seule l’explication d’Epitheta viendrait de Placide, en raison de sa présence dans la tradition des manuscrits romains. Nous interprétons la variante mineure, propre au Liber glossarum EP 75 et aux GaN 54, non comme un ajout de leur part, mais bien comme la leçon complète de la glose de Placide. Dans ce cas, les copies du Vatican remontent à un texte qui avait supprimé – ou omis – la répétition des mots magnus et doctus. L’explication fournie par Isidore et reprise dans le Liber glossarum (EP 76) à la suite de celle de Placide montre une parenté avec l’explication de Placide/GaN. On remarquera toutefois qu’Isidore, qui a inversé la place des épithètes (magnus homo, doctus philosophus devenus magnus philosophus, doctus homo), propose l’interprétation adiectiua qui est absente de Placide (et du Lib. gl.), mais attestée par les GaN.

    57Cet exemple constitue un argument pour voir dans les GaN la source ultime d’Isidore à cet endroit – et non Placide. Selon nous, les GaN ne peuvent pas être une defloratio d’Isidore : si tel était le cas, comment expliquer l’inversion des épithètes par les GaN en accord avec Placide ?

    58D’autre part, l’argument selon lequel l’absence de la glose Liber glossarum PE 829 (= GaN 124) du glossaire Paris, BNF, ms. NAL 1298 et des « livres romains » suffirait à la rejeter dans les dubiae reste contestable – l’un est un glossaire des xe-xie siècles comprenant au moins huit sources54, les autres des copies tardives d’un même archétype qui déjà avait pu réaliser des retranchements – et son attestation dans les GaN tendrait plutôt à donner raison au Liber glossarum.

    59Un dernier point remarquable reste à évoquer. Les trois explications patronymica, Ctetica et Epitheta sont consécutives chez Isidore comme dans les GaN ; cependant, pour les patronymes, l’explication des GaN ne provient pas la définition d’Isidore. Cela semble étonnant, si l’on considère que les interprétations de GaN sont tirées d’Isidore, mais le phénomène s’explique sans mal en revanche, si l’on place les GaN en amont : la liste a fourni un canevas à Isidore, qui l’a développé et modifié.

    60Dans la mesure où il y a consensus sur le fait qu’Isidore a exploité ces Glossae Placidi55 et puisque celles-ci font partie du corpus rassemblé par le Liber glossarum, dont on sait qu’il se fonde sur des matériaux circulant en Espagne avant le viie siècle, il semble qu’il faille voir dans ces Glossae Placidi un produit de l’Espagne wisigothique des ve-vie siècles. Il en irait donc de même pour la liste des GaN. De plus, cette réévaluation des ascendances suggère que sa composition a dû se dérouler au plus tôt après la diffusion des gloses de Placide et au plus tard avant l’achèvement des Étymologies56.

    61En conclusion, suite à une étude de toutes les entrées du Liber glossarum qui semblaient remonter à la liste des GaN, il apparaît qu’aucune ne témoigne d’une utilisation directe de cette liste de vocabulaire. Les explications parallèles proviennent de deux sources intermédiaires : un recueil de gloses attribué à Placide et un glossaire espagnol qui avait enregistré les GaN et les gloses de Placide. À ces deux intermédiaires s’ajoute Isidore, utilisateur de la liste et de Placide.

    62Nous avons vu dans la première partie du chapitre l’importance du vocabulaire métalinguistique pour l’organisation même du discours grammatical, il n’est donc pas étonnant de voir que la terminologie a occupé une place de choix dans l’activité pédagogique. C’est ce dont témoignent plusieurs Hermeneumata (désormais Herm.) qui dressent des listes des « parties du discours » (partes orationis) et des désignations des cas.

    63La figure 5 offre la comparaison entre deux listes incluses dans les Herm. dits de Montpellier (HM) et les Herm. Stephani (HS) avec les passages parallèles dans les GaN.

    Figure 5 : Les partes orationis dans les Hermeneumata

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    Note 57.

    64Encore un indice pour affirmer que les compilateurs du Liber glossarum n’ont pas dépouillé eux même le GaN : aucun de ces termes grecs n’y figure. Pourtant si friand d’hellénismes, le Liber glossarum n’enregistre qu’un seul mot, dont l’explication est encore une fois attribuée à Placide :

    Lib. gl. SI 390 Placidi : Sindesmos – coniunctio. (Plac. ?)

    65Les listes HM et HS dans leurs parties consacrées à la grammaire, intitulées De institutione artis grammaticae (HM) ou De instructione artis grammaticae (HS), présentent une structure commune, mais comportent cependant des variations particulières, parfois conséquentes – par exemple, HM ne donne pas les noms des cas. Si l’on compare plus précisément la liste des partes et celle des casus – répétée deux fois différemment dans HS – avec celles correspondantes dans les GaN, il est possible d’observer que HM transmet l’ordre de type I dit ancien (voir la figure 3 en première partie) tandis que HS suit l’ordre grec – tel qu’il se trouve chez Priscien, type III –, avec articulus et sans interiectio. Contre toute attente, les GaN transmettent l’ordre récent qui se trouve chez Donat (type II) mais ajoute aussi l’article. Nous ne nous étendrons pas sur le double vocable pour l’interjection, mais il faut remarquer que παρένθεσις est propre à la grammaire de Dosithée (Dos. VIII. 14, 6 interiectio\παρένθεσις) et ne se trouve pas dans les Herm., ni dans les glossaires bilingues. Enfin, si l’on étend l’investigation à la liste donnée dans les annexes de la grammaire de Charisius, nous découvrons encore un ordre différent, certes apparenté au type I, mais qui constitue un sous-groupe, dans la mesure où praepositio précède adverbium58.

    Figure 6 : Les noms des cas dans les Hermeneumata

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    66La question de l’ordre des cas ne se pose pas, car les listes reflètent l’unanimité des grammairiens sur ce point. Il est remarquable cependant que le grec, qui ne comporte que cinq cas – comme le stipule la seconde liste dans HS –, s’est vu affublé d’un ablatif, malgré tout inclus dans HS(2), sur le modèle de Dosithée qui présente ce terme en tant qu’ablatif grec59.

    67Un détail montre toutefois que la dépendance aux Herm. dans cette section des GaN est peut-être moins immédiate, comme sous l’influence plus directe de Dosithée encore une fois : les désinences terminologiques ne sont pas celles du masculin, en usage dans les Herm., mais celles du féminin (comme chez Dosithée) qui se lisent aussi dans le grand glossaire bilingue dit Ps. Cyril., mais non translittéré60.

    Figure 7 : Les noms des cas dans les GaN et les glossaires du Ps. Cyril.

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    68Comme il est peu vraisemblable que ce glossaire ait été sollicité pour composer les GaN, il faut envisager qu’ils ont, avec le glossaire du Ps. Cyril., comme source commune et ultime Dosithée, ou du moins que les GaN ont pu adopter la terminologie de Dosithée en conservant la grille commune des Hermeneumata.

    69Le Liber glossarum adopte le même comportement que précédemment sur le thème des parties du discours : il n’a retenu de cette seconde liste qu’un unique terme, celui du nominatif61. En revanche, il comporte toutes les définitions d’Isidore (Étymologies, 1, 7, 31-32)62. Seul le cas génitif a reçu une explication supplémentaire (Liber glossarum GE 146 Genitiuus casus – status est, ut dicit Donatus), tirée d’un des glossaires espagnols aux sources du Liber glossarum63, comme en témoigne le glossaire de Silos, l’autre témoin indépendant de cette source64. On dénombre 24 entrées attribuées à De glossis appellant l’autorité de Donat – ut Donatus…, accompagnée ou non d’une citation –, dont la plupart se lisent aussi dans le glossaire de Silos, quand il n’est pas déficitaire65. Ces gloses de Silos, qui ont déjà enregisté la liste des GaN, confirment encore que les compilateurs du Liber glossarum n’ont pas été responsables de la collecte de ces matériaux divers.

    70Avec cette étude de cas, la liste (GaN), qui se devine derrière quelques explications du Liber glossarum fait en réalité apparaître un faisceau complexe de relations entre sources ultimes et intermédiaires. Cette complexité tient, entre autres, à ce que le matériel lexicographique remontant ultimement aux GaN a emprunté différents canaux et qu’il s’est trouvé intégré au Liber glossarum à travers les dossiers isidoriens – comportant les gloses de Placide et autres glossaires – qui lui ont servi de source immédiate.

    Les noms des cris d’animaux

    71La seconde liste que nous souhaitons évoquer ici présente un autre cas de traitement. L’exemple précédent montrait que des listes sources avaient été désarticulées par leur alphabétisation et refondues à travers divers canaux. Or contrairement à cette attitude largement justifiable lorsqu’il s’agit de composer un glossaire alphabétique, le Liber glossarum, contre toute attente, a conservé son unité à la liste tardo-antique rapportant les noms des cris d’animaux.

    72Cette fameuse liste des Voces variae animantium66 a longtemps été attribuée sans grand fondement à Suétone (ier-iie siècles), mais, vraisemblablement anonyme, elle a été transmise par différents relais : par le biais de Polemius Silvius (ve siècle, sud de la France) dans le calendrier de 448, connu par un unicum du xiie siècle67, mais aussi par Aldhelm de Canterbury (viie siècle) et bien d’autres. August Reifferscheid avait édité la liste d’Huguccio de Pise, en la considérant comme un fragment authentique des prata de Suétone68. Les plus anciennes versions, celle d’Aldhelm exceptée, ne sont pas alphabétisées et comportent en réalité deux listes mises bout à bout : celle des cris de volatiles et celle des cris de quadrupèdes. Et comme de coutume dans le cadre de la transmission de nos listes, la collation des Voces montre qu’il existe une multitude de versions. Celle d’Aldhelm – qui donne tauri et boues – remonte à une source commune avec celle du Liber glossarum – qui porte tauros pourtant Lib. gl., MV 14-15 – mais qui ne se trouve pas dans la courte liste de Polemius, qui a bos.

    73Ceci dit, le Liber glossarum a conservé l’intégrité de la liste et l’a fait figurer en seconde partie d’un article consacré à la Vox (Lib. gl., VO 167), attribué à un grammairien : Ex regula Foce gramma<tici>69. Il s’agit en réalité d’un montage de deux passages de l’Ars de Diomède70 entrecoupés par ce qui pourrait avoir été des gloses.

    74Lib. gl. VO 167. Ex regula Foce gramma : Vox – est spiritus tenuis auditus […] corporalium plerique testantur. – Nam uocem tam mutorum animalium quam hominum est (quam h. est P ] om. L) esse declarantes sic efferunt :

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    75Feras etiam proprias uoces habere pronuntiant :

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    76Cette transcription donne le texte du manuscrit P71 et il faut ajouter que, parmi la cinquantaine de manuscrits, toutes époques confondues, qui transmettent ce catalogue, le Liber glossarum en constitue l’un des plus anciens témoins.

    77Malgré des différences parfois marquées selon les versions, les listes de Voces se recoupent sur des détails qui permettent de déduire leurs origines communes. Parmi les témoignages anciens, celui d’Aldhelm se distingue nettement. Non seulement il alphabétise la liste, mais il l’augmente aussi de mots désignant d’autres cris72 ou des bruits d’inanimés73 – comme le tintement des pièces de monnaie, le « glouglou » (ou le « blibli » !) d’une amphore qui se vide, le claquement des armes, etc. – auxquels s’ajoutent le vagissement des nouveaux nés et le grondement de Jupiter74 !

    78Le thème de cette liste semble loin de la grammaire, cependant on lui prête une origine grammairienne car il s’agit d’une collection de passages littéraires répertoriant, à l’origine, des verbes ayant en commun la désignation des sons produits par des êtres vivants75.

    79La liste ajoutée au Liber glossarum s’apparente à celle d’Aldhelm mais leurs différences (noms des animaux au nominatif, verbes conjugués) font que tout au plus, elles remontent à une source commune. En revanche, la liste d’Hugutio montre qu’elle dépend en bonne partie de la même famille de listes que celle du Liber glossarum (verbes à l’infinitif, mais substantifs au génitif), car malgré des items en plus ou en moins, le vocabulaire est proche de celui du Liber glossarum (ciconiae, elephanti/-es, graculi, hirci, onagri sorices, turdi, ursi, vulpes).

    80Sur la question de son exploitation par les compilateurs, quelques entrées, comme Liber glossarum GA 102, ci-dessous, qui semble emprunté au catalogue des Voces (supra, Lib. gl. VO 167, 46-47), pourraient laisser entendre qu’elle a aussi été dépouillée en vue d’alphabétisation ; pourtant les exemples sont trop peu nombreux pour voir autre chose que des émanations de cette liste à travers d’autres intermédiaires. Cependant dans le cas de VO 167, sa composition en deux parties ne permet pas de déterminer si le catalogue figurait déjà à cet emplacement (dans un hypothétique article vox) de la chaîne grammaticale à l’origine de l’explication du Liber glossarum.

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    81Une seconde entrée du Liber glossarum offre encore une autre version de la liste des Voces. Elle cite Isidore, qui trouva dans une version abrégée de la liste l’occasion de rédiger une Differentia :

    Lib. gl. VA 70 Esidori : Vagire et mugire et cetera. — ita distinguitur. Infans uagit, ouis balat, bos mugit, equus innit, asinus rudit, leo rugit, elephans uarrit, sus grunnit, serpens siuilat, rana quaxasat, coruus coroccitat, grus arissat, miluus iugit, canis uaubat latrat, uulpis gannit. (Isid. diff. 225 [607]).

    Conclusion

    82Dans La grande histoire du latin, l’émergence de listes organisées en fonction de critères grammaticaux semble coïncider avec le mouvement de « “scientifisation” de la culture écrite76 ». Quoique les premières attestations de listes « grammaticales » remontent à la période tardo-antique, il est vraisemblable qu’elles ont eu des ancêtres plus anciens remontant eux-mêmes à des modèles grecs probablement d’époque hellénistique77.

    83L’exemple de la grammaire de Donat montre que les listes de vocabulaire métalinguistique se situent à la racine du discours grammatical de type artigraphique, jouant le rôle de colonne vertébrale sur laquelle viennent s’appuyer les définitions et les exemples d’attestations littéraires. En conséquence de quoi l’ordre des items d’une liste, telle que celle des parties du discours, reflète directement les doctrines sous-jacentes.

    84Ce type d’organisation classificatoire des notions se retrouve aussi étendu aux exemples à valeur paradigmatique que peuvent être les listes d’idiomata, car elles constituent des groupements thématiques réalisés en fonction de critères morphologiques et/ou syntaxiques. Or, de ce point de vue, les Synonyma occupent le troisième versant linguistique, puisque les listes de mots répondent à une organisation thématique relevant de leurs champs sémantiques.

    85L’étude du Liber glossarum et plus précisément de certaines de ses sources glossographiques permet d’illustrer la persistance des données traditionnelles en matière de grammaire. Néanmoins, les cas étudiés montrent aussi la souplesse des matériaux qui ont pu être soumis à différents traitements selon les besoins pédagogiques du moment. À ce titre, le Liber glossarum témoigne d’un phénomène courant : la propension de certaines listes à subir une alphabétisation. Il apparaît donc, dans la période chronologique envisagée, que les besoins en glossaires « généraux » – voire « encyclopédiques », dans le cas du Liber glossarum – se sont accrus, tandis que le mouvement inverse se produira plus tard au Moyen Âge quand le paysage des glossaires se diversifiera78.

    86Le tour d’horizon proposé ici sur le thème de la participation des listes dans la composition du Liber glossarum a montré que chacun des documents évoqués a reçu des attentions différentes, ou du moins, puisque l’histoire complexe de la composition même du Liber glossarum s’inscrit dans une durée longue, que ces listes lui ont été intégrées à des étapes différentes de sa création.

    87Le catalogue des Voces animantium a été inclus tel quel sous l’entrée vox composée à partir d’extraits de l’Ars de Diomède que le Liber glossarum a attribué à Phocas79. Dans ce cas, il est envisageable que la chaîne grammaticale à l’origine des extraits contenait déjà le catalogue qui semble assez bien intégré aux ajouts faits à Diomède. Outre les modifications que la liste des Voces a pu subir au cours de sa transmission depuis l’Antiquité, son traitement – l’intégration à un texte de grammaire – permet d’entrevoir une première piste de réponse quand il s’agit de déterminer le profit de ce choix. Les très nombreux contextes manuscrits dans lesquels apparaît la liste des Voces, souvent isolée au sein de compilations glossographiques ou affixée en annexe d’une œuvre, contrastent avec son intervention dans l’article du Liber glossarum. Ce choix ne semble pas revenir aux concepteurs du grand glossaire, qui ont vraisemblablement repris le passage d’une chaîne grammaticale. En revanche, les compilateurs de cette chaîne ont inclus la liste à dessein à la suite d’un développement qui reprend les distinctions de Diomède entre eloquium s’appliquant au langage humain, tinnitus au bruit provoqué par un objet manufacturé et sonus au son des corps physiques ou des phénomènes naturels80. Or, il est remarquable que la liste intervienne précisément pour étayer une nuance de sens, qui sert de transition avec l’extrait de Diomède et dont l’idée principale se rencontre chez Isidore de Séville à propos de la musique, à savoir que le terme vox désigne les sons émis par tous les êtres vivants81. Cette transition dans le Liber glossarum est constituée à la manière d’une differentia, d’un résumé du passage de Diomède qui le précède, enchaîné à une nuance que l’on lit chez Isidore :

    D’où ce n’est pas à tort que de très nombreux témoignages attestent que le langage est le propre des hommes, le tintement celui des inanimés et le son celui des corps physiques. Car ceux qui déclarent que l’émission de sons vocaux (vox) est autant le propre des animaux sauvages que celui des hommes, disent ainsi que l’aigle trompette (etc.)82.

    88Cette stratégie d’inclusion, qui a conservé à la liste son intégrité, se justifie aisément : la liste vient explicitement apporter comme éléments de preuve les attestations littéraires des différents vocables désignant les cris d’animaux, qui, n’étant pas des sons, sont rapprochés typologiquement du langage humain.

    89En outre, les quelques cris d’animaux qui se trouvent alphabétisés dans le Liber glossarum suggèrent que les compilateurs n’ont pas entrepris de dépouillement systématique de cette liste de Voces, au même titre que la liste des « mots relatifs à la grammaire » (les Grammaticae artis nomina).

    90Dans le cas de cette liste de vocabulaire métalinguistique, ses reliquats ont pu être hérités d’un glossaire antérieur qui l’avait déjà digérée. Il a pu se produire ensuite un dé-doublonnage au moment de la création du Liber glossarum, car il arrive fréquemment que des explications similaires aient été véhiculées par plusieurs sources. Quand des explications, quoique proches de celles des GaN, se trouvent aussi dans les gloses de Placide ou chez Isidore, le Liber glossarum propose tantôt l’une tantôt l’autre ou parfois les deux, de sorte qu’à l’instar de la liste des Voces animantium, il semble difficile d’imputer aux compilateurs le soin d’avoir dépouillé les GaN ; tout au plus ont-ils opéré une sélection dans les matériaux attachés aux dossiers isidoriens. En revanche, contrairement aux Voces, les GaN ont subi une alphabétisation au moment de leur intégration dans les glossaires – car la liste se retrouve dans les matériaux de plusieurs glossaires –, provocant l’émiettement des informations et entraînant des pertes.

    91Au terme de cette présentation d’une sélection de listes transmises dans le sillage des textes grammaticaux, il apparaît que la plupart doivent être considérées en tant que « listes traditionnelles » dans la mesure où elles ont été transmises au Moyen Âge par l’école tardo-antique. Les maîtres médiévaux ont exploité leurs matériaux en fonction des besoins en termes d’outils de référence, par exemple en vue de confectionner des glossaires, mais ils se sont aussi appliqués à les transmettre intégralement.

    92En raison du genre littéraire et de l’anonymat sous lequel circulent ce type de textes, les listes envisagées ici n’ont jamais cessé d’évoluer au gré des époques qu’elles ont traversées. Les Synonyma à cet égard font figure d’exception, car l’attribution prestigieuse à Cicéron dont ils se revendiquaient leur a valu une plus grande stabilité de transmission, mais ils n’ont pas échappé à la multiplication des recensions. Il est cependant remarquable que presque toutes ces listes ont bénéficié d’une double tradition – que l’on pourrait qualifier de directe et d’indirecte – : elles ont été transmises sous leur forme originale et en parallèle ont été dépouillées en vue d’extraire tout ou partie des matériaux qu’elles renfermaient.

    93Les différentes versions de ces listes, agrémentées d’entrées additionnelles ou omises – à dessin ou involontairement –, témoignent non seulement de leur utilisation durant plus d’un millénaire, mais montrent surtout qu’au cours de cette longue période, leur validité en tant qu’outil pédagogique n’a pas été remise en question, illustrant un phénomène de continuité bien marqué dans l’histoire des sciences du langage.

    94Les listes appartiennent donc à l’outillage du grammairien, en commençant par la première de toutes, celle des lettres de l’alphabet à l’histoire longue et mouvementée ; et, en raison de la place particulière du latin dans la culture occidentale, on peut se demander si l’organisation asyndétique83 de notions ou de realia – regroupés par thématiques, explicites ou non – n’aurait pas fourni un modèle méthodologique qui se serait étendu à d’autres usages que ceux initialement développés pour l’apprentissage linguistique.

    Annexe

    Annexe : Abréviations et éditions utilisées

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    Notes de bas de page

    1 Nous adressons nos sincères remerciements à Claire Angotti, Laura Kendrick et Pierre Chastang, organisateurs du deuxième atelier du projet « Le pouvoir des listes au Moyen Âge » (Polima), ainsi qu’à Laurent Feller.

    2 Il s’agit d’une enquête menée en « tâche de fond » dans le cadre du projet Libgloss-ERC dirigé par Anne Grondeux, dont l’objectif est une édition électronique intégrale du Liber glossarum (http://liber-glossarum.huma-num.fr/index.html). Voir par exemple : F. Cinato et A. Grondeux (dir.), L’activité lexicographique dans le haut Moyen Âge latin. Rencontre autour du Liber Glossarum (suite), Dossiers d’HEL, 8/2015, en ligne : http://htl.linguist.univ-paris-diderot.fr/num8/num8.html

    3 Ars minor Donati ; floruit, milieu du ive siècle (c. 310-† avant 380 ?) ; Louis Holtz, Donat et la tradition de l’enseignement grammatical. Étude sur l’Ars Donati et sa diffusion (ive-ixe siècle), et édition critique, Paris, CNRS Éditions, 1981 [2010], voir p. 15-23 et 37-46.

    4 Ibid., p. 61-62.

    5 Ibid., p. 49-50 ; Capitula artis, d’après ibid., p. 583 ; sur la division en deux editiones, ibid., p. 500-505.

    6 Ibid., p. 49.

    7 Ibid., p. 55.

    8 Ibid., p. 56.

    9 Ibid., p. 57.

    10 Ibid., p. 58-74, voir aussi p. 97.

    11 Ibid., p. 586, 19-24. La comparatio ne concerne que les « appellatifs de qualité ou de quantité » – qui sont pour nous les adjectifs comme grand, bon, etc.

    12 Partes orationis quot sunt ? Octo. — Quae ? Nomen, pronomen, uerbum, aduerbium, participium, coniunctio, praepositio, interiectio. Donat, Ars minor 1 (Don., p. 585, 5). Les références aux pages et aux lignes des textes citées renvoient aux éditions mentionnées en annexe, ici abrégées.

    13 Holtz, Donat…, op. cit., p. 65.

    14 S’il ne donne pas de liste comme Donat, on retrouve toutefois l’ordre des partes en suivant son plan : nomen, livres 2 à 7 ; verbum, livres 8-10 ; participium, livre 11 ; pronomen, livres 12-13 ; praepositio, livre 14 ; adverbium (et interiectio) livre 15 ; coniunctio, livre 16. Priscien discute du contexte théorique qui a guidé son agencement au chapitre De oratione à la fin du livre 2). Prisc. ars (GL 2, p. 54-55) : « partes igitur orationis sunt secundum dialecticos duae, nomen et uerbum, quia hae solae etiam per se coniunctae plenam faciunt orationem, alias autem partes syncategoremata, hoc est consignificantia, appellabant. Secundum stoicos uero quinque sunt eius partes : nomen, appellatio, uerbum, pronomen siue articulus, coniunctio. […] Quidam autem nouem dicebant esse partes orationis, appellationem addentes separatam a nominibus, alii etiam decem, infinita uerba seorsum partem ponentes, alii undecim, qui pronomina, quae non possunt adiungi articulis, per se numerabant […]. » « Pour les dialecticiens, il y a deux constituants de l’énoncé, le nom et le verbe, car ce sont les seuls qui, joints ensemble sans rien d’autre, forment un énoncé complet ; les autres parties, ils les appellent synkategoremata, c’est-à-dire consignificantia. », traduction reprise de A. Garcea, V. Lomanto, « Varron et Priscien : Autour des verbes Adsignificare et Consignificare », Histoire Épistémologie Langage, 25/2, 2003, p. 33-54, ici p. 47. La suite est notre proposition de traduction : « Cependant, selon les Stoïciens, ses constituants sont au nombre de cinq : nom (propre), nom (commun), verbe, pronom ou article, conjonction. […] Certains déclarent qu’il y a neuf constituants de l’énoncé en ajoutant le nom commun (appellatio) distinct des noms propres. D’autres en dénombrent dix considérant les formes infinitives des verbes comme un constituant à part entière ; ils sont au nombre de onze pour d’autres encore qui comptent les pronoms comme une catégorie distincte qui ne peut contenir les articles […]. » Voir également la liste des parties du discours annexée à la grammaire de Charisius, infra n. 58.

    15 Voir pour plus de précisions Holtz, Donat…, op. cit. et Garcea, Lomanto, « Varron et Priscien… », art. cité.

    16 Holtz, Donat…, op. cit., p. 107 : « [les tables] qui alourdissent les traités de Sacerdos, de Charisius, de Diomède, de Ps.-Probus figurent donc chez Donat dans l’Ars minor et ne sont pas répétés dans l’ars mai. II ».

    17 Bern, Burgerbibliothek, ms. 207, siglé B (et S*) dans Holtz, Donat…, op. cit. ; notice dans ibid., p. 361-364, voir également p. 453-462. Le manuscrit, auquel appartenaient les feuillets 1 à 24 du Paris, Bibliothèque nationale de France [BNF], ms. lat. 7520, est écrit en minuscule irlandaise continentale. Voir O. Homburger, Die illustrierten Handschriften der Burgerbibliothek Bern : die vorkarolingischen und karolingischen Handschriften, Berne, Burgerbibliothek, 1962, p. 32-39. Des changements de disposition du texte apparaissent aussi dans des listes d’exemples sur un manuscrit irlandais de Priscien du milieu du ixe siècle, le Sankt Gallen, Stiftsbibliothek, ms. 904.

    18 Dans Bern, Burgerbibliothek, ms. 207, le fol. 8 contient, avec cette mise en page particulière, Donat, Ars minor, p. 593, 13-22 : « Da declinationem uerbi actiui. Lego uerbum actiuum indicatiuo modo dictum temporis praesentis numeri singularis figurae simplicis personae primae coniugationis tertiae correptae, quod declinabitur sic : lego legis legit, et pluraliter legimus legitis legunt ; eodem modo tempore praeterito inperfecto legebam legebas legebat, et pluraliter legebamus legebatis legebant ; eodem modo tempore praeterito perfecto legi legisti legit, et pluraliter legimus legistis legerunt uel legere ; eodem modo tempore praeterito plus quam perfecto legeram legeras legerat, et pluraliter legeramus legeratis legerant ; eodem modo tempore futuro legam leges leget, et pluraliter legemus legetis legent. imperatiuo modo tempore praesenti ad secundam et tertiam personam […]. »

    19 Selon la conception sémiologique de Nicolas Beauzée (grammairien français du xviiie siècle) dans son article « Grammaire », édité dans S. Auroux, L’« encyclopédie », « grammaire » et « langage » au xviiie siècle, Tours, Mame, 1973.

    20 Flauii Sosipatri Charisii Artis grammaticae libri V, éd. par K. Barwick, Leipzig, B. G. Teubner, 1964 [2e éd.].

    21 Napoli, Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III, fondo principale, ms. IV A 8, fol. 1-39 (= N), copié en minuscule insulaire du viiie siècle, et provenant de Bobbio. Tous les témoins récents sont partiels. Voir H. Keil, GL 1, p. vii-xi ; K. Barwick, éd. citée et L. Holtz, « Sur les traces de Charisius », Varron, grammaire antique et stylistique latine. Mélanges offerts à Jean Collart, Paris, Belles Lettres, 1978, p. 225-233.

    22 De idiomatibus (Char., p. 379 et suiv.). Voir par exemple Char., p. 381, 26-382, 3 : « Idiomata genetiui casus : uenit mihi in mentem huius rei, patiens sum laboris, taedet me huius hominis, miseret me tui, misereor tui, doleo uicem tui et uicem tuam, piget me huius rei, similis sum tui, pudet me amoris. »

    23 De differentiis (Char., p. 387 et suiv.). Par exemple Char., p. 393, 3-11 : « Delubrum et sacellum et templum et lucum et fanum et bidental. delubrum, in quo homines pericula sua deluunt ; ponunt sacellum paruulum aedificium diis consecratum : templum in loco augurato : lucus locus fulmine ictus et arborum spissitate tectus : fanum Fauno consecratum, unde Fauni appellabantur prius et illi qui uagabantur fanatici : bidental locus fulmine tactus et expiatus oue ; bidentes enim oues appellantur. »

    24 De latinitate (Char., p. 404 et suiv.). Char., p. 404, 2-4 : « Ardua res. anima tua quod cupit. antiquae uetustatis instar. abdomini natus. antiquitus traditum. auaritiam prae se fert. aere alieno onustus et aggrauatus. »

    25 Glossulae multifariae idem significantes (Char., p. 408 et suiv.). Char., p. 408, 26-27 : « Ad hoc negotium non accedo. abstineo me hac re. non interuenio huic rei. non adiungo me negotio. »

    26 Synonyma Ciceronis ordine litterarum conposita (Char., p. 412 et suiv.), qui débutent ainsi (Char., p. 412, 19 et suiv., la numérotation est la mienne) : « 1. Amor. ardor. aestus. alacritas. cupido. desiderium. 2. Amicitia. societas. commercium. hospitium. pax. foedus. ius iurandum. fides. religio. indutiae. leges. condiciones. pactiones. exceptiones. conuentiones. transactiones. 3. Amor. adfectus. affectio. caritas. pietas. 4. Ab exordio, ab initio, etc. »

    27 Idiomata nominatiua quae per genera efferuntur (Char., p. 450 et suiv.). Char., p. 450, 2-6 : « Quae apud Latinos masculina, apud Graecos feminina sunt : hic aduentus ἡ παρουσία. accentus ἡ προσῳδία ἄρσις. arcus ψαλίς, ἁψίς. » Une portion de ces idiomata se lisent dans une version différente dans le Paris, BNF, ms. lat. 7530 (= P) ; ils remontent à une origine commune. À propos de ce De idiomatibus generum (GL 4, p. 573 et suiv.), voir H. Nettleship, « Part of the excerpta Charisii and the fragment De idiomatibus, elocutionibus, differentiis, synonymis generum printed in the fourth volume of Keil’s Grammatici Latini », Journal of Philology, 15, 1886, p. 27-28. À propos du ms. P, voir l’étude de L. Holtz, « Le parisinus latinus 7530, synthèse cassinienne des arts libéraux », Studi Medievali, 16, 1975, p. 97-152 et Id., « Sur les traces de Charisius », art. cité, p. 231.

    28 Verba actiua quae passiua uoce primi ordinis efferuntur in quibus… (Char., p. 464) ; uerba quae uoce tantum actiua proferuntur Latine, apud Graecos autem (Char., p. 468, 1) ; uerba quae declinatione actiua tam apud Graecos quam apud Latinos (Char., p. 468, 30) ; uerba quae apud Latinos actiue proferuntur (Char., p. 469, 8). Char., p. 464, 1-8 : « Verba actiua quae passiua uoce primi ordinis efferuntur in quibus etiam quaedam communia sunt : adulor adulatus sum. auersor auersatus sum. aemulor aemulatus sum. aesculor χαλκολογῶ aesculatus sum. alogior alogiatus sum. altercor ἀλογεύομαι ἀμφιλογῶ altercatus sum.

    29 Verba quae praepositionibus additis aliam significationem habent (Char., p. 469, 21). Char., p. 469, 23-25 : « moueo. commoueo. remoueo. admoueo. circummoueo. transmoueo. demoueo. ago. adigo. indigo. perago. transigo. fundo. refundo. circumfundo. »

    30 Omnes orationis partes sunt hae (Char., p. 470, 5). Char., p. 470, 6-11 : « Omnes orationis partes sunt hae : nomen ὄνομα. pronomen ἀντωνυμία. articulus ἄρθρον. appellatio προσηγορία. uocabulum quod supra. proprium κύριον. appellatiuum προσηγορία. uerbum ῥῆμα. participium μετοχή. praepositio πρόθεσις. aduerbium ἐπίρρημα. prouerbium παροιμία. coniunctio σύνδεσμος copulatio quod supra. simplex ἁπλοῦν. conplexiuum συμπλεκτικόν. »

    31 Verba actiua coniugationis primae (Char., p. 470, 22). Char., p. 470, 23-24 : « coniugationis primae ausculto. adglutino. aprico ἡλιάζω. adopto. animo. »

    32 Voir par exemple, le cas du traité du Pseudo-Caper étudié par P. De Paolis, « Le croci di un editore : alcuni problemi di critica testuale nel De orthographia dello Ps. Capro », Incontri di filologica classica, 13, 2013-2014, p. 21-47.

    33 Voir en particulier, A. Della Casa, « Les glossaires et les traités de grammaire du Moyen Âge », dans Y. Lefèvre (dir.), La lexicographie du latin médiéval et ses rapports avec les recherches actuelles sur la civilisation du Moyen Âge. Paris 18-21 octobre 1978, Paris, CNRS Éditions (Colloques internationaux du Centre National de la Recherche Scientifique 589), 1981, p. 35-46 ; F. Biville, « “Bassus id est grassus”,“bissum quod integrum significat” (Martyrius, GL 7, 176, 14 et 177, 9). Glossaires latins et lexiques romans », dans E. Casanova Herrero, C. Calvo Rigual (dir.), Actas del XXVI Congreso Internacional de Lingüística y de Filología Románicas, Valence, De Gruyter, 2013, t. 4, p. 493-503 ; B. Rochette, « Vtriusque sermonis cognatio. La lexicographie bilingue à la fin de l’Antiquité », dans L. Martorelli (dir.), Greco antico nell’Occidente carolingio. Frammenti di testi attici nell’Ars di Prisciano, Hildesheim/Zurich/New York, G. Olms (Spudasmata, 159), 2014, p. 3-31.

    34 Voir aussi B. Munk Olsen, L’étude des auteurs classiques latins aux xie et xiie siècles, Paris, CNRS Éditions, 1982, t. 1, p. 133-134 et 340-350 pour un survol de la tradition manuscrite des Synonyma Ciceronis (une trentaine de manuscrits pour les viiie-xe siècles). Voir Goetz, CGL 1, p. 78-79 ; G. L. Mahne, M. Tullii Ciceronis quae vulgo feruntur Synonyma ad Lucium Veturium, Leyde, 1850-1851 (édition de 1850 à partir de l’édition romaine de 1487 et édition de 1851 à partir de l’édition parisienne de 1583). Lexicographica II. Synonyma Ciceronis (Arba, humus), éd. par P. Gatti, Gênes, Darficlet, 1993 ; Synonyma Ciceronis. La raccolta accusat, lacessit, éd. par P. Gatti, Trente, Università degli studi di Trento, 1994. E. Steinova, « Carolingian Critters IV: Leiden, Universiteitsbibliotheek, BPL 67F. A Peep Into the Workshop of a “Text Engineer” », Mittelalter. Interdisziplinäre Forschung und Rezeptionsgeschichte, 30, 2014, en ligne : http://mittelalter.hypotheses.org/2929#_ftn18

    35 Voir par exemple un panorama récent par B. Rochette, « Vtriusque sermonis… », art. cité, et surtout A. C. Dionisotti, « Greek Grammars and Dictionaries in Carolingian Europe », dans S. A. Brown, M. W. Herren (dir.), The Sacred Nectar of the Greeks. The Study of Greek in the West in the Early Middle Ages, Londres, King’s College, 1988, p. 1-56, ainsi que plus généralement W. Berschin, Greek Letters and the Latin Middle Ages from Jerome to Nicholas of Cusa, Washington, Catholic University of America Press, 1988 (éd. revue et augmentée et traduction anglaise de J. C. Frakes).

    36 Édités par Goetz, du CGL 3 ; certaines portions ont été rééditées par E. Dickey, The Colloquia of the Hermeneumata Pseudodositheana, vol. 1, Colloquia Monacensia-Einsidlensia, Leidense-Stephani, and Stephani, Cambridge, Cambridge University Press, 2012. Voir A. Boucherie, « Étude sur les Hermèneumata du ms. 306 de la bibliothèque de l’École de Médecine de Montpellier », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,1868, p. 270-277 ; M. Gayraud, « L’apprentissage du grec et du latin dans l’empire romain d’après un manuscrit de la Bibliothèque Universitaire de Montpellier », Séance publique du 1er février 2010, Académie des sciences et lettres de Montpellier, 2010, en ligne : http://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/GAYRAUD-2010-0.pdf, qui montre bien comment l’assemblage des textes (lexiques et exercices variés) dans le Montpellier ms. H 306 répond à la progression scolaire de l’école du grammairien à celle du rhéteur. Voir aussi R. Ferri, The Latin of Roman Lexicography, Pise, F. Serra, 2011 ; E. Tagliaferrro, « Gli ‘Hermeneumata’. Testi scolastici di età imperiale tra innovazione e conservazione », dans M. S. Celentano (dir.), Ars / Techne. Il manuale tecnico nelle civiltà greca et romana. Atti del convegno internazionale università ‘G.d’Annunzio’ di Chieti, Pescara 29-30 ottobre 2001, Alessandria, Ed. dell’Orso, 2004, p. 51-77.

    37 On consultera Dionisotti, Id., « Greek Grammars… », art. cité, et Id., « On the Nature and Transmission of the Latin Glossaries », dans J. Hamesse (dir.), Les manuscrits des lexiques et glossaires, de l’Antiquité tardive à la fin du Moyen Âge. Actes du colloque international organisé par le “Ettore Majorana Centre for Scientific Culture” (Erice, 23-30 septembre 1994), Louvain-la-Neuve, Fédération internationale des instituts d’études médiévales, 1996, p. 205-252, ainsi que C. Buridan, « Lexicographie et glossographie médiévales. Esquisse de bilan et perspectives de recherches », Lexique, 4, 1986, p. 9-46, en particulier p. 10-23 qui proposait « une typologie des ouvrages lexicographiques médiévaux » très intéressante.

    38 Voir les conclusions du projet éditorial dirigé par Anne Grondeux, dans A. Grondeux (dir.), Le Liber glossarum (s. VII-VIII) : Composition, sources, réception, Dossiers d’HEL 10, 2016, en ligne : http://htl.linguist.univ-paris-diderot.fr/hel/dossiers/numero10, ainsi que l’édition numérique (Liber glossarum digital edition) : http://liber-glossarum.huma-num.fr/. F. Cinato et A. Grondeux, « Nouvelles hypothèses sur l’origine du Liber glossarum », Archivium Latinitatis Medii Aevi, 76 (à paraître).

    39 Une troisième liste, celle des Synonyma Ciceronis, sera étudiée séparément à l’occasion d’un article à paraître.

    40 Les trois plus anciens témoins sont tous du viiie siècle : Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, ms. Guelf. Weiss. 86, fol. 145 (Tours ; saec. viii med.) = W ; Paris, BNF, ms. lat. 7530, fol. 145-146 (Mont-Cassin ; saec. viii ex.) = P ; Berlin, Staatsbibliothek Preußischer Kulturbesitz, ms. Diez. B Sant. 66, p. 349 (Italie ? ; saec. viii ex.) = B.

    41 H. Gneuss, « A Grammarian’s Greek-Latin Glossary in Anglo-Saxon England », dans D. Gray, T. Hoad (dir.), From Anglo-Saxon to Early Middle English: Studies Presented to E. G. Stanley, M. Godden, Oxford, Clarendon Press, 1994, p. 60-86, dont nous conservons la numérotation dans les exemples qui vont suivre.

    42 London, British Library, ms. Harley 3826, fol. 150-152v (Grande-Bretagne, Abingdon ? ; saec. xe 3/4 uel xie 1/4).

    43 Séminaire du Centre for Antique, Medieval and Pre-modern Studies organisé par Pádraic Moran, National University of Ireland, Galway, que nous remercions.

    44 Voir A. Grondeux, « Le traitement des “autorités” dans le Liber glossarum (s. viii) », Eruditio antiqua, 7, 2015, p. 71-95, en ligne : http://www.eruditio-antiqua.mom.fr/

    45 Ars Iuliani Toletani episcopi. Una gramatica latina en la España visigoda, éd. par M. Maestre Yenes, Tolède, Instituto Provincial de Investigaciones y Estudios Toledanos, 1973 : p. 23, l. 356 : « da aliud nomen quod ex plurimis partibus sit conpositum : Esidorus : e praepositio est, si coniunctio est, do uerbum est, rus nomen est » ; p. 34, l. 17-20 : « sicut si dicas mihi : quis scripsit etymologias ? dico : Esidorus. ecce dictum nomen Esidori ; et res quae factae sunt et quis fecisset ostendo. item dicis mihi : synonyma quis ? dico : ipse. ecce tultum nomen Esidori, positum pronomen ipse. » Cette graphie est celle qui se lit dans les incipits des œuvres d’Isidore, par exemple, Paris, BNF, ms. lat. 2824, les Homiliae (viiie siècle) dans une écriture de Corbie, fol. 53 : Domino sancto ac reverentissimo fratri Horosio Esidorus. Quaedam notissima ; Orléans, Bibliothèque municipale [BM], ms. 185 (vita vel obitus sanctorum) : Domno sancto ac reverantissimo fratri Horosio Esidorus (Fleury, première moitié du ixe siècle) ; ou lorsqu’il s’agit de citer ou copier des passages de ses œuvres, comme dans le Reims, Bibliothèque Carnegie, ms. 789, fol. 1 : Esidori in libro Offitiorum. De tonsura. (saec. ix), ou encore Paris, BNF, ms. lat. 14088, fol. 88v : De poetis Esidori (saec. ix) ; aussi dans Tours, BM, ms. 556, fol. 63v (saec. ix) « Episcopus nomen a greco dictum, os in us convertens, quod latine superspeculator sive superintensor dicitur. Esidorus ait : Episcopus quidem intensio est… » À ces témoignages, de nombreux autres pourraient s’ajouter ; rappelons seulement pour le domaine irlandais la mention des Annales de Tigernach : « Usque ad hunc annum Esidorus scribsit cronicon suum, ita dicens … », en ligne : https://celt.ucc.ie/published/G100002/index.html. Il semble donc que l’usage graphique Esidorus se soit répandu et généralisé dans le sillage des textes wisigothiques.

    46 Anne Grondeux – que nous remercions vivement pour ses suggestions et pour nous avoir permis de consulter son article en cours de rédaction – a montré qu’il s’agit là d’un phénomène récurrent dans le Liber glossarum qui a affecté l’archétype : certaines mentions de sources (les tags) se sont vus décalés, en avance ou en retard par rapport à la séquence des lemmes ; voir A. Grondeux, « Le traitement des “autorités”… », art. cité.

    47 Prisc. ars (GL 2, p. 563, 9) : « ut ab Aenea Aeneius » ; et à deux reprises dans ses partitiones : Prisc. part. 80, 16 : « possessiuum Aeneius Aeneia Aeneium » ; Prisc. part. 99, 14-20 : « quamuis enim possessoris proprium nomen significet tamen omnis possessio eius commune hoc nomen potest habere, ut Aeneia mater Aeneia mensa Aeneia facies Aeneia manus Aeneia nutrix Aeneius ager Aeneius filius Aeneius ensis Aeneium lumen Aeneium munus Aeneium regnum. »

    48 A. Grondeux, « Le traitement des “autorités”… », art. cité, p. 83.

    49 La forme normale (ou attendue) du patronyme grec est celle qui se lit chez Clément Scot : Clementis Ars grammatica, éd. par J. R. R. Tolkien, Dieterich, Leipzig (Philologus, supplement, 20/3), 1928, p. 1-109, ici p. 29, 13-15 : « Patronymica dicuntur eo, quod trahuntur a patribus ut Tydides Tydei filius, Aeneades Aeneae filius, quamuis a matribus et a maioribus ducantur. » Clément Scott cite textuellement Isidore en corrigeant seulement le mot en question en remplaçant la forme Aeneius (forme de dérivation latine) par Aeneades (grecque attendue), telle qu’elle se trouve dans l’Ars Bernensis : « et omnia patronomica in es desinentia primae sunt declinationis, ut hic Aeneades huius Aeneadae, hoc est Aeneae filius : sic hic Anchisiades, hoc est Anchisae filius » (ars Bern, GL 8, p. 97, 20).

    50 Le peu que nous connaissons de Placide a été exposé par R. A. Kaster, Guardians of Language: The grammarians and Society in Late Antiquity, Berkeley, University of California Press, 1988, p. 341-342 ; voir H. Dahlmann, « Placidus », Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, 20/2, 1950, col. 1937-1944 ; voir aussi les introductions aux trois plus récentes éditions des gloses de Placide : la première, Luctatii Placidi grammatici Glossae, éd. par A. Deverling, Leipzig, Teubner, 1875 et Id., Glossae quae Placido non adscribuntur nisi in libro glossarum, Munich, Straub, 1876 ; la deuxième, CGL 5, 1894, p. 3-158, peut être qualifiée de « conservative », car Goetz a publié trois groupes de gloses, en fonction de ses témoins (CGL 5, Placidus librorum Romanorum, p. 3-43 [= Plac. Rom.] ; Placidus Libri glossarum, p. 43-104 [= Plac. lib. gl.] ; Placidus codicis Parisini, p. 104-158 [= Plac. lib. par.]) ; à l’inverse, la dernière en date, Glossaria Latina, vol. 4, éd. par J. W. Pirie, W. M. Lindsay, Paris, Les Belles-Lettres, 1930, p. 3-70 (p. 5-10, préface en latin) a adopté une approche « reconstructive », selon la méthode chère à Lindsay, car elle distribue (tacitement) les matériaux en trois groupes de gloses, celles authentiques, les douteuses et celles du Pseudo-Placide (Gloss. lat. 4 : I Glossae Placidi grammatici, p. 12-35 [= Plac.] ; II Glossae dubiae et spuriae ex glossario Ansileubi, p. 36-51 [= dub. Plac.] ; III Pseudo-Placidi glossae, p. 52-70 [= ps.-Plac.]). L’intention de Wallace Lindsay était de mettre en évidence les deux couches de gloses attribuées à Placide, mais ce qui revenait en somme à réévaluer l’édition bipartie d’Andreas Deverling.

    51 Les gloses de la tradition des libri romani sont transmises principalement par trois manuscrits des xve et xvie siècles : Città del Vaticano, ms. vat. lat. 1552 et 3441 du xve siècle et ms. vat. lat. 5216 du xvie siècle, mais qui descendent tous du même archétype (voir CGL 5, p. xi). Le titre donné par Deverling : Glossae Luctatii Placidi grammatici in Plauti comoedias ne se trouvait que sur le codex Corsianus perdu ; les autres portent simplement la mention glossae Placidi grammatici.

    52 Voir C. Codoñer, « Los glosarios hispánicos y su posible relación con el Liber glossarum », dans P. F. Alberto, D. Paniagua (dir.), Ways of Approaching Knowledge in Late Antiquity and the Early Middle Ages: Schools and Scholarship, Nordhausen, Bautz, 2012, p. 11-39 et F. Cinato, « Le “Goth” Ansileubus,… », art. cité ; le Paris, BnF, ms. NAL 1298 (= Sil.), saec. x/xi copié en écriture wisigothique à Silos est le glossaire que Lindsay nommait « PP » (qu’il signale sous la cote erronée 2698, voir Gloss. lat. 1, p. 12) ; voir la notice de M. C. Vivancos, Glosas y notas marginales de los manuscritos visigoticos del monasterio de Santo Domingo de Silos, Milenario del Nacimiento de Santo Domingo de Silos (1000-2000), Santo Domingo de Silos, Abadia de Silos, 1996, p. 73-78.

    53 Sur le Commentum Lactantii (sur Stace, Thébaïde) et les Narrationes fabularum ovidianarum voir B. Munk Olsen, L’étude des auteurs classiques au xie et xiie siècles, t. 4, partie 1, La réception de la littérature classique. Travaux philologiques, Paris, CNRS Éditions, 2009, p. 38-39, 92, 103-104, qui donne la bibliographie relative à ces deux commentaires. L’attribution du Commentum, réédité récemment par Sweeney, repose sur une glose et a pu servir de source pour la confection a posteriori de l’incipit : Lactantii Placidi in Statii Thebaida commentum, éd. par R. D. Sweeney, vol. 1, Anonymi in Statii Achilleida commentum. Fulgentii ut fingitur Planciadis super Thebaiden commentoriolum, Stuttgart/Leipzig, Teubner, 1997 ; elle reste faible et Birger Munk Olsen semble rejeter l’attribution (Munk Olsen, L’étude des auteurs classiques…, op. cit., p. 6 et 26). Tandis que l’attribution à Lactantius des Narrationes serait conservée « par convention » (ibid., p. 24 et 92).

    54 Voir J. F. Mountford, « The Paris ‘Placidus’ », Archivum Latinitatis Medii Aevi, 1, 1924, p. 31-49. La structure complexe du glossaire permet d’observer deux couches bien distinctes : les gloses de Placide (alphabétisées sur les deux premières lettres) et les autres gloses bénéficiant d’une alphabétisation élevée et constituant la portion majoritaire.

    55 Voir J. Fontaine, Isidore de Séville et la culture classique dans l’Espagne wisigothique, Paris, 1983 [1re éd. 1959], p. 572.

    56 On pourrait considérer aussi le glossaire Abstrusa comme un possible terminus ante quem, quoique, dans son cas, la situation demande encore un examen plus poussé, dans la mesure où Abstr. pourrait être considéré, au même titre que les gloses de Placide, comme une source possible des GaN et non l’inverse.

    57 Il y a ici une curieuse relation entre HS et GaN, car problema dans GaN précède immédiatement prothesis (attendu ici dans HS) ; GaN, 12 Problema questio. 12a Prothesis praepositio.

    58 La liste complète donnée dans le « livre 5 » de Charisius (Char., p. 470) est celle-ci : « Omnes orationis partes sunt hae : nomen ὄνομα. pronomen ἀντωνυμία. articulus ἄρθρον. appellatio προσηγορία. uocabulum quod supra. proprium κύριον. appellatiuum προσηγορία. uerbum ῥῆμα. participium μετοχή. praepositio πρόθεσις. aduerbium ἐπίρρημα. prouerbium παροιμία. coniunctio σύνδεσμος copulatio quod supra. simplex ἁπλοῦν. conplexiuum συμπλεκτικόν. causatiuum αἰτιολογικόν. separatiuum διαζευκτικόν. absolutiuum ἀπολυτικόν. comparatiuum συνκριτικόν. superlatiuum ὑπερθετικόν. suppletiuum ἀναπληρωματικόν. accentus προσῳδία. acuta ὀξεῖα. grauis βαρεῖα. correpta συνστελλομένη. producta ἐκτεινομένη. circumducta περισπωμένη. longa μακρά. breuis βραχεῖα. collisio συνκοπή. defectio ἀποκοπή. proratio ἀναλογία. coniugatio συνζυγία. interiectio σχετλιασμός. consonans σύμφωνον. uocalis φωνᾶεν. qualitas ποιότης. muta littera ἄφωνον. »

    59 Voir Dosithée. Grammaire latine, éd. par G. Bonnet, Paris, Les Belles Lettres, 2005 : Dos. IX. 18, 1-2 (ici p. 35) ; voir p. xxxi, les ms. de cette grammaire comportent aussi des idiomata et autres listes verbales en annexe.

    60 Ps-Cyril. CGL 2, p. 213-484.

    61 Lib. gl., ON 28 Onomas<ti>ke – nominatiuus.

    62 Lib. gl., AB 203 Ablatiuus casus ; AC 386 Accusatiuus casus ; DA 164 Esidori : Datiuus casus ; GE 145 Esidori : Genitiuus casus ; NO 111 Nominatiuus casus ; VO 21 Esidori : Vocatiuus casus.

    63 Ce glossaire avait été considéré comme étant un « Abstrusa plenior » par J. F. Mountford, « The Paris “Placidus” », art. cité.

    64 Le Paris, BnF, ms. NAL 1298 (= Sil. éd. CGL 5) est déficitaire du début ainsi que de la fin et ses premiers folios sont endommagés, toutefois les éditeurs du CGL 5 avaient pu lire le lemme : 5, 106.5 genitibus cas…

    65 Lib. gl., AG 200 Agrippa ; CA 289 Capellae ; CA 638 De glosis : Caractere [characteres] ; CA 697 Caribdis [Charybdis] ; CE 188 De glosis : Celeus ; CO 2148 Corbos [-bes] ; CO 86 Coetu ; DE 780 Demum ; EV 233 De glosis : Eurus ; FR 262 Frugi ; GR 195 Gripes [grypes] (cf. Sil. 106.39) ; IN 1195 Inpandum [infandum] ; LE 138 Lenociniis ; LE 343 Leuia (cf. Sil. 112.31) ; LV 69 De glosis : Lucifer (= Sil. 114.4) ; NA 53 Napee [napaeae] ; NO 270 Notios et Borios ; OB 97 Obest (= Sil. 123.14) ; PA 253 Pancaia [-ch-] (cf. Sil. 128.41) ; SE 343 De glosis : sensa … Donatus grammaticus ait … (= Sil. 149.2) ; SE 526 De glosis : Seria (= Sil. 149.14) ; TR 107 Tranas [trahas] ; TR 506 Truditur ; VT 22 Vterus … ut Donatus gramaticus ait. On notera encore que de nombreuses gloses comportant la structure lemme + explication + citations poétiques de Virgile, Lucain, Statius – dont le nom a presque chaque fois été écorché en stant, d’après une abréviation mal lue sur l’archétype stat- ou sta-, etc. – se rattachent à ce type de gloses héritées du glossaire espagnol dont Sil. en constitue une version abrégée et le Lib. gl. une version fortement augmentée.

    66 Parmi une bibliographie importante, nous rappellerons surtout pour notre sujet : A. Cizek, « La place des voces animantium dans les écrits grammaticaux et poétiques antiques et médiolatins », PRIS-MA, 22/1-2, 2006, p. 19-50 ; D. T. Benediktson, « Polemius Silvius’ Voces Varie Animancium and Related Catalogues of Animal Sounds », Mnemosyne, 53, 2000, p. 71-79 ; M. Marcovich, « Voces animantium and Suetonius », Ziva Antika, 21, 1971, p. 399-416, surtout p. 409-414 ; W. Wackernagel, Voces variae animantium, Bâle, 1869, principalement p. 44-47. Et plus largement : U. Eco, R. Lambertini et al., « Latratus Canis », dans L’uomo di fronte al mondo animale nell’alto medioevo, Settimane di studio del centro italiano di studi sull’alto medioevo, 7-13 aprile 1983, vol. 2, Spolète, Presso la Sede del Centro, 1985, p. 1182-1225. Ajoutons que le catalogue a connu des versions versifiées : voir plusieurs petits poèmes, comme le De philomela (éd. Anth. lat.) ; elle apparaît aussi dans quelques manuscrits du Graecismus d’Évrard de Béthune (début xiiie siècle ?) (éd. par Wrobel, Breslau, Koebner, 1887, 19, 32-41. Voir Th. Benediktson, « ‘Ut balatus ouis sic est rugire leonis’: Medieval Composition and Modern Editing », Wiener Studien, 117, 2004, p. 225-232, spéc. p. 232 ; et Konrad von Mure, Novus Grecismus, éd. par A. N. Cizek, Munich, W. Fink, 2009. Voir encore d’autres mentions de versifications dans Cl.-Ch. Pierquin de Gembloux, Idiomologie des animaux : ou recherches historiques, anatomiques, physiologiques, philologiques, et glossologiques sur le langage des bêtes, Paris, À la tour de Babel, 1844, p. 123 et suiv.

    67 Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. 10615-10729.

    68 Suetonius Tranquillus praeter Caesarum Libros Reliquiae, éd. par A. C. Reifferscheid, Leipzig, B. G. Teubner, 1860 [réimpr. New York, Hildesheim, 1971], p. 247-254, 308-312, frg. 161 De naturis animantium leonum est fremere … ranarum coaxare. Coruorum …

    69 Voir l’étude détaillée d’A. Grondeux, « L’entrée uox du Liber glossarum. Les sources et leur mise en œuvre », dans A. Zucker (dir.), Encyclopédire. Formes de l’ambition encyclopédique de l’Antiquité au Moyen Âge, Turnhout, Brepols (collection d’études médiévales de Nice, 14), 2013, p. 259-274.

    70 Diom. Ars, 2.1 (GL 1, 420.9-10 et 420.17-21).

    71 Paris, BNF, ms. lat. 11530, fin du viiie siècle ; voir l’édition critique sur le site de l’édition numérique du Liber glossarum : http://liber-glossarum.huma-num.fr/

    72 Par exemple, Aldhemus, epistola ad Acircium de metris et aenigmatibus ac pedum regulis, éd. par R. Ehwald, Aldhelmi opera (MGH Auct. Ant. 15), Berlin, 1919, p. 59-204 ; ici p. 180, 6 et 180, 8: gallinae cacillant ; hienae hirriunt, etc.

    73 Sa liste comporte 74 entrées alphabétisées sur la première lettre, contre 53 dans le Lib. gl. qui n’a pas connu ou retenu la liste des bruits, ne les considérant pas comme des sons vocaux (voces), mais plutôt comme des soni.

    74 Voir Aldhelm., ibid., p. 180, 1-2 : arma crepant, aes tinnit, amfora profusa bilibit ; 180, 8-9 : Iuppiter tonat, ut fabulae fingunt, infantes uagiunt, etc.

    75 Voir Cizek, « La place des voces… », art. cité, p. 24-25.

    76 Voir, au sujet de cette scientifisation, J. Leonhardt, La grande histoire du latin des origines à nos jours, trad. par B. Vacher, Paris, CNRS Éditions, 2010, p. 175.

    77 Les listes de mots existent dans la tradition grammaticale grecque, comme l’attestent les papyrii conservés, dont certains sont datés du ii-ie siècles av. J.-C., voir K. McNamee, Annotations in Greek and Latin Texts from Egypt, Chippenham, American Society of Papyrologists, 2007, p. 19, 35 et 54. Il va sans dire, rappelons-le simplement, que les plus anciennes listes lexicographiques apparaissent au sein de la culture sumérienne ; voir sur ce point Cl. Boisson, P. Kirtchuk et H. Béjoint, « Aux origines de la lexicographie : les premiers dictionnaires monolingues et bilingues », International Journal of lexicography, 4/4, 1991, p. 261-315, spécialement p. 262-267 au sujet de la Mésopotamie et p. 283-284 pour le domaine gréco-latin ; en revanche, à propos de l’Europe, p. 284-285, les auteurs ont malheureusement négligé les productions du haut Moyen Âge, omettant d’interroger les matériaux médio-latins, qui allaient pourtant dans le sens de leur thèse.

    78 Le haut Moyen Âge a connu des glossaires « spéciaux », notamment médicaux, mais la tendance principale demeure la confection de glossaires « philologiques » accueillant le vocabulaire de plusieurs disciplines. Le Liber glossarum reste cependant un cas à part, puisqu’il consiste en la refonte alphabétique de plusieurs florilèges d’auteurs autour d’un squelette fait de glossaires.

    79 Grondeux, « L’entrée uox…», art. cité, p. 266-268.

    80 Le début de l’entrée VO 167 du Lib. gl. reprend sans changement un passage du chapitre De voce de Diomède (GL 1, p. 420, 17-21).

    81 Isid. Etym., 3, 20, 2 : « Proprie autem uox hominum est, seu inrationabilium animantium. Nam in aliis abusiue non proprie sonitum uocem uocari » (« Mais aussi la voix est le propre des hommes ou des animaux sauvages, car dans les autres cas abusivement, il est inapproprié d’appeler voix un son ») qui se lit encore dans le Lib. gl. MV 340 Musicae. On peut observer peut-être une coïncidence avec l’opinion de Priscien, qui affirme, au chapitre de la signification de certains verbes sans voix passive : « car ils [les verbes sans passif] parlent d’eux et à eux, ce qui est le propre des êtres animés à qui la nature a donné un langage » (Prisc. ars, GL 2, 375.18-19 : « hae enim de se et ad se loquuntur, quod est suum animantium, quibus natura sermonem dedit »).

    82 Lib. gl., VO 167 : « Vnde non inmerito eloquium hominum, tinnitum inmobilium sonitum corporalium plerique testantur. Nam uocem tam mutorum animalium quam hominum esse declarantes sic efferunt Aquilas clangere… » À cet endroit le Lib. gl. présente quelques problèmes textuels résolus ainsi : « inmobilium A ] inmolbilium L P || quam hominum P D ] om. LA || esse LA D ] est esse P. » En outre, on relèvera un petit écueil terminologique, immobilis a été traduit par « inanimé », guidé par le sens en sous-entendant res, car le mot latin en question désigne habituellement dans les grammaires la qualité invariable de certains noms.

    83 L’adjectif « asyndétique » qualifie plus justement que « paratactique » une énumération sans conjonction, selon les distinctions opérées par E. Buyssens, « Juxtaposition, parataxe et asyndète », La linguistique, 10/2, 1974, p. 19-24, spécialement p. 23-24.

    Auteur

    Franck Cinato

    Laboratoire HTL (UMR 7597) CNRS

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    1 Nous adressons nos sincères remerciements à Claire Angotti, Laura Kendrick et Pierre Chastang, organisateurs du deuxième atelier du projet « Le pouvoir des listes au Moyen Âge » (Polima), ainsi qu’à Laurent Feller.

    2 Il s’agit d’une enquête menée en « tâche de fond » dans le cadre du projet Libgloss-ERC dirigé par Anne Grondeux, dont l’objectif est une édition électronique intégrale du Liber glossarum (http://liber-glossarum.huma-num.fr/index.html). Voir par exemple : F. Cinato et A. Grondeux (dir.), L’activité lexicographique dans le haut Moyen Âge latin. Rencontre autour du Liber Glossarum (suite), Dossiers d’HEL, 8/2015, en ligne : http://htl.linguist.univ-paris-diderot.fr/num8/num8.html

    3 Ars minor Donati ; floruit, milieu du ive siècle (c. 310-† avant 380 ?) ; Louis Holtz, Donat et la tradition de l’enseignement grammatical. Étude sur l’Ars Donati et sa diffusion (ive-ixe siècle), et édition critique, Paris, CNRS Éditions, 1981 [2010], voir p. 15-23 et 37-46.

    4 Ibid., p. 61-62.

    5 Ibid., p. 49-50 ; Capitula artis, d’après ibid., p. 583 ; sur la division en deux editiones, ibid., p. 500-505.

    6 Ibid., p. 49.

    7 Ibid., p. 55.

    8 Ibid., p. 56.

    9 Ibid., p. 57.

    10 Ibid., p. 58-74, voir aussi p. 97.

    11 Ibid., p. 586, 19-24. La comparatio ne concerne que les « appellatifs de qualité ou de quantité » – qui sont pour nous les adjectifs comme grand, bon, etc.

    12 Partes orationis quot sunt ? Octo. — Quae ? Nomen, pronomen, uerbum, aduerbium, participium, coniunctio, praepositio, interiectio. Donat, Ars minor 1 (Don., p. 585, 5). Les références aux pages et aux lignes des textes citées renvoient aux éditions mentionnées en annexe, ici abrégées.

    13 Holtz, Donat…, op. cit., p. 65.

    14 S’il ne donne pas de liste comme Donat, on retrouve toutefois l’ordre des partes en suivant son plan : nomen, livres 2 à 7 ; verbum, livres 8-10 ; participium, livre 11 ; pronomen, livres 12-13 ; praepositio, livre 14 ; adverbium (et interiectio) livre 15 ; coniunctio, livre 16. Priscien discute du contexte théorique qui a guidé son agencement au chapitre De oratione à la fin du livre 2). Prisc. ars (GL 2, p. 54-55) : « partes igitur orationis sunt secundum dialecticos duae, nomen et uerbum, quia hae solae etiam per se coniunctae plenam faciunt orationem, alias autem partes syncategoremata, hoc est consignificantia, appellabant. Secundum stoicos uero quinque sunt eius partes : nomen, appellatio, uerbum, pronomen siue articulus, coniunctio. […] Quidam autem nouem dicebant esse partes orationis, appellationem addentes separatam a nominibus, alii etiam decem, infinita uerba seorsum partem ponentes, alii undecim, qui pronomina, quae non possunt adiungi articulis, per se numerabant […]. » « Pour les dialecticiens, il y a deux constituants de l’énoncé, le nom et le verbe, car ce sont les seuls qui, joints ensemble sans rien d’autre, forment un énoncé complet ; les autres parties, ils les appellent synkategoremata, c’est-à-dire consignificantia. », traduction reprise de A. Garcea, V. Lomanto, « Varron et Priscien : Autour des verbes Adsignificare et Consignificare », Histoire Épistémologie Langage, 25/2, 2003, p. 33-54, ici p. 47. La suite est notre proposition de traduction : « Cependant, selon les Stoïciens, ses constituants sont au nombre de cinq : nom (propre), nom (commun), verbe, pronom ou article, conjonction. […] Certains déclarent qu’il y a neuf constituants de l’énoncé en ajoutant le nom commun (appellatio) distinct des noms propres. D’autres en dénombrent dix considérant les formes infinitives des verbes comme un constituant à part entière ; ils sont au nombre de onze pour d’autres encore qui comptent les pronoms comme une catégorie distincte qui ne peut contenir les articles […]. » Voir également la liste des parties du discours annexée à la grammaire de Charisius, infra n. 58.

    15 Voir pour plus de précisions Holtz, Donat…, op. cit. et Garcea, Lomanto, « Varron et Priscien… », art. cité.

    16 Holtz, Donat…, op. cit., p. 107 : « [les tables] qui alourdissent les traités de Sacerdos, de Charisius, de Diomède, de Ps.-Probus figurent donc chez Donat dans l’Ars minor et ne sont pas répétés dans l’ars mai. II ».

    17 Bern, Burgerbibliothek, ms. 207, siglé B (et S*) dans Holtz, Donat…, op. cit. ; notice dans ibid., p. 361-364, voir également p. 453-462. Le manuscrit, auquel appartenaient les feuillets 1 à 24 du Paris, Bibliothèque nationale de France [BNF], ms. lat. 7520, est écrit en minuscule irlandaise continentale. Voir O. Homburger, Die illustrierten Handschriften der Burgerbibliothek Bern : die vorkarolingischen und karolingischen Handschriften, Berne, Burgerbibliothek, 1962, p. 32-39. Des changements de disposition du texte apparaissent aussi dans des listes d’exemples sur un manuscrit irlandais de Priscien du milieu du ixe siècle, le Sankt Gallen, Stiftsbibliothek, ms. 904.

    18 Dans Bern, Burgerbibliothek, ms. 207, le fol. 8 contient, avec cette mise en page particulière, Donat, Ars minor, p. 593, 13-22 : « Da declinationem uerbi actiui. Lego uerbum actiuum indicatiuo modo dictum temporis praesentis numeri singularis figurae simplicis personae primae coniugationis tertiae correptae, quod declinabitur sic : lego legis legit, et pluraliter legimus legitis legunt ; eodem modo tempore praeterito inperfecto legebam legebas legebat, et pluraliter legebamus legebatis legebant ; eodem modo tempore praeterito perfecto legi legisti legit, et pluraliter legimus legistis legerunt uel legere ; eodem modo tempore praeterito plus quam perfecto legeram legeras legerat, et pluraliter legeramus legeratis legerant ; eodem modo tempore futuro legam leges leget, et pluraliter legemus legetis legent. imperatiuo modo tempore praesenti ad secundam et tertiam personam […]. »

    19 Selon la conception sémiologique de Nicolas Beauzée (grammairien français du xviiie siècle) dans son article « Grammaire », édité dans S. Auroux, L’« encyclopédie », « grammaire » et « langage » au xviiie siècle, Tours, Mame, 1973.

    20 Flauii Sosipatri Charisii Artis grammaticae libri V, éd. par K. Barwick, Leipzig, B. G. Teubner, 1964 [2e éd.].

    21 Napoli, Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III, fondo principale, ms. IV A 8, fol. 1-39 (= N), copié en minuscule insulaire du viiie siècle, et provenant de Bobbio. Tous les témoins récents sont partiels. Voir H. Keil, GL 1, p. vii-xi ; K. Barwick, éd. citée et L. Holtz, « Sur les traces de Charisius », Varron, grammaire antique et stylistique latine. Mélanges offerts à Jean Collart, Paris, Belles Lettres, 1978, p. 225-233.

    22 De idiomatibus (Char., p. 379 et suiv.). Voir par exemple Char., p. 381, 26-382, 3 : « Idiomata genetiui casus : uenit mihi in mentem huius rei, patiens sum laboris, taedet me huius hominis, miseret me tui, misereor tui, doleo uicem tui et uicem tuam, piget me huius rei, similis sum tui, pudet me amoris. »

    23 De differentiis (Char., p. 387 et suiv.). Par exemple Char., p. 393, 3-11 : « Delubrum et sacellum et templum et lucum et fanum et bidental. delubrum, in quo homines pericula sua deluunt ; ponunt sacellum paruulum aedificium diis consecratum : templum in loco augurato : lucus locus fulmine ictus et arborum spissitate tectus : fanum Fauno consecratum, unde Fauni appellabantur prius et illi qui uagabantur fanatici : bidental locus fulmine tactus et expiatus oue ; bidentes enim oues appellantur. »

    24 De latinitate (Char., p. 404 et suiv.). Char., p. 404, 2-4 : « Ardua res. anima tua quod cupit. antiquae uetustatis instar. abdomini natus. antiquitus traditum. auaritiam prae se fert. aere alieno onustus et aggrauatus. »

    25 Glossulae multifariae idem significantes (Char., p. 408 et suiv.). Char., p. 408, 26-27 : « Ad hoc negotium non accedo. abstineo me hac re. non interuenio huic rei. non adiungo me negotio. »

    26 Synonyma Ciceronis ordine litterarum conposita (Char., p. 412 et suiv.), qui débutent ainsi (Char., p. 412, 19 et suiv., la numérotation est la mienne) : « 1. Amor. ardor. aestus. alacritas. cupido. desiderium. 2. Amicitia. societas. commercium. hospitium. pax. foedus. ius iurandum. fides. religio. indutiae. leges. condiciones. pactiones. exceptiones. conuentiones. transactiones. 3. Amor. adfectus. affectio. caritas. pietas. 4. Ab exordio, ab initio, etc. »

    27 Idiomata nominatiua quae per genera efferuntur (Char., p. 450 et suiv.). Char., p. 450, 2-6 : « Quae apud Latinos masculina, apud Graecos feminina sunt : hic aduentus ἡ παρουσία. accentus ἡ προσῳδία ἄρσις. arcus ψαλίς, ἁψίς. » Une portion de ces idiomata se lisent dans une version différente dans le Paris, BNF, ms. lat. 7530 (= P) ; ils remontent à une origine commune. À propos de ce De idiomatibus generum (GL 4, p. 573 et suiv.), voir H. Nettleship, « Part of the excerpta Charisii and the fragment De idiomatibus, elocutionibus, differentiis, synonymis generum printed in the fourth volume of Keil’s Grammatici Latini », Journal of Philology, 15, 1886, p. 27-28. À propos du ms. P, voir l’étude de L. Holtz, « Le parisinus latinus 7530, synthèse cassinienne des arts libéraux », Studi Medievali, 16, 1975, p. 97-152 et Id., « Sur les traces de Charisius », art. cité, p. 231.

    28 Verba actiua quae passiua uoce primi ordinis efferuntur in quibus… (Char., p. 464) ; uerba quae uoce tantum actiua proferuntur Latine, apud Graecos autem (Char., p. 468, 1) ; uerba quae declinatione actiua tam apud Graecos quam apud Latinos (Char., p. 468, 30) ; uerba quae apud Latinos actiue proferuntur (Char., p. 469, 8). Char., p. 464, 1-8 : « Verba actiua quae passiua uoce primi ordinis efferuntur in quibus etiam quaedam communia sunt : adulor adulatus sum. auersor auersatus sum. aemulor aemulatus sum. aesculor χαλκολογῶ aesculatus sum. alogior alogiatus sum. altercor ἀλογεύομαι ἀμφιλογῶ altercatus sum.

    29 Verba quae praepositionibus additis aliam significationem habent (Char., p. 469, 21). Char., p. 469, 23-25 : « moueo. commoueo. remoueo. admoueo. circummoueo. transmoueo. demoueo. ago. adigo. indigo. perago. transigo. fundo. refundo. circumfundo. »

    30 Omnes orationis partes sunt hae (Char., p. 470, 5). Char., p. 470, 6-11 : « Omnes orationis partes sunt hae : nomen ὄνομα. pronomen ἀντωνυμία. articulus ἄρθρον. appellatio προσηγορία. uocabulum quod supra. proprium κύριον. appellatiuum προσηγορία. uerbum ῥῆμα. participium μετοχή. praepositio πρόθεσις. aduerbium ἐπίρρημα. prouerbium παροιμία. coniunctio σύνδεσμος copulatio quod supra. simplex ἁπλοῦν. conplexiuum συμπλεκτικόν. »

    31 Verba actiua coniugationis primae (Char., p. 470, 22). Char., p. 470, 23-24 : « coniugationis primae ausculto. adglutino. aprico ἡλιάζω. adopto. animo. »

    32 Voir par exemple, le cas du traité du Pseudo-Caper étudié par P. De Paolis, « Le croci di un editore : alcuni problemi di critica testuale nel De orthographia dello Ps. Capro », Incontri di filologica classica, 13, 2013-2014, p. 21-47.

    33 Voir en particulier, A. Della Casa, « Les glossaires et les traités de grammaire du Moyen Âge », dans Y. Lefèvre (dir.), La lexicographie du latin médiéval et ses rapports avec les recherches actuelles sur la civilisation du Moyen Âge. Paris 18-21 octobre 1978, Paris, CNRS Éditions (Colloques internationaux du Centre National de la Recherche Scientifique 589), 1981, p. 35-46 ; F. Biville, « “Bassus id est grassus”,“bissum quod integrum significat” (Martyrius, GL 7, 176, 14 et 177, 9). Glossaires latins et lexiques romans », dans E. Casanova Herrero, C. Calvo Rigual (dir.), Actas del XXVI Congreso Internacional de Lingüística y de Filología Románicas, Valence, De Gruyter, 2013, t. 4, p. 493-503 ; B. Rochette, « Vtriusque sermonis cognatio. La lexicographie bilingue à la fin de l’Antiquité », dans L. Martorelli (dir.), Greco antico nell’Occidente carolingio. Frammenti di testi attici nell’Ars di Prisciano, Hildesheim/Zurich/New York, G. Olms (Spudasmata, 159), 2014, p. 3-31.

    34 Voir aussi B. Munk Olsen, L’étude des auteurs classiques latins aux xie et xiie siècles, Paris, CNRS Éditions, 1982, t. 1, p. 133-134 et 340-350 pour un survol de la tradition manuscrite des Synonyma Ciceronis (une trentaine de manuscrits pour les viiie-xe siècles). Voir Goetz, CGL 1, p. 78-79 ; G. L. Mahne, M. Tullii Ciceronis quae vulgo feruntur Synonyma ad Lucium Veturium, Leyde, 1850-1851 (édition de 1850 à partir de l’édition romaine de 1487 et édition de 1851 à partir de l’édition parisienne de 1583). Lexicographica II. Synonyma Ciceronis (Arba, humus), éd. par P. Gatti, Gênes, Darficlet, 1993 ; Synonyma Ciceronis. La raccolta accusat, lacessit, éd. par P. Gatti, Trente, Università degli studi di Trento, 1994. E. Steinova, « Carolingian Critters IV: Leiden, Universiteitsbibliotheek, BPL 67F. A Peep Into the Workshop of a “Text Engineer” », Mittelalter. Interdisziplinäre Forschung und Rezeptionsgeschichte, 30, 2014, en ligne : http://mittelalter.hypotheses.org/2929#_ftn18

    35 Voir par exemple un panorama récent par B. Rochette, « Vtriusque sermonis… », art. cité, et surtout A. C. Dionisotti, « Greek Grammars and Dictionaries in Carolingian Europe », dans S. A. Brown, M. W. Herren (dir.), The Sacred Nectar of the Greeks. The Study of Greek in the West in the Early Middle Ages, Londres, King’s College, 1988, p. 1-56, ainsi que plus généralement W. Berschin, Greek Letters and the Latin Middle Ages from Jerome to Nicholas of Cusa, Washington, Catholic University of America Press, 1988 (éd. revue et augmentée et traduction anglaise de J. C. Frakes).

    36 Édités par Goetz, du CGL 3 ; certaines portions ont été rééditées par E. Dickey, The Colloquia of the Hermeneumata Pseudodositheana, vol. 1, Colloquia Monacensia-Einsidlensia, Leidense-Stephani, and Stephani, Cambridge, Cambridge University Press, 2012. Voir A. Boucherie, « Étude sur les Hermèneumata du ms. 306 de la bibliothèque de l’École de Médecine de Montpellier », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,1868, p. 270-277 ; M. Gayraud, « L’apprentissage du grec et du latin dans l’empire romain d’après un manuscrit de la Bibliothèque Universitaire de Montpellier », Séance publique du 1er février 2010, Académie des sciences et lettres de Montpellier, 2010, en ligne : http://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/GAYRAUD-2010-0.pdf, qui montre bien comment l’assemblage des textes (lexiques et exercices variés) dans le Montpellier ms. H 306 répond à la progression scolaire de l’école du grammairien à celle du rhéteur. Voir aussi R. Ferri, The Latin of Roman Lexicography, Pise, F. Serra, 2011 ; E. Tagliaferrro, « Gli ‘Hermeneumata’. Testi scolastici di età imperiale tra innovazione e conservazione », dans M. S. Celentano (dir.), Ars / Techne. Il manuale tecnico nelle civiltà greca et romana. Atti del convegno internazionale università ‘G.d’Annunzio’ di Chieti, Pescara 29-30 ottobre 2001, Alessandria, Ed. dell’Orso, 2004, p. 51-77.

    37 On consultera Dionisotti, Id., « Greek Grammars… », art. cité, et Id., « On the Nature and Transmission of the Latin Glossaries », dans J. Hamesse (dir.), Les manuscrits des lexiques et glossaires, de l’Antiquité tardive à la fin du Moyen Âge. Actes du colloque international organisé par le “Ettore Majorana Centre for Scientific Culture” (Erice, 23-30 septembre 1994), Louvain-la-Neuve, Fédération internationale des instituts d’études médiévales, 1996, p. 205-252, ainsi que C. Buridan, « Lexicographie et glossographie médiévales. Esquisse de bilan et perspectives de recherches », Lexique, 4, 1986, p. 9-46, en particulier p. 10-23 qui proposait « une typologie des ouvrages lexicographiques médiévaux » très intéressante.

    38 Voir les conclusions du projet éditorial dirigé par Anne Grondeux, dans A. Grondeux (dir.), Le Liber glossarum (s. VII-VIII) : Composition, sources, réception, Dossiers d’HEL 10, 2016, en ligne : http://htl.linguist.univ-paris-diderot.fr/hel/dossiers/numero10, ainsi que l’édition numérique (Liber glossarum digital edition) : http://liber-glossarum.huma-num.fr/. F. Cinato et A. Grondeux, « Nouvelles hypothèses sur l’origine du Liber glossarum », Archivium Latinitatis Medii Aevi, 76 (à paraître).

    39 Une troisième liste, celle des Synonyma Ciceronis, sera étudiée séparément à l’occasion d’un article à paraître.

    40 Les trois plus anciens témoins sont tous du viiie siècle : Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, ms. Guelf. Weiss. 86, fol. 145 (Tours ; saec. viii med.) = W ; Paris, BNF, ms. lat. 7530, fol. 145-146 (Mont-Cassin ; saec. viii ex.) = P ; Berlin, Staatsbibliothek Preußischer Kulturbesitz, ms. Diez. B Sant. 66, p. 349 (Italie ? ; saec. viii ex.) = B.

    41 H. Gneuss, « A Grammarian’s Greek-Latin Glossary in Anglo-Saxon England », dans D. Gray, T. Hoad (dir.), From Anglo-Saxon to Early Middle English: Studies Presented to E. G. Stanley, M. Godden, Oxford, Clarendon Press, 1994, p. 60-86, dont nous conservons la numérotation dans les exemples qui vont suivre.

    42 London, British Library, ms. Harley 3826, fol. 150-152v (Grande-Bretagne, Abingdon ? ; saec. xe 3/4 uel xie 1/4).

    43 Séminaire du Centre for Antique, Medieval and Pre-modern Studies organisé par Pádraic Moran, National University of Ireland, Galway, que nous remercions.

    44 Voir A. Grondeux, « Le traitement des “autorités” dans le Liber glossarum (s. viii) », Eruditio antiqua, 7, 2015, p. 71-95, en ligne : http://www.eruditio-antiqua.mom.fr/

    45 Ars Iuliani Toletani episcopi. Una gramatica latina en la España visigoda, éd. par M. Maestre Yenes, Tolède, Instituto Provincial de Investigaciones y Estudios Toledanos, 1973 : p. 23, l. 356 : « da aliud nomen quod ex plurimis partibus sit conpositum : Esidorus : e praepositio est, si coniunctio est, do uerbum est, rus nomen est » ; p. 34, l. 17-20 : « sicut si dicas mihi : quis scripsit etymologias ? dico : Esidorus. ecce dictum nomen Esidori ; et res quae factae sunt et quis fecisset ostendo. item dicis mihi : synonyma quis ? dico : ipse. ecce tultum nomen Esidori, positum pronomen ipse. » Cette graphie est celle qui se lit dans les incipits des œuvres d’Isidore, par exemple, Paris, BNF, ms. lat. 2824, les Homiliae (viiie siècle) dans une écriture de Corbie, fol. 53 : Domino sancto ac reverentissimo fratri Horosio Esidorus. Quaedam notissima ; Orléans, Bibliothèque municipale [BM], ms. 185 (vita vel obitus sanctorum) : Domno sancto ac reverantissimo fratri Horosio Esidorus (Fleury, première moitié du ixe siècle) ; ou lorsqu’il s’agit de citer ou copier des passages de ses œuvres, comme dans le Reims, Bibliothèque Carnegie, ms. 789, fol. 1 : Esidori in libro Offitiorum. De tonsura. (saec. ix), ou encore Paris, BNF, ms. lat. 14088, fol. 88v : De poetis Esidori (saec. ix) ; aussi dans Tours, BM, ms. 556, fol. 63v (saec. ix) « Episcopus nomen a greco dictum, os in us convertens, quod latine superspeculator sive superintensor dicitur. Esidorus ait : Episcopus quidem intensio est… » À ces témoignages, de nombreux autres pourraient s’ajouter ; rappelons seulement pour le domaine irlandais la mention des Annales de Tigernach : « Usque ad hunc annum Esidorus scribsit cronicon suum, ita dicens … », en ligne : https://celt.ucc.ie/published/G100002/index.html. Il semble donc que l’usage graphique Esidorus se soit répandu et généralisé dans le sillage des textes wisigothiques.

    46 Anne Grondeux – que nous remercions vivement pour ses suggestions et pour nous avoir permis de consulter son article en cours de rédaction – a montré qu’il s’agit là d’un phénomène récurrent dans le Liber glossarum qui a affecté l’archétype : certaines mentions de sources (les tags) se sont vus décalés, en avance ou en retard par rapport à la séquence des lemmes ; voir A. Grondeux, « Le traitement des “autorités”… », art. cité.

    47 Prisc. ars (GL 2, p. 563, 9) : « ut ab Aenea Aeneius » ; et à deux reprises dans ses partitiones : Prisc. part. 80, 16 : « possessiuum Aeneius Aeneia Aeneium » ; Prisc. part. 99, 14-20 : « quamuis enim possessoris proprium nomen significet tamen omnis possessio eius commune hoc nomen potest habere, ut Aeneia mater Aeneia mensa Aeneia facies Aeneia manus Aeneia nutrix Aeneius ager Aeneius filius Aeneius ensis Aeneium lumen Aeneium munus Aeneium regnum. »

    48 A. Grondeux, « Le traitement des “autorités”… », art. cité, p. 83.

    49 La forme normale (ou attendue) du patronyme grec est celle qui se lit chez Clément Scot : Clementis Ars grammatica, éd. par J. R. R. Tolkien, Dieterich, Leipzig (Philologus, supplement, 20/3), 1928, p. 1-109, ici p. 29, 13-15 : « Patronymica dicuntur eo, quod trahuntur a patribus ut Tydides Tydei filius, Aeneades Aeneae filius, quamuis a matribus et a maioribus ducantur. » Clément Scott cite textuellement Isidore en corrigeant seulement le mot en question en remplaçant la forme Aeneius (forme de dérivation latine) par Aeneades (grecque attendue), telle qu’elle se trouve dans l’Ars Bernensis : « et omnia patronomica in es desinentia primae sunt declinationis, ut hic Aeneades huius Aeneadae, hoc est Aeneae filius : sic hic Anchisiades, hoc est Anchisae filius » (ars Bern, GL 8, p. 97, 20).

    50 Le peu que nous connaissons de Placide a été exposé par R. A. Kaster, Guardians of Language: The grammarians and Society in Late Antiquity, Berkeley, University of California Press, 1988, p. 341-342 ; voir H. Dahlmann, « Placidus », Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, 20/2, 1950, col. 1937-1944 ; voir aussi les introductions aux trois plus récentes éditions des gloses de Placide : la première, Luctatii Placidi grammatici Glossae, éd. par A. Deverling, Leipzig, Teubner, 1875 et Id., Glossae quae Placido non adscribuntur nisi in libro glossarum, Munich, Straub, 1876 ; la deuxième, CGL 5, 1894, p. 3-158, peut être qualifiée de « conservative », car Goetz a publié trois groupes de gloses, en fonction de ses témoins (CGL 5, Placidus librorum Romanorum, p. 3-43 [= Plac. Rom.] ; Placidus Libri glossarum, p. 43-104 [= Plac. lib. gl.] ; Placidus codicis Parisini, p. 104-158 [= Plac. lib. par.]) ; à l’inverse, la dernière en date, Glossaria Latina, vol. 4, éd. par J. W. Pirie, W. M. Lindsay, Paris, Les Belles-Lettres, 1930, p. 3-70 (p. 5-10, préface en latin) a adopté une approche « reconstructive », selon la méthode chère à Lindsay, car elle distribue (tacitement) les matériaux en trois groupes de gloses, celles authentiques, les douteuses et celles du Pseudo-Placide (Gloss. lat. 4 : I Glossae Placidi grammatici, p. 12-35 [= Plac.] ; II Glossae dubiae et spuriae ex glossario Ansileubi, p. 36-51 [= dub. Plac.] ; III Pseudo-Placidi glossae, p. 52-70 [= ps.-Plac.]). L’intention de Wallace Lindsay était de mettre en évidence les deux couches de gloses attribuées à Placide, mais ce qui revenait en somme à réévaluer l’édition bipartie d’Andreas Deverling.

    51 Les gloses de la tradition des libri romani sont transmises principalement par trois manuscrits des xve et xvie siècles : Città del Vaticano, ms. vat. lat. 1552 et 3441 du xve siècle et ms. vat. lat. 5216 du xvie siècle, mais qui descendent tous du même archétype (voir CGL 5, p. xi). Le titre donné par Deverling : Glossae Luctatii Placidi grammatici in Plauti comoedias ne se trouvait que sur le codex Corsianus perdu ; les autres portent simplement la mention glossae Placidi grammatici.

    52 Voir C. Codoñer, « Los glosarios hispánicos y su posible relación con el Liber glossarum », dans P. F. Alberto, D. Paniagua (dir.), Ways of Approaching Knowledge in Late Antiquity and the Early Middle Ages: Schools and Scholarship, Nordhausen, Bautz, 2012, p. 11-39 et F. Cinato, « Le “Goth” Ansileubus,… », art. cité ; le Paris, BnF, ms. NAL 1298 (= Sil.), saec. x/xi copié en écriture wisigothique à Silos est le glossaire que Lindsay nommait « PP » (qu’il signale sous la cote erronée 2698, voir Gloss. lat. 1, p. 12) ; voir la notice de M. C. Vivancos, Glosas y notas marginales de los manuscritos visigoticos del monasterio de Santo Domingo de Silos, Milenario del Nacimiento de Santo Domingo de Silos (1000-2000), Santo Domingo de Silos, Abadia de Silos, 1996, p. 73-78.

    53 Sur le Commentum Lactantii (sur Stace, Thébaïde) et les Narrationes fabularum ovidianarum voir B. Munk Olsen, L’étude des auteurs classiques au xie et xiie siècles, t. 4, partie 1, La réception de la littérature classique. Travaux philologiques, Paris, CNRS Éditions, 2009, p. 38-39, 92, 103-104, qui donne la bibliographie relative à ces deux commentaires. L’attribution du Commentum, réédité récemment par Sweeney, repose sur une glose et a pu servir de source pour la confection a posteriori de l’incipit : Lactantii Placidi in Statii Thebaida commentum, éd. par R. D. Sweeney, vol. 1, Anonymi in Statii Achilleida commentum. Fulgentii ut fingitur Planciadis super Thebaiden commentoriolum, Stuttgart/Leipzig, Teubner, 1997 ; elle reste faible et Birger Munk Olsen semble rejeter l’attribution (Munk Olsen, L’étude des auteurs classiques…, op. cit., p. 6 et 26). Tandis que l’attribution à Lactantius des Narrationes serait conservée « par convention » (ibid., p. 24 et 92).

    54 Voir J. F. Mountford, « The Paris ‘Placidus’ », Archivum Latinitatis Medii Aevi, 1, 1924, p. 31-49. La structure complexe du glossaire permet d’observer deux couches bien distinctes : les gloses de Placide (alphabétisées sur les deux premières lettres) et les autres gloses bénéficiant d’une alphabétisation élevée et constituant la portion majoritaire.

    55 Voir J. Fontaine, Isidore de Séville et la culture classique dans l’Espagne wisigothique, Paris, 1983 [1re éd. 1959], p. 572.

    56 On pourrait considérer aussi le glossaire Abstrusa comme un possible terminus ante quem, quoique, dans son cas, la situation demande encore un examen plus poussé, dans la mesure où Abstr. pourrait être considéré, au même titre que les gloses de Placide, comme une source possible des GaN et non l’inverse.

    57 Il y a ici une curieuse relation entre HS et GaN, car problema dans GaN précède immédiatement prothesis (attendu ici dans HS) ; GaN, 12 Problema questio. 12a Prothesis praepositio.

    58 La liste complète donnée dans le « livre 5 » de Charisius (Char., p. 470) est celle-ci : « Omnes orationis partes sunt hae : nomen ὄνομα. pronomen ἀντωνυμία. articulus ἄρθρον. appellatio προσηγορία. uocabulum quod supra. proprium κύριον. appellatiuum προσηγορία. uerbum ῥῆμα. participium μετοχή. praepositio πρόθεσις. aduerbium ἐπίρρημα. prouerbium παροιμία. coniunctio σύνδεσμος copulatio quod supra. simplex ἁπλοῦν. conplexiuum συμπλεκτικόν. causatiuum αἰτιολογικόν. separatiuum διαζευκτικόν. absolutiuum ἀπολυτικόν. comparatiuum συνκριτικόν. superlatiuum ὑπερθετικόν. suppletiuum ἀναπληρωματικόν. accentus προσῳδία. acuta ὀξεῖα. grauis βαρεῖα. correpta συνστελλομένη. producta ἐκτεινομένη. circumducta περισπωμένη. longa μακρά. breuis βραχεῖα. collisio συνκοπή. defectio ἀποκοπή. proratio ἀναλογία. coniugatio συνζυγία. interiectio σχετλιασμός. consonans σύμφωνον. uocalis φωνᾶεν. qualitas ποιότης. muta littera ἄφωνον. »

    59 Voir Dosithée. Grammaire latine, éd. par G. Bonnet, Paris, Les Belles Lettres, 2005 : Dos. IX. 18, 1-2 (ici p. 35) ; voir p. xxxi, les ms. de cette grammaire comportent aussi des idiomata et autres listes verbales en annexe.

    60 Ps-Cyril. CGL 2, p. 213-484.

    61 Lib. gl., ON 28 Onomas<ti>ke – nominatiuus.

    62 Lib. gl., AB 203 Ablatiuus casus ; AC 386 Accusatiuus casus ; DA 164 Esidori : Datiuus casus ; GE 145 Esidori : Genitiuus casus ; NO 111 Nominatiuus casus ; VO 21 Esidori : Vocatiuus casus.

    63 Ce glossaire avait été considéré comme étant un « Abstrusa plenior » par J. F. Mountford, « The Paris “Placidus” », art. cité.

    64 Le Paris, BnF, ms. NAL 1298 (= Sil. éd. CGL 5) est déficitaire du début ainsi que de la fin et ses premiers folios sont endommagés, toutefois les éditeurs du CGL 5 avaient pu lire le lemme : 5, 106.5 genitibus cas…

    65 Lib. gl., AG 200 Agrippa ; CA 289 Capellae ; CA 638 De glosis : Caractere [characteres] ; CA 697 Caribdis [Charybdis] ; CE 188 De glosis : Celeus ; CO 2148 Corbos [-bes] ; CO 86 Coetu ; DE 780 Demum ; EV 233 De glosis : Eurus ; FR 262 Frugi ; GR 195 Gripes [grypes] (cf. Sil. 106.39) ; IN 1195 Inpandum [infandum] ; LE 138 Lenociniis ; LE 343 Leuia (cf. Sil. 112.31) ; LV 69 De glosis : Lucifer (= Sil. 114.4) ; NA 53 Napee [napaeae] ; NO 270 Notios et Borios ; OB 97 Obest (= Sil. 123.14) ; PA 253 Pancaia [-ch-] (cf. Sil. 128.41) ; SE 343 De glosis : sensa … Donatus grammaticus ait … (= Sil. 149.2) ; SE 526 De glosis : Seria (= Sil. 149.14) ; TR 107 Tranas [trahas] ; TR 506 Truditur ; VT 22 Vterus … ut Donatus gramaticus ait. On notera encore que de nombreuses gloses comportant la structure lemme + explication + citations poétiques de Virgile, Lucain, Statius – dont le nom a presque chaque fois été écorché en stant, d’après une abréviation mal lue sur l’archétype stat- ou sta-, etc. – se rattachent à ce type de gloses héritées du glossaire espagnol dont Sil. en constitue une version abrégée et le Lib. gl. une version fortement augmentée.

    66 Parmi une bibliographie importante, nous rappellerons surtout pour notre sujet : A. Cizek, « La place des voces animantium dans les écrits grammaticaux et poétiques antiques et médiolatins », PRIS-MA, 22/1-2, 2006, p. 19-50 ; D. T. Benediktson, « Polemius Silvius’ Voces Varie Animancium and Related Catalogues of Animal Sounds », Mnemosyne, 53, 2000, p. 71-79 ; M. Marcovich, « Voces animantium and Suetonius », Ziva Antika, 21, 1971, p. 399-416, surtout p. 409-414 ; W. Wackernagel, Voces variae animantium, Bâle, 1869, principalement p. 44-47. Et plus largement : U. Eco, R. Lambertini et al., « Latratus Canis », dans L’uomo di fronte al mondo animale nell’alto medioevo, Settimane di studio del centro italiano di studi sull’alto medioevo, 7-13 aprile 1983, vol. 2, Spolète, Presso la Sede del Centro, 1985, p. 1182-1225. Ajoutons que le catalogue a connu des versions versifiées : voir plusieurs petits poèmes, comme le De philomela (éd. Anth. lat.) ; elle apparaît aussi dans quelques manuscrits du Graecismus d’Évrard de Béthune (début xiiie siècle ?) (éd. par Wrobel, Breslau, Koebner, 1887, 19, 32-41. Voir Th. Benediktson, « ‘Ut balatus ouis sic est rugire leonis’: Medieval Composition and Modern Editing », Wiener Studien, 117, 2004, p. 225-232, spéc. p. 232 ; et Konrad von Mure, Novus Grecismus, éd. par A. N. Cizek, Munich, W. Fink, 2009. Voir encore d’autres mentions de versifications dans Cl.-Ch. Pierquin de Gembloux, Idiomologie des animaux : ou recherches historiques, anatomiques, physiologiques, philologiques, et glossologiques sur le langage des bêtes, Paris, À la tour de Babel, 1844, p. 123 et suiv.

    67 Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. 10615-10729.

    68 Suetonius Tranquillus praeter Caesarum Libros Reliquiae, éd. par A. C. Reifferscheid, Leipzig, B. G. Teubner, 1860 [réimpr. New York, Hildesheim, 1971], p. 247-254, 308-312, frg. 161 De naturis animantium leonum est fremere … ranarum coaxare. Coruorum …

    69 Voir l’étude détaillée d’A. Grondeux, « L’entrée uox du Liber glossarum. Les sources et leur mise en œuvre », dans A. Zucker (dir.), Encyclopédire. Formes de l’ambition encyclopédique de l’Antiquité au Moyen Âge, Turnhout, Brepols (collection d’études médiévales de Nice, 14), 2013, p. 259-274.

    70 Diom. Ars, 2.1 (GL 1, 420.9-10 et 420.17-21).

    71 Paris, BNF, ms. lat. 11530, fin du viiie siècle ; voir l’édition critique sur le site de l’édition numérique du Liber glossarum : http://liber-glossarum.huma-num.fr/

    72 Par exemple, Aldhemus, epistola ad Acircium de metris et aenigmatibus ac pedum regulis, éd. par R. Ehwald, Aldhelmi opera (MGH Auct. Ant. 15), Berlin, 1919, p. 59-204 ; ici p. 180, 6 et 180, 8: gallinae cacillant ; hienae hirriunt, etc.

    73 Sa liste comporte 74 entrées alphabétisées sur la première lettre, contre 53 dans le Lib. gl. qui n’a pas connu ou retenu la liste des bruits, ne les considérant pas comme des sons vocaux (voces), mais plutôt comme des soni.

    74 Voir Aldhelm., ibid., p. 180, 1-2 : arma crepant, aes tinnit, amfora profusa bilibit ; 180, 8-9 : Iuppiter tonat, ut fabulae fingunt, infantes uagiunt, etc.

    75 Voir Cizek, « La place des voces… », art. cité, p. 24-25.

    76 Voir, au sujet de cette scientifisation, J. Leonhardt, La grande histoire du latin des origines à nos jours, trad. par B. Vacher, Paris, CNRS Éditions, 2010, p. 175.

    77 Les listes de mots existent dans la tradition grammaticale grecque, comme l’attestent les papyrii conservés, dont certains sont datés du ii-ie siècles av. J.-C., voir K. McNamee, Annotations in Greek and Latin Texts from Egypt, Chippenham, American Society of Papyrologists, 2007, p. 19, 35 et 54. Il va sans dire, rappelons-le simplement, que les plus anciennes listes lexicographiques apparaissent au sein de la culture sumérienne ; voir sur ce point Cl. Boisson, P. Kirtchuk et H. Béjoint, « Aux origines de la lexicographie : les premiers dictionnaires monolingues et bilingues », International Journal of lexicography, 4/4, 1991, p. 261-315, spécialement p. 262-267 au sujet de la Mésopotamie et p. 283-284 pour le domaine gréco-latin ; en revanche, à propos de l’Europe, p. 284-285, les auteurs ont malheureusement négligé les productions du haut Moyen Âge, omettant d’interroger les matériaux médio-latins, qui allaient pourtant dans le sens de leur thèse.

    78 Le haut Moyen Âge a connu des glossaires « spéciaux », notamment médicaux, mais la tendance principale demeure la confection de glossaires « philologiques » accueillant le vocabulaire de plusieurs disciplines. Le Liber glossarum reste cependant un cas à part, puisqu’il consiste en la refonte alphabétique de plusieurs florilèges d’auteurs autour d’un squelette fait de glossaires.

    79 Grondeux, « L’entrée uox…», art. cité, p. 266-268.

    80 Le début de l’entrée VO 167 du Lib. gl. reprend sans changement un passage du chapitre De voce de Diomède (GL 1, p. 420, 17-21).

    81 Isid. Etym., 3, 20, 2 : « Proprie autem uox hominum est, seu inrationabilium animantium. Nam in aliis abusiue non proprie sonitum uocem uocari » (« Mais aussi la voix est le propre des hommes ou des animaux sauvages, car dans les autres cas abusivement, il est inapproprié d’appeler voix un son ») qui se lit encore dans le Lib. gl. MV 340 Musicae. On peut observer peut-être une coïncidence avec l’opinion de Priscien, qui affirme, au chapitre de la signification de certains verbes sans voix passive : « car ils [les verbes sans passif] parlent d’eux et à eux, ce qui est le propre des êtres animés à qui la nature a donné un langage » (Prisc. ars, GL 2, 375.18-19 : « hae enim de se et ad se loquuntur, quod est suum animantium, quibus natura sermonem dedit »).

    82 Lib. gl., VO 167 : « Vnde non inmerito eloquium hominum, tinnitum inmobilium sonitum corporalium plerique testantur. Nam uocem tam mutorum animalium quam hominum esse declarantes sic efferunt Aquilas clangere… » À cet endroit le Lib. gl. présente quelques problèmes textuels résolus ainsi : « inmobilium A ] inmolbilium L P || quam hominum P D ] om. LA || esse LA D ] est esse P. » En outre, on relèvera un petit écueil terminologique, immobilis a été traduit par « inanimé », guidé par le sens en sous-entendant res, car le mot latin en question désigne habituellement dans les grammaires la qualité invariable de certains noms.

    83 L’adjectif « asyndétique » qualifie plus justement que « paratactique » une énumération sans conjonction, selon les distinctions opérées par E. Buyssens, « Juxtaposition, parataxe et asyndète », La linguistique, 10/2, 1974, p. 19-24, spécialement p. 23-24.

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    Cinato, Franck. « Les listes des grammairiens dans le haut Moyen Âge et le témoignage du Liber glossarum ». Le pouvoir des listes au Moyen Âge - I, édité par Claire Angotti et al., Éditions de la Sorbonne, 2019, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.55052.

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    Angotti, Claire, Pierre Chastang, Vincent Debiais, et Laura Kendrick, éd. Le pouvoir des listes au Moyen Âge - I. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2019. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.54932.
    Angotti, Claire, et al., éditeurs. Le pouvoir des listes au Moyen Âge - I. Éditions de la Sorbonne, 2019, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.54932.
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