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Les tanneurs, le cordonnier et l’apothicaire : comment des artisans prouvent-ils leurs transactions ?

(Pise-Florence, 1375)

p. 307-352

Résumés

En 1375, boutiquiers, artisans et courtiers s’appuient sur des extraits de comptes face au juge de la Mercanzia florentine pour justifier une vente de peaux de cuir. Deux chaînes documentaires permettent de reconstituer la transaction : 1) la copie des actes du procès et des pièces justificatives ; 2) le croisement des preuves écrites et des témoignages des protagonistes. Les livres de comptes sont convoqués car les statuts florentins leur donnent une grande force probatoire et obligent à les exhiber. L’ethnographie de la transaction se dévoile mieux grâce aux sources fiscales : la complexité de la transaction s’explique par les relations de subordination et de travail.

In 1375, shopkeepers, craftsmen and brokers brought extracts from their account books to the judge of the Florentine Mercanzia, in order to justify the sale of some leather. Two strands of evidence allow us to reconstruct this transaction: 1) transcripts of the court proceedings and the supporting documentation; 2) comparison of the written evidence with the testimony of the principal actors. Account books are especially valuable in this context, as the Florentine statutes assigned them considerable probationary value and required their exhibition in such proceedings. Furthermore, using the fiscal evidence it is possible to reconstruct an ethnography of the transaction, whose complexity is due to the underlying relationships of labor and subordination.


Texte intégral

1Pour s’assurer que leurs transactions1 – en particulier à distance – soient exécutées, les marchands médiévaux disposaient de plusieurs solutions : le choix de partenaires commerciaux de confiance ; la pression de la communauté marchande sur ses membres pour éviter que les fraudes et délits d’un individu ne rejaillissent sur tout le groupe sous forme de représailles ; l’engagement dans la transaction d’une tierce partie, humaine (garant) ou matérielle (gage) ; le recours à l’arbitrage des pairs pour régler les litiges ; le règlement des conflits devant les tribunaux des métiers organisés (Arts), de la Commune, d’une juridiction territorialement plus étendue (principauté, royaume), ou encore d’une juridiction ecclésiastique2. La mise par écrit des transactions ne suffit pas en soi à les faire respecter et les écritures marchandes ne sont pas toujours acceptées comme preuves valides par les tribunaux, en particulier parce qu’elles sont en concurrence avec les documents notariés et les témoignages.

2Les historiens et les juristes3 qui ont traité de ces questions ont rarement scruté l’utilisation concrète des livres de comptes dans les tribunaux marchands4. C’est ce que nous nous proposons de faire ici à partir des archives du tribunal de la Mercanzia florentine. Selon R. Goldthwaite en effet, « rien n’est plus frappant que les nombreux extraits de livres de comptes qui étaient toujours présentés devant le juge pour appuyer les positions [des parties devant le tribunal de la Mercanzia]5 », ce dont nous avons également pu nous rendre compte en dépouillant systématiquement les registres de copies de lettres de l’institution6. Pour autant, la présence de ces livres de comptes en fait-elle des preuves décisives ?

3Le recours aux livres de comptes comme preuves dans un procès entre artisans de Pise et marchands de Florence servira de base à l’examen de la valeur probatoire des écritures marchandes dans ces deux villes. La légitimité de ce type de preuve résulte de l’évolution du statut des écritures marchandes dans la doctrine juridique et dans les normes édictées par les Arts, les tribunaux des marchands et les deux Communes. Si les deux villes ont une forte tradition commerciale, on verra que les options juridiques adoptées furent différentes. L’étape du procès7 que nous étudions ici porte sur le recours déposé pour contester une saisie effectuée en février 1375 car des peaux de cuir n’avaient pas été payées. Les demandeurs estiment devoir récupérer l’argent saisi, car ils avaient racheté ces peaux. Ils se trouvent à Florence et l’un des acteurs en est originaire, raison de l’implication du tribunal de la Mercanzia. Mais la transaction se déroule à Pise, où sont présents les marchands et artisans impliqués dans les transactions litigieuses. Manquant d’informations, le juge de la Mercanzia demande des vérifications et des copies de documents au représentant de la nation florentine et au conseil des marchands de Pise.

4Ces informations lui sont d’autant mieux communiquées qu’à cette époque, avec le renforcement de la nation marchande des Florentins à Pise et l’établissement de la seigneurie de Pietro Gambacorta en 1369-1370, les deux villes entretiennent des relations florissantes au point que la nation marchande florentine établit sa loggia au rez-de-chaussée du palais du seigneur de la ville : dirigée par un Florentin, le notaire-syndic ser Francesco di Vanni Muzzi jusqu’en 1382, cette nation recourt également au service du consul pisan issu d’une famille proche du seigneur, Andrea di Bonconti. Le rôle du syndic est de défendre les Florentins dans les tribunaux pisans pour s’assurer du respect de leurs privilèges, les recommander auprès des magistrats ou retrouver leurs écritures marchandes. En théorie d’après le traité bilatéral de 1369, le consul fait davantage office de juge, puisqu’il doit prévenir les injustices contre les Florentins, les juger mercantiliter et obtenir la bienveillance des magistrats pisans sur les conflits des Florentins8.

5L’enjeu de cette contribution est de comprendre dans quelles conditions le recours aux écritures marchandes est jugé valide par le tribunal de la Mercanzia de Florence. Cela nécessite de mobiliser successivement trois niveaux d’analyse. 1) D’abord celui de l’analyse archivistique, qui se décompose en deux temps. D’une part, l’archivage des procès, car l’inscription des actes de la Mercanzia sous forme de registres de copies suppose de les déconstruire pour décrire une première chaîne documentaire. D’autre part, l’analyse des écritures marchandes déposées au tribunal, car les différents types de livres de comptes, les scripta, les lettres, voire les témoignages constituent une deuxième chaîne documentaire. 2) Le deuxième niveau d’analyse est celui des cadres procéduraux et cognitifs des acteurs lorsqu’ils inscrivent leurs transactions et agissent en justice : l’examen du statut de la Mercanzia florentine croisé avec ceux des statuts corporatifs et communaux de Pise et Florence les rend explicites. 3) À un troisième niveau, comme les écritures marchandes sont des preuves semi-pleines devant être confirmées et confrontées avec les témoignages des acteurs, elles permettent au juge – et à l’historien – de reconstituer les chaînes de transaction. Les relations socio-économiques entre les acteurs sont, elles, mieux révélées avec l’apport de sources extérieures aux procès.

Du procès aux transactions marchandes : déplier les chaînes documentaires

Distinguer les originaux des copies, une première chaîne documentaire

6Le tribunal de la Mercanzia florentine est doté de particularités qui expliquent la nature de sa production documentaire. Tout d’abord, à l’image de la mixité des inspirations du droit marchand, il associe un juge étranger (Ufficiale forestiero) – qui doit être docteur en droit et s’inspire de la doctrine enseignée dans les universités – avec un nombre variable de conseillers issus des Arts de Florence – chargés de veiller à l’application des statuts des Arts, de la Commune et de la Mercanzia9.

7Ensuite, à l’exception des statuts de l’institution et des lettres envoyées à l’étranger, toutes les archives judiciaires de la Mercanzia florentine sont écrites en langue vernaculaire après le 1er août 1355, une exception en Italie pour une période si précoce10. C’est pourquoi les actes sont écrits en italien (doc. 1 et 4), à l’exception des échanges entre officiers de Pise et de Florence (doc. 2 et 3). Cet usage induit, de plus, une diversification sociologique des litigants, visible dans la condition d’artisans intermédiaires (artisans du cuir et cordonniers) des acteurs du procès.

8Enfin, les actes à notre disposition sont des copies partiellement fidèles aux originaux. En effet, les litigants commencent par faire rédiger leur demande (la petitio mentionnée dans le doc. 1) par les notaires et procurateurs dans le dialecte florentin. Le dépôt formel de la demande au tribunal s’accompagne du paiement d’une taxe proportionnelle qui valide la démarche et ouvre le procès (4 deniers par lire, soit 1,66 %)11. Mais par la suite, l’enregistrement entraîne deux altérations. D’une part, les actes originaux initialement rassemblés dans des dossiers (filze) sont recopiés dans des registres, qui sont les seuls à subsister pour l’ensemble du xive siècle12. D’autre part, ce processus de copie était réalisé par des notaires étrangers – ici Dosio di ser Giovanni di Capucci d’Imola, vraisemblablement le fils du juge – qui ne manquaient pas d’introduire des déformations issues de leurs transcriptions phonétiques involontaires du Toscan dans leur propre dialecte (signuri pour signori, riciveti pour ricevuti, cagiune pour cagione, etc. dans le doc. 4)13.

9Une justice à la confluence de la doctrine et des coutumes marchandes est donc écrite dans un italien déformé par la copie dans les registres qui constituent les seules archives à notre disposition. Il convient alors de déplier la première chaîne documentaire en nous appuyant sur les mentions scrupuleuses des dates originales et des dates de copie des décisions procédurales. Cette première chaîne documentaire peut se décomposer en quatre niveaux.

101) Le juge de la Mercanzia (Jacopo di Capucci d’Imola) de Florence envoie une lettre (en langue vernaculaire) au notaire-syndic à la tête de la nation florentine de Pise, pour lui résumer l’affaire et lui demander de confronter les arguments des parties avec les livres de comptes produits. Écrite et envoyée de Florence à Pise le 10 février, elle est copiée le 12 février dans les registres de la Mercanzia (doc. 1)14.

112) Le consul des marchands de Pise informe le juge de la Mercanzia de l’envoi des informations recueillies : écrite et envoyée de Pise à Florence le 14 février de Pise, la lettre est recopiée dans les registres de la Mercanzia le 20 février (doc. 2)15.

123) Ces documents transmis de Pise à Florence sont subdivisés en deux parties, individualisées graphiquement par des espaces laissés blancs dans le registre : la narration du déroulement de la procédure à Pise, puis la copie authentique de l’extrait de comptes demandé, probablement deux documents écrits sur des feuillets séparés et versés dans les filze de l’institution (doc. 3). L’original fut écrit de la main de Giovanni di ser Nardi d’Arena, notaire au service de la Cour des marchands de Pise et recopié par Dosio di ser Giovanni di Capucci d’Imola, notaire de la Mercanzia. La date d’écriture n’est pas précisée, mais on peut la situer les 13 ou 14 février 1375 et la copie date également du 20 février 1375.

13Ainsi, le 12 février, le courtier Viviano di ser Dino, a été informé par la voix du crieur public (publice nuntium)16 de sa convocation pour le lendemain en fin d’après-midi (post nonam et ante vesteras), afin qu’il dépose et fasse examiner ses livres concernant les achats passés avec Taddeo di Bandino et Tommaso di Manno. L’examen des livres a lieu au moment dit, afin de satisfaire le demandeur Niccolò Vanni de Florence : le notaire dit avoir entendu le courtier en compagnie des consuls des marchands pisan et avoir lu les marchés (mercata) recherchés.

14Il copie alors les deux opérations comptables faisant l’objet du litige. Les extraits de comptes sont individualisés graphiquement par deux espaces blancs avant et après l’extrait en italien. L’ensemble est clos par un eschatocole en bonne et due forme (in hanc formam redegi et ad mariorem cautelam meum signum nomen aponui), sans que le signum de Giovanni di ser Nardi ne soit recopié.

154) Le quatrième temps documentaire (doc. 4)17 est la narration détaillée des opérations du notaire-syndic de la nation florentine (Francesco di Vanni Muzzi) à ses supérieurs de la Mercanzia, écrite en italien et envoyée le 14 février, mais relatant des faits des 12 et 13 février. Il s’agit du document le plus précis, qui complète l’étape précédente :

  • le syndic fait un résumé qui confine quasiment à la copie de la lettre qu’il a reçue, afin de rappeler l’objet de sa missive (doc. 4.0, résumant le doc. 1, ricevuto una vostra lettera…) avant d’y répondre par la suite (doc. 4.1, rispondo…, qui traduit le doc. 3). Il a reçu à Pise le 12 février la lettre envoyée de Florence le 10 février, probablement en début de journée, car il a été possible entre-temps de faire crier dans les rues la convocation du courtier Viviano di ser Dino pour le lendemain.

  • il décrit et copie ce qu’il a vu dans les livres de comptes concernant les transactions de Viviano di ser Dino avec Taddeo di Bandino et Tommaso di Manno (doc. 4.1) ;

  • les deux vendeurs, Taddeo et Tommaso, sont alors interrogés et témoignent. Leurs déclarations sont rapportées au style indirect, mais Taddeo fournit en plus un document écrit (scripta) recopié au style direct (questo è il tenore cioè Io Duccio, doc. 4.2), tandis que Tommaso se contente de préciser les choses oralement (doc. 4.3) ;

  • le syndic de la nation fait la synthèse de ces éléments et relève une contradiction. Il interroge alors le courtier Viviano (doc. 4.4.) puis contre-interroge à nouveau le vendeur (il venditore), qu’on peut deviner être à nouveau Tommaso di Manno (fin du doc. 4.5, il venditore disse) ;

  • il recopie ensuite le témoignage sous serment (che della confessionne io ne facesse carta : « j’ai mis par écrit le témoignage sous serment », doc. 4.6) et en présence de trois témoins d’Arrigo di Giunta da San Miniato à propos d’une transaction avec Pagolo d’Andrea, cordonnier (calzolaio) de Prato, qui n’a manifestement pas fait l’objet de trace écrite. Si ce témoignage est mentionné dans la lettre du notaire-syndic du 14 février, il l’a recueillie avant (le 6 février) de recevoir l’ordre d’enquêter pour le compte de la Mercanzia (le 10 février). Ce témoignage concerne donc vraisemblablement une étape antérieure du procès, envoyé à titre d’information.

16La procédure scrupuleuse d’inscription et de copie par le notaire de la Mercanzia permet donc de constater la relative régularité de la copie une semaine après réception des documents, mais aussi de mesurer l’écart avec les originaux. Une fois retracée la procédure d’inscription des copies dans les registres de la Mercanzia, il nous faut désormais détailler la procédure judiciaire en examinant les écritures marchandes fournies par les acteurs au tribunal : il s’agit d’un deuxième niveau dans la chaîne de production documentaire.

Le rôle des nations dans la transmission des preuves écrites

17Les documents fournis à titre de preuve par les marchands circulent au sein du tribunal. La plupart du temps, les preuves écrites courtes – comme les actes notariés, ou des écrits privés comme les contrats ou reconnaissances de dettes sans passage devant notaire ou les simples lettres – étaient fournies au tribunal, qui les conservait dans les dossiers (filze) en grande partie perdus. Ne subsistent alors dans les registres de la Mercanzia que de rapides mentions de ces documents (carta, parfois dite publica), le plus souvent avec le nom du notaire et la date de l’acte18, parfois avec un résumé de son contenu, y compris pour des catégories sociales moins favorisées que les marchands, comme des maçons19 ou des artisans du cuir qui apparaissent dans notre étude. La simple mention du nom du notaire est capitale, car elle permet en principe de retrouver les documents dans son étude ou celle de ses successeurs20.

18Les contrats et les livres de comptes sont déposés auprès du tribunal, qui les fait garder par son archiviste (guardiano degli atti)21 : outre ses fonctions habituelles de conservation et de surveillance de l’accès aux actes du tribunal pour qui voudrait les copier22, il doit s’assurer de la restitution des documents aux intéressés23. La série Depositi di scritture, une série de registres d’index des livres déposés, garde la trace de cette circulation des écritures marchandes au sein du tribunal, conservée à partir de 139524 : y sont inscrits les noms des propriétaires des livres, parfois quelques éléments de description, rarement leur date de restitution. Pour autant, avant 1395, des preuves écrites et des registres entiers étaient transmis et conservés par le tribunal dès les années 1330-1340. Certains procès pour faillite le documentent : ainsi, les livres des Peruzzi sont examinés par la Mercanzia en 134325, ceux des Acciaiuoli sont transférés d’une maison à un local de Santa Croce dix années après leur faillite (en 1353) – l’inventaire réalisé à cette occasion recense alors 1501 registres26 ! –, et le recours de Sybille de Cabris contre Matteo Villani à la suite du procès pour faillite des Buonaccorsi (1357-1362) est l’occasion de recopier de nombreux documents dans un registre ad hoc27.

19Si l’exhibition des livres de comptes est une procédure qui devient habituelle à Florence (on y reviendra plus loin), en revanche leur copie et leur conservation dans les archives du tribunal ne sont assurées que dans le cas des livres de comptes conservés en dehors du territoire florentin. En raison de l’impossibilité de les déplacer, des extraits sont alors envoyés par lettre et recopiés dans les registres.

20Cela explique l’importance des nations florentines dans la procédure d’obtention des extraits de comptes28. Dans ce procès des tanneurs Guardi et Niccolò di Giovanni contre Duccio da Empoli en 1375, c’est le notaire-syndic à la tête de la nation florentine à Pise, ser Francesco di Vanni Muzzi, qui envoie les copies (en parallèle de celles envoyées par le tribunal pisan). Le statut de la nation de 1381 rappelle en effet que l’envoi des courriers est soumis à sa discrétion et à sa responsabilité29. Les lettres conservées concernent à plusieurs reprises la recherche ou la transmission de livres de comptes conservés à Pise30. Cette pratique est observée de façon similaire ailleurs : ainsi, le consul des Florentins à Naples se charge-t-il de cette mission31, comme le font celui de Venise en consignant deux fois par semaine une bourse scellée contenant la correspondance à un transporteur issu de la même compagnie que lui32 et celui de Londres en confiant les courriers aux galères publiques33. En l’absence de nation, la Mercanzia peut obtenir des copies des extraits de comptes en les demandant à la confrérie Saint Jean-Baptiste à Avignon34, aux marchands florentins établis sur place (à Gênes)35, ou payer une commission pour qu’un consul d’une autre nation italienne réalise la copie (le consul des Vénitiens à Alexandrie d’Égypte)36.

Procès et transaction économique : preuves écrites et témoignages, une deuxième chaîne documentaire

21Quels livres de comptes sont alors convoqués37 ? Trois acteurs sont invités à fournir leurs livres à Pise : le courtier (sensale) et les deux vendeurs de cuir (cuoiai).

22Tout d’abord le courtier, Viviano di ser Dino, présente son livre à la Cour des marchands de Pise (librum in quo scribit mercata quae facit inter mercatores et allios homines, doc. 3) le 12 février. Il est examiné le 13 février, en présence des consuls des marchands, du notaire de la cour qui fait la copie authentique des extraits concernant le procès (doc. 3) et les transmet à la Mercanzia de Florence. Le notaire-syndic de la nation florentine est aussi présent, fait sa propre copie et participe activement aux débats (mostrami il libro suo ; che io vidi, doc. 4). Sous la surveillance des magistrats pisans, ce dernier agit donc comme agent judiciaire délégué de la Mercanzia à Pise, alors que le traité bilatéral de 1369 réservait en théorie ce rôle au consul. Le livre de comptes du courtier représente pour le tribunal un troisième point de vue plus neutre, du fait de sa position d’intermédiaire entre l’acheteur et le vendeur et participe, comme le recours prioritaire aux preuves écrites, de la célérité de la procédure sommaire et des jugements en équité.

23Afin de vérifier la véracité du contenu du livre du courtier, celui-ci est confronté aux livres des deux vendeurs de cuirs. Dans le cas de Tommaso di Manno, la confrontation des deux livres de comptes est possible (doc. 4.3 et doc. 4.5) et nous révèle le prix du courtage (8 sous). Dans le cas de Taddeo di Bandino, la vérification du livre de comptes n’est pas possible car il n’a rien écrit dans son livre (doc. 4.2.)38, ce qui suppose de recourir à d’autres éléments de preuve, comme des témoignages.

24Or, les livres de comptes des marchands et artisans, la copie des extraits concernant la transaction litigieuse et l’acceptation des témoignages dans ce procès suivent très précisément la procédure définie dans les statuts de la Mercanzia, qui font plus largement partie des cadres normatifs et cognitifs des places marchandes italiennes les plus importantes.

Le statut probatoire des écritures marchandes, entre statuts et doctrine

25L’inscription des transactions et la valeur probatoire des écritures marchandes sont définies par la doctrine et les statuts corporatifs, communaux et marchands. Le dossier présenté n’est donc pas seulement dû aux hasards de la conservation, il est aussi le fruit de la construction de cadres normatifs et cognitifs progressivement incorporés dans la pratique des marchands florentins du xive siècle.

L’obligation d’exhiber les livres de comptes selon la doctrine et les statuts

26Dans la doctrine juridique39, les livres de comptes ont le statut de preuves semi-pleines et ne créent pas seuls d’obligation40, car l’activité et les écritures des marchands ne sont pas pleinement publiques. Il faut donc que leur contenu soit confirmé par une preuve justificative (adminiculum), qui est l’occasion de préciser différents éléments comme la buona fama du marchand, la véracité du contenu des écritures, la mort du scribe, l’indication précise des causes de transactions, l’amitié entre les parties contractantes, etc.41.

27L’adjonction de cet adminiculum montre que la valeur probatoire des écritures marchandes ne peut pas être séparée du statut social de celui qui tient les comptes. Pour les civilistes, la question centrale est de savoir si le banquier peut être rapproché d’un office public, ce qui fait l’objet d’âpres débats42. À cet égard, les matricules qui listent les marchands ayant prêté serment à leur Art font office, au xive siècle, de serment public pour Balde et remplissent cette fonction d’adminiculum43. Rapprocher l’activité des marchands d’un office public leur donne, en outre, un mandat tacite vis-à-vis de leurs déposants et les oblige à exhiber (editio) en justice leurs écritures44, sous peine de poursuites pour les récalcitrants (actio in factum de edendo)45.

28Comme c’est le cas dans un certain nombre de Communes italiennes46, les statuts communaux et corporatifs de Toscane reprennent cette injonction d’exhiber les livres de comptes. Mais la situation est différente à Pise et à Florence.

29La question est peu traitée dans les statuts de Pise. Antérieurs au développement des livres de comptes en Toscane (le premier conservé en Europe daterait de 1211 et provient de Florence)47, le Costitutum usus (1160)48 et le Costitutum legis (ca. 1164)49 se concentrent logiquement sur les documents notariés (instrumenta publica). Mais, au xiiie siècle, la situation reste inchangée : le Bref du Capitaine du peuple de 1287 ne fait aucune allusion aux livres de comptes et celui de la Commune mentionne uniquement les documents notariés50. Le statut de la Curia maris (1343) laisse ouverte la possibilité d’utiliser des documents écrits51, mais oblige à conserver les livres de bord des navires52 et rappelle la possibilité de se servir des livres de comptes où sont inscrits les montants des cautions pour en obtenir le remboursement53. Celui de la Curia mercatorum (1321) ne mentionne pas davantage les livres de comptes, tout juste précise-t-il que l’examen des témoins doit se faire en présence des consuls avant que le notaire de la cour ne puisse délivrer un document privé (scriptura spetiale)54. Enfin, bien que les artisans du cuir pisan, le courtier et l’apothicaire tiennent des livres de comptes dans le procès au centre de cette étude, cela n’est pas mentionné dans les statuts des Arts pisans – en particulier dans ceux des métiers du cuir.

30La valeur probatoire des livres de comptes apparaît donc faible à Pise dans la première moitié du xive siècle, ce que plusieurs hypothèses peuvent expliquer : l’attachement très fort à la procédure romano-canonique, adoptée dès le xiie siècle55, qui privilégie les témoins et les documents notariés par rapport aux écrits marchands ; le développement limité du secteur bancaire et l’apparition plus tardive (dans les années 1260) des contrats de société ou de compagnia, qui durent plusieurs années et nécessitent donc la conservation longue de la mémoire de transactions lointaines, complexes et répétées, contrairement aux contrats de commenda plus ponctuels56. F. Melis57 et A. Poloni58 ont, de plus, montré le développement du secteur bancaire pisan dans la seconde moitié du xive siècle, en s’appuyant sur les livres de comptes des marchands et artisans conservés à Pise. Pour autant, les rares réformes des statuts conservés après les années 1340 ne permettent pas de dire si la législation s’est adaptée par la suite afin de donner une plus grande valeur juridique aux comptabilités59. Sur l’ensemble du siècle, la valeur probatoire des livres de comptes ne semble pas très affermie, malgré l’inventivité scripturale des marchands mise en évidence par F. Melis et malgré l’usage patent des livres de comptes que confirme ce procès de 1375.

31À Florence, la situation est radicalement différente puisque le système juridique accorde très tôt une grande valeur probatoire aux écritures marchandes60. Dès la fin du xiiie siècle, les preuves écrites acceptées pour prouver un crédit ou une dette se diversifient : l’acte notarié n’est plus le seul mode de preuve et les livres de compte61, plus commodes pour gérer la complexité, la durée et l’extension géographiques des opérations des compagnies à filiales62 sont de plus en plus utilisés. Ainsi dès les années 1330, les compagnies peuvent-elles sceller juridiquement un contrat en se contentant de l’inscrire dans leurs livres63 alors que les procès basés sur une documentation publique sont exclus de la compétence des Arts64.

32Il importe là aussi de distinguer plusieurs niveaux dans le corpus statutaire. Les statuts de la Mercanzia au cœur de cette étude sont, pour ainsi dire, « encadrés » par les statuts des Arts et de la Commune de Florence, dont ils s’inspirent et qu’ils prolongent.

33Au niveau communal, si le statut du Capitaine du peuple de 1322-1325 comporte uniquement quelques rubriques concernant les notaires ou l’usage des livres65, le statut du Podestat de 1325 est plus loquace sur la question : au-delà des rubriques sur les peines encourues par les faux témoins, sur l’obligation pour les notaires d’identifier leurs clients en inscrivant leurs nom et prénom ou sur la réutilisation des livres de comptes des bannis, une rubrique ancienne (de 1266, abandonnée à la fin du siècle) prescrit de prouver les dettes en produisant un document notarié (instrumenta publica)66 et, surtout, une rubrique interdit au Podestat, au Capitaine du peuple, aux juges et membres de leur familia de contraindre les marchands, changeurs ou artisans à exhiber leurs comptes, ceux de leur boutique ou de leur société, à moins que les créanciers ne le réclament (nisi ad petitionem creditoris)67. Le juge communal ne peut donc pas être à l’initiative de l’obligation de montrer ces comptes. Ainsi, la justice civile de la Commune florentine accorde un intérêt limité aux écritures marchandes, dont la valeur probatoire est peu reconnue en 1322-1325.

34La situation change par la suite, car dans le statut du Podestat de 1355, les livres de comptes des marchands, les scritte et les lettres se voient accorder une pleine valeur juridique, et sont immédiatement exécutables, comme les carte di guarentigia68. Une longue rubrique réglemente aussi les rapports d’obligations entre l’emprunteur, le banquier (ou un marchand des Arts de la Calimala, de la Laine ou de la Soie) qui fait l’intermédiaire et le créancier : si jamais l’emprunteur fait écrire le montant qu’il doit à son créancier, la mise par écrit de la transaction dans le livre du banquier (et le transfert d’argent à ce dernier) le libère de l’obligation de payer cette somme si cet intermédiaire ne le fait pas. Dès lors, l’exhibition des livres de comptes est obligatoire ; les demandes de copie doivent préciser l’année, le mois et l’Art d’appartenance ; le Podestat et le Capitaine du peuple – ou leurs juges – peuvent saisir les livres des récalcitrants pour les remettre au juge de l’Art qui en a besoin ; les inscriptions de dettes dans les livres de comptes sont immédiatement exécutables (come piuviche [= publiche] carte di guarentigia) et l’on doit donc accorder une pleine confiance aux livres de comptes des marchands et artisans des sept Arts majeurs de Florence (Change, Laine, Calimala, Soie, Vaiai e Pellicciai, Giudici e Notai, Medici e Speziali) dès lors qu’ils ont été validés par l’Art d’appartenance69.

35Les tribunaux des Arts ont plus précocement accordé une grande valeur probatoire aux écritures marchandes. En effet, le sujet est davantage abordé dans les statuts des Arts spécialisés dans la manipulation de ces livres de comptes, en particulier ceux des Changeurs et de la Calimala. Le statut des Changeurs (1299) enjoint de ne pas détruire et de conserver tous les livres de comptes70, ce qui explique la très grande concentration de livres conservés (2 500 livres à Florence et Prato pour les xiiie-xve siècles)71 et l’importance qui leur fut donnée au sein des tribunaux marchands. De la sorte, l’exhibition en justice est prescrite et la copie des livres de comptes des changeurs est permise sous le contrôle des consuls de l’Art, qui examinent toutes les opérations et en font la copie suite à une requête du demandeur72.

36Au sein d’un Art, la Calimala, impliqué dans des échanges lointains puisqu’il est spécialisé dans l’importation et l’exportation de textiles, l’importance de l’inscription des transactions dans les livres de comptes est souvent rappelée dans ses statuts de 1301 et 1332. Dans celui de 1332, les membres de l’Art ont l’obligation d’inscrire les transactions (dons ou paiements) et les dettes dans les livres73. Cela suppose d’avoir à disposition l’ensemble de la documentation : c’est pourquoi les facteurs des compagnies à l’étranger doivent transmettre à leur retour toutes les traces écrites de transactions (debita licteras, intrumenta mercationes, denarios et res alia) au siège central de leur compagnie74. Une injonction quelque peu idéaliste qui n’est pas sans poser des problèmes pratiques dans la gestion quotidienne des compagnies75.

37Si la discipline des comptes est bien respectée, un vendeur peut réclamer l’argent dû à un des membres de la société de l’acheteur, à condition que l’opération soit inscrite dans son livre de compte76. Les enregistrements comptables peuvent donc faire office de preuve d’un crédit en justice, car l’Art accorde une grande confiance aux écritures marchandes. Une rubrique en fixe les conditions en précisant les mécanismes de copie. Le demandeur doit d’abord présenter un document notarié (publicum instrumentum) et le présenter aux consuls de l’Art avec les différents types d’écritures qu’il entretient (scripte ipsius libri et rationis de datis et acceptis et pactis et conditionibus ac verbis in ea ratione libro et libris dicte sotietatis) prouvant le bien-fondé de sa requête ; alors seulement les consuls lui demandent d’exhiber ses comptes et déterminent eux-mêmes (afin de renforcer la confiance dans l’écrit convoqué) quel passage copier77. Dans le statut de 1332, il est interdit de présenter les livres de comptes des marchands dans les tribunaux de la Commune sans le consentement de leur propriétaire78 : cela montre les réticences à voir le juge initier la demande d’exhibition des livres de comptes, une conséquence du statut privé de ces registres constamment rappelé par la doctrine. Mentionnons, en outre, l’usage des livres de comptes dans d’autres Arts, comme celui de la Laine qui rend obligatoire leur tenue en 1317, ou celui des artisans du lin (linaioli) de conserver une trace écrite – soit dans un livre de comptes soit sous forme de document notarié – de toute transaction supérieure à 3 lires79.

38Enfin, les statuts de la Mercanzia, tribunal de dernière instance en matière de droit commercial, réglementent le rôle probatoire des écritures marchandes en accroissant les pouvoirs du juge80. Dans le procès de 1375, la procédure suivie dans le procès entre les tanneurs florentins et Duccio da Empoli, et en particulier les actions menées par le notaire-syndic de la nation florentine à Pise, suivent scrupuleusement les injonctions du statut de 1324, toujours en vigueur jusqu’en 1394. Les officiers de la Mercanzia ont en effet la capacité de contraindre les marchands, les artisans et toute personne liée à une opération marchande à présenter leurs livres (compellere […] ad obstendendum eorum libros seu librum omnibus) afin d’en faire une copie ou un résumé (copiam inde faciendum et summendum ac summi permetentum) dans les trois jours – y compris pendant les jours fériés – si le livre se trouve à Florence ou dans le délai donné par le juge de la Mercanzia lorsque le livre se trouve à l’extérieur de la cité81. Ce dernier cas n’est rendu possible qu’en raison de la validité extraterritoriale des livres de comptes, qui fait l’objet de débats parmi les juristes médiévaux82 : elle est reconnue à condition qu’un tel livre soit rédigé dans un territoire accordant une valeur probatoire suffisante aux écritures marchandes83 et il est parfois conseillé aux marchands de suivre les normes locales de comptabilité pour faciliter les recours84.

39Toujours d’après le statut de 1324, la demande de communication de documents du juge de la Mercanzia doit mentionner l’année de la dette ou du contrat : dans notre dossier, la demande aux autorités pisanes ne la comporte pas explicitement, ni dans la lettre d’accompagnement des copies d’actes de la procédure faite à Florence (doc. 2), ni dans la demande de copie envoyée au notaire-syndic de la nation florentine (doc. 1), mais on la retrouve dans d’autres lettres de la Mercanzia85. La copie des écritures marchandes doit ensuite être faite par un notaire public, ici Giovanni di ser Nardi (doc. 3), afin qu’elle soit considérée comme authentique et aie la même valeur exécutoire – immédiate – en justice que la guarantigia86, ce que reprend d’ailleurs le statut communal de 1355. Puis, le magistrat doit interroger le détenteur du compte sur tout ce qui se rapporte à ces écritures et à ces transactions, les questions étant laissées à la conscience du juge, ce que fait précisément le notaire-syndic lorsqu’il interroge successivement Taddeo di Bandino et Tommaso di Manno après avoir examiné leurs livres (doc. 4).

40Non seulement le procès que nous étudions suit les règles de procédure du statut de la Mercanzia et reprend ceux des Changeurs et de la Calimala qui confiaient à leur consul un pouvoir de vérification, mais il est aussi conforme à la doctrine. À propos de l’examen des écritures marchandes en particulier, Bartolo di Sassoferrato enjoint de faire examiner les documents – lorsqu’ils sont disponibles – par des arbitres (calculatores, parfois qualifiés d’arbitratores), régulièrement tirés au sort : ces derniers doivent obtenir les documents, expliquer et vérifier les comptes, déposer un rapport commun, laissant le loisir aux parties opposées de se défendre devant lui, avant de laisser le juge trancher. C’est exactement la procédure suivie ici, le notaire-syndic faisant office d’arbitre, voire d’expert87.

41La rubrique du statut de 139488 reprend les dispositions antérieures, en modifiant uniquement le délai de copie des livres de comptes présents à Florence, qui est désormais de huit jours pour tous les créanciers et étrangers présents à Florence. La procédure est donc la même, mais la rubrique est comme « encadrée » par deux ajouts. Alors que la rubrique de 1324 restait floue sur le type de livre, le début de celle de 1394 donne quelques précisions sur le type d’écriture et de relations acceptées, en suivant la doctrine qui incite à préciser toutes les conditions de chaque transaction afin d’accroître la valeur probatoire des livres de comptes. Sont en effet acceptés les libri et codices rationum, qui doivent décrire la transaction, les acteurs concernés ainsi que la raison de la transaction (pro lucro seu dono vel aliqua remuneratione […] pro restitutione seu refectione damnorum et expensarum et interesse pro tempore quo solvere cessavit creditori suo). L’inscription d’un crédit dans un tel livre engage le marchand ou l’artisan concerné à payer plus tard, sans aucune exception : il s’agit d’une reconnaissance de dette à valeur performative, qu’on peut prouver soit par un acte notarié (instrumentum publicum), soit par une écriture de la main du créancier (per scripturam factam vel subscriptam manu propria creditoris), ou alors par un autre document écrit clairement par un changeur ou un marchand publiquement reconnu (aut per scripturam liquidam et apertam libri alicuius alterius publici campsoris vel mercatoris). En complément, la suite de la rubrique de 1324 est complétée en étendant l’interdiction d’utiliser les écritures privées comme preuves. D’abord circonscrite dans une provvisione du 16 août 1375 à l’interdiction d’utiliser en justice les écritures privées des usuriers – qui cherchent à ne pas payer la gabelle sur les contrats avec ce type d’écriture89 –, cette interdiction est étendue aux écritures privées faites de la main des débiteurs. En revanche, les écritures privées passées entre marchands et artisans (comme dans le cas étudié ici) ou des marchands et/ou artisans d’un autre Art dans une transaction réelle (causa vera et non simulata seu ficta) font exception. Dans ce dernier cas, les contractants sont tenus de payer la gabelle des contrats pour toutes les autres écritures privées qui ne concerneraient pas des transactions réalisées entre un marchand et un artisan, ou qui n’auraient pas été déclarées.

42Après avoir donné un pouvoir contraignant plus grand au juge par rapport à la situation présentée dans les statuts de la Commune et des Arts florentins du premier quart du xive siècle, le statut communal de 1355 représente un tournant et la législation de la Mercanzia de la période postérieure au procès étudié change pour circonscrire davantage quelles écritures marchandes sont acceptées comme preuves, suivant en cela les recommandations des juristes de l’époque. Les rubriques sur les faussaires sont l’occasion de définir en creux la standardisation de la tenue des comptes, qui renforce leur valeur probatoire.

Condamnation des faussaires et discipline des comptes

43Lorenzo Tanzini rappelle l’intégration totale du droit commun dans les interprétations des statuts de la Commune florentine, à tel point que consilia, statuts et doctrine sur la falsification des écritures fonctionnent de manière circulaire90. Les juristes florentins reprennent en particulier les commentaires des premiers glossateurs et de Bartolo di Sassoferrato sur la lex Cornelia de falsis du Code Justinien91 et sur le Digeste92, notamment pour adopter une définition restreinte du faux.

44C’est pourquoi la falsification des écritures marchandes est circonscrite avec un tel soin dans les statuts de la Mercanzia. Dans la rubrique de 1324, la falsification comprend quatre opérations différentes, classées en fonction de la complexité croissante des manipulations : 1) le retrait ou le déplacement de cahiers ou de feuillets dans les livres déjà écrits ; 2) l’écriture d’informations trop succinctes ou trop brèves par rapport à la réglementation ; 3) les ratures ou les cancellations de parties de comptes ; 4) la réécriture de parties de livres pour commettre un dol ou une fraude93.

45La législation statutaire insiste donc sur la justification des ratures légitimes, qui ne manquent pas de provoquer des conflits, car elles ne permettent plus d’identifier les « mains » des marchands et de leurs comptables. Par exemple, dans un procès de mai-juin 1395, lorsqu’il récuse sa dette de plus de 754 florins d’or dans la liquidation de la faillite de Bono di Taddeo Strada, Benedetto di Gherardo utilise l’argument de la cancellation faite à son insu par un associé. Il fait alors constater par un comptable – Sandro di Francesco di Boccio, un vaiaio, qui semble avoir été un véritable expert94 – la forme différente de l’écriture, ce qui porte préjudice à sa compagnie et à sa propre réputation95. C’est sans doute pourquoi les marchands sont attachés à l’écriture en mercantesca, réputée diminuer les possibilités de contrefaçon96. Selon Balde, de plus, tout ce qui est écrit dans un livre de comptes au nom d’un marchand est présumé de sa main ; pour des nécessités pratiques, il peut toutefois déléguer l’inscription des opérations à un tiers, mais il doit apposer son signum pour les approuver ; dans le cas où une autre main inscrirait des éléments dans le livre, il faudrait alors une validation par trois témoins pour la rendre acceptable en justice97.

46Mais les rubriques punissant les faussaires renvoient davantage à la tenue des comptes, s’inspirant à la fois des statuts corporatifs et de la doctrine.

47À Florence et dans certaines autres Communes, le formulaire de rédaction est fixé par certains Arts, comme celui de la Laine98. Celui des Changeurs (1299) les oblige à écrire les dates de chaque débit et crédit et d’en faire une synthèse mensuelle99. Celui de la Calimala (1301) s’assure en amont de la maîtrise technique et de la fiabilité de ceux qui tiennent les comptes, puisqu’ils doivent prêter serment de respecter les règles de l’Art100, en particulier de consigner les jours précis des transactions101, comme le prescrivait le juriste Ugolino dei Presbiteri102. Les formules pour mentionner un crédit ou un débit sont standardisées (à Florence, respectivement fa creditore et fa debitore) et la forme même des chiffres est définie – précédés et suivis de points pour éviter toute manipulation –, au profit de la numération romaine qui est plus difficile à contrefaire que les chiffres indiens/arabes, ce que les statuts des Changeurs de 1299 et 1316 interdisent sous le nom d’abbacum103. En aval, les consuls de l’Art peuvent vérifier eux-mêmes la bonne tenue des comptes104.

48En cela, les opinions formulées par Balde dans la seconde moitié du xive siècle rejoignent les pratiques de son temps. Il recommande en effet que les écritures portent sur une cause réelle que des éléments matériels permettent de confirmer105, prennent la forme de calculs sans ajouts ultérieurs106, soient écrites fidèlement, de façon véridique107, en respectant la coutume locale et soient approuvées par les institutions locales108. Résumant plus tardivement les évolutions antérieures lorsque la doctrine commerciale s’autonomise, Benvenuto Stracca (mort en 1578) explicite ainsi les critères rédactionnels garantissant la validité des livres de comptes : la numérotation continue des pages, la dénomination précise des personnes, la mention des montants crédités ou débités, l’individualisation du compte et de chaque mouvement avec la notation précise des sommes et des dates concernées, la cause des transactions, critères auxquels s’ajoute une rédaction de bonne foi, sans fraude et vraisemblable109.

49C’est pourquoi tout écart à la discipline des comptes doit être immédiatement corrigé et les faussaires punis avec la plus grande sévérité. Ainsi, dans le statut de 1324, la nature de la condamnation du contrevenant est soumise à l’arbitraire du juge de la Mercanzia, mais la rubrique insiste pour que le livre de comptes soit déclaré vicié et refait sans délai en respectant le formulaire habituel. Falsifier des écritures est si grave que le juge de la Mercanzia reçoit une délégation de pouvoir similaire à celle du Podestat pour toute la procédure110 (ce qu’on retrouve dans le statut communal florentin de 1355). Toute personne convaincue et condamnée de falsification doit également être capturée et remise à la justice du Podestat111. Le statut de 1394 reprend ensuite les dispositions de 1324 dans une syntaxe plus dense, tout en y ajoutant des précisions lexicales, ce qui permet d’intégrer les autres types d’écritures marchandes que les livres de comptes, d’accentuer la correction pour rétablir la vérité (ad veram figuram et veritatem reintegrari)112. Le délit de falsification est par ailleurs un des domaines où le juge de la Mercanzia peut recourir à la procédure sommaire et, surtout, à la torture pour interroger les contrevenants, s’il obtient l’accord de trois des six conseillers113. La falsification des écritures est donc plus sévèrement condamnée, d’autant que la législation communale interdit fermement aux faussaires condamnés d’exercer un office public et les frappe d’infamie114, ce qui est confirmé dans les consilia des juristes des années 1380115.

50La Mercanzia elle-même a rencontré ce cas de figure en 1391 lorsque son conseil se rend compte que son notaire, ser Niccolo da Trento, a raturé, cancellé et manipulé (maculato, raso e cancelato) frauduleusement son livre de recettes deux années auparavant116. L’institution est contrainte d’édicter un nouveau règlement détaillant les procédures d’inscription et d’archivage de ses livres de comptes, mesure qu’elle souhaite par ailleurs voir inscrite dans le statut117. Toutefois, dans la pratique quotidienne des comptabilités, les compagnies les plus attentives comme celle de l’agence Datini d’Avignon ont parfois du mal à exercer un contrôle efficace sur leurs facteurs à l’étranger, à traquer les erreurs pour clôturer les comptes et préféreront régler les difficultés en interne de peur de voir un règlement judiciaire étaler imprudemment leurs difficultés de gestion au grand jour118.

51Reste que la discipline dans la stricte tenue des comptes selon les critères établis par les Arts de Florence est capitale dans la juridiction de la Mercanzia, qui reprend les injonctions de la doctrine. Cette discipline est un cadre cognitif dans lequel les marchands doivent apprendre à transcrire leurs transactions, qui participe de la construction de leur buona fama et contribue en retour à renforcer la force probatoire des livres de comptes devant les tribunaux119.

Pour les marchands, différentes possibilités de recours aux preuves écrites

52La singularité florentine réside aussi dans la confiance accordée à un large éventail d’écritures marchandes pouvant être utilisées comme preuve et mentionnées dans la correspondance du tribunal de la Mercanzia. Les spécialistes dressent une typologie détaillée des livres de comptes120, au sein de laquelle une plus grande importance est donnée au libro grande/liber rationum, dont le statut probatoire est garanti à la fois par son statut de livre officiel de la compagnie et par ses aspects formels de rédaction121.

53Le liber rationum est ainsi très présent dans la réglementation de la Mercanzia : il fait l’objet d’une rubrique spécifique dans le statut122 et on peut supposer qu’il s’agit du type de livre évoqué dans le procès de 1375, en l’absence de précisions supplémentaires dans les actes. Il s’agit aussi de celui qui est le plus souvent mentionné dans la correspondance de la Mercanzia : par exemple, lorsque sont mentionnés les libri rationum de acceptis et datis lors d’un échange entre le consul des Florentins de Naples et la Mercanzia en 1346123, ou dans d’autres affaires impliquant Pise en 1390 (per libros et codices rationum)124 ou Barcelone en 1395 (même expression)125. L’emploi des expressions libro grande126 ou libro […] della dicta compagnia di Pisa127 renvoie également au liber rationum.

54Mais alors que la rubrique du statut de 1324 utilisait un lexique générique, celle de 1394 ouvre le champ des possibilités par sa précision (in suis libris, quaternus rationibus vel scripturis)128, reprise dans les mêmes termes dans la correspondance de la Mercanzia (libri o quaderni e scripture)129 lors des demandes de communication d’écritures marchandes au tribunal. La correspondance porte également la trace de livres de crédits et débits (libri di dare e dell’avere)130, de livres de ventes et d’achats (i libri di vendite et di ricevute)131 de marchands, du livre des recettes de la Mercanzia132 ou encore de livres de caisses en boutiques (libri delle bothegha)133. Les ricordanze – dont l’historiographie a souligné l’extrême diversité formelle, allant de la conservation de la mémoire familiale à l’entretien du secret des opérations délicates, en passant par l’état des lieux des possessions immobilières de la famille134 – sont parfois convoquées devant les juges135, en particulier quand les autres livres ne sont pas disponibles136.

55L’incipit des livres de comptes est souvent recopié137, avec la précision du type d’enregistrement ou de registre, le nom de son propriétaire, le nombre de pages (afin de rendre difficile l’ajout ou le retrait de pages par les faussaires) et bien souvent les inscriptions pieuses invoquant Jésus, la Vierge ou les saints, afin d’augmenter la valeur probatoire des livres de comptes devant le tribunal138. Enfin, la copie de l’extrait concernant le procès – ex causa comme le prescrit la doctrine – est réalisée. L’ensemble est parfois copié avec un souci de précision tel que la mise en page et les marques marchandes sont recopiées dans les registres de copie.

56Les lettres de change, parfois associées à la présence des livres de comptes, peuvent également être utilisées comme preuve en justice139. Les copies de documents, authentiques parce que réalisées par des notaires, sont également convoquées140, mais pas toujours transcrites dans les registres de la Mercanzia. La scripta – soit un acte préparant la rédaction d’un document notarié, soit un document immédiatement exécutoire, répandu en Toscane dès la fin du xiiie siècle141 – écrite par Duccio da Empoli, que Taddeo di Bandino exhibe (doc. 4.2), et que le notaire-syndic de la nation florentine recopie dans sa synthèse des vérifications pisanes, n’est donc pas toujours acceptée en justice. Les originaux – car on peut y reconnaître la main du marchand – des autres lettres marchandes sont enfin acceptés comme preuves142.

57Si le recours à un large éventail de livres de comptes est possible devant le tribunal de la Mercanzia, les documents notariés ne sont pas pour autant abandonnés dans la seconde moitié du xive siècle et restent courants jusqu’aux années 1350-1360. On doit se garder de prendre pour argent comptant les schémas simplificateurs promus par F. Melis143 et A. Sapori d’une substitution linéaire – et plus précoce à Florence qu’ailleurs – des actes notariés par les livres de comptes, seuls à avoir une pleine valeur probatoire dans les litiges commerciaux. S. Tognetti144 a en effet démontré dans une série de contributions récentes le large usage que les marchands faisaient des notaires : les grands marchands recourent aux notaires, y compris parfois pour tenir leurs livres de compte145, mais les marchands moins aisés et les artisans semblent avoir fait cohabiter plus tardivement l’usage parallèle des livres de comptes et des documents notariés146.

58Même à Florence, les livres de comptes et les documents notariés ne sont pas opposés dans la gestion quotidienne des marchands et dans leur utilisation en justice. D’une part, parce qu’entre le moment de l’écriture des transactions et le règlement des litiges devant un tribunal, les marchands pouvaient nommer des procureurs, recourir à un arbitrage devant leurs pairs, passer un accord pour régler une faillite, ou faire rédiger par un notaire une lettre de représailles. D’autre part, parce que les notaires intervenaient encore dans les pratiques ordinaires mêmes des marchands, pour des actes aussi divers que le serment des membres des compagnies marchandes, les quittances pour le remboursement de dettes en retard, les accords pour expédier des marchandises, les nominations de procureurs pour récupérer des crédits ou des marchandises147 – dans lesquels les extraits de comptes sont aussi copiés ou décrits148. Il faut donc concevoir la seconde partie du xive siècle et la première partie du suivant comme une période intermédiaire où plusieurs solutions sont expérimentées et où le recours aux notaires cohabite avec la montée en puissance de la valeur probatoire des écritures marchandes.

La hiérarchie des preuves dans la justice marchande : le statut secondaire des témoignages

59La hiérarchie des preuves orales et écrites est aussi abordée dans la réglementation de la Mercanzia, qui privilégie les preuves écrites dès lors qu’elle suit la procédure sommaire et le jugement en équité. Les témoignages sont acceptés, mais ont un statut probatoire secondaire. D’après le statut de 1324, si aucune écriture ne vient confirmer les déclarations d’une des parties dans un conflit impliquant une société marchande, ou si ladite partie nie, il est possible de procéder per fama et inditia, à condition que ces preuves indirectes soient acceptées par le juge149. Autrement dit, le tribunal peut recourir au témoignage, qui permet de confirmer indirectement un marché connu par des tiers. C’est pourquoi, dans le procès de 1375 au cœur de ce dossier, le notaire-syndic accepte le témoignage sous serment d’Arrigo di Giunta da San Miniato annonçant qu’il a revendu et transmis les 16 peaux de cuir au cordonnier pratésan Pagolo d’Andrea (doc. 4.6).

60Quant à la rubrique de 1394, sa rédaction est plus précise sur les conditions à remplir avant de recourir à ces indices. La complémentarité des preuves pour les conflits de sociétés marchandes est convoquée pour un marché, un change ou « une cause légitime et honnête » pouvant impliquer tous les Arts à l’exception de celui des notaires (qui ne relève pas de la Mercanzia), uniquement dans les cas où cette transaction serait niée, n’apparaîtrait pas dans les écritures marchandes ou s’il restait un doute. Le litigant peut alors apporter d’autres types de preuves légitimes ou faire témoigner quatre hommes, issus de son Art d’appartenance, ou de ceux des Changeurs, de la Calimala ou de la Laine, ou encore recourir à d’autres présomptions ou indices acceptés par le magistrat150. Là encore, on ne sera pas étonné de voir la doctrine, et en particulier Balde recommander l’usage des témoignages sous serment en cas de défaut de production des écritures151.

61Par conséquent, les faux témoignages sont durement condamnés par les autorités florentines. Dans le statut de 1324, les contrevenants, y compris ceux qui persévèrent dans le mensonge, sont susceptibles d’être arrêtés et remis au Podestat pour qu’il les punisse selon les règles du statut communal152. Celui de 1394 reprend ces dispositions en simplifiant la syntaxe, mais en ajoutant des références à la sacralité religieuse dans la phrase initiale de la rubrique renvoyant à la condamnation du mensonge dans la bible, et en conditionnant la procédure de récusation des témoins à la prestation d’un serment sur la bible153.

62On comprend donc, finalement, que notre reconstitution de la chaîne documentaire des transactions dépend intimement de la valeur probatoire des écrits et du mode de fonctionnement du tribunal de la Mercanzia. Ces précautions prises, il convient d’examiner les positions sociales des acteurs, afin de mieux saisir les enjeux des transactions.

Transactions économiques, transactions sociales

Reconstituer les transactions : complémentarité des points de vue et des preuves

63Nous avons précédemment évoqué les étapes antérieures du procès en nous concentrant sur les preuves écrites. L’objectif de l’enquête du juge est de recueillir le point de vue de tous les acteurs, qui se complètent, mais qui soulèvent parfois des contradictions, comme le montrent les schémas relationnels proposés. Le rôle du juge, représenté ici par le notaire-syndic à Pise, est alors de compléter les informations écrites par un interrogatoire faisant émerger la « vérité des affaires », souvent mentionnée comme objectif du jugement en équité par la Mercanzia154. Ici, des contradictions semblent apparaître entre les livres du courtier et ceux des artisans du cuir (cuoiai).

64Le notaire-syndic de la nation florentine à Pise examine tout d’abord la transaction entre Taddeo di Bandino et Arrigo da Giunta da San Miniato. Selon le livre du courtier (doc. 3), l’opération est simple : Taddeo a vendu à Arrigo, le 27 novembre 1375, 18 peaux de cuir (coiame ovvero dossi) pesant 398 livres, au prix unitaire de 4 sous et 5 deniers la livre-poids, soit 82 livres et 18 sous au total. Mais en interrogeant Taddeo (doc. 4.2), celui-ci affirme ne rien avoir écrit dans ses livres et fait intervenir un autre acteur, Duccio di Niccolo da Empoli, qui lui a laissé une scripta comme preuve de la transaction. Ce dernier s’est engagé à racheter les peaux le lendemain (le 28 novembre), a commencé à les payer et doit achever son paiement sous un mois. Il s’agit exactement du même prix pour la même quantité de marchandises : il ne réalise pas de profit, mais paye directement les marchandises achetées par Arrigo da San Miniato, peut-être pour contourner l’interdiction d’exportation des cuirs pisans. La connexion de ces deux éléments permet de comprendre pourquoi Duccio conteste la saisie effectuée par les frères tanneurs de Florence, Guardi et Niccolo di Giovanni, sur le défendeur Arrigo da San Miniato (doc. 1.2) : il a aussi commercé avec Arrigo.

65La deuxième transaction, entre Tommaso di Manno et Arrigo da San Miniato est bien écrite dans les livres du courtier et du vendeur Tommaso. Selon ses propres livres (doc. 3 et doc. 4.1), Tommaso di Manno a vendu à Arrigo – le 28 novembre 1375 – 16 peaux de cuir (dossi) au prix unitaire de 50 sous la peau (l’unité de mesure n’est donc plus ici le poids mais la pièce) pour 40 livres au total (doc. 3). Mais les informations diffèrent dans le livre de Tommaso di Manno (doc. 4.3), comme le relève le syndic florentin. Certes le prix est identique, même s’il précise le montant des frais payés au courtier (8 sous, soit une taxe de 0,8 %), mais la quantité de peaux, la date et le lieu changent : il s’agit ici d’une vente de 20 dos au lieu de 16, le 26 novembre au lieu du 28 et Arrigo est inscrit comme étant de San Miniato in Kinzica (Arrigo di Giunta da San Miniato in Chinzica de dare), ce qui entraîne une confusion sur le lieu de vente alors qu’il s’agit d’une contraction, puisque Arrigo est de San Miniato mais que la vente s’est faite à San Martino in Kinzica (doc. 4.3, 4.5 et 4.4, voir fig. 1).

Figure 1 — Un exemple de schéma relationnel : la transaction de Tommaso di Manno selon son livre de comptes (doc. 4.3)

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66Il interroge alors de nouveau le courtier présent lors de la vente (doc. 4.4), qui confirme le jour de vente inscrit dans son livre, le 28 novembre et non pas le 26, comme l’a écrit Tommaso. Le contre-interrogatoire du vendeur Tommaso di Manno suit immédiatement (doc. 4.5, voir fig. 2) : l’argumentation de ce dernier sur la date de transaction est obscure car elle peut être interprétée comme un accord avec le courtier sur la date du 28 novembre ou comme une confirmation du 26 puisqu’il affirme « croire avoir bien écrit » (il venditore disse che credea pure avere scripto bene). La position du courtier étant théoriquement neutre, on retiendra la date du 28 novembre. Tommaso explique en revanche la discordance sur les quantités vendues : en accord avec l’acheteur (Arrigo), le vendeur (Tommaso) garde pour lui 4 des 20 dos vendus, sans qu’on sache s’il s’agit d’une retenue avant d’avoir le prix complet (et le courtier inscrirait alors uniquement le transfert des peaux physiquement manipulées, alors que le vendeur inscrit une vente de 20 peaux) ou d’une partie du paiement (4 peaux reviendraient au vendeur en complément du prix payé en monnaie), ou encore de la régularisation d’une dette antérieure. Il confirme ensuite le lieu de vente, San Martino in Kinzica, puisque San Martino reste une localisation trop floue et qu’elle pourrait être confondue avec San Martino alla Pietra del pesce, une autre paroisse située bien plus près du marché principal de Pise (carte 1, p. 340).

Figure 2 — La transaction de Tommaso di Manno d’après son livre de comptes et son témoignage (doc. 4.5., doc. 3, doc. 4.3. et 4.4.)

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67Avant de répondre à cet interrogatoire en présence des magistrats (puisque le syndic le date du 6 février, sauf s’il commet une erreur en confondant avec le 16 février), Arrigo a prêté serment en présence du syndic et de trois témoins : il a juré avoir acheté 16 dos de cuir pour un total de 40 livres en tout à Tommaso di Manno, puis les avoir envoyés et vendus à Prato au cordonnier (calzolai) Pagolo d’Andrea (doc. 4.6, voir fig. 3).

Carte 1 — La géographie des acteurs et des transactions à Pise (carte de l’auteur)

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Figure 3 — La transaction d’Arrigo di Giunta da San Miniato : après l’achat à Tommaso di Manno, la revente à Pagolo d’Andrea (doc. 4.6., qui complète les doc. 1.1. et 1.2.)

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68Il devient donc clair que le statut de preuves semi-pleines des écritures marchandes, auxquelles la doctrine juridique accorde une confiance mitigée, bien que les normes de la Mercanzia autorisent une grande diversité d’écritures marchandes, est complété par le recours aux témoignages. Ces derniers sont les seuls à même de permettre au juge – et donc à l’historien – de reconstituer l’intégralité des transactions, sachant qu’une partie d’entre-elles échappent à une inscription en bonne et due forme : ainsi le rôle de Duccio da Niccolo da Empoli dans le paiement ou la retenue des 4 peaux par Tommaso di Manno apparaît-il plus clairement à l’issue de ces confrontations.

Quand le para-transactionnel éclaire les transactions économiques : les positions sociales des acteurs

69Après avoir reconstitué les relations entre acteurs en confrontant les points de vue et les différents types de preuves apportées devant le tribunal, l’examen des sources fiscales permet de préciser la localisation et le métier de tous les acteurs, de mieux comprendre la nature de leurs relations et d’émettre des hypothèses sur leurs rapports de pouvoir.

70Tout d’abord la localisation des acteurs éclaire la situation (carte 1) : seuls les demandeurs, les tanneurs (galligai) Guardi et Niccolò di Giovanni, sont à Florence ; les autres acteurs résident à Pise (Duccio di Niccolò da Empoli et Arrigo di Giunta da San Miniato résident dans le quartier le San Martino in Kinzica ; le courtier Viviano ser Dino réside dans la chapelle San Viviana, soit sur l’autre rive de l’Arno, juste au nord de San Martino in Kinzica ; les deux vendeurs de cuirs dans un quartier proche), hormis le cordonnier (calzolai) Pagolo d’Andrea présent à Prato.

71Rien n’est précisé dans les actes du procès concernant la localisation des vendeurs de cuirs (cuoiai), mais ils sont documentés dans les documents fiscaux postérieurs de Pise (taglie de 1402 et 1412 et prestanza de 1407)155 et dans le livre de comptes de Bartolomeo di Tingo156, ce qui permet de reconstituer la géographie des transactions étudiées par le juge. Les comptes de Bartolomeo di Tingo et de Dato di Borghese mentionnent en effet un profit réalisé sur la vente d’un lot de cuirs espagnols négociés avec Taddeo di Bandino le 14 novembre 1385157. La taglia de 1402 situe un Taddeo di Bandino, cuoiaio, dans la paroisse Santa Barnaba, puis la prestanza de 1407 le situe à San Silvestro158 : il s’agit du même personnage et du même quartier, puisque les deux églises sont adjacentes et situées dans un quartier où se concentrent les activités du cuir (cuoiai et conciatori). Taddeo di Bandino est donc un artisan du cuir documenté au moins de 1375 à 1407 travaillant dans la périphérie orientale, à proximité de la muraille pisane et sur les rives de l’Arno. Il semble en outre plus aisé que l’autre vendeur, puisque sa cote fiscale est de 6 florins et 62 sous en 1402 alors que celle de Tommaso di Vanno est de 1 florin et 42 sous. Ce dernier est documenté en 1402, 1407 et 1412 et réside dans la paroisse San Marco Fuori Borgo, soit dans un quartier spécialisé dans l’industrie du cuir, légèrement au nord du précédent cuoiaio159.

72Il ressort aussi de ces localisations que Duccio da Empoli (scripta dans le doc. 4.2.) et Arrigo da San Miniato (doc. 4.5.) résident dans le même quartier, San Martino in Kinzica. L’habitude de crier les informations concernant les procédures judiciaires dans les lieux publics fréquentés et sur les lieux de résidence des acteurs concernés pour en informer leurs voisins, attestée à la Mercanzia florentine et qui dut avoir un équivalent à Pise, explique certainement le déclenchement du procès : ayant eu vent de la saisie réalisée sur ordre des demandeurs et tanneurs florentins (Guardi et Niccolò di Giovanni) sur les biens du défendeur Arrigo da San Miniato, Duccio da Empoli intervient en déposant un recours (petitio) pour revendiquer auprès de la Mercanzia florentine (Empoli fait partie du territoire florentin) l’encours d’une dette que, selon lui, les demandeurs veulent injustement récupérer pour pallier l’absence de paiement.

73Les sources fiscales pisanes permettent en outre de préciser leur métier et ainsi de faire une hypothèse sur leurs relations économiques. Concernant tout d’abord Arrigo di Giunta da San Miniato, dont on sait qu’il réside à San Martino in Kinzica, on peut le rapprocher d’Enrico (une autre graphie du nom)160, cordonnier (calzolaio) résidant à San Martino in Kinzica en 1402161 et d’Arrigo di Guccetto, cordonnier (calzolaio) à San Martino in Kinzica en 1407162. Arrigo di Giunta da San Miniato, dont la profession n’est pas mentionnée dans la portion de procès étudiée, aurait donc vraisemblablement la même profession que Pagolo d’Andrea (calzolaio) à qui il revend et expédie les peaux à Prato, ce qui pourrait correspondre à deux étapes du travail des cuirs. Quant à Duccio di Niccolo da Empoli, résidant également dans la paroisse de San Martino in Kinzica, il est probable qu’il s’agisse de l’apothicaire (speziale) Duccio mentionné en 1402163, puis nommé Duccio di Giovanni en 1407164 et en 1412165, et résidant toujours dans la paroisse de San Martino in Kinzica.

74La mention de ce métier de speziale et la cote fiscale plus élevée que celle d’Arrigo da San Miniato (1 florin et 40 sous en 1402) laissent supposer une situation économique plus aisée pour Duccio da Empoli (2 florins et 3 sous) – mais inférieure à celle de Taddeo da Bandino, ce qui s’explique par la vigueur de l’artisanat du cuir à Pise qui permet des enrichissements. Elle éclaire également la position de Duccio da Empoli dans la chaîne des transactions. Il a dû demander à Arrigo da San Miniato d’acheter avec son argent des peaux de cuir à Taddeo di Bandino par l’entremise du courtier Viviano di ser Dino : le courtier n’inscrit que la transaction directe pour laquelle il fait l’intermédiaire, à savoir entre Taddeo di Bandino et Arrigo da San Miniato, mais l’argent servant à payer provient de Duccio da Empoli. Cela explique pourquoi Duccio paye une partie du prix promis, ce qui résout les problèmes évoqués dans le procès concernant le prix à payer166. Ce que donne en réalité à voir cette connexion de deux transactions préalablement masquées, c’est bien une relation de pouvoir et de dépendance : Arrigo da San Miniato travaille pour le compte de Duccio da Empoli, qui pourrait lui avoir demandé de transformer des peaux de cuir en chaussures ou en d’autres pièces de cuir (des contenants à épices et onguents pour sa boutique ?) produites par le cordonnier. Nous serions donc ici dans un cas similaire aux processus de transformation de la laine en draps dans les campagnes florentines : si la matière première passe de mains en mains et de boutiques en boutiques avant sa transformation en produit luxueux, elle reste toujours la propriété du commanditaire initial, comme vient le rappeler la scripta, ou plutôt la reconnaissance de dette de Duccio da Empoli.

75Le courtier Viviano di ser Nardo résidant dans un quartier proche de Taddeo et Tommaso (sur la même rive, à l’ouest)167, il est probable qu’il soit spécialisé – situation fréquente168 – dans l’achat-vente de cuirs, si l’on en juge par la proximité d’un quartier spécialisé à l’ouest de San Viviana. Il peut également être régulièrement en contact avec les vendeurs de cuirs Tommaso di Manno et Taddeo di Bandino qui habitent à quelques encablures à l’est de son quartier de résidence. Mais, lors de son interrogatoire, Tommaso di Manno affirme avoir écrit l’opération – et donc vraisemblablement avoir réalisé la transaction – depuis la paroisse de San Martino (doc. 4.5), située non loin du principal marché communal de Pise (carte 1, p. 340) : l’ensemble des transactions s’est donc réalisé à proximité du marché, les différents acteurs s’y étant physiquement déplacés, comme le requièrent les statuts de Pise.

76Le courtier est, en outre, un personnage clé. La fonction est réglementée en Italie depuis le milieu du xiie siècle en Italie, avant 1254 à Pise (mais l’activité est documentée dès 1162)169 et en 1299 à Florence. « Les courtiers étaient les intermédiaires, les truchements, les conseillers commerciaux et juridiques indispensables des marchands170. » Plus précisément à Pise, les courtiers ont pour fonction d’améliorer la quantité et la qualité des biens échangés pour assurer le profit des opérateurs de la place marchande, un des principaux ports de Méditerranée. Ils sont les référents officiels à qui l’on peut demander un avis sur un produit, une propriété ou la conjoncture du marché (que merces fuerint in sallita et que in descensu)171. Les courtiers sont des citoyens pisans, choisi par les consuls des Marchands parce qu’ils jouissent de la meilleure réputation (fama) parmi les marchands172. Afin de pouvoir les identifier, ils portaient un signe distinctif (un anneau)173 et ils percevaient une commission – fixé à l’avance dans le Bref des courtiers174 – pour les services rendus sur tous types de contrat. Comme tels, ils étaient chargés de veiller à tous les types de transactions réalisées et étaient des officiers de la Commune de Pise175 relevant de l’Ordine dei Mercanti et de l’Ordine del Mare dès les années 1240176. Le Bref de la Commune de 1287 précise que 60 courtiers sont choisis par les consuls de la Mer, 30 par les consuls des Marchands et 10 par celui de la Laine177 puis, au début du xive siècle, ils sont respectivement 70, 30 et 20178. On distingue, en outre, deux types de courtiers : les sensales de cannis sive mensuratores et les sensales andadores, plus spécifiquement chargés de contrôler les marchés179, fonction que devait occuper Viviano di ser Dino en 1375 auprès de la Cour des marchands.

77L’hostilité des courtiers envers les étrangers a été débattue, J. A. Van Houtte y voyant « un système de surveillance plutôt que de médiation, comme une sorte d’inquisition commerciale empreinte d’une vive méfiance envers les étrangers180 », alors que R. S. Lopez relevait la contradiction entre l’obligation de protéger les intérêts de leurs concitoyens et l’incitation à faire venir davantage de marchands étrangers181. Les milieux économiques pisans se retrouvent dans cette même contradiction, car le dynamisme de la place dépend en grande partie de la vigueur de son port, mais l’action des courtiers doit favoriser les Pisans au détriment des étrangers182, dont il faut refrèner les tentations spéculatrices183. Pour autant, les tarifs de courtage sont les mêmes pour tous184.

78Leur neutralité, gage de sincérité dans un éventuel témoignage en justice, est garantie par l’interdiction d’avoir quelque lien avec les parties contractantes, que ce soit comme partenaire commercial, comme hébergeur (hospites ou fundacario) ou comme informateur frauduleux d’une des parties contractantes185. Ils étaient donc dotés d’une confiance telle que les statuts communaux italiens accordent une pleine valeur à leurs témoignages en justice186 : c’est auréolé de cette buona fama que le courtier Viviano di ser Nardo témoigne dans le procès au cœur de notre étude.

79Dernier personnage, le notaire expertisant et faisant une copie authentique des écritures du courtier habite non loin du marché. Si l’on identifie Giovanni di ser Nardo au ser Giovanni di ser Nardo da Vico mentionné dans la taglia pisane de 1402187, il réside dans la paroisse San Giorgio a Porta a Mare, soit sur les rives de l’Arno, non loin des quartiers les plus densément peuplés et à l’activité économique intense (carte 1, p. 340), sur la rive opposée et à l’ouest du palais seigneurial des Gambacorta abritant aussi la loge de la nation florentine : il est probablement choisi pour son expertise dans les transactions économiques du quartier, sa proximité géographique avec le tribunal des marchands de Pise qui l’emploie probablement, et son absence de lien avec les autres acteurs (que laisserait présager un relatif éloignement géographique). Un deuxième, Giovanni di Nardo, est présent dans la taglia pisane de 1412, et réside dans la paroisse de San Lorenzo alla Rivolta, elle aussi éloignée des lieux de résidence des acteurs. Cela pourrait permettre de valider le raisonnement précédent, mais la source fiscale précise qu’il est pattiere (équivalent pisan de sensale, courtier)188 : il n’a donc pas déclaré son activité de notaire aux officiers communaux, mais uniquement celle de courtier et pourrait avoir exercé les deux activités.

80Le rapprochement entre le dossier relatif à ces artisans et marchands pisans en conflit avec des Florentins en février 1375, la doctrine et la réglementation des statuts corporatifs, communaux et ceux de la Mercanzia de Florence illustre ainsi l’importance prise au xive siècle par les écritures marchandes pour l’établissement de la validité juridique des transactions. Les documents notariés restent cependant utilisés par les marchands, contrairement à l’image trop simpliste présentée par l’historiographie ancienne. Durant une période assez longue, l’usage des écritures marchandes comme preuves se superpose et est contaminé par l’usage des documentés notariés.

81Cette étude montre aussi que lorsque les écritures marchandes ne sont pas claires ou rendent la manifestation de la vérité incertaine, le recours au témoignage est privilégié. Or, la confusion et l’imprécision des écritures marchandes sont loin d’être rares. On comprend ainsi que le problème de la concordance des écritures vient redoubler celui de la concorde des hommes et que, par conséquent, la scripturalisation des transactions marchandes, dans les formes qu’elle a prises dans l’Italie communale, autorisait bien des jeux et ménageait bien des espaces d’incertitude et de négociation.

82Enfin, les relations entre les parties contractantes ne sont déchiffrables qu’en croisant les points de vue exprimés par différents types de documents, dont les actes judiciaires ne sont qu’une partie, certes bien fournie mais à exploiter avec prudence en tenant compte des cadres cognitifs de rédaction. On peut alors reconstituer de façon plus complète les transactions et les relations socio-économiques sous-jacentes.

Annexe

Documents189

Document 1. Lettre envoyée par le tribunal de la Mercanzia au notaire-syndic de la nation florentine à Pise (12 février 1375)

Source : ASFi, Mercanzia, 193, fol. 15rv.

Di XII di febbraio

Littere Pisis misse190

Probo viro ser Francisco Vannis Muzi di Florentia, sindico mercatorum florentinorum in civitate Pisana.

Conciò sia cosa che lite e questione penda nella nostra corte tra Guardi e Nicollo di Giovani, galligai, dal’una parte, e Duccio di Nicollo da Empoli, dal’altra parte, [doc. 1.1.] per ragione d’uno stagimento facto a petitione di dicti Guardi e Nicollo di cierti danari che Arrigho di Giunta da San Miniato doveva avere da Pagolo d’Andrea, calzollaio da Prato, per coiame, cioè dossi da suola ch’el dicto Arrigho aveva venduti al dicto Pagolo, il quale Arrigho è debbitore di dicti Guardi e Nicollo in certa quantita di danari, sicondo sicondo [sic] che dicono, [doc. 1.2.] e il quale Duccio dice che i dicti danari istagiti, i quali il dicto Arrigho dovea avere dal dicto Pagolo, dice che sono d’esso Ducio e allui s’apartengono, però che dice che furono di suola d’esso Duccio, le quale il dicto Duccio dice che comperò in Pisa e quelle diede a recare a vendere al detto Arrigho. [fol. 15v] E però chiarito della verità questa questione, noi Jacopo di Capucci da Imola, Ufficiale della Mercatantia di Firenze, comitiamo a voi Ser Francescho [di Vanni Muzzi], sindacho [de la nation florentine à Pise], che vi informate della quantità di dossi che Arigho predicto, ovvero il dicto Duccio, comperarono del mese di novembre o di dicembre in Pisa da Taddeo di Bandino o da Tommaso di Manno o d’alcuno di loro, e come le dicte compere stanno e sono scripte in su i loro libri da Pisa e che la copia de le dicte compere ci mandati di vostra mano il più tosto che potete. Data in Firenze a di X di febraio.

Document 2. Lettre de présentation envoyée par les consuls des marchands de Pise au tribunal de la Mercanzia de Florence (20 février 1375)

Source : ASFi, Mercanzia, 193, fol. 24v.

Die XX di febbraio

Littere misse domino Officiali et VII consiliariis pro consulto mercatorum civitatis Pisis191

Sapientibus viris domino Jacobo di Capuciis di Imola offitiali Mercantie civitatis Florentie et septem eius consilliariis, amicis carissimis.

Karissimi fratres, mictimus vobis presentibus interclusas certas scripturas et acta facta in nostra curia Mercatorum ad petitionem Nicollai Vannis di Florentia, narrantis et asserentis se ipsarum scripturarum indigere pro certa eius intensione in nostra curia consequenda.

Consulles curie Mercatorum Pisis civitatis, ubi data die quarto decimo februarii [14 février], XIII indictione.

Document 3. Relation du procès et copie des extraits de comptes envoyés à Florence par les consuls des marchands de Pise (20 février 1375)

Source : ASFi, Mercanzia, 193, fol. 24v-25.

Dicta die

Inter allia quae continentur in libris et actis curie Mercatorum Pisis civitatis continetur sic.

Vivianus Ser Dini, sensalli de capella Sancte Viviane de Pisis, in persona ex parte consulum Curie mercatorum Pisis civitatis, per Santi Johannis de capella Sancti Christofori Kinzince publice nuntium suprascripte curie ad petitionem Nicollai Vannis de Florentia, presertim fuit dicens : « Cras die Martis XIII februarii [13 février] post nonam et ante vesperas compareat ad suprascriptam curiam et portet secum librum in quo scribit mercata quae facit inter mercatores et allios homines ad penam arbitrio ipsorum consulum auferendam D. J. A mccclxxv [1375], indictione XIII, die duodecimo februarii [12 février].

Nicollaus suprascriptus existens in suprascripta Curia cum suprascripto Viviani cum suprascriptis consullibus petiit ab eo copiam unius mercati facti inter Hurigum de Sancto Miniato, ex una parte, et Tadeum Bindi, ex altera, de certis dossis corriorum et unius alterius mercati facti inter ipsum Hurrighum, ex una parte, et Tomazum Manni, ex altera, de [fol. 25r] certis dossis corriorum, ut ipse Nicollaus possit coram domino offitiali Mercantie et septem eius consiliariis civitatis Florentie facere plenam fidem. die tercio decimo februarii [13 février].

Vivianus sensalis suprascriptus veniens ad suprascriptam Curiam coram suprascriptis consulibus, audivit et demostravit ipsis consulibus et mihi Johanni notario infrascripto librum suum sensarie ipsius Viviani, in quo scripta fuerit [mot barré] infinita mercata. In quo libro, inter allia ipsi consules viderunt et legerunt, et ego Johannes notarius infrascriptus vidi et legi cum eis, duo mercata que erant et sunt scripta in dicto libro infrascripte continentie et infrascripto die :

1374192

Arrigo da San Miniato comprò da Taddeo di Bandino a dì 27 di nobvenbre dossi 18, per soldi 5 [erreur pour 4], denari 2 la libra, pesono libre 398, montano libre 82 soldi 18.

E comprò da Tomazo di Manno addì 28 di novembre, anno suprascripto dossi 16, per soldi 40 l’uno, montano libre 50.

Ego Johannes, filius quondam ser Nardi, notarii di Arena, civis Pisis, imperiali auctoritate notarius ac etiam scriba publicus suprascripte curie Mercatorum predicta omnia in actis suprascripte curie scripssi et exinde in hanc formam redegi et ad maiorem cautelam meum signum et nomen aponui consueta.

Document 4. Relation du procès, copies des extraits de compte, interrogatoire et rapport du notaire-syndic de la nation florentine à Pise (20 février 1375)

Source : ASFi, Mercanzia, 193, fol. 25v-26v

Die XX di febbraio

[fol. 25v] Idem193

[doc. 4.0. : résumé/copie du doc. 1]

Honorevoli padri e signur mei, a dì XII del presente mese [12 février], ricivetti una vostra lettera, nella quale in effecto si contenea come nella vostra Corte pendeva quistione tra Guardi et Nicollo di Giovanni, galligai, dal’una parte, e Duccio di Nicollo da Empolli, da l’altra parte, per cagiune d’uno stagimento facto a petitione di dicti Guardi e Nicollo di certi danari che Arrigo di Giunta da Santo Miniato doveva. doveva [sic] avere da Pagolo d’Andrea da Prato, per coiame a llui venduto dal dicto Arrigho, il quale Arrigho si dice essere debitore di dicti Guardi et Nicollo e il dicto Duccio dice che i dicti danari stagiti apartengono a sè Duccio, però che dice chel dicto coiame venduto per lo dicto Arrigo era suo, e che in Pisa l’avea comprato, per la qual cosa per la dicta vostra letera me cometteste che per chiarirne della verità io me informasse della quantità di dossi dil dicto coiame che Arrigho predicto overo il dicto Duccio comperarono qua da Taddeo di Bandino e da Tomaso di Manno o d’alcuno di loro, e come le dicte compre vi mandi di mia mano.

[doc. 4.1. : traduction du doc. 3]

Rispondo e per la presente letera vi signiffico quanto per me s’è trovato intorno alle dette cose come appresso dirò. In prima fui col sensale delle compre e vendite del dicto coiame overo dossi, il quale à nome Viviano di ser Dino da Pisa, e mostromi il libro suo, nel quale vide scripte due compre e in capo della faccia del foglio dove le dicte compre erano scripte dicea [« ] m. ccc lxxv [1375] [ »] e poi doppo alcuna partita d’altre compre era scripto cossì [ : « ] Arrigo da San Miniato comprò da Taddeo di Bandino a di XXVII [27] di novenbre dossi diciotto [18], per soldi quatro [4] e denari due [2] l’una, pesono libre iiic.lxxxx.viii [398], per soldi iiiio e denari ii libra, montano libre lxxxii [82] e soldi xviii [18] piccioli [fol. 26]

Apresso alla dicta partita senza altro in mezo nella medisima faccia era scripto cussi, cioè [ : « ] E conperò da Tomaso di Manno a di xxviii [28] di novembre dossi xvi [16] per soldi l [50] l’uno [ »].

[doc. 4.2. : livres de Taddeo di Bandino]

Doppo le dicte cose fui con vindituri, et prima col dicto Taddeo e pregalo che gli piacesse di mostrarme il libro suo per vedere come stava la compara194 facta per lo dicto Arrigho, rispoxe che nulla n’avea scripto però che bene che avesse vinduto al dicto Arrigo i dicti dossi diciotto [18]. Egli non s’era del preso volluto attenere a lluii, ma che Duccio sopradicto gli avea promesso il prezo e facto n’egli avea una scripta di sua mano e buona parte n’avea già pagato. Vidi la dicta scripta della quale questo è il tenore, cioè [ : « ] Io Duccio di Nicollaio della capella di San Martino in Chinzica debbo dare a Tadeo di Bandino, coiaio in Pisa, a di xxviii [28] di novembre, per dossi xviii [18], pesono libre iiic lxxxxviii [398], per soldi iiiio [4] denari ii [2] libra, montarono in tutto libre. lxxxii [82] e soldi xviii [18], termine fino a uno mese proximo che viene, cominciando dì dicto de sopra [ »].

[doc. 4.3. : livres de Tommaso di Manno]

Apresso fu’ con l’altro venditore, cioè Tomaso di Manno, e vidi il suo libro, nel quale era scripto in capo della faccia gli anni Domini, cioè [ : « ] mccclxxv [1375] [ »] e poi, nella dicta faccia, doppo alcuna partita era scripto cussì, cioè [ : « ] Arrigo di Giunta da San Miniato in Chinzica de’ dare a di xxvi [26] di novembre, per dossi venti [20], per soldi L [50] l’uno, son libre l [50], sensale Viviano diegli per sensaria soldi VIII [8] [ »].

[doc. 4.4. : rapport du syndic et témoignage du courtier Viviano]

E perchè io vidi, questa partita discordare dalla scripta del sensale, quanto a luogo donde iera il compratore e quanto al dì e quandto alla quantità de’ dossi, però [fol. 26v]

che questa partita dice [ : « ] da San Martino in Chinzica [ »] e dice [ : « ] a dì xxvi [ »] e dice [ : « ] dossi XX [ »], e lla scripta del sensale dice [ : « ] da San Miniato [ »] e dice [ : « ] a dì xxviii [ »] e dice [ : « ] dossi xxvi [sic, erreur pour 16] [ »], domandai come questo iera, il sensale, il quale iera presente, rispose chel venditore avea erato nel dì. [doc. 4.5. : témoignage de Tomaso di Manno.] Il venditore disse che credea pure avere scripto bene, ma pure non ne fece contesa quanto al numero di dossi, disse che poi fu in concordia col compratore ch’el venditore se ne retenesse quatro, e questo fu sul farre del mercato ; quanto al luogo disse il venditore che scripsse da San Martino, però ch’el dicto Arrigo compratore ha[b]itava nella capella di San Martino in Chinzica.

[doc. 4.6. : témoignage d’Arrigo di Giunta]

Oltre alle dicte cose, perché di tuto siati informati, vi signiffico ch’el dicto Arigo insino a di vi del presente mese di febraio [6 février], in presentia di tre testimoni e di me, confessò e afermò che del mese di novembre proxime passato egli avea comprato da Tomaso di Manno, coiaio in Pisa, dossi neri sedici [16], per prezo di libre xl [40] in tutto, e che del dicto mese mando i dicti dossi a Prato, e qui la vende a Pagolo d’Andrea, calciollaio da Prato, per soldi iiiio [4] e denari viii [8] la libra. E pregomi che della dicta confessione io ne facesse carta, e cussì feci.

Francesco di195 vostro sindico in Pisa196

Vanni Muzzi, xiiiio di febraio, xiii indictione

Figure 4 — Synthèse des schémas relationnels des transactions évoquées dans le procès de 1375 (schéma de l’auteur)

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Notes de bas de page

1 Outre l’ensemble du groupe de travail dont est issu cet ouvrage, je désire remercier plus particulièrement J. Claustre, J. Hayez et L. Tanzini pour leurs remarques sur les versions antérieures de ce texte. Les rubriques des statuts sont indiquées de la manière suivante : II (= livre II), 19 (= rubrique 19) ; lorsque le statut n’est pas subdivisé en livres, on indique uniquement rub. 19. Pour les citations des registres de la Mercanzia, n. f. = non folioté ; les dates approximatives sont indiquées en fonction du document précédent ou suivant le passage cité (« postérieur à » ou « antérieur à »).

2 S. Ogilvie, Institution and European Trade. Merchant guilds, 1000-1800, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 250-313.

3 Voir l’abondante bibliographie de Vito Piergiovanni, rassemblée dans id., Norme, scienza e pratica giuridica tra Genova e l’Occidente medievale e moderno, Gênes, Società Ligure di Storia Patria, 2012 ; G. Minaud, « Les juristes médiévaux italiens et la comptabilité commerciale avant sa formalisation en partie double en 1494 », Revue historique, 660/4, 2011, p. 781-810 ; M. Fortunati, Scrittura e prova. I libri di commercio nel diritto medievale e moderno, Rome, Fondazione Sergio Mochi Onory per la storia del diritto italiano, 1996 ; P. Nardi, Studi sul banchiere nel pensiero dei glossatori, Milan, Giuffrè, 1979 ; A. Lattes, Il diritto commerciale nella legislazione statutaria delle città italiane, Milan, Hoepli, 1884 ; L. Goldschmidt, Storia universale del diritto commerciale, V. Pouchain et A. Scialoja (trad.), Turin, Unione tipografico/Editrice torinese, 1913 [1re éd. Handbuch del Handelsrecht, Stuttgart, Ferdinand Ente Verlag, 1891].

4 M. Ascheri, « La decisione nelle corti giudiziarie italiane del Tre-Quattrocento e il caso della Mercanzia di Siena », dans J. Backer (dir.), Judicial Records, Law Reports and the growth of case-Law, Berlin, Duncker & Humblot, 1989, p. 101-122 ; M. Ascheri, « Giustizia ordinaria, giustizia dei mercanti e la mercanzia di Siena nel Tre-Quattrocento », dans id., Tribunali, giuristi e istituzioni dal Medioevo all’età moderna, Bologne, Il Mulino, 1989, p. 23-54.

5 R. A. Goldthwaite, The Economy of Renaissance Florence, Baltimore, Johns Hopskins University Press, 2009, p. 90. Sur les débuts de l’institution, voir A. Astorri, La Mercanzia a Firenze nel primo Trecento. Il potere dei grande mercanti, Florence, Olschki, 1998. Pour une synthèse et une modélisation de ces institutions dans le panorama italien, voir A. Tanzini, « Tribunali di mercanti nell’Italia tardomedievale tra economia e potere politico », dans L. Tanzini, S. Tognetti (dir.), Il governo dell’economia. Italia e Penisola Iberica nel basso medioevo, Rome, Viella, 2014, p. 229-255. Pour les potentialités de ce type de documentation, voir E. Maccioni, S. Tognetti (dir.), Tribunali di mercanti e giustizia mercantile nel tardo medioevo, Florence, Olschki, 2016. Un inventaire exhaustif est en cours d’achèvement : R. Goldthwaite, M. Spallanzani (dir.), avec la collab. de F. Bettarini, Censimento di libri contabili privati dei Fiorentini, 1200-1600.

6 C. Quertier, « Il quinto elemento del mondo ». Le réseau des consulats et nations florentines aux xive-xve siècles, d’après la correspondance de la Mercanzia, mémoire de l’École française de Rome soumis à l’Académie des inscriptions et belles lettres, juin 2016. Une présentation du corpus et une synthèse d’une partie des résultats seront publiés dans C. Quertier, « Les Florentins, étrangers privilégiés ou alliés encombrants ? Heurs et malheurs des nations florentines (Europe, Méditerranée, xive-xve siècles) », Mélanges de l’Ecole Française de Rome-Moyen Âge, 131/2, 2019, à paraître.

7 ASFi, Mercanzia, 193, fol. 15rv, 15 février 1375 ; fol. 24v, 20 février 1375 ; fol. 25-26, 20 février 1375 ; fol. 34v, 6 mars 1375 ; fol. 43v, 18-19 mars 1375.

8 C. Quertier, Guerres et richesses des nations. La communauté des marchands florentins à Pise au xive siècle, thèse de doctorat dirigée par L. Feller et G. Pinto, Paris 1 Panthéon Sorbonne, soutenue le 27 mai 2014, vol. 1, p. 434-436 ; id., « Le jeu des six différences ? Comparer les nations florentines et catalanes à Pise dans la seconde moitié du xive siècle », dans S. Duval, A. Poloni, C. Quertier (dir.), Pise de la Peste noire à la conquête florentine (1348-1406). Nouvelles orientations pour l’histoire d’une société en crise, dossier des Mélanges de l’École française de Rome, Moyen Âge, 129/1, 2017.

9 Voir le début du document 2 à la suite de cet article, mentionnant les destinataires de la lettre des consuls des marchands de Pise, le juge Iacopo di Capucci et ses conseillers (qui ne sont pas nommés).

10 C. Quertier, Guerres et richesses des nations…, op. cit., vol. 1, p. 66-76 ; L. Boschetto, « Writing the Vernacular at the Merchant Court of Florence », dans W. Robins (dir.), Textual Cultures of Medieval Italy, Toronto, Toronto University Press, 2011, p. 217-262, ici p. 221-222 et 225-228.

11 A. Astorri, La Mercanzia a Firenze…, op. cit., p. 108.

12 L. Boschetto, « Writing the Vernacular… », art. cité. Après juin 1376, ne sont conservés que les filze (ASFi, Mercanzia, 5, fol. 87-88v, 14 mai 1476), tandis qu’en 1496 les notaires étrangers sont remplacés par un notaire florentin (ASFi, Mercanzia, 9, fol. 2v-3, septembre 1496). Dans le cas du procès étudié, nous n’avons pu retrouver la trace de la petitio initiale, ce qui peut s’expliquer par les lacunes des archives de la Mercanzia.

13 L. Boschetto, « Writing the Vernacular… », art. cité, p. 228-239.

14 ASFi, Mercanzia, 193, fol. 15rv, 12 février 1375. Après les années 1330, les actes sont habituellement copiés par ordre chronologique par le notaire de la Mercanzia (ils étaient auparavant classés par procès), mais l’ordre est ici bouleversé dans la mesure où les actes précédant cette affaire datent du 7 février et où ceux qui sont recopiés ensuite sont du 5 février 1375. Or, la copie de la lettre date ici du 12 février : le notaire avait dû anticiper et prévoir la place de recopier les pièces.

15 ASFi, Mercanzia, 193, fol. 24v, 10 février, copie le 20 février 1375.

16 Le crieur s’appelle Santo Giovanni, de la paroisse de San Christoforo in Kinzica.

17 ASFi, Mercanzia, 193, fol. 25v-26v, 20 février 1375.

18 Par exemple, pour les années en question : ASFi, Mercanzia, 190, 18 décembre 1372 : e appare carta fatta per manno di ser Tommaso di ser Silvestro notaio ; 195, 27 septembre 1376, fol. 35v : in carta rogata per mani di ser Girigoro di ser Francescho notaio fiorentino ; 201, 30 août 1381 : scritti per mano di ser Ciali Migliorati notario pisano.

19 Par exemple, ASFi, Mercanzia, 223, 4 mars 1394 : producti di certi ragioni facti per Lionardo di Fruosino.

20 Ce qui ne va pas parfois sans difficulté, voir par exemple : ASFi, Mercanzia, 11313, fol. 61rv, 25 janvier 1429.

21 Exemple : ASFi, Mercanzia, 185, 31 août 1370, sur la nation de Naples : les gardiens des actes de la Mercanzia (Benedetto Dutti et Bindo Ghiselli) décrivent alors précisément les deux cahiers ; le premier commence le 30 septembre 1369 et compte 30 pages et demie écrites sur les 52 qu’il comporte ; le second est constitué de 40 pages et est détaillé encore plus précisément, parfois quasiment au double-feuillet près et mentionne notamment le compte d’Arigho e Iacopo Piero Chanigiani.

22 C. Quertier, Guerres et richesses des nations…, op. cit., vol. 1, p. 71 : A. Grunzweig, « Le Fonds de la Mercanzia aux Archives d’Etat de Florence au point de vue de l’Histoire de Belgique », Bulletin de l’institut historique belge de Rome, 12, 1932, p. 61-119, ici p. 102-103, qui traduit le statut de 1318, ASFi, Mercanzia, 1, fol. 38-90.

23 W. Robins, « Antonio Puccii, Guardiano degli Atti della Mercanzia », Studi e problemi di critica testuale, 61, 2000, p. 29-70, ici n. 15 p. 38, qui cite respectivement ASFi, Mercanzia, 184, n. f., 20 décembre 1369 et 187, n. f., 6 février 1372.

24 ASFi, Mercanzia, 11757 (1395-1406).

25 A. Sapori, La crisi delle compagnie mercantili dei Bardi e dei Peruzzi, Florence, Olschki, 1926, p. 160-163.

26 H. Hoshino, « Nuovi documenti sulla compagnia degli Acciaiuoli nel Trecento », dans id., Industria tessile e commercio internazionale nella Firenze del tardo Medioevo, éd. par F. Franceschi et S. Tognetti, Florence, Olschki, 2001, p. 83-100, ici p. 85.

27 ASFi, Mercanzia, 14143. Voir à ce sujet l’étude de N. Coulet, Affaire d’argent et affaires de famille en Haute Provence au xive siècle. Le dossier du procès de Sybille de Cabris contre Matteo Villani et la compagnie des Buonaccorsi, Rome, Publications de l’École française de Rome, 1992, notamment p. 34-41 pour la production des preuves lors du procès. L’intégralité du registre est édité et commenté par l’auteur. Voir récemment A. Feniello, Dalle lacrime di Sybille. Storia degli uomini che inventarono la banca, Rome, Laterza, 2013.

28 Nous analysons plus en détail ce point C. Quertier, « Il quinto elemento del mondo »…, op. cit., p. 221-228.

29 ASFi, Mercanzia, 201, n. f., 27 juin 1381, transcrit dans C. Quertier, Guerres et richesses des nations…, op. cit., vol. 2, p. 123 : [§ 6] Anchora che ongni volta che correri sia per andare a Firenze o da Firenze a Pisa e degli Nove [conseillers de la Mercanzia] andasse, o presto, o venisse, questo sia nella descretione del sindacho i suoi consiglio che correri vadano e vengano all’usato modo che faliano, sia condempnati alla discretione del sindacho e suoi consiglieri.

30 D’autres exemples : ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 33v-35, 28 juin 1390 ; fol. 35, 28 juin 1390 ; fol. 35v-36.

31 Par exemple : ASFi, Mercanzia, 11305, fol. 3, 12 octobre 1346 ; 185, 31 août 1370 ; 11313, fol. 61rv, 25 janvier 1429 ; 11313, fol. 73, 28 septembre 1429, et fol. 74v, 10 novembre 1429 ; 11314, fol. 14-15, après le 14 août 1432.

32 ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 24v-25, 19 février 1390 et fol. 25-26, 12 mars 1390.

33 Par exemple : ASFi, Mercanzia, 11313, fol. 27rv, 15 juin 1425 ; 11313, fol. 55v, 27 août 1428 ; 11313, lettre intercalée entre deux folios, 23 juin 1431, au consul des Florentins à Londres, Zanobio di Francesco.

34 ASFi, Mercanzia, 11301, fol. 9v, 8 décembre 1329.

35 ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 19v, 26 mai 1389 : Matteo Bonaccorsi, Matteo Ugucciozi, Bruno Francisci, probablement des correspondants du réseau Datini (M. Giagnacovo, Mercanti toscani a Genova : traffici, merci e prezzi nel XIV secolo, Naples, Edizioni Scientifiche Italiane, 2005, p. 52 ; F. Melis, Aspetti della vita economica medievale, Florence, Olschki, 1962, p. 255 n. 2).

36 ASFi, Mercanzia, 212, fol. 72-80, 24 décembre 1388. Je prépare actuellement une édition commentée de ce document.

37 ASFi, Mercanzia, 193, fol. 24v-25, 12-13 février 1375, copie le 20 février 1375 et fol. 25v-26v, 14 février, copie le 20 février 1375.

38 […] pregalo che li piacesse dimostrarme il libro suo […] rispoxe che nulla n’avea scripta.

39 P. Nardi, Studi sul banchiere…, op. cit., p. 66-68, 77, 87-88 et 96-99 ; M. Fortunati, Scrittura e prova…, op. cit., p. 13 et 32-33.

40 Ibid., p. 38 ; G. Minaud, « Les juristes médiévaux italiens… », art. cité, n. 97 sur Balde.

41 M. Fortunati, Scrittura e prova…, op. cit., p. 143.

42 P. Nardi, Studi sul banchiere…, op. cit., p. 103-105, 111-117 ; P. Nardi, Studi sul banchiere…, op. cit., p. 81-84, 124, 129-132. Ils commentent en particulier, dans le Digeste, D.2.13.10.1., D.2.13.9.2., D.42.5.24.2.

43 M. Fortunati, Scrittura e prova…, op. cit., p. 112 et 115.

44 M. Fortunati, Scrittura e prova…, op. cit., p. 116. Voir P. Nardi, Studi sul banchiere…, op. cit., p. 66-102 et 171-185.

45 Ibid., p. 137-170.

46 L. Goldschmidt, Storia universale del diritto commerciale, op. cit., p. 196, n. 43 et A. Lattes, Il diritto commerciale nella legislazione statutaria…, op. cit., p. 283, n. 21-22 donnent des exemples à Brescia (1323), Ravenne, Come (1281), Bologne (1288), Monza (1331), Pavie (après 1352, 1368), Crémone (1388), Milan (1396), Rome (1317), Sienne (1298-1309).

47 G. A. Lee, « The Development of Italian Bookkeeping. 1211-1300 », Abacus, 9, 1973, p. 137-155, ici p. 139-142.

48 Statuti inediti della Città di Pisa…, op. cit., t. II, rub. 13, p. 865-868.

49 Ibid., t. II, p. 687-697, rub. 15, de testibus ; p. 799-800, rub. 51, de instrumentis ; p. 800-801, rub. 52, de cautela a notario in instrumentis contra contrahentes habenda.

50 I brevi del Comune e del popolo di Pisa dell’anno, éd. par A. Ghignoli, Rome, Istituto Storico Italiano per il Medio Evo, 1998 : p. 240, I, 145, de testibus et instrumentis partium marinatum ; p. 320, III, 16, de carta falsa et actis venditis ; p. 320-321, III, 17, de testibus falsis.

51 Statuti inediti della Città di Pisa…, op. cit., t. III, p. 505, Bref de la Curia Maris (1343), rub. 32, di testimoni ricevere.

52 Ibid., p. 518, rub. 54, d’avere in de la corte li quaderni de le navi et legni.

53 Ibid., p. 531, rub. 74, di procurare col Capitano et colli Antiani, che lo Podestà et suoi iudici debbino ricevere ydonea cautione da’ banchieri di ristituire la quantità debita scripta in de’ loro quaderni.

54 Ibid., p. 205, rub. 10, de testimoni examinare.

55 C. Wickham, Legge, pratiche, conflitti, Tribunali e risoluzione delle dispute nella Toscana del XII secolo, Rome, Viella, 2000, p. 196-226.

56 Pour une synthèse générale, voir C. Quertier, « The Pisan Economy (10th-15th Centuries) : A Parabolic Trajectory ? », dans S. Bruni, S. Orvietani Busch, K. R. Matthews (dir.), A Companion to Medieval Pisa, Leyde, Brill, à paraître en 2018 ; A. Poloni, Trasformazioni della società e mutamenti delle forme politiche in un comune italiano : il Popolo a Pisa (1220-1330), Pise, Edizioni Tecnico-Scientifica, 2004, p. 247-260.

57 F. Melis, La Banca pisana e le origini della banca moderna, éd. par M. Spallanzani, Florence, Le Monnier, 1987.

58 A. Poloni, « Pisa negli ultimi decenni del Trecento. I mercanti-banchieri e i ritagliatori », Mélanges de l’École française de Rome, Moyen Âge, 129/1, 2017.

59 Statuti pisani inediti, dal XIV al XV secolo, éd. par A. Era éd., Sassari, Gallizzi, 1932.

60 A. Lattes, Il diritto commerciale nella legislazione statutaria…, op. cit., § 24, n. 13 ; A. Sapori, « La registrazione dei libri di commercio in Toscana nell’anno 1605 », Studi di Storia economica, Florence, 1967, t. 1, p. 36-51, ici p. 39.

61 Ser Matteo di Biliotto notaio : imbreviature, vol. 1, registro (anni 1294-1296), éd. par M. Soffici et F. Sznura, Florence, 2002, p. lxii-lxxviii.

62 R. A. Goldthwaite, The Economy of Renaissance Florence, Baltimore, Johns Hopskins University Press, 2009, p. 92-93.

63 A. Sapori, « Una compagnia di prestatori fiorentini ad Avignone nella prima metà del Trecento », dans id., Studi di Storia economica, Florence, 1967, t. 3, p. 101-119, ici p. 112.

64 A. Lattes, Il diritto commerciale nella legislazione statutaria…, op. cit., n. 3, p. 287.

65 Statuti della Repubblica fiorentina editi a cura di Romolo Caggese. Nuova edizione, t. I, Statuto del Capitano del popolo degli anni 1322-25, éd. par P. Gualtieri et al., Florence, Olschki, 1999, par exemple II, 19 ; IV, 4 et 20 ; V, 103 et 110.

66 Statuti della Repubblica fiorentina editi a cura di Romolo Caggese. Nuova edizione. t. II, Statuto del Podestà dell’anno 1325, éd. par P. Gualtieri et al., Florence, Olschki, 1999, respectivement III, 25, 56, 93 et II, 6, de non probando solutionem sententie nisi per instrumentum publicum, p. 82.

67 Ibid., p. 101 : II, 28, de non cogendo mercatorem ostendere librum rationum.

68 Statut du Podestat de 1355, II, 41, d’avere fede et dare alle scritture de’ mercatanti, ASFi, Statuti del comune di Firenze, 19, fol. 83rv : Ogni scrittura fatta nel libro d’alcuno mercatante di qualunque mercatantia o scritta altrove o in lettere per alcuno mercatante o altri mandate vagla et sia ferma in ciò che si contiene in quella scrittura // [c. 83v] // o lettera contro a colui che così scrisse, et così sia messa ad executione come se ella fosse carta di guarentigia […].

69 Statut du podestat de 1355, II, 42, Che ciascuno che farà scrivere al creditore suo il debito in libro di tavola sia prosciolto dal debito ; ASFi, Statuti del comune di Firenze, 19, fol. 83v-85r. Je remercie chaleureusement L. Tanzini de m’avoir transmis ce précieux document inédit ; les transcriptions sont de F. Salvestrini et L. Tanzini.

70 Statuti dell’Arte del Cambio (1299-1316), con aggiunte e correzioni fino al 1320, éd. par G. Camerani Marri, Florence, Olschki, 1955, p. 47, rub. 58, de libris rationum servandis : […] campsores omnes teneantur omnes libros suarum rationum servare et custodire et non destruere aliquo modo vel dissipare ; ibid., p. 55-56 : rub. 73, de scribendis mercatis, pretiis et diebus.

71 S. Tognetti, « Mercanti e libri di conto nella Toscana del Basso Medioevo : le edizioni di registri aziendali dagli anni ‘60 del novecento a oggi », Anuario de Estudio Medievales, 42/2, juillet-décembre 2012, p. 867-880.

72 Ibid., p. 23-24, rub. 23 : qualiter campsor cogatur facere copia de libro suo.

73 P. Emiliani Giudici, Storia dei Comuni italiani, Florence, Le Monnier, 1866, t. 3, « Documenti », p. 171-417, ici respectivement p. 246 : I, 63, di scrivere per dono quel che si da per merito et p. 238-239 : I, 54, che’l debitore faccia scritte a volontà del suo creditore di quello che li dovra dare. L’art recourt aussi au livres pour les registres de représailles et les sommes à donner ou recevoir des églises liées à l’Art : ibid., p. 278-279 : I, 92, di fare registro di quello che si pagasse per cagione di rappresaglie et p. 360-361 : III, 30, del registro ove si scrivano i debiti delle case poste a guardia dell’arte.

74 En 1301 : L’arte dei mercanti di Calimala in Firenze ed il suo più antico statuto, éd. par G. Filippi, Turin, Fratelli Bocca editori, 1889, p. 99, II, 22, de cogendis discipulis, fattoribus et sotiis ut instrumenta debita et licteras restituant sotietati ; en 1332 : P. Emiliani Giudici, Storia dei Comuni italiani, Florence, Le Monnier, 1866, t. 3, « Documenti », p. 171-417, ici p. 250-251 : I, 68, di costringere discepoli, maestri, e fattori a rendere le carte, e scritte, ragioni a’ suoi compagni.

75 J. Hayez, « Acteurs, compétences et procédures dans les comptabilités marchandes. L’agence Datini d’Avignon (fin xive-début xve siècle), dans A. Jamme (dir.), Genèse médiévale d’une méthode administrative. Formes et pratiques de la comptabilité dans les principautés du sud-est de la France (Dauphiné, Provence, Savoie, Venaissin. xiiie-xve siècle), Rome, Publications de l’École française de Rome, à paraître, n. 109 à 122.

76 En 1301 : L’arte dei mercanti di Calimala…, op. cit., p. 98, II, 19 : quod venditor non possit petere denarios alicui ex sotiis emptoris nisi pretium sit scriptum in libro sotietatis emptoris.

77 Ibid., p. 112, rub. 45 : quod scripturis et rationibus librorum detur plena fides ; en 1332 : P. Emiliani Giudici, Storia dei Comuni italiani…, op. cit., p. 271-272 : I, 86, che alle scritte e ragioni de’ libri si dea piena fede ; voir également p. 239-240 : I, 55, che si dea copia degli atti e delle scritture dell’arte et pour personnes ou compagnies en faillite, p. 270 : I,84, che quelli che cessassono, mostrino i libri della sua compagnia.

78 Ibid., p. 273 : I, 87, di non portare i libri de’ mercatanti a corte di comune.

79 Statuti delle’Arte dei rigattieri e linaioli di Firenze, éd. par F. Sartini, Florence, 1940, p. 171 ; Statuti dell’Arte della lana di Firenze, éd. par A. M. E. Agnoletti, Florence, 1940, p. 113.

80 Pour le statut de 1324 : ASFi, Mercanzia, 3, fol. 29-30, rub. 22-24 ; fol. 34rv, rub. 36 ; pour celui de 1393 : ASFi, Mercanzia, 5, fol. 23rv, II, 12 ; fol. 27v-28, II, 19 ; fol. 37v-38, III, 5-6.

81 ASFi, Mercanzia, 3, fol. 29rv, rub. 22, de copia librorum danda petendibus.

82 M. Fortunati, Scrittura e prova…, op. cit., n. 55 p. 53.

83 Ibid., n. 60, p. 155.

84 U. Tucci, « Il documento del mercante », art. cité, p. 554.

85 Par exemple, pour des marchands florentins présents à Gênes, ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 42, 14 octobre 1390.

86 ASFi, Mercanzia, 3, fol. 29-30, rub. 22, de copia librorum danda petentibus eam.

87 G. Minaud, « Les juristes médiévaux italiens… », art. cité, n. 108, 109 et 111. Bartole s’appuie sur la sentence du Digeste, XI, 6, si mensor falsum modum dixerit.

88 ASFi, Mercanzia, 5, fol. 27-28, II, 19, De cogendo mercatores et artifices ad ostendum libros et copia librorum facienda et de privatis scripturis.

89 ASFi, Mercanzia, 18, fol. 64-65, 16 août 1375.

90 L. Tanzini, Il governo delle leggi. Norme e pratiche delle istituzioni a Firenze dalla fine del Duecento all’inizio del Quattrocento, Florence, Edifir-Edizioni Firenze, 2007, p. 209-212.

91 C.9.22.

92 D.48.10.6, 10, 13, et D.48.10.23 : L. quid sit falsum ff. de lege Cornelia de falsis.

93 ASFi, Mercanzia, 3, fol. 29v-30, rub. 23, Quare officialis cognoscat contra illos qui falsitatem aliquam comicterent in libris eorum.

94 Il est fréquemment choisi parmi les dix marchands experts qui doivent juger des recours de la Mercanzia dans les années 1390-1400, voir notamment ASFi, Mercanzia, 226, fol. 5, 13v, 14 et 18 ; 234, fol. 117 ; 1206, fol. 189-194 ; 1223, fol. 30-v, 64v-65. Son fils Stefano est présent à Faenza en 1401 (ASFi, Mercanzia, 1226, fol. 69v-71v) et à Avignon en 1403-1404 durant trois mois en tant qu’expert-comptable (voir J. Hayez, « L’archivio Datini : de l’invention de 1870 à l’exploration d’un système d’écrits privés », Mélanges de l’École française de Rome, Moyen Âge, 117/1, 2005, p. 121-192, ici n. 188, p. 179 ; id., « Acteurs, compétences et procédures dans les comptabilités marchandes… », art. cité, n. 83 et 115). Je remercie chaleureusement Jérôme Hayez de m’avoir fourni ces précisions très utiles.

95 ASFi, Mercanzia, 227, fol. 4v-6v, 4 mai 1395 ; fol. 22v-23, 3 juin 1395 ; fol. 17-18v, 7 juin 1395, ici fol. 17rv.

96 U. Tucci, « Il documento del mercante », art. cité, p. 557.

97 G. Minaud, « Les juristes médiévaux italiens… », art. cité, n. 81-83.

98 A. Lattes, Il diritto commerciale nella legislazione statutaria…, op. cit., p. 283 ; Statuto dell’arte della lana di Firenze (1317-1319), éd. par A. M. Agnoletti, Florence, Le Monnier, 1939, p. 113-114, II, 18.

99 Statuti dell’Arte del Cambio (1299-1316)…, op. cit., p. 33-34 : rub. 39, de scribendis diebus dati et accepti.

100 L’arte dei mercanti di Calimala in Firenze…, op. cit., p. 125-126 : III, 40, quod scriptores non iurati non scribant in libris rationum.

101 Ibid., p. 107 : II, 34, quod rationes scribantur per numerum dierum in singulis diebus.

102 P. Nardi, Studi sul banchiere…, op. cit., p. 87-88.

103 Statuti dell’Arte del Cambio (1299-1316)…, op. cit., p. 72-73.

104 L’arte dei mercanti di Calimala in Firenze…, op. cit., p. 130 : III, 52, de requirendis mercatoribus ut dent scriptis scriptores sue sotietatis.

105 G. Minaud, « Les juristes médiévaux italiens… », art. cité, n. 98.

106 Ibid., n. 89.

107 Ibid., n. 91 : Pietro degli Ubaldi mentionne les verisimilia.

108 M. Fortunati, Scrittura e prova…, op. cit., p. 34-35.

109 Ibid., p. 59, n. 27 p. 61 et p. 64.

110 ASFi, Mercanzia, 3, fol. 29v-30, rub. 23, Quare officialis cognoscat contra illos qui falsitatem aliquam comicterent in libris eorum.

111 ASFi, Mercanzia, 3, fol. 34rv, rub. 36, Quare officialis procuret eos qui deponerent in sua curia falsum testimonium vel falsum instrumentum producerent puniri ; 5, fol. 37v-38, III, 6, De reprobationibus et accusationibus testium et eorum ductorum, § 2.

112 Sur cette notion, voir J.-P. Genet (dir.), La vérité. Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (xiiie-xviie siècle), Paris/Rome, Publications de la Sorbonne/Publications de l’École française de Rome, 2015.

113 ASFi, Mercanzia, 5, fol. 37v, III, 5, Quare officiales procedat contra comictentes falsitatem vel dolum in libris rationum vel aliis scripturis.

114 Statuti della Repubblica fiorentina editi a cura di Romolo Caggese. Nuova edizione, t. II, Statuto del Podestà dell’anno 1325, éd. par P. Gualtieri et al., p. 177-179, III, 25, de puniendo qui introduxerit falsos testes.

115 L. Tanzini, Il governo delle leggi…, op. cit., p. 211.

116 ASFi, Mercanzia, 218, fol. 34v-36, 5 juin 1391.

117 ASFi, Mercanzia, 218, fol. 37r-38, 13 juin 1391.

118 J. Hayez, « Acteurs, compétences et procédures dans les comptabilités marchandes… », art. cité, n. 134.

119 B. S. Yamey, « Personal Accounts, Account Books and their Probative Value : Historical Notes, c. 1200 to c. 1800 », Accounting Historians Journal, 39/2, décembre 2012, p. 1-26, ici p. 15.

120 M. Cassandro, « La contabilità bancaria (XIII-XIV sec.) », dans S. Cavaciocchi (dir.), L’impresa. Industria, commercio, banca, secc. XIII-XVIII, Florence, 1991, p. 199-242 ; B. S. Yamey, The Historical Development of Accounting : A Selection Of Papers, New York, Arno Press, 1978 ; R. de Roover, « The Development of Accounting prior to Luca Pacioli according to the Account Books of Medieval Merchants », dans A. C. Littleton, B. S. Yamey (dir.), Studies in the History of Accounting, Londres, Sweet and Maxwell, 1956, p. 114-174, réimpr. dans R. de Roover, Business, Banking, and Economic Thought in Medieval and Early Modern Europe. Selected Studies of Raymond de Roover, éd. par J. Kirshner, Chicago, The University of Chicago Press, 1974, p. 119-180 ; F. Melis, Storia della ragioneria, Bologne, C. Zuffi, 1950 ; R. de Roover, « Aux origines d’une technique intellectuelle : la formation et l’expansion de la comptabilité à partie double », Annales d’histoire économique et sociales, 9, 1937, p. 171-193, 270-298.

121 M. Fortunati, Scrittura e prova…, op. cit., p. 56 ; U. Tucci, « Il documento del mercante », art. cité, p. 554-555.

122 ASFi, Mercanzia, 5, fol. 37v, III, 5, Quare officiales procedat contra comictentes falsitatem vel dolum in libris rationum vel aliis scripturis.

123 ASFi, Mercanzia, 11305, fol. 3, 12 octobre 1346 : Bardo Corsi reçoit, en sa qualité de consul des Florentins à Naples, l’instruction de récupérer les livres de comptes (libros rationum de acceptis et datis) de Giovanni di Lapi, afin de régler sa succession.

124 ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 35, 20 juin 1390.

125 ASFi, Mercanzia, 11311, fol. 69rv, 24 septembre 1395.

126 ASFi, Mercanzia, 11312, fol. 28, 28 août 1413, lettre envoyée à Venise ; mais également 11313, fol. 27v-28v, 4 juillet 1425, lettre envoyée à Londres.

127 ASFi, Mercanzia, 215, fol. 84v, 14 avril 1389.

128 ASFi, Mercanzia, 5, fol. 27-28, II, 19, De cogendo mercatores et artifices ad ostendum libros et copia librorum facienda et de privatis scripturis.

129 ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 42, 14 octobre 1390.

130 ASFi, Mercanzia, 215, 1388-1389, 22 janvier 1389.

131 ASFi, Mercanzia, 11313, fol. 27v-28v, 4 juillet 1425.

132 ASFi, Mercanzia, 218, fol. 34v-36, 5 juin 1391.

133 ASFi, Mercanzia, 227, fol. 17-18v, 7 juin 1395.

134 Sur les Ricordanze florentines, voir notamment E. Leclerc, Affaires de familles et affaires de la cité. La transmission d’une pensée politique dans les livres de famille florentins (xive-xve siècle), thèse de doctorat en études italiennes, dirigé par J.-C. Zancarini, soutenue le 23 novembre 2013, 2 vol. ; R. Mordenti, « Les livres de famille en Italie », Annales. Histoire, sciences sociales, 59/4, 2004, p. 785-804 ; C. Cazalé Bérard, C. Klapisch-Zuber, « Mémoire de soi et des autres dans les livres de famille italiens », Annales. Histoire, sciences sociales, 59/4, 2004, p. 805-826.

135 ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 33v-35, 28 juin 1390 ; voir également 11313, fol. 29v-30, 18 décembre 1425, lettre envoyée à Venise : Et chiamasi libro ricordanze e tintori e discepoli e altre cose che s’apartengono al libro di ricordanze in quo quidem [sic] libro a carta 9 apparet [sic] in doppie partite. Il s’agit probablement d’un livre de boutique de teinturiers comprenant une partie en comptabilité en partie double pour les paiements des employés et des produits.

136 ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 44rv-45, 16 décembre 1390.

137 Par exemple : ASFi, Mercanzia, 11312, fol. 10v-11v, 5 novembre 1411.

138 B. S. Yamey, « Personal Accounts,… », art. cité, p. 11-15 ; id., « Pious Inscriptions ; Confused Acounts ; Classifications of Accounts : Three Historical Notes », dans id., Essays on the History of Accounting, New York, Arno Press, 1978, p. 143-160, ici p. 144-145.

139 ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 35, 20 juin 1390 : […] per letteram pagamenti manu propria dicti Johannis Cesarei et per libros et codices rationum dictorum Jacomini et sociorum.

140 Voir supra, n. 9, 20 et 21, p. 314.

141 U. Tucci, « Il documento del mercante », dans Civiltà comunale, libro, scrittura, documento. Atti del convegno (Genova, 8-11 novembre 1989), Gênes, Società ligure di storia patria, 1989, p. 541-565, ici p. 553.

142 ASFi, Mercanzia, 11313, fol. 27v-28v, 4 juillet 1425.

143 F. Melis, « Sulle fonti della storia economica medievale. Appunti raccolti alle lezioni del Prof. Federigo Melis », éd. par B. Dini, Università degli Studi di Firenze – Facoltà di Economia e Commercio, a. a. 1963-1964, p. 103-104 ; id., Documenti per la storia economica dei secoli xiii-xvi, Florence, Olshki, 1972, p. 6.

144 Voir en particulier S. Tognetti, « “A me converrà trescare secondo il loro ballo”. Un lodo arbitrale tra laianioli nella Firenze del 1347 », Archivio Storico Italiano, 169, 2011, p. 93-111 ; id., « La rappresaglia a Firenze nel secondo Trecento. Due vicende di uomini d’affari in Romagna e a Napoli », dans L. Tanzini et S. Tognetti (dir.), « Mercatura à arte ». Uomini d’affari toscani in Europa e nel Mediterraneo tardomedievale, Rome, Viella, 2012, p. 249-270 ; id., « Nuovi documenti sul fallimento della compagnia Frescobaldi in Inghilterra », dans Città e campagna del basso medioevo. Studi sulla società italiana offerti dagli allievi a Giuliano Pinto, Florence, Olschki, 2014, p. 135-157 ; id., « La diaspora dei lucchesi nel Trecento e il primo sviluppo dell’arte della seta a Firenze », Reti Medievali Rivista, 15/2, 2014, p. 41-91 ; id., « Ser Bartolo di Neri da Ruffiano, Giovanni Villani e il fallimento della compagnia Perugini », dans E. Maccioni, S. Tognetti (dir.), Tribunali di mercanti e giustizia mercantile nel tardo Medioevo, Florence, Olshcki, 2016, p. 1-27.

145 S. Dicciati, « Memorie di iun magnate impertinente : Neri degli Strinati e la sua Cronichetta », Archivio Storico Italiano, 168, 2010, p. 89-143, mentionne p. 130 il notaro della chonpagnia des Scali.

146 S. Tognetti, « La diaspora dei lucchesi nel Trecento… », art. cité, p. 10.

147 Par exemple, id., « Ser Bartolo di Neri da Ruffiano… », art. cité, p. 4-7 : description du contenu des registres de ce notaire.

148 Ibid., p. 15, et 17-19 ; id., « Nuovi documenti sul fallimento »…, art. cité, p. 152-153.

149 ASFi, Mercanzia, 3, fol. 30, rub. 24, Qualiter possit probari societas que negaretur.

150 ASFi, Mercanzia, 5, fol. 23rv, II, 12, Qualiter possit probari societas que negaretur et de distinctione artium.

151 G. Minaud, « Les juristes médiévaux italiens… », art. cité, n. 105.

152 ASFi, Mercanzia, 3, fol. 34rv, rub. 36, Quare officialis procuret eos qui deponerent in sua curia falsum testimonium vel falsum instrumentum producerent puniri.

153 ASFi, Mercanzia, 5, fol. 37v-38, III, 6, De reprobationibus et accusationibus testium et eorum ductorum.

154 C. Quertier, Guerres et richesses des nations…, op. cit., vol. 1, p. 569-571.

155 B. Casini, « I fuochi di Pisa e la prestanza del 1407 », Bollettino Storico Pisano, 25-27, 1957, p. 156-271 ; id., « Contribuenti pisani alle taglie del 1402 e del 1412 », Bollettino Storico Pisano, 27-29, 1959, p. 90-318.

156 T. Antoni, « I costi industruali di una azienda conciaria della fine del Trecento (1384-1388) », Bollettino Storico Pisano, 42, 1973, p. 9-52.

157 Pour 11 florins, 5 sous et 10 deniers : ibid., p. 49. Pour la mention de la transaction, voir ASPi, Opera del Duomo, 1398, fol. 14v.

158 Pour 1402, voir B. Casini, « Contribuenti pisani… », art. cité, no 2514, fol. 13v, cote fiscale de 6 florins et 62 sous. Pour 1407, voir B. Casini, « I fuochi di Pisa… », art. cité, p. 255, no 2674, fol. 43, cote fiscale de 1 florin, 13 sous et 9 deniers. Il n’est pas documenté en 1412.

159 Pour 1407 : B. Casini, « I fuochi di Pisa… », art. cité, no 2732, fol. 66v, cote à 10 sous 5 deniers. Selon id., « Contribuenti pisani… », art. cité : en 1402, no 2585, fol. 31v, cote fiscale de 1 florin et 42 sous ; en 1412, un certain Tommaso di Vanni detto Gode ovvero Coda e fratelli e fili, no 1726, fol. 57v, cote fiscale de 12 sous et 10 deniers. Un homonyme est localisé à San Michele degli Scalzi en 1402 (no 2586, 22 sous, fol. 36v) et à San Piero a Grado en 1407 (no 2733, fol. 96v, 7 sous et 1 denier).

160 Les sources fiscales éditées par B. Casini mentionnent parfois uniquement des Arrigo, mais aussi des Enrico. Par ailleurs, le doc 3, en provenance de Pise, le nomme Hurighum de Santo Miniato.

161 B. Casini, « Contribuenti pisani… », art. cité, p. 186, no 791, fol. 14, cote fiscale de 1 florin et 40 sous.

162 B. Casini, « I fuochi di Pisa… », art. cité, p. 175, no 318, fol. 70v, cote fiscale de 13 sous.

163 B. Casini, « Contribuenti pisani… », art. cité, p. 186, no 790, fol. 14, cote fiscale de 2 florins et 3 sous.

164 B. Casini, « I fuochi di Pisa… », art. cité, p. 105, no 916, fol. 69v, cote fiscale de 15 sous et 7 deniers.

165 B. Casini, « Contribuenti pisani… », art. cité, p. 269, no 605, fol. 63v, cote fiscale de 1 florin et 9 deniers.

166 Voir doc 4.2 : Egli non s’era del preso volluto attenere a lluii, ma che Duccio sopradicto gli avea promesso il prezo e facto n’egli avea una scripta di sua mano e buona parte n’avea già pagato.

167 On retrouve par ailleurs dans la même paroisse un pattiere, autre mot toscan pour désigner un courtier (sensale) : B. Casini, « I fuochi di Pisa… », art. cité, no 1386, fol. 47v, Giovanni di Ceccherelli pattiere, FP, San Vivivana, 3 florins 14 sous et 4 deniers.

168 Par exemple, on retrouve des courtiers de grains à Venise : F. Faugeron, « Des experts à la rescousse du “bien commun” ? Le rôle des courtiers et des gens de métiers dans la filière du grain à Venise (xive-xve siècle) », dans L. Feller, A. Rodriguez (dir.), Expertise et valeur des choses au Moyen Âge 2, Madrid, Publications de la Casa de Velázquez, 2016, p. 331-342.

169 L. Ticciati, L’Ordine dei Mercanti a Pisa nei secoli XII-XIII, Pise, Edizioni Tecnico-Scientifica, 1998, p. 254 et Statuti inediti della Città di Pisa dal XII al XIV secolo, éd. par F. Bonaini, Florence, Vieusseux, 1854-1870, t. I, p. 15 : vernaccio sensale.

170 J.-A. Van Houtte, « Les courtiers au moyen âge. Origine et caractéristiques d’une institution commerciale en Europe occidentale », Revue historique de Droit français et étranger, ser. 4, 15, 1936, p. 105-141, ici p. 106. La bibliographie sur les courtiers est peu développée, ce que vient corriger V. Demont, M. Scherman, A. Wegener Sleeswijk (dir.), Le pouvoir des courtiers. Univers marchand et acteurs du courtage en Europe (xive-xviiie siècle), Paris, Éd. rue d’Ulm, 2018. Pour se limiter à la Méditerranée, F. Faugeron, « Des experts à la rescousse du “bien commun” ?… », art. cité. ; K. Reyerson, The Art of the Deal : Intermediaries of Trade in Medieval Montpellier, Leyde, Brill, 2002, notamment p. 93 et suiv. ; F. Plazolles Guillén, « Les courtiers de commerce à Barcelone au xve siècle », Mélanges de la Casa de Velázquez, 29/1, 1993, p. 127-154 ; R. S. Lopez, « Sensali nel Medio Evo », Nuova Rivista Storica, 22, 1938, p. 108-112 ; L. Goldschmidt, Storia universale del diritto commerciale, op. cit., p. 198-201 et id., « Ursprünge des Mäklerrechts. Insbesondere Sensal », Zeitschrift für das gesamte Handelsrecht, 28, 1883, p. 115-130 ; A. Lattes, Il diritto commerciale nella legislazione statutaria…, op. cit., p. 105-122, notamment p. 108-109, n. 1.

171 L. Ticciati, L’Ordine dei Mercanti a Pisa…, op. cit., p. 248 ; Statuti inediti della Città di Pisa…, op. cit., t. III, p. 111 et 108.

172 Ibid., t. III, p. 220, rub. 33, de la electione dei sensali che deno andare.

173 L. Ticciati, L’Ordine dei Mercanti a Pisa…, op. cit., p. 250 et p. 253 ; Statuti inediti della Città di Pisa…, op. cit., t. III, p. 295-297 et p. 299-303.

174 Ibid., t. III, p. 113-115, notamment p. 115 : et quod a foretaneis tollam similiter quantum a Pisanis, et non plus.

175 L. Ticciati, L’Ordine dei Mercanti a Pisa…, op. cit., p. 253.

176 Ibid., p. 255.

177 Ibid., p. 252 ; Statuti inediti della Città di Pisa…, op. cit., t. I, p. 295-304 : I, 63 et I, 64.

178 L. Ticciati, L’Ordine dei Mercanti a Pisa…, op. cit., p. 125.

179 Ibid., p. 243.

180 J.-A. Van Houtte, « Les courtiers au moyen âge… », art. cité, p. 129 et p. 127-128.

181 R. S. Lopez, « Sensali nel Medio Evo », art. cité, p. 110-112.

182 Le bref des courtiers mentionne ainsi dans Statuti inediti della Città di Pisa…, op. cit., t. III, p. 108, et p. 110-111.

183 L. Ticciati, L’Ordine dei Mercanti a Pisa…, op. cit., p. 132 ; Statuti inediti della Città di Pisa…, op. cit., t. III, p. 102 (bref des fondacari), p. 110 (bref des courtiers).

184 Voir supra, n. 172, p. 344.

185 L. Ticciati, L’Ordine dei Mercanti a Pisa…, op. cit., p. 248 ; Statuti inediti della Città di Pisa…, op. cit., t. III, p. 116-118 et 110-111 ; p. 313 pour le bref de 1321.

186 A. Lattes, Il diritto commerciale nella legislazione statutaria…, op. cit., p. 108 et n. 32 p. 132. Ce n’est pas le cas partout : à Barcelone, cette confiance s’acquiert lentement car les courtiers sont associés à des pratiques immorales, voir F. Plazolles Guillén, « Les courtiers de commerce à Barcelone. », art. cité, p. 143-145.

187 Pour 1402, B. Casini, « Contribuenti pisani… », art. cité, no 1312, fol. 31v : (ser) Giovanni di ser Nardo da Vico, capp. S. Giorgio a Porta a Mare, soldi 42.

188 Pour 1412, B. Casini, « Contribuenti pisani… », art. cité, no 911, fol. 13v, Giovanni di Nardo, pattiere, M., capp. S. Lorento alla Rivolta, 1 florin, 9 sous, 1 denier.

189 Conventions de transcription : 1) Les changements de folio sont indiqués entre crochets. 2) La mise en page tente de respecter au maximum celle du registre. 3) Les chiffres inscrits en toutes lettres dans le texte original sont transcrits en chiffres arabes entre crochets pour faciliter la lecture.

190 Texte dans la marge de gauche.

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192 Encadré dans le texte.

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