Vivants et morts dans les hôpitaux picards (xiie-xve siècles)
The Living and the Dead in Hospitals in Picardy (12th-15th Centuries)
p. 249-263
Résumés
Reposant sur un échantillon de 131 établissements picards, cette étude montre qu’à partir du xiie siècle, l’hôpital devint une institution autonome, avec sa dotation et son personnel voué aux œuvres de miséricorde en faveur des vivants et des morts en ses murs. Figures du Christ, malades et pauvres préparaient leur bonne mort selon une pastorale qui insistait sur la réception des sacrements administrés par le prêtre et la sépulture en terre chrétienne. Ils s’intégraient dans la communauté hospitalière concurrente de la paroisse territoriale. L’articulation spatiale devenait complète lorsque l’hôpital réussissait à associer une salle des malades à une chapelle et à un cimetière. Par son rythme soutenu de prières et de messes, l’hôtel-Dieu réussit à répondre aux attentes eschatologiques des fidèles sur une large échelle sociale, bénéficiant en retour de richesses matérielles nécessaires à sa survie économique.
This study is based on a sample of 131 establishments in Picardy and shows that from the 12th Century, hospitals became autonomous institutions with their endowments and their personnel who were devoted to charity towards the living and the dead within their walls. Their theology presented figures of Christ as well as the sick and the poor preparing themselves for a good death and stressed that the sacraments be given by a priest and that the dead be buried in sacred ground. They joined up with the hospital community closest to the territory of the parish. Their spatial organization was completed when the hospital managed to group together a hospital ward with a chapel and a cemetery. By keeping up a sustained rhythm of prayers and masses the Hôtel Dieu was able to dispense eschatological comfort to a socially extensive range of the faithful, receiving in return the material benefits that enabled its economic survival.
Texte intégral
1L’hôpital médiéval en Occident n’était pas un mouroir. On s’y rendait pour recevoir des soins spirituels et physiques, en espérant en ressortir guéri, contrairement aux lépreux enfermés jusqu’à la fin de leurs jours dans la maladrerie et inhumés dans son cimetière1. Mais, avec d’autant plus de risques que les patients étaient physiquement affaiblis, la mort pouvait être au rendez-vous à l’hôpital. Aussi espérait-on y trouver la bonne mort chrétienne : celle où la créature se purifie de ses péchés et se prépare par les rites, les sacrements et la prière à entrer dans la contemplation éternelle de son Créateur.
2L’hôpital développe la tradition de la caritas concrétisée dans des institutions ecclésiastiques spécialisées à partir du ive siècle. Les établissements se sont multipliés avec les réformes carolingienne et grégorienne, aboutissant à une multitude de fondations ou de refondations à partir du xiie siècle. Je retiendrai ici l’échantillon des 131 hôpitaux des six diocèses « picards » (Amiens, Noyon, Laon, Soissons, Senlis et Beauvais)2. Autonomes les uns par rapport aux autres, ils présentaient de grandes différences par leur capacité d’accueil (de quelques malades à une ou deux centaine(s)), l’ampleur de leur personnel, leur puissance financière, leurs autorités de tutelle, etc. Toutefois, ils accueillaient un même éventail large de population : des personnes atteintes de maladies diverses mais a priori curables, des voyageurs et des pèlerins de passage pour une nuit, voire des femmes en couche, des vieillards, des donnés, des orphelins, etc.
3Surtout, ce monde hospitalier partageait la même spiritualité de la « Révolution de la charité » (André Vauchez) dans le sillage des théologiens des xiie-xiiie siècles qui promouvaient les malades et les pauvres comme figures du Christ souffrant. L’hôpital devint ainsi le lieu par excellence d’une pastorale renouvelée où s’exerçaient six des sept œuvres de miséricorde alors définies par les canonistes et les théologiens : soigner les malades, vêtir les gens nus, nourrir les affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, accueillir les étrangers, ensevelir les morts (seule la visite aux prisonniers n’était pas ici concernée).
Entrer dans la communion des saints
4La floraison des fondations hospitalières est contemporaine de l’attention accrue portée par les théologiens et les évêques à la pastorale des malades et des mourants aux xiie-xiiie siècles3, que sanctionne le canon 22 du concile de Latran IV en 1215 réclamant de donner la priorité aux médecins des âmes sur ceux du corps.
5À son entrée dans l’établissement, le patient suivait des étapes de purification physique et spirituelle4 qui constituaient le préalable nécessaire au processus de rétablissement, que favoriseraient ensuite les bons traitements (chaleur, régime alimentaire, soins médicaux)5.
6Pris en charge par le responsable de l’accueil, le malade était d’abord conduit devant le prêtre qui avait la cure des âmes dans l’hôpital. Selon les lieux, il s’agissait du curé de la paroisse locale6, d’un chapelain financé par la dotation d’une chapellenie ou d’un frère de la communauté hospitalière. L’Hôtel-Dieu de Laon a ainsi vu se succéder différentes situations. De 1167 à 1209, le curé de la paroisse Saint-Rémi à la Porte du Cloître avait la cure de l’hôpital reconstruit à l’angle sud-ouest de la nouvelle cathédrale et situé dans le prolongement de l’église paroissiale. À partir de 1209, l’installation dans des locaux situés au nord-ouest de la cathédrale, dépendant d’une autre paroisse, modifia la situation : c’était désormais un chapelain qui s’occupait des malades. Cependant, à partir de 1260, le chanoine boursier, par délégation du doyen du chapitre cathédral, était responsable de la cure des âmes de l’Hôtel-Dieu, avant qu’elle ne soit attribuée en 1294 aux cinq frères prêtres de la communauté hospitalière, à charge pour eux d’accomplir, chacun leur tour, leur mission diurne et nocturne durant une semaine7. Nombre d’hôpitaux cherchaient à avoir des prêtres dans leur communauté. Pour faire face à l’accroissement des charges liturgiques et pastorales à l’Hôtel-Dieu de Noyon, deux prêtres furent ajoutés en 1267 et 1307 aux cinq frères prêtres et deux clercs contingentés en 12168.
7Le prêtre écoutait la confession du malade et lui accordait le pardon ; si la situation l’exigeait, il lui donnait la communion. Des règles hospitalières, à la suite de celle de Saint-Jean de Jérusalem (vers 1125/1153), formulent cette exigence à Noyon (1218), Saint-Riquier (1233), Abbeville (1243), Beauvais (1246), Montreuil (1249)9. Ces sacrements, ainsi que l’extrême-onction (viatique et onction des malades), pouvaient être administrés à plusieurs reprises au cours du séjour.
8Le malade était ensuite déshabillé, coiffé et lavé avant d’être conduit à son lit. Ses vêtements étaient nettoyés et mis en garde à l’hôpital, avec les valeurs que transportait le patient. Devenu totalement pauvre, il entrait pleinement dans la communauté hospitalière formée par les frères et sœurs (qui faisaient vœu de pauvreté dans de nombreux hôpitaux) et les autres malades. Le personnel soignant et le prêtre le réconfortaient et l’incitaient à préparer son salut, dans une discipline garantie par le maître de l’hôpital (les blasphémateurs étaient expulsés) et dans l’atmosphère propice à une vie spirituelle intense, stimulée par des prières régulières et la messe.
9Pour cette dernière, il convenait de disposer au minimum d’un autel avec son espace sacré, voire d’un bâtiment adéquat : la chapelle, sans oublier la dotation économique nécessaire à l’entretien du chapelain (chapellenie). Le lieu de culte était aussi nécessaire à la vie religieuse collective des frères et sœurs. Plus de la moitié des hôpitaux picards (72) disposaient d’une chapelle-édifice, de chapellenies, de chapelains, dès leur fondation ou dès que leurs finances le leur permettaient10, même dans certaines fondations bourgeoises plus modestes. Rares sont les maisons pour lesquelles l’absence de chapelle est avérée, comme à Flixecourt. D’autres pouvaient utiliser un autel portatif, comme à Baron11.
10Afin de permettre aux malades d’assister aux offices religieux depuis leur lit, l’architecture ne dissociait pas rigoureusement la salle des malades du chœur où se trouvait l’autel, souvent surélevé de quelques marches et séparé par une barrière, voire une arcade12. L’Hôtel-Dieu de Laon de 1167 était contigu à l’église paroissiale Saint-Rémi, dont l’autel était visible depuis la salle des malades située à l’étage13. C’est généralement le plan de la salle-chapelle qui était adopté, dans un même axe (à Saint-Nicolas de Montreuil aux xiiie-xve siècles et dans la reconstruction des années 147014, à Rue dans la reconstruction après 1496) ou avec des édifices perpendiculaires (Hôtel-Dieu de Laon, 1209-127315). Certaines maisons disposaient de plusieurs autels et de plusieurs chapelains, additionnés au gré des fondations (trois à l’Hôtel-Dieu de Montdidier de 1185 à 130616).
11En fonction des offices des frères et des sœurs, des obligations du chargé des âmes, du nombre de chapellenies, une vie liturgique plus ou moins soutenue animait l’hôpital, avec l’objectif d’y faire participer le plus possible les malades en état de grâce, pauvres par excellence et figures du Christ dont la prière apparaissait de ce fait plus efficace. La messe occupait une place centrale. Louis IX en 1265/1270 et Jeanne de Champagne-Navarre en 1305 réclamaient que soient célébrées chaque jour une messe ordinaire et une messe des morts, respectivement dans la réforme de l’Hôtel-Dieu de Compiègne et dans la refondation testamentaire de celui de Château-Thierry17. L’accumulation des fondations conduisait à dire 2 163 messes chaque année à l’Hôtel-Dieu d’Abbeville au xviiie siècle18.
12L’intégration des malades dans la prière collective de la communauté hospitalière était facilitée par la simplification liturgique souvent opérée à destination des frères lais et des sœurs, en raison du temps qu’ils devaient consacrer en priorité au service des patients, mais aussi de leur niveau culturel et social moins élevé que celui des moines et chanoines : les heures canoniales pouvaient être raccourcies et les prières simplifiées par la répétition de prières connues de tout chrétien (Pater, Ave Maria, Miserere) à la place de formules complexes19.
13La liturgie axée sur le salut des défunts occupait une place quotidienne importante. Cet aspect a été trop souvent négligé dans les travaux sur le souci des morts et la memoria dans l’Occident médiéval, davantage intéressés par les communautés monastiques ou canoniales. Pourtant, dans un monde urbain plus étoffé à partir du xiie siècle et alors que s’imposait la théologie du Purgatoire, les hôpitaux ont su fournir une offre religieuse adaptée aux attentes spirituelles de l’élite traditionnelle (aristocratie seigneuriale et clergé séculier), mais aussi d’une couche beaucoup plus large de la population des villes.
14À l’hôpital d’Acre de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem dès 1192/1197, dans les établissements des Trinitaires à partir de 1198 (Compiègne, Pontarmé, Belles Portes à Saint-Quentin, Verberie), les malades priaient le soir pour le salut de l’Église et du monde chrétien, en particulier pour leurs pères et mères et pour tous les défunts20.
15Mais la prière pour les morts bénéficiait en premier lieu aux fondateurs de l’hôpital, auxquels s’ajoutaient au fil du temps les bienfaiteurs, ainsi que de manière souvent plus collective des frères et sœurs, des malades défunts, etc., sans oublier les parents et amis désignés par ceux qui avaient fondé leur anniversaire ou obit, voire une messe dans le cadre d’une chapellenie. Des distributions de nourriture aux malades et/ou aux frères et sœurs étaient parfois prévues, en association avec une messe ou plus simplement avec des prières21.
16L’importance de l’activité liturgique pour le salut des défunts obligea rapidement les établissements à compiler des obituaires et à les tenir à jour jusqu’au xviiie siècle22. L’Hôtel-Dieu d’Amiens, fondé vers 1169/1181, a laissé quatre documents nécrologiques, actualisés à plusieurs reprises23 : un obituaire du xiiie siècle, un du xive siècle, un de 1620, ainsi qu’un autre texte d’un usage différent. Il s’agit d’un livret de prières24, rédigé vers 1275, pour servir à la prière du prône selon un modèle qui se fixa dès le xiiie siècle : une forme de prière universelle de l’assemblée des fidèles à la messe dominicale guidée par le prêtre célébrant, placé à la barrière du chœur et tourné vers elle. Le texte comprend quelques intentions en latin et, surtout, une longue liste en langue picarde des bénéficiaires des prières. Tout d’abord les vivants : le clergé (en commençant par le pape), le roi de France et sa famille, les croisés (pèlerins) et la récupération de la Terre sainte, l’échevinage d’Amiens, le personnel hospitalier, les donateurs et bienfaiteurs de la maison, puis suit l’énumération de soixante défunts (trois rois et une reine, huit évêques d’Amiens, des aristocrates, des membres du chapitre cathédral, des hommes et des femmes issus de la bourgeoisie d’Amiens et de sa région ; cinq noms furent ultérieurement rajoutés jusqu’en 1601). Des prières, désormais traditionnelles au xiiie siècle, suivent en faveur des bienfaiteurs de l’hôpital et de leurs familles, sans oublier « les ames de chiax et de chelles qui se reposent en le chimentiere de chaiens » et dans d’autres cimetières d’Amiens et du monde. Ce document n’est donc pas structuré comme un obituaire qui suit le calendrier, mais il s’adapte à la prière du prône à la manière d’une litanie. Une comparaison avec une prière du prône prononcée en latin dans un synode diocésain de Paris vers 1215 permet de relever que le texte amiénois apparaît bien adapté au public de l’hôpital par l’emploi de la langue vernaculaire et par la liste nominale qui individualise clairement les bénéficiaires des prières.
17Les malades, entre la vie et la mort, entraient à l’hôpital dans une communauté ecclésiale particulière. Plus que les laïcs dans la vie paroissiale ordinaire, ils étaient invités, autant que leur état le leur permettait, à une démarche de conversion en participant à des formes de piété proposées par le clergé et adaptées au milieu hospitalier.
Mourir à l’hôpital
18Décéder à l’hôpital constituait un risque possible pour les malades « gisants », voire pour les « passants », même relativement aisés25. Parfois, l’établissement prenait en charge les funérailles et l’inhumation des donnés26. Les frères et sœurs étaient par vocation destinés à mourir dans leurs fonctions.
19Faute de sources spécifiques, il est difficile de calculer le taux de mortalité hospitalier avant le xviie siècle (alors de 10 à 15 % des effectifs annuels). Annie Saunier a proposé des ordres de grandeur à partir des registres de comptes de l’Hôtel-Dieu de Soissons entre 1394 et 147627. On constate de grandes disparités annuelles, avec des pics liés à des épidémies : 160 décès en 1400-1401 par exemple. Ce chiffre est à comparer avec celui des capacités d’accueil : 106 lits en 1355-1356, susceptibles a priori d’héberger une à deux centaines de personnes. Les comptes de 1482 rappellent sur le ton de la plainte que l’hôpital avait dû recevoir 80 à 100 personnes par jour entre Noël 1481 et la Saint-Jean 1482, « tant pour la mortalité [peste], comme pour la guerre, pour la chereté et famine28 », ce qui semble avoir constitué les limites soutenables par un établissement économiquement affaibli par les conflits qui appauvrissaient la région depuis un siècle et demi.
20Le malade agonisant faisait l’objet d’une surveillance accrue de la part des sœurs, jour et nuit (ce qui nécessitait une chandelle). Il bénéficiait de soins plus intensifs (nourriture, médicaments) et le prêtre était appelé à son chevet pour une ultime confession et pour administrer l’extrême-onction (communion ou viatique, associée à l’onction des malades).
21La dépouille du défunt était veillée à la lumière des cierges par un membre du personnel hospitalier29. À l’Hôtel-Dieu de Laon, elle était exposée dans la chapelle, selon la coutume en vigueur pour les frères et sœurs au xiiie siècle30. Le cadavre était lavé par les sœurs, comme l’illustre un rare dessin d’architecte, datable de 1529 environ, montrant un projet de tympan sculpté, vraisemblablement destiné à la chapelle du cimetière de l’Hôtel-Dieu d’Amiens31. Le corps était ensuite enveloppé dans un linceul : il s’agissait souvent d’un demi-drap, neuf ou usagé, qui était cousu. Les draps très nombreux que les hôpitaux achetaient ou recevaient abondamment en don servaient à la literie, mais aussi aux pratiques funéraires32.
22Les funérailles donnaient lieu à un office religieux pour les morts pour chaque individu, même en période d’épidémie. Frères, sœurs et malades valides étaient invités à participer à la cérémonie dans la chapelle. Si la famille ne réclamait pas le corps ou si le malade n’avait pas fait élection de sépulture ailleurs, la dépouille était ensuite emmenée en procession jusqu’au cimetière (on utilise un chariot à cet usage à l’Hôtel-Dieu de Soissons en 1486-148733). Elle y était alors inhumée avec les formules rituelles du prêtre et l’aspersion d’eau bénite par les membres de l’assemblée.
23Les règles hospitalières de la première moitié du xiiie siècle stipulent qu’à la mort d’un frère ou d’une sœur, le prêtre devait célébrer trois messes avec autant de recommandations et de vigiles à neuf leçons, alors que les convers et converses chantaient des psaumes34. Le degré de pompe des funérailles des patients dépendait des dons que ces derniers ou leurs proches avaient ajoutés pour donner du lustre à la cérémonie et pour multiplier les services liturgiques propres à favoriser le rachat de l’âme du défunt. À l’Hôtel-Dieu de Soissons, trois messes basses et un grand service furent payés 14 sous au curé des Fonts à l’occasion du décès du malade Mathelain Lestapnain, survenu le 14 décembre 147435. En 1447, la communauté avait dépensé 49 s. 10 d. pour le luminaire, la sonnerie de cloche, les services religieux (vigiles, recommandations, cinq messes), le creusement de la fosse et le repas des funérailles à l’occasion du décès de sa prieure Marguerite Lesmes36.
24L’ensevelissement en terre chrétienne était devenu un enjeu théologique et canonique crucial aux xiie-xiiie siècles37. C’est à cette époque que cette mission (sur le modèle de Tobie 1, 17-19) fut définitivement ajoutée aux œuvres de miséricorde tirées de l’Évangile de saint Matthieu (25, 35-45). Ainsi, de nombreux hôpitaux cherchèrent à se doter d’un cimetière et au moins 23 d’entre eux (18 %) réussirent à obtenir cet espace délimité par un enclos, dominé par une croix et consacré par l’évêque ou son délégué afin de recevoir les dépouilles des chrétiens munis des sacrements. L’inhumation dans le domaine de l’hôpital prolongeait dans des conditions spirituelles optimales la vie de celui qui l’avait achevée sur terre comme pauvre du Christ. Le cimetière hospitalier constituait la conclusion logique de la bonne mort chrétienne à laquelle le malade avait été préparé dans la salle-chapelle.
25Les situations sont diverses en fonction de l’histoire de chaque maison. Certaines n’avaient pas de cimetière particulier et inhumaient leurs défunts dans le cimetière de leur paroisse territoriale38 (éventuellement dans un carré réservé). D’autres n’aménagèrent leur espace funéraire propre qu’un certain temps après leur fondation39. L’Hôtel-Dieu de Saint-Riquier n’obtint son cimetière qu’en 1702. Une décision de l’abbé en 1201 lui avait permis la construction d’une chapelle, mais sans les droits paroissiaux ; par conséquent, le personnel hospitalier était inhumé dans le cimetière de l’abbaye, tandis que les malades défunts rejoignaient celui de la paroisse Notre-Dame40. L’emplacement des cimetières hospitaliers était variable en raison de la topographie des lieux et de la densité du bâti. La situation la plus propice était de l’aménager dans le prolongement des bâtiments hospitaliers. C’était le cas à l’Hôtel-Dieu d’Amiens (à l’extrémité occidentale du terrain en cul de sac, à l’opposé de la rue sur laquelle donnait la première chapelle, mais une autre chapelle fut construite dans le cimetière peu avant 1279) et à l’Hôtel-Dieu d’Abbeville (mais il était dans le prolongement du cimetière de la paroisse Saint-Wulfran, ce qui causa des différends)41. L’exiguïté des lieux imposait ailleurs de développer le cimetière hors les murs : à l’Hôtel-Dieu de Noyon (au niveau de la porte Dame-Journe en 1235)42, à celui de Soissons (hors la porte Neuve, béni en 1245 et agrandi en 1501)43 ; on arrive aussi à une répartition de part et d’autre des remparts à Beauvais lorsque l’Hôtel-Dieu extra muros fut détruit à l’approche des troupes anglaises en 1346 pour être reconstruit intra muros près de la même porte Saint-Laurent, tandis que le cimetière demeurait à son emplacement initial. Quant à l’Hôtel-Dieu de Compiègne, les membres défunts du personnel étaient inhumés dans le cimetière attenant à l’hôpital (diocèse de Soissons), alors que les malades décédés se retrouvaient au cimetière du Petit Margny, de l’autre côté de l’Oise (diocèse de Beauvais)44. On ne connaît guère d’inhumations à l’intérieur de la chapelle avant l’époque moderne45 : les maîtres de l’Hôtel-Dieu d’Amiens commencent à y être enterrés à partir du xve siècle46.
26Selon les établissements, en fonction des accords avec les paroisses, le cimetière hospitalier pouvait recevoir les dépouilles des frères47 et des sœurs, des malades gisants décédés, des passants décédés dans les murs, voire dans la ville (comme à Soissons au milieu du xve siècle, car ils n’avaient pas leur place dans les cimetières paroissiaux)48, et éventuellement les personnes qui y faisaient élection de sépulture par testament.
27Les formes d’inhumation dans les cimetières hospitaliers picards n’ont pas encore donné lieu à des études archéo-anthropologiques49. Mais les travaux d’Hélène Reveillas et de Dominique Castex50 portant sur quatre cimetières d’hôpitaux et de léproseries de Champagne et de Lorraine entre les xiie et xviie siècles permettent d’avoir des points de référence proches. Il en ressort que l’organisation spatiale n’était pas dictée par le sexe des morts, les types de pathologie ou l’âge. La documentation écrite permet de savoir que le cimetière de l’Hôtel-Dieu de Laon, situé au pied de l’établissement sur le versant nord extra muros de la butte, était subdivisé en quatre quartiers : pour les chanoines de la cathédrale (tutelle de l’hôpital), les frères et les sœurs, les patients décédés et quelques bienfaiteurs51.
28Les méthodes d’inhumation coïncident avec ce qui a pu être observé dans les fouilles de cimetières paroissiaux : les corps avaient été enveloppés dans un linceul (les os sont contraints), placés ainsi dans un trou creusé dans la terre (les traces de cercueil ou de coffrage en bois sont rares) ; ils étaient couchés sur le dos et étaient orientés, avec la tête à l’ouest pour regarder vers le soleil levant de la Résurrection à Jérusalem.
29Le mort à l’hôpital bénéficiait d’une cérémonie de funérailles et d’inhumation individuée. Cependant, en période d’épidémie, les pics de mortalité troublaient le bon accomplissement des rites, en raison de l’accumulation des cadavres à traiter, tandis que les prêtres, les frères et les sœurs dans la promiscuité des malades payaient de leur vie un lourd tribut. Il fallait même recourir à des personnes extérieures, que l’hôpital devait rétribuer chèrement pour accomplir la besogne, ainsi qu’en témoignent les comptes de l’Hôtel-Dieu de Soissons en 1481-1482. Les funérailles étaient alors accomplies en hâte et les inhumations prenaient la forme de fosses collectives creusées à proximité des tombes individuelles. Des fouilles du cimetière de l’Hôtel-Dieu-le-Comte de Troyes permettent de mettre en relation des fosses (dont une contenant 104 corps) avec deux phases épidémiques : dans la première moitié du xiie siècle (grippe ou fièvre typhoïde), puis au tournant des xiie-xiiie siècles (dysenterie, voire fièvre typhoïde). Malgré la gravité des circonstances, le traitement funéraire témoigne d’un certain soin. L’inhumation était certes réalisée en pleine terre, mais les cadavres furent vraisemblablement tous enveloppés dans un linceul (ou alors ils étaient habillés). Ils n’avaient pas été jetés pêle-mêle, mais pour la plupart rangés, corps sur le dos et tête à l’ouest selon le rite chrétien, de manière à optimiser le volume de la fosse : les corps plus petits des plus jeunes étaient placés entre des cadavres plus volumineux. Ces méthodes sont semblables à celle des fosses collectives retrouvées hors contexte hospitalier, montrant ainsi que l’inhumation hospitalière ne différait matériellement pas des rites chrétiens contemporains en usage ailleurs.
Conflits juridiques et économiques au sujet des morts
30La gestion des morts et leur mémoire impliquaient des enjeux économiques et juridiques non négligeables, ne serait-ce que par la quantité des individus concernés, qui n’étaient pas nécessairement défavorisés.
31À moins qu’il ait établi un testament contraire, les vêtements et les biens mobiliers (argent, cheval, etc.) déposés par le patient ou le voyageur à son entrée à l’hôpital restaient à son décès la propriété de la maison, qui jouissait ainsi d’une sorte de droit de dépouille52. Ce principe, énoncé dans la règle de l’Hôtel-Dieu d’Abbeville (1243), appliqué dans celui de Saint-Riquier, est crument résumé en 1463 par maître Guillaume Poulain, qui défendait âprement les intérêts de l’Hôtel-Dieu de Montreuil : « où le beste meurt on lescorche53 ». Ensuite, l’hôpital redistribuait les vêtements aux pauvres ou les revendait à leur bénéfice, comme cela se pratiquait fréquemment à l’Hôtel-Dieu de Soissons au xve siècle54.
32Par les services charitables qu’il rendait et plus encore par sa capacité à faire entrer de larges couches de la population dans la communion des saints par la prière régulière des pauvres (personnel et malades), l’hôpital attirait largement les dons et legs pieux. Alain Saint-Denis a compté 320 actes de donations de la part de malades et de tiers en faveur de l’Hôtel-Dieu de Laon de 1190 à 128055. On pourrait multiplier les exemples par milliers en puisant dans les cartulaires et chartriers des autres institutions picardes, sans oublier la multitude des dons manuels restés anonymes dans les tournées de quêtes et dans les troncs.
33Les malades et les mourants, alors dans une situation psychologique difficile, inclinaient à faire profiter de leur générosité l’hôpital qui les soignait et les préparait à une bonne mort chrétienne. 8 % des actes de donation pour l’Hôtel-Dieu de Laon furent effectués dans le lit du malade de 1190 à 128056. Certaines donations étaient réalisées oralement et certifiées par une sœur et d’autres témoins. D’autres pouvaient être énumérées dans un testament écrit, considéré comme un instrument de préparation au salut par l’Église dans la mesure où il permettait de répartir ses biens de manière claire et incontestable, de rembourser ses dettes, de réparer des torts commis au cours de sa vie. Ces donations n’étaient toutefois pas toujours du goût des familles, qui contestaient parfois en justice les aliénations décidées par le défunt à leur détriment.
34La gestion des contacts entre les vivants et les morts posait des problèmes plus retentissants dans le cadre paroissial, qui avait entre autres pour mission de célébrer les funérailles, d’accueillir les dépouilles dans son cimetière et d’assurer la mémoire des défunts57. Or, la multiplication des hôpitaux à partir des xiie-xiiie siècles s’est réalisée dans le contexte territorial et institutionnel de paroisses désormais canoniquement garanties. Ils empiétaient sur la mission pastorale, les droits juridictionnels et les revenus du curé et du patron en se dotant d’une chapelle, en faisant sonner leur cloche, en accueillant les fidèles à leurs messes, en inhumant dans leur cimetière, etc.58. Les historiens ont davantage été attentifs aux conflits entre clercs séculiers et couvents mendiants sur ces enjeux, mais les hôpitaux ont constitué de manière plus précoce des menaces non moins redoutables pour les droits paroissiaux. Dès Urbain III en 1185, les papes stipulaient généralement dans leurs privilèges octroyés aux hôpitaux que la chapelle et/ou la cloche et/ou le cimetière ne devaient pas porter atteinte aux droits paroissiaux ; ainsi Innocent III pour l’Hôtel-Dieu de Montdidier en 1210, Urbain IV pour celui de Boves en 126359. Mais, en 1252, Innocent IV s’était montré beaucoup plus libéral envers l’Hôtel-Dieu de Montreuil, qui pouvait avoir sa chapelle et un cimetière où toute personne qui le désirait pouvait être inhumée (sauf les excommuniés, les interdits et les usuriers) ; le maître avait pouvoir de confesser, de donner la communion et l’extrême-onction aux frères, sœurs et malades, ce qui provoqua des conflits récurrents avec le curé de Saint-Waloy jusqu’à la fin du xve siècle60.
35Par conséquent, localement, les prérogatives de chaque hôpital se déterminaient au cas par cas en fonction du rapport de force avec le curé de la paroisse et son patron. Le jus funerandi constituait souvent une pierre d’achoppement. Si l’inhumation des frères et sœurs et des malades de l’hôpital dans son cimetière était généralement acceptée, elle était souvent interdite pour les paroissiens61, à moins qu’ils n’aient fait élection de sépulture par testament et moyennant dans ce cas une compensation financière par l’hôpital en faveur de la paroisse au casuel lésé.
36Prenons l’exemple de l’Hôtel-Dieu d’Amiens, dépendant de la tutelle épiscopale, qui se trouvait à proximité de la cathédrale jusqu’à la reconstruction gothique et qui fut installé dans les années 1230/1240 le long de la rue principale, sur le territoire de la paroisse Saint-Leu, desservie par un chanoine régulier du monastère Saint-Martin-aux-Jumeaux. Admettant en 1243 que cette implantation portait préjudice aux oblations et aux droits du curé, l’évêque accorda une rente annuelle de 100 sous à Saint-Martin. En 1279, un accord fut conclu après plusieurs années de querelles, entre autres à cause d’une deuxième chapelle récemment bâtie dans le cimetière hospitalier. L’Hôtel-Dieu obtint de conserver ses deux chapelles, mais il dut reverser au curé la moitié des oblations (en deniers, chandelles, etc.), sauf celles qui étaient réalisées à l’occasion des funérailles des corporum presensium et extraveniensium (soit les passants et gisants qu’il hébergeait). La querelle rebondit et un arbitrage fut rendu en 1396 au profit du curé, qui obtint de nouveaux avantages, dont la moitié des offrandes in exequiis tam religiosorum dicte hospitalarie quam pauperum in dicta hospitalaria jacentium et cum pauperibus dicte hospitalarie decedentium ; mais il ne pouvait prétendre à plus et le luminaire et le poêle restaient à l’hôpital, Saint-Martin n’y renonçant officiellement qu’en 175562 !
37Lieu d’accueil original, l’hôpital connut dans les diocèses picards comme dans le reste de la chrétienté latine une évolution fondamentale à partir du xiie siècle, lorsqu’il devint une institution autonome, avec sa dotation économique et son personnel voué aux œuvres de miséricorde en faveur des vivants, mais aussi des morts. L’Hôtel-Dieu, pour reprendre l’expression significative qui s’imposa progressivement en français, accueillait des vivants qui, par leur maladie, affrontaient une période plus tendue de leur existence terrestre entre la vie et la mort. La réflexion théologique de la « Révolution de la charité » insistait sur l’identité du malade et du pauvre, figure par excellence du Christ, souffrant, cheminant vers la mort, mais promis à la résurrection. Outre les bons traitements corporels reçus, les patients étaient mis en situation de préparer leur bonne mort dans une perspective eschatologique, grâce aux efforts des clercs, des frères et des sœurs desservant l’institution. L’hôpital devint le lieu de l’application intensive de la pastorale des malades et des mourants, telle qu’elle fut redéfinie par les théologiens et les évêques au cours des xiie-xiiie siècles en insistant sur la réception des sacrements administrés par le prêtre (confession, communion, onction des malades) et sur la sépulture en terre chrétienne. L’articulation architecturale devenait complète lorsque l’hôpital réussissait à associer une salle des malades à une chapelle et à un cimetière.
38L’entrée et la mort à l’hôpital provoquaient une rupture avec le milieu familial et le réseau social d’origine. Mais la personne souffrante, toujours bien individualisée, s’intégrait dans la nouvelle famille chrétienne hospitalière qui rassemblait à huis clos hommes et femmes, clercs et laïcs. Concurrent de la paroisse territoriale, le microcosme ecclésial sanctifiant de l’hôpital, issu d’une base géographique large (interparoissiale, voire interdiocésaine), restait toutefois profondément intégré dans le système ecclésiastique. Plus encore, par son rythme soutenu de prières et de messes et, en particulier, par ses suffrages pour les morts, par l’intercession de la prière des « pauvres », l’Hôtel-Dieu réussit à répondre aux attentes eschatologiques des fidèles, dans ses murs, mais aussi autour de lui sur une large échelle sociale, complétant ainsi l’offre des monastères, chapitres canoniaux, paroisses et couvents mendiants. En conséquence, il bénéficia de transferts de richesses matérielles nécessaires à sa survie économique et à la redistribution de biens en faveur des pauvres. Ces rapports particuliers entre vivants et morts dans l’hôpital perdurèrent en France septentrionale au moins jusqu’à la Révolution.
Notes de bas de page
1 F.-O. Touati, Maladie et société au Moyen Âge : la lèpre, les lépreux et les léproseries dans la province ecclésiastique de Sens jusqu’au milieu du xive siècle, Bruxelles, 1998.
2 Les hôpitaux de Picardie du Moyen Âge à la Révolution, dir. M.-Cl. Dinet-Lecomte, P. Montaubin, Amiens, 2014. Nous écartons ici les collèges de pauvres clercs, les infirmeries monastiques et les léproseries.
3 J. Avril, « La pastorale des malades et des mourants aux xiie-xiiie siècles », Death in the Middle Ages, éd. H. Braert, V. Verbeke, Louvain, 1983, p. 88-106.
4 A. Saunier, Le « pauvre malade » dans le cadre hospitalier médiéval. France du Nord, vers 1300-1500, Paris, 1993, p. 91-117.
5 Ibid., p. 123-151, 157-194.
6 L’Hôtel-Dieu de Soissons était desservi par le curé des Fonts, dont le siège de paroisse était situé dans la cathédrale.
7 A. Saint-Denis, L’Hôtel-Dieu de Laon, 1150-1300, institution hospitalière et société aux xiie et xiiie siècles, Nancy, 1993, p. 54-55 et 87-88.
8 Les hôpitaux…, op. cit. n. 2, p. 395. Deux prêtres et un clerc à l’Hôtel-Dieu d’Amiens (sur 15 membres du personnel en 1245), deux prêtres en 1190 puis trois en 1308 (sur 23 personnes) à l’Hôtel-Dieu de Beauvais, un prêtre et un clerc (sur 5 membres) dans le petit hôpital de Bouttencourt en 1204 (ibid., p. 111, 156-157 et 176).
9 L. d’Achery, Spicilegium, t. III, Paris, 1723, p. 584-585. J.-B. Henocque, Histoire de l’abbaye et de la ville de Saint-Riquier, t. III, Amiens, 1888, p. 418-422. F. C. Louandre, « L’Hôtel-Dieu d’Abbeville, 1155-1855. Notice historique », Mémoires de la Société d’émulation d’Abbeville, (1852-1857), p. 43-110. V. Leblond, Cartulaire de l’Hôtel-Dieu de Beauvais, Paris, 1919, p. 241-249, no 216. L. M. A. Braquehay, Montreuil-sur-Mer. Histoire de l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas, 1200-1874, Montreuil-sur-Mer, 1903, p. 9-20.
10 Accord du 8 novembre 1421 entre le prieuré de Saint-Leu d’Esserent et la communauté d’habitants au sujet de la fondation du nouvel hôpital : Arch. dép. de l’Oise, H 2469.
11 Senlis, Bibl. mun., coll. Afforty, vol. 214, p. 218 (1537).
12 I. Duhau, P.-L. Laget, Cl. Laroche, L’hôpital en France du Moyen Âge à nos jours : histoire et architecture, Lyon, 2016 (2e éd.).
13 Saint-Denis, L’Hôtel-Dieu…, op. cit. n. 7, p. 49-54.
14 Braquehay, Montreuil…, op. cit. n. 9, p. 26 et 63-64.
15 Saint-Denis, L’Hôtel-Dieu…, op. cit. n. 7, p. 54-55.
16 Les hôpitaux…, op. cit. n. 2, p. 356.
17 Arch. dép. de l’Oise, H 2143. A. Poquet, Histoire de Château-Thierry, Château-Thierry, 1839, t. I, p. 221.
18 Les hôpitaux…, op. cit. n. 2, p. 55.
19 Règles de Montdidier (1207), Noyon (1218), Saint-Riquier (1233), Amiens (1233), Abbeville (1243), Beauvais (1246), Montreuil (1249). V. de Beauvillé, Histoire de la ville de Montdidier, t. III, 2e éd., Paris, 1875, p. 388-391. L. Legrand, Les statuts d’hôtels-Dieu et de léproseries, Paris, 1901, p. 34-42.
20 L. Legrand, « La prière des malades dans les hôpitaux de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem », Bibliothèque de l’École des chartes, 57 (1896), p. 325-338.
21 Plus de 50 cas repérés à Laon entre 1190 et 1280 : Saint-Denis, L’Hôtel-Dieu…, op. cit. n. 7, p. 129.
22 Hôtel-Dieu d’Abbeville : Arch. dép. de la Somme, 14 H dép, C 3 (obituaire, 1721). Hôtel-Dieu de Beauvais : Arch. dép. de l’Oise, H dép, 1/1, C6 (obituaires [xive s., 1756]) ; H. Quignon, « Les obituaires de l’Hôtel-Dieu de Beauvais », Bulletin historique et philologique, (1908), p. 158-174 ; V. Leblond, « Obituaire de l’Hôtel-Dieu de Beauvais (1292) », ibid., (1917), p. 343-388. Hôtel-Dieu de Laon : subsistent deux feuillets d’un obituaire du xiiie siècle : Arch. dép. de l’Aisne, H dép, 1, C1, 3 ; Saint-Denis, L’Hôtel-Dieu…, op. cit. n. 7, p. 46-47.
23 Arch. dép. de la Somme, 13 H dép, A3, fol. 1-8, C3, 4 G 1128. Les deux premiers ne figurent pas dans J.-L. Lemaître, Répertoire des documents nécrologiques français, Paris, 1980-1992, 4 vol.
24 L. Carolus-Barré, « Prières du prône au xiiie siècle », Études et documents sur l’Île-de-France et la Picardie au Moyen Âge, t. 3, Compiègne, 1998, p. 497-504.
25 Saunier, Le « pauvre malade »…, op. cit. n. 4, p. 7 et 195-203.
26 J. Imbert, Les hôpitaux en droit canonique, du Décret de Gratien à la sécularisation de l’administration de l’Hôtel-Dieu de Paris, Paris, 1947, p. 281.
27 Saunier, Le « pauvre malade »…, op. cit. n. 4, p. 43-45, 75-90 et 201.
28 Soissons, Arch. mun., Hôtel-Dieu, Registre 359.
29 Règle d’Abbeville (1243).
30 Saint-Denis, L’Hôtel-Dieu…, op. cit. n. 7, p. 107.
31 É. Hamon, « Le dessin et l’architecte au soir de l’âge gothique. Le projet de portail du fonds de l’hôtel-Dieu d’Amiens », La Picardie flamboyante. Arts et reconstruction entre 1450 et 1550, dir. É. Hamon, D. Paris-Poulain, J. Aycard, Rennes, 2015, p. 229-250.
32 Mention de plusieurs dons de linceuls (draps neufs ou usagés) dans le compte de l’Hôtel-Dieu d’Amiens en août 1459-juillet 1460 : Arch. dép. de la Somme, 13 H dép, E 117, fol. 6-10.
33 Soissons, Arch. mun., Hôtel-Dieu, Registre 360, fol. 141.
34 Montdidier, Noyon, Amiens, Saint-Riquier, Abbeville, Beauvais, Montreuil.
35 Soissons, Arch. mun., Hôtel-Dieu, Registre 358.
36 Ibid., Registre 343.
37 M. Lauwers, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval, Paris, 2005. Imbert, Les hôpitaux…, op. cit. n. 26, p. 90-95.
38 Par exemple à Ault : Les hôpitaux…, op. cit. n. 2, p. 137 ; à Montreuil jusqu’à l’acquisition de deux maisons en 1471 pour réaliser un cimetière béni en 1475 en bordure des bâtiments hospitaliers : Braquehay, Montreuil…, op. cit. n. 9, p. 28-29, 31, 50, 55 et 62.
39 Montreuil : voir n. 38. Chauny en 1398 : Les hôpitaux…, op. cit. n. 2, p. 215. Péronne avec un cimetière extra muros uniquement à partir de 1500 : ibid., p. 413.
40 Ibid., p. 496.
41 Ibid., p. 55.
42 Ibid., p. 396.
43 G. Cordonnier, « Les cimetières de l’Hôtel-Dieu et leurs abords (de 1213 à l’an III) », Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 4e sér., 17 (1980-1984), p. 21-113.
44 Les hôpitaux…, op. cit. n. 2, p. 240.
45 En 1649, à la chapelle de l’hôpital Saint-Jacques d’Abbeville pour les religieuses uniquement : Arch. dép. de la Somme, 3 G 640, fol. 9v.
46 Amiens, Société des antiquaires de Picardie, ms. 207 (épitaphier), fol. 207-209.
47 En attribuant l’hôpital des Belles-Portes aux Trinitaires en 1256, le chapitre de Saint-Quentin leur accordait un cimetière et une chapelle, toutefois réservés aux seuls frères sauf autorisation spéciale : L.-P. Colliette, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, civile et militaire de la province de Vermandois, t. II, Cambrai, 1772, p. 690, no 23.
48 Soissons, Arch. mun., Hôtel-Dieu, Registre 344.
49 On attend avec impatience le résultat des fouilles d’une partie du cimetière de l’Hôtel-Dieu d’Amiens, qui ont débuté en août 2017. Elles mettent au jour des sépultures individuelles et des fosses collectives, sans doute des xve-xviie siècles.
50 H. Reveillas, D. Castex, « Quels espaces d’inhumation pour les malades ? Traitement funéraire des décès en milieu hospitalier au Moyen Âge et à l’époque moderne », Les espaces de la mort, Pessac, 2010 (Cahiers ADES), p. 15-28.
51 H. Servant, « Les anciens cimetières de l’Hôtel-Dieu de Laon », Bulletin de la Société académique de Laon, 36 (1900-1904), p. 69-86.
52 Saunier, Le « pauvre malade »…, op. cit. n. 4, p. 7-8 et 41-43.
53 Braquehay, Montreuil…, op. cit. n. 9, p. 49.
54 Soissons, Arch. mun., Hôtel-Dieu, Registre 333 (1412-1413), 344 (1448-1451).
55 Saint-Denis, L’Hôtel-Dieu…, op. cit. n. 7, p. 125-156.
56 Ibid., p. 117, 126-127 et 150.
57 J. Avril, « La paroisse médiévale et la prière pour les morts », L’Église et la mémoire des morts dans la France médiévale, éd. J.-L. Lemaître, Paris, 1986, p. 53-68.
58 Imbert, Les hôpitaux…, op. cit. n. 26, p. 142-145. Saunier, Le « pauvre malade »…, op. cit. n. 4, p. 109-112.
59 V. de Beauvillé, Recueil de documents inédits sur la Picardie, t. III, Paris, 1877, p. 16-17 et 376.
60 Braquehay, Montreuil…, op. cit. n. 9, p. 21-22, n. 1, 28-29, 35, 50-53 et 55.
61 Exemple à l’Hôtel-Dieu d’Abbeville : Les hôpitaux…, op. cit. n. 2, p. 55.
62 P. Montaubin, « Le déménagement de l’Hôtel-Dieu d’Amiens au xiiie siècle : un hôpital dans les enjeux urbanistiques », Hôpitaux et maladreries au Moyen Âge : espace et environnement, dir. P. Montaubin, Amiens, 2004, p. 82-83.
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