Le cimetière d’Atlit, un espace des morts au pied de Château-Pèlerin (royaume latin de Jérusalem - xiiie siècle)
The Atlit Cemetery: A Space for the Dead at the Foot of the Château-Pèlerin (Latin Kingdom of Jerusalem 13th Century)
p. 187-204
Résumés
Sur la côte israélienne, le cimetière d’Atlit est implanté à quelques centaines de mètres de Château Pèlerin et d’un bourg édifiés à partir de 1217-1219. Découvert en 1934, il revêt un caractère exceptionnel : avec plus de 1 900 tombes installées sur quatre-vingts ans, il est le plus grand ensemble sépulcral conservé du royaume latin de Jérusalem. Sa mise en place et son utilisation se situent au moment d’intenses contacts entre l’Orient et l’Occident. Qu’il s’agisse de pèlerins ou de colons, il convient alors de s’interroger sur la manière dont les chrétiens latins ont enterré leurs morts. À ce titre, les vivants procèdent-ils exactement comme en Occident ? Le « modèle cimétérial » et les rites funéraires ont-ils été exportés et/ou adaptés ? Est-il possible d’identifier d’éventuelles interactions avec les coutumes des populations locales ?
Face à des questions restées en suspens, une équipe internationale a mis en place une étude interdisciplinaire de grande ampleur. L’application des méthodes développées en archéologie funéraire et en anthropologie biologique a alors permis d’analyser l’organisation du site, les pratiques funéraires et l’identité des inhumés. En combinant des investigations de terrain et des études de sources écrites, les réflexions centrées sur les liens entre les vivants et les morts placent aujourd’hui le cimetière d’Atlit dans des thématiques d’occupation du sol, tout autant que dans celles dédiées aux marqueurs spatiaux de mémoire et d’identité.
The Atlit Cemetery on the Israeli coast was situated a few hundred meters from the Château-Pèlerin and near a small town which was built from 1217-1219. It was discovered in 1934 and is exceptional in character. It has more than 1900 tombs spread over an eighty-year period and is thus the largest grouping of tombs that has been preserved from the Latin Kingdom of Jerusalem. It was established and used at a time of intense contact between East and West. This is a good place to examine how the Latin Christians—both pilgrims and colonists—buried their dead. Did the living proceed exactly as they did in the West? Were the “model cemetery” and the funeral rites exported and/or adapted? Is it possible to identify any interactions with the customs of the local people?
In order to deal with these unresolved questions an international team undertook a wide-ranging interdisciplinary study. Methods developed in Funerary Archaeology and Biological Anthropology were used to analyze the organization of the site, the funerary practices and the identities of the occupants of the graves. By combining field work with the study of the written sources our study of the relationship between the living and the dead allows us to see the Atlit Cemetery today in terms of the occupation of the ground as well as with reference to the spatial markers of memory and Identity.
Texte intégral
1Le cimetière d’Atlit se situe sur la côte israélienne, au pied du Château-Pèlerin et de son bourg. Composé de plus de 1 900 tombes datées du seul xiiie siècle, il est le plus grand espace funéraire latin conservé au Levant. Il s’inscrit dans la période des croisades, moment où des populations venues d’Europe s’installent au Proche-Orient (fig. 1). Découvert en 1934 par Cedric Norman Johns1, le cimetière n’avait été que sommairement fouillé. Si le site a depuis fait l’objet d’une thèse de doctorat soutenue en 20062, le recrutement des inhumés et les pratiques funéraires restaient encore à interroger : à l’aune de récents travaux éclairant les contacts entretenus entre les « Occidentaux » et les « Orientaux »3, les vestiges funéraires amènent en effet à discuter les pratiques culturelles, religieuses et identitaires.
2Au sein de l’Orient latin, les possibilités de comparaisons sont limitées et ces thèmes attendent encore une véritable synthèse (fig. 1). En Israël, les fouilles archéologiques d’ensembles funéraires sont rendues difficiles par un appareil législatif qui interdit souvent l’exhumation de restes humains. L’étude du cimetière d’Atlit offre donc l’opportunité d’appliquer pour la première fois une investigation interdisciplinaire sur des sépultures de la période croisée. Elle est d’autant plus cruciale que le site est menacé par les aléas climatiques : la proximité de la mer et les vents marins sont les principaux facteurs de son érosion. C’est d’ailleurs cette fragilité du site qui a conduit à la mise en place d’un projet interdisciplinaire franco-israélien, à une prospection effectuée en 2014 et à des sondages réalisés annuellement depuis 2015.
3Dans le contexte particulier des croisades, la réflexion porte sur l’exportation et l’adaptation du modèle du cimetière occidental et des pratiques funéraires. En combinant étude des sources textuelles, analyse des données archéologiques et approche archéo-anthropologique, ce sont l’inscription spatiale du cimetière d’Atlit (1), la restitution des pratiques funéraires (2) et l’identité des inhumés (3) qui apparaissent sous un nouveau jour.
Les vivants et les morts : l’environnement du cimetière d’Atlit
4L’histoire du cimetière d’Atlit est liée à celle du château templier érigé entre 1217 et 12194. Nommé Chastel Pelerin ou Castrum Peregrinorum dans les textes chrétiens et musulmans, il succède à une tour construite au xiie siècle sur un lieu appelé le Destroit, le District ou la Pierre-Encise5. Les sources font du seigneur flamand Gautier d’Avesnes l’instigateur du Château-Pèlerin, ce nom rappelant le grand nombre de pèlerins impliqués dans sa construction6. S’il n’est pas lieu de le décrire ici, notons qu’il est l’un des ensembles fortifiés les plus aboutis de la période franque7. Établi entre l’actuelle ville de Haïfa et celle de Césarée sur une presqu’île naturelle, il consolide la présence croisée dans un royaume de Jérusalem en pleine reconquête après la campagne victorieuse de Saladin (1187-1189). Jusqu’à son abandon en 1291, la fortification offre un point d’ancrage naval et protège les routes côtières ainsi que l’accès à la Ville sainte (fig. 1).
5Au xiiie siècle, la population se fixe à l’est de la forteresse, dans une bourgade ceinte d’un mur, disposant d’une église, institutionnellement organisée – les bourgeois ont une cour de justice8 – et commercialement prospère grâce, en particulier, à l’exploitation de proches marais salants (au sud du site)9. L’étude des monnaies et des céramiques découvertes lors des fouilles menées sur le château, le bourg et le cimetière confirme leur contemporanéité (fin xiie-fin xiiie siècle) et des relations entretenues avec le sud de l’Italie, Chypre, Antioche et Byzance10. À l’intérieur des terres, des villages dépendants de Château-Pèlerin sont également source de revenus : si cinq lui sont rattachés lors du traité établi en 1268 avec Baybars, seize sont mentionnés dans un accord conclu avec Qalawūn en 128311.
6Le grand cimetière est situé hors les murs, à environ deux cents mètres au nord-est du bourg depuis lequel on accède via une porte. L’orientation des sépultures (nord-est/sud-est) serait d’ailleurs conditionnée par la route côtière qui, longeant la partie méridionale du cimetière, mène au pôle fortifié depuis le nord (fig. 2). Dépourvu d’église, le cimetière d’Atlit se distingue des espaces funéraires chrétiens du Proche-Orient qui associent généralement église et cimetière, comme, par exemple, sur le site rural du Petit Gérin (Tell Jezreel)12 ou ceux, urbains ou proto-urbains, de Jérusalem13, de Saint-Jean d’Acre, de Nazareth, de Bethléem14 et du faubourg de la forteresse hospitalière de Margat (Qal’at al-Marqāb)15 (fig. 1). Bien que sa découverte soit récente et que les fouilles restent à poursuivre, le cimetière principal de Tibériade, hors les murs et sans église, est pour le moment l’exemple qui se rapproche le plus du cimetière d’Atlit16.
7Faute d’église, le cimetière serait donc à rattacher à la chapelle castrale et à l’église paroissiale (fig. 2)17. Construites toutes les deux dans les années 1250, la capella ne semble pas héberger d’inhumations alors que l’église du bourg, bien qu’inachevée selon Johns, est jouxtée par un cimetière clos. Ces deux édifices étaient probablement dédiés au culte de sainte Euphémie de Chalcédoine dont les reliques – son cœur et son corps – étaient conservées à Château-Pèlerin18. Dans sa Descriptio, Philippe de Savone lie également le Chastel à un lieu de culte marial en rapportant qu’extra castrum [peregrinorum] est petra, ubi b. virgo Maria requievit et infra castrum est corpus beate Eufemie virg. et mart.19. Cette « pierre » associée à la Vierge et qui semble située à proximité immédiate du château a-t-elle pu influencer l’implantation du cimetière ?
8Plus largement, Château-Pèlerin s’intègre dans un environnement marqué par plusieurs lieux de culte chrétien dont certains semblent se développer au cours du xiiie siècle, dans une phase de concentration de la géographie sacrée sur un territoire latin diminuant. Il faut alors s’interroger sur la place du site au sein de ce réseau dont l’essor répond à la frustration des pèlerins, qui voient leur mobilité restreinte par la reconquête islamique. Le site est pour eux un lieu d’arrivée et de rassemblement sur la route de Jérusalem, de l’intérieur des terres ou des sites côtiers (fig. 1). En effet, à côté d’édifices connus, comme le monastère Saint-Johan de Tire20 ou Notre-Dame des Marreis21, les textes latins du xiiie siècle rapportent des traditions orales : le village de Merle (Ṭantūrā) serait ainsi le lieu de naissance de saint André22, et une cave ou grotte de la Vierge prendrait place sur la route de Césarée entre Qaqun et Atlit23.
9Aux questions soulevées à Château-Pèlerin, par l’importance numérique des inhumations, la position extra muros du cimetière et l’absence de lieu de culte connu, il faut ajouter l’identité des défunts. Qui était enterré le long de la côte dans cet espace sans protection lors des sièges ?
Les pratiques funéraires et l’organisation du cimetière
10Le désensablement du cimetière en 1934 a permis d’identifier près de 2 000 tombes. Celles-ci étaient comprises dans un espace quadrangulaire de 80 × 100 m, orienté nord-est et sud-ouest (fig. 3). La documentation de fouilles montre la présence de murs continus sur au moins trois de ses côtés qui témoigne de la clôture du cimetière au xiiie siècle. Une tombe recoupée par ces murs prouve toutefois que l’enclos n’était pas présent dès l’origine. A-t-il été nécessaire à un moment de limiter l’expansion du cimetière ? Le long du côté est, Cedric Norman Johns a observé les vestiges de plusieurs axes de circulation. S’il est certain qu’un de ces chemins est postérieur au cimetière, il est possible qu’un autre, associé à des systèmes d’écoulement, soit lié au cimetière et conduise au château24. L’organisation et l’aspect extérieur du cimetière ont donc fluctué durant le xiiie siècle : l’utilisation des terres proches du château, les choix dans l’implantation des tombes et les adaptations à l’afflux des inhumés en sont peut-être les causes.
11L’un des apports principaux du cimetière d’Atlit concerne la visibilité des tombes : plusieurs éléments de surface sont en effet conservés. Après leur fermeture, les fosses ont été remblayées par du sédiment environnant, puis marquées différemment au sol. Pour les exemples conservés, ce marquage de surface, en général de forme rectangulaire, peut être constitué par une dalle marquée recouvrant ou non un radier de pierres plus ou moins équarries. Dalles et radiers présentent des dimensions variées (entre environ 1,10 et 2,80 m)25. Si les dalles conservées sont en général plates, on trouve aussi de rares couvertures en bâtière. La présence d’enduit blanc sur certains radiers témoigne du fait qu’ils étaient recouverts pour avoir, visuellement, l’apparence d’une dalle de couverture, parfois de profil arrondi. Il est également possible que des croix aient été apposées sur ces enduits26. Enfin, la fouille de 1934 a livré des croix de pierre qui pouvaient éventuellement être positionnées verticalement.
12A priori, il est difficile de restituer l’organisation générale du cimetière : aucun cheminement ne semble visible en son sein et les marquages de surface en place n’y sont pas répartis de manière homogène (fig. 3). On note toutefois que les tombes les plus monumentales – celles marquées par de grandes dalles de pierre – se situent au nord-est du cimetière27. Cette sectorisation est renforcée par un gradient dans la densité des marqueurs progressant du nord au sud. Ainsi, dans la partie sud-est du cimetière, il ne reste que peu de place pour circuler autour des marquages au sol et les tombes sont côte à côte et se touchent presque. Cette sectorisation peut éventuellement se répéter en ce qui concerne les types de radier : ceux composés de blocs équarris seraient globalement plus nombreux au nord.
13Au sein du cimetière, l’orientation des sépultures n’est pas influencée par la présence d’un bâtiment de culte et ne correspond pas à l’orientation est/ouest classiquement admise dans les cimetières chrétiens. Si les tombes paraissent plutôt suivre le littoral et semblent être orientées vers le château, suivant l’axe de circulation, on note toutefois quelques variantes. En 2015, nous avions ainsi noté un changement dans l’orientation de certaines tombes, changement qui nous semblait alors lié à la chronologie relative de l’installation des sépultures. Durant la dernière phase d’utilisation du cimetière, l’orientation des tombes se déporterait ainsi de SO/NE à SSO/NNE, comme en témoignent les sépultures S1SP6 et S2SP8. Toutefois, des données plus récentes remettent en cause cette hypothèse. De plus, la fouille de la tombe S2SP9 orientée SSO/NNE montre qu’il peut parfois y avoir un décalage entre l’orientation des blocs de surface et celle de la fosse. Un travail plus fin et systématique sur les orientations permettra éventuellement de comprendre ces changements.
14Les fouilles réalisées en 1934 n’ont permis d’apporter qu’une vue partielle des pratiques funéraires à Atlit. Les fouilleurs se sont arrêtés sur les marquages de surface en pierre lorsqu’ils étaient conservés et ont dégagé des squelettes dans la partie ouest du cimetière essentiellement, zone où les fosses sont en réalité très arasées. Les squelettes alors fouillés témoignent d’inhumations sur le dos avec une grande variabilité dans la position des membres supérieurs. À partir de ces données, il n’était pas possible de préciser les modes d’inhumation.
15Si les fouilles récentes sont peu étendues (fig. 3 et 4) et n’autorisent pas une vision exhaustive, elles apportent toutefois des données plus précises sur les pratiques funéraires. Dans la majorité de la quinzaine de tombes étudiées depuis 2015, les défunts ont été déposés directement dans des fosses vraisemblablement couvertes par des planches. Dans certaines structures, la couverture parfois calée par des blocs reposait sur des banquettes latérales que la fouille a permis de restituer. Il faut également supposer que, lors du creusement des fosses dans le sable, les parois pouvaient s’effondrer facilement et qu’il était donc nécessaire de réaliser une fosse avec une grande ouverture en surface. Si l’arasement des fosses et l’absence d’enregistrement précis en 1934 ne permettent pas de confirmer cette typologie pour les squelettes alors exhumés, il est bien possible qu’elle soit majoritaire. Face à l’illisibilité des limites de fosses creusées dans le sable, sans une analyse archéo-anthropologique fine, ce type de tombe est en effet difficile à identifier. De même, l’insuffisance de l’enregistrement des tombes fouillées pour d’autres ensembles de la région ne permet pas une telle approche archéologique. Ainsi, le manque de données pour l’Orient latin n’invite pas à la comparaison ; contrairement à l’Occident où les fosses couvertes – parfois dites tombes rupestres – sont fréquentes dans les cimetières médiévaux des ixe-xiiie siècles28.
16Parmi les inhumations fouillées récemment à Atlit, la sépulture S2SP15 se distingue par son mode d’inhumation : elle contenait un cercueil cloué renfermant deux jeunes enfants. Les fouilles de 1934 n’ayant livré que peu de clous pouvant témoigner de la présence de cercueils, ce type de tombe reste encore rare sur le site. Quelques cercueils ou coffrages cloués ont toutefois été identifiés dans certains cimetières latins comme celui établi près de la cathédrale de Césarée29. Un coffrage de pierre à Atlit (S2SP13) pourrait également se rapprocher de ceux découverts sur ce même site30.
17À l’exception de l’inhumation double en cercueil, les tombes fouillées révèlent la présence d’un seul défunt en position primaire (fig. 5). L’étroitesse de la partie inférieure des fosses ne permet pas de déterminer si les corps étaient enveloppés dans un linceul. Les défunts ont été, le plus souvent, inhumés sur le dos. Fouillée en 2015, la tombe S3SP7 pourrait avoir contenu un corps inhumé sur le côté, et corroborer des observations effectuées sur d’autres sépultures en 1934 (notes de fouilles).
18Si le comblement des tombes contient de nombreux tessons de céramique, aucun réel dépôt d’objet n’a été découvert. La documentation des fouilles de 1934 montre pourtant l’existence de vases entiers mais, sans enregistrement précis, il reste difficile de les considérer comme de véritables dépôts funéraires. On doit toutefois s’interroger sur l’origine de certains tessons présents dans le comblement des fosses et datés du xiiie siècle : ont-ils été apportés avec les remblais ou témoignent-ils de pratiques effectuées autour des tombes ? Ces mêmes questions s’appliquent aux rares monnaies médiévales découvertes en 1934 et en 201531. À l’heure actuelle, le seul objet pouvant être associé à un défunt est une ferrure de bâton découverte le long de la jambe du sujet primaire de la tombe S2SP1 (fig. 5). Ces pratiques ne diffèrent pas des gestes connus pour les cimetières occidentaux à la même époque32.
19Le comblement des fosses fouillées depuis 2015 apporte des indices sur l’utilisation du cimetière et sur certaines pratiques funéraires : toutes ces tombes contiennent, en effet, des ossements en position secondaire. Issus de tombes recoupées, ces vestiges humains auraient été en majorité déposés sur les couvertures en bois ou sur les banquettes, mais également mêlés au sédiment lors du remblaiement de la fosse. Si ces dépôts d’ossements ne semblent en général pas organisés, ils prouvent toutefois que les vivants ont désiré remettre les ossements perturbés dans la terre cimétériale. Dans quelques cas, des gestes précis ont pu être identifiés. Des blocs crânio-faciaux ont ainsi pu être positionnés sur les couvertures à l’emplacement de la tête du nouveau défunt (S2SP9 et S2SP8), et des os longs ont été déposés en fagots sur et le long des parois du cercueil des enfants (S2SP15) (fig. 5).
20Si les aménagements de surface témoignent de la visibilité des sépultures dans le cimetière, les nombreux ossements en position secondaire attestent aussi les recoupements et la destruction de tombes. La fouille du secteur 2 a ainsi mis en évidence de nombreuses fosses non visibles en surface (fig. 4) et montré la complexité des niveaux d’inhumations. Ces recoupements, vraisemblablement effectués quelques dizaines d’années après l’inhumation, posent alors la question du maintien dans le temps des marqueurs de surface et, plus concrètement, de leur utilité. Bien que Cedric Norman Johns suppose l’existence de marqueurs en bois, il reste difficile de savoir si toutes les tombes étaient marquées. L’identification de marqueur en remploi dans une tombe (S2SP4) montre d’ailleurs que certains éléments ont été démontés lors de l’installation d’une nouvelle tombe. On peut alors s’interroger sur la raison de ces recoupements : nécessité due à la forte densité du site et/ou choix de rapprocher certains inhumés, voire volonté d’être inhumé dans certaines zones du cimetière ?
21Quoi qu’il en soit, la prise en compte de ces pratiques apporte des éléments de discussion sur l’organisation interne du cimetière. Ainsi, en l’état actuel des investigations, le secteur 1 montre une implantation plus dense en surface et sans recoupement identifié, contrairement au secteur 2 (fig. 3). Si les données sont encore à confirmer, il nous semble que le marquage au sol des tombes a conditionné l’organisation et la gestion du cimetière. Dans le secteur 1, le respect des marqueurs en surface aurait ainsi facilité l’installation de tombes qui ne se recoupent pas, alors que dans le secteur 2, au contraire, l’utilisation intensive de l’espace aurait entraîné la destruction des marqueurs en surface. Cette différence dans la préservation des marqueurs pourrait témoigner de choix mémoriaux distincts suivant le statut des défunts.
22Le nombre important de recoupements et d’ossements en position secondaire témoigne de la densité très importante d’inhumations. Ces résultats amènent à reconsidérer le nombre de sépultures, bien supérieur aux estimations préalablement proposées (autour de 1 970), et invite dès lors à discuter le statut du cimetière. Au total, vraisemblablement plusieurs milliers d’inhumations se concentrent dans cet espace funéraire sur une période d’environ quatre-vingts ans, plusieurs milliers d’individus dont il convient de connaître l’identité.
L’identité des défunts inhumés dans le cimetière d’Atlit
23L’identité des individus inhumés doit être discutée en regard du lieu d’inhumation, de l’architecture sépulcrale, des objets déposés dans les tombes et des analyses biologiques33. Face à un recrutement large (hommes, femmes et enfants de tous les âges) et numériquement important, on doute que les habitants du bourg soient les seuls inhumés dans le cimetière extra muros.
24Le contexte belliqueux du Proche-Orient au xiiie siècle est l’une des premières pistes à explorer. À Atlit, l’analyse des ossements d’une femme (S1SP8) et d’autres os en position secondaire a en effet révélé des traces de coups portés par armes blanches. Ces lésions traumatiques sont considérées comme péri-mortem (aucun remodelage osseux cicatriciel) et se rapprochent d’armes spécifiques à l’époque34. Comme au Petit-Gérin ou à Césarée, elles témoignent de violences corporelles dues à des combats35. À ce titre, les textes rapportent que Château-Pèlerin est plusieurs fois attaqué par les Sarrasins. Dès sa construction, il est ainsi assiégé par l’armée et les engins de guerre (trébuchet, perrières et mangonneaux) du sultan al-Malik al-Mu‘aẓẓam ‘Īsa36. En juin 1237, ce sont 110 templiers qui meurent lors d’une sortie armée37 et, en juin 1264, l’émir Nāṣir al-Dīn al-Qaimarī attaque le site et fait des prisonniers38. Un an plus tard, en 1265, Baybars saccage le bourg et les terres alentours, répétant peut-être l’opération l’année suivante39.
25L’insécurité croissante a également pu amener les Latins de l’arrière-pays à vouloir être enterrés auprès des sites fortifiés du littoral. Il est vrai qu’à partir de 1260, la majorité des évêques et des prêtres latins sont dépossédés des lieux de culte et des cimetières passés sous le contrôle des Mamelouks. Le nom de Chastel Pelerin renvoyant lui-même à l’accueil des pèlerins, certaines inhumations du cimetière pourraient également être les leurs. C’est sans doute le cas pour la sépulture S2SP1 renfermant le squelette d’un homme âgé qui, inhumé avec les mains jointes (signe de prière ?), était muni d’un bâton de pèlerin (fig. 5). On ne peut, à ce stade de l’étude, écarter la possibilité que des juifs ou des musulmans aient aussi été inhumés sur le site40.
26L’origine géographique, grâce à l’analyse de prélèvements anthropologiques, prolongera la réflexion sur l’identité des défunts. Les analyses génétiques faciliteront la reconnaissance d’haplotypes, dont certains sont plus fréquents au Proche-Orient, et clarifieront donc les ascendances des inhumés. L’étude isotopique permettra, quant à elle, de savoir si les défunts enterrés à Atlit sont natifs ou non de cette partie de la Méditerranée.
27À l’intérieur même du cimetière, le « décor » d’une dizaine de tombes est certes révélateur d’une mode funéraire, mais il constitue peut-être un élément pour discuter l’identité des défunts41. Des croix – parfois hampées, losangiques ou patriarcales – sont ainsi sculptées en relief ou incisées sur la dalle funéraire de couverture. Quelques pierres dotées d’un décor cruciforme s’apparentent également à des marqueurs de surface mais, compte tenu des restaurations de 1934, il reste difficile d’être catégorique quant à cette utilisation. D’autres signes comme un bouclier an-épigraphique, des équerres, un marteau ou un pic, un poids, etc. renvoient plutôt à un métier, voire à un statut. C’est par exemple le cas de la tombe dite du Maître Maçon, imposant vestige aujourd’hui conservé au Rockefeller Museum (fig. 5). La plate-tombe comprend une croix hampée, un marteau et une équerre, signes incisés qui ont jusqu’à présent été interprétés comme ceux d’un maître bâtisseur. Qu’il s’agisse des croix ou des autres signes, ce genre de marques se retrouve à la même époque sur les tombes médiévales en Occident et d’autres supports comme les sceaux. Ces décors sont à mettre en relation avec l’utilisation des plates-tombes à partir du xe siècle et leur généralisation au cours du xiiie siècle42. Hormis l’écu, qui reste d’une utilisation stéréotypée et non genrée, on ne note toutefois aucune autre représentation d’arme, attribut qui soulignerait l’appartenance du défunt au groupe des combattants, voire son rang équestre.
28Ces décors témoignent d’une volonté manifeste de monumentaliser certaines sépultures et d’en assurer la singularité43. Ils confèrent en effet une dimension visuelle et, au-delà des aspects artistiques, ornementaux et architecturaux, ils placent la sépulture dans une véritable mise en scène spatiale. Sans pouvoir entrer ici dans des détails historiographiques sur la « hiérarchisation sociale » des défunts ou le « privilège funéraire », la monumentalisation de certaines tombes invite à se demander si elles renferment des individus illustres, riches et aux pouvoirs forts. Cette question est d’autant plus importante que les tombes monumentales paraissent agir comme un pôle attractif pour d’autres sépultures : elles se concentrent en effet au nord-est du cimetière (secteur 2), dans une zone où les recoupements sont les plus nombreux (fig. 3). Bien qu’il s’agisse d’une donnée à relativiser, les sujets adultes identifiés lors de la fouille du secteur 2 sont exclusivement de sexe masculin – contrairement aux secteurs 1 et 3 – sans que l’on puisse pour le moment expliquer l’attrait particulier des hommes pour le nord-est du cimetière.
29L’investigation menée sur le cimetière d’Atlit constitue à l’heure actuelle la première étude interdisciplinaire sur les contacts entre les vivants et les morts dans le Proche-Orient du xiiie siècle. En reprenant la documentation de 1934, en combinant une étude des sources écrites et une approche archéo-anthropologique, elle jette un nouveau regard sur les pratiques funéraires durant cette période. Toutefois, nous devons garder à l’esprit que le cimetière d’Atlit est un exemple particulier : extra muros, il concentre en effet en son sein plusieurs milliers de tombes sur moins de quatre-vingts ans.
30Le premier constat est celui d’un recrutement large puisque des hommes, des femmes et des enfants de tous les âges y sont enterrés. Si les données doivent encore être historiquement et biologiquement précisées, elles fournissent toutefois des indices sur la nature des blessures et sur la gestion de cadavres liés à une mort violente. Les investigations de terrain révèlent ensuite l’inhumation des morts dans des fosses recouvertes de planches de bois ou coffrées en pierre, mais également dans des cercueils cloués. Grâce à l’étude systématique des os en position secondaire, les fouilles récentes mettent en évidence des recoupements de tombes et une gestion des ossements perturbés. S’entame alors une réflexion sur l’organisation du site, la répartition des sépultures et leur architecture ainsi que sur l’identité des défunts et les distinctions de statuts. Ces questions se prolongent jusque dans l’étude d’objets, qu’il reste difficile, pour certains, de qualifier de dépôts funéraires. Enfin, notre étude démontre que le mur de clôture et une partie des couvertures funéraires ont été reconstruits en 1934. Les prochaines missions auront pour objectif de poursuivre l’exploration interne du cimetière mais aussi d’appréhender plus précisément les limites physiques de l’espace cimétérial.
Fig. 1 — Cimetières latins (xiie-xiiie s.) au Proche-Orient connus par l’archéologie

DAO S. Dorso.
Fig. 2 — Répartition spatiale des vestiges archéologiques connus du Château-Pèlerin, de son bourg et de son cimetière

DAO M. Vivas.
Fig. 3 — Plan général du cimetière médiéval d’Atlit

DAO M. Vivas, Y. Gleize.
Fig. 4 — Relevé du secteur 2

DAO Y. Gleize.
Fig. 5 — Sépulture S2SP15 recoupée par la sépulture S2SP3 (gauche), sépulture S2SP1 (centre) et dalle conservée au Rockefeller Museum à Jérusalem

Clichés Y. Gleize.
Notes de bas de page
1 C. N. Johns, « Excavations at Pilgrims’ Castle, ‘Athlīt (1931-2). An Unfinished Church in the Suburb », The Quaterly of the Department of Antiquities in Palestine, 4 (1935), p. 122-137 ; C. N. Johns, Pilgrims’ Castle (‘Atlit), David’s Tower (Jerusalem) and Qal’at Ar-Rabat (‘Ajlun). Three Middle Eastern Castles from the Time of the Crusades, éd. D. Pringle, Aldershot, 1997.
2 J. A. Thompson, Death and Burial in the Latin East: A Study of the Crusader Cemetery at ‘Atlit, Israel, thèse de doctorat, université de Cardiff, 2006.
3 Qu’il s’agisse des édifices religieux ou des vestiges matériels, les références bibliographiques sont nombreuses. Loin de pouvoir toutes les citer ici, nous renvoyons le lecteur vers les études de Denis Pringle et d’Adrian Boas. Pour les constructions militaires, voir, par exemple, La fortification au temps des Croisades, éd. N. Faucherre, J. Mesqui, N. Prouteau, Rennes, 2004 et A. J. Boas, Archaeology of the Military Orders. A Survey of the Urban Centres, Rural Settlements and Castles of the Military Orders in the Latin East (c. 1120-1291), Londres/New York, 2006.
4 Sur la fondation du château, voir L’Estoire d’Éracles, l. XXXI, chap. 13, éd. A. Beugnot et A. Langlois, Paris, 1859, p. 325 ; Gestes des Chiprois, l. I, chap. 75, éd. G. Raynaud, Genève, 1887, p. 19 et éd. L. de Mas Latrie et G. Paris, Paris, 1906, p. 665 ; Héthoum de Gorigos, Table chronologique, année 666, éd. É. Dulaurier, 1869, p. 484 ; Jacques de Vitry, Histoire orientale, l. III, 3, chap. 5-6, éd. et trad. M. G. Grossel, Paris, 2005, p. 363-366 ; Matthieu Paris, Chronica majora, éd. H. R. Luard, Oxford, 1876, t. 3, p. 13-14 ; Olivier le Scolastique, Historia Damiatina, c. 5 et c. 41, éd. H. Hoogeweg, Tübingen, 1894, p. 169 et 244-245 ; Olivier le Scolastique, Lettres, no 3, éd. H. Hoogeweg, Stuttgart, 1894, p. 290-291.
5 Le toponyme actuel Khirbet Dustrey conserve le nom franc. Guillaume de Tyr, Historia, l. X, c. 25 ; l. XI, c. 17 ; l. XIII, chap. 2, éd. R. B. C. Huygens, Turnhout, 1986, p. 485, 521 et 587 ; Jacques de Vitry, Histoire orientale, op. cit. n. 4, l. I, chap. 42 ; l. I, chap. 98 ; l. III, 2, chap. 5 ; l. III, 3, chap. 5-6, p. 141, 325, 350 et 363-366 ; Jacques de Vitry, Lettres, éd. R. B. C. Huygens, Leyde, 1960, no 4 (22 septembre 1218), p. 101-111.
6 Olivier le Scolastique, Historia Damiatina, op. cit. n. 4, c. 5-6, p. 168-172 ; Jacques de Vitry, Lettres, op. cit. n. 5, no 3 (août 1218), no 4 (22 septembre 1218) et no 7 (18 avril 1221), p. 100-101, 138 et 201-202 ; Chronique d’Ernoul, éd. L. de Mas Latrie, Paris, 1871, p. 422-423 ; L’Estoire d’Éracles, op. cit. n. 4, l. XXXI, chap. 13, p. 325-326.
7 J. Mesqui, « La fortification des Croisés au temps de Saint Louis au Proche-Orient », Bulletin monumental, 164/1 (2006), p. 5-29.
8 Jean d’Ibelin, Le Livre des Assises, éd. P. W. Edbury, Leyde/Boston, 2003, c. 236, p. 604.
9 Déjà connus des Phéniciens : A. Raban, « The Phoenician Harbour and “Fishing Village” at ‘Atlit », Eretz-Israel, 25 (1996), p. 490-508.
10 J. Folda, Crusader Art in the Holy Land. From the Third Crusade to the Fall of Acre, 1187-1291, Cambridge, 1995 (rééd. 2005), p. 132-133 ; D. M. Metcalf, R. Kool et A. Berman, « Coins from the Excavations at ‘Atlit (Pilgrims’ Castle and Its Faubourg) », ‘Atiqot, 37 (1999), p. 89-164.
11 Ces deux traités sont connus par les chroniques d’Ibn ‘Abd al-Ẓāhir, d’Ibn al-Furāt et d’al-Maqrīzi : P. M. Holt, Early Mamluk Diplomacy (1260-1290). Treaties of Baybar and Qalāwūn with Christian Rulers, Leyde/New York/Cologne, 1995, p. 69-71 et 87. Sur le territoire d’Atlit : R. Khamisy, « The Unratified Treaty between the Mamlūks and the Franks of Acre in 1268 », al-Masāq, 26/2 (2014), p. 147-167.
12 M. Bradley, « Preliminary Assessment of the Medieval Christian Burials from Tel Jezreel », Levant, 26 (1994), p. 63-65 ; id., « The Medieval Christian Cemetery at Tel Jezreel », Levant, 38 (2006), p. 33-35.
13 A. Re’em, « On Crusader Graves and Burial Customs in the Church of the Holy Sepulcher », Eretz-Israel: Archaeological, Historical and Geographical Studies, Teddy Kolek Volume (2007), p. 270-280 [en hébreu].
14 Communication personnelle de Willie Ondricek et Shimon Gibson.
15 B. Major, « A Medieval Burial in Qal’at al-Marqab and its Facial Reconstruction », Hungarian Archaeology E-Journal, printemps 2014, www.hungarianarchaeology.hu.
16 Communication personnelle de Katia Cytryn-Silvermann. À Césarée, un cimetière se développe également hors les murs, continuation possible du cimetière situé au pied de la cathédrale intra-muros : R. J. Bull, E. Krentz et O. J. Storvick, « The Joint Expedition to Caesarea Maritima: Ninth Season, 1980 », Bulletin of the American Schools of Oriental Research, 24 (1986), p. 31-55.
17 C. Enlart, Les monuments des Croisés dans le royaume de Jérusalem, architecture religieuse et civile, 2 vol., Paris, 1925, vol. 1, p. 93 et suiv. ; voir Johns, « Excavations… », op. cit. n. 1 ; D. Pringle, The Churches of the Crusader Kingdom of Jerusalem. A corpus, 2 vol., Cambridge, 1993-1998, vol. 1, p. 71-80 ; voir Folda, Crusader Art…, op. cit. n. 10, p. 130-132.
18 M. L. Bulst-Thiele, Sacrae domus militiae templi hierosolymitani magistri, Göttingen, 1974, p. 167 ; S. Sandoli, Itinera Hierosolymitana Crucesignatorum (saec. xii-xiii), 4 vol., Jérusalem, 1978-1984, vol. 4, p. 58 ; M. Barber, The New Knighthood. A History of the Order of the Temple, Cambridge, 1994, p. 199 ; Folda, Crusader Art…, op. cit. n. 10, p. 133-134 ; J. Burgtorf, The Central Convent of Hospitallers and Templars. History, Organization and Personnel (1099/1120-1310), Leyde/Boston, 2008, p. 93-94.
19 Philippe de Savone, Philippi Descriptio Terrae Sanctae, éd. W. A. Neumann, Vienne, 1872, vol. 3, p. 76.
20 Mentionné dans Les Saints Pèlerinages, Les Chemins et Pelerinages de la Terre Sainte, les Pelerinages et Pardouns de Acre et par Philippe de Savone, le monastère est identifié dans l’actuelle localité d’al-Ṭīra. Voir Boas, Archaeology of the Military Orders, op. cit. n. 3, p. 254.
21 Également mentionné dans Les Saints Pèlerinages, Les Chemins et Pelerinages de la Terre Sainte et les Pelerinages et Pardouns de Acre, le site accueillant une chapelle se trouverait soit à Burǧ al-Maliḥ (D. Pringle, Pilgrimage to Jerusalem and the Holy Land, 1187-1291, Farnham/Burlington, 2012, p. 168), soit à Ḥ. Kabāra et Ḥ Umm al-‘Alaq (G. Beyer, « Das Gebiet der Kreuzfahrerherrschaft Caesarea in Palästina siedlungs- und territorialgeschichtlich untersucht », Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, 59/1 [1936], p. 1-91, ici p. 28-29).
22 Pelerinages et Pardouns de Acre, éd. H. Michelant et G. Raynaud, Genève, 1882, p. 229 ; Philippe de Savone, Philippi Descriptio…, op. cit. n. 19, p. 76.
23 Pelerinages et Pardouns de Acre, op. cit. n. 22, p. 229 ; Riccold de Monte Croce, Liber Peregrinationis, éd. et trad. R. Kappler, Pérégrination en Terre sainte et au Proche-Orient. Lettres sur la chute de Saint-Jean d’Acre, Paris, 1997, p. 9.
24 Johns, « Excavations… », op. cit. n. 1.
25 Ibid.
26 Ibid. Il est possible qu’un cimetière semblable ait existé à 2,5 kilomètres au sud d’Atlit, sur le site de Khirbet Māliaḥ (Mellaha des Francs ?) où un fragment de pierre tombale arborant une croix fut découvert au début des années 1930 par Naim Makhouly (IAA Mandatory Archives, Kh. Maliha et Esh-Sheukh Bureik, SRF_135, photographie 13.003). Le site est décrit comme une « véritable nécropole » comprenant des tombes de la période des croisades par un explorateur du xixe siècle (E. von Mülinen, « Beiträge zur Kenntnis des Karmels », Zeitschrift des Deutsches Palästina Vereins, 31 [1908], p. 184-185).
27 Il pourrait également y avoir un problème de représentation puisqu’une partie des grandes dalles a pu être prélevée, mais l’observation de la taille des radiers montre bien que les tombes les plus monumentales se concentrent au nord-est du cimetière.
28 H. Galinié et É. Zadora-Rio, Archéologie du cimetière chrétien, Tours, 1996 ; O. Passarrius, R. Donat et A. Catafau, Vilarnau. Un village du Moyen Âge en Roussillon, Perpignan, 2008.
29 B. Yule et P. Rowsome, Caesarea Maritima: Area 114 Excavations - the 1993 Season. Interim Report on the Excavation of a Sondage through Sediments filling the Herodian Inner Harbour, and an Overlying Arab and Crusader Sequence?, Londres, 1994.
30 Bull et al., « The Joint Expedition… », op. cit. n. 16.
31 Metcalf et al., « Coins from the Excavations… », op. cit. n. 10.
32 Galinié et Zadora-Rio, Archéologie du cimetière…, op. cit. n. 28 ; Passarrius et al., Vilarnau…, op. cit. n. 28.
33 V. Marthon, « La question de l’identité à travers l’étude des pratiques funéraires », Les Petits Cahiers d’Anatole, 19 (2009), http://citeres.univ-tours.fr/doc/lat/pecada/pecada_19.pdf.
34 D. C. Nicolle, Arms and Armour of the Crusading Era 1050-1350. Islam, Eastern Europe and Asia, Londres/Mechanicsburg, 1988 (rééd. 1999).
35 P. D. Mitchell, « Pathology in the Crusader Period: Human Skeletal Remains from Tel Jezreel », Levant, 27 (1994), p. 67-71 ; id., « Further Evidence of Disease in the Crusader Period Population of Le Petit Gerin (Tel Jezreel) », Tel Aviv, 24/1 (1997), p. 169-179 ; id., Medicine in the Crusades: Warfare, Wounds and the Medieval Surgeon, Cambridge, 2004 ; id., « Trauma in the Crusader Period City of Caesarea: A Major Port in the Medieval Eastern Mediterranean », International Journal of Osteoarchaeology, 16 (2006), p. 493-505 ; id., « Violence and the Crusades: Warfare, Injuries and Torture in the Medieval Middle East », The Routledge Handbook of the Bioarchaeology of Human Conflict, éd. C. Knüsel et M. Smith, Londres/New York, 2014, p. 251-262.
36 Abū al-Fidā‘, Annales, éd. W. Mac Guckin de Slane, Paris, 1872, t. 1(1), p. 94 ; Chronique d’Ernoul, op. cit. n. 6, p. 423 ; Olivier le Scolastique, Historia Damiatina, op. cit. n. 4, c. 52-53, p. 254-256 ; Jacques de Vitry, Histoire orientale, op. cit. n. 5, l. III, chap. 42, p. 417 ; Jacques de Vitry, Lettres, op. cit. n. 5, no 4 (18 avril 1221) et no 7 (22 septembre 1218), p. 101 et 138.
37 Aubry de Trois-Fontaines, Chronique, éd. P. Scheffer-Boichorst, MGH, SS, 23, Hanovre, 1874, p. 631-950, p. 942.
38 Ibn al-Furāt, Tārīḫ al-Duwal wa’l-Mulūk, éd. et trad. U. Lyons et M. C. Lyons, Cambridge, 1971, vol. 2, p. 67.
39 Muḥyī al-Dīn ibn ‘Abd al-Ẓāhir, Sīrat al-Malik al-Ẓāhir, éd. et trad. S. F. Sadeque, Oxford, 1956, p. 216 ; Ibn al-Furāt, Tārīḫ al-Duwal…, op. cit. n. 38, p. 72 et 87 ; Abū al-Fidā‘, Annales, op. cit. n. 36, t. 1(2), p. 8.
40 En 1934, la découverte d’un corps inhumé sur le côté avait déjà soulevé la question. Voir Thompson, Death and Burial…, op. cit. n. 2.
41 J. A. Thompson, « A Study of the Decorated Slab Tombstones of the Crusader Cemetery at Atlit », Crusader Landscapes in the Medieval Levant: The Archaeology and History of the Latin East, éd. M. Sinibaldi, K. J. Lewis, B. Major et J. A. Thompson, Cardiff, 2016, p. 339-348.
42 X. Dectot, Pierres tombales médiévales. Sculptures de l’au-delà, Paris, 2006 ; G. Grillon, L’ultime message : étude des monuments funéraires de la Bourgogne ducale (xiie-xvie siècle), thèse de doctorat, université de Bourgogne, 2011.
43 Inhumations de prestige ou prestige de l’inhumation ? Expressions du pouvoir dans l’au-delà (ive-xve siècle), dir. A. Alduc-Le Bagousse, Caen, 2009.
Auteurs
ORCID : 0000-0003-4270-2388
ORCID : 0000-0001-7609-7484
ORCID : 0009-0006-7348-4386
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Marquer la ville
Signes, traces, empreintes du pouvoir (xiiie-xvie siècle)
Patrick Boucheron et Jean-Philippe Genet (dir.)
2013
Église et État, Église ou État ?
Les clercs et la genèse de l’État moderne
Christine Barralis, Jean-Patrice Boudet, Fabrice Delivré et al. (dir.)
2014
La vérité
Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècle)
Jean-Philippe Genet (dir.)
2015
La cité et l’Empereur
Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins
Antony Hostein
2012
La délinquance matrimoniale
Couples en conflit et justice en Aragon (XVe-XVIe siècle)
Martine Charageat
2011
Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge
XLe Congrès de la SHMESP (Nice, 4-7 juin 2009)
Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (dir.)
2010
Une histoire provinciale
La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.
Michel Christol
2010