La mémoire des Patriarches dans l’Église melkite
Le cas de Christophore d’Antioche (xe siècle)
Memory of the Patriarchs in the Melkite Church: The Case of Christopher of Antioch
p. 43-58
Résumés
De manière exceptionnelle pour un patriarche melkite d’Antioche, la vie de Christophore (959-967) est connue par plusieurs sources, dont la principale est un riche récit hagiographique conservé dans sa version arabe. Le texte, édité sur un unique témoin, peut être amélioré par la comparaison avec un manuscrit inédit du Sinaï, comme le montre l’extrait publié en annexe. L’analyse des lieux de résidence et de sépulture successifs de ce patriarche révèle leur lien étroit avec les enjeux politiques de la fin du règne de Sayf al-Dawla, puis de la reconquête byzantine en Syrie du nord.
La résidence habituelle du patriarche melkite se situait à Antioche, probablement au cœur de la cité. Christophore fut toutefois amené à se réfugier au monastère de Saint-Siméon qu’il contribua à fortifier, rappelant, en dépit du caractère urbain du patriarcat melkite, l’importance des monastères. Ses déplacements peuvent être interprétés comme une désolidarisation progressive vis-à-vis des notables antiochiens, au profit de la fidélité à Sayf al-Dawla.
Les déplacements de la dépouille puis des reliques du patriarche après son assassinat, puis vers 1025, manifestent l’investissement des patriarches d’Antioche désormais nommés par l’empereur byzantin dans la mémoire de leur prédécesseur. Une continuité symbolique est ainsi créée en même temps qu’un culte en l’honneur de ce nouveau martyr antiochien.
Unusually for a Melkite patriarch of Antioch, the life of Christopher (959-967) is known to us from several sources. The most important these is a rich hagiographic account found in an Arab language text. The text which was published based on a single manuscript source can be improved if compared with an unpublished manuscript from Sinai, as is shown by the excerpt published in the appendix. The analysis of the successive places of residence and of burial of this patriarch reveals their strong connection with political events taking place at the end of the reign of Sayf al-Dawla as well as with the Byzantine reconquest of Northern Syria.
The normal place of residence of the Melkite patriarch was at Antioch, probably in the heart of the city. Christopher had nevertheless, to take refuge in the Monastery of Saint Simeon which he helped to fortify. This makes us aware of the fact that despite the urban character of the Melkite patriarchate we should not overlook the importance of the monasteries. His various moves can be seen as a progressive distancing from the Antiochian establishment leading to his allegiance to Sayf al-Dawla.
After his murder the body and the relics of the patriarch were carried around and exhibited after 1025. This shows us that the patriarchs of Antioch, who from this time were appointed by the Byzantine emperor were committed to preserving the memory of their predecessor. Thus, a form of symbolic continuity was created together with a cult that honoured this new Antiochian martyr.
Texte intégral
En l’an quatorze du califat d’al-Muṭī‘, Christophore fut fait patriarche d’Antioche et, après avoir siégé pendant dix ans, il fut tué1.
1Telle est la première mention du patriarche Christophore d’Antioche (348-356 H./959-967) dans la chronique de l’historien melkite du xie siècle Yaḥyā b. Sa‘īd d’Antioche. Christophore est l’un des trois patriarches melkites, à la tête des patriarcats d’Antioche, de Jérusalem et d’Alexandrie suivant l’orthodoxie byzantine chalcédonienne. La majorité des patriarches melkites des viiie-xe siècles ne sont pas connus autrement que par une mention laconique de ce type, tandis que la mémoire des patriarches des Églises syro-orthodoxe (jacobite) et syro-orientale (nestorienne) est préservée de manière plus systématique2. Dans le cas de Christophore, cependant, plusieurs sources nous sont parvenues, permettant de connaître les étapes de sa vie, mais aussi la destinée de sa dépouille après sa mort3.
2La pièce maîtresse du dossier de sources concernant ce patriarche melkite est sa Vie, rédigée quelques décennies après sa mort par un hagiographe antiochien, Ibrāhīm b. Yuḥannā le Protospathaire, qui connut personnellement Christophore4. Composée en grec, elle a été traduite en arabe par l’auteur lui-même5 et est conservée seulement dans cette langue, dans deux manuscrits. L’un a servi de base à l’édition et à la traduction française de Habib Zayat6. Le second est le manuscrit Sinaï, Monastère Sainte-Catherine, arabe 405 (désormais Sinaï arabe 405)7. Des variantes significatives ressortent de la comparaison entre l’édition et le manuscrit inédit du Sinaï, comme en témoigne le passage édité et traduit en annexe du présent article, consacré à la destinée posthume du corps du patriarche. Les données de la Vie le plus directement liées aux événements politiques se trouvent intégrées au fil de la chronique de Yaḥyā b. Sa‘īd d’Antioche8, que l’historien ait utilisé la composition de l’hagiographe9 ou qu’ils aient puisé tous deux à une source commune. Deux mentions succinctes de Christophore sont également à relever dans les sources historiques byzantines. Par ailleurs, le nom du patriarche apparaît dans une inscription, dans des ouvrages liturgiques et dans une liste patriarcale d’Antioche du xie siècle10.
3C’est la mort du patriarche et sa qualité de martyr qui sont à l’origine de la transmission des informations sur sa vie. Dans la perspective élogieuse et édifiante propre au genre hagiographique, la Vie fournit une série de données biographiques. Christophore était originaire de Bagdad. Sa formation de secrétaire (kātib) l’amena à passer au service d’un des émirs de Sayf al-Dawla, souverain hamdanide d’Alep (945-967). Ayant eu l’occasion de se faire connaître des habitants d’Antioche, Christophore fut choisi par eux pour succéder au patriarche Agapios, avec l’autorisation de Sayf al-Dawla. Il mena une action de défense énergique des intérêts de la population chrétienne d’Antioche, par exemple pour alléger la pression fiscale ou développer l’enseignement religieux. Lors de la révolte des Antiochiens contre Sayf al-Dawla en 965, alors affaibli, le patriarche resta à l’écart et se réfugia au monastère de Saint-Siméon le Stylite, avant de se rendre à Alep. Sa proximité avec Sayf al-Dawla en sortit renforcée. Après la mort de ce dernier, des notables musulmans d’Antioche complotèrent pour assassiner Christophore, tué à Antioche le 23 mai 967. Sa dépouille, retrouvée dans l’Oronte, fut d’abord inhumée dans un monastère proche d’Antioche. Deux translations de ses reliques eurent lieu à quelques décennies d’intervalle, après la reconquête byzantine d’Antioche en 969, sous ses successeurs à la tête du patriarcat.
4Le contraste est donc frappant entre les circonstances de l’assassinat de Christophore, pleinement intégrées dans l’histoire de l’émirat hamdanide, et celles de l’élaboration de la mémoire du saint patriarche dans le contexte du retour des Byzantins à Antioche. Leur comparaison permet de mettre en évidence les enjeux de pouvoir – civil et ecclésiastique, impérial et local – auxquels la vie et la mémoire posthume du patriarche Christophore sont étroitement liées. La spécificité de ces enjeux politiques et mémoriels s’explique par la localisation de ses lieux successifs de résidence et de sépulture dans la cité et les environs d’Antioche, capitale de la région frontalière arabo-byzantine11. L’étude de l’élaboration de la mémoire du patriarche sera donc menée avec une attention particulière à ces lieux.
Un assassinat politique dans l’émirat hamdanide
5De son vivant, la carrière du patriarche se déroule tout entière dans l’allégeance à Sayf al-Dawla, ce qui le conduit à se déplacer dans la région d’Antioche et d’Alep, alors territoire hamdanide, même si sa résidence habituelle est située à Antioche. Son assassinat peut s’expliquer par un facteur politique : sa désolidarisation vis-à-vis des notables antiochiens dans leur opposition à Sayf al-Dawla.
L’opposition antiochienne à Sayf al-Dawla
6L’assassinat de Christophore survient lors de son retour à Antioche, après qu’il a fait preuve de sa fidélité à l’émir hamdanide lors de la révolte des Antiochiens en 965. Lors du déplacement du patriarche à Alep, capitale syrienne de Sayf al-Dawla, l’émir, victorieux sur les révoltés, fait de lui « en toutes choses un conseiller, occupant les premiers rangs, intercesseur intègre et écouté12 ». L’apogée de la carrière du patriarche auprès du prince, commencée en tant que secrétaire d’un émir, est alors atteint. À son retour à Antioche, Christophore est désormais investi officiellement par l’émir de la fonction d’intercesseur, voire chargé de contrôler les représentants locaux du pouvoir hamdanide13. Les notables antiochiens sont dès lors placés dans une relation de dépendance par rapport à celui qui sert de relais au pouvoir régional.
7La mort de Sayf al-Dawla en février 967 prive Christophore d’un appui essentiel et crée les conditions du complot qui mène à son assassinat. Deux épisodes montrent que la justification du meurtre repose sur l’assimilation de Christophore à un ennemi de la ville. Le premier est la demande d’un avis juridique (fatwa, dans le texte futya) contre « celui qui complote contre une forteresse (ḥiṣn) des musulmans », expression qui désigne Antioche en tant que ville de la frontière arabo-byzantine14. Le deuxième épisode est le dialogue dans lequel Ibn Mānik, chef du complot contre Christophore, accuse le patriarche de correspondre avec l’empereur byzantin et avec les Hamdanides15. La tradition textuelle de ce dialogue est complexe, puisque Yaḥya n’évoque dans sa chronique qu’une accusation de correspondre avec « les Rūm16 ». Pourtant, la seconde accusation semble la plus plausible : le gouverneur hamdanide d’Antioche, Taqī al-Dīn, ayant alors quitté la ville pour apporter le corps de Sayf al-Dawla à Māyyāfariqīn (en Haute Mésopotamie), il serait logique que Christophore fût soupçonné de correspondre avec lui pour assurer le maintien ou le retour du contrôle hamdanide sur Antioche17.
8Le refus du patriarche de quitter la ville, bien qu’il soit averti du danger, est expliqué par l’hagiographe au moyen d’un petit dialogue avec un certain Théodoule18. Le patriarche s’y présente lui-même comme un bouc émissaire : « Si je leur échappe et qu’ils manquent l’occasion d’injecter en moi leur venin, ils ne laisseront pas subsister un seul chrétien ou une seule église19. » C’est un moyen pour l’auteur de rapprocher son héros du modèle christique, tout en expliquant que la violence soit restée circonscrite20.
Assassinat du patriarche et pillage de sa résidence
9Après un récit détaillé de l’assassinat de Christophore, commandité par un notable musulman, Ibn Mānik, la Vie donne quelques précisions sur la localisation de la résidence du patriarche. Au lendemain de son assassinat, la maison du patriarche est en effet soumise au pillage :
[Ibn Mānik] dépêcha avant l’aurore sa troupe vers l’église (al-bī‘a) – qui est l’église de Kassianos (kanīsat al-Qasyān) – et la résidence du patriarche (qilāyat al-baṭriyark). [Les gens] s’y étaient assemblés pour fouiller les deux endroits21.
10De cet épisode se déduit la proximité entre la maison du patriarche et l’église dite al-Qasyān en arabe, Kassianos en grec22. La même église, est-il précisé quelques lignes plus loin, a un trésor qui contient comme relique le siège de saint Pierre. Il est probable qu’il faille se représenter l’église et la résidence du patriarche comme un complexe épiscopal dans lequel le palais est contigu à l’église, à l’image des groupes épiscopaux de l’Antiquité tardive23.
11Du fait de la complexité de la reconstitution de la topographie d’Antioche, il n’est pas possible de localiser cette église – et donc la maison du patriarche – avec certitude. L’appellation « église de Kassianos » est cependant bien attestée dès le vie siècle, et l’argumentation de Catherine Saliou, qui l’identifie avec la « vieille église » (palaia ekklèsia) d’Antioche, est convaincante24. Dans d’autres sources, comme la chronique de Michel le Syrien, la Grande Église et l’église de Kassianos désignent le même édifice25. À la période médiévale, l’église de Kassianos/al-Qasyān, également nommée Grande Église ou Vieille Église26, servait donc probablement d’église épiscopale à Antioche. Si elle ne peut être localisée avec précision, plusieurs témoignages indiquent que cette église était située au centre de la ville d’Antioche27.
12L’épisode de l’assassinat fournit quelques indices en faveur d’une localisation de la maison du patriarche dans le voisinage de celles de notables musulmans : Christophore peut se rendre à pied jusqu’à la demeure d’Ibn Mānik, son assassin ; un de ses voisins et amis est également un notable musulman qui vient avertir le patriarche du complot qui se trame contre lui28. Enfin, malgré la mise en valeur par l’hagiographe du dépouillement de la maison du patriarche, au service de l’éloge de son mode de vie ascétique, les attentes des pilleurs et, dans un épisode précédent, les scellés apposés « sur tout ce qui se trouvait dans la résidence [patriarcale] (al-qilāya) » montrent qu’il s’agit d’une demeure d’une certaine importance29.
13L’image de la maison du patriarche qui se dégage de la Vie est donc celle du palais d’un des membres éminents de la société antiochienne, sans doute attenant à l’église épiscopale d’al-Qasyān, situé dans le centre de la ville et relativement proche des demeures de notables musulmans antiochiens. Ces quelques caractéristiques de la résidence patriarcale sont cohérentes avec le portrait du patriarche comme acteur politique de premier plan à Antioche, considéré comme l’un des notables de la cité. Les liens étroits entre le patriarche melkite et la société urbaine d’Antioche contrastent avec la situation des patriarches syro-orthodoxes, qui portaient également le titre de patriarche d’Antioche. Depuis l’exil de Sévère d’Antioche en 518, le patriarcat n’est plus « dans Antioche30 » : les patriarches syro-orthodoxes résident et se font inhumer dans les grands monastères ruraux dont ils sont généralement issus.
Le monastère extra-urbain, refuge et tombeau
14Si la Vie témoigne de l’ancrage urbain du patriarche melkite à Antioche, elle rapporte aussi l’inhumation de Christophore dans un monastère hors de la ville.
Le corps du martyr, de l’Oronte au monastère d’Āršāyā
15Malgré des divergences sur le sort du cadavre de Christophore, les deux témoins manuscrits de la Vie et la chronique de Yaḥyā b. Sa‘īd s’accordent sur le fait que sa tête fut coupée, puis le corps sorti de nuit par la porte de la ville pour être jeté dans le fleuve – l’Oronte. Le processus de « canonisation » de Christophore commence au moment où des chrétiens récupèrent le corps du martyr dans le fleuve. Le récit reprend ici un topos hagiographique : le motif du corps du saint retrouvé dans le fleuve a son origine dans les vies des martyrs de l’époque romaine et un parallèle plus récent dans la vie de Romain le néomartyr (viiie siècle)31.
16C’est dans un monastère « connu sous le nom d’Āršāyā » qu’a lieu la première inhumation de Christophore. L’épisode est rapporté en des termes similaires par la chronique de Yaḥyā b. Sa‘īd. Le nom du monastère y est cependant « Ārsānā », traduit par « Saint-Arsène », à l’exception d’un manuscrit qui porte « Āršāyā32 ». Seule la chronique de Yaḥyā mentionne la localisation de ce monastère, en le situant « en dehors de la ville ». La récente édition d’un colophon permet de confirmer la leçon « Āršāyā » et de localiser ce monastère jusqu’alors inconnu : ce colophon daté de 1258 clôt un manuscrit copié au monastère de « Notre-Dame Āršāyā, situé à l’ouest de la ville d’Antioche, à l’extérieur de la porte connue sous le nom de Bāb al-Fuḍayl33 ». Il s’agit donc d’un monastère situé à l’extérieur, mais à proximité de la ville.
17La relation dialectique entre la ville d’Antioche et les sanctuaires environnants – païens puis chrétiens – n’est pas une nouveauté : en 351, le déplacement d’Antioche à Daphné des reliques du saint évêque et martyr du iiie siècle Babylas, devenu patron de la ville, est l’un des plus anciens cas de transfert de reliques connu34. Le monastère d’Āršāyā fait fonction de refuge après la mort du patriarche comme celui de Saint-Siméon le Stylite l’avait fait durant sa vie.
Le monastère de Saint-Siméon, refuge pour temps de troubles urbains
18La retraite du patriarche melkite hors de la ville d’Antioche est motivée, selon les termes mêmes de l’hagiographe, par un choix politique :
Que fit le patriarche au moment du trouble des affaires à Antioche, qui conduisait à accroître les difficultés ? Dans la sagesse de son esprit, il s’en tint à l’alliance avec Sayf al-Dawla et se retira au monastère de saint Mar Siméon l’Alépin35.
19Le « trouble des affaires » (iḍṭirāb al-umūr) désigne la révolte d’Antioche contre Sayf al-Dawla, déclenchée en 965 à la faveur de l’absence de ce dernier de la Syrie du Nord, l’émir se trouvant alors en Haute Mésopotamie36. Le lieu de retraite choisi est un célèbre monastère et lieu de pèlerinage au saint stylite Siméon l’Ancien37. Son importance pour les melkites d’Antioche au xe siècle est illustrée par la présence d’une relique de saint Siméon le Stylite dans le trésor de l’église d’Antioche évoqué à la fin de la Vie38. Le choix de Christophore de résider dans un haut lieu du patriarcat melkite d’Antioche semble logique. Cependant la situation du monastère à une trentaine de kilomètres au nord-ouest d’Alep, capitale syrienne de Sayf al-Dawla, a pu constituer un motif supplémentaire de choix. Le déplacement de Christophore de la ville au monastère exprime la fidélité politique personnelle du patriarche envers l’émir et la priorité donnée au pouvoir émiral régional au détriment de la solidarité urbaine et des loyautés locales.
20Les données fournies par l’hagiographie doivent être confrontées à une inscription grecque mentionnant Christophore. Retrouvée à Saint-Siméon d’Alep à la suite de travaux de déblaiement et de réfection dans la branche ouest de l’église cruciforme du sanctuaire, transformée en forteresse au xe siècle, elle a été lue ainsi :
L’établissement de cette forteresse (kastron) a eu lieu au temps de Christophore notre très saint patriarche de Théoupolis-Antioche39.
21Sur la base de cette inscription et des fouilles archéologiques, Jean-Luc Biscop propose en dernier lieu d’attribuer une partie des vestiges de la fortification aux travaux du patriarche Christophore, qu’il aurait menés pour sa propre protection et qui furent repris par les Byzantins en 979-98040. Il est plausible de dater l’établissement du kastron mentionné par l’inscription du séjour de Christophore à Saint-Siméon rapporté par sa Vie, c’est-à-dire probablement entre novembre 965 et août 966, soit entre le début de la révolte d’Antioche et la victoire de Sayf al-Dawla contre les révoltés à Sab‘īn.
22La Vie témoigne que ce départ d’Antioche du patriarche lors d’un épisode de troubles posait un problème d’ordre pastoral, à travers un dialogue entre Christophore et un membre de son entourage, Théodoule, qui reproche au patriarche d’abandonner son troupeau et de faillir à ses devoirs de « bon pasteur41 ».
La mémoire du patriarche, un projet byzantin
23Après la mort de Christophore le 23 mai 967, il ne lui est pas connu de successeur immédiat. Les Byzantins prirent Antioche le 28 octobre 969 et l’empereur Nicéphore Phocas fut assassiné le 11 décembre 969 : le patriarche qu’il venait de nommer pour Antioche, Eustrate, n’eut vraisemblablement pas le temps d’entrer en fonction. Dès son accession au trône impérial, Jean Tzimiscès nomma à son tour un patriarche pour Antioche, ce que confirment les chroniques byzantines de Léon le Diacre et de Jean Skylitzès42. Le nouveau patriarche, Théodore de Colonée43, fut donc envoyé de Constantinople comme relais du pouvoir impérial, et non plus choisi par les notables d’Antioche avec l’approbation du pouvoir régional hamdanide44. Ce sera également le cas de ses successeurs sur le trône patriarcal d’Antioche.
Une seconde inhumation : du monastère à la cathédrale
24Le déplacement des restes de Christophore du monastère d’Āršāyā à la Grande Église d’Antioche n’est pas daté précisément, mais est présenté par l’hagiographe comme l’une des premières décisions de Théodore de Colonée (970-976). Dans ce contexte, l’empressement du nouveau patriarche à « s’enquérir de l’histoire du martyr et demander les restes de son corps pur » peut s’expliquer par une quête de continuité45. Rendre des honneurs posthumes à son prédécesseur permet d’exalter la succession patriarcale et donc d’asseoir sa légitimité.
25Le déplacement des reliques prend la forme d’un acte liturgique : une « procession avec des litanies (bi-lītīn) » menée par l’évêque en direction de l’église pour escorter les reliques du martyr, en présence d’une foule nombreuse. Elle correspond à un type de liturgie déjà attesté à Antioche dans l’Antiquité tardive, notamment par les homélies de Jean Chrysostome et de Sévère d’Antioche46.
26Le terme désignant des prières accomplies en procession, des litanies (λιτή), simplement transcrit du grec dans le texte arabe, s’emploie aussi pour la réception d’un évêque ou la dédicace d’une église47, ce qui amène à penser que le transfert des reliques en présence du clergé et du peuple est l’occasion pour le nouveau patriarche Théodore, qui avait été consacré à Constantinople et non à Antioche, de faire son entrée solennelle dans la ville. Dans cette hypothèse, les honneurs liturgiques rendus au patriarche défunt et au patriarche vivant fusionnent dans une même cérémonie.
27La procession a pour destination la « Grande Église » dans la Vie, « l’église d’al-Qasyān » dans la chronique de Yaḥyā, qui ont été identifiéescomme un seul et même édifice : l’église épiscopale d’Antioche48. Les restes de Christophore sont déposés à l’intérieur de l’église, du côté ouest, ce qui indique le narthex si le bâtiment était orienté. Le « sarcophage de marbre » placé sur une « table de marbre » désigne sans doute moins une tombe qu’un reliquaire en forme de petit sarcophage, type répandu en Syrie du Nord49.
28D’autres sources faisant mention de Christophore témoignent qu’il ne s’agit pas d’un acte liturgique isolé. En effet, le nom du saint patriarche est inscrit dans les synaxaires, ouvrages rassemblant selon l’ordre du calendrier les éloges abrégés des saints, selon lesquels il fait l’objet d’une commémoration annuelle, qui resta propre aux melkites puisqu’elle est absente des synaxaires byzantins50. Le manuscrit du Sinaï qui transmet la Vie développée de Christophore est lui-même un manuscrit liturgique : un ménologe, c’est-à-dire « un recueil de vies de saints développées, groupées selon la succession de leurs fêtes au cours d’un ou de plusieurs mois51 ».
Les reliques de saints antiochiens, trésor du patriarcat
29Un troisième déplacement des restes de Christophore a lieu un demi-siècle plus tard. À Théodore de Colonée ont succédé des patriarches tous nommés par l’empereur byzantin, quoique dans des circonstances diverses. En février 1025, Nicolas, ancien supérieur du monastère du Stoudion, est consacré patriarche d’Antioche à Constantinople après une vacance du siège de trois ans et demi. Le début du xie siècle voit en outre une réorganisation ou « mise en ordre (tartīb) » de l’église d’al-Qasyān, sur injonction impériale, sur le modèle de Sainte-Sophie de Constantinople52.
30Sous le patriarcat de Nicolas (1025-1030), les restes de Christophore rejoignent un trésor de reliques (laybsānāt, du grec) où sont mêlés ossements des saints et objets leur ayant appartenu. La plupart des reliques citées sont intimement liées à l’histoire du siège d’Antioche depuis ses origines apostoliques. Les reliques de saint Pierre, de saint Ignace (début du iie siècle) et de saint Babylas (mort v. 250) sont celles du premier évêque de la cité et de deux de ses successeurs, tous vénérés également comme martyrs. Deux autres personnages entrent dans la catégorie des saints d’Antioche et de sa région : Jean Chrysostome (mort en 407), qui est originaire d’Antioche, et Siméon le Stylite (mort en 459), qui passa toute sa vie en Syrie du Nord. Par cette dernière translation, les reliques de Christophore sont donc intégrées dans une véritable collection patriarcale.
31La « maison de saint Mar Pierre » où sont déposées les reliques ne semble pas mentionnée par ailleurs sous ce nom. En supposant une continuité des bâtiments, elle pourrait être identifiée avec le trésor de l’église d’al-Qasyān évoqué au moment du pillage de l’église et de la résidence patriarcale : dans les deux cas, le siège de saint Pierre y est conservé. Mais la maison de saint Pierre peut aussi être un nouvel édifice construit au retour des Byzantins et dans lequel les reliques remarquables d’Antioche furent alors rassemblées. On peut sans doute trouver un parallèle à cette maison de saint Pierre à Bagdad, dans le Dār al-Rūm, complexe patriarcal des catholicoi syro-orientaux où des sources mentionnent une « Maison de Mār Mārī l’Apôtre53 ».
32La narration hagiographique entourant l’assassinat du patriarche melkite Christophore nous montre un notable antiochien que la fidélité à l’émir Sayf al-Dawla désolidarise de ses pairs. Au cours de sa vie, malgré la pression byzantine sur Antioche, ce n’est pas vis-à-vis des Byzantins que Christophore prend parti, mais dans les enjeux de pouvoir internes au dār al-islām au cours des dernières années du règne de l’émir hamdanide.
33Après sa mort, le sort de sa dépouille est, quant à lui, intimement lié à l’implantation à Antioche du pouvoir byzantin, qui s’appuie fortement sur le patriarche melkite, désormais nommé par l’empereur. Du centre urbain d’Antioche à l’Oronte, de l’Oronte au monastère d’Āršāyā, du monastère à la Grande Église d’Antioche (ou église d’al-Qasyān), puis à son trésor de reliques conservé dans la « maison de saint Pierre », l’itinéraire posthume du patriarche dessine une géographie mémorielle propre aux melkites antiochiens. Le dernier transfert des restes de Christophore parmi ceux d’autres saints antiochiens consacre la réduction à l’état de reliques du patriarche et rappelle l’importance du lien entre la cité et les saints.
34L’investissement mémoriel des Byzantins dans la figure du patriarche martyr a certainement favorisé la composition même de son hagiographie. La préservation exceptionnelle de la mémoire de Christophore fait de ce personnage un cas d’école de la fonction remplie par le rapport des vivants aux morts dans la transmission de l’information historique.
Annexe
Annexe : extrait de la Vie de Christophore (édition et traduction)54
Zayat, « Vie », p. 358-360 ; Sinaï arabe 405, fol. 128v-129
L’hagiographe rassemble dans un même passage ce qu’il sait de la destinée de la dépouille de Christophore, de son inhumation et des transferts successifs de ses reliques.
فسأل55 لوقته56 عن خبر الشهيد وطلب بقية جسده الطاهر. وذلك57 أن جثته الكريمة58 كانت قد59 ظهرت بعد ثمانية أيام من شهادته التي كانت في60 ليلة اليوم الثالث والعشرين61 من شهر أيار (سنة ست وخمسين وثلثماية للهجرة)62. وكان ظهورها في جزيرة من النهر قد تعلقت بطرّاش هناك. ولم يكن الرأس الكريم معها، لأنه قيل أن ذلك الكافر كان أحرقه. فخرج قوم من نصارى أنطاكية سراً ودفنوها في الدير المقدس المعروف بارشايا.
فلما عرف ذلك ثاودورس63 البطريرك لم يتصبر ولا تثاقل عن النفوذ إلى64 هناك، بل صار إلى الدير المقدس وحمل جسد65 القديس ومعه الاكليرس66 الطاهر وخلق من المؤمنين. وساروا قدامها إلى المدينة67 بليتين ومحفل عظيم وجعلوها في جرن لطيف من الرخام ووضعوه68 على مائدة من69 رخام في مغارب الكنيسة الكبرى.
إلا أن القديس70 نقولا البطريرك من بعد برهة من السنين نقله من هناك بإكرام أيضاً وجعله71 في جوف بيت القديس مار بطرس رأس الرسل مع شبوقته وكرسيه وحيول عدة وليبسانات72 لبابيلا73 البطريرك74 أيضاً وأغناطيوس البطريرك أيضاً وأشياء أخرى من حيول مار يوحنا المعمدان والحربة الكريمة75 السيدية وشبوقة يوحنا76 خريصوصطومس77 ومنطقة مار سمعان الحلبي العمودي وغير ذلك مما هو كله في خزانة القديس مار بطرس إلى غايتنا هذه.
[Le patriarche Théodore] s’enquit aussitôt de l’histoire du martyr et demanda les restes de son corps saint. Car sa précieuse dépouille était apparue huit jours après son martyre, qui avait eu lieu la nuit du 23 mai (de l’année 356 de l’Hégire). Son apparition avait eu lieu sur une île du fleuve, où elle était suspendue à une roue (ṭarrāš)78. La précieuse tête n’y était pas car, a-t-on dit, ce mécréant [Ibn al-Mānik] l’avait brûlée. Quelques chrétiens d’Antioche sortirent secrètement et ensevelirent la dépouille dans le saint monastère connu sous le nom d’Āršāyā.
Quand le patriarche Théodore sut cela, il ne put attendre et ne tarda pas à se rendre là-bas. Il alla au saint monastère et emporta le corps du saint, accompagné du saint clergé et de fidèles. Ils marchèrent devant [le corps] jusqu’à la ville en grande procession avec des litanies (bi-lītīn)79. Ils le déposèrent dans un beau sarcophage (ǧurn)80 de marbre qu’ils placèrent sur une table de marbre du côté ouest de la Grande Église.
Toutefois le saint patriarche Nicolas, après de nombreuses années, le transféra de là, encore avec honneur, et le déposa à l’intérieur de la maison de saint Mar Pierre, chef des apôtres, avec son bâton (šabbūqa), son siège (kursī), plusieurs baumes (ḥuyūl)81, ainsi que des reliques (laybsānāt)82 du patriarche Babylas et aussi du patriarche Ignace, et d’autres choses comme le baume de Mar Jean le Baptiste, la précieuse lance du Seigneur, le bâton de Jean Chrysostome, la ceinture de Mar Siméon l’Alépin le Stylite, et d’autres objets qui sont tous dans le trésor de saint Mar Pierre jusqu’à nos jours.
Notes de bas de page
1 Histoire de Yahya-ibn-Sa‘ïd d’Antioche, continuateur de Sa‘ïd-ibn-Bitriq, éd. et trad. I. Kratchkovsky et A. Vasiliev, Patrologia Orientalis 18.5 (1924) et 23.3 (1932) (ci-après Yaḥyā, Histoire, PO), p. 778 (trad. revue).
2 Les grands traits de la vie des patriarches syro-orthodoxes sont rapportés par l’histoire universelle de Michel le Syrien, dans laquelle une série de notices donne notamment l’emplacement de leur sépulture : Chronique de Michel le Syrien, patriarche jacobite d’Antioche (1166-1199), éd. et trad. J.-B. Chabot, Paris, 4 vol., 1899-1924, t. III, appendice III, p. 448-482 (trad.) = t. IV, p. 752-768 (syriaque). Quant aux syro-orientaux, une étude de Jean-Maurice Fiey passe en revue les catholicoi successifs pour tenter de déterminer, à partir de la confrontation de trois sources, leurs lieux de résidence et de sépulture : J.-M. Fiey, « Résidences et sépultures des patriarches syriaques orientaux », Le Muséon, 98 (1985), p. 149-168.
3 « Christophoros (von Antiocheia) », Prosopographie der mittelbyzantinischen Zeit, Berlin, 2013 (ci-après PMBZ), #21277.
4 Présentation et bibliographie dans Christian-Muslim Relations. A Bibliographical History 2 (900-1050), éd. D. Thomas et A. Mallett, Leyde, 2010, p. 611-616 (J. C. Lamoreaux).
5 D’après le titre de la Vie de Christophore dans le manuscrit Sinaï arabe 405, fol. 111v : « […] Récit de la vie du patriarche (qiṣṣa sīrat al-baṭriyark) d’Antioche et martyr Christophore et de son martyre à [Antioche], composé par Ibrāhīm b. Yuḥannā, le protospathaire, le melkite, en grec, puis traduite par lui en arabe (naqala-ha ‘arabiyyan) ».
6 H. Zayat, « Vie du patriarche melkite d’Antioche Christophore († 967) par le protospathaire Ibrahîm b. Yuhanna », Proche-Orient chrétien, 2 (1952), fasc. 1, p. 11-38 et fasc. 4, p. 333-366 (ci-après Zayat, « Vie »). La recension de M. Canard, « Une Vie du patriarche melkite d’Antioche, Christophore († 967) », Byzantion, 23 (1953), p. 561-569, y apporte plusieurs corrections utiles.
7 Sinaï arabe 405, daté de 1335, contient le texte aux fol. 111v-131. H. Zayat signale ce manuscrit, auquel il n’eut pas accès. J. Nasrallah, ayant remarqué des variantes importantes par rapport à l’édition, en édite et traduit l’épilogue comportant les noms des disciples de Christophore dans « Deux auteurs melchites inconnus du xe siècle », Oriens Christianus, 63 (1979), p. 75-86 (p. 79-80), repris dans Histoire du mouvement littéraire dans l’Église melchite, vol. III, t. 1, Louvain, 1983, p. 303-305.
8 Yaḥyā, Histoire, PO 18.5, p. 778, 798, 806-810, 824-825 et 832.
9 Telle est l’hypothèse retenue par J. H. Forsyth, The Byzantine-Arab Chronicle (938-1037) of Yaḥyā b. Sa‘īd al-Anṭākī, thèse de doctorat non publiée, University of Michigan, 1997.
10 R. Jenkins et C. Mango, « A Synodicon of Antioch and Lacedaemonia », Dumbarton Oaks Papers, 15 (1961), p. 225-242, en part. p. 233-234. Pour les autres sources, voir infra.
11 Sur Antioche, le renouveau des études d’histoire urbaine s’accompagne de nouvelles prospections archéologiques, voir Les sources de l’histoire du paysage urbain d’Antioche sur l’Oronte : actes des journées d’études des 20 et 21 septembre 2010, Bibliothèque numérique Paris 8, consulté le 15 janvier 2018, http://octaviana.fr/document/COLN1_1 ; A. Eger, « (Re)Mapping Medieval Antioch. Urban Transformations from the Early Islamic to the Middle Byzantine Periods », Dumbarton Oaks Papers, 67 (2014), p. 95-134.
12 Zayat, « Vie », p. 338 ; Sinaï arabe 405, fol. 121v.
13 Zayat, « Vie », p. 340 ; Sinaï arabe 405, fol. 121v.
14 Zayat, « Vie », p. 342-345.
15 Ibid., p. 348 ; Sinaï arabe 405, fol. 125.
16 Yaḥyā, Chronique, PO 18.5, p. 809.
17 Ibid., p. 807. L’accusation de correspondance avec les Grecs peut cependant s’expliquer par la présence secrète, lors de l’entrevue, des Khurasaniens chargés d’exécuter l’assassinat alors qu’ils étaient venus à Antioche combattre les Byzantins.
18 Voir infra, 22.
19 Zayat, « Vie », p. 346-347.
20 Ibid., p. 350-351.
21 Ibid. ; Sinaï arabe 405, fol. 126.
22 La précision du nom de l’église (que H. Zayat traduit, de manière erronée, par « église des prêtres ») est toutefois absente du manuscrit du Sinaï (fol. 126).
23 Dans le cas d’Antioche, F. Alpi rappelle, pour l’époque de Sévère d’Antioche (512-518), que par ce que les sources appellent « Grande Église », « il faut bien entendre l’église cathédrale avec toutes ses dépendances à fonction liturgique, charitable et administrative » (F. Alpi, La route royale. Sévère d’Antioche et les Églises d’Orient (512-518), Beyrouth, 2009, p. 150).
24 C. Saliou, « À propos de quelques églises d’Antioche sur l’Oronte », Topoi, 19 (2014), p. 629-661, p. 631-638.
25 Chronique de Michel le Syrien, op. cit. n. 2, t. III, p. 98-99 (trad.) = t. IV, p. 536 (syriaque).
26 W. Mayer et P. Allen reconnaissent que l’église de Kassianos est devenue l’église cathédrale d’Antioche à un point de son histoire, sans doute dès la fin du vie siècle (W. Mayer et P. Allen, The Churches of Syrian Antioch [300-638 C. E.], Louvain, 2012, p. 53) ; mais elles n’envisagent pas de l’identifier avec la Palaia (ibid., p. 100-102).
27 Ibid., p. 53-54.
28 Zayat, « Vie », p. 358-359 et p. 344-345.
29 Ibid., p. 335-336, trad. modifiée. Le terme de qilāya (ou qilliyya), qui désigne à l’origine une cellule de moine, est usuel pour qualifier la résidence d’un évêque.
30 M. Debié, « Place et image d’Antioche chez les historiens syro-occidentaux », Topoi, Supplément 5 (2004), p. 155-170, p. 169.
31 P. Peeters, « S. Romain le Néomartyr (1er mai 780) d’après un document géorgien », Analecta Bollandiana, 30 (1911), p. 393-427, § 27 (trad. latine du géorgien).
32 Yaḥyā, Histoire, PO 18.5, p. 810.
33 A. Treiger, « Sinaitica (1): The Antiochian Menologion, Compiled by Hieromonk Yūḥannā ʿAbd al-Masīḥ (First Half of the 13th Century) », Christian Orient, 8/XIV (2017), p. 215-252, p. 218-219.
34 Mayer et Allen, The Churches of Syrian Antioch…, op. cit. n. 26, p. 183.
35 Traduction d’après Sinaï arabe 405, fol. 121r. Zayat, « Vie », p. 336-337.
36 Zayat, « Vie », p. 333-337 ; M. Canard, Histoire de la dynastie des H’amdanides de Jazîra et de Syrie, t. I, Alger, 1951, p. 650-654.
37 J.-P. Sodini et C. Morrisson, « Niveaux d’occupation et de fréquentation d’un site de pèlerinage : Saint-Syméon des Byzantins aux califes », Le Proche-Orient de Justinien aux Abbassides. Peuplement et dynamiques spatiales, éd. A. Borrut et al., Paris, 2011, p. 123-138.
38 Zayat, « Vie », p. 360-361, voir annexe.
39 J. Jarry, « Trouvailles épigraphiques à Saint-Syméon », Syria, 43 (1966), p. 107-108 ; voir aussi J. Nasrallah, « À propos des trouvailles épigraphiques à Saint-Siméon-l’Alépin », Syria, 48 (1971), p. 165-178, repris à l’identique dans « Le couvent de Saint-Siméon l’Alépin : témoignages littéraires et jalons sur son histoire », Parole de l’Orient, 1 (1970), p. 327-356.
40 J.-L. Biscop, « The ‘Kastron’ of Qal‘at Sim‘ān », Muslim Military Architecture in Greater Syria: From the Coming of Islam to the Ottoman Period, éd. H. Kennedy, Leyde, 2006, p. 75-83, p. 76 et 82-83 ; Sodini et Morrisson, « Niveaux d’occupation… », loc. cit. n. 37, p. 132.
41 Zayat, « Vie », p. 336-337 ; Sinaï arabe 405, fol. 121-v.
42 Léon le Diacre, Historiae VI, 7, Bonn, p. 100 ; Léon le Diacre, Empereurs du xe siècle, trad. R. Bondoux et J.-P. Grélois, Paris, 2014, p. 135 ; Ioannis Scylitzae Synopsis Historiarum. Editio princeps, éd. I. Thurn, Berlin/New York, 1973, p. 286.
43 « Theodoros II. (von Antiocheia) », PMBZ #27759.
44 Cette rupture est sensible dans les remarques de l’hagiographe à propos de l’élection de Christophore, Zayat, « Vie », p. 24-25.
45 Voir annexe.
46 Mayer et Allen, The Churches of Syrian Antioch…, op. cit. n. 26, p. 182-185.
47 G. Lampe, A Patristic Greek Lexicon, Oxford, 1961.
48 Yaḥyā, Histoire, PO 18.5, p. 832. Voir supra, 12.
49 Voir par exemple le reliquaire de la grande église de Ḥūarte (Mayer et Allen, The Churches of Syrian Antioch…, op. cit. n. 26, fig. 140, p. 371).
50 J.-M. Sauget, Premières recherches sur l’origine et les caractéristiques des synaxaires melkites (xie-xviie siècles), Bruxelles, 1969, p. 380-383.
51 J. Noret, « Ménologes, synaxaires, ménées. Essai de clarification d’une terminologie », Analecta Bollandiana, 86 (1968), p. 21-24, p. 21.
52 Yaḥyā, Histoire, PO 23.3, p. 445-446.
53 Fiey, « Résidences et sépultures… », loc. cit. n. 2, p. 158.
54 Abréviations utilisées : Z = Zayat, « Vie » ; S = Sinaï arabe 405 ; var. = variante ; om. = omission ; add. = addition. Le texte de H. Zayat sert de base à l’édition, mais certaines leçons préférables de S ont été adoptées. La ponctuation et les hamzas, dont S est dépourvu, sont ajoutées.
55 فسلك : var. Z.
56 وسأل : add. Z.
57 ذلك : var. S.
58 om. S.
59 om. S.
60 add. S.
61 والعشرون : var. Z.
62 om. S.
63 ثادرس : var. S.
64 ما : add. S.
65 لمسنا : var. S pour ليبسنا : « reliques ».
66 الاقليرس : var. S.
67 إلى المدينة : add. S.
68 وحصل : var. S.
69 om. S.
70 انبا : var. S.
71 وحصله : var. S.
72 لباسات : var. Z.
73 للآباء : var. Z.
74 البطاركة : var. Z.
75 المكرمة : var. S.
76 om. S.
77 خريسوس طومس : var. S.
78 ṭarrāš : le substantif est un terme issu du syriaque désignant une espèce de chêne qui ne porte pas de fruits (R. Dozy, Supplément aux dictionnaires arabes, Leyde, 1881), mais le verbe peut signifier « répandre çà et là en arrosant » ou « asperger », ce qui pourrait expliquer la traduction de « roue » (au sens de noria) proposée par H. Zayat.
79 Du grec λιτήν, forme accusative de λιτή, attestée en arabe chrétien (G. Graf, Verzeichnis arabischer kirchlicher Termini, Louvain, 1954).
80 ǧurn : bassin, pierre creusée ou auge (voir Dozy, Supplément…, op. cit. n. 78).
81 ḥuyūl, pl. de ḥayl, « force », a le sens de « baume, liqueur miraculeuse qui suinte de certaines icônes » (Canard, « Une Vie du patriarche melkite d’Antioche », loc. cit. n. 6, p. 568-569).
82 Du grec λείψανα (sg. λείψανον) : littéralement « restes », en particulier « reliques des martyrs et des saints » (Lampe, A Patristic Greek Lexicon, op. cit. n. 47). Le terme n’a pas été compris par le copiste du manuscrit ayant servi à l’édition de H. Zayat, ou par son modèle : l’édition donne « les vêtements des Pères Patriarches » (libāsāt al-ābā’ al-baṭārika).
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Les vivants et les morts dans les sociétés médiévales
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