Avant-propos
p. 7-9
Texte intégral
1Jérusalem est de ces villes dans lesquelles le médiéviste est confronté en permanence aux traces du Moyen Âge. Non seulement par les vestiges, omniprésents et spectaculaires, du passé byzantin, islamique ou croisé, mais aussi par la place centrale qu’y occupe aujourd’hui cette histoire, régulièrement mobilisée pour justifier les droits des uns ou des autres, ou pour y trouver les racines des tensions politiques contemporaines. Après plusieurs congrès de la SHMESP dans des grandes villes du bassin Méditerranéen (Rome en 1996, Madrid en 2002, Istanbul en 2005, Le Caire en 2008), se retrouver dans cette ville si importante pour l’histoire médiévale, mais également si singulière, relevait à la fois de l’évidence et d’une forme de continuité, mais exigeait aussi de lever toute ambiguïté pour rappeler avec fermeté notre neutralité dans les conflits dont elle est le théâtre et éviter toute récupération politique, de quelque bord qu’elle vienne.
2Après l’École française de Rome, La Casa de Velázquez, l’Institut français d’études anatoliennes et l’Institut français d’archéologie orientale, c’est le Centre de recherche français de Jérusalem (CRFJ), en la personne de son directeur Julien Loiseau, nouvellement nommé en 2014, qui a proposé d’accueillir et d’organiser un congrès de la SHMESP. Sous la double tutelle du CNRS et du ministère des Affaires étrangères, cette UMIFRE (Unité mixte des instituts français de recherche à l’étranger) nous offrait les garanties d’indépendance scientifique et de neutralité politique nécessaires. Il faut ici remercier chaleureusement toute l’équipe du CRFJ : son directeur Julien Loiseau en particulier, qui n’a pas ménagé son temps et ses efforts, et dont nous avons pu apprécier la parfaite maîtrise de la complexité institutionnelle, académique et politique de Jérusalem, le sens aigu des équilibres diplomatiques et la gestion souple et efficace des contraintes matérielles. Il a été grandement aidé en cela par Lyse Baer, secrétaire générale du CRFJ, et par Lamia Mellal, qui s’est consacrée pendant plusieurs mois à la préparation du congrès dans le cadre de son stage de master et qui a été constamment présente au cours de ces quatre journées pour régler les nombreux et inévitables petits soucis d’organisation.
3Ce congrès fut aussi le moyen de rappeler que la recherche dans les instituts français à l’étranger ne doit pas se limiter à la production d’un savoir immédiatement utile aux décideurs politiques et aux diplomates, et que l’histoire, en particulier médiévale, doit avoir toute sa place dans leurs orientations scientifiques, et participe pleinement de notre compréhension du monde. Il faut saluer ici le soutien apporté à notre congrès par les représentations diplomatiques françaises : l’ambassadrice de France en Israël, Hélène Le Gal, a été présente lors de l’ouverture de la première journée à l’Université hébraïque, en compagnie de Barbara Wolffer, directrice de l’Institut français d’Israël, et le consul général de France à Jérusalem, Pierre Cochard, nous a chaleureusement reçus au consulat et a assisté à la dernière journée du congrès à l’université al-Quds.
4Le congrès a également été l’occasion de rencontres avec les médiévistes israéliens et palestiniens, qui nous ont accueillis successivement dans les deux parties de Jérusalem, à l’Université hébraïque (Mandel School for Advanced Studies), au Patriarcat arménien (couvent Saint-Jacques) et à l’université al-Quds (Hind al-Husseini Campus), et dont certains ont donné des communications1. Je tiens ici à remercier plus particulièrement ceux de nos collègues de Jérusalem qui ont œuvré à la réussite de ce congrès : à l’Université hébraïque, Reuven Amitai, Leni Lederhendler et Benjamin Kedar ; au Patriarcat arménien, Georges Hintlian ; à l’université al-Quds, Sari Nusseibeh et Issa Sarie.
5Le thème proposé par Julien Loiseau pour ce XLVIIIe congrès s’inscrit pleinement dans le contexte de Jérusalem, et de la place centrale qu’elle occupe dans l’histoire du Salut pour les trois grandes religions monothéistes. Ville-sainte et ville-cimetière, elle abrite certains des lieux majeurs incarnant les attentes eschatologiques – parfois âprement disputés entre les croyants des différentes religions. Les relations entre les vivants et les morts, et plus largement entre l’ici-bas et l’au-delà y prennent une dimension particulière. À cet égard, les comparaisons que le congrès a rendu possibles entre mondes juifs, chrétiens et musulmans, ont été particulièrement stimulantes, et il faut souligner la place qu’ont occupée les communications sur l’islam et le judaïsme, mais aussi les chrétientés orientales. Le dialogue entre historiens, historiens de l’art et archéologues a également été au cœur de nos discussions, et on peut se réjouir de la participation de plusieurs chercheurs de l’INRAP.
6Ce congrès a aussi été pour beaucoup l’occasion de découvrir Jérusalem, mais aussi une partie d’Israël et des Territoires palestiniens, de s’émerveiller devant la richesse du patrimoine conservé et de comprendre un peu mieux les réalités complexes de cette partie du monde. La visite de la vieille ville, sous la conduite de Julien Loiseau et de Simon Dorso, a montré la richesse de son patrimoine, en particulier mamelouk. Le banquet de clôture dans un restaurant de Jéricho s’est accompagné de la visite du palais omeyyade d’Hisham (Khirbat al-Mafjar). Enfin l’excursion du dimanche, plus spécialement consacrée à la période croisée, nous a menés successivement à la citadelle d’Arsuf, puis au cimetière d’Atlit, que nous a fait découvrir Yves Gleize, enfin à Acre, avec notamment la visite de la forteresse hospitalière sous la conduite de Simon Dorso et de Vardit Shotten-Hallel. Elle s’est terminée par un dîner sur le port d’Acre, à peine perturbé par l’annonce des résultats de l’élection présidentielle en France qui nous ont, pendant un très court moment, ramenés de l’autre côté de la Méditerranée.
7L’idée de ce congrès avait été lancée par Julien Loiseau lors de notre assemblée générale de novembre 2014, au début du second mandat de Véronique Gazeau, et sa réussite leur doit énormément à tous les deux. Pendant ces quatre années qui ont séparé la première proposition et la publication finale du congrès, de nombreuses personnes se sont investies et ont donné de leur temps et de leur savoir, et il faut souligner ici, outre bien sûr les contributions des participants, toutes de très grande qualité, le travail important assuré par le comité scientifique et celui, parfois ingrat mais essentiel, des deux responsables des publications, Didier Panfili et Esther Dehoux. Qu’ils en soient tous ici remerciés.
Notes de bas de page
1 Celles de Reuven Amitai, Taufia Da’adli et Mustafa Abu Sway n’ont pas pu être incluses dans ce volume.
Auteur
Président de la SHMESP
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