Expressionnisme et naturalisme à Cacaxtla-Xochitecatl et Xochicalco (Mexique)
Une approche des interactions culturelles pendant l’Épiclassique
p. 111-139
Résumés
Ce travail est une réflexion sur les interactions culturelles entre l’Altiplano Mexicain, la côte du Golfe et le centre de la zone maya pendant l’Épiclassique (600 à 900 apr. J.-C.).
L’approche iconographique ici dévelloppée s’applique à cinq pièces archéologiques provenant de deux sites emblématiques de la période, Cacaxtla-Xochitecatl et Xochicalco. Après avoir introduit la récurrence historique des interactions culturelles entre ces deux aires culturelles, la spécificité de cette relation est soulignée par des facteurs naturels, sociaux et idéologiques, se réfletant dans les choix iconographiques préhispaniques. Grâce à une modélisation conceptuelle qui met en lumière l’opposition entre les systèmes de l’Altiplano/du Golfe et maya, une analyse iconographique est menée. Les cinq pièces présentent des caractéristiques naturalistes ou expressionnistes spécifiques à la côte du Golfe ou à l’aire maya plutôt qu’un style Teotihuacan. De ce fait, ces exemples intègrent chacun de deux ensembles iconographiques « éclectiques » de Cacaxtla-Xochitecatl et Xochicalco. Il semble que les élites de ces cités ait adopté un « langage allochtone » comme une stratégie politique de légitimation visant à transcender les frontières terrestres du commun des mortels.
The present work considers cultural interactions between Mexican Altiplano on one side, the Gulf Coast and the center of the Maya zone on the other, during the Epiclassic period, 600-900 AD. The iconographical approach concentrates on five archaeological artworks pertaining to two emblematic sites of the period, Cacaxtla-Xochitecatl and Xochicalco. After introducing the historical recurrence of the cultural interaction between these two mesoamerican areas, the specificity of the transcultural relationship is illustrated enhancing the natural, social and ideological factors implied in the prehispanic iconographic choices. By means of a grafical model showing the opposition between the Altiplano and Gulf Coast/Maya systems, an iconographic analysis is developed along formal and symbolical directions. All five artworks present a naturalistic or expresionist aspect which is rather specific to the Gulf Coast or Maya area, instead of the Teotihuacan style. Therefore, these examples can integrate the two diferents “eclectic sets” of Cacaxtla-Xochitecatl and Xochicalco. The elites of theses cities adopt a “foreign language” as a strategy to legitimize their power by transcending those earthly borders known by ordinary mortals.
Entrées d’index
Mots-clés : interactions, iconographie, côte du Golfe, Xochicalco, aire maya, naturalisme, expressionisme, eclectisme, épiclassique
Keywords : iconography, Cacaxtla-Xochitecatl, Xochicalco, gulf Coast, Maya zone, interaction, expresionism, eclectism, epiclassic
Remerciements
À Brigitte Faugère, à Éric Taladoire (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et à Marie-Charlotte Arnauld (UMR 8096 : Archéologie des Amériques, CNRS) pour leur précieuse relecture et leurs conseils avisés. À Mari Carmen Serra Puche (IIA-UNAM) pour m’avoir confié l’étude des figurines de Xochitecatl et pour son autorisation de reproduction d’images. À l’Instituto Nacional de Antropología y Historia (INAH) du Mexique pour m’avoir permis de mener à bien mes travaux de recherches (2009/2010/2011) et pour m’avoir autorisé la reproduction des images qui figurent dans le présent article. Aux archéologues et aux spécialistes rencontrés depuis le début de ma thèse.
Texte intégral
1L’espace mésoaméricain, défini par P. Kirchhoff en 1943 (Kirchhoff, 1943), correspond au sud du Mexique, au Guatemala, au Belize, au Salvador, à l’ouest du Honduras et à une partie du Nicaragua et du Costa Rica. Dans cette aire culturelle, la multitude des écosystèmes semble avoir favorisé les échanges dès 2500 av. J.-C. Les travaux concernant les problématiques d’interactions culturelles s’appuient fondamentalement sur les recherches économiques de K. Polanyi (Polanyi et al., 1957) et d’I. Wallerstein (Wallerstein, 1974). Ils tendent à s’accorder sur le fait que la mobilité des peuples et de leurs symboles a été motivée par le commerce, l’échange, le tribut de biens de subsistance et de « prestige/luxe » (Attolini Lecón, 2010, p. 51-53).
2L’analyse iconographique est donc particulièrement utile dans l’étude des interactions culturelles.
3Notre étude se concentre sur les relations qu’ont entretenues les sociétés des hauts plateaux et celles de l’Orient mésoaméricain (côte du Golfe et centre de la Péninsule du Yucatán) pendant l’Épiclassique (650 à 950 apr. J.-C). Cet article se conçoit comme une approche modélisée appliquée à cinq pièces archéologiques provenant de deux sites des hauts plateaux : Cacaxtla-Xochitecatl (Tlaxcala) et Xochicalco (Morelos) (fig. 1).
Interactions, dynamiques culturelles et la notion d’Orient mésoaméricain
Un phénomène récurrent dans l’histoire mésoaméricaine
4L’histoire mésoaméricaine révèle une continuité des contacts polymorphes, mais étroits, entretenus entre sociétés des hauts plateaux et de l’Est. Mentionnons quelques exemples parlants (fig. 2).
5Entre 1400 et 500 av. J.-C., la large dispersion (depuis la côte du Golfe jusqu’au Guerrero, à l’Ouest de Mexico) du style olmèque, est le témoin de la vivacité des interactions culturelles.
6Plus tard, la grande métropole de Teotihuacan (fig. 1) qui domine le Classique mésoaméricain (200 à 600 apr. J.-C.)1, étend son réseau d’échanges et son système d’influence (colonisation, commerce, échanges de biens de prestiges entre élites) jusqu’aux sites mayas de Kaminaljuyu, Tikal, Copan2. Au sein même de Teotihuacan, se trouve le Quartier des Commerçants (Gómez Chávez et Gazzola, 2009, p. 112-117). Pendant la phase Xolalpan ancienne (450/500 apr. J.-C.) près de 40 % des céramiques provenant de ce quartier (Rattray, 2004, p. 500) sont produites sur la côte du Golfe et dans certaines zones mayas. C. E. Rattray (Rattray, 2004, p. 493) estime que des populations originaires de la Huaxtèque, des côtes du Belize, de Kaminaljuyu, de Tikal et de Copan y résidaient. En outre, notons des objets « hybrides » tels que des cylindres tripodes – forme typique de la cité – provenant des quartiers de Tetitla et de Xolalpan montrant une iconographie proche des représentations mayas, en particulier le système de disposition en frise et le profil. De plus, la jadéite du Guatemala, l’ambre et le silex du Belize, les coquillages marins et le cacao (Gómez Chávez et Gazzola, 2009, p. 116) démontrent l’importance des échanges de matières premières réalisées entre Teotihuacan et ces régions de Mésoamérique.
7Entre 950 et 1150, Tula (Hidalgo), (fig. 1), émerge comme centre recteur des hauts plateaux et comme capitale toltèque. Une des questions les plus complexes de cet horizon culturel réside dans le lien qu’entretenait cette cité avec Chichen Itza (fig. 1) qui fleurit au Yucatán entre 800 et 1100 apr. J.-C. La découverte de chac mool, des sculptures type atlantes et de patrons architecturaux similaires aux constructions toltèques sur le site maya, lance le débat dès la fin du xixe siècle. À Tula, la présence de céramique Tohil plumbate et Nicoya polychrome réaffirme ce lien (Solar Valverde, 2002, p. 142). A-t-on affaire à une influence venue de Tula qui aurait fait de Chichen Itza un comptoir commercial ou une cité tributaire ? Faut-il songer à un système symbolique et religieux pan-mésoaméricain surgi à l’Épiclassique et que E. Boone et M. Smith (Boone et Smith, 2003) nomment « style postclassique international » (Kristan-Graham, 2007, p. 535) ? Enfin, la double identification de Tula et Chichen Itza à la cité mythique de Tollan réaffirme leur gémellité.
8À partir de 1440, la Triple Alliance menée par les Aztèques entame une extension territoriale combinant alliances politiques, domination militaire et stratégies tributaires. Cet « empire » intègre Coatzacualco sur la Côte du Golfe, Chiappan (actuel Chiapas) et le Soconusco sur la côte pacifique (Carrasco et Monjaras Ruiz, 1988, p. 42), (fig. 1).
9Ces quelques bonds dans l’histoire mésoaméricaine montrent la persistance des relations entre hauts plateaux et Orient. Mais quels sont les facteurs qui différencient cette interaction d’autres connexions établies avec l’Occident ou le Nord-Ouest mexicain ? Existe-t-il une spécificité et une préférence culturelle dans cette relation ?
Hauts plateaux et Orient mésoaméricains : réalités naturelles, fonctions sociales et « géographie primordiale3 »
10Ce que nous nommons « Orient mésoaméricain » recouvre le centre et le sud du Veracruz (cultures du centre du Golfe), le Tabasco, le Chiapas, une partie du Campeche et une partie du Guatemala (centre de la zone maya). Cette région étendue semble cohérente du point de vue des logiques d’échanges avec les hauts plateaux, ainsi que dans la perception que s’en faisaient les habitants de cette dernière région.
11Les hauts plateaux et l’Orient sont deux régions à forts contrastes physiographiques et climatiques qui présentent des conditions très différentes pour l’agriculture. De ce fait, les relations qu’elles entretiennent répondent à des mouvements commerciaux et migratoires essentiels (Morante López, 2009, p. 106). La route reliant Teotihuacan à la côte du Golfe, ou « corridor Teotihuacan » baptisée par A. García Cook (García Cook, 1981), qui traverse le nord de l’état de Tlaxcala est le chemin le plus court pour accéder à l’est (Côte du Golfe) et au sud-est (régions mayas) depuis le nord du Bassin de Mexico (Carballo et Pluckhahn, 2007).
12Tlaxcala est donc une région particulièrement impliquée dès le Préclassique moyen (autour de 1000 av. J.-C.) dans les interactions entre la région nord du Bassin de Mexico, la Côte du Golfe et les régions mayas. C’est une donnée importante à mettre en avant ici, car Cacaxtla-Xochitecatl, dont l’iconographie occupe la présente étude, se situe à Tlaxcala.
13Pour les Mexicas établis dans le sud du Bassin de Mexico à la fin du xiiie siècle et qu’ils dominent jusqu’en 1521, l’Orient se dessine comme un lieu d’abondance lié à des stratégies de revendication sociale et des conceptions cosmologiques. Le livre 9 de la Historia general de los cosas de Nueva España de Sahagún (éd. Temprano, 2001) ainsi que certains codices pictographiques tel la Matrícula de Tributos nous informent que les Mexicas obtenaient de l’est de nombreux produits exotiques. Une grande partie des biens de prestiges qui permettaient aux élites de revendiquer leur statut (Hirth, 1992, p. 19) – peaux de jaguar, plumes précieuses, objets en jade, mantes en coton – provenait des terres chaudes. Ces produits circulaient au Chiapas et au Yucatán à travers un réseau dense de canaux fluviaux. Ils transitaient ensuite par des ports de commerce tels que Xicalango au Tabasco (fig. 1) où étaient établies des garnisons mexicas. Depuis le Classique (200 à 600 apr. J.-C.), l’usage de produits exotiques comme marqueurs de statuts sociaux est attestée. Citons les objets en jadéite retrouvés en contextes politico-rituels, ainsi que les représentations iconographiques de plumes, de peaux de jaguar et de coquillages marins.
14L’Orient mésoaméricain a également une place fondamentale dans la mythologie et la cosmovision aztèque et plus globalement dans la pensée mésoaméricaine. Il s’agit de l’Orient primordial. Le calendrier d’horizon semble avoir une place essentielle dans la représentation terrestre quadripartite4 et à l’est se lève le soleil, divinité omniprésente. L’est est aussi le lieu de naissance des divinités créatrices du calendrier, Oxomoco et Cipactonal. À l’est, s’associent deux « paradis de brumes » (López Austin, 1997) : le Tlalocan et le Tamoanchan. Le Tlalocan – royaume de Tlaloc, divinité aquatique – est un paradis réservé aux défunts dont la mort est en lien avec l’eau. Le Tamoanchan, quant à lui, est un lieu d’origine. Sahagún (éd. Temprano, 2001) le place à proximité de la côte du Golfe et P. Kirchhoff, propose une relation avec la région comprise entre le sud du Veracruz, le Tabasco, l’est du Campeche et le nord du Chiapas (López Austin, 1997, p. 53-60)5.
15En bref, l’Orient mésoaméricain correspond donc à une réalité écologique luxuriante nettement plus accessible depuis les hauts plateaux, corridor de Tlaxcala-Veracruz-Tabasco-Chiapas, que ne le serait la côte Pacifique. Il s’agit en outre, d’une région très connotée mythiquement représentant un lieu d’origine/de mort dans une « géographie primordiale ».
16Corrélée simultanément à ces conceptions, la revendication des élites s’appuie sur des biens qui, en très grande partie, proviennent de ces régions exotiques. Ces notions permettent de visualiser une nette spécificité des relations entre hauts plateaux et Orient. Elles mettent en place le cadre de notre étude iconographique.
L’Épiclassique sur les hauts plateaux
17L’Épiclassique s’étend entre 600/650 et 900/950 de notre ère. Pour R. A. Diehl et J. C. Berlo (Diehl et Berlo, 1989), cette phase correspond à l’émergence des cités-États, à des mouvements de population, à la réorganisation des réseaux commerciaux et à des innovations dans la religion et l’architecture (Salomón, 2008, p. 20). Xochicalco et Cacaxtla-Xochitecatl6 qui occupent la présente étude, acquièrent alors une aura régionale.
18Xochicalco (fig. 1), site placé à l’ouest de l’état de Morelos fut un important centre religieux et commercial dont le développement est à placer entre 700 et 900 apr. J.-C. (Hirth, 1989, p. 69 ; Nalda, 1998, p. 36).
19Cacaxtla est localisé au sud de Tlaxcala (fig. 1). C’est véritablement à partir de 600 apr. J.-C. (Molina Feal, 1995) que l’on y enregistre la plus forte activité culturelle, notamment autour de la réalisation d’ensembles picturaux d’un style alors inconnu sur les hauts plateaux.
20À Xochitecatl, à la même période, la Pyramide des Fleurs est rituellement réutilisée (Serra Puche et Lazcano Arce, 1997).
21En plus de leur contemporanéité, le vecteur commun reliant Xochicalco et Cacaxtla-Xochitecatl semble être la volonté d’une rupture face aux traditions iconographiques de Teotihuacan. Ce sont les changements dans l’utilisation de styles et de thématiques allochtones qui créent cet écart. Face à la rigueur des schémas iconographiques de la grande cité du Classique, les centres de pouvoir de l’Épiclassique semblent être à la recherche d’un autre type d’expression.
L’éclectisme iconographique des peintures murales de Cacaxtla et des panneaux de la Pyramide du Serpent à Plumes à Xochicalco
22Les peintures murales de Cacaxtla ont relancé les recherches portant sur les relations qu’entretenaient le centre du Mexique avec la Côte du Golfe et la zone maya (fig. 3). Le terme « éclectisme » est employé pour Cacaxtla par G. Kubler (Kubler, 1980, p. 172). Pour l’auteur, un objet éclectique est une production s’appuyant sur des références synchroniques.
23En effet, les quatre ensembles picturaux (Temple de Vénus, Temple Rouge, Scène de la bataille et peintures du Portique A), dénotent une empreinte conjointe d’un style maya que l’on retrouve à Bonampak, Palenque ou Yaxchilan et des réminiscences d’une glyphique Teotihuacan des dernières phases, Xolalpan tardif et Metepec. Depuis 1975, date de la découverte du Portique A, de nombreux iconographes se sont attelés à l’étude de ces ensembles. Citons M. Foncerrada de Molina (Foncerrada de Molina, 1976, 1982 et 1993), S. Lombardo de Ruiz (Lombardo de Ruiz, 1978), S. L. Walling (Walling, 1982), J. Quirarte (Quirarte, 1980), C. Baus de Czitrom (Baus de Czitrom, 1993), D. Robertson (Robertson, 1980), E. T. Baird (Baird, 1989), J. C. Berlo (Berlo, 1989), D. Nagao (Nagao, 1989), M. T. Uriarte (Uriarte, 1999) et M. Graulich (Graulich, 1990 et 2001). Les approches varient mais s’accordent à avancer que le style de ces peintures provient de la région Usumacinta et Pasión (Tabasco, Chiapas) avec une omniprésence de la figure humaine grandeur nature, un dynamisme et un expressionnisme caractéristiques de l’art maya des viie et viiie siècles de notre ère7. Mais face à l’absence de glyphes mayas et à la présence de cadres similaires à ceux des peintures de Techinantitla, de symboles tels les mains, les cœurs sanglants de Teotihuacan et de glyphes des vallées centrales de Oaxaca, la symbolique est principalement identifiée comme issue d’un fond commun aux hauts plateaux.
24Par ailleurs, l’empreinte maya des peintures de Cacaxtla est étayée par une lecture évènementielle des sources ethno-historiques. Muñoz Camargo, qui rédigea son Historia de Tlaxcala entre 1560 et 15928, rapporte l’occupation de la région à un groupe ethnique allochtone nommé Olmeca-Xicalanca et provenant de l’est. W. Jiménez Moreno (Jiménez Moreno, 1942), P. Armillas (Armillas, 1946) et E. L. R. Chadwick (Chadwick, 1966) mènent des recherches sur ce groupe en superposant indices linguistiques et archéologiques. L’origine des Olmeca Xicalanca est placée à Xicalango (Campeche), (fig. 1). Cette occupation qui demeure incertaine, domine néanmoins dans la grande majorité des études sur la région et sert souvent de postulat aux recherches. Ces dernières années toutefois, de plus en plus de chercheurs prennent leur distance vis-à-vis de cette « épopée » que l’on gagnerait à valoriser par le biais d’une approche d’exégèse mythique.
25À Xochicalco, la Pyramide du Serpent à plumes est l’objet de recherches dès 1887. Eduard Seler et Antonio Peñafiel soulignent alors les liens qu’entretient cet édifice avec d’autres aires culturelles (Berlo, 1989, p. 223-224). Sur les talus de la Pyramide est sculptée une frise de guerriers assis en tailleur. Ceux-ci sont accompagnés de plusieurs glyphes – similaires aux glyphes mayas kan, pop et kin – en rapport avec des thèmes militaristes. Cette frise rappelle des représentations mayas contemporaines sur céramique, souvent réalisées de profil (Nagao, 1989, p. 298). En outre, ces figures particulièrement proches de celles de Cacaxtla, portent des coiffes à l’imagerie emblématique du Tlaloc guerrier, particulièrement répandu dans l’art monumental maya comme à Tikal (Hirth, 1989, p. 73), (fig. 1).
26Malgré ces parallélismes, le caractère éclectique est à Xochicalco plus diffus qu’à Cacaxtla. Tandis que le style des peintures murales de ce dernier site adopte des références intactes, les panneaux de la Pyramide du serpent à plumes témoignent d’une adaptation plus sélective (Nagao, 1989, p. 310). D. Nagao (Nagao, 1989, p. 314) avance, à ce sujet, les hypothèses suivantes : dans le cas de Cacaxtla, qui démontre la prédominance d’une source allochtone, l’incorporation serait due à une conquête (réelle ou souhaitée) de la région matrice. À cet égard, E. Pasztory (Pasztory, 2005, p. 171) commente « qu’il semblerait qu’en Mésoamérique, il était non seulement possible de capturer des ennemis, mais également des styles ». Dans le cas de Xochicalco, c’est l’émulation de l’élite locale qui, dans une stratégie d’accumulation de styles, se serait assuré une légitimation cosmopolite.
27Afin d’appréhender les mécanismes qui régissent ces choix iconographiques, une des étapes fondamentales consiste en l’identification des référents stylistiques et symboliques choisis.
28Cette démarche permet une lecture plus aisée des stratégies inhérentes à la production du discours incarné dans des pièces retrouvées en contextes cérémoniels et publics. La systématisation de cette identification passe par une modélisation de l’analyse iconographique.
Pour une modélisation de l’analyse iconographique
29Pendant la période classique, plusieurs systèmes de communication « graphico-symbolique » se manifestent, correspondant aux différents groupes culturels. G. Kubler (Kubler, 1969), B. De la Fuente (De la Fuente, 1998 ; De la Fuente et Arellano, 2000), ainsi que E. Pasztory (Pasztory, 2005) ont tous souligné que les systèmes iconographiques de Teotihuacan et des cultures du Golfe et mayas s’opposent9.
30La présente analyse s’articule autour de cette dichotomie enregistrée pour la période classique. En effet, puisque notre étude s’attache à la compréhension des interactions culturelles entre ces deux régions, il est essentiel de pouvoir appréhender leur système iconographique à une période antérieure, c’est-à-dire à la période classique. À partir de cette acception, corroborée par de nombreuses analyses iconographiques10, nous établissons sur leur base un modèle c’est-à-dire un tableau d’oppositions qui facilite l’identification des référents stylistiques et symboliques et, ce faisant, l’interprétation. Il s’agit d’une grille de lecture qui permet d’affirmer ou d’infirmer, pour une production artistique cohérente, le recours à l’un et/ou à l’autre des composants du système de communication.
31Ici, nous nous appliquerons au domaine de l’analyse formelle. Alors que Cacaxtla-Xochitecatl et Xochicalco sont a priori plus à même de se rattacher à une logique iconographique proche de celle de Teotihuacan – d’où la spécificité des peintures murales et de la Pyramide du Serpent à Plumes – deux composantes typiquement orientales, le naturalisme et l’expressionnisme sont identifiés sur cinq œuvres provenant de ces sites.
Fig.4. Modélisation des systèmes iconographiques des sphères Teotihuacan, cultures de la Côte du Golfe et de la région maya centrale
Système iconographique relié à la sphère Teotihuacan | Système iconographique relié au centre de la Côte du Golfe et à la région maya centrale | |
Domaine de l’analyse formelle | Composition symétrique | Composition asymétrique |
Organisation rectiligne de l’espace | Composition à partir de diagonales Hiérarchisation des personnages, composition triangulaire | |
Postures/gestes standardisés et statiques | Postures/gestes variés et actifs, expressionnisme | |
Proportions corporelles massives, 2,5 ou 4 fois la tête | Proportions corporelles allongées, 5,5 ou 7 fois la tête | |
Suppression du particulier et de l’individuel/Abstraction | Représentations naturalistes | |
Domaine de l’analyse thématique et symbolique | Thématique conceptuelle, symbolique et liturgique | Thématique narrative ou « symbolico-descriptive » |
Glyphique mixte pictographique et idéographique, intégrée à l’iconographie | Système glyphique syllabique disposé en colonnes (aire maya), détachée du reste de l’iconographie | |
Fertilité, culte du dieu de l’orage, grande déesse | Omniprésence du souverain comme propitiateur ; exaltation des représentations autosacrificielles | |
Jaguar réticulé, Tlaloc B | Représentation des guerriers et captifs ; glorification du dignitaire |
Compilée d’après Kubler, 1969 ; De la Fuente, 1998 ; De la Fuente et Arellano, 2000 ; Pasztory, 2005).
Naturalisme : corps vivants, corps en mouvement
32Au sein de l’histoire de l’art occidental, la question de l’antériorité/postériorité du naturalisme et de l’abstraction est vivace. Certains s’attachent à ce qui serait une théorie de la dégénération qui passerait de la figuration à l’abstraction ; d’autres inversent la tendance et associent l’abstraction aux sociétés tribales. Si l’on élude ces débats, on peut considérer que le naturalisme/réalisme et l’abstraction/géométrisme sont deux manières différentes de voir le monde et de le transmettre. En tant que tels, ceux-ci peuvent coexister simultanément (Pasztory, 2005, p. 48). C’est visiblement ce qui est en jeu entre Teotihuacan et l’Orient mésoaméricain. Tandis que les peintures murales de Teotihuacan11 exhibent des figures humaines non individualisées, hiératiques tendant vers l’abstraction, les représentations de Yaxchilan12 ou de Palenque13, les peintures de Bonampak, les vases cylindriques mayas (cf. vase dit « des danseurs » provenant d’Altar de Sacrificios, Petén guatémaltèque) ou les panneaux de jeux de balle de El Tajín (fig. 1) singularisent l’anthropomorphisation en incluant des références anatomiques précises, ainsi que du mouvement.
Le corps vivant
33À Cacaxtla, la nécessité de conservation des ensembles picturaux a conduit à la construction d’un toit monumental. Entre 1985 et 1987, une campagne de fouilles préventives réalise 28 sondages (14 à l’est et 14 à l’ouest du Gran Basamento) aux points qui seront les fondations des 28 colonnes qui soutiendront l’armature métallique. À l’est, au niveau du sondage 9, à 2,5 m de profondeur (Espinoza García et Ortega Ortiz, rapport 1985-1987) est trouvée une sculpture en céramique représentant un personnage que les archéologues décrivent comme ressemblant aux personnages des peintures de la bataille, en lien étroit donc avec des représentations mayas (fig. 5). Il s’agit d’une figure humaine en pied avec la bouche entrouverte, montrant les dents. L’individu porte un pectoral conservant des restes de peinture bleue, une ceinture torsadée sur les hanches et un pagne visible au niveau de la frange inférieure et sous la ceinture. Seule une partie des cuisses est conservée. Les bras sont manquants.
34Une telle sculpture est frappante dans le contexte iconographique des hauts plateaux. Il s’agit d’une image grandeur nature (1 m de haut), dont les deux tiers inférieurs sont manquants.
35À Teotihuacan, les proportions corporelles sont massives14, ce qui n’est pas le cas ici. Celles-ci correspondent davantage au modèle oriental. Les sculptures en céramique sont très peu répandues sur les hauts plateaux avant cette période mais elles sont l’apanage de la culture El Zapotal (fig. 1) qui fleurit entre 600 et 900 apr. J.-C. dans la région de la Mixtequilla, entre les fleuves Blanco et Papaloapan, au Veracruz. Le souci du réalisme est traduit à travers la représentation d’un ventre prononcé qui marque une individualité forte. Certaines figurines de l’île de Jaina15 au Campeche (fig. 1), bien que différentes dans leurs proportions, montrent des parallèles saisissants avec cette sculpture de Cacaxtla, notamment au niveau de l’anatomie bedonnante. Nombre d’entre elles arborent également des pectoraux circulaires bleus comme celui que porte ici l’individu. Notons le soin qui a été apporté à la représentation de la frange inférieure du pagne et au mouvement que celui-ci adopte sur le corps. Ces détails insufflent de la vie à la figure. Par ailleurs, une moue de douleur, lèvres vers le bas, découvrant les dents, habite le visage de ce personnage. Cette expression a été repérée sur les visages des personnages vaincus de la scène de la bataille16 et est particulièrement caractéristique de ceux des captifs des peintures de Bonampak (fig. 1).
36Si l’on s’accorde à dire que la sculpture est contemporaine des peintures, la localisation de celle-ci au pied du Gran Basamento peut être interprétée à la lumière d’un fait enregistré à Xochicalco. Des fragments (mains, pieds, bras) de sculptures en céramique représentant des individus grandeur nature, ont été retrouvés au bas de l’acropole du site (Garza et González Crespo, 2006, p. 145). S. Garza et N. González Crespo suggèrent que les sculptures entières aient été projetées depuis le haut de l’acropole. Cette pratique peut trouver un écho dans ce qui a été constaté lors de l’étude anthropologique menée sur un groupe de sacrifiés de la Pyramide de la Lune à Teotihuacan (Sugiyama et López Luján, 2006). Les individus avaient été décapités avant d’être jetés dans la fondation d’une nouvelle étape constructive. À la période aztèque, pendant les cérémonies en l’honneur de Tlaloc, les individus sacrifiés étaient précipités jusqu’en bas des marches. Ces observations nous éclairent sur cette sculpture réaliste, représentant un individu qui affecte une moue de douleur. Elle pourrait correspondre à un sacrifié projeté du haut de la plateforme. Nous aurions alors à faire à une mise à mort rituelle, pratique répandue depuis le Formatif en Mésoamérique17.
Le corps en mouvement
37Le caractère hiératique des figures de Teotihuacan a déjà été souligné. La représentation du mouvement est donc une composante iconographique globalement absente sur les hauts plateaux18. À Xochitecatl pendant l’Épiclassique, la Pyramide des Fleurs acquiert des dimensions plus importantes, son orientation est modifiée pour concorder avec celle de l’édifice A de Cacaxtla (Serra Puche, 2000, p. 15-16). Entre 632 et 774 de notre ère, sept offrandes sont déposées dans les remblais de l’escalier (Serra Puche et Lazcano Arce, 1997, p. 92). Celles-ci sont composées de céramiques, de représentations zoomorphes, de lames prismatiques en obsidienne ainsi que d’une grande quantité de figurines anthropomorphes. On en dénombre près de 360.
38Un groupe de figurines féminines particulièrement intéressant appartient au type nommé Mujeres oradoras (femmes orantes), (Serra Puche, 1998, p. 105-116), (fig. 6)19. Il s’agit de pièces concaves polychromes du type céramique local Café Pulido pintado. Les représentations sont assises ou debout en pied avec les bras levés vers le ciel, les cheveux sont courts avec des mèches latérales, le nez est proéminent, les pommettes marquées, la bouche est entrouverte montrant les dents. Elles arborent une coiffe blanche et rouge, des pendants d’oreilles circulaires et portent un quechquemetl (tissu couvrant les épaules et le buste), une jupe et un ceinturon (Serra Puche, 1998, p. 105-119). Ce groupe de figurines correspond également au type A320, qui constitue l’un des trois types dominants des sept offrandes.
39La posture bras levés vers le ciel, paumes des mains vers l’avant, n’a, à ce jour, été identifiée au sein des hauts plateaux qu’à Xochitecatl. Néanmoins, elle est particulièrement répandue parmi les « figurines souriantes » et plus globalement parmi celles de la région des fleuves Blanco-Papaloapan. À la période postclassique, les « personnificateurs » des divinités aztèques telles que Xochipilli, Toci, Chicomecoatl et Xilonen adoptaient la même posture durant les cérémonies et danses rituelles en lien avec des cultes à la fertilité (Heyden, 1971, p. 37). Cette posture est aussi fréquente au sein des figurines type II du site de Jonuta au Tabasco (Álvarez et Casasola, 1985, p. 23-24). À travers ce mouvement, les figurines A3 de Xochitecatl se placent donc clairement comme une référence à celles du Golfe et du Tabasco. De plus, le port du quechquemetl et la récurrence du glyphe ollin (visible au centre de la jupe) sont autant de traits partagés avec les systèmes iconographiques orientaux.
Expressionnisme : têtes souriantes et métalangage des mains
Les têtes souriantes
40Les « femmes orantes » ou type A3 de Xochitecatl exhibent un large sourire. Il s’agit d’un particularisme de Xochitecatl. En sus des figurines de type A3, quelques fragments de têtes montrent aussi cette moue (fig. 7). Cette expression, bien qu’absente de la région, est néanmoins particulièrement répandue au sein des « figurines souriantes » du centre du Veracruz que nous avons évoquées précédemment. Celle-ci est interprétée, à la lumière des sources du xvie siècle, comme la résultante d’un épisode euphorique des « personnificateurs » de divinités aztèques auxquels on administrait un puissant hallucinogène pour assurer leur bonne humeur durant le sacrifice (Heyden, 1971, p. 37). Les yeux en amande, visibles sur ce fragment de tête de figurine, constituent également une constante qui rappelle celles de la région Blanco-Papaloapan. Ce mode de représentation est fréquemment employé depuis l’horizon olmèque (1400 à 500 av. J.-C.) et notamment sur les têtes colossales provenant du sud du Veracruz et de l’état de Tabasco. Le caractère charnu des lèvres est aussi une constante de ces sculptures.
41Sur les figurines de Xochitecatl, ce sourire laisse entrevoir une mutilation dentaire type B4 selon la classification établie par J. Romero (Romero et Fastlicht, 1951) et reprise par M. C. Serra Puche (Serra Puche, 1998, p. 105). Bien que ce type de déformation soit répandu sur les hauts plateaux depuis le Préclassique terminal (500 av. à 200 apr. J.-C.), sa représentation iconographique est quasi nulle. Mais il s’agit cependant d’une constante des « figurines souriantes » du Veracruz et de certaines représentations mayas des dieux Kinich Ahau, dieu G et dieu Chaac (Tiesler Blos, 2001, p. 79). Cet expressionnisme et le motif transmis par la mutilation dentaire des figurines de Xochitecatl rattachent donc préférentiellement son iconographie aux systèmes orientaux.
Le métalangage des mains
42Durant la campagne de fouilles qui explorait, en 1994, l’acropole de Xochicalco, une sculpture en pierre (fig. 8), représentant un personnage de haut statut social, est trouvée dans le remblai de la Structure 8.
43Il s’agit d’une figure en pied, portant les signes distinctifs de son rang : des pendants d’oreilles circulaires, un pendentif droit, une coiffe composée d’un élément central circulaire, une jupe mi-cuisses et une paire de sandales. Les yeux sont écarquillés, la bouche entrouverte, montrant les dents. Sur la jupe, court un serpent bicéphale dont une des têtes repose sur la cuisse droite, tandis que l’autre est placée dans le bas du dos. Le bras gauche est étendu le long du corps. Sur la partie droite est arrimé un propulseur. Au niveau de l’épaule gauche, se trouve une tête zoomorphe hybride, un félin à langue bifide. Contrastant avec la rigidité du personnage, le serpent qui ondule le long de la partie basse du corps insuffle à cette figure un certain mouvement.
44Ce qui retiendra notre attention sur cette représentation hiératique est la posture qu’affecte la main droite qui repose sur le torse. Cette flexion des doigts qui contraste avec la rigidité du reste de la représentation semble répondre à l’ondoiement du reptile, dont une des courbes est placée dans l’axe de la main.
45Dans l’épigraphie maya classique et classique tardive (200 à 900 apr. J.-C.), la main est le pictogramme le plus souvent employé. Celle-ci est particulièrement fréquente dans les logogrammes verbaux pour traduire des termes en relation avec le pouvoir comme dédier, compléter, couronner, montrer. Dans les codices postclassiques mayas tel le codex de Dresde, les porteurs du temps Bacab portent un sceptre terminé par une main (Escalante Gonsalbo, 2005, p. 21-22). Plus globalement, dans l’iconographie maya, la gestuelle a une importance fondamentale dans la signification des scènes. Ainsi codifiée, elle constitue une sorte de communication non verbale. Les mains constituent un métalangage, elles parlent pour les personnages, elles traduisent leurs propos ou leurs émotions. Sur un crâne de pécari gravé provenant de la Tombe 1 de Copan (fig. 1), le bras droit plié et reposant sur le buste (comme ici) est interprété comme un signe de révérence (Bernal Romero et Velázquez García, 2005, p. 28-31). Notons également que cette posture correspond à un élément récurrent des plaques de jade de la région de Nebaj, au Guatemala (Solar Valverde, 2002, p. 23). Cette sculpture semble donc constituer une hybridation iconographique. En effet, l’hiératisme des hauts plateaux domine, mais la nécessité de transmission d’un discours orienté vers des thématiques liées au pouvoir a eu recours à une tradition maya. Celle-ci fait de la gestuelle corporelle une communication non verbale.
46Un autre exemple est intéressant à cet égard. Il s’agit d’une des plaques de jade retrouvée dans la ciste de la plateforme supérieure du Monticule B de Cacaxtla (Delgadillo Torres, 1996, p. 27), (fig. 9). Ces plaques de jade, fabriquées le long du Pacifique et très largement distribuées sur tout le territoire mésoaméricain, sont des marqueurs de l’Épiclassique. Celle-ci correspond vraisemblablement au premier type décrit pour Chichen Itza, Xochicalco et Tula (Solar Valverde, 2002, p. 130, 21 et 18). Elle est gravée d’un personnage en pied portant des pendants d’oreilles circulaires, ainsi qu’un collier composé de perles. La coiffe est formée, elle aussi, d’un élément circulaire, ainsi que de plusieurs lignes courbes qui s’entrelacent au-dessus de celle-ci, faisant certainement référence à une créature reptilienne. Les bandes de la coiffe qui ondulent vers le haut, ainsi que la posture des mains sur le buste, paume en dedans, confirment une datation épiclassique (Solar Valverde, 2002, p. 23). Cette posture des mains a, en outre, été interprétée comme la traduction d’alliances politiques (Solar Valverde, 2002, p. 63). Cet objet portable réaffirme la position de Cacaxtla au sein d’un réseau dense d’interactions avec les terres mayas. L’iconographie globale de cette plaque, et plus particulièrement la position des mains, qui fait référence à une codification de la gestuelle développée au sein de sociétés qui ont privilégié le naturalisme et l’expressionnisme, démontre un emprunt délibéré à des modèles discursifs différents des antécédents régionaux.
47Du fait que les pièces présentées ici proviennent de contextes cérémoniels liés aux sphères politico-religieuses de Cacaxtla-Xochitecatl et Xochicalco, elles peuvent être interprétées comme la traduction d’un discours mis en place par les tenants de ce pouvoir. Le naturalisme et l’expressionnisme de ces objets prennent place dans une théorie globale de stratégie des élites qui allie « connexion et déconnexion » et qui engendre simultanément un lien et une différenciation entre les personnes de haut rang et le reste de la société (Stone, 1989 ; Solar Valverde, 2002, p. 103). Ainsi, tandis que le hiératisme et l’immobilité semblent traduire les notions de puissance et d’éternité très déconnectées du commun des mortels (Pasztory, 2005, p. 71), le naturalisme et l’expressionnisme provoquent chez le spectateur une forte réaction car ils tendent à réduire la distance entre celui-ci et l’objet contemplé. Ce choix iconographique joue sur les niveaux émotionnels pour créer une sorte d’intimité entre le vivant et le représenté (Pasztory, 2005, p. 187-188). De la sorte, en utilisant des images naturalistes et expressives, les élites créent cette « connexion/déconnexion » qui les maintient dans la légitimation de leur statut. L’oscillation entre hiératisme et réalisme peut également révéler la dichotomie présente dans la conception mésoaméricaine du corps. Celui-ci est en effet à la fois partie des dieux polymorphes et destiné à être déstructuré/sacrifié pour assurer la bonne marche de l’univers (Arroyo García, 2004, p. 18).
48Cacaxtla-Xochitecatl et Xochicalco marquent une rupture avec l’impersonnalité de l’art de Teotihuacan, car les référents iconographiques choisis sont à l’extrême opposé de ce qui est fondamentalement pratiqué dans la région. Mais même si les emprunts conjoints de Cacaxtla-Xochitecatl et de Xochicalco convergent vers les modèles iconographiques mayas, des différences régionales conditionnées par les traditions culturelles locales sont notables. Tandis que Xochicalco semble avoir entretenu des contacts avec l’aire maya à travers les vallées centrales de Oaxaca, Cacaxtla-Xochitecatl maintient ces échanges à travers le centre et le sud de la côte du Golfe. Les représentations iconographiques témoignent de ces différents intermédiaires dans les réseaux de communication. Alors que les références à l’Orient sont limpides, car plus directes, dans le cas de Cacaxtla-Xochitecatl, dans celui de Xochicalco, elles sont nettement plus diluées, comme pour affirmer un cosmopolitisme. Celui-ci projette l’image de grands horizons religieux, politiques et commerciaux (Nagao, 1989, p. 316).
49Le « style international » mésoaméricain caractéristique de la période postclassique, correspond à un ensemble de symboles et de systèmes de représentation partagés dans différentes aires culturelles (Boone et Smith, 2003). Les germes de ce « style international » mésoaméricain semblent se mettre en place à l’Épiclassique. Fruit d’interactions multiples, il nous apparaît comme une stratégie élitaire locale, se traduisant par la production d’œuvres officielles. Le recours à des systèmes allochtones souligne la capacité de ceux qui les transmettent à transcender les frontières terrestres. Il témoigne ainsi de leur voyage/pérégrination jusqu’à des régions lointaines qui, en se superposant à une géographie idéale, légitime et justifie un pouvoir surnaturel universel qui décuplera les bénéfices pour la communauté.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Álvarez C. et Casasola L. (1985) – Las figurillas de Jonuta, Tabasco. Proyecto Tierras Bajas Noroccidentales del Área Maya, Mexico, vol. II.
Armillas P. (1946) – Los Olmecas-Xicalancas y los sitios arqueológicos del suroeste de Tlaxcala, Revista mexicana de estudios antropológicos, 8, p. 137-145.
Arroyo García S. R. (2004) – Retrato de lo humano en el arte mesoamericano, Ser humano en el México antiguo, Arqueología Mexicana, XI (65), p. 16-21.
Attolini Lecón A. (2010) – Intercambio y caminos en el mundo maya prehispánico, dans J. Long Towel et A. Attolini Lecón (éd.), Caminos y mercados de México, Mexico, p. 51-77.
Alva Ixtlilxóchitl Fernando de, O’Gorman E. (éd.), (1975) – Obras Históricas, Mexico, 2 vol.
Baird E. T. (1989) – Estrellas y guerra en Cacaxtla, dans A. García Cook, B. L. Merino Carrión (dir.), et L. Mirambell Silva (éd.), Antología de Cacaxtla, Mexico, vol. II, p. 132-182.
Baus de Czitrom C. (1993) – La escritura y el calendario en las pinturas de Cacaxtla, dans L. Reyes García (dir.), La escritura pictográfica en Tlaxcala: dos mil años de experiencia mesoamericana, Mexico, p. 23-36.
Berdan F. et Durand-Forest J. (dir.) (1980) – Matrícula Tributos (Códice de Moctezuma), Museo Nacional de Antropología, México (Cod. 35-52), vollständige Farbreproduktion des Codex in verkleinertem Format, Akademische, Graz.
Berlo J. C. (1989) – La escritura temprana en el México central: in tlilli in tlapalli antes del año 1000 D.C., dans A. García Cook, B. L. Merino Carrión (dir.) et L. Mirambell Silva (éd.), Antología de Cacaxtla, Mexico, vol. II, p. 184-258.
Bernal Romero G. et Velázquez García E. (2005) – Manos y pies en la iconografía y la escritura de los antiguos mayas, Manos y pies, Arqueología mexicana, XII (71), p. 28-33.
Boone E. et Smith M. (2003) – Postclassic International Styles and Symbol Sets, dans M. Smith et F. Berdan (éd.), The Postclassic Mesoamerican World, Salt Lake City, p. 186-193.
Carballo D. et Pluckhahn T. (2007) – Transportation Corridors And Political Evolution In Highland Mesoamerica: Settlement Analyses Incorporating GIS For Northern Tlaxcala, Mexico, Journal of Anthropological Archaeology, 26, p. 607-629.
10.1016/j.jaa.2007.05.001 :Carrasco P. et Monjarás Ruiz J. (1998) – La estructura interna de la Triple Alianza, Poder y política en el México prehispánico, Arqueología mexicana, VI (32), p. 42-49.
Chadwick E. L. R. (1966) – The Olmeca Xicallanca of Teotihuacan: A Preliminary Study, Teotihuacan and After, Four Essays, Mexico, p. 1-23.
Chimalpahin Cuauhtlehuanitzin : Castillo F. V. (éd.), (1991) – Memorial breve acerca de la fundación de la cuidad de Culhuacan, Mexico.
Darras V. (2009) – La Mésoamérique précolombienne, Historiens et Géographes, 371, p. 143-162.
Davies N. (1977) – The Toltecs Until The Fall Of Tula, Norman, Oklahoma.
Dehouve D. et Vie-Wohrer A. M. (2008) – Le monde des Aztèques, Paris.
De la Fuente B. (1998) – La pintura mural prehispánica en México II, Área Maya, Bonampak, Mexico, tomes I et II.
De la Fuente B. et Arellano A. (2000) – El hombre maya en la plástica antigua, Mexico.
Delgadillo Torres R. (1996) – Las ofrendas del montículo B de la zona arqueológica de Cacaxtla, Tlax. Cacaxtla. Programa de Vinculación Secretaría de Educación Pública/Zonas Arqueológicas de Cacaxtla y Xochitecatl, San Miguel del Milagro, Nativitas, Tlax, México.
Diehl R. A. et Berlo J. C. (éd.), (1989) – Mesoamerica After The Decline Of Teotihuacan A.D. 700-900, Washington D. C.
Escalante Gonsalbo P. (2005) – Manos y pies en Mesoamérica. Segmentos y contextos, Manos y pies, Arqueología mexicana, XII (71), p. 20-27.
Espinoza García L. et Ortega Ortiz P. – Informe Cacaxtla, Tlaxcala 1985-1987, nos 28-46, Mexico.
Foncerrada de Molina M. (1976) – La pintura mural de Cacaxtla, Tlaxcala, Anales del Instituto de Estudios Estéticos, 46, p. 5-20.
Foncerrada de Molina M. (1982) – Signos glíficos relacionados con Tláloc en los murales de la batalla en Cacaxtla, Anales del Instituto de Investigaciones Estéticas, 50 (1), Mexico, p. 23-33.
Foncerrada de Molina M. (1993) – Cacaxtla: la iconografía de los Olmecas-Xicalanca, Mexico.
García Cook A. (1981) – The Historical Importance of Tlaxcala in the Cultural Development of the Central Highlands, dans J. A. Sabloff (éd.), Supplement to the Handbook of Middle American Indians Archaeology, 1, Austin, p. 244-276.
10.7560/775565 :García Cook A., Merino Carrión L. B. (dir.) et Mirambell Silva L. (éd.), (1996) – Antología de Tlaxcala, vol. I, II, III et IV, Mexico, Tlaxcala.
Garza S. et González Crespo N. (2006) – Cerámica de Xochicalco, dans B. Merino Carrión, et A. García Cook (éd.), La producción alfarera en el México Antiguo, vol. III, La Alfarería del Clásico Tardío 700/1200, Mexico, p. 125-146.
Gómez Chávez S. et Gazzola J. (2009) – Les quartiers des communautés étrangères dans la cité de Teotihuacan, Teotihuacan, cité des Dieux, catalogue de l’exposition, Musée du Quai Branly, Paris, p. 109-117.
Graulich M. (1990) – Dualities in Cacaxtla, Mesoamerican Dualism, Utrecht, p. 94-118.
Graulich M. (2001) – El simbolismo del templo mayor de México y sus relaciones con Cacaxtla y Teotihuacan, Anales del Instituto de Investigaciones Estéticas, 79, p. 5-27.
10.22201/iie.18703062e.2001.79.2086 :Heyden D. (1971) – A New Interpretation Of The Smiling Figures, Ancient Art Of Veracruz, an Exhibit at the Los Angeles County Museum of national History, 23.II.1971-13.VI.1971, The Ethnic Arts Council of Los Angeles, p. 37-38.
Hirth K. (1989) – Militarism and Social Organization at Xochicalco, Morelos, dans R. Diehl et J. Berlo (éd.), Mesoamerica after the Decline of Teotihuacan, A.D. 700-900, Washington D. C., p. 69-81.
Hirth K. (1992) – Interregional Exchange as Elite Behaviour: an Evolutionary Perspective, dans D. Chase et A. Chase (éd.), Mesoamerican Elites: an Archaeo-logical Assessment, Norman, p. 18-29.
Hirth K. (2000) – Archaeological research at Xochicalco, vol. I, II, Salt Lake City.
Jiménez Moreno W. (1941) – Tula y los Toltecas según las fuentes históricas, Revista mexicana de estudios antropológicos, 5, p. 79-83.
Jiménez Moreno W. (1942) – El enigma de los olmecas, Cuadernos Americanos, 49 (5), p. 113-145.
Kirchhoff P. (1943) – Mesoamérica: sus límites geográficas, composición étnica y caracteres culturales, Acta Americana, 1, p. 92-107.
Kirchhoff P., Odena G. et Reyes García L. (éd.), (1976) – Historia Tolteca-Chichimeca, Mexico.
Kristan-Graham C. (2007) – Structuring Identity At Tula: The Design And Symbolism Of Colonnaded Halls And Sunken Spaces, dans J. K. Kowalesky et C. Kristan-Graham (éd.) Twin Tollans, Chichen Itza, Tula And The Epiclassic To Early Postclassic Mesoamerican World, Washington D.C., p. 531-577.
Kubler G. (1969) – Studies in Classic Maya Iconography, Hamden.
Kubler G. (1980) – Eclecticism at Cacaxtla, dans M. Greene Robertson (éd.), Third Palenque Round Table, 1978, Part 2, Austin, London, p. 163-172.
León Portilla M. (2004) – De Tamaonchan a las siete ciudades, Enigma de las ciudades perdidas, Arqueología mexicana, XII (67), p. 24-31.
Lombardo De Ruiz S. (1978) – Contribución al estudio de la forma en la iconografía de Cacaxtla, dans A. García Cook, B. L. Merino Carrión (dir.), et L. Mirambell Silva (éd.), Antología de Cacaxtla, Mexico, vol. I, p. 247-260.
López Austin L. (1997) – Les paradis de brume, mythes et pensées religieuses chez les anciens mexicains, Paris.
Molina Feal D. (1995) – Consideraciones sobre la cronología de Cacaxtla, dans A. García Cook, B. L. Merino Carrión (dir.), et L. Mirambell Silva (éd.), Antología de Cacaxtla, Mexico, vol. II, p. 174-179.
Morante López R. (2009) – Las antiguas rutas comerciales: Un camino por las sierras nahuas de Puebla y Veracruz, dans J. Long Towel et A. Attolini Lecón (éd.), Caminos y mercados de México, Mexico, p. 107-127.
Muñoz Camargo D., Reyes García L. et Lira Toledo J. (éd.), (1998) – Historia de Tlaxcala, Mexico.
Nagao D. (1989) – Proclamación pública en el arte de Cacaxtla y Xochicalco, dans A. García Cook, B. L. Merino Carrión (dir.), et Mirambell Silva L. (éd.), Antología de Cacaxtla, Mexico, vol. II, p. 268-316.
Nalda E. (1998) – El reajuste mesoamericano, Poder y política en el México prehispánico, Arqueología mexicana, VI (32), p. 32-41.
Pasztory E. (2005) – Thinking with Things: Toward a New Vision of Art, Austin.
Polanyi K., Arensberg C. M. et Pearson H. W. (éd.), (1957) – Trade And Market in the Early Empires: Economies in History and Theory, Chicago.
Quirarte J. (1983) – Outside Influence at Cacaxtla, dans G. A. Miller (éd.), Highland-Lowland Interaction in Mesoamerica: Interdisciplinary Approaches, a Conference at Dumbarton Oaks, October 18th and 19th, 1980, Washington D.C., p. 201-221.
Rattray E. C. (2001) – Teotihuacan: cerámica, cronología y tendencias culturales, México, Pittsburgh.
Rattray E. C. (2004) – Etnicidad en el Barrio de los Comerciantes, Teotihuacan y sus relaciones con Veracruz, dans M. E. Ruiz Gallut et P. Pascual Soto (éd.), La Costa del Golfo en tiempos teotihuacanos: propuestas y perspectivas, Memoria de la Segunda Mesa redonda de Teotihuacan, Mexico, p. 493-512.
Robertson D. (1980) – The Cacaxtla Murals, Fourth Palenque Round Table, 1980, San Francisco, vol. VI., p. 291-302.
Romero J. et Fastlicht S. (1951) – El arte de las mutilaciones dentarias, Mexico.
Sahagún Fray Bernardino De : Temprano J.-C. (éd.), (2001) – Historia general de las cosas de la Nueva España, Madrid, tomes I et II.
Salomón T. (2008) – Del valle al cerro: el sitio del Cerro Zapotecas durante el Epiclásico, Tesis inédita de Maestría, Departamento de Antropología, Universidad de las Américas, Puebla, Cholula.
Segota D. (2005) – Escultura de la Mixtequilla, Veracruz, Manos y pies, Arqueología mexicana, XII (71), p. 72-75.
Serra Puche M. C. (1998) – Xochitecatl, Gobierno del estado de Tlaxcala, Tlaxcala.
Serra Puche M. C. (2000) – Identidad en Xochitecatl, Tlaxcala, México, Estudios de cultura Otopame, Mexico, p. 17-25.
Serra Puche M. C. (2012) – La vida cotidiana en Xochitecatl-Cacaxtla, Investigaciones recientes en Xochitecatl-Tlaxcala, Arqueología Mexicana, XIX (117), p. 38-45.
Serra Puche M. C. et Lazcano Arce J. C. (1997) – Xochitecatl-Cacaxtla en el periodo epiclásico (650-950 D.C.), Arqueología, 18, p. 85-101.
Serra Puche M. C., Lazcano Arce J. C. et De la Torre Mendoza M. (2004) – Explotación prehispánica en el sur de Tlaxcala: una perspectiva de género, dans P. Alberti Manzanares (éd.), Género, ritual y desarrollo sostenido en comunidades rurales de Tlaxcala, Mexico, p. 199-226.
Shele L. et Miller M. E. (1986) – The Blood of Kings, Dynasty and Ritual in Maya Art, New-York, Fort Worth.
Solar Valverde L. (2002) – Interacción interregional en Mesoamérica, una aproximación a la dinámica del Epiclásico, Tesis de Licenciatura, Escuela Nacional de Antropología e Historia de México, Mexico, D.F.
Stone A. (1989) – Disconnection, Foreign Insignia and Political Expansion: Teotihuacan and the Warrior Stelae of Piedras Negras, dans R. A. Diehl et J. C. Berlo (éd.), Mesoamerica After The Decline Of Teotihuacan A.D. 700-900, Washington, D.C., p. 153-172.
Sugiyama S. et López Luján L. (éd.), (2006) – Sacrificios de consagración en la pirámide de la luna: Exposición en Museo del Templo Mayor del 6 de abril al 30 de julio de 2006, Mexico.
Torquemada Fray Juan de (éd.), (1969) – Monarquía Indiana, 3 vols, Porrúa, Mexico.
Testard J. et Serra Puche M. C. (2011) – Las figurillas epiclásicas de la Pirámide de las Flores de Xochitecatl, Tlax., México: tipología y simbolismo, Itinerarios, 14, p. 213-250.
Tiesler Blos V. (2001) – Decoraciones dentales entre los antiguos mayas, Mexico.
Uriarte M. T. (1999) – The paintings of Cacaxtla, Pre-Columbian Paintings, Murals of the Mesoamerica, Mexico, p. 71-134.
Wallerstein I. (1974) – The Modern World System, New York.
Walling S. L. (1982) – Un análisis estilístico de los murales de Cacaxtla, dans A. García Cook, B. L. Merino Carrión (dir.) et L. Mirambell Silva (éd.), Antología de Cacaxtla, Mexico, vol. II, p. 9-26.
Notes de bas de page
1 En 250 apr. J.-C., 100 000 habitants vivent dans la cité qui s’étend sur plus de 25 km2 (Gómez Chávez et Gazzola, 2009, p. 110).
2 Mentionnons la présence de l’iconographie du Tlaloc guerrier sur la stèle 31 de Tikal. Cette divinité « tutélaire » de Teotihuacan semble avoir été exportée pour traduire des discours militarisés. Par ailleurs, à Tikal, Copan et Becan, le cylindre tripode, forme caractéristique de Teotihuacan, a été retrouvé à de nombreuses reprises dans des dépôts d’offrandes.
3 Cette expression est employée par M. León Portilla (León Portilla, 2004, p. 25).
4 Voir les chapitres 3, 4 et 5 dans Dehouve et Vie-Wohrer, 2008.
5 D’autres auteurs comme W. Jiménez Moreno (Jiménez Moreno, 1941) et N. Davies (Davies, 1977) placent également le Tamoanchan mythique dans cette région.
6 Ces sites semblent constituer les parties palatiales et cérémonielles d’un même établissement. Nativitas constituerait la partie résidentielle de celui-ci. (Se référer à Serra Puche, Lazcano Arce et De La Torre Mendoza, 2004.)
7 Les peintures murales de Cacaxtla ont été réalisées entre 655 et 835 apr. J.-C. Les plus anciennes étant celles du Temple Rouge et du Temple de Vénus, suivies ensuite par la Scène de la Bataille puis par celles du Portique A. Ces datations sont issues du croisement entre données stylistiques et datations radiocarbones (Baird, 1989, p. 141).
8 L’épisode est également transmis par l’Historia tolteca chichimeca (1547-1560) ; Fray Bernardino de Sahagún, Historia general de las cosas de Nueva España : paragraphe 14 du chapitre 29 du Livre 10, rédigé autour de 1560 ; Fray Juan de Torquemada, Monarquía indiana (1609-1613), Fernando de Alva Ixtlilxochitl, Relaciones, Sumaria relación et Historia de la nación chichimeca, (achevées vers 1625), Chimalpahin, Memorial breve acerca de la fundación de Culhuacan (vraisemblablement terminé en 1631).
9 Cette liste n’est pas exhaustive. Il s’agit des principaux chercheurs qui constituent des références dans ce type d’analyses.
10 Se référer aux auteurs cités dans les lignes précédentes. En outre, voir Lombardo De Ruiz, 1978 ; Walling, 1982 ; Berlo, 1989 ; Nagao, 1989 ; Robertson, 1980 ; Kubler, 1980 ; Pasztory, 2005.
11 Citons notamment la peinture 2 de Tepantitla et l’ensemble de Tetitla.
12 Linteau 17.
13 Plateforme de l’édifice A.
14 Estimée en moyenne entre 1 pour 2 et 1 pour 4 en peinture murale, sur les figurines et la statuaire.
15 Voir notamment la figurine conservée au Museum of Art de Cleveland, reproduite dans l’ouvrage de L. Shele et M. E. Miller (Shele et Miller, 1986, pl. 79).
16 Pour une étude de l’expression des visages dans les peintures murales de Cacaxtla, se référer à Quirarte (1983).
17 Au Cerro del Gallo sur le site de El Zapotal par exemple, plusieurs sculptures féminines de grandes dimensions ont été détruites intentionnellement avant d’être enterrées (Segota, 2005, p. 73).
18 La peinture dite du Tlalocan à Teotihuacan amorce néanmoins une figuration du mouvement notamment pour les joueurs de balle.
19 Pour une étude approfondie des figurines féminines de Xochitecatl, se référer à Testard et Serra Puche (2011).
20 Se référer à Testard et Serra Puche (2011).
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 8096 : Archéologie des Amériques. Sujet de thèse : Identités, interactions et dynamiques culturelles : des iconographies et des techniques comme marqueurs de traditions exogènes sur les hauts plateaux mésoaméricains.
Directrice : B. Faugère. Soutenance prévue fin 2013.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Appréhension et qualification des espaces au sein du site archéologique
Antoine Bourrouilh, Paris Pierre-Emmanuel et Nairusz Haidar Vela (dir.)
2016
Des vestiges aux sociétés
Regards croisés sur le passage des données archéologiques à la société sous-jacente
Jeanne Brancier, Caroline Rémeaud et Thibault Vallette (dir.)
2015
Matières premières et gestion des ressources
Sarra Ferjani, Amélie Le Bihan, Marylise Onfray et al. (dir.)
2014
Les images : regards sur les sociétés
Théophane Nicolas, Aurélie Salavert et Charlotte Leduc (dir.)
2011
Objets et symboles
De la culture matérielle à l’espace culturel
Laurent Dhennequin, Guillaume Gernez et Jessica Giraud (dir.)
2009
Révolutions
L’archéologie face aux renouvellements des sociétés
Clara Filet, Svenja Höltkemeier, Capucine Perriot et al. (dir.)
2017
Biais, hiatus et absences en archéologie
Elisa Caron-Laviolette, Nanouchka Matomou-Adzo, Clara Millot-Richard et al. (dir.)
2019