Le dialogue culturel entre l’empire néo-assyrien et les cités araméennes et hittites
L’exemple des figures hybrides
p. 89-110
Résumés
La proximité entre l’empire néo-assyrien et les royaumes araméens et hittites de Syrie du Nord et d’Anatolie a occasionné de nombreux échanges, et notamment la transmission de modèles iconographiques, bien souvent réinterprétés selon les contraintes, les croyances et les goûts locaux.
À travers les figures hybrides du taureau ailé androcéphale, du sphinx, de l’être anthropomorphe ailé, du démon-griffon, de l’être anthropomorphe léontocéphale, de l’homme-poisson, de l’homme-scorpion, de l’homme-taureau et même du disque ailé, nous essaierons de donner un aperçu des interactions iconographiques entre les régions assyrienne et araméenne et hittite.
Because of the spatial proximity of the Neo-Assyrian Empire and the Aramean and Hittite kingdoms in North Syria and Anatolia, many exchanges took place, particularly regarding iconographical models. Many of them have been passed on from one region to another, but reinterpreted with local constraints, beliefs and tastes.
Through the study of the hybrid figures of the human-headed winged bull, the sphinx, the human-bodied winged being, the griffin-demon, the lion-headed human-bodied being, the merman, the scorpion-man, the bull-man et even the winged disc, this paper gives an overview of the iconographical interactions between Assyrian and Aramean and Hittite regions.
Entrées d’index
Mots-clés : Mésopotamie, Syrie, Anatolie, Assyriens, Hittites, Araméens, iconographie, êtres hybrides, génies, démons
Keywords : Mesopotamia, Syria, Anatolia, Assyrians, Hittites, Arameans, iconography, hybrid beings, genies, demons
Texte intégral
1La volonté d’hégémonie de l’empire néo-assyrien et sa proximité avec les cités hittites et araméennes ont été la source de nombreux conflits territoriaux avec la région ouest du Croissant Fertile (fig. 1). Ainsi, si les cités un peu plus éloignées de l’empire restent relativement indépendantes jusqu’à 720 av. J.-C., celles plus proches sont incorporées à partir d’environ
850 av. J.-C. sous Salmanazar III (858-824 av. J.-C.), (Herrmann et Laidlaw, 2009, p. 6)1. Mais cette proximité est également à l’origine d’échanges culturels intenses où chaque parti s’imprègne de la culture de l’autre, tout en conservant ses particularismes régionaux.
2Au niveau iconographique, de nombreux éléments se trouvent à la fois chez les Assyriens, les Hittites et les Araméens. Cependant, en raison de lacunes archéologiques et d’une chronologie pas toujours très bien fixée pour les cités de l’Ouest (au contraire de la chronologie néo-assyrienne)2, il n’est pas toujours possible d’identifier la circulation des motifs iconographiques, de connaître précisément leur origine géographique ni même les lieux où ils ont été réinterprétés.
3À partir de l’étude de quelques motifs iconographiques d’êtres hybrides et fabuleux, nous proposons ici un essai de restitution du dialogue culturel entre l’empire néo-assyrien et les cités hittites et araméennes.
Les lions, les sphinx, les taureaux et les taureaux ailés androcéphales
4Au ixe siècle av. J.-C., le roi néo-assyrien Aššurnaşirpal II (883-859 av. J.-C.) bâtit une nouvelle capitale à l’empire, Nimrud. Le roi fait mettre aux entrées des bâtiments des lions et taureaux ailés androcéphales colossaux, ce qui est une nouveauté dans l’art assyrien. Ces gardiens d’entrée sont les plus anciens exemplaires trouvés en Assyrie3 (Madhloom, 1970, p. 94 et 101). On trouve également ce type d’êtres dans les palais néo-assyriens de Khorsabad (fig. 2.a) et Ninive. De telles entrées monumentales encadrées par des animaux colossaux existaient déjà depuis la deuxième moitié du iie millénaire av. J.-C. chez les Hittites, comme à Alaça Hüyük ou Bogazköy. Les Assyriens s’inspirèrent de ces gardiens de portes qu’ils connaissaient pour avoir organisé de nombreuses expéditions en pays hittite pour s’approvisionner en bois (Danrey, 2004a, p. 334).
5Les bâtiments assyriens s’ornent également d’orthostates. Des orthostates se trouvent là encore chez les Hittites à Alaça Hüyük et Bogazköy, mais les Assyriens ont repris ce concept en ne gardant que l’aspect décoratif des blocs qui n’ont plus aucun rôle structurel (Madhloom, 1970, p. 94). De même, les orthostates syro-hittites postérieurs, comme à Sakçegözü, ne sont plus que des plaques surimposées au mur et n’ont donc plus aucun rôle de soutien comme c’était le cas auparavant à Alaça Hüyük ou Karkemiš par exemple (Vieyra, 1955, p. 32 ; Gurney, 1972, p. 210). Ce changement de fonction s’est peut-être donc fait sous influence assyrienne.
6Les souverains néo-assyriens souhaitaient en fait reproduire chez eux certains palais hittites. Ainsi, des inscriptions de Tiglath-phalazar III (Luckenbill, 1926, p. 288, no 761B), Sargon II (Luckenbill, 1927, p. 37, no 73) et Sennacherib (704-681 av. J.-C.), (Luckenbill, 1924, p. 97, no 82 ; Luckenbill, 1926, p. 162, no 366 ; Danrey, 2004a, p. 335-336) indiquent que ces rois firent construire des portiques selon les modèles des palais nord-syriens appelés bît hilâni.
7Les taureaux ailés androcéphales, sphinx et lions colossaux assyriens sont placés de chaque côté des entrées des bâtiments afin de protéger des influences néfastes (Madhloom, 1970, p. 94-97 et 100). Le taureau ailé androcéphale se compose du corps et des oreilles du taureau, de la tête de l’homme, des ailes de l’aigle, du poitrail du lion et parfois aussi d’une queue de poisson sous le ventre4. Ces animaux sont appelés en akkadien lamassu ou aladlammu. Ces hybrides sont généralement représentés passant avec la tête dirigée dans le sens de la marche. Néanmoins, certains lamassu de Khorsabad (ainsi que des personnages anthropomorphes ailés) ont la tête tournée vers le spectateur. Cette particularité iconographique est certainement un emprunt aux représentations des êtres hybrides de Syrie du Nord où cette iconographie était en vogue, en particulier à Tell Halaf (fig. 8.a).
8À Nimrud et Khorsabad, les lamassu, ainsi que les sphinx, avaient la particularité de posséder cinq pattes5 (fig. 2.a), (Madhloom, 1970, p. 95 ; Danrey, 2004a, p. 328). Le spectateur ne voyait cependant jamais les cinq pattes simultanément : la position de ces animaux sur les côtés des entrées leur permettait d’être vus uniquement de côté (on ne voit alors que quatre pattes), ou de face (deux pattes visibles dans ce cas). Tout comme pour les orthostates hittites, la reprise de l’animal gardien de porte se fait en abandonnant pour une grande part la fonction structurelle de la sculpture. Les taureaux ailés androcéphales néo-assyriens ne sont en effet pas absolument nécessaires à la structure des portes6 (Danrey, 2004a, p. 332 ; Danrey, 2004b, p. 133).
9De tels animaux hybrides ont également été trouvés dans la ville de Tell Hajaja, au nord de la Syrie. Cette cité a pris une certaine importance sous Salmanazar III au point qu’un édifice similaire à un palais néo-assyrien y a été construit (Danrey, 2004a, p. 326 ; Kühne, 2009, p. 50.). La porte est de la salle d’audience de ce bâtiment était décorée de lamassu (fig. 2.b). Ces sculptures ressemblent fortement à celles que l’on trouve à Nimrud à la même époque, mais à une échelle beaucoup plus réduite. Certains éléments sont identiques (cinq pattes, toison recouverte par des bouclettes, côtes marquées par de simples lignes courbes), mais ces taureaux ne mesurent que 0,8 m de haut seulement (Danrey, 2004a, p. 327). Les proportions sont également plus fines. De plus, certains détails ne se trouvent pas sur leurs homologues assyriens : les orbites, peut-être incrustées à l’origine, sont très marquées ; la barbe est ondulée ; les cheveux retombent en masse à l’arrière du couvre-chef ; l’espace situé entre la tête et les ailes est évidé, et ces dernières sont plus courtes. Ces figures sont un emprunt au répertoire assyrien mais ne conservent pas la monumentalité des grands taureaux de Nimrud. L’empire assyrien marque ici son pouvoir dans une de ses provinces par un décor typique, mais mélangeant caractéristiques néo-assyriennes et éléments iconographiques nord-syriens locaux (Albenda, 1988, p. 23-24).
10À Nimrud a également été trouvé un lion rugissant gardien de porte daté du règne d’Aššurnaşirpal II (fig. 2.c). Le concept du lion gardien est un emprunt aux Hittites, mais le style est assyrien. En effet, l’animal possède cinq pattes ainsi qu’une inscription sur le ventre. Cette sculpture fait la transition entre les lions hittites et les sphinx et les taureaux hybrides néo-assyriens (Madhloom, 1970, p. 101 ; Danrey, 2004a, p. 334).
11Cette caractéristique si particulière des cinq pattes trouve un écho chez les Syro-Hittites sur le site d’Arslan Taş. Ce site est situé au nord de la Syrie et faisait partie des provinces assyriennes. Deux taureaux en basalte ont été trouvés devant un temple dédié à Ištar (Thureau-Dangin et al., 1931b, pl. V, fig. 1 ; Albenda, 1988, p. 5 et 25 ; Danrey, 2004a, p. 327-328 ; Albenda, 2005, p. 53 et 122). L’un des taureaux porte une inscription permettant de les dater du règne de Tiglath-phalazar III. Comme les modèles assyriens, ces deux animaux possèdent cinq pattes. Le style de ces sculptures est un peu plus fruste, ce qui s’explique par l’emploi non pas de calcaire comme pour les œuvres assyriennes, mais d’une pierre plus dure à travailler, le basalte. Ces deux taureaux ont vraisemblablement été réalisés par des artisans locaux qui, malgré la domination assyrienne, ont conservé certaines caractéristiques locales comme la pierre dure, la représentation d’un animal non pas hybride mais réel, et des proportions massives (caractéristique à la fois liée au goût et à la dureté de la pierre). Ces sculptures reflètent donc un goût local sous influence assyrienne à l’époque où Arslan Taş faisait partie des provinces conquises.
12Sur ce même site ont également été trouvés des lions gardiens aux portes est et ouest (fig. 3.a), (Madhloom 1970, p. 101 ; Albenda, 1988, p. 23-25, 121 et 126 ; Bunnens, 2009, p. 79). On date généralement la réalisation de ces sculptures du règne de Salmanazar III. Ces lions sont encore une fois imprégnés de style assyrien. En premier lieu, la partie haute du bloc court sur toute la longueur, incluant le haut de la tête de l’animal. Cette caractéristique se trouve par exemple sur le lion d’Aššurnaşirpal II trouvé à Nimrud (fig. 2.c). Celle-ci perdure après le règne de ce roi. L’iconographie suit également d’autres règles assyriennes. Tout d’abord, l’animal possède cinq pattes, comme les lions de Nimrud et Khorsabad. De plus, les membres les plus proches du spectateur sont situés en avant, les plus éloignés en arrière, et la queue, située derrière les pattes arrières7, est tombante (c’est également le cas des taureaux du même site vus précédemment). En Anatolie et en Syrie du Nord, le placement des pattes est généralement inversé, et la queue se recourbe vers le bas, souvent entre les membres postérieurs. Enfin, les proportions générales des lions d’Arslan Taş sont assez similaires à celles de celui de Nimrud. Néanmoins, quelques éléments diffèrent, comme le fait que les fauves d’Arslan Taş possèdent trois griffes à chaque patte, et non deux.
13Deux autres lions en basalte ont été trouvés, toujours à Arslan Taş, devant un bâtiment qui pourrait avoir été un temple assyrien (fig. 3.b). Ils auraient vraisemblablement été réalisés pendant ou après le règne de Salmanazar III. Les lions ont été réalisés dans un style plutôt fruste. Ces animaux possèdent eux aussi cinq pattes, à l’assyrienne. La tête est cependant en ronde-bosse, comme les taureaux vus précédemment, ce qui est une caractéristique nord-syrienne que l’on trouve également à Sendjirli et Maltaï.
Les sculpteurs d’Arslan Taş ont donc composé en mêlant à la fois traditions nord-syrienne et assyrienne.
Les lions de Til Barsip sont un autre exemple de lions mêlant styles assyrien et syro-hittite.
14La ville syrienne de Til Barsip fut conquise par le roi assyrien Salmanazar III en 856 av. J.-C. Cette ville est généralement considérée comme une cité araméenne. Cependant, certaines découvertes (reliefs hittites et inscriptions en langue louvite) entrent en contradiction avec cette interprétation (Bunnens, 2009, p. 67).
15Des lions ont été découverts à la porte est de la ville (fig. 3.c). Une inscription du turtânu (général en chef) Šamšî-ilu explique que ces animaux ont été faits sur son ordre8 (Thureau-Dangin et Dunand, 1936, p. 141 ; Vieyra, 1955, p. 25-26 ; Madhloom, 1970, p. 101 ; Gurney, 1972, p. 209 ; Bunnens, 1990, p. 127-132 ; Bunnens, 2009, p. 79). Ces sculptures sont datées entre 856 et 774 av. J.-C. Bien que de tradition assyrienne, les lions de Til Barsip sont très proches des modèles syro-hittites. Cela démontre que la conquête assyrienne n’a pas mis fin aux traditions artistiques locales. En effet, les lions de Til Barsip ont la tête et le cou taillés en ronde-bosse, caractéristiques syro-hittites. Le fait que la tête soit particulièrement large est une autre de ces caractéristiques. La moustache, la langue saillante et les pattes antérieures plutôt courtes sont également de type syro-hittite. Les oreilles, le museau, la gueule ouverte exposant les canines, les épaules, la fourrure, les palmettes sous les yeux et le collier de touffes de poils sur le cou sont en revanche de type assyrien. Ces éléments deviennent récurrents dans le style syro-hittite tardif.
16De manière générale, la réalisation de ces lions est moins raffinée que celle d’Arslan Taş. Les exemplaires de Til Barsip reflètent la transition entre les lions du ixe siècle av. J.-C., un peu plus frustes (comme à Karkemiš et Hamat), et ceux de la seconde moitié du viiie siècle av. J.-C. (comme à Sakçegözü, à Tell Tayanat ou à Göllüdag), qui ont subi l’influence néo-assyrienne et sont réalisés dans un style plus raffiné (Madhloom, 1970, p. 101).
17Concernant la figure du lion ailé androcéphale ou sphinx, celle-ci est attestée en tant que gardienne en Assyrie, notamment à l’époque d’Aššurnaşirpal II à Nimrud (fig. 2.c). En revanche, on ne trouve pas cet animal gardien à Khorsabad ou Ninive (Madhloom, 1970, p. 98-99). Cette figure perdure jusqu’au règne d’Assarhaddon (680-669 av. J.-C.), bien qu’aucun exemplaire du type de gardien n’ait été trouvé pour cette période. On a en revanche trouvé à Nimrud des sphinx imberbes couchés datés du règne de ce roi (Oates et Oates, 2001, p. 77, fig. 44).
18Le sphinx semble être un emprunt à la Syrie et à l’Anatolie (Thureau-Dangin et al., 1931a, p. 108). Tout comme les lions, les sphinx de Syrie du Nord et d’Anatolie datés de la deuxième moitié du viiie siècle av. J.-C. montrent une influence assyrienne (Madhloom, 1970, p. 98-99).
19Cependant, certains éléments sont propres à ces localités. Ainsi, les versions de Sendjirli et Sakçegözü possèdent une tête d’oiseau située en bout de queue (Pottier, 1921, p. 31, fig. 73 ; Akurgal, 1961, p. 59, fig. 37). Ce motif était déjà présent à Ankara et Karkemiš. De même, certains sphinx possèdent à la fois une tête humaine et une tête léonine (Humann, 1898b ; Moortgat, 1955, pl. 88, fig. a et b ; Genge, 1979, fig. 90) ; ces modèles sont totalement absents du répertoire mésopotamien. Enfin, cet être composite est également présent dans les ivoires trouvés en Assyrie, avec les ailes relevées (Thureau-Dangin et al., 1931a, p. 108). Cette figure est également d’origine syrienne, peut-être phénicienne.
20Les sphinx syro-hittites servent soit d’orthostates (Sakçegözü), soit de bases de colonnes, composées alors de doubles sphinx (Sendjirli : Pottier, 1921, p. 13, fig. 44 et pl. IV, fig. 50 et 51 ; Sakçegözü : Pottier, 1931, pl. VIII, fig. 114 et 115 ; Madhloom, 1970, p. 99). Les Néo-Assyriens semblent avoir également repris ce concept : des bases de forme animale, et en particulier des sphinx, servent parfois de supports de colonnes (Pottier, 1921, p. 16 ; Oates et Oates, 2001, p. 77, fig. 44). Seuls des sphinx ont jusqu’à présent été trouvés en tant que bases de colonnes en Assyrie9, mais un bas-relief du viie siècle av. J.-C. trouvé à Ninive représente ces supports sous la forme de différents animaux (Roaf, 1991, p. 186).
21Les palais assyriens ne se sont pas uniquement parés de lions ou de taureaux hybrides. Les rois néo-assyriens avaient de toute évidence le goût des êtres composites. Ainsi, Aššur-bêl-kala (1073-1056 av. J.-C.) fait allusion dans un texte aux animaux fantastiques qu’il fit faire (Grayson, 1976, p. 56, V, 1-19 ; Lackenbacher, 1982, p. 121 ; Grayson, 1991, p. 105, A.0.89.7, V, 1-19). Tiglath-phalazar III fit quant à lui installer dans son palais des créatures composites qui sont certainement des hommes-poissons (Lackenbacher, 1982, p. 123). Enfin, Sennacherib plaça des êtres hybrides de bronze dans la cour du temple d’Aššur (Luckenbill, 1927, p. 189-190, KAH II 124, 454 ; Huxley, 2000, p. 119-120, KAH II 124, 17-21). Ces êtres hybrides se trouvent également chez les Hittites et les Araméens ; ces modèles sont d’ailleurs bien souvent liés.
Les êtres anthropomorphes ailés
22L’être anthropomorphe ailé est une figure que l’on trouve dans tout le Proche-Orient. Cet être se trouve à la fois en Syrie du Nord et en Anatolie, ainsi que chez les Assyriens. Du fait de la grande circulation de ce motif, il n’est pas possible de déterminer l’antériorité d’une version par rapport à l’autre ; les versions hittites ou araméennes et assyriennes s’appuient certainement sur des modèles communs à ces civilisations. Néanmoins, des éléments peuvent différer. Ainsi, si la figure assyrienne consiste en un être possédant seulement deux ailes, parfois quatre, les modèles syro-hittites peuvent en avoir jusqu’à six (Pritchard, 1969, p. 214, fig. 655).
23Les Hittites et les Araméens ont emprunté certains motifs typiques des êtres anthropomorphes ailés néo-assyriens. Ainsi, deux stèles trouvées à Maltaï représentent ces êtres tenant des rameaux (Akurgal, 1949, pl. XXV, fig. a ; Genge, 1979, fig. 74), comme certains de leurs homologues assyriens. De même, une stèle datée du ixe siècle av. J.-C. et provenant de Tell Hajaja représente un personnage anthropomorphe coiffé de la tiare à cornes tenant un rameau et un chevreau (Kühne, 2009, p. 50-51 et notamment p. 50, fig. 7). Ce genre de personnage tenant ces deux attributs est typiquement assyrien (Weidner, 1967, p. 101, fig. 81). Cependant, comme dit précédemment, la représentation frontale est typique du style de Tell Halaf (fig. 8.a). En outre, ce type de représentation ne se trouve habituellement pas sur des stèles mais plutôt sur de grands orthostates décorant les bâtiments. Enfin, la présence d’une rosette sur la tiare n’est pas non plus un élément de l’iconographie assyrienne. Ainsi, malgré la domination politique des Assyriens, l’art est tout de même emprunt du style araméen de Tell Halaf.
24Ce type d’être est souvent associé à un arbre que nous qualifions « de vie » par comparaison avec le monde biblique, ou « sacré ». Les êtres anthropomorphes ailés semblent en être les gardiens. Ce motif est très fréquent en Assyrie et a également été repris en Syrie du Nord et en Anatolie (Madhloom, 1970, p. 117) avec parfois quelques variantes, comme sur un bas-relief trouvé à Tell Halaf (Pritchard, 1969, p. 214, fig. 654) où les gardiens anthropomorphes ailés sont armés de bâtons, armes habituellement réservées en Mésopotamie aux hommes-taureaux.
Le démon-griffon
25Le démon-griffon est un être anthropomorphe ailé à tête de rapace. Ce nom moderne lui a été donné en référence au griffon, un être hybride possédant une tête d’aigle, un avant-train de rapace et un arrière-train de lion. Le démon-griffon est appelé en akkadien apkallu, bien que ce terme puisse parfois également désigner un homme vêtu d’une peau de poisson, ou bien encore un génie anthropomorphe. Le griffon et le démon-griffon sont très communs en Assyrie à partir de l’époque médio-assyrienne (1365-1077 av. J.-C.). Ces deux hybrides dérivent en fait de prototypes mitanniens créés en Syrie durant la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. (Madhloom, 1970, p. 117). On trouve donc le démon-griffon dans les bas-reliefs syro-hittites. Celui-ci y a parfois le rôle d’atlante, ce qui n’est jamais le cas dans les bas-reliefs assyriens. Comme les êtres anthropomorphes ailés, il a également pour rôle en Assyrie de protéger « l’arbre sacré » (fig. 4.a), (Madhloom, 1970, p. 105). Il tient généralement une pomme de pin et une situle près de cet arbre, peut-être pour le fertiliser10.
26Cette figure du démon-griffon procédant à un rite de fertilisation a également été reprise en Syrie et en Anatolie (fig. 4.b), mais elle n’est généralement pas située devant un arbre, ce qui est parfois également le cas dans l’iconographie néo-assyrienne. Ce type de scène est considéré par certains chercheurs comme un rite de purification ou de bénédiction destiné au personnage représenté près de ces êtres (le plus souvent le roi) ou ceux qui empruntent les passages décorés de ces scènes.
L’être anthropomorphe léontocéphale
27Le personnage anthropomorphe à tête de lion est appelé ugallu en akkadien (Madhloom, 1970, p. 109 ; Green, 1986a, p. 163-164). Ce motif est connu en Mésopotamie dès l’époque paléo-babylonienne (1792-1595 av. J.-C.). On le trouve également un peu plus tard sur des orthostates syro-hittites. L’Assyrie ne redécouvre le motif qu’assez tardivement11, grâce au contact avec les cités araméennes et hittites, sous Sargon II (fig. 5.a), et sous Sennacherib pour la sculpture monumentale12. Cependant, l’ugallu néo-assyrien diffère de la version hittite. En effet, le démon assyrien possède le plus souvent des serres de rapace à la place des pieds, ce qui pourrait peut-être indiquer une influence babylonienne. Quant à la version syro-hittite, celle-ci adopte souvent une posture menaçante en levant les bras ou brandissant une arme (fig. 5.b)13. En outre, l’ugallu syro-hittite est la plupart du temps ailé. Il a également parfois le rôle d’atlante, ce qui n’est jamais le cas dans les reliefs assyriens. De plus, à Alep a été trouvé un ugallu tenant une situle et un rameau (Kohlmeyer, 2000, pl. 21), attributs réservés à d’autres hybrides en Mésopotamie. L’association du rameau et de la situle est d’ailleurs unique. Enfin, à Tell Halaf a été trouvé un exemplaire d’un ugallu à deux têtes (Green, 1986a, pl. 15, fig. 70), motif totalement inconnu en Mésopotamie.
28La filiation entre les figures syro-hittite et néo-assyrienne n’est finalement pas exactement comprise ; bien que l’ugallu syro-hittite soit antérieur à la version néo-assyrienne, celui-ci s’assyrianise avec le temps.
L’homme-poisson
29L’homme-poisson, ou kulullû en akkadien, avait parfois le rôle de gardien d’entrée (Madhloom, 1970, p. 95 et 99-100). On en trouve un exemplaire sur un bas-relief de Tell Halaf14 (fig. 6.a). Cette figure se trouve également en Assyrie, peut-être apparue sous l’influence syro-hittite. Deux hommes-poissons gardaient ainsi l’entrée du temple de l’Ezida à Nimrud (Green, 1986b, pl. IXa et IXb). Ces figures, datées du viiie siècle av. J.-C., sont les plus anciennes trouvées en Assyrie. Cet hybride était également présent à Khorsabad (fig. 6.b). Il y aurait également eu une paire d’êtres aquatiques en cuivre à l’Ezida de Borsippa, dédicacée par Assarhaddon, mais il n’est pas assuré que ceux-ci avaient la forme d’hommes-poissons (Luckenbill, 1926, p. 288, no 761B ; Madhloom, 1970, p. 100).
L’homme-scorpion
30Il existe au Proche-Orient deux types d’hommes-scorpions, ou girtablullû en akkadien. Le premier est un être hybride composé d’un corps animal non identifié, de deux pattes avec des sortes de serres, d’une tête anthropomorphe et de deux ailes. Le second est un personnage anthropomorphe ailé possédant une queue de scorpion et des serres. Ce dernier est plus proche de l’homme et possède des bras.
31Chez les Syro-Hittites, le premier type est celui qui prédomine (fig. 7.a). Bien que l’homme-scorpion soit déjà connu en Mésopotamie depuis le IIIe millénaire av. J.-C., il semble qu’il réapparaisse chez les Néo-Assyriens par le contact avec les Syro-Hittites. Néanmoins, c’est le second modèle, plus proche des humains, qui est le plus fréquent en Assyrie (fig. 7.b). Un bas-relief exceptionnel trouvé à Karkemiš représente un homme-scorpion anthropomorphe, certainement réalisé sous influence néo-assyrienne (von Bissing, 1931, pl. IX, fig. 1). Cet être hybride, passé chez les Néo-Assyriens par contact avec les Syro-Hittites, est donc revenu chez ces derniers sous la forme assyrienne.
L’homme-taureau
32L’homme-taureau, ou kusarikku en akkadien, est un être anthropomorphe qui possède des pattes et des oreilles de taureau. Il assure la fonction de gardien dans toute la Mésopotamie (Vieyra, 1955, p. 48). En Syrie du Nord et en Anatolie, on trouve cet être hybride dans un style local, souvent affublé d’une tiare à cornes de style syro-hittite avec deux mèches en spirale (Pottier, 1920, p. 281). Il a le rôle de gardien lorsqu’il tient une hampe ou une lance, ou d’atlante lorsqu’il soutient un disque ailé ou un autre motif (fig. 8.a). Dans l’art araméen et hittite, l’homme-taureau est souvent représenté soutenant un corps céleste (Ornan, 2005, p. 227).
33L’Assyrie ne semble pas avoir particulièrement apprécié cet être hybride, assez peu présent dans les représentations. Les bas-reliefs monumentaux n’ont pas fourni d’hommes-taureaux identifiables. On ne trouve cet être hybride pratiquement que dans la glyptique où sa fonction d’atlante est attestée ; il soutient alors le disque ailé dans lequel est habituellement inscrite une figure humaine15. En effet, ce motif étant très répandu en Assyrie, cette fonction est donc tout à fait légitime ici et a pu se développer. Le disque ailé étant en revanche absent en Mésopotamie du Sud, l’homme-taureau atlante n’y est donc pas attesté.
Le disque ailé
34Le disque ailé est un motif provenant d’Égypte qui est ensuite passé en Asie de l’Ouest, notamment en Syrie (Ornan, 2005, p. 207-211, 230 et 234 ; Collins, 2007, p. 126.). On trouve ainsi cette figure tout d’abord sur des sceaux-cylindres syriens datés du milieu du xviiie siècle av. J.-C., puis sur des impressions de sceaux provenant de Nuzi, sur des sceaux mitanniens et sur des sceaux-cylindres médio-assyriens de la seconde moitié du xive et du début du xiiie siècle av. J.-C. Ce motif disparaît ensuite du répertoire assyrien, certainement sous l’influence de l’iconographie babylonienne, et ne réapparaît qu’à l’époque néo-assyrienne. Au début du Ier millénaire av. J.-C., le motif est également employé dans l’iconographie des orthostates syro-hittites.
35Les Néo-Assyriens anthropomorphisent le disque ailé en inscrivant une figure humaine au centre, créant ainsi une figure composite associant un être anthropomorphe et des ailes (fig. 8.b). Cette figure est associée au chef du panthéon assyrien, le dieu Aššur.
36Chez les Syro-Hittites, le disque ailé n’est jamais anthropomorphe (fig. 8.a). La figure hittite a une connotation divine et royale. En revanche, en Mésopotamie, le disque ailé ne représente jamais le roi. À Sendjirli, on trouve le roi représenté devant ce symbole qui renvoie alors au chef du panthéon local, Rakib-El. Ce procédé est un procédé assyrien, ce qui n’a rien d’étonnant puisque Sendjirli reconnaît la suzeraineté assyrienne. Les Assyriens n’ont cependant pas introduit le motif du disque ailé en Syrie et en Anatolie. Celui-ci existait déjà dans ces régions ; d’ailleurs, malgré l’influence assyrienne, il ne s’est jamais anthropomorphisé. Cependant, l’hégémonie assyrienne a ravivé ce symbole qui n’a plus renvoyé au roi ou à une divinité quelconque, mais à la divinité supérieure locale. En revanche, comme dit précédemment, le caractère atlante de certains êtres fabuleux, tels que les hommes-taureaux, les démons-griffons ou les personnages anthropomorphes ailés ou aptères qui supportent le disque ailé sur des orthostates est une spécificité syro-hittite (fig. 8.a).
37L’empire néo-assyrien s’est donc inspiré des œuvres de ses voisins syro-hittites pour son propre programme architectural et décoratif, en reprenant les portiques hittites, les entrées monumentales ou les orthostates décorés d’êtres composites. Les reliefs néo-assyriens de Maltaï sont certainement également dus à l’influence des Hittites qui maîtrisaient la taille de la roche, comme à Yazilikaya (Vieyra, 1955, p. 27-28 et 34). Ces éléments peuvent éclairer le hiatus que l’on observe dans la statuaire et le relief assyrien avant le renouveau du début du Ier millénaire av. J.-C.16. Les Néo-Assyriens ont découvert ou redécouvert certaines figures composites par leurs contacts avec les cités occidentales, certains modèles étant pourtant déjà connus en Mésopotamie du Sud. Il existe en effet un fond culturel commun aux Hittites, aux Araméens, aux Assyriens et aux Babyloniens (Kepinski et Tenu, 2009, p. 14) qui explique la simultanéité de l’émergence de certains modèles dans des régions différentes.
38Cependant, loin de se contenter de copier leurs voisins, les Néo-Assyriens reprennent différents concepts en les modifiant. Ainsi, le rôle des êtres composites des entrées et des orthostates n’est plus d’ordre structurel mais seulement décoratif. De plus, stylistiquement, ceux-ci sont adaptés au goût des Assyriens.
39La circulation des motifs ne s’est cependant pas faite à sens unique. Dans les royaumes de Syrie du Nord et d’Anatolie, l’influence néo-assyrienne se fait sentir dès le ixe et surtout le viiie siècle av. J.-C. On trouve ainsi des œuvres dont l’iconographie est très proche de celle des Assyriens, telles les scènes de chasse hittites (Vieyra, 1955, p. 46 ; Gurney, 1972, p. 208-209). Citons également la statue de Adad-yisi’i, trouvée à Tell Fekheriyeh et datée du milieu du ixe siècle av. J.-C., qui représente un dignitaire dans une iconographie là encore très proche de celle des Assyriens (Kühne, 2009, p. 48, fig. 2). Une comparaison avec la statue du roi assyrien contemporain Salmanazar III (Kühne, 2009, p. 49, fig. 3) montre de grandes similitudes malgré une différence d’échelle.
40À la même époque, le style des lions et des sphinx se rapproche de celui des Néo-Assyriens. On trouve également certains êtres hybrides dans des compositions typiquement assyriennes comme la fertilisation de « l’arbre de vie » par exemple. De même, le disque ailé est mis en scène selon la conception néo-assyrienne qui l’associe à la divinité supérieure locale. Néanmoins, les cités araméennes et hittites sous influence néo-assyrienne conservent certaines caractéristiques iconographiques qui leur sont propres. Ainsi, la tiare à cornes en forme de bonnet que l’on trouve chez les Syro-Hittites perdure malgré l’influence néo-assyrienne. Sur un bas-relief trouvé à Tell Halaf (Pritchard, 1969, p. 214, fig. 654), ce modèle est représenté ainsi que la version assyrienne. De même, les mèches à spirales ou les chaussures à bout recourbé typiquement syro-hittites sont conservées sur des figures ou dans des mises en scène assyriennes ou mésopotamiennes.
41Pour terminer, il nous paraît intéressant d’évoquer un dernier motif particulier, celui du meurtre de Humbaba. Ce thème d’origine mésopotamienne est également connu chez les Syro-Hittites (fig. 9.a). Or, on a également trouvé au Fort Salmanazar, à Nimrud, un ivoire d’origine syrienne daté du début du Ier millénaire av. J.-C. (Herrmann et Laidlaw, 2009, p. 6) et représentant cette scène selon une iconographie levantine (fig. 9.b). Nous avons donc ici un motif d’origine mésopotamienne transmis aux cités occidentales, transposé dans l’ivoire selon une iconographie locale, et revenu sous cette forme en Mésopotamie du Nord. Cet objet est ainsi représentatif de la vivacité des échanges culturels entre les pôles néo-assyrien et syro-hittite.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Citons aussi les vagues d’annexions suivantes : Bît Agusi sous le règne de Tiglath-phalazar III (745-727 av. J.-C.) en 740 av. J.-C., Unqi et Hamat en 738, Damas en 732, et Karkemiš, Samarie et Kummuh sous le règne de Sargon II (721-705 av. J.-C.). Les sites phéniciens de Tyr, Sidon et Arwad restent en revanche relativement indépendants grâce au paiement de tributs (Herrmann et Laidlaw, 2009, p. 25).
2 À partir de la fin du xiie siècle av. J.-C., les Araméens (des nomades implantés à l’origine de part et d’autre du moyen Euphrate) exercent des pressions sur l’Assyrie qui deviennent très fortes aux xie et xe siècles av. J.-C. (Bachelot et Joannès, 2001, p. 65). L’Assyrie finit par leur abandonner toute la haute Mésopotamie. Les Araméens profitent du vide politique laissé par le passage des Peuples de la mer pour fonder des principautés, en particulier à l’ouest du Proche-Orient. Celles-ci sont très semblables aux principautés néo-hittites, en particulier dans leur population hétérogène. Le pouvoir néo-assyrien reprend au ixe siècle la haute Mésopotamie (on date généralement le début de l’empire néo-assyrien à 911 av. J.-C., bien qu’il n’y ait pas vraiment de rupture avec les époques précédentes), (Villard, 2001, p. 564). Face à l’expansionnisme assyrien, les royaumes araméens se partagent entre résistance et reconnaissance de la suzeraineté de l’envahisseur, mais finissent tous peu à peu par tomber dans le giron assyrien (Bachelot et Joannès, 2001, p. 66). Les royaumes néo-hittites résultent de l’effondrement de l’empire hittite d’Anatolie au xiie siècle av. J.- C. (Joannès, 2001, p. 570-571). Ils se situent essentiellement entre la rive droite du haut Euphrate et le Taurus et l’Anti-Taurus. À partir du ixe siècle av. J.-C., de nombreux territoires passent sous occupation araméenne, puis sous occupation assyrienne. L’absorption assyrienne se poursuit jusqu’au règne de Sargon II (voir note no 1). L’empire néo-assyrien disparaît à la fin du viie siècle av. J.-C., face au pouvoir conjugué des Mèdes et des Babyloniens. La difficulté de chronologie provient à la fois de la difficulté de distinguer sites néo-hittites et sites araméens (ou de dater la transition d’occupation de certains sites), et le fait que les chronologies des Néo-hittites et des Araméens reposent pour beaucoup sur les synchronismes avec la chronologie néo-assyrienne.
3 Des textes rédigés sous Salmanazar Ier (1274-1245 av. J.-C.) en mentionnent, mais aucun exemplaire de cette époque n’a été trouvé.
4 La version possédant une queue de poisson sous le ventre n’est connue que dans le palais d’Aššurnaşirpal II à Nimrud.
5 Les statues d’animaux à cinq pattes sont abandonnées dans le palais de Ninive (Danrey, 2004b, p. 133-134).
6 Si le concept des animaux gardiens de portes n’est pas hittite à l’origine, faire de ceux-ci des éléments constitutifs de la structure même de la porte est bien une invention hittite (Collins, 2007, p. 129-130).
7 Néanmoins, à Nimrud ont été trouvées des fresques dans lesquelles des taureaux sont représentés avec la queue non pas derrière mais entre les pattes (Albenda, 2005, pl. 5).
8 Pour la transcription et la traduction de l’inscription, voir Thureau-Dangin et Dunand (1936, p. 145-150).
9 Il existe une ronde-bosse (trouvée à Ninive et aujourd’hui conservée au British Museum) ayant servi de base de colonne représentant un taureau androcéphale (Matthiae, 1998, p. 92 pour la figure). Cependant, il s’agit en réalité d’un sphinx mal restauré.
10 Pour l’étude de cet arbre et de sa relation avec les êtres hybrides, voir Porter, 1 993.
11 La figure de l’ugallu semble avoir disparu dans toute la Mésopotamie à l’époque médio-assyrienne.
12 Cet être hybride ne doit pas être confondu avec l’homme à peau de lion qui existe déjà sous Aššurnaşirpal II.
13 À Sendjirli ont été trouvés des orthostates représentant des ugallu brandissant une arme d’une main et tenant de l’autre un lièvre (Humann, 1898a, p. 225, fig. 128 ; Humann, 1898b). L’association de cet être composite et du lièvre est unique à ce jour.
14 On a également trouvé une stèle en basalte à Terqa, en Syrie (Masetti-Rouault, 2009, p. 144, fig. 1), datée du xe/ixe siècle av. J.-C., sur laquelle est représenté un dieu coiffé de la tiare à cornes saisissant un serpent et faisant face à un autre dieu nu-tête. Ces deux personnages sont de type syrien. Entre eux se trouvent un homme vêtu d’une peau de poisson, de type assyrien. Cependant, cette figure semble avoir été ajoutée postérieurement, par les Néo-Assyriens (Kühne, 2009, p. 49 ; Masetti-Rouault, 2009, p. 143-144).
15 Une ronde-bosse néo-assyrienne représente également un homme-taureau atlante (Quarantelli, 1985, p. 338, fig. 209). En revanche, nous ignorons ce qu’il soutenait à l’origine, et donc s’il s’agissait d’un corps céleste quelconque, du disque ailé ou de toute autre chose.
16 Les statues comme celles des grands taureaux ailés androcéphales, dont la réalisation semble avoir été maîtrisée immédiatement, sans tâtonnement, ne peut manquer d’étonner. Les Néo-Assyriens s’inspirèrent de toute évidence de l’art hittite, mais également de l’art babylonien.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologie et Sciences de l’Antiquité. Sujet de thèse : Génies et démons en Mésopotamie et dans les régions limitrophes. Des origines à 539 av. J.-C.
Directeur : Thèse commencée avec S. Cleuziou (†), direction reprise par M. Casanova. Thèse soutenue le 31 mars 2012.
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