Autour du culte de l’eau : phénomènes d’acculturation gallo-romaine à l’époque augustéenne
p. 65-88
Résumés
On pense bien souvent que la prééminence de l’eau dans la religion gallo-romaine tire son origine d’un héritage celtique. En réalité, ni les auteurs anciens, ni les nombreuses découvertes archéologiques de ces dernières décennies ne fournissent quelque indication que ce soit allant en ce sens. En effet, aucun site cultuel romain lié à l’eau n’a livré de preuve claire de ces origines gauloises supposées. En outre, de nombreux sites, présentant parfois une origine très ancienne et initialement dépourvus de toute ressource en eau, ne se sont vus dotés d’équipements hydrauliques qu’à l’époque romaine. Si la période augustéenne constitue bien une époque de transition, celle-ci correspond sans doute davantage à l’adoption de nouveaux cultes par les populations gauloises en voie d’acculturation, plutôt qu’à une adaptation de croyances gauloises par le conquérant romain.
It is usually said that the origins of the preeminence of water in the Gallo-roman religion is to be found in a Celtic heritage. Actually, neither the ancient writers, nor the recent and various archaeological evidences give any clue for such an interpretation. Indeed, no place gave clear proof of Gallic origins for a Roman cult spatially linked to water. Moreover, many of these places, sometimes very anciently founded and lacking natural water resources, were given some hydraulic structures only in the Roman times. If the Augustan period truly seems to be a critical period, it rather corresponds to the adoption of new cults by Gallic people, rather than an adaptation of Celtic believes by the Roman conquerors.
Entrées d’index
Mots-clés : bassin, religion gauloise, religion gallo-romaine, offrande, ex-voto, puits, sources, romanisation, époque augustéenne
Keywords : Gallic religion, Gallo-roman religion, ex-voto, offering, pools, wells, sanctuary, springs, Romanization, Augustan period
Texte intégral
1La primauté de l’eau dans les cultes et les sanctuaires gaulois puis gallo-romains constitue l’un des plus anciens lieux communs de la recherche archéologique en Europe de l’Ouest, et plus particulièrement en France. Si l’importance quantitative, et sans doute également qualitative, de la présence de l’eau dans les sanctuaires gallo-romains n’est plus à démontrer, on peut en revanche s’interroger sur l’origine historique de cette prépondérance. Pendant très longtemps, la question ne se posait même pas, tant la réponse, aux yeux de nombreux chercheurs et érudits, paraissait évidente : les Gaulois honoraient les manifestations naturelles en tête desquelles se trouvaient les sources. Il semblait donc évident qu’il s’agissait là d’un « héritage celtique » que les conquérants romains n’auraient fait qu’adapter, suivant ce que l’on nomme couramment l’interpretatio romana.
2Depuis le xviiie siècle au moins, s’appuyant essentiellement sur l’étude des textes grecs et latins, les chercheurs et érudits mettent en effet en avant cette singularité supposée des religions de la sphère culturelle celte. Ces travaux nous donnent à voir ces religions comme l’expression d’un primitivisme certain dont l’héritage, mêlé aux influences méditerranéennes, grecques puis romaines, aurait donné naissance à la religion « gallo-romaine » dans laquelle l’eau occuperait une part prépondérante.
3Depuis plusieurs décennies, la multiplication des données proprement archéologiques offre aux chercheurs un matériau nouveau, abondant et diversifié qu’il convient d’examiner avec un œil neuf et débarrassé des présupposés hérités des siècles passés. C’est ce que nous tenterons de faire ici en évoquant dans un premier temps quelques éléments marquants de cette recherche pluriséculaire, puis en abordant la réalité des données littéraires et archéologiques, à travers un certain nombre d’études de cas relevant d’une période charnière pour cette problématique : l’époque césaro-augustéenne (50 av. J.-C.-50 apr. J.-C.).
Les jalons d’une recherche pluriséculaire
4Les premiers travaux des érudits du siècle des Lumières, bien souvent des hommes d’Église, ont tous, sans exception, mis l’accent sur la place de l’eau dans les religions païennes.
5En 1727, l’abbé Jacques Martin (Martin, 1727, p. 18) écrivait ainsi que, chez les Gaulois, « tous les dieux étaient ou des arbres, ou des bois, ou des marais ». Il résumait ainsi la religion gauloise à un ensemble de croyances purement naturalistes. Parmi ces entités, « les Gaulois […] divinisaient les lacs et les marais, […] leur donnaient à tous le nom d’un dieu » (Martin, 1727, p. 128) et y « joignaient les fleuves et les rivières qu’ils regardaient aussi comme des divinités, et leur portaient les mêmes honneurs » (Martin, 1727, p. 129).
6En 1740, l’abbé de Fontenu nous dit du culte de l’eau qu’il s’agit de « l’une des plus anciennes espèces d’idolâtrie » et « la met au nombre de celles qui ont été le plus accréditées chez les païens » (Fontenu, 1740, p. 27). Pour cet auteur, « les Gaulois et les Germains avaient une vénération singulière pour les eaux, et en particulier, pour celles du Rhin et du lac de Toulouse » (Fontenu, 1740, p. 28). Ces deux auteurs, parmi d’autres, insistent donc sur le rôle majeur de l’eau dans les religions païennes, et plus spécifiquement chez les Gaulois et leurs voisins germains.
7Tous ces travaux, relevant davantage de la démonstration savante et quasi théologique que d’une démarche scientifique, ne se fondaient alors que sur l’étude d’un nombre restreint d’auteurs grecs et latins, tous postérieurs aux époques concernées. Ces sources « tardives », peu nombreuses et souvent nettement orientées, étaient en outre passées au crible de la religion chrétienne comme le montre sans ambiguïté la teneur des lignes de l’abbé de Fontenu.
8Le xixe siècle, âge d’or du thermalisme européen, vit la multiplication des découvertes archéologiques dans les stations thermales. Chacune rivalisait alors d’ingéniosité pour attirer une clientèle grandissante. À ce titre, l’ancienneté d’une station était un argument « publicitaire » de poids : il était donc de bon ton d’y découvrir des « antiquités » montrant que les Gaulois, déjà, appréciaient les bienfaits de ces eaux auxquelles ils vouaient un culte reconnaissant. Dans la lignée des travaux de J.-G. Greppo (Greppo, 1846, p. 1846), la grande synthèse consacrée par Louis Bonnard à la Gaule thermale, restituait ainsi auprès des sources un culte continu depuis l’époque gauloise jusqu’à l’époque romaine au moins (Bonnard et Percepied, 1908, v).
9Cette interprétation reposait sur la découverte, auprès de ces sources, voire dans le comblement de leurs puits, d’objets pré et protohistoriques (outillage lithique, céramique et monnaies essentiellement), ainsi que de structures en bois. L’emploi de ce matériau rustique était alors compris comme la preuve indubitable d’une maîtrise d’œuvre gauloise, en opposition avec la technicité des Romains qui n’auraient pas manqué d’avoir recouru à des matériaux plus « évolués » (Bonnard et Percepied, 1908, viii). La présence, auprès de ces sources, de divinités d’origine gauloise, attestées en nombre par l’épigraphie et les découvertes archéologiques, semblait également aller dans ce sens.
10La première moitié du xxe siècle se situe dans le prolongement des travaux antérieurs. Le grand historien de la Gaule, Camille Jullian, se faisait alors le chantre du culte de l’eau. Il écrivait ainsi, en 1908, que parmi « les forces immuables et innombrables qui engendraient la multitude des choses du sol », et dont les Gaulois avaient fait l’essence même de leur religion, « les plus nombreuses et les plus populaires étaient les eaux courantes : sources, fontaines, ruisseaux et fleuves ». Selon lui, « chaque canton se figurait à sa manière l’Esprit de sa source, […] masculin pour les uns, […] féminin pour les autres » (Jullian, 1908, p. 130). Cette vision, confortée par l’autorité de son auteur, connut une fortune considérable et reste encore aujourd’hui, pour bien des chercheurs, un socle idéologique quasi inamovible. On notera cependant que ces travaux ne se sont appuyés que sur l’étude des sources littéraires, complétée par l’utilisation de nombreuses inscriptions, tandis que les données proprement archéologiques sont quasiment absentes.
11La fin du xxe siècle et l’émergence de nouvelles données liées, notamment, au formidable développement de l’archéologie préventive en France, permirent, sinon de nuancer cette vision des religions gauloises, du moins de susciter quelques réserves quant à son acceptation aveugle et dogmatique.
12Claude Bourgeois, dans sa thèse publiée en 1991, admet en effet que les faits archéologiques précisément datés font cruellement défaut : « Il n’existe pas, à [sa] connaissance, dans une source ou dans un bassin, de couche d’offrandes datée sûrement de l’époque gauloise. » (Bourgeois, 1991, p. 214.) Ces réserves l’amenèrent à dénoncer un « poncif de la littérature aquatique : de même que l’on écrit que l’emploi thérapeutique des eaux remonte à la plus haute antiquité et se perd dans la nuit des temps, on fixe les origines du culte au passé le plus reculé ou aux temps immémoriaux. Ces origines du culte de l’eau restent en fait, pour l’archéologie, peu claires. Les génies gaulois de l’eau n’étaient pas représentés, n’avaient pas de temples et les offrandes qu’on leur aurait faites dans des points d’eau non aménagés, rares et d’invention ancienne, ne sont pas bien assurées » (Bourgeois, 1991, p. 215).
13On le voit donc, les années 1990 marquent l’amorce d’une réflexion critique sur la nature des cultes gaulois et, pour ce qui nous concerne, sur la place de l’eau. Ces approches nouvelles se fondent, contrairement à ce que nous avons vu jusque là, sur des observations archéologiques nombreuses et précises, rompant sensiblement avec la tradition philologique antérieure.
L’apport des sources littéraires
14Bien qu’à l’origine d’une longue série de travaux érudits, les textes anciens évoquant la religion et les pratiques rituelles en Gaule sont en réalité peu nombreux1. Parmi ceux-ci, seule une poignée évoque la présence ou l’utilisation de l’eau dans les lieux de culte et les rites en Gaule indépendante. Voyons quelles informations nous pouvons en tirer.
15Deux extraits, l’un de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, l’autre de l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, laissent à penser tout d’abord que l’eau ait pu, chez les Gaulois, jouer le rôle d’un instrument de libation et de purification, utilisé tantôt pour consacrer une victime avant son sacrifice, tantôt pour les ablutions rituelles de l’officiant préalablement à l’exécution d’un acte sacré, en l’occurrence la cueillette du gui.
16Le premier nous dit que les Gaulois « consacrent un homme aux dieux en l’aspergeant comme dans une libation puis ils le percent avec une épée2 ». Le second évoque les impératifs qui président à la cueillette : « Il faut être habillé en blanc, avoir les pieds nus et lavés très soigneusement3. » Ces deux textes décrivent des gestes rituels très proches des pratiques romaines : lustration des victimes et ablutions purificatoires.
17Aucun des deux auteurs ne peut cependant avoir observé lui-même ces pratiques, dans la mesure où, lorsqu’ils écrivirent, la Gaule était déjà sous domination romaine et ses cultes en voie de « romanisation ». Il ne peut donc s’agir que de sources de seconde main4. La similitude des gestes qu’ils décrivent avec ceux, bien connus, de la religion romaine, n’est en outre pas sans soulever d’interrogation : leurs descriptions ne sont-elles pas surtout des reconstructions intellectuelles de pratiques dont la substance leur échappait ? Faute de connaissances suffisantes, les auteurs s’adressant à un public latin auraient eu recours à des concepts et des images familières de la culture romaine, peut-être au mépris de la réalité ethnologique.
18Le texte bien connu de l’historien grec Strabon, contemporain de l’empereur Auguste, évoque le sac du sanctuaire de Delphes par plusieurs peuples gaulois, dont les Tectosages, et le devenir de leur butin. Selon l’auteur, citant lui-même Posidonius d’Apamée5, une partie au moins du trésor avait été « déposée en réserve dans les sanctuaires et les lacs sacrés6 » près de la ville de Toulouse. Il semble donc que l’eau, sous cette forme particulière, ait servi chez ce peuple gaulois de lieu de dépôt sacré. Ce passage, abondamment commenté depuis plusieurs siècles, mérite ici quelques réflexions. Encore une fois, la notion de lac sacré apparaît comme proprement méditerranéenne et se rattache au concept de lucus ou bois sacré7. Le fait que des richesses y aient été entreposées ne fait toutefois pas du lac et de son eau des objets de culte : l’élément liquide n’est ici qu’un contenant propice à dissimuler aux yeux des hommes un trésor dévolu aux dieux, comme le souligne bien la notion de « réserve ». Strabon éclaire justement cette fonction quelques lignes plus bas : « Plus que les autres lieux, les lacs permettent l’inviolabilité, aussi c’est en eux qu’ils immergent des barres d’argent mais aussi d’or8. » Le choix du lac, pragmatique, semble donc avant tout répondre à des impératifs profanes : il ne s’agit pas d’offrandes au lac ou à une quelconque divinité des eaux.
19Cette utilisation de l’eau comme cache pour un trésor de sanctuaire, bien qu’attestée dans le cas présent, ne doit cependant pas être généralisée à l’ensemble de la Gaule indépendante. Outre qu’aucune autre source n’en fasse état, il apparaît hautement probable que la mention de l’épisode tectosage par l’ethnographe grec Posidonius, cité par Strabon, se justifie précisément par son caractère unique et donc exceptionnel.
20Une scholie à la Pharsale de Lucain permet d’envisager un autre rôle de l’eau dans la religion gauloise, celui d’instrument du sacrifice : « Ainsi est honoré chez les Gaulois Teutates Mercure : un homme est précipité tête en avant dans un tonneau plein afin qu’il y suffoque9. » Cette mention doit cependant être considérée avec la plus grande prudence : son caractère extrêmement tardif, relevant probablement du ixe siècle, en fait une indication bien peu fiable.
21Les trois derniers extraits insistent quant à eux sur le caractère insulaire de plusieurs sanctuaires situés en façade atlantique. Strabon nous apprend ainsi, citant une nouvelle fois Posidonius d’Apamée, « qu’il y a dans l’Océan une petite île […] située en face de l’embouchure du fleuve Loire. Ce sont des femmes Samnites qui l’habitent, elles sont possédées de Dionysos qu’elles apaisent par des cérémonies et des rites sacrés10 ».
22Le même Strabon, citant cette fois-ci Artémidore11, évoque « une île en face de la Bretagne, sur laquelle sont célébrées des cérémonies religieuses, semblables à celles de Samothrace pour Déméter12 ».
23Pomponius Mela, enfin, écrivait au milieu du ier siècle apr. J.-C. : « Sena, dans la mer britannique, face aux côtes des Osismiens, est célèbre par son oracle à une divinité gauloise, dont on rapporte que les prêtresses, au nombre de neuf, sont consacrées par une chasteté perpétuelle13. »
24Ces trois extraits, bien que décrivant des sites insulaires, mettent surtout l’accent sur les particularités des rites, voire leur caractère extraordinaire dans certains cas (guérisons, métamorphoses, mises à mort, etc.). L’isolement suscité par la nature des lieux ne fait qu’amplifier la dramaturgie des scènes décrites et ajoute encore au mystère qui entourait ces sanctuaires. Ceux-ci semblent donc apparaître une nouvelle fois comme des épiphénomènes dont la description se justifie en raison de leur caractère exceptionnel, et non comme une manifestation courante de la religion gauloise.
25Quel que soit le crédit que l’on puisse accorder à ces textes, en raison de leur caractère tardif notamment, mais aussi de leur nécessaire partialité vis-à-vis du monde « barbare » perçu par des Romains civilisés, force est de constater qu’aucun d’entre eux, pas même les écrits rapportés des voyageurs grecs, ne fait état d’une prépondérance marquée de l’eau dans les religions gauloises. Celle-ci n’apparait que de façon anecdotique comme instrument liturgique. Le nombre très restreint de ces témoignages ne permet aucune conclusion probante, le caractère souvent extraordinaire des situations décrites incitant par ailleurs à n’y voir que des épiphénomènes et non un trait courant des religions gauloises. En résumé, ces différentes sources semblent difficilement exploitables et ne livrent en définitive aucune information déterminante pour notre enquête14.
La réalité des sources archéologiques
26Les sources littéraires étant peu prolixes, tournons-nous vers l’archéologie. Les progrès de la discipline ont permis, outre une connaissance accrue des sites, le renouvellement de certaines problématiques et l’apport d’un éclairage nouveau sur des faits paraissant jusqu’alors acquis. C’est ainsi que l’ancienneté supposée de nombreux sites dut être révisée car fondée sur des présupposés erronés. Nous savons par exemple aujourd’hui qu’il n’est pas rare de trouver sur des sites antiques, particulièrement des sanctuaires, des objets pré et protohistoriques, sans que ceux-ci n’indiquent d’occupation antérieure. De la même façon, il est aujourd’hui acquis que les monnaies gauloises ont circulé jusque tardivement dans le courant du ier siècle apr. J.-C. et ne constituent pas davantage la preuve d’une occupation gauloise des lieux. Autre argument employé jadis pour attester l’ancienneté d’un site, l’emploi du bois comme matériau de construction. Les exemples sont aujourd’hui suffisamment nombreux et bien datés pour affirmer que l’utilisation de ce matériau ne constitue en rien une spécificité gauloise15.
27À l’heure actuelle, la variété des sites mis au jour permet en outre d’illustrer la complexité de ces religions gauloises, tant dans la sphère privée que dans le domaine public. Les fouilles de grands ensembles cultuels, tels ceux de Fesques (76), de Gournay-sur-Aronde (60), d’Acy-Romance (08) ou encore de Ribemont-sur-Ancre (80) permettent de proposer l’existence de cultes et de croyances structurés, très éloignés de la vision primitiviste qui était proposée jusqu’ici16.
28Ces croyances étaient en outre sous-tendues par des conceptions théologiques fortes dont les druides étaient les promoteurs, ainsi que l’a démontré Jean-Louis Brunaux dans une récente étude17. Nous sommes ici bien loin du culte naturaliste de l’eau défendu jadis par Camille Jullian.
Quelques exemples de sites
29Nombreux sont les sanctuaires gallo-romains présentant un lien plus ou moins fort avec l’eau sous toutes ses formes. Mais qu’en est-il de leurs origines ? Ces sites succèdent-ils à des lieux de culte plus anciens, perpétuant ainsi des pratiques et des croyances gauloises ? Le nombre de ces sites (fig. 1), ne permet pas de présenter ici une étude exhaustive de la question. C’est pourquoi nous avons choisi, dans le cadre de cette présentation, de nous attarder sur un petit nombre de cas qui nous semblaient particulièrement révélateurs.
30Quand on évoque la survivance, au travers de sanctuaires gallo-romains, de cultes et de pratiques antérieures, l’un des exemples les plus souvent évoqués est celui du sanctuaire de la Fontaine, à Nîmes (30). Aujourd’hui interprété comme un site consacré au culte impérial18, le lieu de culte tire son origine d’une résurgence vauclusienne autour de laquelle se serait établi un premier sanctuaire, qui aurait ensuite donné naissance à la ville elle-même19. Ceci expliquerait que la cité ait pris le nom de la divinité topique de la source : Nemausus, connue par ailleurs par l’épigraphie. L’ancienneté du lieu de culte serait attestée notamment par la présence du théonyme sur des monnayages gaulois, mais aussi par la découverte, ancienne et non localisée, d’inscriptions gallo-grecques (Sauvage, 1992, p. 112). La mise au jour récente, dans les environs du sanctuaire, de la fondation d’un portique monumental, sans doute associé à une statue de personnage accroupi et à un linteau à cavités céphaliformes, tous deux découverts en remploi, semble avoir entériné cette interprétation (Guillet et al., 1992, p. 59-65).
31Mais ces derniers éléments, par comparaison avec des sites proches tels que celui de l’oppidum d’Entremont (13), se rapportent davantage à un culte guerrier ou un culte des morts et des ancêtres héroïsés, et ne semblent en aucun cas lié à l’eau (Lejeune, 1992, p. 100). Par ailleurs, la distance qui sépare ces découvertes de la source, une centaine de mètres environ, n’autorise aucune conclusion quant à leur lien hypothétique avec le point d’eau.
32En ce qui concerne la chronologie, le portique et les éléments associés ont pu être datés, par la fouille, du début du ier siècle av. J.-C. (Guillet et al., 1992, p. 60). Les inscriptions gallo-grecques, bien que très discutées (Lejeune, 1992, p. 90), semblent également relever de cette période à laquelle Nîmes, et la province de Transalpine dans son ensemble, étaient déjà sous domination romaine20.
33Il n’existe donc aucun élément tangible permettant d’affirmer qu’il ait jamais existé, à Nîmes, de sanctuaire ou de culte antérieur à l’entrée de la région dans la sphère d’influence romaine. La naissance de ce culte, en l’état actuel des connaissances, ne saurait en effet remonter au-delà du début du ier siècle avant notre ère, et résulterait d’une création « gallo-romaine » plus que gauloise. Toute autre affirmation relève de la pure spéculation.
34De nombreux sites, présentant à première vue des caractéristiques proprement gauloises, se sont révélés, grâce à la fouille et aux progrès des méthodes de datation, dater sans ambiguïté de la période gallo-romaine. C’est le cas notamment des sanctuaires de Chamalières (63) et des Sources-de-la-Seine (21), tous deux connus, entre autres, pour les centaines, voire les milliers de sculptures en bois au style très rudimentaire, apparues lors des fouilles (fig. 2)21. On pourrait penser, comme le faisaient les érudits du xixe et du début du xxe siècle, que l’emploi de ce matériau est révélateur de l’origine gauloise de ces offrandes. Cependant, dans un cas comme dans l’autre, la dendrochronologie a livré des datations toutes contemporaines ou postérieures à l’époque augustéenne. Aucun de ces deux sites, en l’état actuel des connaissances, n’a par ailleurs livré de preuve d’une occupation protohistorique, dans des contextes pourtant particulièrement propices à la conservation des matériaux périssables.
35Les petits sanctuaires de Deneuvre (54) et de Montlay-en-Auxois (21), dépourvus de temple à proprement parler, et dont les aménagements se limitent à des bassins de captage (fig. 3), le plus souvent en bois22, ont pu, en raison de leur caractère fruste, donner l’impression d’appartenir à une tradition gauloise de culte naturaliste. Là encore, la fouille a montré que ces sites étaient bien postérieurs à la conquête césarienne des Gaules, le premier n’ayant livré aucun élément antérieur au milieu du iie siècle de notre ère (Moitrieux, 1992, p. 113), et le second étant créé ex nihilo au début du même siècle (Bénard et al., 1994, p. 191).
36Le caractère très rudimentaire des aménagements du petit sanctuaire rural de Brottes, sur la commune de Chaumont (52), peut également sembler révélateur d’une origine gauloise du lieu de culte. Celui-ci consiste en un simple bâtiment rectangulaire d’environ 4 × 2,5 m, interprété comme un temple, et implanté sur une terrasse artificielle aménagée le long d’un exutoire karstique23. Les alentours du temple, comme le gouffre karstique, ont livré des éléments de sculptures en pierre très frustes, des monnaies et un autel portant une dédicace en latin à la déesse Atesmerta. Ce théonyme, manifestement gaulois, pouvait également être interprété comme un indice d’une origine ancienne du lieu de culte. Cependant, là encore, les fouilles ont montré, en l’absence de tout élément antérieur, que le sanctuaire était une création ex nihilo de l’époque augustéenne (Thomas, 2003, p. 71).
37Ces différents exemples prouvent que, là où l’on aurait attendu des preuves d’une origine gauloise d’un lieu de culte, l’archéologie a permis de mettre en évidence le caractère proprement gallo-romain de ces sanctuaires dans lesquels l’eau joue pourtant un rôle central.
38Il existe cependant de nombreux sites sur lesquels une occupation gauloise antérieure à la conquête romaine est clairement attestée. C’est le cas notamment de l’oppidum mandubien d’Alise-Sainte-Reine, dans lequel les chercheurs s’accordent aujourd’hui à reconnaître le site d’Alésia, lieu de la défaite de Vercingétorix et des armées gauloises face à César et à ses légions24. La ville était établie sur un plateau dont l’extrémité orientale présentait plusieurs sources pérennes autour desquelles un sanctuaire est connu de longue date25. Les fouilles, reprises en 2008, n’ont jusqu’ici révélé que de très rares traces d’une fréquentation des lieux, par ailleurs non caractérisée, dont la datation ne semble pas remonter au-delà du début du ier siècle av. J.-C.
39La première installation cultuelle reconnue a été datée quant à elle du début du ier siècle apr. J.-C. et s’inscrit donc pleinement dans l’époque gallo-romaine (Cazanove, 2009, p. 309-314).
40Ainsi, même à Alésia, place pourtant hautement symbolique de l’identité gauloise, et malgré le théonyme celtisant de la divinité tutélaire des lieux, Apollon Moritasgus, le sanctuaire de la Croix-Saint-Charles apparaît comme une création augustéenne et ne présente à l’heure actuelle aucune origine gauloise tangible.
41Les fouilles du site de Genainville (95) ont en revanche montré la présence d’une occupation antérieure à l’emplacement du futur sanctuaire, sous la forme d’une nécropole constituée entre les vie et ive siècles av. J.-C.26.
42Le lieu de culte se trouve au fond d’un vallon, à l’emplacement d’une source correspondant à l’exutoire de la nappe phréatique sous-jacente, dont les eaux furent captées à l’époque gallo-romaine au moyen de trois bassins directement accolés au temple (Collectif, 2008, p. 41-47). Si ce site, sur lequel l’eau semble avoir joué un rôle central, a bel et bien connu une occupation gauloise, celle-ci ne relève pourtant pas directement du domaine cultuel. De plus, l’occupation du site, entre la fin de l’utilisation de la nécropole et l’aménagement du sanctuaire, présente un important hiatus de plus de deux siècles et demi, qui n’offre aucune solution de continuité entre les deux installations27.
43La vocation cultuelle du site semble donc naître, au plus tôt, au milieu du ier siècle av. J.-C. avec la construction d’un premier état du sanctuaire, et appartient une nouvelle fois à l’époque antique.
44Rares sont donc les sites liés à l’eau et ayant livré les traces d’une activité cultuelle antérieure aux aménagements d’un sanctuaire gallo-romain. Deux exemples doivent néanmoins être évoqués ici. Il s’agit en premier lieu de celui d’Aubigné-Racan (72). Implanté au fond de la vallée du Loir, dans un contexte assez marécageux où l’eau était fortement présente, le site était dominé, au sud-ouest, par un éperon fortifié vraisemblablement occupé durant les deux derniers millénaires avant notre ère (Lambert et Rioufreyt, 2001, p. 142). À l’emplacement même du futur site gallo-romain, plusieurs zones funéraires, matérialisées par la présence de tumuli, ont été découvertes lors de fouilles récentes. Cette première occupation couvre une période s’étendant du iiie siècle au milieu du ier siècle avant notre ère (Lambert et Rioufreyt, 2006, p. 223).
45Parallèlement, des explorations plus récentes ont mis au jour, dans une zone marécageuse jouxtant au nord le site du futur sanctuaire, un dépôt d’objets métalliques composé de pièces d’armement, de lingots monétaires, d’anses de chaudrons, etc. La nature de ces éléments, par comparaison avec d’autres sites, indique que nous sommes sans doute en présence du mobilier d’un sanctuaire, dont la datation peut être établie au milieu du iiie siècle av. J.-C. (Lambert et Rioufreyt, 2006, p. 224).
46Encore une fois, un hiatus dans la documentation archéologique laisse à penser que le site ait connu une période d’abandon, avant la construction du temple à l’époque flavienne, dans le troisième quart du ier siècle apr. J.-C. La fouille exhaustive de ce monument a montré qu’il se limitait, dans un premier état, au seul temple central, auquel furent adjoints, sans doute au début du iie siècle, un péribole et un bassin dont le mode d’alimentation en eau a totalement disparu (fig. 4), (Lambert et Rioufreyt, 2006, p. 224-227).
47Aubigné-Racan nous fournit donc l’exemple d’un site densément occupé durant le second âge du Fer, avec des indices de lieu de culte28, mais présentant un hiatus d’environ un siècle avant l’établissement du sanctuaire gallo-romain. Il est en outre intéressant de noter que celui-ci, bien qu’édifié dans un environnement riche en eau, n’a pas d’emblée été équipé de structures hydrauliques, celles-ci n’apparaissant que dans un second temps, au début du iie siècle.
48Second exemple, la Douix de Châtillon-sur-Seine (21) constitue à notre connaissance l’un des rares cas, sinon le seul, de lieu de culte attesté en Gaule dès la Protohistoire et présentant un lien avéré avec l’eau. Le site se limite à la seule vasque d’une résurgence karstique et ne semble avoir fait l’objet d’aucun aménagement spécifique (fig. 5). Des opérations de pompage, destinées à permettre l’exploration par les spéléologues du réseau karstique immergé, ont permis d’en extraire un abondant mobilier se répartissant en deux ensembles principaux29. Le premier se compose de plus de deux cents fibules en fer dont la datation s’échelonne du viie au ive siècle av. J.-C., et atteste des pratiques cultuelles autour de cette source, sous la forme d’offrandes sans doute jetées à même le bassin de la résurgence. Cet ensemble était accompagné d’éléments gallo-romains postérieurs au milieu du ier siècle av. J.-C., sous la forme de monnaies et de sculptures en pierre, probablement des figurations votives. Ce mobilier se rapporte à deux phases d’occupation distinctes, toutes deux à vocation clairement cultuelle, mais séparées une nouvelle fois par un hiatus de plus de trois siècles. Ces deux époques se distinguent en outre par des offrandes différentes reflétant l’évolution des pratiques cultuelles.
49Ainsi, si l’existence d’un sanctuaire gaulois lié à l’eau est ici clairement attestée entre les viie et ive siècles av. J.-C., l’absence de tout élément relatif au second âge du Fer laisse supposer que le site ait été abandonné pendant plusieurs siècles, avant d’être « réactivé » à l’époque gallo-romaine.
50L’archéologie a pourtant permis de montrer, sur bien des sites, une continuité d’occupation entre sanctuaires gaulois et gallo-romain. Qu’en est-il donc de l’eau sur ces lieux de culte ? L’immense majorité des cas ne révèle aucune présence de l’eau ni aucun aménagement hydraulique. Le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre (80) illustre parfaitement ceci : implanté sur le rebord d’un plateau, il ne disposait naturellement d’aucune ressource en eau.
51Créé au début du iiie siècle av. J.-C., à l’origine sous la forme d’un trophée commémorant une bataille, ce lieu de culte connut une occupation ininterrompue jusqu’à la fin de la période romaine. Initialement dépourvu de toute structure hydraulique, il fut doté, au milieu du ier siècle de notre ère, d’un puits situé à côté de l’entrée principale (Brunaux, 2010, p. 84-85). Ainsi, le site gaulois reçut-il sa première et unique installation hydraulique seulement à l’époque julio-claudienne. Des observations similaires peuvent être faites sur bien des sanctuaires attestés dès l’époque gauloise dans des contextes naturellement dépourvus de ressource en eau. C’est le cas notamment à Jublains (53) où les fouilles ont permis de proposer l’existence d’un sanctuaire gaulois, remontant au moins à la fin du iie siècle av. J.-C., mais qui ne se vit doté d’installations hydrauliques, par ailleurs extrêmement sophistiquées, qu’à la fin du ier siècle apr. J.-C.30.
Les sites d’Allonnes (72) et Mirebeau-sur-Bèze (21) présentent tous deux une situation analogue.
52Les fouilles récentes ont montré qu’il s’agissait de deux sites d’origine gauloise31 ayant connu une occupation continue jusqu’à la fin de l’Antiquité, mais initialement dépourvus de toute ressource en eau. À Allonnes, le programme monumental initié à l’époque flavienne vit la construction, sans doute au début du iie siècle d’un bassin luxueusement plaqué de marbre implanté précisément dans l’axe du temple sur podium (Brouquier-Reddé et al., 2004, p. 112-113). À Mirebeau-sur-Bèze, ce sont deux bassins successifs, le plus ancien relevant lui aussi de la période flavienne, qui furent établis à l’avant du temple, et alimentés en eau au moyen d’une canalisation souterraine32. Nous sommes donc en présence de deux nouveaux exemples de l’arrivée « tardive » de l’eau sur des sites pourtant occupés dès l’époque gauloise.
53La quinzaine d’exemples étudiés ici illustre donc plusieurs cas de figure (fig. 6). Dans le cas de sites naturellement pourvus de ressources en eau, on observe tantôt une réactivation d’anciens lieux de culte après une longue période d’abandon, tantôt une création ex nihilo autour de points d’eau le plus souvent sommairement aménagés. Aucun exemple de continuité entre un site gaulois et une occupation cultuelle gallo-romaine, autour d’un point d’eau, n’a pu être formellement identifié. Dans tous les cas, la période augustéenne apparaît comme charnière et marque, semble-t-il, l’émergence d’un phénomène cultuel nouveau qui fait de l’eau un élément important de nombreux lieux de culte.
54Dans le cas de sites dépourvus de ressource en eau, nous avons vu que, même dans des sanctuaires à l’origine gauloise certaine, l’eau n’apparaissait pas avant l’époque gallo-romaine, la plupart du temps à partir du milieu du ier siècle de notre ère. Sur de nombreux sites, le iie siècle correspond à une phase de monumentalisation qui voit l’arrivée ou l’accroissement de ressources en eau dans les sanctuaires (Allonnes, Aubigné-Racan, Jublains)33.
55À la lecture de ces données, la vision généralement admise, consistant à considérer la prépondérance de l’eau comme un héritage gaulois qui transparaîtrait dans la religion et l’architecture des sanctuaires gallo-romains, après son adaptation syncrétique, ne doit-elle pas être nuancée ? Il ressort de tous les éléments évoqués ici que rien, ni dans les sources textuelles ni dans les sources archéologiques, ne permet aujourd’hui de reconnaître à l’eau un quelconque rôle prépondérant dans les rites et les lieux de culte gaulois.
56Mieux, en l’état actuel des données, tout semble indiquer que la primauté de l’eau dans la religion gallo-romaine, si elle répond à une adoption culturelle, serait davantage un trait romain adopté, transformé et peut-être amplifié par les Gaulois en cours d’acculturation.
57Toutefois, et nous conclurons là-dessus, plusieurs réserves doivent être ici exprimées. Il est tout d’abord possible que les manifestations religieuses des Gaulois au bord de l’eau aient revêtu des formes que nous ne pouvons ou ne savons pas reconnaître aujourd’hui, soit qu’elles n’aient pas laissé de trace, soient que celles-ci n’aient pas encore été découvertes ou soient mal interprétées.
58Leur absence dans les textes latins s’expliquerait simplement par le fait que les Romains, possédant des rites similaires, n’ont pas cru bon de les signaler car sans intérêt en regard de faits moins ordinaires.
59Partant du postulat que l’absence de preuve ne constitue pas la preuve de l’absence, aucune conclusion définitive ne nous est permise. Constatons toutefois que l’analyse objective de données archéologiques permet aujourd’hui d’aborder sous un angle nouveau l’histoire du culte de l’eau en Gaule et de mettre en lumière les phénomènes d’acculturation gallo-romaine à l’époque augustéenne.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Voir la synthèse et les transcriptions présentées dans Goudineau, 2006, p. 207-217.
2 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 31 (trad. J.-L. Brunaux, dans Goudineau, 2006, p. 210).
3 Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XXIV, LXII, par. 103-104 (trad. J.-L. Brunaux, dans Goudineau, 2006, p. 214).
4 Diodore de Sicile écrivait à l’époque augustéenne (fin du ier siècle av. J.-C.) et Pline l’Ancien dans le troisième quart du ier siècle apr. J.-C.
5 Posidonius d’Apamée (135-51 av. J.-C.), historien, géographe et philosophe grec, fit un voyage en Gaule une cinquantaine d’années avant la conquête césarienne du milieu du ier siècle av. J.-C. Ses écrits ne sont connus que par les citations qu’en ont faites les auteurs postérieurs.
6 Strabon, Géographie, IV, 1, 13 (trad. J.-L. Brunaux, dans Goudineau, 2006, p. 211).
7 Sur ces questions de bois sacré, voir notamment Cazanove et Scheid, 1993.
8 Strabon, Géographie, IV, 1, 13 (trad. J.-L. Brunaux, dans Goudineau, 2006, p. 211).
9 Scholies dites « bernoises » à la Pharsale de Lucain, livre I, vers 445 (trad. J.-L. Brunaux, dans Goudineau, 2006, p. 217). Une scholie est une note manuscrite ajoutée en marge du texte original par un copiste.
10 Strabon, Géographie, IV, 1, 13 (trad. J.-L. Brunaux, dans Goudineau, 2006, p. 212).
11 Géographe grec du ier siècle av. J.-C., auteur d’une Géographie en onze volumes aujourd’hui perdue, et qui visita la plupart des contrées riveraines de la Méditerranée.
12 Strabon, Géographie, IV, 4, 4 à 6 (trad. J.-L. Brunaux, dans Goudineau, 2006, p. 212).
13 Pomponius Mela, Chorographie, III, 6, 48 (trad. J.-L. Brunaux, dans Goudineau, 2006, p. 213).
14 La mise en avant de l’eau dans l’étude des religions gauloises, jusqu’à une époque très récente, s’explique en grande partie par l’utilisation quasi exclusive et la mise en exergue de deux épisodes, celui des lacs sacrés des Tectosages, et un récit de Grégoire de Tours, daté du vie siècle, évoquant des pratiques d’offrandes sur les rives d’un lac chez les Gabales (De gloria confessorum, chap. II ; l’épisode concerne pourtant une population depuis longtemps « romanisée » et ne se réfère en aucun cas à des pratiques gauloises).
15 Dans tous les domaines, l’usage du bois n’a jamais disparu des pratiques architecturales au cours de l’Antiquité. En ce qui concerne les installations hydrauliques, voir notamment le cas du Vieil-Evreux (Wech, 2008a).
16 À propos de ces différents sites, voir notamment Mantel, 1997 ; Brunaux et al., 1985 ; Lambot, 2006 ; Brunaux, 2010.
17 J.-L. Brunaux (Brunaux, 2006), démontre brillamment que les druides étaient avant tout des philosophes, dont le savoir était reconnu même des savants grecs.
18 Voir notamment Gros, 1985, qui fournit en outre une description des structures du sanctuaire. Voir également Bourgeois, 1992, p. 233-245 et Gans, 1990.
19 La question de l’origine protohistorique supposée du site est évoquée notamment dans Sauvage, 1992, qui propose une bonne synthèse des données.
20 La conquête de la Prouincia, correspondant à notre actuelle Provence, s’est faite en 121 av. J.-C. Nîmes, au début du ier siècle av. J.-C., était donc déjà sous l’influence romaine.
21 Pour le site de Chamalières, voir en priorité l’excellente publication de Romeuf et Dumontet, 2000. Pour les Sources-de-la-Seine, on se réfèrera essentiellement à Deyts, 1983.
22 Voir notamment Moitrieux, 1992, et Bénard et al., 1994.
23 Toutes les informations sur ce site, fouillé au début des années 1990, sont à rechercher dans
Thomas, 2003.
24 Voir notamment la synthèse de M. Reddé sur le site et son historiographie (Reddé, 2003).
25 Les fouilles du commandant Émile Espérandieu, menées de 1909 à 1913, sont à l’origine de notre connaissance actuelle du site (sur ces fouilles, voir notamment Espérandieu, 1912).
26 Quoi que parfois remise en cause, la synthèse la plus récente sur ce site toujours en cours de fouille peut être trouvée dans Mitard, 1993. Voir également Collectif, 2008.
27 Les datations sont tirées de Mitard, 1993, et n’ont, à l’heure actuelle, pas été remises en cause par les nouvelles avancées des fouilles.
28 La présence de mobilier attribuable à un sanctuaire dans une zone marécageuse n’indique pas nécessairement qu’il s’agisse là de la manifestation d’un culte gaulois de l’eau. Des études récentes (Brunaux et Malagoli, 2003, p. 25) ont en effet montré que les objets offerts dans les sanctuaires, après une phase d’exposition plus ou moins longue, étaient ensuite extraits du lieu de culte, désacralisés, sans pour autant rejoindre le monde profane. Leur dissimulation pouvait alors se faire dans des fosses, des fossés, ou tout simplement dans une zone marécageuse, ce qui ne nécessitait aucun effort tout en assurant aux objets une protection suffisante (cf. nos observations sur le lac sacré des Tectosages).
29 Consulter notamment Buvot et al., 1997.
30 Toutes les informations sur ce site sont dans Naveau, 1997.
31 La présence d’armes mutilées dans les niveaux profonds du site d’Allonnes, toujours en cours de fouille, permet de restituer avec quelque assurance l’existence d’un sanctuaire au moins dès le iiie siècle av. J.-C. (Brouquier-Reddé et Gruel, 2004, p. 295). À Mirebeau-sur-Bèze, la fouille a montré que la création du sanctuaire remonte au moins au début du iiie siècle avant notre ère (Joly et Lambert, 2004, p. 233).
32 Nous devons cette information à Martine Joly (université Paris-Sorbonne Paris IV), responsable des fouilles sur ce site, que nous remercions ici chaleureusement pour son aide.
33 À Cracouville (27), où aucune origine gauloise n’est attestée, l’installation d’une adduction d’eau se fait au début du iie siècle par une dérivation d’un aqueduc proche (Wech, 2008b).
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologie et Sciences de l’Antiquité. Sujet de thèse :
Les sanctuaires et l’eau en Gaule romaine.
Directrice : F. Dumasy. Soutenance prévue fin 2013.
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