Face à la concurrence
p. 330
Texte intégral
1L’éminente position atteinte par le port de New York pendant la guerre de Sécession est battue en brèche, peu de temps après le retour à la paix civile, par ses voisins et rivaux, Boston, Philadelphie et Baltimore. On se doute que la Ville-Empire n’est pas prête à accepter sans broncher un tel travail de sape qui pourrait à la longue remettre en cause les bases mêmes de sa prospérité. Face à la concurrence, il lui faut réagir. Mais pour que l’action soit efficace, encore faut-il que le diagnostic du mal soit judicieux. Une réponse méthodique suppose une compréhension claire et hiérarchisée des causes qui sont à l’origine des difficultés.
2Deux propositions simples désignent l’agent unique des malheurs de la cité. La première affirme que les difficultés new-yorkaises sont imputables aux autres, à ceux sur lesquels on ne dispose guère de moyens d’action directs ; dans ce cas, l’ennemi débusqué, ce sont les tarifs ferroviaires différentiels qui construisent la fortune des autres ports sur la ruine de New York, A l’opposé, la seconde souligne que la ville et l’Etat de New York sont responsables du déclin dont ils se plaignent, car ils négligent un atout maître comme le canal Erié et améliorent trop lentement et sans souci des intérêts du commerce les infrastructures portuaires que réclament les nouvelles conditions du négoce et de l’échange. Entre ces deux thèses, on peut imaginer toutes sortes de compromis faits de dosages différents, une répartition des torts plus ou moins équitablement distribuée, mais il ne semble pas qu’il existe de balance capable de mesurer avec précision la hiérarchie des causes. Aussi faut-il se satisfaire d’une pesée impressionniste des éléments fondamentaux isolés par l’analyse, qui entrent dans les combinaisons que sont les diverses situations. Dans les deux crises de 1874-1882 et de 1896-1900, on retrouve au centre des controverses les trois déterminants évoqués précédemment : les tarifs ferroviaires différentiels, l’état des canaux, l’efficacité des installations portuaires terminales. Et ces débats ne sont pas pure rhétorique, car ils mettent en jeu, sur le plan local, un nombre d’emplois élevé et des intérêts économiques considérables.
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