Pratique de cueillette sur le site de Khirokitia au Néolithique pré-céramique chypriote
p. 13-36
Résumés
Le site de Khirokitia, situé au sud de l’île de Chypre, constitue aujourd’hui le site le plus important de la période Néolithique pré-céramique récent, à l’apogée du développement de la Culture dite de Khirokitia entre 6800 et 5500 av. J.-C. Fouillée par une mission française entre 1976 et 2009, le site a fait l’objet de prélèvements systématiques de sédiments pour la réalisation d’études archéobotaniques publiées en 1977, 1984, 1989 et 1991. Dans le cadre d’un travail de thèse, 420 échantillons de ce site ont été analysés afin de parachever l’étude carpologique du site, notamment pour les niveaux les plus anciens encore non étudiés. L’étude présente les résultats préliminaires de l’analyse des carpo-restes de fruits sauvages issus de l’activité de cueillette, ressource alimentaire saisonnière et complémentaire de celle de l’économie de production agro-pastorale, en cours de développement durant la période Néolithique. La conservation remarquable et la diversité des carpo-restes permettent de reconnaitre l’importance de l’activité de cueillette au Néolithique pré-céramique et de reconnaître, avec l’aide de l’étude anthracologique, l’environnement végétal passé exploité autour de Khirokitia. Les contextes de prélèvements permettent, dans un second temps, d’évaluer les pratiques d’exploitation et de traitement de ces ressources au sein du village.
Khirokitia site, located south of the island of Cyprus, is now the most important site of the late pre-ceramic Neolithic period, during the development of the Khirokitian Culture between 6800 and 5500 BC. Excavated by a French mission between 1976 and 2009, the site has been the subject of systematic sampling of sediments for archaeobotanical studies published in 1984, 1989 and 1991.
Our PhD work is now conducted on 420 samples, analysed in laboratory (UMR 7209), with aims to complete the study of plants macro-remains on this site and including the oldest levels not yet studied. This study aims to analyze the plants macro-remains from the gathering, which provide seasonal food resource, complementary of agropastoral resources, under development during Neolithic period. The remarkable conservation of carpo-remains allows us to distinguish the importance of gathering during pre-ceramic Neolithic, and, thanks to anthropological study, past exploited environment. Context of sampling permit to evaluate the mining and processing of these resources within the village.
Entrées d’index
Mots-clés : cueillette, fruit, environnement, néolithique
Keywords : fruit, environment, Neolithic, gathering
Texte intégral
1La cueillette est définie comme la collecte de différentes parties de plantes sauvages (graines, fruits, racines, feuilles, etc.) pouvant être consommées par l’homme. Elle constitue le seul mode d’acquisition des denrées alimentaires d’origine végétale chez les chasseurs-cueilleurs et peut également jouer un rôle important chez les populations où la subsistance est principalement fondée sur l’agriculture. Chez ces dernières, la cueillette constitue alors un complément à l’alimentation de base, fournissant un apport saisonnier, diversifié et souvent riche en éléments nutritifs complémentaires comme les vitamines et les sucres naturels. Les enquêtes réalisées auprès de petites communautés villageoises méditerranéennes actuelles montrent la consommation d’une centaine de plantes sauvages régionales et l’importance des significations sociale et culturelle, du goût et des traditions locales dans le choix des plantes récoltées (Ertug, 2009 ; Hadjichambis, 2008). La cueillette suppose une bonne connaissance de l’environnement, des caractéristiques des plantes sauvages et de leur disponibilité (saisonnalité, distribution). Elle nécessite parfois aussi des connaissances technologiques précises impliquées dans l’acquisition et la préparation des denrées alimentaires (trempage, grillage, etc.).
2Bien que constituant une activité importante chez beaucoup de sociétés du passé, la cueillette n’est pas toujours aisée à mettre en évidence en contexte archéologique. Elle nécessite généralement l’utilisation de relativement peu d’outils (cueillette à la main) qui sont de surcroît moins spécifiques que ceux utilisés dans l’agriculture (Hadjichambis, 2008). Les chaînes opératoires sont également plus difficiles à mettre en évidence que celles appliquées de façon systématique et à plus large échelle aux plantes cultivées, par exemple lors du traitement des céréales (dépiquage, vannage, décorticage). Aussi, les restes botaniques de taxons sauvages comestibles préservés dans les sites archéologiques constituent une source d’information importante sur l’existence des pratiques de cueillette. Cependant, ces vestiges, par leur mode de consommation puis de préservation, subissent certains biais qu’il importe de considérer lors de la reconstitution des pratiques de subsistance. Tandis que certains élément végétaux, notamment graines et certaines parties des fruits (coques, noyaux), sont préservés, sous forme carbonisés ou minéralisée, d’autres plus fragiles, comme les feuilles, bourgeons et tubercules, ne sont attestés que dans des conditions très particulières (sites en milieu humide, conditions d’hyperaridité).
3L’étude présentée dans cet article porte sur les pratiques de cueillette sur le site de Khirokitia à Chypre et vise à mieux comprendre la part de cette activité dans une économie agro-pastorale caractéristique du Néolithique pré-céramique récent de l’île. Les éléments d’information dont nous disposons, préalablement définis, permettront d’analyser les stratégies d’acquisition, au sein d’un environnement végétal autour du site, et les modes de dépôt à l’intérieur du village de Khirokitia tout au long de sa séquence.
Néolithique pré-céramique de Chypre
4Chypre, en Méditerranée orientale (fig. 1), est la première île colonisée par les communautés proche-orientales. Dans l’état actuel des connaissances, elle fournit, de manière claire, les premières attestations d’une diffusion économique et culturelle depuis le continent, dès le début du IXe millénaire av. J.-C.
5Les premiers témoignages d’une présence de l’homme à Chypre remontent à environ 10000 av. J.-C. Il s’agit de brèves visites saisonnières, sur les sites d’Akrotiri-Aetokremnos et d’Akamas-Aspros, par des communautés de chasseurs-cueilleurs. L’industrie lithique correspond grossièrement aux traditions épipaléolithiques du Levant (12000-9500 av. J.-C) où un mode vie alternatif à l’économie de prédation (chasse, pêche, cueillette) émerge petit à petit. Sur le continent, on voit se développer une économie de production de subsistances fondée sur l’agriculture et l’élevage. Les premières expérimentations agricoles apparaissent au « Pre-Pottery Neolithic A » dit PPNA (9500 et 8700 av. J.-C.), et l’élevage à partir du PPNB ancien (8700-8200 av. J.-C.).
6Au cours du PPNA, les sites d’AyiosTychonas-Klimonas et de Varvara-Aspokremnos à Chypre montrent l’existence de contacts entre l’île et le continent. Les constructions de plan circulaire ou semi-enterrées ainsi que l’industrie lithique évoquent une tradition du PPNA. L’économie de subsistance du campement temporaire d’Aspokremnos repose sur la chasse. Les découvertes récentes du petit village de Klimonas, en cours de fouilles, indiquent la présence et l’utilisation de céréales, sauvage ou domestique, et de sangliers sauvages (Vigne et al., 2011 ; 2012).
7Il faut attendre 8200 av. J.-C. pour voir l’installation dans l’île de communautés agricoles comme Parekklisha-Shillourokambos, Kalavassos-Tenta, Akanthou-Arkosykos, et Kissonerga-Mylouthkia. Cette période, le Néolithique pré-céramique ancien (8200-7000 av. J.-C.) correspond, sur le continent, au PPNB moyen (8200-7600 av. J.-C.) et au PPNB récent (7600-7000 av. J.-C.), (fig. 1). Ces communautés agro-pastorales montrent de claires affinités avec le continent dans le domaine économique et culturel, qui impliquent l’existence de contacts, attestés par l’introduction dans l’île de savoir-faire, de matériels lithiques et d’espèces animales et végétales. Ces dernières sont composées de bœufs, moutons, chèvres, cochons pour l’élevage ; d’engrain, blé amidonnier, orge, lentille, petit pois pour l’agriculture. Le daim est aussi introduit pour la chasse car, comme dans les sociétés néolithiques continentales, l’économie de prédation coexiste avec l’économie de production. En ce qui concerne l’industrie lithique taillée, on remarque des transferts techniques (débitage laminaire sur nucléus bipolaire et pointes de flèches) mais aussi l’apport de produits finis en obsidienne (Guilaine et Briois, 2001 ; Peltenburg et al., 2001).
8Peu à peu, les contacts entre l’île et le continent semblent s’étioler. En effet, les importations d’obsidienne s’amenuisent, le stock d’animaux n’est plus renouvelé, le bœuf disparait, et l’industrie lithique taillée montre les premiers signes d’une transformation. Cette évolution aboutit, au début du VIIe millénaire, à l’émergence d’une culture originale, la culture dite de Khirokitia ou Néolithique pré-céramique récent, 6800-5500 av. J.-C. (fig. 1).
9Cette culture est illustrée par les occupations de Cap Andreas-Kastros, Petra tou-Limniti, Khirokitia, Troulli, Cap Greco, Dhali-Agridhi, la fin de la séquence de Kalavassos-Tenta, répartis sur l’ensemble de l’île. Le site le plus important est Khirokitia qui, par la richesse des vestiges mis au jour, illustre le mieux cette période (Le Brun, 1990).
Le site de Khirokitia
10Le site de Khirokitia se trouve dans la partie sud de l’île, accroché aux flancs d’une colline, à 210 m d’altitude, enserrée par la rivière Maroni. Situé à 6 km à vol d’oiseau du rivage actuel, dans les piedmonts sud du Massif du Troodos, il bénéficie de ressources forestières, hydrophiles et marines proches.
11Découvert en 1934, Khirokitia fait l’objet de fouilles menées, entre 1936 et 1946, par P. Dikaios, au nom du Département des Antiquités Chypriotes (Dikaios, 1953), sur le flanc sud de la colline. Une brève campagne de deux sondages est effectuée en 1972 par N. P. Stanley Price et D. Christou (Stanley Price et Christou 1973). C’est en 1976 qu’une mission française, dirigée par A. Le Brun et O. Daune-Le Brun, reprend les recherches au sommet de la colline puis sur le flanc nord (Le Brun, 1984 ; 1989 ; 1994a). Les fouilles conduites entre 1977 et 2009 ont permis d’établir une longue séquence chronologique comprenant treize niveaux principaux (fig. 2).
12Le village se compose d’habitations constituées du groupement d’éléments construits, organisés autour d’une cour extérieure centrale, lieu d’activités domestiques (meules, bassins, cuvettes). Ce mode d’organisation laisse penser que « les mêmes activités sont effectuées conjointement dans le même ensemble par plusieurs personnes » (Le Brun, 1994b) et il est très probable qu’un ensemble d’éléments d’habitation abrite une famille élargie. Entre les différents ensembles d’habitations, il existe des espaces extérieurs « neutres », habituellement à forte densité de matériel (silex et faune), utilisés comme décharges et/ou comme zone de circulation (Le Brun, 1994b).
13Le village est entouré par un mur d’enceinte et couvre une superficie qui, lors de l’extension maximale de la surface construite, peut-être estimée à 3 hectares. Les murs d’enceintes successifs, 100 et 284, suggèrent un modèle de développement de la communauté où la phase initiale (niveaux J à B) est suivie d’une phase de déplacement à la fin du niveau B. Le village abandonne progressivement le flanc nord et étend son occupation à l’ouest (niveaux I, II, III et A). Cette société, dont les différenciations sociales apparaissent ténues, est suffisamment structurée pour réaliser et assurer l’entretien des travaux d’intérêt collectifs. Héritier des sociétés précédentes, le site de Khirokitia est caractérisé par une architecture de plan circulaire et des tombes individuelles situées à l’intérieur des habitations.
14L’économie de subsistance repose sur l’élevage de la chèvre, du mouton et du porc, la chasse du daim et la culture de l’engrain, du blé amidonnier et de l’orge. Les vestiges lithiques de Khirokitia montrent aussi le développement particulier du travail de la pierre sur des roches dures (diabase), la fabrication de récipients parfois décorés de motifs géométriques, la confection de figurines anthropomorphes et de galets gravés dont la signification reste inconnue.
15Autour de 5500 av. J.-C., la Culture de Khirokitia disparaît pour des raisons qu’il est difficile de discerner puisque aucune cause, ni environnementale ni anthropique, n’a été décelée. L’archéologie est confrontée à une absence d’informations sur plusieurs siècles (fig. 2), jusqu’à l’apparition, au cours du Ve millénaire, du Néolithique céramique ou Culture de Sotira (4500-3900 av. J.-C.).
Études archéobotaniques
16L’archéobotanique s’inscrit dès 1972 dans les projets de recherche de Khirokitia. Les échantillons provenant du sondage effectué par N. P. Stanley Price ont été prélevés à l’intérieur d’une habitation que les fouilles récentes ont montré appartenir aux niveaux II-I (Waines et Stanley Price, 1977). À partir de 1977 les campagnes de fouilles françaises conduites au sommet de la colline ont opéré des prélèvements systématiques de sédiments, à l’intérieur et à l’extérieur du village et des habitations, et dans les installations à usage domestique. Six études archéobotaniques ont été publiées qui prennent en compte les prélèvements effectués entre 1977 et 2006 : trois carpologiques (Hansen, 1989, 1994 ; Miller, 1984), deux palynologiques (Renault-Miskovsky, 1989, 1994) et une anthracologique (Thiebault, 2003).
17D’autres sites du Néolithique pré-céramique récent ont aussi fait l’objet d’études archéobotaniques, tel que Cap Andreas-Kastros (Van Zeist, 1981), Ais Yiorkis (Lucas, 1998) et Dhali-Agridhi (Stewart, 1974).
18L’objectif de notre travail doctoral est de poursuivre et compléter l’étude archéobotanique du site de Khirokitia en traitant les échantillons prélevés de 1991 à 2009, provenant des niveaux les plus anciens encore non étudiés. Un total de 420 échantillons a été traité dans ce cadre. Si l’on ajoute les études publiées menées en 1973 et, de 1977 à 1991, le corpus carpologique est de 666 échantillons, soit environ 5 600 litres de sédiments. Les échantillons prélevés à l’extérieur du village (niveaux III-I) sont en cours d’analyse et ne sont pas traités dans cet article.
19Les échantillons étudiés en laboratoire sont le résultat de trois phases de traitement préalables réalisés par les fouilleurs sur le terrain, durant chaque campagne de fouille : prélèvement sur le terrain, flottation par la méthode de décantation dans une bassine d’eau et séchage progressif. La flottation et le séchage des carpo-restes sont des étapes délicates puisque, inévitablement, elles sont à l’origine de pertes ou de déformations. La flottation dans une bassine, celle qui a été choisie à Khirokitia, est une méthode adaptée aux sédiments secs et de faible quantité (moyenne de 7,4 litres de sédiments par échantillon). La bassine est remplie avec 1/4 environ de sédiment et 3/4 d’eau puis les mottes sont doucement cassées sous l’eau afin que les résidus organiques remontent plus rapidement à la surface. Ils sont ensuite récupérés par un tamis de 0,25 mm puis séchés à l’intérieur d’un sac lâche en tissu.
20Entre chaque flottation, l’eau est remplacée dans la bassine et la fraction lourde fait l’objet d’un dernier examen. Au total, 3 625 litres de sédiments flottés, prélevés entre 1991 et 2009, constitue le corpus de la thèse.
21Les résidus organiques de flottation sont ensuite traités en laboratoire où ils sont observés sous loupe binoculaire. Ils font l’objet d’un premier tri consistant à isoler les résidus macroscopiques d’éléments de fruits, de graines, d’inflorescences, de petites tiges ou d’organes de réserves. L’observation d’un résidu à fort grossissement permet de reconnaître des critères morphologiques précis, définis par des ouvrages ou des collections de références.
22Si la conservation d’un macro-reste est bonne, l’observation aboutit à une identification de la plante, de la famille, du genre ou, dans le meilleur des cas, de l’espèce.
23Au total, 77 460 restes ont été reconnus, ce qui équivaut à une densité moyenne de restes de 21,3 restes par litre, ou 184 restes par échantillon1. C’est un chiffre élevé auquel contribuent fortement les éléments de balles de céréales puisque, au total, ils constituent 66 % des restes. La prédominance de ces balles indique l’importance des ressources agricoles dans l’économie de subsistance et qu’une partie de la chaîne opératoire du nettoyage des récoltes se déroulait à l’intérieur du village. Toutefois, les éléments de l’agriculture ne présentent pas d’intérêt dans notre étude sur les pratiques de cueillette2. L’étude que nous exposerons ici intègre les carpo-restes (hors balles) des échantillons provenant de l’intérieur du village, soit 373 échantillons3.
24Dans un premier temps, il est intéressant d’observer les variations de densités de restes carpologiques dans nos échantillons. Elle est effectivement très fluctuante selon les niveaux archéologiques (fig. 3). Nous observons une nette baisse du nombre de restes par litres entre les niveaux F et D. Cette diminution est peut-être liée à la diminution du nombre d’espaces extérieurs fouillés. En effet, dans le secteur Est, les niveaux anciens (J-F) comptent 83 % d’échantillons issus d’espaces extérieurs, contre 43 % pour les niveaux récents (D-A). Par ailleurs, la figure 3 indique également une continuité entre le secteur Est et le secteur Ouest (le plus récent), c’est-à-dire une baisse progressive de la densité de restes.
Quels indices pour quel type de cueillette ?
25À Khirokitia, 19 % du nombre total de carpo-restes identifiés proviennent de plantes sauvages. Cependant, parmi eux, tous ne sont pas issus de la cueillette. Certains taxons présentant un faible intérêt pour l’alimentation humaine correspondent par leur écologie plutôt à des adventices des cultures. Leur présence dans les couches archéologiques résulte donc très probablement du nettoyage des récoltes. Des restes de taxons fruitiers comestibles sont cependant présents de manière régulière dans nos assemblages (fig. 4). Ces restes représentant 17,7 % du nombre total de carpo-restes sont très vraisemblablement issus des pratiques de cueillette. Il est effectivement très probable que les arbres fruitiers exploités au Néolithique poussent à l’état sauvage puisque les premières formes de production (horticulture), au Proche-Orient, apparaissent au Chalcolithique (IVe millénaire av. J.-C.), plusieurs millénaires après l’établissement de l’agriculture (Zohary et Hopf, 2000).
26Dans toute la séquence, ils sont présents dans plus de 50 % des échantillons, à une moyenne de 332 restes par niveau (fig. 4). La courbe de densité montre deux pics de concentration de restes dans les niveaux anciens (H-E et D) et une baisse générale des restes dans les niveaux A, B, I-II-III et dans le Néolithique céramique. Les espèces fruitières constituent 3 987 restes et 7 taxons.
27La principale espèce fruitière est le pistachier (Pistacia sp.), qui totalise 90 % des restes de fruits, suivie par le figuier (Ficus carica) constituant 282 restes, l’amandier (Prunus dulcis) avec 99 restes et enfin l’olivier (Olea europaea) avec 39 restes. On note aussi la présence isolée d’un pépin de raisin sauvage (Vitis vinifera subsp. sylvestris) au niveau céramique (fig. 5) et, au niveau D, d’un endocarpe d’aubépine (Crataegus sp.) et d’une graine de Pomoïdée (type Pyrus). La présence tardive de la vigne sauvage est contemporaine des premières découvertes de raisins sur l’île, sur le site de Dhali-Agridhi (Stewart, 1974). De même, la présence de Pomoïdée à Khirokitia constitue une deuxième indication de ce taxon dans le paysage néolithique chypriote après celle faite à Kalavassos-Tenta, dans la phase récente 2 (Hansen, 2005).
28À Khirokitia, le pistachier est présent dans plus de 80 % des échantillons et occupe une place très importante dans l’activité de cueillette (3 567 restes). La richesse des restes présents à Khirokitia a permis d’affiner l’identification jusqu’à Pistacia terebinthus/atlantica. Le sud-ouest asiatique connaît six espèces différentes de pistachiers, capables de s’hybrider entre elles. Aujourd’hui, plusieurs pistachiers indigènes poussent sur l’île : Pistacia terebinthus, Pistacia atlantica et Pistacia lentiscus (Sfikas, 1998 ; Efthimiou, 2001). Les restes de pistaches à Khirokitia consistent le plus souvent en l’endocarpe qui est une enveloppe lignifiée, résistante à la carbonisation, mais aussi parfois l’épicarpe et l’amande (fig. 6).
29Les endocarpes de Pistacia ont été retrouvés sur une vingtaine de sites PPNB Néolithiques levantins, turcs et grecs ; à commencer, au Natoufien, par celui de Nahal Oren en Israël (Noy et al., 1973). À Chypre, les sites de Kyssonerga-Mylouthkia, Kalavassos-Tenta, Akanthou puis ceux de Cap Andreas-Kastros et Kholetria-Ortos offrent des restes de pistachier durant le Néolithique pré-céramique (Murray, 2003 ; Van Zeist, 1981 ; Colledge et Conolly, 2006). Les premiers signes de culture, probablement associés à la pratique de greffage, concernent Pistacia vera et apparaissent en Asie Centrale au début de l’âge du Bronze, puis au Proche-Orient et en Grèce, à la période classique (Zohary et Hopf, 2000). Les autres espèces de Pistacia sont aussi comestibles mais l’étude morphologique des endocarpes permet difficilement de définir le statut domestique ou sauvage car les caractères d’identification sont très souvent inconstants et dépendants des conditions de croissance. D’après les traditions chypriotes, Pistacia terebinthus est exploité pour ses multiples utilisations : alimentaire (fruits et tiges vertes), combustible (bois), oléagineuse (huile extraite des graines) et pour les qualités de son oléorésine (térébenthine), extraite de son bois, utilisée comme gomme ou vernis (Sfikas, 1998).
30Le figuier, Ficus carica, est représenté par les restes de fruits (akènes). De taille très réduite (env. 1 mm), ils sont souvent tributaires de méthodes de tamisage par tamis fin et, de ce fait, pose la question du biais méthodologique appliqué sur les échantillons. À Khirokitia, 282 restes d’akènes ont été identifiés. Indigène du sud-est asiatique, le figuier fut exploité pour ses fruits depuis le VIIIe millénaire av. J.-C. et largement répandu sur les sites levantins, turcs et égéens. Il est aujourd’hui distribué autour de Khirokitia sous forme sauvage et domestique dans les sols bien drainés, riches et calcaires (Sfikas, 1998).
31Sur le site de Khirokitia, l’olivier apparaît en faible quantité dans les assemblages, à partir du niveau D (fig. 7) alors que l’anthracologie montre une exploitation de son bois dans la région dès le IXe millénaire av. J.-C. sur le site de Shillourokambos (Thiébault, 2003). C’est une espèce très résistante aux sols pauvres et aux fortes chaleurs. Sur l’île, il est aujourd’hui présent sur tous les sols calcaires et secs recevant plus de 250 mm de pluie par an. Les restes de noyaux ont aussi été retrouvés au Néolithique pré-céramique récent (Cap Andreas-Kastros) puis, au Néolithique céramique sur le site de Dhali-Agridhi (Van Zeist, 1981 ; Stewart, 1974).
32Sur le continent, l’olivier est exploité sur tout le pourtour méditerranéen depuis l’épipaléolithique mais c’est à l’âge du Bronze qu’il est mis en culture (Zohary et Hopf, 2000).
33L’amandier, Prunus dulcis (syn. Prunus amygdalus), est attesté par 99 restes carbonisés à Khirokitia alors qu’ailleurs sur l’île, il n’a été identifié qu’au Néolithique céramique, sur le site de Dhali-Agridhi (Stewart, 1974). D’autres espèces du genre Prunus (Prunus avium/spinosa) ont été identifiées sur le site de Shillourokambos, au Néolithique ancien (Willcox, 2011). Prunus est un genre plus exigeant en eau puisqu’il nécessite, en général, 600 à 90 mm d’eau par an. Malgré tout, Prunus dulcis, largement présent en Méditerranée, est une rosacée résistante à la sécheresse qui, grâce à ses rhizomes peut puiser ses nutriments profondément dans les substrats calcaires et peut se contenter de 250 mm d’eau par an (comme l’olivier et le pistachier). Il s’agit de petits arbres ou buissons adaptés aux bioclimats semi-aride ou aride4 (Browicz et Zohary, 1996). Aujourd’hui, Prunus dulcis est présent sur l’île dans le Massif du Troodos à l’état d’espèce naturalisée (Hand et al., 2011) ce qui laisse peut-être entendre une introduction de l’espèce par l’homme déjà au Néolithique.
Aires d’approvisionnement
34Le couvert végétal de l’île de Chypre s’inscrit très largement dans la flore méditerranéenne et présente surtout des affinités avec la végétation des régions levantines (Zohary, 1973). Les régions côtières et la plaine intérieure (Mesaoria), jusqu’à environ 1 200 mètres d’altitude, sont caractérisées par des formations de maquis, dominées par des espèces thermophiles sempervirentes telles le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus), le pistachier de Palestine (Pistacia palaestina), l’olivier (Olea europaea), le chêne kermès (Quercus coccifera subsp. calliprinos), le pin brutia (Pinus brutia), le genévrier de Phénicie (Juniperus phoenica) et le caroubier (Ceratonia siliqua5). Le nerprun (Rhamnus) et diverses rosacées fruitières, comme l’aubépine (Crataegus), le pommier (Malus), le poirier (Pyrus), les pruniers (Prunus) et le sorbier (Sorbus) sont souvent associés à cette formation dite pré-forestière plus ou moins dense (Zohary, 1973). Cependant, en raison des activités humaines (coupe du bois, agriculture, élevage), elle a souvent laissé la place à des formations dégradées de type batha (l’équivalent oriental de la garrigue) où les espèces arbustives dominent, par exemple Sarcopoterium spinosum et différentes espèces de cistes (Cistus spp. ).
35À l’intérieur de l’île, sur les piémonts de la chaine montagneuse du Troodos, entre 900 et 1 500 m d’altitude, se développent des formations forestières dominées par des chênes à feuillage caduc (Quercus boissieri, Quercus alnifoliae) et le pin noir (Pinus nigra). Finalement, à l’étage montagnard méditerranéen poussent des forêts de cèdres du Liban (Cedrus libani subsp. brevifolia).
36Le couvert végétal autour du site de Khirokitia, situé en zone semi-aride (350 à 500 mm de précipitations par an), est à présent très anthropisé. Le paysage est dominé par des champs cultivés ou en friche et des formations de garrigue avec la présence occasionnelle d’arbres, principalement des caroubiers et oliviers. Le long du Maroni se développe une forêt galerie composée, entre autres, de tamaris (Tamarix), platanes (Platanus orientalis) et aliboufiers (Styrax officinalis).
37L’analyse anthracologique réalisée par S. Thiébault à partir des charbons de bois prélevés à Khirokitia a permis la reconstitution du couvert végétal autour du site à la période Néolithique (Thiébault, 2003), (fig. 8). Le spectre des taxons identifiés est riche (n = 22) et témoigne de l’exploitation de plusieurs formations végétales probablement situées à proximité du village. Les niveaux les plus anciens (niveaux G à B) sont caractérisés par la prédominance du pistachier associé, parmi d’autres, à des chênes (à feuillage caduc et sempervirent), des oliviers et du pin brutia. Cette association correspond à des formations de maquis. Des espèces de ripisylve sont également attestées : peuplier ou saule, aulne, aliboufier, tamaris, platane, et frêne. Les résultats de l’analyse des charbons des niveaux récents (secteur Ouest) témoignent d’un changement important de la couverture végétale autour du site. Une proportion sensiblement plus élevée de pin brutia et l’apparition d’espèces de garrigue (genévrier, fabacées et cistes) témoignent d’une dégradation de la végétation de maquis. Bien que les causes directes de cette évolution nous soient inconnues – aridification du climat « évènement de 6200 av. J.-C. » (Hourani, 2008 ; 2010) ou impact anthropique (intensification de l’élevage) – nous pouvons néanmoins associer ce changement au déplacement du village, à la fin du niveau B. Au même moment, le daim, associé à un couvert boisé de type futaie-clairière, est sujet à une forte baisse alors que l’élevage des caprinés, associé à une végétation arbustive méditerranéenne, est de plus en plus intense (Davis, 1984, 1989, 1994).
38La majorité des taxons fruitiers sauvages reconnus dans les assemblages anthracologiques sont également attestés par notre analyse carpologique. Le pistachier domine dans les deux cas et semble ainsi avoir joué un rôle important à la fois comme combustible et en tant que ressource alimentaire. Le bois et les fruits de figuier sont attestés pratiquement tout au long de la séquence d’occupation (depuis les niveaux H-F). Le bois d’olivier, exploité depuis les niveaux anciens de Khirokitia, semble avoir joué un rôle important comme combustible sur le site de Shillourokambos, au Néolithique pré-céramique ancien (fig. 8).
39L’exploitation de son fruit à Khirokitia n’est attestée qu’à partir du niveau D. Enfin, le bois de Prunus sp. n’apparaît dans le diagramme anthracologique qu’à partir du niveau D, tandis que les fruits de l’amandier sont attestés depuis le début de l’occupation de Khirokitia (niveau G).
40Les Pomoïdées, dans une bien moindre mesure, sont aussi exploitées pour leurs bois et pour leurs fruits (niveau D). L’aubépine ainsi que la vigne, découverts en carpologie, ne sont pas présents dans le diagramme anthracologique.
41En comparant nos données avec les résultats de l’analyse anthracologique il apparaît que la principale formation végétale exploitée pour la cueillette de fruit était celle d’un maquis, probablement situé sur les sols calcaires immédiatement autour du site.
Stratégie d’acquisition et mode de dépôt
42Afin d’analyser la répartition des restes de fruits au sein du village, dans les contextes appropriés, et leurs évolutions respectives au cours de la séquence du site, nous avons comptabilisé le nombre de restes pour chacun des taxons, par niveau (fig. 9 et 10). Les niveaux III-I (secteur Ouest), moins riches en restes et d’une durée plus courte, ont été traités avec le niveau A (secteur Est), correspondant à la même période d’occupation.
43En premier lieu (fig. 9) nous remarquons que le pistachier est dominant tout au long de la séquence d’occupation et dépasse 80 % des restes. Le figuier est présent sur toute la séquence et constitue 5-20 % des restes. L’amandier apparaît dès le niveau ancien G et l’olivier dès le niveau D. Ils constituent ensemble 1 à 15 % des restes de fruits selon les niveaux.
44Les niveaux où nous disposons de moins de 20 restes semblent moins significatifs, c’est pourquoi la baisse, au niveau céramique, du pistachier (60 %) ne semble pas significative d’un réel changement. Seul Prunus dulcis n’est plus présent pour au niveau céramique. Nous reconnaissons une similarité dans la proportion du nombre de restes des taxons entre l’intérieur des habitations et les espaces extérieurs.
45En second lieu (fig. 10) la courbe de présence montre un nombre d’échantillons contenant des restes de figuier, d’amandier et d’olivier plus élevé dans les espaces extérieurs (0 et 40 %) que dans les habitations (0-20 %). En revanche, le pistachier est présent dans 60 à 80 % des échantillons, quasiment dans tous les niveaux, dans les espaces extérieurs comme dans les habitations. Fluctuantes, les courbes de présences ne montrent pas de réelles évolutions dans le comportement des modes de dépôts6.
46Les figures 9 et 10 montrent une continuité de la stratégie de cueillette, lisible au travers des restes de pistachiers, figuiers, oliviers et amandiers. Alors que l’anthracologie montre que le niveau B marque le début d’un changement dans le paysage local, cette évolution ne se traduit pas, dans notre étude, par des comportements de dépôts ou de sélections différentielles. La baisse du pistachier, reconnue en anthracologie, n’est pas lisible dans nos résultats carpologiques. Les courbes de présence de restes sont les seuls critères qui montrent, pour le figuier, l’amandier et l’olivier, une distinction entre les espaces intérieurs et extérieurs. Le contenu des assemblages étant similaires, nous pourrions émettre l’hypothèse d’un mode de dépôt associé à des formes de nettoyage des sols intérieurs (matériel carbonisé) et de rejet à l’extérieur des maisons.
47Cette étude carpologique des pratiques de cueillette éclaire certains éléments de l’évolution du village de Khirokitia, celui du rapport de la communauté avec son environnement. Il met également en avant la nécessité de faire une analyse plus fine des différents contextes de prélèvement, de distinguer par exemple, concernant les espaces extérieurs, les cours centrales d’habitation, les espaces extérieurs « neutres », les espaces à l’extérieur du village, ou encore espaces intérieurs ou extérieurs équipés ou non d’installations à usage domestique (cuvettes, fosses, bassin ou foyers) et ainsi mieux comprendre la variabilité des présences de restes entre les habitations et les espaces extérieurs (nettoyages, rejets, activité différentielle).
48Les taxons étudiés et identifiés dans les assemblages carpologiques constituent des éléments représentatifs de l’activité de cueillette, tant en nombre, qu’en fréquence de restes. Il s’agit de taxons thermo-méditerranéens qui indiquent, au Néolithique pré-céramique récent, une activité de cueillette orientée vers des territoires potentiellement proches du site de Khirokitia : la végétation hydrophile (proche du Maroni), de maquis et de formation préforestière sur les piedmonts du Massif du Troodos. L’île présente la particularité d’héberger une grande diversité d’espèces consommables qui, déjà furent exploitées par les communautés de l’île dès le Néolithique pré-céramique ancien7. Sept taxons fruitiers ont été exploités sur le site de Khirokitia toute au long de sa séquence d’occupation : Pistacia, Ficus, Olea, Prunus dulcis, Crataegus, Pomoïdée et Vitis.
49Le pistachier est l’espèce fruitière la plus exploitée dans tous les niveaux, à la fois pour ses fruits et pour son bois et comptabilise plus de 80 % du nombre de restes de fruits. Les autres taxons, moins nombreux, sont exploités sur toute la séquence surtout pour leur fruit mais aussi pour leur bois, à l’exception de l’olivier qui semble avoir été une ressource en bois avant d’être exploité pour l’alimentation (au niveau D).
50À partir du niveau B, des indices de dégradation du paysage apparaissent : les couverts boisés semblent diminuer et les éléments de garrigue s’installent. On observe alors d’autres changements comme la réorientation des activités de production et de prédation : l’élevage des caprinés est de plus en plus important, le bois de pin est exploité de manière intense, le bois de pistachier est moins utilisé tandis que la cueillette de ses fruits demeure toujours une ressource dominante de fruits sauvages.
51Bien plus tard, au Néolithique céramique, la présence d’un pépin de vigne, espèce présente en altitude, indiquerait l’exploitation d’un territoire plus large. Bien que nous percevions, à la fin de la séquence d’occupation de Khirokitia, une modification environnementale dans la collecte de bois, celle-ci a peu ou pas d’influence sur la stratégie de collecte destinée à l’alimentation (cueillette). Cette observation pose la question de la stratégie alimentaire adoptée et de l’évolution des modes de collecte par la communauté de Khirokitia au cours de son histoire.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Browicz K. et Zohary D. (1996) – The Genus Amygdalus L. (Rosaceae) : Species Relationships, Distribution and Evolution under Domestication, Genetic Resources and Crop Evolution, 43, p. 229-247.
Colledge S. et Conolly J. (2006) – A Review and Synthesis of the Evidence for the Origins of Farming on Cyprus and Crete, dans S. Colledge et J. Conolly (éd.), The Origins and Spread of Domestic Plants in Southwest Asia and Europe, Walnut Creek, London, p. 53-75.
10.4324/9781315417615 :Davis S. J. M. (1984) – Khirokitia and its Mammal Remains. A Neolithic Noah’s Ark, dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre), 1977-1981, Paris, p. 147-162.
Davis S. J. M. (1989) – Some more Animal Remains from the Aceramic Neolithic of Cyprus, dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre), 1983-1986, Paris, p. 189-222.
Davis S. J. M. (1994) – Even more Bones from Khirokitia : The 1988-1991, dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre), 1988-1991, Paris, p. 305-335.
Dikaios P. (1953) – Khirokitia, Monographe of the Department of Antiquities of the Governement of Cyprus, no 1, Oxford.
Efthimiou E. M. (2001) – Plants of Cyprus : Walking Around Cape Greco, Famagusta.
Ertug F. (2009) – Wild Plant Food : Routine Dietary Supplements or Famine Foods ?, dans A. S. Fairnbairn et E. Weiss (éd.), From Foragers to Farmers, Oxford, p. 161-170.
Guilaine J. et Briois F. (2001) – Parekklisha Shillourokambos : An Early Neolithic Site in Cyprus, dans S. Swiny (éd.), The Earliest Prehistory of Cyprus : From Colonization to Exploitation, Boston, p. 37-54.
Hadjichambis A. C. (2008) – Wild and Semi-domesticated Food Plant Consumption in Seven Circum-Mediterranean Areas, International Journal of Food Sciences and Nutrition, 59 (5), p. 383-414.
Hand R., Hadjikyriakou G. N. et Christodoulou C. S. (ed.), (2011) – (Continuously updated) : Flora of Cyprus – a Dynamic Checklist. Published at http://www.flora-of-cyprus.eu.
Hansen J. (1989) – Khirokitia Plant Remains : Prelimirary Report (1980-1981, 1983), dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1983-1986, Paris, p. 235-250.
Hansen J. (1994) – Khirokitia Plant Remains : Preliminary Report (1986, 1988-1990), dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1988-1991, Paris, p. 393-409.
Hansen J. (2005) – The Palaeoethnobotany of Kalavasos-Tenta, dans A. Todd (éd.), Vasilikos Valley Project 7 : Excavations at Kalavasos-Tenta, Göteborg, vol. II, p. 323-341.
Hourani F. (2008) – Khirokitia (Chypre), un village néolithique les pieds dans l’eau, dans P. Rouillard (dir.), L’eau : enjeux, usages et représentations, Paris, p. 159-169.
Hourani F. (2010) – Late Chalcolithic/Early Bronze I Transition Settlements in the Middle Jordan Valley : Investigating Alluvial Sequences as a Chronostratigraphical Framework, and Cycles as a Social Organising Component, Paléorient, 36 (1), p. 123-139.
Le Brun A. (1984) – Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1977-1981, Paris.
Le Brun A. (1989) – Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1983-1986, Paris.
Le Brun A. (1990) – Le Néolithique de Chypre et sa relation avec le PPNB du Levant, dans O. Aurenche, M.-C. Cauvin et P. Sanlaville (éd.), Préhistoire du Levant, processus des changements culturels, Lyon, p. 483-489.
10.3406/paleo.1989.4495 :Le Brun A. (1994a) – Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1988-1991, Paris.
Le Brun A. (1994b) – Le traitement de l’espace domestique, dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1988-1991, Paris, p. 133-138.
Lucas L. E. (1998) – Preliminray Botanical Results from Kritou Marotta-Ais Yiorkis, Test Excavations at Two Aceramic Neolithic Sites in the Uplands of Western Cyprus. Report of the Department of Antiquities, Cyprus, p. 1-17.
Murray M. A. (2003) – The Plant Remains, dans E. Peltenburg (éd.), The Colonisation and Settlement of Cyprus. Investigation in Kissonerga-Mylouthkia, 1976-1996. Lemba Archaeological Project, Cyprus III. 1, Studies in Mediterranean Archaeology, 70 (4), Paul Åströms förlag, Sävedalen, p. 59-70.
Miller N. (1984) – Some Plant Remains from Khirokitia, Cyprus : 1977 and 1978 Excavations, dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1977-1981, Paris, p. 183-188.
Noy T., Legge A. J. et Higgs E. S. (1973) – Recent Excavations at Nahal Oren, Israel, Proceedings of the Prehistoric Society, 39, p. 75-99.
Peltenburg E., Colledge S., Croft P., Jackson A., Mc Cartney C. et Murray M. A. (2001) – Neolithic Dispersals from the Levantine Corridor : A Mediterranean Perspective, Levant, 33, p. 35-64.
Renault-Miskovsky J. (1989) – Étude paléobotanique, paléoclimatique et paleoethnographique du site néolithique précéramique de Khirokitia à Chypre : apport de la palynologie, dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1983-1986, Paris, p. 251-277.
Renault-Miskovsky J. (1994) – Palynologie des sépultures, dans A. Le Brun (éd.), Fouilles récentes à Khirokitia (Chypre) 1988-1991, Paris, p. 209-212.
Sfikas G. (1998) – Wild flowers of Cyprus, Athens.
Stanley Price N. P. et Christou D. (1973) – Excavations at Khirokitia, 1972. Report of the Department of Antiquities of Cyprus, p. 1-33.
Stewart R. T. (1974) – Palaeobotanic Investigation : 1972 Season, dans L. E. Stager, A. Walker et G. E. Wright (éd.), American Expedition to Idalion, Cyprus. First Preliminary Report : Seasons of 1971 and 1972, Bulletin of the American Schools of Oriental Research, supplément, 18, Cambridge, p. 123-129.
Thiebault S. (2003) – Les paysages végétaux de Chypre au Néolithique : premières données anthracologiques, dans J. Guilaine et A. Le Brun (éd.), Le Néolithique de Chypre. Bulletin de correspondance héllénique, supplément 43, p. 221-230.
Van Zeist W. (1981) – Plants Remains from Cape Andreas- Kastros (Chypre), dans A. Le Brun (éd.), Un site néolithique précéramique en Chypre : Cap Andreas-Kastros. Memoirs, 5, p. 95-99.
Vigne J. D., Briois F., Zazzo A., Carrère I., Daujat J. et Guilaine J. ( 2011) – A New Early Pre-Pottery Neolithic site in Cyprus : Ayios Tychonas-Klimonas (ca. 8700 cal. BC), Neo-Lithics, 1 (11), p. 3-19.
Vigne J. D., Briois F., Zazzo A., Willcox G., Cucchi T., Thiébault S., Carrère I., Franel Y., Touquet R., Martin C., Moreau C., Comby C. et Guilaine J. (2012) – The First Wave of Cultivators Spread to Cyprus at Least 10.600 Years Ago, Proceeding of the National Academy of Science, vol. CXI (22), p. 8445-8449.
Waines J. G. et Stanley Price N. P. (1977) – Plant Remains from Khirokitia in Cyprus, Paléorient, 3, p. 281-284.
10.3406/paleo.1975.4204 :Willcox G. (2011) – Témoignages d’une agriculture précoce à Shillourokambos. Étude du Secteur 1, dans J. Guilaine, F. Briois et J.-D. Vigne (éd.), Shillourokambos : un établissement néolithique pré-céramique à Chypre. Les fouilles du secteur 1, Paris, p. 569-575.
Zohary D. (1973) – Geobotanical Foundations of the Middle East, Stuttgart.
Zohary D. et Hopf M. (2000) – Domestication of Plants in the Old World : The Origin and Spread of Cultivated Plants in West Asia, Europe and Nile Valley, Oxford.
Notes de bas de page
1 Chiffre comprenant tous les types de carpo-restes, balles de graminées et fragments de petites tiges inclus.
2 Afin de reconnaître la part relative des graines ou des éléments de fruits sauvages de manière plus claire, les éléments de balles seront éliminés des calculs qui suivent.
3 Les échantillons provenant de l’extérieur du village, sur des zones probables de rejets, ne seront pas intégrés dans cette étude.
4 Les endocarpes de Prunus dulcis de Khirokitia n’ont pas été identifiés plus précisément au sein du genre Amygdalus, qui comprend six espèces différentes au Proche-Orient, c’est pourquoi nous avons préféré garder le terme de Prunus dulcis pour le moment.
5 Le caroubier, introduit sur l’île, compose les formations actuelles de steppe-forêt type Oleo-Ceratonion et Ceratonio-Pistacion.
6 L’analyse ne distingue pas les cours centrales des habitations des espaces extérieurs « neutres » et nous ne pouvons pas préciser si les pics et les fluctuations de présences sont dus à une utilisation de zone dépotoir ou de préparations alimentaires.
7 Présence de Prunus sp. à Shillourokambos, Pyrus et Rubus à Kalavassos Tenta (Willcox, 2011 ; Hansen, 2005).
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologie et Sciences de l’Antiquité ; UMR 7209 : Archéozoologie et Archéobotanique. Sujet de thèse : Économie végétale et environnement du Néolithique précéramique chypriote, étude archéobotanique de Khirokitia.
Directrice : M. Tengberg. Soutenance prévue fin 2013.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Appréhension et qualification des espaces au sein du site archéologique
Antoine Bourrouilh, Paris Pierre-Emmanuel et Nairusz Haidar Vela (dir.)
2016
Des vestiges aux sociétés
Regards croisés sur le passage des données archéologiques à la société sous-jacente
Jeanne Brancier, Caroline Rémeaud et Thibault Vallette (dir.)
2015
Matières premières et gestion des ressources
Sarra Ferjani, Amélie Le Bihan, Marylise Onfray et al. (dir.)
2014
Les images : regards sur les sociétés
Théophane Nicolas, Aurélie Salavert et Charlotte Leduc (dir.)
2011
Objets et symboles
De la culture matérielle à l’espace culturel
Laurent Dhennequin, Guillaume Gernez et Jessica Giraud (dir.)
2009
Révolutions
L’archéologie face aux renouvellements des sociétés
Clara Filet, Svenja Höltkemeier, Capucine Perriot et al. (dir.)
2017
Biais, hiatus et absences en archéologie
Elisa Caron-Laviolette, Nanouchka Matomou-Adzo, Clara Millot-Richard et al. (dir.)
2019