Conclusion et propositions
p. 161-164
Texte intégral
1Les actes du colloque permettent de dégager quelques idées force.
2D’une part, est clairement apparu le renouvellement en cours de cette coopération. De l’autre, des recommandations ont été formulées qui pourraient être utiles au moment de la mise au point des décisions par les instances compétentes.
3Le constat historique a montré l’ampleur de la raréfaction des moyens financiers accordés à la coopération par les gouvernements depuis 1979, accusant le contraste avec la période de vaches grasses des années précédentes. Pourtant les acteurs de la coopération ont montré, dans le même temps, toute sa vitalité en se renouvelant, en multipliant les expériences nouvelles.
4Les gouvernements, après une période d’incertitude, ont concentré leurs moyens autour de grandes priorités, qui permettent d’éviter l’éparpillement des ressources. Dans les dernières années les procédures de sélection et d’évaluation des projets incrits dans ce cadre se sont améliorées, se rapprochant des préoccupations et des méthodes proprement universitaires. Il faut poursuivre dans cette voie et les propositions tirées des débats du colloque devraient y contribuer.
5De leur côté les universitaires ne sont pas restés inactifs, cherchant à mettre sur pied d’autre réseaux, à multiplier les moyens pour compenser, dans la mesure du possible, les effets de la rigueur gouvernementale. Le meilleur exemple de cet effort est fourni par le regroupement des ressources diverses intéressées par la coopération au niveau local ou régional. Cela permet de disposer de moyens plus importants, d’avoir plus de poids auprès des diverses instances tout en contribuant à une meilleure diffusion de l’information.
6Le développement d’un tel réseau de centres locaux doit permettre de relayer plus efficacement les initiatives prises par les gouvernements et surtout par le CCIFQ.
7La coopération est donc dans une phase de transition. Il s’agit, pour les gouvernements, de faire fructifier les efforts accomplis, de permettre l’épanouissement d’un dynamisme encore incertain en prenant bien conscience des problèmes qui restent à résoudre.
1 – Complémentarité ou Parité
8La coopération franco-québécoise est essentiellement paritaire, ce qui comporte l’avantage de faciliter la gestion administrative et d’éviter les susceptibilités à différents niveaux, mais ne correspond pas toujours à la réalité. La France et le Québec sont des sociétés de taille dissemblable, aux besoins différents, plus souvent complémentaires qu’équivalents. Le programme d’échanges de résidents est l’exemple d’une coopération où il y aurait avantage à faire appel au principe de complémentarité plutôt qu’à celui de la parité. Les résidents québécois ont peut-être moins à apprendre en France que leurs homologues français ; par contre les Québécois, à un autre niveau, pourraient tirer grand profit de la vigueur de la recherche médicale française. Au lieu de provoquer l’inutile amertume d’une des parties, il est préférable de trouver des besoins complémentaires, quand une stricte parité ne peut être établie dans le même domaine.
9Il est donc proposé que le principe de complémentarité puisse, au même titre que celui de la parité, être retenu par les instances gouvernementales pour mieux structurer la coopération.
2 -Les études comparatives
10Elles doivent se multiplier dans bien des domaines. Les expériences française et québécoise, à la fois proches et lointaines, doivent être comparées de façon systématique : des Français se mettant à l’étude du Québec comme des Québécois à celle de la France dans des domaines bien balisés. La perception que chacun apporte à la connaissance de l’autre est toujours particulièrement enrichissante. Par ailleurs, les regards communs que Québécois et Français jettent sur d’autres sociétés enrichissent la vision des uns et des autres.
11Il est donc proposé que les études comparatives soient retenues comme l’une des priorités pour les recherches de sciences humaines et sociales.
3 – Les sciences humaines et sociales
12Les universitaires de ce secteur ont été les plus nombreux à participer au colloque non pas par une volonté délibérée des organisateurs, mais, en raison de l’acuité du problème soulevé par leur place dans la coopération.
13Les priorité gouvernementales, avec la réduction des moyens, sont concentrées surtout dans le secteur des sciences fondamentales et appliquées qui peuvent déboucher sur des transferts de technologie. Or les sciences humaines et sociales, touchées directement par les restrictions, ne peuvent guère accéder aux contrats d’entreprise ou aux marchés qui s’ouvrent aux sciences pures et surtout appliquées.
14Pourtant les sciences humaines et sociales constituent une des bases essentielles de la coopération franco-québécoise, en raison des liens culturels et linguistiques évidents.
15D’autre part, de nombreux chercheurs de ces secteurs travaillent de façon plus isolée, souvent dans des universités de taille réduite, et ont parfois du mal à entrer dans les cadres existants. Négliger cette réalité mettrait en péril la survie de la coopération entre la France et le Québec, qui risquerait d’être atteinte par une forme pernicieuse de banalisation.
16Il est donc proposé de réserver une part raisonnable des moyens de la coopération aux sciences sociales et humaines, sous la forme d’un quota incompressible et indépendant de la conjoncture économique.
4 – Littérature et linguistique
17Pendant longtemps les coopérations dans ces disciplines ont été les plus répandues dans les universités françaises. Ce n’est plus le cas. Si la linguistique s’insère, pour une part, dans les priorités gouvernementales par l’utilisation de l’informatique, ce n’est guère possible pour la littérature française et québécoise. L’enseignement de la littérature québécoise, qui n’a pas toujours trouvé son statut dans les universités françaises, risque à terme, d’être totalement éliminé sans le soutien d’une coopération renouvelée. Or, actuellement, aucun projet en littérature n’est inscrit dans le cadre des programmes gouvernementaux.
18Il est donc proposé de favoriser les échanges et les projets dans ce domaine. D’autant que Français et Québécois peuvent jouer un rôle moteur dans l’épanouissement d’études et de recherches communes avec tous les représentants des littératures francophones.
5 – Les enseignements technologiques
19Bien que les débats du colloque n’aient porté qu’indirectement sur ce sujet, les principaux intéressés sont unanimes pour constater que ce secteur de coopération est dans une situation alarmante et que les diverses tentatives pour la revivifier n’ont pas abouti à renverser cette tendance.
20Aucune proposition ne peut, en conséquence, être soumise aux autorités responsables de cette coopération, si ce n’est celle de poursuivre les efforts pour identifier les créneaux porteurs, susceptibles de relancer cette coopération.
6 – Les étudiants
21La question de leur place dans la coopération est revenue comme un leitmotiv à Montréal comme à Paris. La prise de conscience s’est faite de la nécessité absolue de reprendre, à grande échelle, les échanges d’étudiants, afin d’assurer le renouvellement et la permanence de la coopération. Les témoignages des étudiants ont été particulièrement importants pour montrer tout le profit que l’on peut retirer de tels échanges, tant sur le plan universitaire que simplement humain.
22Les initiatives, comme celles entreprises par la CREPUQ et le CCIFQ doivent se poursuivre et se multiplier.
23Il est donc proposé que les deux gouvernements soutiennent les diverses initiatives et fassent tout pour les faciliter afin qu’elles durent et réussissent.
7 – Un Centre de coopération inter-universitaire au Québec ?
24La question a été posée durant tout le colloque, et tout particulièrement lors de la journée montréalaise par les participants québécois.
25Depuis sa création, en 1984, le Centre de Paris, constitue un élément majeur du renouvellement indispensable de la coopération universitaire franco-québécoise. Le travail accompli prouve à quel point il était nécessaire et vient confirmer la sagesse de la décision gouvernementale. L’expérience accumulée, au bout de trois ans, ne permet pas d’affirmer que la parité doive être appliquée par l’installation d’une réplique du CCIFQ à Montréal ou à Québec. Par contre, il est apparu qu’un vide y existait, et qu’un relais devrait être institué pour mieux préparer et démultiplier les actions du Centre de Paris, dans un souci de saine complémentarité.
26Il est donc proposé que soit étudiée la constitution d’un bureau québécois du CCIFQ dans des formes à définir avec les différents partenaires.
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