Marie-Pierre DE COSSÉ-BRISSAC – Directrice du Bureau-Québec : Ministère des Affaires étrangères
p. 151-153
Texte intégral
1J’ai plusieurs observations à faire, certaines qui sont très générales, vous me le pardonnerez, c’est un peu mon autre métier, et d’autres qui sont très particulières.
2La première observation très générale, c’est que cette coopération franco-québécoise dont vous avez retracé ce matin les étapes et dont vous avez fait l’historique avec des hauts, des pentes ascendantes, un peu moins ascendantes, cette coopération est très particulière et même absolument originale au sein de toutes les coopérations que traite notre ministère des Affaires étrangères. Il y a, pour situer les choses, une commission dite mixte entre la France et ses partenaires étrangers par semaine dans notre ministère, hé bien, jamais aucune commission, sauf la franco-allemande, ne demande autant de préparation, dans des domaines divers, puisqu’ils vont de la filière bois à la physique fondamentale des plasmas et au soutien au développement économique. Donc une coopération extrêmement chargée d’un passé prestigieux, d’un gros budget qui malgré les propos pessimistes que j’entends depuis ce matin reste encore, par rapport aux autres coopérations, important, et également chargée – j’ose à peine dire d’une méthodologie mais c’est peut-être ça dans le fond – d’une méthodologie politico-pratique extrêmement lourde elle aussi. En dehors des grandes pulsations liées aux visites des premiers ministres chaque année, il y a les deux cessions de la commission permanente, il y a les conseils d’orientation, il y a toutes sortes d’autres instances qui font de cette coopération un système véritablement solaire.
3Depuis ce matin vous avez beaucoup parlé d’histoire et vous avez beaucoup parlé de politique, mais vous n’avez pas faite le mixte, le mélange entre l’un et l’autre comme il est dit dans le Politique de Platon ; à savoir que vous avez évoqué en effet l’entité universitaire qui se développait un peu dans son coin, malgré les hauts et les bas du politique, sans toujours mettre en rapport, me semble-t-il, d’une façon très claire, le fait que tout cela va ensemble. Pour entrer plus dans le détail, on a dit ce matin que les vingt-trois projets nouveaux de recherche conjointe issus du comité scientifique de janvier 86 ne faisaient que masquer la pénurie. Je me permets d’être moins sombre, si c’est un pénurie c’est une pénurie qui est bien recouverte et très active. Ces projets marchent fort bien et vont des mathématiques à toutes sortes de sujets beaucoup plus concrets, et semblent du moins donner à ceux qui y participent beaucoup de satisfaction et des bénéfices réciproques. Ils ne sont pas assez nombreux, c’est pour cela que je suis heureuse de dire que nous allons examiner prochainement des projets qui seront autour de 70, encore que tous ne soient pas retenus en ce qui concerne les sciences sociales et humaines qui préoccupent davantage cette assemblée, il n’y a dans ce crû qu’une vingtaine de projets qui proviennent de ce secteur. Il est parfaitement possible qu’il y en ait bien davantage l’année suivante ; l’appel d’offre a été fermé à mon sens très tôt en enseignement supérieur-recherche, soit le 1er juin de l’année 86. Si d’autres projets vous intéressent il faut songer dès maintenant à préparer ceux qui seront mis en place en 88. Je voudrais attirer votre attention sur l’intérêt de cette procédure. Ces projets fonctionnent sur subventions, ce qui donne aux chercheurs et aux entités responsables la possibilité d’organiser leur budget comme elles le souhaitent, une fois le projet accepté. Ces projets fonctionnent sur une base pluri-annuelle, et sont en principe, je dis bien en principe reconduits pendant leur temps d’existence qui est actuellement de trois ans. Si la commission permanente en décide cette durée sera peut-être portée à cinq. Vous le savez tous, les gouvernements n’aiment pas beaucoup les projets que l’on reconduit longtemps. Donc des projets intéressants qui ne me paraissent pas mériter le découragement. Moi je suis au contraire frappée de la vitalité, d’abord du nombre des demandes et de la vitalité des échanges au niveau de la recherche. J’ajoute pour faire bonne mesure qu’en ce qui concerne la recherche médicale ça marche bien aussi ; malgré les problèmes que posent actuellement les échanges d’internes ou de résidents.
4L’un d’entre vous a évoqué la possibilité d’un comité mixte, d’un comité scientifique, mais ce comité scientifique existe. Il a reçu un commencement d’ébauche et il a déjà eu une action en janvier dernier. Ce comité se réunira justement dans quelques jours pour trier avec nos partenaires québécois, les soixante-dix projets. Donc ce comité scientifique existe ; le problème de ses rapports avec le Conseil scientifique d’orientation est posé, mais c’est une structure nouvelle, légère et qui sera certainement très profitable. Pour conclure si vous le voulez bien sur l’aspect pratique des choses je voudrais dire que nous sommes en effet pour la souplesse, pour les subventions – le centre interuniversitaire en est un exemple –, le centre Jacques-Cartier en est un autre, je pourrais vous en citer quantité d’autres. La difficulté c’est le passage d’habitude du coup à coup à des habitudes de regroupements conceptuels d’efforts qui entraînent eux-mêmes l’attribution de moyens. C’est peut-être là que gît le problème de cette transition un peu difficile mais qui moi me paraît fort bien amorcée.
5Quand j’entends dire : faut-il relancer la coopération interuniversitaire ? Mais elle est déjà relancée, et je crois que là ce pessimisme date un peu. Nous sommes disposés à déléguer et, avec l’aide des ministères techniques, compétents, dont celui de l’Education nationale au premier chef, beaucoup de choses. Evidemment toute cette coopération résulte d’un dialogue avec nos partenaires québécois. Les choses sont vivantes et elles le sont tant que nous nous voyons beaucoup. Il me semble moi qui suis nouvelle, qui ne suis donc pas passée par les phases que vous avez connues, qu’au contraire c’est une très grande chance que nous avons maintenant de relancer une coopération interuniversitaire d’un nouveau style, mais tout à fait profitable aux deux côtés. C’est ce que nous pensons. Evidemment un des problème qui se pose à la coopération c’est le problème de la place des sciences sociales et humaines dans la cité et donc dans la coopération. Si ces sciences sociales et humaines ont eu cette extraordinaire expansion, et marquent une pose maintenant, et si l’on nous casse parfois les oreilles avec un vocabulaire qui semble purement préoccupé de la marche des entreprises, il est bien évident que la progression franco-québécoise ne peut se faire dans un seul secteur. Quand un pays progresse il progresse en tout dans tous les domaines à la fois et une coopération aussi.
Auteur
Directrice du Bureau-Québec :
Ministère des Affaires étrangères
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