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    Plan détaillé Texte intégral Bierre ANSART - Sociologue - Université de Paris VII Michel MOREAU - Droit-Université de Poitierd Jean PELLETIER Géographie - Université de Lyon Lumière - Lyon II Auteurs

    La coopération universitaire entre la France et le Québec

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    A) La vision des enseignants

    Pierre Ansart, Michel Moreau et Jean Pelletier

    p. 95-104

    Texte intégral Bierre ANSART - Sociologue - Université de Paris VII Michel MOREAU - Droit-Université de Poitierd Jean PELLETIER Géographie - Université de Lyon Lumière - Lyon II Auteurs

    Texte intégral

    Bierre ANSART - Sociologue - Université de Paris VII

    1Nous animons depuis près de dix ans un groupe de recherche franco-québécois sur la didactique des Sciences sociales et humaines. Nos partenaires québécois sont en majorité professeurs à l’UQAM ou à l’Université de Montréal : et selon les thèmes, des professeurs de Mc Gill, de Laval se joignent à nous. Nous avons organisé de nombreux séminaires et colloques et publié six ouvrages, Collection d’articles et d’actes de colloques.

    2Nous avons une double expérience en ce qui concerne les échanges d’étudiants. Une expérience très institutionnalisée dans le cadre d’un projet intégré où nous avions obtenu des bourses d’études et de stages. Nous avons d’autre part dirigé plusieurs thèses. Cinq sont en cours actuellement. De plus quelques étudiants québécois suivent une formation de sciences sociales au niveau Maîtrise et DEA.

    3De cette expérience je tire quelques leçons élémentaires :

    1. – Si nous comparons les fruits que peuvent tirer de ces études les étudiants de 1er cycle et les étudiants de 3e cycle... ce sont ces derniers et les jeunes chercheurs qui tirent le plus de bénéfices de ces stages et séjours. Je pense que c’est vers ces étudiants que nos efforts doivent se porter en premier lieu.
    2. – Les principaux freins à la circulation des étudiants sont évidemment – d’ordre financier – et toute incitation sous forme de bourse d’étude – ou bourse de stage – allègement des coûts pour l’étudiant – sont absolument nécessaires. Néanmoins :
    3. – Subsistent – même au niveau DEA et inscription en thèse – des problèmes d’insertion, d’adaptation – et en ce domaine, le meilleur remède est l’existence d’un groupe de recherche – ou à tout le moins – d’un réseau franco-québécois déjà constitué – lorsque l’étudiant arrivant de Sherbrooke trouve un laboratoire – ou un réseau franco-québécois – où il est attendu, toutes ses difficultés sont, le plus souvent, résolues sans perte de temps.
    4. – Les co-directions de thèse sont, me semble-t-il, une excellente formule lorsque les deux co-directeurs ont établi une bonne entente.

    Le jeune chercheur bien informé de ce qui se fait dans les deux laboratoires devient une sorte d’agent de liaison scientifique – d’incarnation intellectuelle de la coopération.

    4On peut penser que ces chercheurs seront ensuite les meilleurs agents des coopérations futures. Il y a là des initiatives à prendre et à organiser.

    Michel MOREAU - Droit-Université de Poitierd

    5Je ne peux pas avoir l’ambition de présenter la coopération franco-québécoise dans le domaine du droit pour la France entière, je voudrais surtout insister sur l’expérience que nous avons tentée à la faculté de Poitiers à partir de 1985 parce qu’il y a eu un effort qui peut, d’une certaine façon, être intéressant. L’université de Montréal et l’université de Poitiers avaient depuis une vingtaine d’années des contacts qui étaient des contacts épisodiques ; mais à partir de 1985 – et il faut le dire, au départ grâce à des liens personnels qui s’étaient établis entre un professeur de la faculté de Droit de Montréal et un professeur de Poitiers – il y a eu l’ambition d’aller plus loin et de régulariser cette coopération, ces contacts. Cela s’est traduit historiquement de façon extrêmement simple, c’est-à-dire que nous avons préparé un projet de convention, cette convention a été ratifiée et elle a été, disons aussi, favorisée par un séjour que j’ai moi-même fait à Montréal pendant dix jours au mois de février 1986, de façon à ce que les différents problèmes pratiques qui peuvent se poser soient épuisés autant que possible par une rencontre régulière pendant une semaine. Cette convention comporte trois volets ; il y a la recherche, il y a l’échange d’enseignants et il y a les échanges d’étudiants. Je commencerai par dire quelques mots des échanges d’étudiants d’abord parce que c’est sur ce point que nous avons, dans un premier temps, les plus grandes satisfactions.

    6L’échange d’étudiants se présente de la façon suivante : il s’agit de choisir des étudiants qui ont au moins deux années de formation dans l’une ou l’autre université et de favoriser leur séjour pendant quatre à cinq mois dans l’autre université. Ce qui est incitatif, c’est que nous prévoyons un encadrement de ces étudiants, encadrement pour le choix des cours et dans la conduite de leurs études. A la fin de leur séjour, les étudiants font l’objet d’une interrogation, et leurs résultats sont pris en compte dans l’autre université. Alors, en ce qui concerne très concrètement notre université nous avons sept étudiants de Poitiers qui sont partis au mois d’août et qui vont revenir au mois de décembre. Ils sont là-bas et sont extrêmement satisfaits. Ce sont des étudiants qui ont obtenu une licence en droit en juin 1986 et lorsqu’ils vont revenir au mois de décembre, si les notes qu’ils rapportent sont correctes, nous leur accorderons l’équivalence d’une partie de la maîtrise, de telle sorte, qu’ils n’auront plus que le solde à préparer à la fin de l’année pour obtenir leur diplôme. Ce système est apparu si incitatif que si nous avons envoyé sept étudiants, nous avons eu une quarantaine de demandes dès le mois d’avril pour partir. De même, au mois de janvier, nous allons recevoir huit étudiants de l’université de Montréal. Ils vont être reçus par une équipe qui va les aider dans leurs choix de cours et seront naturellement sanctionnés à la fin de leur séjour. Lorsqu’ils rentreront à Montréal, leurs notes compteront pour leur baccalauréat en droit dans cette université. A l’Université de Montréal il y a eu également beaucoup de candidats. Par conséquent on peut donc penser qu’il s’agit d’un système qui séduit les étudiants. Il y a l’aspect pédagogique mais il y a aussi l’aspect financier. Nous avons eu pour démarrer un soutien exceptionnel de l’université de Poitiers afin d’aider les étudiants à subvenir à leurs frais de séjour. Ils ont pu obtenir grâce à leur débrouillardise des tarifs intéressants pour le transport. Quant aux étudiants de Montréal, je pense qu’ils ont obtenu une aide locale. De toute façon, ils étaient si intéressés par un séjour en France de quatre à cinq mois, qu’ils étaient prêts à prendre sur leurs deniers personnels pour venir. Ainsi l’aspect échange d’étudiants se présente très bien si on en juge, par ceux qui l’ont déjà commencé et aussi par le nombre de candidats qui se sont présentés, aussi bien d’un côté que de l’autre.

    7Quant aux échanges d’enseignants, disons qu’ils sont déjà programmés pour trois années. Il y a un français qui est allé à Montréal en 1985, un autre qui est parti en septembre-octobre 1986, un autre qui partira en septembre-octobre 1987. Il faut dire que le décalage de l’année universitaire entre la France et le Québec favorise d’une certaine façon les choses, car des français peuvent partir en août-septembre-octobre sans être perturbés dans le déroulement de leurs enseignements. Cela est certainement un avantage. Il s’agit peut-être de l’élément qui tempère la rigidité qu’on signalait tout à l’heure. Ce financement d’enseignants est assuré pour la France, par l’utilisation de postes vacants. C’est-à-dire que nous utilisons le système de professeurs invités. Ceux-ci sont rémunérés pour un mois, ou pour deux mois.

    8Enfin il y a l’aspect recherche. La recherche dans notre coopération s’est traduite d’abord par la sortie d’un ouvrage au mois de septembre. Ce premier ouvrage a été rédigé par un Français : un Poitevin, et un Montréalais. Il porte sur la procédure pénale comparée. Il s’agit de la première manifestation, du fait que des recherches peuvent être utilement faites sur des points très précis entre des Québécois et des Poitevins. Cet ouvrage a été rédigé en l’espace d’un peu plus d’une année, ce qui montre bien que de larges possibilités sont offertes. D’autre part, nous projetons la tenue régulière de colloques. Un colloque sur les droits de l’homme a été prévu entre Poitiers et Montréal en Juillet 1988. Nos collègues québécois sont préoccupés, d’une part par la charte des droits et des libertés, et, d’autre part, par l’application de la convention européenne des droits de l’homme. Dans l’avenir, d’autres thèmes de coopération se présentent, notamment dans le domaine du droits des techniques de communication. Ils sont très avancés dans ce domaine à Montréal. A Poitiers nous nous y intéressons aussi.

    9En conclusion, notre expérience est toute récente, mais elle démarre dans des conditions qui nous paraissent suffisamment favorables pour que j’aie pris quelques minutes pour vous la présenter. Merci.

    10A la suite de cet exposé, on a demandé à Michel Moreau de préciser le soutien exceptionnel dont avaient bénéficié les sept étudiants français qui sont allés au Québec. On a demandé de préciser quelle était l’aide apportée à ces étudiants, est-ce qu’elle se poursuivrait et qu’adviendrait-il de ces étudiants dans le cas d’une non-poursuite de l’aide ?

    11Voici la réponse de Michel MOREAU :

    12En ce qui concerne l’aide : oui, il y a eu une aide cette année, exceptionnelle de la part de l’université de Poitiers. Les sept étudiants ont pu se partager 65.000 francs. Ils ont donc reçu respectivement environ 9.000 francs. Les étudiants boursiers percevant en outre leur premier trimestre de bourse, il y avait donc une aide qui permettait, semble-t-il, de vivre pour eux pendant quatre mois. Il est clair que l’université de Poitiers ne pourra pas renouveler cette aide exceptionnelle. Cela étant, je pense qu’elle accordera une aide une deuxième année. Notre démarche actuelle est de frapper à un certain nombre de portes pour pouvoir obtenir une subvention plus régulière. C’est ce que nous avons fait ; nous avons frappé à des portes nationales ou internationales. Les collectivités locales peuvent également nous aider dans la mesure où, il ne faut pas l’oublier, Poitiers est intéressé par les relations avec le Canada et le Québec en particulier, ne serait-ce que parce qu’il y a un certain nombre de québécois d’origine poitevine et que le Poitou ne l’a pas oublié. Je pense donc qu’en multipliant les demandes d’aide, nous réduisons le risque d’amputation brutale. Si nous n’avions qu’un seul support, nous risquerions un jour de voir la subvention disparaître et alors là, évidemment, se poserait la question de l’avenir des échanges.

    13Je dois dire que les étudiants québécois qui doivent venir à Poitiers au mois de janvier ont indiqué que même s’ils n’avaient eu aucune aide ils seraient venus de toute façon. Ils sont donc prêts à financer leur séjour. Je ne peux évidemment pas prendre les mêmes engagements pour les étudiants français. Je crois que certains, malgré tout, feraient un effort pour aller de toute façon à Montréal dans les conditions que nous leur avons préparées ; étant entendu que ce système n’est pas idéal dans la mesure où certains étudiants excellents, mais ayant des ressources financières réduites ne pourraient pas bénéficier de la convention ; c’est pourquoi nous essayons véritablement de garantir une aide minimale pour que les chances de partir soient relativement égales.

    14Alors deuxième chose, bien que la question ne m’ait pas été posée, j’y réponds brièvement, ça concerne l’inégalité des cursus. Ça n’a pas été facile de discuter avec mes collègues montréalais pour arriver à établir une certaine correspondance, mais je dois dire que le souci de faire avancer cette collaboration et d’ouvrir au maximum la formation intellectuelle de nos étudiants à fait en sorte que nous avons pu nous entendre et que, pour l’instant, cela démarre plutôt bien. J’ajoute que si cette année ce sont des étudiants de maîtrise qui sont partis, il est clair qu’il y a un plancher mais qu’il n’y a pas de plafond. Le plancher, c’est qu’il faut au moins avoir une sérieuse formation juridique pour espérer profiter de la convention, mais il est clair que cela est ouvert aussi aux étudiants de DEA. Nous avons déjà un chercheur qui est parti au mois d’octobre pour étudier les aspects du droit et de la génétique parce qu’il fait une thèse en France sur ce point et qu’il sait qu’il y a des études qui sont conduites au Québec sur cette question. Si nous avons ciblé vers la maîtrise, c’est parce qu’il nous paraît important que des étudiants qui ne poursuivent pas nécessairement vers la recherche puissent avoir, dans leur formation générale, une ouverture vers une autre université, un autre droit, une autre société.

    15Enfin, il y a la question des droits d’inscription ; elle est relativement simple. Les étudiants sont dispensés de droit d’inscription – ce qui est d’ailleurs plus favorable pour les Français que pour les Québécois – tout simplement parce qu’il y a une convention entre les universités du Québec et les universités françaises, et que les universités françaises qui ont signé cette convention-cadre peuvent faire bénéficier leurs étudiants de cette dispense de droit d’inscription.

    Jean PELLETIER Géographie - Université de Lyon Lumière - Lyon II

    16Je dois dire que je me sens un petit peu le droit de parler presqu’au nom des étudiants en ce sens que j’ai accumulé en géographie ou en urbanisme un nombre d’heures d’enseignement dans les universités canadiennes qui, d’après mes petits calculs, doit faire dix-huit mois pratiquement sur vingt-deux années, ce qui ne me rajeunit pas, et dans tous les cycles, c’est-à-dire aussi bien en première année, même parfois au BA des adultes pendant l’été à Montréal, à Sherbrooke ou à Moncton qu’en doctorat. Ce n’est pas au Québec mais c’est tout de même une université de langue française. Cette longue expérience a eu, je dois le reconnaître, lors de la première année, des relents de colonialisme involontaires, tels qu’on l’a déjà évoqué précédemment. Pour l’anecdote je citerai simplement un exemple : à l’époque, c’est-à-dire en 1964, des étudiants de géographie de l’Université de Montréal étudiaient la géomorphologie, le relief à partir de cartes d’état-major françaises, et ils apprenaient ainsi les cuestas du bassin parisien, la côte de Meuse et la côte de Lorraine, et on ne leur parlait du Saint-Laurent que tout à fait par hasard. Depuis les choses ont heureusement bien changé. J’ai, moi aussi, changé d’enseignement et j’ai essayé de me rapprocher de ceux auxquels j’étais en train de parler.

    17La première question qui me trouble un peu, c’est le problème du niveau. Je pense qu’on a toujours pratiquement confondu depuis le début deux types d’étudiants qui ne paraissent pas exactement pouvoir être confondus, c’est-à-dire d’une part les chercheurs et puis les étudiants. Il est exact que ce sont deux mots qu’on peut confondre. Nous sommes étudiants à vie si nous continuons à travailler et à apprendre, mais je pense qu’il y a tout de même une différence assez sensible entre les chercheurs ; cent à temps plein, qui sont d’ailleurs surtout les gens des sciences exactes et qui finalement vont avoir une carrière en grande partie universitaire ou dans le privé, n’auront pas du tout les mêmes caractéristiques que beaucoup d’étudiants en sciences sociales par exemple, qui font de la recherche parce qu’il est nécessaire d’obtenir des grades universitaires mais ne continueront pas la plupart du temps dans celle-ci. Ils deviendront dans le civil, si je puis dire, soit des enseignants, soit des personnes s’occupant par exemple d’urbanisme. Puisque je dirige un DESS d’urbanisme, je peux en parler, nous faisons des échanges dans ce domaine, et je crois qu’il y a là une distinction qu’il faudrait que nous affinions. Ce n’est pas du tout le même type d’échanges que l’on fait lorsqu’on échange un chercheur d’un laboratoire à un autre, sur un sujet extrêmement précis et un étudiant qui, au contraire, a un cursus universitaire à suivre avec des cours, avec un panorama ou une panoplie d’enseignements qui, évidemment, sera très variée. Je crois qu’on aurait intérêt à ce que notre politique ne soit pas la même, ou du moins soit différente, au moins dans ses modalités, entre ces deux éléments.

    18Cette première distinction m’amène à une autre qui est tout à fait corollaire, qui m’apparaît aussi depuis que nous discutons, c’est le problème de niveau. Nous avons eu presque un consensus qui s’est exprimé oralement mais qui avait d’autant plus de force qu’il me semblait que ce ne soit pas discutable, un consensus muet, le plus fort de tous : pratiquement tout le monde pensait que le DEA ou le DESS ou les thèses étaient des bons niveaux d’échange. J’avoue que je me pose des questions. Je me demande si, dans certaines disciplines, et alors là je rejoins toujours ma notion d’étudiant, non pas la notion de chercheur, on ne pourrait pas commencer plus tôt ; tout de même pas en première année, mais au niveau de la licence, pourquoi pas, au niveau de la maîtrise sûrement. Depuis ces vingt-deux années de collaboration j’ai eu de très nombreux étudiants des deux côtés et je dois dire que là où la coopération a le mieux marché, où finalement les étudiants, qui actuellement sont des collègues d’ailleurs de l’université de Montréal ou d’ailleurs, ont ressenti le mieux cette collaboration, c’est lorsqu’ils avaient commencé dès la licence, et que cet échange pouvait s’effectuer sur la longue durée, c’est-à-dire sur au minimum deux ans, et même si possible sur trois ans, avec des retours réguliers bien entendu d’un côté à l’autre. Donc, deuxième réflexion, je crois qu’il y a peut-être une distinction à faire et peut-être par discipline ou ensemble de disciplines pour le niveau. Je ne suis pas persuadé que nous ne choisissions pas la solution de facilité en partant le plus haut possible. Evidemment, à partir du moment où il s’agit d’un échange à partir d’une thèse ou d’une recherche, l’encadrement est bien plus simple puisqu’il n’y a qu’un enseignement déterminé ou une recherche déterminée, alors que les choses sont beaucoup plus compliquées aux autres niveaux.

    19Ceci m’amène à deux autres points qui me paraissent, d’expérience, mériter d’être mis en valeur et qui vont nous concerner essentiellement en tant qu’enseignants, c’est l’effort d’adaptation que nous devons faire pour nous mettre au niveau des étudiants que nous allons recevoir. Il y a, je crois d’abord un problème de connaissance réciproque, car ces étudiants sont différents. Ils n’ont pas eu la même base dans leurs études secondaires, ils n’ont pas eu du tout la même façon d’appréhender les relations – et c’est très important – personnelles entre les enseignants et eux-même. Ils demandent du côté québécois par exemple une beaucoup plus grande disponibilité. Il est assez habituel et ça devient finalement très sympathique d’avoir un coup de téléphone à 23 heures – quoiqu’on dise plutôt encore 11 heures au Québec – d’un étudiant qui est mal pris car il est en train de rédiger quelque chose, et se sentant "mal pris" eh bien il téléphone en disant : est-ce que vous ne connaîtriez pas un livre qui pourrait m’aider sur la question ? On est d’abord surpris avec nos bonnes habitudes mandarinales, mais finalement on se dit : n’ont-ils pas raison, s’ils n’en abusent pas, bien sûr. Et je crois que l’un des éléments qui m’a le plus frappé en fréquentant les universités canadiennes, c’est qu’il y a une marge tout à fait sensible dans le problème de l’ouverture des portes des professeurs. Les portes des professeurs sont fermées en France ; on frappe et on vous dit : vous pouvez entrer ; or, au Canada, elles sont généralement grandes ouvertes, et on voit le collègue en train de travailler à sa table de travail ; il est disponible, si je puis m’exprimer ainsi. Je ne veux pas trop accuser la comparaison, car elle nous serait désobligeante et ce n’est pas le propos, mais je crois que ce qui est tout de même fondamental c’est qu’il faut une période d’adaptation, que la façon dont on enseigne d’un côté et de l’autre n’est pas la même et que pour cela il est tout à fait nécessaire que nous tous, nous fassions l’effort, si vous voulez, d’assurer un enseignement. Dans les échanges, ce que je constate – et je le constate dans ma propre discipline – c’est que bien souvent, même avec le profit du décalage scolaire qui a été souligné et qui est bien commode, qui permet d’enseigner d’un côté pendant qu’il n’y a pas encore de cours de l’autre, bien souvent notre passage est relativement météorique. C’est-à-dire qu’on fait des conférences, on participe à des séminaires ; mais par expérience je suis persuadé que ce qui serait préférable, c’est d’enseigner, c’est à dire de s’impliquer réellement, d’avoir une connaissance directe des étudiants que l’on pourra recevoir plus tard dans un enseignement régulier. Celà peut vouloir dire participer à une équipe de séminaire, participer à un enseignement proprement dit et, si possible, rester relativement longtemps. C’était bien plus facile, je le reconnais, autrefois. Il m’est arrivé de rester trois mois d’un coup et de faire donc un semestre complet à l’université de Montréal. Les fruits ont été bien meilleurs que lorsque je n’ai eu que quinze jours devant moi, juste le temps de faire passer le décalage horaire, de voir les amis et connaissances, de retrouver ma seconde ville qui est Montréal après Lyon, et de retrouver les étudiants. J’ai à peine le temps de participer à un séminaire que je m’en vais. Je crois qu’il ne faut pas que nous abusions, en tant qu’enseignants, des missions de courte durée. Les missions de courte durée sont très utiles sur le plan des relations personnelles, sur le plan si vous voulez peut-être aussi de la recherche, mais si vraiment nous voulons avoir une relation réelle avec les étudiants il est indispensable d’avoir je crois un enseignement relativement long.

    20Enfin, j’en terminerai là-dessus, deuxième élément qui me paraît essentiel aussi dans ce domaine et qui je crois est soluble : c’est l’harmonisation des programmes. On a parlé de la rigidité des programmes nationaux tout à l’heure – c’est vrai, il y a des cursus particulièrement au niveau de la licence, qu’il faut respecter ; mais je crois qu’avec un petit effort, il doit être tout à fait possible d’y arriver. J’ai reçu il y a quelques jours seulement une demande d’échange de deux étudiants de l’institut d’urbanisme de l’université de Montréal. Ils vont donc suivre un trimestre entier c’est-à-dire six mois, et recevoir quinze crédits à partir des cours ou des enseignements qui vont leur être donnés. Je crois que ça ne pose pas de problème si l’on prend la peine de bien penser à l’avance que nous avons des accords avec les universités extérieures. Ainsi beaucoup de programmes à partir de la maîtrise au minimum peuvent être infléchis dans le sens de ce qui va être demandé aux étudiants venant du Québec. Dans ces conditions, en s’y prenant un an ou deux à l’avance et en ne forçant pas trop la main à des autorités universitaires, ni celles de nos collègues qui sont impliqués dans le système, on peut trouver ainsi je crois un moyen d’insertion qui sera beaucoup plus facile. Je pense que jusqu’à présent – je serai peut-être un peu dur aussi bien pour moi-même d’ailleurs que pour les autres – dans l’ensemble les étudiants ont été plus ou moins sacrifiés. Ce sont nos préoccupations personnelles, c’est-à-dire nos préoccupations d’enseignants ou de chercheurs qui ont finalement orienté le sens des échanges. Je crois qu’il est tout à fait temps de retourner complètement le système et de faire que les étudiants qui plus tard nous remplaceront soient ceux précisément qui aient le plus droit à la parole et nous disent partiquement ce qu’ils demandent.

    Auteurs

    Pierre Ansart

    Sociologue – Université de Paris VII

    Michel Moreau

    – Droit-Université de Poitiers

    Jean Pelletier

    – Géographie
     – Université de Lyon Lumière – Lyon II

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    Ansart, P., Moreau, M., & Pelletier, J. (1987). A) La vision des enseignants. In J. Portes & S. Simard (éds.), La coopération universitaire entre la France et le Québec (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.51703
    Ansart, Pierre, Michel Moreau, et Jean Pelletier. « A) La vision des enseignants ». In La coopération universitaire entre la France et le Québec, édité par Jacques Portes et Sylvain Simard. Paris: Éditions de la Sorbonne, 1987. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.51703.
    Ansart, Pierre, et al. « A) La vision des enseignants ». La coopération universitaire entre la France et le Québec, édité par Jacques Portes et Sylvain Simard, Éditions de la Sorbonne, 1987, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.51703.

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    Format

    Portes, J., & Simard, S. (éds.). (1987). La coopération universitaire entre la France et le Québec (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.51538
    Portes, Jacques, et Sylvain Simard, éd. La coopération universitaire entre la France et le Québec. Paris: Éditions de la Sorbonne, 1987. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.51538.
    Portes, Jacques, et Sylvain Simard, éditeurs. La coopération universitaire entre la France et le Québec. Éditions de la Sorbonne, 1987, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.51538.
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