Introduction
p. 7-9
Texte intégral
1La coopération franco-québécoise est si étendue, si diverse, si liée aux facteurs politiques et économiques, que de nombreuses questions se posent quant à son fonctionnement quotidien, et aux priorités qui doivent guider sa marche en avant.
2Les universitaires partenaires de cette coopération, des deux côtés de l’Atlantique, utilisent tous les canaux de celle-ci, depuis les contacts personnels, jusqu’aux instances de la Commission permanente, en passant par les échanges entre les Universités elles-mêmes ; ils ressentent durement les difficultés, particulièrement depuis ces dernières années marquées au sceau de la rigueur, à Québec comme à Paris.
3C’est pourquoi le Centre de coopération interuniversitaire franco-québécoise a suscité un colloque qui a permis aux divers partenaires de la coopération de se réunir, tant pour faire le point que pour dégager des perspectives d’avenir, à un moment où celui-ci semble parfois bien inquiétant. Les universitaires sentent le besoin de s’interroger, les responsables politiques ont, eux, moins le temps de le faire ; le moment était bien choisi, encore proche du vingtième anniversaire de l’Entente franco-québécoise de 1965.
4La première phase de cet ambitieux colloque a eu lieu, dans le cadre de l’A.C.F.A.S., le 15 mai 1986 à Montréal, réunissant un grand nombre de chercheurs et de responsables québécois. Les débats ont permis de mettre l’accent sur quelques uns des problèmes spécifiques de cette coopération depuis les vingt dernières années : tracasseries administratives, oubli presque total des étudiants et pourtant richesse des diverses expériences. Ces thèmes ont servi de tremplin aux membres du comité scientifique pour construire la deuxième étape, qui s’est déroulée le 7 novembre 1986 à Paris, servant en même temps de tribune aux partenaires français, et de séance de synthèse.
5Les débats, particulièrement riches, ont pleinement atteint l’objectif recherché, un bilan sans complaisance mais des perspectives encourageantes. Le présent volume constitue les actes de ce colloque en deux temps, il cherche à préserver la fraîcheur des discussions, la vivacité des interventions qui n’ont jamais visé à l’érudition, mais ont tenté de rendre compte du vécu, à propos d’une coopération toujours très vivante. Le caractère complémentaire des journées montréalaise et parisienne, la reprise de certains des thèmes, ont rendu impossible une publication complète des actes. Un choix a dû être fait, pour éviter d’inutiles répétitions, pour alléger des développements marginaux ; en effet les bouleversements n’ont pas été tels entre mai et novembre qu’ils rendent nécessaire de distinguer exactement entre les premiers textes et les seconds. C’est pourquoi, aux thèmes discutés à Paris ont été adjoints certaines des communications faites à Montréal, ce qui peut expliquer quelques redites, voire des références à un texte qui n’apparaît que par la suite. Petits inconvénients, inhérents à de telles entreprises, qui ne devraient rien enlever à l’intérêt de ce volume. Il s’articule autour de quatre grandes parties complémentaires.
6La première partie est consacrée au bilan de la coopération. On y trouvera une analyse historique, de Sylvain Simard et moi-même, qui fait ressortir les phases d’évolution de celle-ci, sur le plan gouvernemental, et qui justifie pleinement le cri d’alarme qui a été lancé à Montréal comme à Paris. Par ailleurs, seul le résumé écrit du vidéo d’Anne Legaré, présenté lors des deux journées, donnera une idée des points de vue de quelques éminents responsables de la coopération de ces dernières années qu’elle a interrogés.
7La deuxième partie présente la diversité des expériences de coopération, tant sur le plan humain que sur celui des disciplines. Une douzaine d’universitaires, québécois et français, scientifiques ou littéraires, donnent les exemples de ces échanges dont ils sont les artisans. Canaux de financement variés, importance des projets gouvernementaux, multiplicité et variété des cas d’hier ou d’aujourd’hui ; tous constituent un véritable plaidoyer en faveur de la coopération. La situation est sans doute inégale, entre la littérature qui fait maintenant figure de parent pauvre, et les mathématiques ou la chimie qui parviennent mieux à s’affirmer, mais toutes ces expériences sont la preuve, malgré les difficultés du moment, de la prodigieuse vitalité de la coopération. Il y a là des leçons qui ne doivent pas être perdues.
8Dans la troisième partie s’expriment les étudiants et ceux qui ont souci de leur rendre la coopération accessible. Les quatre étudiants, de médecine, de gestion, d’histoire et de physique, montrent, à travers leurs expériences, le fantastique enrichissement que peut constituer un séjour d’études dans le pays d’accueil. Les professeurs qui ont eu l’occasion d’encadrer ces étudiants viennent confirmer, en tous points, ce diagnostic. Les interventions de Philippe Bergeron, au nom du C.C.I.F.Q. et de Richard Pérusse, pour la C.R.E.P.U.Q., fournissent les preuves qu’il est possible de relancer, avec volonté et ingéniosité, la coopération étudiante, indispensable pour assurer permanence et renouvellement.
9 Après les universitaires, ce sont les responsables politiques qui s’expriment. La quatrième partie réunit leurs principales interventions. Du côté français, Marie-Pierre de Cossé-Brissac, Christian Philip et Jacques Lautmann, calment beaucoup d’inquiétudes ; ils montrent toute l’importance que revêt, pour eux, la coopération entre la France et le Québec. La réponse aurait sans doute été la même du côté québécois, si un fâcheux concours de circonstances n’avait empêché la présence des principaux responsables ; le tableau d’ensemble dressé par Jean-Marc Léger montre que la volonté existe toujours de faire progresser la coopération, tout comme la contribution, quelque peu iconoclaste, de Daniel Latouche.
10Le présent volume, grâce à ses diverses contributions dont la spontanéité a été, dans la mesure du possible, respectée, permet de se faire une meilleure image de la coopération universitaire franco-québécoise. Le pessimisme qui ressort du rappel historique, comme de certaines interventions, subsiste car la situation reste très incertaine, mais il doit être considérablement nuancé. Les partenaires de la coopération ont su s’adapter à une conjoncture difficile, ils continuent à œuvrer, par tous les moyens, à la poursuite et au développement d’une coopération exemplaire pour les deux pays. Puissent les conclusions de ce colloque permettre une meilleure perception des problèmes qui subsistent, et servir, peut-être, d’ébauches de solution.
11Plus généralement ce colloque, bien que consacré à la seule coopération franco-québécoise, pose des questions, présente des situations, envisage des voies d’avenir qui peuvent servir d’exemples pour tout autre cas de coopération universitaire internationale. Au-delà de leur but immédiat, les responsables du présent volume seraient très satisfaits si leurs réflexions pouvaient, ainsi, être plus largement utiles, fournissant une nouvelle preuve des bienfaits de la coopération universitaire.
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