- XII - Les cimetières du régime militaire
p. 148-163
Texte intégral
"Tu es l’oiseau de notre sang qui de la source à l’embourchure, se blesse et boit à ses blessures, pour aller se recommençant "
Jules Supervielle
("La fable du monde",L’oiseau de la vie)
1Une année de pouvoir militaire ne s’est pas écoulée en Argentine que du Péronisme, conduit au bûcher au lendemain du coup d’Etat, il ne reste que des cendres.
2La tête du mouvement, l’ex-Présidente Isabelita, au moment où l’étau militaire se refermait sur elle, n’a consenti ni à fuir, ni à résister, ni à se rendre. A son poste, quoi qu’il advienne ...
3Elle se retrouve donc prisonnière de l’Armée, celle-ci n’ayant pas l’intention de lui permettre de quitter le territoire. Le spectre d’un nouveau Perón appelant à la résistance populaire des différentes capitales de l’exil est ainsi écarté.
4Dans les heures qui suivent le coup d’Etat, Isabel Perón est conduite par avion en Patagonie, à San Carlos de Bariloche. Elle sera logée à la résidence El Messidor, située dans le parc national Nahuel Huapi. Coupée de tout contact, elle y passera un an et demi, jusqu’au 29 octobre 1977 où elle sera transportée jusqu’à la base navale Azopardo, à Azul, province de Buenos Aires. L’état de santé déplorable de l’ancienne Présidente donne alors lieu à ce communiqué médical signé par trois médecins militaires : "La détenue présente tous les symptômes d’une profonde névrose. En dehors de cela, son état de santé est normal. L’attitude de la détenue, au début favorable au processus (militaire), laisse paraître, en raison de son état mental, de la haine et même de la rancoeur" (sic).
5Le Péronisme politique se retrouve donc décapité, ses principaux dirigeants, du moins ceux qui n’ont pas gagné l’étranger, emprisonnés et traduits devant la justice.
6Quant à la C.G.T., son unique souci est de se faire oublier. Elle a bien décrété, avec les "62 Organisations", une grève générale dans la nuit du coup d’Etat. Aucun travailleur ne s’est mobilisé. Dès le 24 mars, un mandat d’arrêt a été lancé contre quatre des principaux dirigeants péronistes : Miguel Unamuno, ministre du Travail, Lorenzo Miguel, chef des "62 Organisations", Rogelio Papagno (syndicat de la construction) et Hugo Barrionuevo (syndicat de l’alimentation). Pour ce qui est de Casildo Herreras, le secrétaire général de la Centrale, il se terre, quelque part à Montevideo.
7Nul, en cette période, ne s’aviserait de remuer le petit doigt pour s’attirer les foudres du nouveau général qui s’est installé à la Casa Rosada : l’austère, le taciturne, le filiforme, l’incorruptible Jorge Rafael Videla1, à la gravité orgueilleuse des "viejos cristianos" de l’Espagne des rois catholiques.
8Si, du Péronisme, subsistent quelques braises incandescentes, elles sont attisées par quelques leaders de l’extrême gauche, appartenant au mouvement Montonero. Mais sont-ils encore vraiment "péronistes", ces moines-soldats, éperdus d’idéal, qui ont rompu avec Perón depuis le discours du 1° mai 1974 et qui, depuis lors, ont combattu à visage découvert le régime de la veuve2 ?
9La nouvelle Junte au pouvoir n’a aucun état d’âme. Il s’agit pour elle d’assumer pleinement la mission qu’elle a, au fond d’elle même, toujours considéré comme sienne : agir en institution qui incarne, au-dessus des clans et des factions, la permanence de la nation argentine. Si les partis politiques s’avèrent incapables de gouverner, si le peuple ne sait pas choisir ses dirigeants, alors la "souveraineté militaire" n’a pas à prendre en considération la souveraineté populaire.
10Videla avait prévenu : le 25 décembre, passant la nuit de Noël avec les troupes qui combattent l’E.R.P. (Armée Révolutionnaire du Peuple) à Tucumán, il avait lançé le message suivant : "Au milieu de ces ténèbres, l’heure du réveil a sonné. Il ne suffit pas de réclamer la paix, d’espérer le bonheur, il faut les gagner... L’Armée argentine réclame avec angoisse, mais aussi avec fermeté, une immédiate prise de conscience et de position. L’immoralité et la corruption doivent être sanctionnées comme il convient. Les spéculations politiques, économiques et idéologiques doivent cesser d’être le moyen utilisé par des groupes d’aventuriers pour parvenir à leurs fins..."
11L’Armée ayant dû assumer ses responsabilités, le nouveau pouvoir met en route un "processus de réorganisation nationale". Le Congrès est dissous, ainsi que les assemblées législatives provinciales et les conseils municipaux. Sont démis de leurs fonctions les gouverneurs de province et les "interventores", les membres de la Cour Suprême de Justice et des tribunaux supérieurs de province. L’activité des partis politiques, des syndicats, des organisations patronales et professionnelles est suspendue. Un gouvernement est formé : sur les huit ministères, deux sont confiés à des civils, celui de la Culture et de l’Education (professeur Ricardo Pedro Bruera) et celui de l’Economie (José Alfredo Martinez de Hoz)3.
12Dans son premier message au pays, le général Videla, 38° Président argentin, fixe ainsi les objectifs des Forces armées : imposer une "conception chrétienne du monde et de l’homme", promouvoir "une démocratie vraiment représentative, fédérale et républicaine", "extirper la subversion et les causes qui en favorisent l’existence".
13La lutte contre la subversion sera donc la priorité absolue. Elle va plonger l’Argentine dans une longue nuit dont la population, paradoxalement, ne mesurera pas tout de suite le caractère implacable.
14Cette guerre, qu’on dénommera bien des années plus tard la "guerre sucia" (la sale guerre) avait été lancée par l’Armée, dès le 9 février 1975, sur ordre du gouvernement d’Isabel Perón. Au cours de l’année 1975, la violence terroriste avait fait en Argentine 894 victimes, et le gouvernement péroniste, dans son impuissance à y faire face, s’était résolu à engager l’Armée dans une opération anti-subversive contre l’E.R.P. dont les bastions étaient établis dans la province de Tucumán, au nord du pays. Que l’Armée liquide une fois pour toutes les maquis de l’E.R.P., il y avait là, en définitive, une sorte de consentement tacite de la part de l’opinion publique argentine.
15Mais l’Armée, obsédée par sa doctrine de défense de l’"Occident chrétien", va élargir la cible : par amalgame, à partir des guérilleros fanatiques constitués en armée remarquablement entraînée, elle va pouvoir extirper peu à peu de la matrice nationale bon nombre de figures de proue et de sans-grade d’une gauche à l’européenne dont les valeurs étaient jugées contraires aux intérêts de la patrie. Militants du Péronisme progressiste, intellectuels "libéraux", prêtres tiers-mondistes, journalistes et enseignants indépendants, médecins et avocats qui acceptent d’assister les prisonniers, tout ce monde sera bientôt considéré comme "suspect" et assimilé aux "apatrides", donc à la "subversion", donc au "communisme international".
16La "sale guerre" est, dans les villes, menée de nuit, clandestinement. Aucun déploiement de chars ou de concentration policière de nature à inquiéter la population. La vie, à Buenos Aires, suit son cours, comme avant. Mais méthodiquement, dans la discrétion, des commandos para-militaires, dont il convient de dire que certains échappent à l’autorité hiérarchique, procèdent à des enlèvements massifs.
17Dans cette "sale guerre", disparurent des centaines d’adolescents, lycéens pour la plupart, souvent imprégnés de l’idéologie " Montonera ", des lycéens en pleine " révolution culturelle " contre leur milieu bourgeois, et qui furent” dénoncés”, dans certains cas, par leurs autorités enseignantes. Disparurent des figures connues comme Alicia Eguren de Cooke, la veuve du leader péroniste John William Cooke, ainsi que le député radical Mario Abel Amaya4. Disparurent les religieuses françaises Alice Domon et Léonie Duquet, des missions étrangères de Notre-Dame de la Mothe, des prêtres, ainsi que deux évêques. Disparurent des milliers de militants inconnus d’obédience péroniste.
18Furent enlevés (et ils eurent cette "chance" de réapparaître) Hipólito Solari Yrigoyen, sénateur de la province de Chubut, connu pour ses combats en faveur des droits de l’homme, et "mis à la disposition du pouvoir exécutif " 5, ainsi que le directeur du grand quotidien libéral "La Opinión", Jacobo Timerman6.
19Plus tard, bien plus tard, la démocratie revenue, on connaîtra l’ampleur de ce génocide perpétré en Argentine : plus de 25.000 "disparus", dont près de cinq cents enfants et adolescents7.
20Alors, on fera d’étranges découvertes : des charniers, çà et là, dans des terrains vagues d’où seront exhumés des centaines de cadavres, des cimetières au fond des lacs tels que celui de San Roque, près de Córdoba, où les cadavres étaient retenus par des pierres. Et les témoignages afflueront, sur les supplices pratiqués dans les casernes et les "camps", comme ceux de la Perla, la Rivera, Pampa de Olaen à Córdoba, La Atómica près de l’aéroport de Ezeiza, ainsi qu’à l’école de mécanique de la Marine ...
21Actions d’éclat, victoires du monstre mécanique et aveugle ...
22Autre front, celui de l’Economie. Les Militaires, pour mener la bataille, ont trouvé le profil idéal : le civil José Alfredo Martinez de Hoz, administrateur de plusieurs sociétés multinationales8.
23Celui-ci présente dès le 2 avril un programme économique dont le but est de substituer, dans le pays, l’économie de production à l’économie de spéculation. Le moyen de cette politique, c’est le régime de la libre entreprise, dans toutes ses conséquences : abolition du contrôle des prix, fixation des prix selon les règles de l’offre et de la demande et des cours internationaux, appel aux capitaux privés étrangers (la loi 20.557 du gouvernement péroniste, promulguée en novembre 1973, qui réglementait l’entrée des capitaux étrangers dans le pays, est abrogée), lutte contre l’inflation par la résorption du déficit budgétaire.
24Le ministre de l’Economie cite quelques chiffres : selon ses sources, le P. I.B. de l’Argentine, après avoir connu une croissance continue pendant onze ans, a baissé de 1,4 % en 1975 (soit 3 % par tête d’habitant), et risquerait de baisser de 6 % en 1976. S’agissant du déficit budgétaire au niveau national, provincial et municipal, la cause première réside dans l’insuffisance du produit fiscal : si, en 1970, le produit des impôts couvrait 80 % du budget national, cette proportion est descendue à 25 % en 1975 et à 20 % pour les trois premiers mois de l’année 1976. Une réforme fiscale, tendant à élargir l’assiette de l’impôt, sera donc mise en chantier.
25En ce qui concerne les dépenses de l’Etat, deux impératifs sont recherchés : l’élimination du déficit des entreprises publiques, et la réduction du nombre de fonctionnaires dans le secteur public (entre la fin de 1972 et la fin de 1975, c’est-à-dire au cours de la gestion péroniste, le nombre de fonctionnaires de l’Administration, y compris les organismes décentralisés et les entreprises publiques, serait passé de 1.421.000 à 1.760.000, soit une augmentation de 24 %).
26Dans la réalité, ce plan économique d’ultra-libéralisme mis en oeuvre par Martinez de Hoz entre 1976 et 1981, va aboutir à un échec total. Les faillites et les disparitions d’entreprises se multiplient avec, en corollaire, un taux de chomâge qui va plonger dans la misère une fraction de la classe ouvrière. Mais la Junte a toujours de bonnes raisons pour nourrir sa bonne conscience. Elle s’est également lancée dans une guerre contre la "subversion économique". Lorsqu’éclate l’" affaire Graiver" 9en avril 1977, le gouvernement affirme détenir les preuves que ce banquier était le collecteur de fonds des organisations terroristes, qu’il était lié à Gelbard, l’ancien ministre de l’Economie de Perón, ainsi qu’au mouvement Montonero, et qu’il gérait pour le compte de la guérilla dix sept millions de dollars. Une occasion en or, donc, pour tenter de démontrer l’existence d’un complot entre milieux d’affaires et terrorisme. Certains chefs d’entreprise suspectés de ne pas bien collaborer à la politique économique de Martinez de Hoz sont alors mis au ban de l’infamie, et vingt trois P.D.G. sont arrêtés10.
27Devant l’étendue du désastre économique et social, la C.G.T. péroniste, même si elle est divisée (C.G.T. Azopardo, qui est relativement conciliante, et C.G.T. Brazil, plus dure) a commencé à relever la tête et à mobiliser ses troupes dès 1978. Dans les ateliers, dans les entreprises, l’opposition à la dictature "gorila" s’organise et, bientôt, le rejet du processus de "réorganisation nationale" est tel que les manifestations se font désormais au grand jour. Un millier de grèves, totalement illégales, sont déclenchées en Argentine au cours de l’année 1978, à un moment où l’exaspération populaire trouve un exutoire dans le spectacle des épreuves de la coupe du monde de football (le Mundial se déroulant en Argentine en juin 1978). La première grève générale du 27 avril 1979 est suivie par environ 20 % des travailleurs.
28Au bout de trois ans de pouvoir militaire, les partis politiques, qui restent officiellement interdits, ont également entrepris de secouer le joug. Fin mars 1979, six partis dont les péronistes et les communistes exigent de savoir dans quel délai la démocratie sera rétablie dans le pays. Un "geste", il est vrai, avait été fait par le Président Videla au début du mois de décembre 1978 : il avait participé à un banquet offert au Cercle parlementaire par les dirigeants des principaux partis ...
29Mais qu’on ne s’y trompe pas : la tolérance du régime n’est pas réservée aux péronistes, dont beaucoup sont encore pourchassés11. L’état-major, écrit Alain Rouquié12, reste encore "traumatisé par les saturnales péronistes" qui se sont déroulées entre 1973 et 1976. Point de relâchement, donc, à l’égard des anciens dirigeants justicialistes, qui savent à quoi s’en tenir : l’ancien Président Cámpora n’a t-il pas été qualifié par Videla de "délinquant", "coupable d’avoir pris d’assaut un pouvoir qui lui fut généreusement remis par les forces armées" (sic) ?13 Du reste, les centurions continuent d’isoler totalement Isabelita, prisonnière de la Marine dans une villa entourée de barbelés, près d’Azul14.
30En 1981, se crée la "Multipartidaria", formée du radicalisme du"mouvement indépendant pour le développement" (M.I.D.), du péronisme, du "parti intransigeant" et de la démocratie chrétienne, dans le but de coordonner l’action des partis.
31Au sein même de l’institution militaire, des craquements se font entendre. L’ancien Président, le général Lanusse, critique la prolongation au pouvoir de la Junte, prolongation qui "détériore et use les forces armées". Plus surprenante, l’initiative prise par l’ancien commandant de la Marine, l’amiral Massera, consistant à créer un mouvement qui se réclame de la "social-démocratie" et qui ambitionne de rassembler les forces opposées à la politique économique suivie par Martinez de Hoz, notamment les péronistes.
32Le 26 avril 198215, Place de Mai, le grand rassemblement organisé par l’opposition syndicale péroniste donne toute la mesure de sa force. Un immense portrait d’Isabelita est brandi par les manifestants et, de nouveau, se fait entendre l’antique clameur : "Le peuple avec Perón !".
33Parallèlement, une autre force d’opposition, essentiellement morale, a surgi dans cette longue nuit argentine, en réveillant une conscience nationale quelque peu destructurée par l’inanité de tous les changements intervenus dans le pays depuis une décennie, et en faisant découvrir au monde le vrai visage de la dictature militaire. C’est le mouvement des mères des disparus. Parti de rien -une dizaine de mères isolées qui, chaque jeudi à onze heures crient leur désespoir et leur colère, depuis le 30 avril 1977, devant les fenêtres du palais présidentiel-, ce mouvement mobilisera environ 3.500 personnes, en mai 1982, dans toute l’Argentine.
34A l’intention de la presse étrangère qui viendra de plus en plus nombreuse à Buenos Aires pour prolonger l’écho du cri désespéré des mères, les Militaires auront ces mots : "Ce sont des folles" ("locas"). Le mouvement deviendra alors celui des "folles de la Place de Mai", et leur plainte, pour reprendre une métaphore du poète Lorca, sera celle d’"un ange immense" ...
35Le 13 octobre 1980, la communauté internationale se tourne à nouveau vers l’Argentine : Adolfo Pérez Esquivel reçoit le prix Nobel de la Paix en récompense de sa lutte pour les droits de l’Homme16.
36La Junte militaire, accueillie avec résignation et un certain soulagement en mars 1976, a perdu toute sa crédibilité. Une fois de plus, elle se trouve dans l’impasse.
37Afin d’en sortir, pour reprendre pied, pour tenter de retrouver un peu de la légitimité et de l’honneur perdus, à quelle solution miracle recourir ?
38Puisqu’elle ne peut même plus compter sur l’aide de Dieu, pour lequel elle se donne tant de mal, mieux vaut s’aider soi-même, et inventer la parade qui détournera les yeux des problèmes intérieurs.
39C’est ainsi que les Militaires vont oser ce qu’aucun gouvernement antérieur, fut-il péroniste, n’avait osé avant lui : la reconquête par la force des îles Malouines.
40Vieille revendication territoriale de l’Argentine, très vieille revendication depuis l’occupation, par la Grande-Bretagne en 1833, de ces îles occupées à l’origine par des Malouins17. Le navigateur Bougainville, en 1763, en avait pris possession, au nom de Louis XV, avec des marins de Saint Malo. En 1776, elles avaient été rattachées à la circonscription de Buenos Aires.
41Au large de la Terre de feu, à six cents kilomètres des côtes argentines, il y a là, en effet, quelques 200 îles, sous administration britannique, où vit une population d’éleveurs de moutons. Archipel désolé, battu par les vents, mais réputé pour ses ressources pétrolières non exploitées, et pour sa position stratégique sur les routes maritimes de l’Atlantique-sud.
42Puisque, depuis des lustres, toutes les solutions d’accord négocié avec l’Angleterre paraissent avoir été épuisées, et que cette dernière, sur le sujet, a toujours manifesté une méprisante raideur à l’égard de l’Argentine18, la Junte envoie ses troupes (5.000 hommes), le 2 avril 1982, conquérir l’archipel.
43Le Conseil de sécurité de l’O.N.U.19 condamne, mais quelle importance pour l’Argentine ?
44Le 2 mai, le nouveau Président20, le général Galtieri, apparaît au balcon de la Casa Rosada, devant une foule de 300.000 personnes qui l’acclament. C’est la geste péroniste qu’il recrée : "Ne me remerciez pas s’écrie Galtieri, car nous n’avons fait qu’interpréter les sentiments les plus profonds de la nation argentine !". La foule crie : "Nous allons écraser les... de Madame Thatcher !" . Galtieri réplique : "Si les Britanniques veulent venir, qu’ils viennent ! Nous leur livrerons bataille !". La foule : "Argentina ! Argentina !" ...
45Dans un message à la nation, Galtieri demande la "compréhension et l’adhésion des pays non-alignés qui ont vécu dans leur propre chair la lutte anti-coloniale", et déclare que la revendication argentine est "devenue la cause des nations d’Amérique et du monde qui n’acceptent pas le colonialisme" . Il fait enfin appel à l’"unité nationale" .
46Port Stanley est pris. L’opération s’effectue sans difficulté (trois morts, toutefois, du côté argentin). Le général Mario Benjamín Menendez est nommé gouverneur militaire des Malouines, des îles de Géorgie-du Sud et des îles Sandwich-du-Sud.
47Les Argentins consolident leurs défenses en transportant, à bord des Hercule C130 qui décollent de Comodoro Rivadavia, fantassins, munitions, vivres et artillerie.
48L’Angleterre entend, effectivement, livrer bataille. Pour Margaret Thatcher, le problème de la guerre des Malouines est simple : il se limite à l’affrontement entre démocratie et dictature. La Royal Navy, avec le prince Andrew, fait route vers l’Atlantique-sud, à partir du 5 avril. Les grands moyens sont déployés : près de 27.000 hommes, et une centaine de bâtiments, dont le Queen Elisabeth, et les porte-avions Hermès et Invincible.
49Fin avril, les Britanniques reprennent possession de l’île de la Géorgie-du-Sud et instaurent le blocus aérien et naval des Malouines. Les Harrier 21effectuent alors leurs premiers raids. Les Britanniques reçoivent un appui très actif (notamment en informations transmises par satellite) de la part du gouvernement américain de Jimmy Carter. Les autorités argentines, qui se sont engagées dans la lutte anti-subversive en Amérique centrale aux côtés des Américains, ont alors le sentiment d’avoir été "trahis" par Carter .
50A Buenos Aires, la Junte qui ne s’attendait pas à une telle réaction britannique, plaide alors en faveur d’une solution négociée.
51Trop tard. Début mai, avec le torpillage du croiseur argentin Général Belgrano -300 marins disparus-, c’est un peu de la Junte au pouvoir qui coule. Mais les Argentins répliquent deux jours plus tard, en lançant, à partir de leur flotte de Super-Etendard, le fameux Exocet 22qui va détruire le lance-missiles britannique Sheffield.
52Le 21 mai, les Anglais établissent une solide tête de pont sur l’île Falkland orientale (île Soledad).
53Comme le voulaient les Militaires et le Président Galtieri, l’unité nationale s’est reconstituée. Le ministre de l’Intérieur, le général Saint-Jean, reçoit les dirigeants des partis politiques et révèle alors que l’Armée veur avancer vers la "démocratisation".
54Les péronistes ne sont pas les derniers à apporter leur caution, avec toutefois de fortes réserves. Ubaldini, secrétaire général de la C.G.T., déclare : "La patrie passe avant nos désaccords avec le gouvernement" . Mario Cámpora, neveu de l’ancien Président, figure de proue de la tendance progressiste du Péronisme, a cette phrase, somme toute assez juste : "Pourquoi l’opinion publique occidentale est-elle contre nous ? Les Militaires ont pris en mains une revendication légitime, juste, celle de la "récupération" des Malouines. Mais le malheur est que cette cause propre soit tombée dans des mains sales, celles du gouvernement. Un triste gouvernement, qui envoie des mercenaires en Amérique centrale, qui fait tomber le gouvernement bolivien, et a mené cette répression que tous en Occident vous connaissez" .
55Quant à Mario Firmenich, le leader des Montoneros, il affirme à La Havane : "Tous les Argentins exilés ont le droit et le devoir de défendre la souveraineté nationale et d’exercer la souveraineté populaire"....
56Mais les Argentins vont vite déchanter car il est clair, désormais, que les défenses argentines, sur terre, s’effritent face aux coups de boutoir des attaques britanniques. Début juin, les parachutistes et les royal marines progressent vers port Darwin. Les troupes anglaises capturent le capitaine Alfredo Astiz, commandant du poste des îles de Géorgie-du-Sud, qui s’était "illustré", pendant la "sale guerre", par ses hautes connaissances des techniques anti-subversives et ses méthodes raffinées de torture23.
57L’aviation argentine, avec ses Mirage, ses Skyhawk et ses Super-Etendard, tente alors quelques actions spectaculaires -actes isolés et vains de la "bravoure" argentine- contre la Royal Navy .
58En plein coeur du conflit, voici qu’arrive le pape à Buenos Aires. Les murs de la capitale se couvrent alors de l’inscription : "Il est de retour, J.P. !" (Juan Perón/Jean Pol).
59Le 14 juin 1982, les troupes argentines sont enfoncées et se rendent sans honneur. Quinze mille soldats argentins sont faits prisonniers. L’ Union Jack flotte de nouveau sur les Malouines.
60Pour l’Argentine, les pertes humaines et matérielles sont considérables : 613 morts, environ 2.000 blessés ou disparus, une centaine d’avions détruits, ainsi que le sous-marin Santa Fe, le croiseur Général Belgrano et l’aviso Comodoroly . Côté britannique, les pertes sont lourdes : 255 morts et des centaines de blessés, une trentaine d’avions et d’hélicoptères détruits, ainsi que le lance-missiles Sheffield, les frégates Ardent et Antelope, le destroyer lance-missiles Coventry . Une bataille navale anachronique, meurtrière, en cette fin de XX° siècle. Une bataille qui, au plan militaire et naval, ressemble à celle qui opposa jadis, en 1898, l’Espagne aux Etats Unis, à propos de Cuba, et qui faisait dire aux Espagnols : "Bientôt nous prendrons le café à New York..." 24
61Pour l’Argentine, c’est la révélation, brutale, de la grande illusion de sa puissance. La Junte de Buenos Aires ne sait où cacher sa honte. Le peuple argentin s’abîme dans la fureur et la dérision à l’égard de ses "chefs" et de son propre destin.
Le général Galtieri, qui avait un instant cru réincarner Perón, est destitué par ses pairs. "Je m’en vais, dit-il, parce que l’Armée m’a retiré son appui. Je ne suis pas de ceux qui abandonnent le navire au milieu de la tempête" 25.
62On mesure, dans l’interview que le Président déchu accordera quelques jours plus tard à la journaliste italienne Oriana Fallaci26, le degré de légèreté avec laquelle la Junte argentine s’est engagée dans le conflit des Malouines : "Nous n’avons pas cru, révèle Galtieri, que la Grande-Bretagne se mobiliserait pour les Malouines".
63Arrêtons-nous un instant sur cette surprenante interview, qui explique les mobiles de l’intervention argentine, et qui permet à l’intrépide journaliste d’instruire le procès de la Junte :
Oriana Fallaci : "Je ne comprends pas pourquoi vous parlez de "colonisation" (britannique). Ces 1.800 habitants des Falkland, pardon, des Malouines, ils n’étaient pas, ils ne sont pas des citoyens britanniques ? Les Anglais, qui colonisent-ils ? Les moutons ? Les pingouins ?"
Galtieri : "Ils sont tous britanniques, parce que là-bas les Anglais n’ont jamais permis aux Argentins d’acheter la moindre parcelle de terre, de faire un quelconque achat, de créer un commerce, en somme d’établir leur propre présence. Si je vais à Rome et si j’ai de l’argent pour m’acheter un appartement, les autorités italiennes me le permettent. Les Anglais, au contraire, ne le permettent pas. Ils ont toujours maintenu ces îles comme une propriété nationale, et ils ne nous ont jamais permis d’y poser le pied, madame la journaliste."
OF : "Vous parlez de "sentiment du peuple". Malheureusement, les mobiles sont presque toujours (dans ce genre de cas) moins nobles : intérêts politiques, intérêts économiques, intérêts militaires ou, plus directement, intérêts personnels des gouvernants. Aussi, je vous demande : la réalité n’est-elle pas plutôt que ces îles représentaient, à vos yeux, un moyen facile d’unir un pays divisé et malheureux, de faire oublier une inflation aussi irrépressible que grotesque, une dette extérieure qui aujourd’hui se chiffre à 36.000 millions de dollars, de faire oublier l’échec politique et économique du régime que vous représentez ?"
Galtieri : "Madame la journaliste, j’accepte votre raisonnement parce que vous êtes une journaliste, madame la journaliste. Sinon je n’aurais pas permis que vous disiez de telles choses, je vous l’assure parce qu’elles offensent mes principes, mon honneur, ma carrière militaire, tout ce que j’ai protégé plus que ma propre vie. Je n’ai jamais fait de calcul froid comme celui dont vous m’accusez, jamais. La dette extérieure de 36.000 millions de dollars et l’inflation galopante n’ont rien à voir avec les Malouines (sic)..."
64Le 22 juin, pour combler le vide du pouvoir (l’intérim présidentiel étant assuré par le ministre de l’Intérieur, le général Saint-Jean), le général Bignone est désigné Président de la République. Mais le pouvoir militaire, tel le scorpion, va lui-même s’inoculer le venin de la mort. Le général Bignone n’a été hissé sur le pavoi que par les généraux de l’Armée de terre. La Junte éclate, les chefs de l’Armée de l’Air et de la Marine, le général Lami Dozo et l’amiral Anaya étant au bord de la sécession27. L’Armée argentine, dans ses trois composantes, n’est "unie" que sur un seul point : l’"institutionalisation" du pays, c’est-à-dire le retour, à bref délai, à un gouvernement civil, moyennant la mise en place d’un "statut" des partis politiques et l’organisation d’élections générales. Il s’agit donc, pour le pouvoir militaire, d’engager pour lui-même une retraite, si possible en bon ordre.
65Paradoxalement, la "Multipartidaria" (composée des principales forces politiques), soutient Bignone car, comme le dira le dirigeant péroniste Deolindo Bittel : "un grand effort doit être fait pour restaurer la crédibilité des forces armées auprès du peuple argentin. Si le nouveau Président n’assume pas la fonction, cette opportunité sera définitivement compromise et mettra en évidence le désir d’une solution continuiste au sein du cercle militaire" 28. Les partis sont donc prêts à collaborer pour organiser la transition.
66Un nouveau gouvernement est formé, qui comprend dix ministres, dont un seul militaire (le ministre de l’Intérieur, le général Llamil Reston). Les ministres civils sont issus des milieux conservateurs29. Une nouvelle Junte, alors, se constitue, le commandement militaire ayant pu se mettre d’accord sur le fait de confier la Vice-Présidence à un civil. L’ancien Président, le général Galtieri, est condamné à soixante jours d’arrêt de rigueur.
67Pour l’Armée au pouvoir, jamais le désastre n’avait été plus patent : appelée par le gouvernement péroniste à engager la lutte contre la subversion intérieure, elle s’était résolue, s’appuyant ainsi sur cette "légitimité", à aller jusqu’au bout de cette mission en prenant le pouvoir en 1976. Puis elle avait transformé cette lutte anti-terroriste en lutte contre une partie du pays, instaurant un nouvel ordre par le vide politique et le chaos économique. Puis elle s’était engagée dans sa guerre à elle, celle qu’elle s’était, en désespoir de cause, minutieusement choisie, l’aventure des Malouines. Ainsi, de la "sale guerre" à la guerre honteuse, la catastrophe était totale.
68La nouvelle que l’Argentine attend ne tarde pas à être confirmée : des élections générales auront lieu en novembre. Désormais, le compte à rebours est commencé.
69Restait cette tranche de l’histoire argentine. Quelles qu’aient pu être les intentions des Militaires à l’égard de cette très pure entité qu’est la Patrie, ils laissaient derrière eux un peu moins de vie.
70Une vie en vain sacrifiée. Sur terre, des morts sans sépulture. Au large, là-bas, un cimetière marin.
Notes de bas de page
1 Dans la nuit du 24 mars, un "Comité militaire" s’est constitué, formé par les trois commandants en chef de l’Armée de terre, de la Marine et de l’Aviation, le général Videla, l’amiral Massera et le général de brigade Agosti. Les trois commandants se constituent en Junte militaire de gouvernement. Le 26 mars, le général Videla est nommé Président de la République argentine.
2 L’un de leurs dirigeants, Roberto Quieto, avait été arrêté par la police le 27 décembre 1975. Le 3 janvier 1976, l’Armée et la police avaient conjointement arrêté 40 Montoneros. Ceux-ci, néanmoins, continuent de se réclamer du Perón des origines et de la figure d’Evita ("Si Evita viviera, sería Montonera" : "si Evita vivait, elle serait Montonera").
3 Les six autres ministères sont aux mains des Militaires : contre-amiral Guzzeti aux Relations extérieures et Culte ; général de brigade Harguindeguy à l’Intérieur ; général de brigade Gómez à la Justice ; général de division aérienne Klix à la Défense ; général de brigade Liendo au Travail ; contre-amiral Bardi au Bien-être social.
4 Le député Mario Abel Amaya mourut à l’hôpital de la prison de Villa Devoto d’un arrêt cardiaque consécutif aux tortures qu’il avait subies pendant sa détention.
5 Hipólito Solari Yrigoyen est le descendant, par sa mère, de Hipólito Yrigoyen, Président radical de 1916 à 1922 et de 1928 à 1930, dont le nom est associé en Argentine à l’instauration d’élections démocratiques pour la première fois dans l’histoire du pays. Sa mère était la fille du colonel Martín Yrigoyen, frère de l’ancien Président. Le sénateur Yrigoyen restera en prison neuf mois, jusqu’à ce qu’il puisse exercer son " droit d’option ", Il partira en exil en mai 1977, et fera le récit de son enlèvement et de sa détention dans le livre de Carlos Gabetta : " L’Argentine, le diable dans le soleil". (Atelier Marcel Jullian, 1979)
6 Jacobo Timerman racontera son " expérience" dans son livre "Mémoire d’un disparu" (Edition Mazarine, Paris 1982). Il fut l’un des seuls journalistes à publier quotidiennement dans "La Opinión" la liste des "disparus".
7 Le chiffre officiel est de 9.000 disparus. Les organisations de défense des droits de l’homme avanceront le chiffre de 30.000. L’Armée aura également des pertes importantes : plus de 1.000 soldats tués au cours d’affrontements avec l’E.R.P. dans la province de Tucumán.
8 Dans ses fonctions politiques, Martinez de Hoz fut ministre de l’Economie dans la province de Salta (1956), Secrétaire d’Etat à l’Agriculture et à l’Elevage (1962- 1963) et ministre de l’Economie (1963-1964) sous le présidence du Dr Guido. Dans le secteur privé, il a été président du Centre Sucrier Régional et de Petrosur S.A., de la compagnie d’aviation Panamerican Airways Argentina, directeur de la compagnie italo-argentine d’électricité. Il était président de la seconde entreprise sidérurgique du pays, la firme Acindar, au moment de sa nomination. Martinez de Hoz est également, en Argentine, un grand propriétaire foncier, et possède des haras renommés.
9 David Graiver avait été sous-secrétaire d’Etat au ministère du Bien-être social (Manrique étant ministre) sous le gouvernement du général Lanusse, avant le retour au pouvoir du Péronisme en 1973. Graiver avait disparu mystérieusement dans un accident d’avion au Mexique en 1976.
10 L’ancien Président, le général Lanusse, responsable du retour de Perón en 1973, sera lui aussi arrêté à la suite de l’"affaire Aluar" (du nom d’un projet d’usine d’aluminium qui aurait donné lieu à un certain nombre de malversations). Il publiera peu après son plaidoyer pro domo, notamment sur les raisons qui l’avaient conduit à inciter Perón à revenir en Argentine, dans "Mon témoignage".
11 Sur les 25.000 disparus, plus des trois quarts se situent dans la mouvance péroniste.
12 Voir l’article d’Alain Rouquié : "Argentine : les fausses sorties de l’Armée et l’institutionalisation du pouvoir militaire" dans "Problèmes d’Amérique latine" n° 4545-4546 du 18 décembre 1979.
13 Interview de Videla à la revue brésilienne " Veja", 31 octobre 1979.
14 Fin 1980, ce sera la troisième étape de la détention d’Isabel Perón, qui sera conduite à sa résidence du "17 octobre" dans la localité de San Vicente, résidence toujours placée sous la garde des Militaires. Le gouvernement la laissera enfin quitter le territoire argentin pour Madrid en juillet 1981, soit plus de cinq années après le coup d’Etat de 1976.
15 L’opération "Malouines" a déjà commencé depuis 24 jours
16 Pérez Esquivel, détenu d’avril 1977 à juin 1978, coordonne l’action du mouvement chrétien latino-américain "Paix et Justice".
17 Les îles Malouines (ou Falkland) furent découvertes en 1592 par l’Anglais John Davis. En 1764, des Français, avec Bougainville et des marins bretons recrutés à Saint Malo, en prennent possession. Une colonie britannique s’y établit en 1765- 1766. Les îles sont cédées à l’Espagne en 1767 et, en 1776, rattachées à la circonscription de Buenos Aires. Une colonie argentine s’y implante en 1820, et l’établissement argentin est anéanti en 1831 par les Américains. En 1833, des colons anglais, attirés par la chasse à la baleine, s’installent, et les îles Falkland (du nom d’un ancien trésorier anglais de la Marine) sont alors placées sous la souveraineté britannique. L’archipel est formé par deux terres principales, que sépare le détroit des Falkland : l’île Falkland occidentale (ou Grande Malouine) et l’île Falkland orientale (ou Soledad) où se trouve Port Stanley (Puerto Argentino). L’archipel comporte également les îles de Géorgie-du-Sud et les îles Sandwich-du-Sud.
18 Ainsi, le 3 mars 1975, le Regina Prima, navire affrété pour des croisières dans le sud par le ministère du Bien-être social, s’était vu refuser le mouillage à Port Stanley, capitale des îles Malouines. Le 19, Vignes, ministre péroniste des affaires étrangères, avait publié un communiqué déniant à la Grande-Bretagne tout droit sur la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures dans la zone des Malouines. Le 8 décembre, l’ambassadeur d’Argentine à l’O.N.U était intervenu pour dénoncer l’attitude britannique dans l’affaire des Malouines. En 1976, les relations diplomatiques entre l’Argentine et la Grande-Bretagne sont rompues. Dès lors, une série d’incidents ne cessera d’opposer les deux pays, dont cet épisode, de nature pichrocoline : le 18 mars 1982, quarante argentins (des ferrailleurs) d’une entreprise privée vont effectuer des travaux sur l’île de San Pedro (Géorgie-du-Sud). Ils profitent de leur présence pour hisser le drapeau argentin. L’ambassadeur britannique envoie alors une note au ministre argentin des affaires étrangères, indiquant que si les quarante travailleurs ne reprenaient pas immédiatement le bateau pour rentrer sur le continent, ils seraient expulsés. Les trublions indésirables sont expulsés le lendemain.
19 La procédure par le canal de l’O.N.U avait été engagée par l’Argentine depuis dix-sept ans ...
20 Galtieri est le troisième Président depuis l’intauration du régime militaire en 1976. Le général Videla sera resté au pouvoir cinq années, du 29 mars 1976 au 29 mars 1981, le général Viola jusqu’au 11 décembre 1981 (il sera "démis" pour raison de santé), le général Galtieri restera jusqu’au 22 juin 1982 (il démissionnera le 17 juin).
21 Harrier, chasseurs à décollage vertical basés sur les porte-avions Hermès et Invincible .
22 Depuis le début du conflit, la France a cependant décrété l’embargo sur les livraisons d’armes à Buenos Aires.
23 Le capitaine Astiz est présumé être le tortionnaire des deux religieuses françaises, Alice Domon et Léonie Duquet. A son poste militaire, il capitulera sans combattre.
24 La guerre de Cuba, en 1898, présente néamoins une différence de taille avec celle des Malouines, à savoir qu’à Cuba l’Espagne défendait sa " colonie ". A la suite de l’explosion du cuirassé Maine dans la baie de la Havane, le Président américain McKinley avait, en effet, sommé l’Espagne d’évacuer Cuba. La Reine Marie-Christine avait refusé le diktat et la flotte espagnole, composée de bateaux périmés, avait été défaite par l’escadre américaine.
25 Au cours d’une réunion, il sera "lâché" par quatorze généraux de l’Armée de terre.
26 Interview du général Galtieri par Oriana Fallaci, "Cambio 16", 21 juin 1982.
27 D’une part l’Armée de terre aura été le maillon faible de la guerre des Malouines. D’autre part, les trois armes auront combattu, pendant le conflit, en ordre dispersé.
28 Déclaration de Deolindo Bittel au journal brésilien "Folha de Sao Paulo", 26 juin 1982.
29 Le ministre de l’Economie, Dagnino Pastore, démissionnera dès le 24 avril, faute d’avoir pu obtenir un accord sur la politique économique à appliquer.
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