Ressources animales au Tardiglaciaire dans les Pyrénées et la région cantabrique : un modèle à l’épreuve des faits
Bases de réflexion pour de nouvelles enquêtes
p. 15-38
Résumés
Cet article se propose de confronter le modèle élaboré dans le Bassin parisien pour tenter d’expliquer le phénomène d’azilianisation avec des données issues des deux versants des Pyrénées et de la région cantabrique. Nous nous intéressons plus particulièrement à l’exploitation des ressources animales et notamment aux espèces chassées et aux modalités d’acquisition, de transport et de traitement des carcasses. L’évolution des gibiers disponibles, liée aux importants changements climatiques et environnementaux du Tardiglaciaire a souvent été évoquée comme origine des transformations sociales et culturelles observées chez les sociétés humaines à cette période. Cette hypothèse ne peut cependant être soutenue dans cette région. Le cerf reste en effet la première espèce exploitée tout au long de la période en Espagne et il est aussi chassé par les Magdaléniens dans certaines occupations du versant nord des Pyrénées, avant de remplacer définitivement le renne dans les tableaux de chasse et de devenir le premier gibier pour les Aziliens de la région. Les données concernant les stratégies d’acquisition sont trop rares pour préciser l’évolution des modalités d’exploitation des ressources animales et sa chronologie au cours du Tardiglaciaire. Deux hypothèses peuvent alors être proposées : soit l’organisation et la culture matérielle des sociétés humaines a changé avant que l’exploitation des gibiers évolue (peut-être en conséquence des transformations connues par les sociétés), soit d’autres paramètres doivent être pris en compte. La première hypothèse pourrait être démontrée si nous parvenions à montrer que les transformations culturelles et sociales précèdent les changements dans l’exploitation des animaux. Dans la seconde hypothèse, nous proposons que le comportement du cerf ait pu changer au cours du Tardiglaciaire, en parallèle d’une fermeture du milieu, entraînant d’importantes conséquences pour les groupes humains.
The following study aims to evaluate and discuss the model proposed for understanding the phenomenon of Azilianisation, as it occurred in the Parisian basin from zooarchaeological data from both northern and southern slopes of the Pyrenees and Cantabrian regions. The evolution of the big game available in this region during the Last Glacial Period, as a result of sweeping climatic and environmental changes, mainly linked to the origins of various cultural and social transformations in the societies of this period, could not be supported in this region. Two hypotheses can nevertheless be evoked, either : a people during the Last Glacial Period had changed the way in which they organize themselves as a society along with their material culture before the use of animal materials evolved (perhaps as a consequence of a social transformations), or b) other controls in this study remain to be considered. The first hypothesis could be considered as valid, should it be shown that cultural and social transformations preceded changes in the procurement and use of the faunal materials in question. The second hypothesis would suggest that red deer behavior may have changed during the Last Glacial Period in parallel with closing off of the environment, with considerable consequences to the peoples inhabiting this region.
Entrées d’index
Mots-clés : tardiglaciaire, azilien, Pyrénées, cantabres, archéozoologie, cerf, azilianisation, stratégies de chasse
Keywords : azilian, Magdalenian, Pyrenees, cantabria, red deer, azilianisation, zooarchaeology
Remerciements
Un grand merci à Camille Bourdier, Sandrine Costamagno, Morgane Dachary, Matthew Hermanus, Alexandre Lefebvre, Delphine Kuntz, Jean-Marc Pétillon, Laurence Rougier et Boris Valentin pour m’avoir facilité l’accès aux données, pour leurs conseils et/ou leurs relectures.
Cette thèse bénéficie d’une bourse du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Texte intégral
1Depuis la mise en évidence de l’Azilien à la fin du xixe siècle, l’émergence de cette tradition culturelle apparaissant en profonde rupture avec le Magdalénien, qui la précède, a posé de nombreuses questions. Datés entre 20 500 et 14 000 cal BP environ (fig. 1), les témoignages laissés par les Magdaléniens révèlent un investissement technique prononcé, tant pour l’élaboration de l’industrie lithique qu’osseuse, et une expression symbolique abondante et essentiellement figurative. À partir de 14 000 cal BP environ, et jusqu’autour de 12 000 cal BP dans certaines régions, l’Azilien est au contraire marqué par une simplification des méthodes de débitage des roches dures, un appauvrissement de l’industrie osseuse et la disparition des représentations animalières au profit de galets peints ou gravés de motifs géométriques. L’importante rupture qui se dessine entre ces deux traditions laisse penser que des bouleversements profonds se sont produits en Europe occidentale autour de 14 000 cal BP. L’alternance parfois rapide d’épisodes tempérés et de périodes plus froides qui a marqué le Tardiglaciaire a souvent été invoquée pour tenter d’expliquer les transformations sociales et culturelles de cette époque.
Fig.1. Situation chronologique des différentes traditions culturelles de lta fin du Paléolithique des Pyrénées

D’après Valentin, 2008 – Jalons pour une paléohistoire des derniers chasseurs [xive-vie millénaire avant J.-C.], p. 45, modifié.
2Ces changements climatiques et environnementaux ont en effet conduit à une reforestation progressive et à une réorganisation des aires de répartition des gibiers (Bridault et al., 2000 ; Brugal et al., 2004 ; Delpech, 1999) imposant de nouvelles conditions de chasse peut-être en partie responsables des évolutions techniques observées (voir notamment Pelegrin, 2000). La disparition du renne (Rangifer tarandus) des latitudes moyennes en parallèle d’une expansion du cerf (Cervus elaphus) vers le nord, aurait notamment eu un certain nombre de conséquences sur les modes de vie des hommes du Tardiglaciaire, qui tiraient une part essentielle de leurs ressources du monde animal. Les études récentes portant sur des assemblages osseux du Bassin parisien (Bignon, 2003 et 2008 ; Bignon et Bodu, 2006 ; Bridault, 1993 et 1997) confirment cette rupture dans les modalités d’acquisition des gibiers : les grandes chasses collectives qui ont fait la réputation du Magdalénien régional disparaissent au profit d’une acquisition plus individuelle et plus ponctuelle à l’Azilien. Ce constat – qui concerne une région où la documentation est particulièrement riche pour le Tardiglaciaire – a inspiré à B. Valentin (Valentin, 2008), à la suite de J. Pelegrin (Pelegrin, 2000), un raisonnement systémique mettant en perspective les transformations affectant les sociétés humaines et le contexte environnemental pour expliquer le processus d’azilianisation. Dans le modèle ainsi élaboré (Valentin, 2008), une relation forte est suggérée entre les changements perceptibles dans l’exploitation des gibiers d’une part et les transformations techniques, culturelles et sociales d’autre part. La réorientation de la prédation vers l’exploitation du cerf apparaît ainsi comme un moteur des évolutions culturelles et sociales en marche au Tardiglaciaire. Il apparaît alors nécessaire de confronter cette hypothèse aux données d’autres régions, ce à quoi nous nous attachons ici à travers une enquête bibliographique portant sur le Tardiglaciaire des Pyrénées, qui sera par la suite complétée par des études archéozoologiques de notre part sur plusieurs gisements du versant français. De fait, les Pyrénées apparaissent comme une région d’étude privilégiée. Loin de constituer une barrière culturelle, puisque les groupes installés de part et d’autre ont connu une évolution sensiblement comparable, la chaîne pyrénéenne peut en effet être considérée à cette époque comme une sorte de « frontière écologique », impliquant des disponibilités en gibiers contrastées entre ses deux versants (Costamagno et Mateos Cachorro, 2007). Alors que le remplacement du renne par le cerf dans les tableaux de chasse coïncide assez bien sur le versant français avec l’émergence des traditions aziliennes, les Magdaléniens du versant espagnol exploitent déjà préférentiellement le cerf. Cette région, à laquelle nous intégrons les monts cantabriques (fig. 2), offre donc un cadre idéal à une réflexion sur le rôle de la recomposition des cortèges fauniques dans le processus d’azilianisation, permettant de tester l’efficacité du modèle proposé pour le Bassin parisien (Valentin, 2008). Nous nous intéresserons ainsi aux gibiers exploités, puis à l’évolution diachronique des modalités d’exploitation des ressources animales dans les Pyrénées et les Cantabres. Nous discuterons ensuite des résultats obtenus, en les comparant à ceux connus dans le Bassin parisien et présenterons différentes hypothèses qui pourraient permettre d’expliquer les différences et les similitudes qui apparaissent entre les deux régions.
Fig.2. Localisation des différents gisements évoqués dans le texte

(La numérotation correspond à celle de l’annexe 1).
Évolution diachronique des gibiers exploités
3Dans le Bassin parisien, le passage à l’Azilien coïncide avec un changement dans les gibiers préférentiellement exploités, qui se marque principalement par le remplacement du renne par le cerf dans les tableaux de chasse. Cependant, alors que le processus d’azilianisation semble s’accuser un peu partout en Europe occidentale vers 14 000 cal BP, la recomposition des cortèges fauniques n’y a pas nécessairement suivi le même rythme en tous lieux. À la fin de la dernière glaciation, le cerf, encore assez rare sur le versant français des Pyrénées, est déjà largement présent sur le versant espagnol de la chaîne et dans les Cantabres. Une évolution des gibiers exploités peut-elle tout de même y être décelée en parallèle des transformations affectant les sociétés humaines ?
4Le renne est présent dans plus de 80 % des assemblages magdaléniens des Pyrénées françaises et il constitue l’espèce dominante sur près de la moitié d’entre eux (Costamagno et Mateos Cachorro, 2007) (Annexe 1). Vient ensuite le bouquetin (Capra pyrenaïca), qui représente généralement le gibier de prédilection dans les occupations d’altitude1. Bien que présent sur près de deux tiers des gisements, le cerf ne domine que dans trois d’entre eux, soient 18 % des assemblages. Les autres ongulés, cheval (Equus caballus), bovinés (Bos primigenius, Bison sp.) ou isard (Rupicapra pyrenaïca), contribuent aussi pour une part non négligeable à la diète magdalénienne, même si les sites où ils sont dominants font figure d’exception.
5Si le renne intervient au premier rang des gibiers exploités par les Magdaléniens des Pyrénées françaises, il est donc loin de suppléer à lui seul à leurs besoins alimentaires et leur économie semble plutôt fondée sur une complémentarité entre plusieurs espèces (Costamagno, 1999 et 2004).
6Dès le début de l’Azilien, le cerf prend généralement la première place des tableaux de chasse du versant nord des Pyrénées, où il remplace le renne. La contribution du bouquetin à la diète reste sensiblement comparable avec le Magdalénien. Le chevreuil (Capreolus capreolus) et le sanglier (Sus scrofa) sont également fréquemment représentés mais ils ne constituent jamais l’espèce dominante.
7Les deux gibiers les plus représentés dans le Magdalénien des Pyrénées espagnoles et des Cantabres sont le cerf et le bouquetin. Le premier est souvent majoritaire dans les sites de plaine, alors que le second se rencontre plus fréquemment dans les zones de relief. Ces deux herbivores sont par ailleurs régulièrement représentés sur les mêmes sites dans des proportions comparables. Cheval, chamois, chevreuil et sanglier apparaissent fréquemment dans les spectres de faune mais ne sont presque jamais dominants.
8Comme au Magdalénien, cerf et bouquetin constituent les deux gibiers préférentiels des Aziliens espagnols. En Catalogne, le lapin (Oryctolagus cuniculus), déjà largement exploité au Magdalénien, occupe une place de plus en plus importante dans l’économie des Aziliens.
9Les données obtenues pour l’Espagne ne montrent donc pas de véritable rupture entre le Magdalénien et l’Azilien en termes de gibiers exploités. Cerf et bouquetin restent en effet les deux espèces préférentiellement chassées tout au long du Tardiglaciaire. Sur le versant français des Pyrénées, la rupture est plus nette, puisque c’est avec l’Azilien que le renne disparaît définitivement des spectres fauniques, tandis que le cerf le remplace progressivement dans les tableaux de chasse et que les espèces dites « tempérées » comme le chevreuil et le sanglier sont de plus en plus fréquentes. À Bourrouilla (Costamagno, 2008 ; Fosse, 1999), Troubat (Barbaza, 1996 ; Costamagno, 2005) et Lortet (Boivin et al., 1986), le cerf domine dans un Magdalénien supérieur dont les vestiges sont sensiblement comparables à ceux livrés par les sites dominés par le renne. Les occupations les plus récentes de ces gisements ont parfois été attribuées à une phase terminale du Magdalénien qui pourrait être placée au début de l’Allerød (Barbaza, 1996, 1997 et 2011 ; Barbaza et al., 1999 ; Dachary et al., 2008), témoignant alors d’une continuité culturelle malgré une recomposition des cortèges fauniques déjà accusée.
10Les données des Pyrénées et des Cantabres, ne semblent donc pas s’accorder avec l’hypothèse d’une relation étroite entre changement dans les gibiers chassés et processus d’azilianisation. Au-delà des espèces exploitées, une évolution des modalités de gestion des ressources animales est-elle perceptible entre Magdalénien et Azilien ?
Modalités d’exploitation et gestion des ressources animales dans les Pyrénées au Tardiglaciaire
11Les modalités d’exploitation et de gestion des ressources animales dépendent de différents facteurs tels que l’abondance, la répartition des gibiers et leurs déplacements saisonniers. La reconstitution de ces modalités nécessite de se placer à différentes échelles. À l’échelle d’une occupation, il s’agit de comprendre comment s’est passée l’acquisition, sous quelle forme les animaux ont été transportés (entiers ou sous forme de segments), comment les carcasses ont été traitées, quels produits étaient recherchés et si leur usage était immédiat ou différé. À l’échelle d’une période chronologique et d’une région, on peut ensuite, en combinant les résultats obtenus sur différents sites, reconstituer la gestion des ressources tout au long du cycle annuel.
12La spécialisation de l’économie alimentaire des Magdaléniens des Pyrénées françaises dans l’exploitation du renne est largement remise en cause depuis quelques années (voir notamment Costamagno, 1999 et 2004) et les spectres de faune semblent plutôt témoigner de pratiques variées.
13Les occupations de la plaine pré-pyrénéenne témoignent de chasses hivernales orientées vers le renne, à Dufaure et Duruthy dans les Landes (Costamagno, 2006 ; Mariezkurrena et Altuna, 1995 ; Straus et al., 1991) ou Canecaude et Gazel dans l’Aude (Fontana, 1999 et 2005). Pour ces deux derniers, il s’agit de chasses non sélectives et à faible risque portant sur des hardes de femelles, jeunes et sub-adultes. Si le nombre d’individus représentés dans ces niveaux est souvent supérieur à une centaine, l’acquisition semble s’étaler sur toute la période hivernale et parfois jusqu’au printemps et on ne peut donc pas parler d’abattage en masse au cours d’un seul grand épisode de chasse.
14Sur les sites du piémont pyrénéen, le renne est là encore l’espèce dominante, mais au sein de spectres plus diversifiés, par exemple au Bois de Cantet (Clot, 1984) ou à Isturitz (Pétillon et Letourneux, 2006). Au Mas d’Azil (Patou, 1984), le renne domine le spectre de faune avec près de 60 % des restes déterminés. Il semble avoir été chassé toute l’année, avec une période plus intensive en automne-hiver et une nette préférence pour les juvéniles (Patou, 1984).
15Pour les occupations situées plus en altitude, c’est souvent le bouquetin qui prend la première place des tableaux de chasse à partir du Magdalénien supérieur. Il a été chassé à la belle saison à Belvis et aux Conques (Fontana, 1999 et 2005), de la fin de l’automne au début de l’hiver aux Églises (Delpech et Le Gall, 1983) et pendant l’ensemble de la mauvaise saison à la Vache (Pailhaugue, 1996). Le renne constitue dans ce gisement un apport secondaire, principalement à la fin du printemps et au début de l’automne, peut-être à la faveur du passage des troupeaux en migration entre leurs pâturages d’été en altitude et leur territoire d’hiver en plaine (Pailhaugue, 1996).
16Le cerf apparaît fréquemment dans les spectres de faune du Magdalénien des Pyrénées françaises, mais il est rarement prédominant. Au Mas d’Azil, il prend ainsi la deuxième place du tableau de chasse derrière le renne et témoigne d’une exploitation plus saisonnière, en automne, début d’hiver et au printemps (Patou, 1984). À Bourrouilla, il est la première espèce chassée dans tous les niveaux, occupés principalement en été et en début d’automne (Le Gall et Martin, 1996), ce qui suggère l’hypothèse d’une exploitation saisonnière du cerf en l’absence du renne qui aurait rejoint son territoire estival situé plus en altitude (Dachary et al., 2011). Deux types de chasse semblent y avoir été pratiqués, un abattage préférentiel visant les hardes de femelles et leurs petits en été et une acquisition de mâles adultes, peut-être alors qu’ils sont moins dispersés en période de rut (Fosse, 1999).
17Bien que le renne soit présent et dominant sur la plupart des gisements, aucun site des Pyrénées françaises ne montre donc d’abattage en masse de cette espèce. Il ne semble pas y avoir existé dans cette région d’épisode de grandes chasses collectives menant à une constitution de réserves en prévision des périodes moins fastes de l’année, à l’exception peut-être du site des Églises, dominé par le bouquetin (Delpech et Villa, 1993). Seul le site de la Vache pourrait témoigner d’une exploitation, secondaire toutefois, du renne à la faveur de ses migrations saisonnières (Pailhaugue, 1996). Le comportement migratoire des rennes, qui effectuaient vraisemblablement des déplacements d’ampleur plus réduite que dans le Bassin parisien (Kuntz et Costamagno, 2011) et la variété des environnements liée à la proximité du relief et aux contrastes altitudinaux ne semblent donc pas avoir incité les Magdaléniens des Pyrénées françaises à mettre en place une planification annuelle de l’acquisition des ressources (Costamagno et Mateos Cachorro, 2007).
18Pour l’Azilien en revanche, aucune étude s’intéressant de manière approfondie aux modalités d’exploitation des ressources animales n’est à ce jour disponible pour le versant français.
19Sur le versant espagnol des Pyrénées et dans les Cantabres, deux types de chasse au cerf semblent s’être côtoyés au Magdalénien. L’exploitation la plus courante aurait été pratiquée aux dépens de hardes familiales, comme à La Paloma (Castaños, 1980), La Riera (Straus et al., 1981), Tito Bustillo (Altuna, 1976) ou Cueto de la Mina (Castaños Ugarte, 1982). Des épisodes de chasse visant plus particulièrement les mâles adultes semblent aussi avoir été mis en œuvre comme à Urtiaga (Altuna, 1972). La rareté des données de saisonnalité ne permet cependant pas pour l’instant de préciser si ces différences sont d’ordre saisonnier ou non.
20Pour le bouquetin, les saisons et les méthodes de chasse semblent également avoir varié. À Rascaño, les bouquetins ont été chassés toute l’année, mais c’est surtout en automne et en hiver qu’on observe une acquisition préférentielle (Straus, 1987). Mâles et femelles de toutes les classes d’âge sont représentés, ce qui pourrait témoigner d’abattages au moment du rut lorsque mâles et groupes familiaux se regroupent et/ou de différents épisodes de chasse le reste de l’année, visant d’une part les mâles et d’autre part les groupes familiaux alors séparés (Straus, 1987). À Erralla, ce sont essentiellement des groupes familiaux qui ont été chassés, principalement à la belle saison (Altuna et al., 1985). À El Horno, les bouquetins (mâles, femelles et juvéniles) qui dominent le spectre de faune semblent avoir été abattus en hiver et au début du printemps (Costamagno et Fano, 2005). À la Cueva de la Fragua, où cerfs et bouquetins ont été exploités en proportions globalement équivalentes, les premiers ont été chassés entre la fin de l’été et le début de l’automne, les seconds en automne (Marin, 2004 ; Marin Arroyo et Gonzalez Morales, 2007).
21Comme pour le versant français, les données concernant l’exploitation des ressources animales à l’Azilien restent assez rares. À la Balma Margineda, l’acquisition des bouquetins a été pratiquée au cours de brèves occupations à la belle saison (Gardeisen, 2007 ; Martin, 2007). À La Riera, l’exploitation préférentielle du cerf, déjà observée au Magdalénien, semble se poursuivre avec l’Azilien. Une augmentation significative de la part des juvéniles dans la population chassée pourrait y suggérer une évolution des techniques de chasse (Straus et al., 1981). À Cueto de la Mina on remarque au contraire une faible représentation des jeunes cerfs, comme c’était déjà le cas au Magdalénien (Castaños Ugarte, 1982).
22Ainsi, sur le versant français des Pyrénées, il reste difficile de mettre en évidence une évolution diachronique des modalités d’exploitation du fait de la rareté des données disponibles pour l’Azilien. Pour le Magdalénien, alors que l’acquisition du renne était principalement réalisée en automne dans le Bassin parisien avec des abattages en masse lors de grandes chasses collectives, son exploitation apparaît ici beaucoup moins planifiée et semble avoir moins conditionné l’installation des hommes en des lieux précis. L’abondance des gibiers dans les environnements ouverts (Delpech, 1999) et la moindre ampleur de leurs migrations à l’échelle du territoire (Kuntz et Costamagno, 2011) n’auraient pas rendu nécessaire la constitution de réserves. Un biais de la documentation archéologique pourrait toutefois expliquer que des chasses collectives comparables à celles reconnues dans le Bassin parisien n’aient jusqu’ici pu être mises en évidence dans les Pyrénées françaises (Kuntz et Costamagno, 2011).
23Les modalités mises en œuvre par les Magdaléniens d’Espagne apparaissent assez proches de celles développées par leurs homologues des Pyrénées françaises, avec l’exploitation de deux gibiers principaux, l’un montagnard (le bouquetin) et l’autre plus ubiquiste (le cerf). Contrairement aux Pyrénées françaises, de nombreuses occupations témoignent d’une acquisition préférentielle de l’un ou l’autre. Les problèmes taphonomiques posés par les grottes et abris empêchent cependant de distinguer entre abattages en masses ou multiplication d’épisodes de chasse visant quelques individus seulement. Bien que les gibiers restent les mêmes, une évolution des techniques de chasse entre le Magdalénien et l’Azilien a été proposée pour certains sites et cette hypothèse mériterait d’être approfondie. Les chasses semblent par ailleurs avoir été de moindre ampleur à l’Azilien (NMI plus faibles), ce qui rappelle ce que l’on connaît dans le Bassin parisien.
Discussion
24Cette synthèse bibliographique permet de mieux évaluer le rôle de certains paramètres proposés comme origine du processus d’azilianisation dans le Bassin parisien. Les données des Pyrénées espagnoles et des Cantabres, où les gibiers exploités restent les mêmes tout au long de la période, permettent de nuancer l’impact de la recomposition des cortèges fauniques sur les sociétés humaines. Dans les Pyrénées françaises, la mise en évidence d’une exploitation orientée vers le cerf, dès la fin du Dryas ancien ou le tout début du Bølling sur certains gisements, pourrait correspondre à des variations locales et/ou saisonnières de la disponibilité en gibier. L’hypothèse d’une persistance des traditions magdaléniennes à l’Allerød alors même que le renne a déjà émigré vers les territoires plus septentrionaux tend elle aussi à remettre en cause le rôle prépondérant de l’évolution de la disponibilité en gibier dans le processus d’azilianisation.
25Les informations concernant les modalités d’exploitation des ressources animales pour l’Azilien restent encore trop rares pour que leur évolution diachronique puisse être clairement approchée. Les données des gisements espagnols semblent toutefois plaider pour des épisodes de chasse plus ponctuels et une évolution des tactiques de chasse. Le renouveau des armes de chasse2 qui s’observe de part et d’autre des Pyrénées à cette époque suggère d’ailleurs des changements dans les pratiques cynégétiques. Les occupations plus brèves de l’Azilien en comparaison des grands sites fréquentés pendant de longues périodes de l’année au Magdalénien, et la restriction des territoires d’approvisionnement suggérée par l’étude de l’origine des matières premières (lithique et parure) pourraient par ailleurs indiquer des changements dans la mobilité des groupes.
26L’évolution des modes de vie qui marque le passage à l’Azilien semble bien s’accompagner, dans les Pyrénées comme dans le Bassin parisien, de transformations dans les modalités d’exploitation des ressources animales, marquées notamment par une acquisition moins planifiée et plus individuelle. Puisque les gibiers chassés ne peuvent être directement incriminés, deux hypothèses peuvent être proposées pour tenter de comprendre pourquoi ces changements interviennent justement au moment où les traditions magdaléniennes se dissolvent.
27La première reviendrait à considérer que le problème a été posé à l’envers : l’évolution des modalités d’exploitation des gibiers ne devrait pas être considérée comme cause des transformations affectant les sociétés humaines mais au contraire comme une conséquence du phénomène d’azilianisation. Dans ce cas, ces bouleversements techniques, sociaux et culturels auraient précédé les changements perceptibles dans la gestion des ressources animales.
28La seconde hypothèse part du principe que le comportement des herbivores est intimement lié aux conditions environnementales ; leur évolution au cours du Tardiglaciaire aurait ainsi entraîné une modification du mode de vie des gibiers, à l’origine de nouvelles modalités de gestion des ressources. L’Allerød est en effet considéré dans les Pyrénées, comme dans le reste de l’Europe occidentale, comme le moment où le reboisement, initié dès le début du Tardiglaciaire, prend une réelle ampleur (Andrieu et al., 1988 ; Burjachs i Casas, 2009 ; Jalut et al., 1992 ; Jalut et Turu i Michels, 2009). Ainsi, bien que le cerf ait été largement représenté sur le versant espagnol des Pyrénées et dans une moindre mesure sur le versant français dès le début du Tardiglaciaire, il évoluait vraisemblablement dans un milieu relativement ouvert. Les observations de cerfs dans de tels environnements montrent qu’ils forment souvent des hardes de grandes dimensions afin d’optimiser leurs chances de survie face aux prédateurs (Adams, 1982 ; Lowe, 1966 ; Lowe, 1969 ;Geist, 1982, cités par Pike-Tay, 1991 ; Clutton-Brock et al., 1982). Dans les régions où les variations saisonnières sont importantes en termes de nourriture disponible et de température, dans les zones montagneuses notamment, les cerfs pratiquent par ailleurs des migrations, entre des territoires d’hiver en plaine et des territoires d’été dans les hauteurs (Fichant, 2003 ; Clutton-Brock et al., 1982). Avec la fermeture progressive du milieu, leur comportement aurait évolué, les cerfs formant de plus petits groupes dispersés dans le paysage et s’y déplaçant de manière plus aléatoire puisqu’ils trouvaient toute l’année la nourriture dont ils avaient besoin. Alors qu’au Magdalénien la disponibilité géographique des gibiers semble avoir varié à l’échelle de l’année incitant les hommes à exploiter différents biotopes au fil des saisons, elle aurait pu être plus permanente à l’Azilien, leur permettant de fréquenter un territoire plus réduit. Les déplacements de ces gibiers en milieu boisé auraient par ailleurs été plus fréquents et plus aléatoires, obligeant les hommes à une mobilité plus importante et moins planifiée pour s’approvisionner en ressources animales. La réduction de la biomasse des herbivores disponibles et le morcellement des troupeaux (Delpech, 1999), liés à la fermeture progressive du milieu, auraient alors conduit les hommes à privilégier les chasses plus individuelles. Ces épisodes de chasse visant un nombre plus faible de gibiers à la fois n’auraient alors plus permis de nourrir autant de personnes qu’au Magdalénien, impliquant une réduction de la taille des groupes. L’évolution des conditions de chasse, qui tient à la fois au nouveau comportement des gibiers et à la fermeture du milieu, aurait par ailleurs conduit à un renouveau des armes de chasse3. Si cette hypothèse se vérifiait, elle se rapprocherait finalement assez du modèle proposé dans le Bassin parisien.
29Le cas des Pyrénées et des Cantabres permet donc aujourd’hui de nuancer et préciser le modèle proposé dans le Bassin parisien pour tenter de retracer les origines du processus d’azilianisation. L’évolution des gibiers exploités ne semble pas y avoir joué un rôle aussi important que les données du Bassin parisien ont pu le laisser croire. Deux hypothèses semblent à ce jour pouvoir être proposées pour expliquer les différences observées et mériteront d’être testées à l’avenir, ce à quoi nous nous attachons dans notre thèse pour le versant français des Pyrénées.
Bibliographie
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Valentin B. (2008) – Productions lithiques magdaléniennes et aziliennes dans le Bassin parisien : disparition d’une économie programmée, The Arkeotek Journal, 2-3.
Annexe






Notes de bas de page
1 Surtout à partir du Magdalénien supérieur.
2 Remplacement des sagaies composites avec pointe en matière osseuse armée de lamelles en silex vraisemblablement tirées au propulseur par des pointes lithiques souvent considérées comme des armatures de flèches tirées à l’arc.
3 Remplacement du propulseur, peu efficace en milieu boisé, par l’arc ; développement des pointes lithiques au détriment des pointes en matières osseuses, le temps investi dans la fabrication de ces dernières n’étant rentable que si elles peuvent être récupérées après la chasse et réutilisée, ce qui devient hasardeux lorsque les lieux de chasse sont moins bien circonscrits du fait des déplacements plus aléatoires des gibiers (Pelegrin, 2000).
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologie et Sciences de l’Antiquité. Sujet de thèse : Chasse et sociétés entre Bassin parisien et Pyrénées à la fin du Paléolithique, Approche archéozoologique.
Directeurs : B. Valentin et S. Costamagno. Soutenance prévue en décembre 2014.
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Appréhension et qualification des espaces au sein du site archéologique
Antoine Bourrouilh, Paris Pierre-Emmanuel et Nairusz Haidar Vela (dir.)
2016
Des vestiges aux sociétés
Regards croisés sur le passage des données archéologiques à la société sous-jacente
Jeanne Brancier, Caroline Rémeaud et Thibault Vallette (dir.)
2015
Matières premières et gestion des ressources
Sarra Ferjani, Amélie Le Bihan, Marylise Onfray et al. (dir.)
2014
Les images : regards sur les sociétés
Théophane Nicolas, Aurélie Salavert et Charlotte Leduc (dir.)
2011
Objets et symboles
De la culture matérielle à l’espace culturel
Laurent Dhennequin, Guillaume Gernez et Jessica Giraud (dir.)
2009
Révolutions
L’archéologie face aux renouvellements des sociétés
Clara Filet, Svenja Höltkemeier, Capucine Perriot et al. (dir.)
2017
Biais, hiatus et absences en archéologie
Elisa Caron-Laviolette, Nanouchka Matomou-Adzo, Clara Millot-Richard et al. (dir.)
2019