Chapitre 10. Les débats sur la future guerre
p. 223-237
Texte intégral
1En ce tout début des années soixante, le grand thème de discussion, dans les milieux militaires, tourne, naturellement, autour de la conception de la future guerre mondiale. Il aboutira à un énoncé complet de la stratégie militaire soviétique à l’âge nucléaire.
2A côté du grand débat, mené de façon confidentielle depuis 1957, dans le cadre de l’état-major (voir chapitre 5), des discussions, plus ponctuelles, plus partielles, mais tout aussi importantes pour l’énoncé du nouveau discours, continuent de se poursuivre dans diverses instances militaires, même après la session de janvier 1960.
3Entre cette session et la publication du manuel de Sokolovskij, au début de l’été 1962, plusieurs textes à visée théorique sont rendus publics. L’ensemble de ces publications montre que, malgré l’énoncé des grandes lignes de la stratégie soviétique par Khrouchtchev et Malinovskij, le débat continue. Mais, l’on peut également considérer, à l’inverse, que, parce que le premier secrétaire et le ministre de la défense ont énoncé la « ligne », les débats en cours – et en voie d’achèvement – peuvent plus facilement être rendus publics dans la mesure où ils disposent désormais d’un cadre politique général, à l’intérieur duquel ils peuvent se situer.
4Dans ces publications, on peut percevoir parfois certaines nuances par rapport à ce cadre général préétabli. On peut également noter certains éléments de précision sur tel ou tel point. Mais, dans l’ensemble, tous ces textes dénotent un parfait respect de la ligne fixée en janvier 1960 et confirmée lors du XXIIème Congrès.
5C’est ainsi à cette époque que les Soviétiques décident de reprendre la publication de la revue d’histoire militaire (Voenno-istoričeskij Žurnal), interrompue depuis 1939. Par cet intermédiaire, il est en effet possible – et cela se vérifiait toujours au début des années quatre-vingt-dix – d’aborder certains sujets sensibles de façon publique mais indirecte. C’est également à ce même moment que s’instaure un débat sur la science militaire ; un débat qui est lancé par la publication d’un ouvrage sur ce sujet mais qui ne sera pas conclu1. Mais, parmi ces débats des deux premières années de la décennie, c’est essentiellement sur ceux qui traitent de la nature de la future guerre – locale ou mondiale – que l’on s’arrêtera.
La guerre locale
6La question de la guerre locale a été plus particulièrement posée au moment de la crise de Suez. C’est, on l’a vu, à l’occasion de cette crise que les dirigeants soviétiques ont fixé une ligne de conduite à laquelle ils ne cesseront de se tenir, au moins jusqu’à la fin des années soixante-dix. Mais, tout en critiquant violemment les conceptions américaines de la guerre locale, les Soviétiques n’en montrent pas moins un grand intérêt pour cette question, au point que l’on peut s’interroger sur ce qui se cache réellement derrière ce discours officiel.
7Il est de ce point de vue tout à fait significatif que les éditions militaires aient jugé utile de traduire l’un des classiques de la littérature anglosaxonne, paru en 1957, sur ce sujet : l’ouvrage de Robert Osgood2. Certes, le texte d’Osgood est-il précédé d’une préface de l’éditeur et le texte coupé de nombreuses « remarques de l’éditeur », précisant l’interprétation que le lecteur soviétique doit donner à tel ou tel aspect des conceptions américaines. Il n’en demeure pas moins vrai que les autorités militaires ont estimé que les officiers soviétiques – et non pas une petite élite – devaient pouvoir accéder directement, même s’ils ne sont pas traduits intégralement, à certains textes originaux émanant de l’adversaire principal3.
8Dans la préface à cet ouvrage, le colonel V. Āočalov justifie la publication de ce texte, et de quelques autres, par le fait que, depuis cinq ou six ans, les responsables politiques et militaires anglo-saxons ont « porté un intérêt tout particulier aux problèmes des guerres limitées ou des petites guerres »4. Il signale également, à l’attention de ses lecteurs, les ouvrages, non traduits, de B. Brodie et de M. Taylor, parus respectivement en 1959 et 1960 et qui traitent aussi de ces mêmes questions.
9La préface de Āočalov résume, en le commentant, l’ouvrage d’Osgood. Elle tourne autour de deux idées : la première est que la guerre limitée est considérée, par les Etats Unis et par Osgood, comme la « voie politique la plus rationnelle ». En effet, la guerre limitée permet aux Etats Unis de faire échapper leur territoire au risque d’une frappe nucléaire massive. Mais, comme les Etats Unis sont en même temps le chef de file du système impérialiste, système belligène par nature, ils ont besoin de guerres, entre autres choses, pour permettre à leur économie de maximiser leurs profits. Les crises et conflits d’Indochine, d’Indonésie, de Corée, de Malaisie, du Kenya, du Guatemala, d’Egypte, d’Algérie, d’Oman et du Yemen en sont les principaux exemples5. Cette préoccupation est surtout apparue, selon Āočalov, au moment où les Etats Unis ont compris qu’avec l’apparition d’armes à très longue portée, ils avaient perdu leur invulnérabilité6.
10La seconde idée développée dans cette préface est en parfaite conformité avec le discours alors en vigueur en URSS : il n’est pas possible de limiter une guerre, surtout une guerre qui mettrait en œuvre des armes nucléaires, fussent-elles tactiques. La guerre limitée ne serait ainsi rien d’autre qu’un élément de la préparation de la future guerre mondiale. Pour étayer ces considérations, Āočalov s’appuie sur des affirmations d’Osgood lui-même – et de quelques responsables américains – selon lesquelles « l’essence de la guerre limitée est de permettre aux Etats Unis de mener une guerre totale »7.
11On retrouve l’émergence de cette préoccupation des Soviétiques pour la guerre locale ou limitée dans la seconde édition d’un ouvrage consacré à la « science militaire bourgeoise »8. La première édition, parue en 1957, n’avait pas consacré une seule ligne aux guerres locales. La seconde y consacre une partie entière dans le chapitre sur la stratégie. Là encore, la ligne directrice de ce texte est de démontrer le lien qui existe, de fait, entre guerre locale ou limitée et guerre totale ou mondiale, surtout si l’on envisage d’utiliser l’arme nucléaire, fût-ce l’arme tactique9.
12Mais c’est surtout au lendemain de la tentative, avortée, d’invasion de Cuba, en avril 1961, que la presse soviétique a accentué ses critiques sur le principe de la guerre locale. L’Etoile Rouge, en particulier, sous la double rubrique de la « réponse à une lettre de lecteur » et « sur un thème de théorie militaire », tente de définir la guerre locale10.
13L’auteur de cet article, le colonel Glazov, constate en premier lieu qu’il s’agit d’un des thèmes de prédilection de la littérature stratégique occidentale. Et de citer entre autres, les noms de Kissinger, Osgood, Taylor, Gavin ou Kingston McLorry. Il constate par ailleurs que, à la suite de la crise de la Baie des Cochons, non seulement le Pentagone, mais aussi l’ensemble des pays de l’OTAN, ont envisagé « la possibilité de mener des guerres locales, tant dans diverses régions du monde qu’en Europe Centrale ». Le colonel Glazov en déduit que cette conception constituerait la preuve de « l’échec de la stratégie de dissuasion » et permettrait ainsi d’éviter ce qui serait considéré à l’ouest comme « un suicide national ».
14Il en tire alors une définition de la guerre locale qui est « une guerre limitée dans ses buts, dans ses tâches, dans les forces et les moyens mis en jeu, dans l’espace et dans le temps ». Mais, c’est aussi une guerre – et, selon Glazov, l’une des raisons pour lesquelles seuls les impérialistes peuvent l’envisager – qui permet aux fabricants d’armes d’accroître leurs profits.
15On retrouve en conclusion de cet article les considérations sur le lien entre la guerre locale et la guerre mondiale. Cela dit, Glazov ne développe pas lui-même ces considérations mais s’appuie sur des citations de Khrouchtchev de 1961, mais aussi de 1956 (Suez) et 1958 (Message de Khrouchtchev à McMillan) qui considèrent que cela serait « une illusion naïve que d’espérer limiter une telle guerre ». On trouve ainsi réaffirmé ce discours qui est presque systématiquement repris à chaque fois que se produit une crise internationale, mettant en cause les intérêts des deux superpuissances.
16Le même colonel Glazov publiait presque simultanément, mais dans la revue du GlavPU, un article plus détaillé sur cette même question et énonçant les mêmes analyses et conclusions sur la guerre locale11.
17Pourtant, certains indices permettent d’envisager que, derrière un discours exclusivement critique à l’égard de la notion de guerre locale et/ou limitée, se cache, au moins chez de nombreux militaires soviétiques, un intérêt réel, voire une certaine prédilection pour ce type de conflit. La traduction d’ouvrages occidentaux traitant de cette question est, on l’a vu, l’un de ces indices. Mais, dans le même temps que les éditions militaires – ou d’autres – effectuaient de telles traductions, la presse quotidienne reprenait une « rubrique » qu’elle avait quelque peu délaissée depuis le milieu des années cinquante : la rubrique « sur un thème scientifique et technique ». Cette rubrique a ainsi consacré une série de quatre articles aux missiles tactiques. Certes, ce sont exclusivement des ingénieurs de l’armement qui ont rédigé ces articles ; ce qui leur donne, par conséquent, une forme plus technique. Mais, les titres de ces articles sont, en eux-mêmes, révélateurs de l’importance qui est accordée à un tel armement : « les capacités militaires », « installation et principes de pointage », « en position de combat », « les munitions guidées anti-char »12. Enfin, la date de publication de ces articles n’est pas non plus innocente puisqu’elle correspond à la date de sortie de la traduction de l’ouvrage d’Osgood.
18L’ensemble des publications dont il vient d’être question, qu’elles concernent l’histoire, la science militaire ou le rôle de la technique, constituent autant d’éléments qui permettent, progressivement de tracer l’image que se font les Soviétiques de la future guerre. Ces différentes considérations peuvent ainsi être comprises comme les différentes étapes que traverse la réflexion soviétique avant de se fixer sur un ouvrage de référence, le manuel de Sokolovskij.
L’image de la future guerre
19Si l’on excepte l’ouvrage sur la science militaire soviétique, aucun ouvrage traitant directement de la nature de la future guerre n’a été publié en URSS avant celui de Sokolovskij. Par contre, de nombreux articles ont été consacrés à cette question, essentielle dans le débat stratégique en cours. Les premiers articles sur ce sujet sont ceux, classifiés, et dont on n’a pu obtenir que des résumés, publiés dans le « recueil spécial d’articles » de Voennaja Mysl’ et rendant compte des conclusions des débats des deux années précédentes.
Le « Recueil Spécial »
20Des quelques éléments d’information que l’on a pu obtenir sur ces articles13, on constate que l’on retrouve les grands principes énoncés par Khrouchtchev et Malinovskij en janvier 1960. Mais ces textes sont présentés sous une forme plus précise, voire plus technique.
21Selon l’un de ces articles, signé par le général-major du génie Gorjajnov, les armes nucléaires sont d’abord « un nouveau moyen de combat » et la nature des troupes des missiles ne peut être différenciée de celle de l’aviation, des chars ou de l’artillerie. Cet auteur constate alors que « la contamination radio-active du terrain, réalisée à l’aide des super-bombes, peut être un facteur décisif dans le combat »14.
22Pourtant, toujours selon ce général, pour obtenir la victoire dans une guerre nucléaire, il faut avoir « la capacité de terminer la guerre dans les plus brefs délais ». Une telle affirmation s’appuie certes sur des considérations d’ordre militaire mais également économique – qui peuvent paraître tautologiques ! – car « il est infiniment plus coûteux de se préparer à une guerre longue qu’à une guerre brève »15. Penkovskij insiste d’ailleurs sur une contradiction interne de cet article de Gorjajnov qui affirme, d’une part, que les impérialistes favoriseraient « la guerre éclair parce qu’ils craignent que l’armement des masses et la prolongation de la guerre n’aboutisse à la révolution » ; et, d’autre part, que ces mêmes impérialistes sont partisans d’une guerre longue parce qu’elle « permet de réaliser de plus grands profits ».
23Cela dit, même si l’URSS favorise l’idée d’une guerre de courte durée, certains des auteurs de ce « recueil spécial », plus réalistes, auraient « suggéré que • soit inscrit dans la doctrine » l’idée selon laquelle il faut « essayer d’obtenir la victoire par une guerre brève (au moyen d’une attaque éclair) mais être prêts à mener une guerre longue »16.
24Pour le reste, on retrouve – tout au moins dans la limite de ce que Penkovski nous en fait connaître – les principes d’une première frappe nucléaire massive, de la surprise et de l’importance de la phase initiale. En d’autres termes, rien d’autre que ce que la littérature ouverte nous a appris, avec seulement un certain décalage dans le temps. Seuls, peut être, les aspects techniques sont-ils présentés plus en détail.
25Que deviennent donc ces principes dans les articles publiés dans la presse ouverte ? On constate tout d’abord que ce n’est qu’à la fin de 1960 que commencent à paraître des articles consacrés à l’image de la future guerre. Ce décalage dans le temps peut s’expliquer par le fait qu’il s’agissait, d’une part, d’intégrer la nouvelle ligne politique issue des discours du 14 janvier 1960. Il s’agissait, d’autre part – et peut être surtout – d’opérer une sélection dans ce qui était susceptible d’être publié et ce qui ne l’était pas, parmi les articles du « recueil spécial ».
Les ajustements idéologiques
26Il est indéniable – et c’est une constante de la politique soviétique dans tous les domaines – qu’il doit y avoir convergence entre un nouveau discours, une nouvelle ligne et la conception du monde en vigueur en URSS. Il est donc indispensable d’effacer – ou de limiter – les éventuelles contradictions qui pourraient surgir entre un discours politique ou politico-stratégique renouvelé et l’idéologie dominante.
27Dans ce cas précis, il s’agissait de dissimuler la nature par trop agressive de la nouvelle stratégie, derrière un discours plus placide sur la coexistence pacifique, sur la nature intrinsèquement pacifique du système communiste. C’est pourquoi l’une des constantes de ces articles sur l’image de la future guerre est d’insister, au moins quantitativement, sur cet aspect pacifique, de façon à atténuer la véritable nature de la stratégie. Cette volonté d’édulcorer le discours a parfois, et par un effet pervers, conduit certains auteurs à adopter une vision et des conceptions qui étaient en fait totalement étrangères à la véritable ligne politique en vigueur à l’époque.
28Ce schéma s’applique parfaitement au premier des articles parus sur la future guerre dans la revue théorique du GlavPU. Ce n’est que dans trois paragraphes de conclusion que son auteur énonce quelques uns des nouveaux principes stratégiques. Tout le reste de l’article est consacré à la coexistence et à sa permanence dans la pensée marxiste-léniniste17.
29Le deuxième article, chronologiquement, est, lui, plus consistant. D’abord parce qu’il est signé par le colonel S. Kozlov, dont on a vu la part qu’il a prise dans ce débat sur la stratégie. Ensuite, parce qu’il est destiné à la formation des cadres militaires sur le thème du « caractère des guerres à l’époque actuelle »18. Certes, il s’agit en premier lieu d’un article fortement marqué par une volonté pédagogique – et tel est son objectif – sur le sujet largement rebattu de la source et des causes économiques des guerres et de leur caractère juste ou injuste. Ce n’est qu’après un long développement sur ces questions que Kozlov commence à traiter véritablement de son sujet.
30Kozlov critique tout d’abord la conception occidentale – et cette critique pourrait ne pas s’adresser aux seuls occidentaux – selon laquelle une guerre nucléaire serait suicidaire. En fait, cette conception ne serait qu’un moyen « nécessaire aux idéologues impérialistes, non pour empêcher que la guerre ne soit un moyen de résolution des différends, mais pour justifier leurs théories des guerres locales »19.
31Le deuxième point soulevé par Kozlov est celui de la taille des armées dans les conditions nouvelles. Il estime certes nécessaire la réduction des effectifs pour autant qu’elle « ne réduise pas la capacité défensive du pays ». Cependant, en cas de menace de guerre, il serait nécessaire de « déployer des forces massives pour la conduite victorieuse de la guerre »20.
32Ce passage du temps de paix au temps de guerre aurait pourtant impliqué que soit abordée une question qui ne l’a pas été, bien qu’elle paraisse être l’un des problèmes constants des forces armées soviétiques : celle de la mobilisation et de son efficacité. Cela dit, cela n’empêche pas Kozlov de conclure ce passage en affirmant que, en tout état de cause, la guerre moderne exige un moindre personnel dans les « groupements de forces stratégiques et opératives que par le passé ». Sans donc souscrire explicitement aux conceptions occidentales – régulièrement critiquées – des « petites armées techniciennes et professionnelles », Kozlov n’en reconnaît pas moins implicitement que le volume des armées doit être d’une moindre importance que par le passé. L’affirmation de la nécessité d’une armée de masse alternant avec celle estimant que les masses jouent un rôle moins décisif que par le passé pourrait être perçu comme un signe que, sur ce sujet au moins, l’unanimité n’est pas encore de règle dans l’armée soviétique.
33Un autre aspect intéressant de cet article est que, si l’on excepte les éléments que l’on vient d’aborder, Kozlov ne donne pas d’autres caractéristiques de la conception soviétique de la guerre nucléaire. Par contre, sur ce dernier point, il juge utile de présenter l’interprétation soviétique de l’interprétation américaine ! Procédé certes classique dans la littérature politique et militaire soviétique, mais relativement peu habituel sur ce point précis et à cette époque. Peut-on alors en déduire que ce que Kozlov attribue aux Etats Unis correspond aux principes admis en URSS ? Sachant ce que l’on sait déjà par les autres sources ouvertes, il semble qu’une telle extrapolation soit envisageable, à condition d’en dresser les limites.
34Kozlov affirme que les « impérialistes tenteront de commencer la guerre par une offensive surprise avec l’arme nucléaire, portant leurs coups depuis la terre, la mer et les airs... Faisant suite à ces frappes de missiles nucléaires, en premier lieu contre les principaux moyens de défense adverses... ainsi que contre les centres politico-administratifs, les objectifs économiques et les axes de communication, l’agresseur tentera de passer à l’offensive avec d’importants groupements de forces terrestres et, depuis la mer, avec des forces de débarquement »21.
35Si donc l’on exclut ce dernier élément maritime – peut-on imaginer, surtout en 1961, l’armée soviétique débarquant aux Etats Unis ?! – l’ensemble des considérations développées par Kozlov correspond indéniablement à ce que l’on sait officiellement depuis 1960 sur les principaux aspects de la stratégie soviétique. Est-ce à dire que les Soviétiques adoptent la même stratégie que celle qu’ils attribuent aux Américans ? C’est une hypothèse que l’on ne peut totalement exclure et ce d’autant que c’est un procédé que l’on voit fréquemment se produire en sens inverse !
36Il ne semble pourtant pas que cela constitue l’hypothèse la plus vraisemblable. Une autre interprétation possible est qu’en présentant de cette façon la stratégie américaine, l’auteur de l’article – qui a eu un rôle pédagogique important à l’Académie Lénine – aurait eu un message, sinon un avertissement, à délivrer. L’arme nucléaire stratégique soviétique ne résout pas tout et, quelque scientifique que soit la pensée militaire marxiste-léniniste, elle n’en devra pas moins être confrontée à une stratégie, peut-être « idéaliste » ou « subjective », mais qui pourait fort bien avoir des objectifs militaires aussi précis que ceux de l’URSS. Cette hypothèse est d’autant plus envisageable que le lecteur soviétique de l’époque aura reconnu de nombreux éléments de sa propre doctrine.
37On peut enfin émettre une troisième hypothèse qui n’exclut pas la précédente et selon laquelle il s’agirait d’insister sur un seul des éléments de cette stratégie américaine, l’élément qui la différencie des conceptions soviétiques : le débarquement. On a vu que, depuis 1945, une des hantises des responsables politiques et militaires soviétiques était celle d’un débarquement des forces occidentales du type de celui de Normandie en 1944. Or, ceci est justement l’un des points faibles de l’armée soviétique. S’agit-il alors d’un message visant à constituer une force de débarquement aéronavale digne de celle des Etats Unis ou bien de renforcer les capacités défensives des côtes soviétiques ? S’agit-il par là de rappeler aussi à la marine son rôle, le seul qui lui soit dévolu sous Khrouchtchev, celui de gardienne des frontières maritimes ?
38Cette dimension pourrait, en effet, correspondre au début d’un renforcement, en 1961, du déploiement de la marine dans les zones d’où une attaque américaine contre l’URSS aurait pu être effectuée (Mer de Barents, Grœnland, Norvège, et, mais sans doute plus tard, Océan Indien et Méditerranée orientale). Tout ceci doit, vraisemblablement être reliée au développement des missiles Polaris aux Etats Unis22.
39Quelques mois après cet article, la même revue publiait un article de l’amiral Gorškov qui reprenait, mais cela était logique de sa part, les mêmes préoccupations et les mêmes inquiétudes quant à la tentative d’action militaire à partir des porte-avions et des sous-marins américains. On peut toutefois signaler que, entre ces deux articles, s’était produit la crise de Cuba, donnant d’autant plus de poids aux arguments de Gorškov. On peut, en effet, se demander si le commandant en chef de la marine, d’une marine réduite, n’a pas profité de cette occasion pour commencer de lancer son « offensive » en faveur d’une « réhabilitation » de son arme.
40Dans cet article, très politique et rendant compte des dernières manœuvres navales, l’amiral Gorškov n’en adopte pas moins une attitude qui détonne – certes très timidement – avec les articles précédents sur la marine soviétique. En premier lieu, il ne mentionne pas, sinon dans le titre, ce qui pourtant constitue un des leitmotive quasi obligés des articles sur ce sujet : le rôle de la marine dans la défense des frontières maritimes de l’URSS. Ensuite, de manière très indirecte, mais à deux reprises, Gorškov mentionne, dans son texte, l’existence d’une « flotte qualitativement nouvelle »23. Il y affirme en particulier que « les nouveaux bâtiments modernes, les nouvelles armes, exigent que l’on élabore des principes plus adaptés à leur maniement dans le combat moderne »24.
41On peut, dans ces conditions, se demander si Gorškov ne chercherait pas à profiter des circonstances – Cuba et le développement des Polaris – pour commencer à avancer, encore très discrètement, ses idées. On ne peut, néanmoins, affirmer que cette « tentative » de 1961 s’adresse d’abord à un pouvoir politique a priori hostile, que Gorškov veut commencer à convaincre de développer une flotte à capacité océanique. Rappelons que le grand mot d’ordre du XXIIème Congrès qui se tient quelques mois plus tard – mot d’ordre également inscrit dans le Programme du PCUS – est de « rattraper et de dépasser les Etats Unis »25. Ceci pourrait également concerner la marine soviétique. C’est, semble-t-il, ce dont Gorškov veut convaincre ses lecteurs.
42Mais on peut également penser que cet article s’adresse moins au pouvoir politique qu’aux personnels de la marine. Gorškov, sachant qu’il n’a rien à attendre des premiers, aurait pu ainsi chercher à faire patienter les seconds en leur démontrant qu’il n’aspire qu’à une chose : la transformation de la marine, de ses équipements mais aussi de sa fonction, voire de sa stratégie.
43Les faits tendraient à considérer cette seconde hypothèse comme la plus vraisemblable, mais on ne peut guère extrapoler plus au-delà sur les intentions réelles de l’amiral.
Un débat sur la dissuasion ?
44Simultanément et tout au long de cette année 1961, la revue du GlavPU continue la publication de la série d’articles sur l’image de la future guerre.
45Ces articles n’apportent, en fait, rien de réellement neuf par rapport aux précédents. Ils restent, très logiquement, imprégnés du discours idéologique sur la guerre et la paix et insistent sur la supériorité nécessaire de l’URSS dans les domaines économique, moral et militaire26.
46On s’arrêtera, par contre, plus longuement sur un article – ou tout au moins sur les idées qu’il a suscité – paru en septembre 1961 et signé de trois auteurs dont deux ont produit un nombre relativement important de publications sur la chose militaire émanant du GlavPU27. Cet article, contrairement aux précédents, s’inscrit dans un débat qui paraît avoir été engagé au cours de cette même année sur le lien entre guerre et politique. Le thème n’est pas neuf et un tel débat n’est pas unique dans l’histoire de l’URSS. Mais, en 1961, il semble mettre en présence, pour la première fois depuis 1954, les partisans et les adversaires de l’introduction de la notion de dissuasion dans le concept stratégique soviétique. Le principal intérêt de ce débat, ce qui fait son originalité, est que la ligne de partage des positions ne se situe pas, à la différence de nombreux autres débats, entre militaires d’armes et ceux de la direction politique.
47C’est, semble-t-il, une fois encore, le général Talenskij qui se trouve à la pointe de la diffusion de cette idée nouvelle en URSS. On se souvient que Talenskij avait déjà été l’un des premiers à mettre en cause la théorie des facteurs permanents et à avoir réévalué le rôle de la surprise dès 1953. Ceci lui avait, notamment, coûté sa fonction de rédacteur en chef de Voennaja Mysl’. Depuis, Talenskij a plutôt une fonction de « propagandiste » des idées pacifistes de l’URSS. Il se trouve ainsi à plusieurs reprises aux côtés d’Ilija Ehrenbourg dans des Congrès du Mouvement de la Paix, tant à l’ouest qu’à l’est.28 C’est également à partir de ce moment que le support éditorial des travaux de Talenskij passe de Voennaja Mysl’ à Meždunarodnaja Žizn’ (Vie Internationale).
48Cette revue, fondée en 1954, est, aujourd’hui, une revue à « usage externe » en raison de sa publication en plusieurs langues, notamment en français et en anglais. Mais ce n’est, en fait, qu’à partir de 1961 qu’elle paraît en langues étrangères. Dans ces conditions, l’on peut s’interroger sur le poids réel de cette revue tant qu’elle n’était publiée qu’en russe. Il est indéniable que, sans avoir l’autorité de revues plus officielles telles que celle de l’IMEMO, ou d’autres instituts de l’Académie des Sciences, elle devait plus servir la ligne officielle interne alors qu’elle ne le fait aujourd’hui. La part du message à l’occident devait nécessairement être moindre.
49Mais pour revenir à 1961 et à Talenskij lui même, c’est au tout début de l’année que celui-ci publie une brochure consacrée au caractère de la Seconde Guerre mondiale29. Cet opuscule, qui s’adresse à un « large public populaire » est l’une des premières, sinon la première publication à faire état, dans les années soixante, de la fonction dissuasive des armes nucléaires. Cette conception s’inscrit d’ailleurs dans la logique des conceptions que Talenskij avait adoptées dès le début des années cinquante. Abordant la question de la « croisade contre le communisme » engagée par « l’impérialisme mondial derrière les Etats Unis », Talenskij affirme que « la puissance du système socialiste, le progrès de la science et de la technique en Union Soviétique, sa puissance militaire servent de puissante force dissuasive, de barrage, contre les intentions agressives des impérialistes »30.
50L’intérêt de cette appréciation est qu’elle prend en considération exclusivement des éléments quantifiables – forces militaires, réalisations scientifiques et techniques – et, contrairement à la notion de coexistence pacifique, évacue la fonction, habituelle dans le discours soviétique, dévolue aux « forces sociales opposées à la guerre ». On trouve ainsi, dans ce texte, une approche de la dissuasion (sderživanie) que l’on pourrait rapprocher de celle qui a cours dans les Etats occidentaux. Talenskij confirme, d’ailleurs, ses conceptions dans le numéro de décembre de la Vie Internationale, dans un article intégré dans une série d’articles consacrés au XXIIème Congrès. Il sera, en cette occasion, encore plus précis en ce qui concerne les armes qui sont destinées à assurer cette fonction dissuasive : « l’arme des missiles nucléaires, entre les mains des Etats épris de paix, entre les mains de l’Union Soviétique, est devenue un puissant facteur dissuadant les appétits agressifs des Etats impérialistes »31.
51Mais Talenskij, au moins depuis 1953, peut être considéré comme un « marginal » au sein de la communauté des auteurs politico-militaires. Aussi est-il particulièrement intéressant de constater que des organes qui, tout au long de cette période, n’ont jamais fait preuve d’audace ou d’originalité, reprennent cette conception développée par Talenskij. C’est, en effet, dans un recueil des travaux de l’Académie Lénine que cette même approche est publiée, dans un article paru en août 1962, un certain major Timorin affirme que : « la défense de la paix est une fonction organique des forces armées soviétiques, déterminant leur nature socialiste. L’existence en URSS d’une puissante armée dotée des armes les plus modernes, susceptibles de porter à l’agresseur une frappe destructrice, dissuade les impérialistes de tenter de déclencher une nouvelle guerre mondiale »32.
52Deux remarques à ce propos. La première est d’ordre sémantique, la seconde concerne les raisons qui ont incité certains à développer, en 1961- 62, une telle idée.
53Si l’on se réfère au vocabulaire qui a cours en URSS depuis le début des années quatre-vingt, c’est à dire depuis que les Soviétiques ont officiellement admis que leurs armes avaient une fonction dissuasive à l’égard de l’occident, on pourrait objecter que Talenskij et Timorin utilisent le terme de « sderživanie » alors que, lorsque les auteurs soviétiques mentionnent le concept occidental, ou, plus précisément, américain, ils utilisent celui de « ustrašenie » (idée d’épouvanter). En fait, cette distinction – tout au moins sous une forme systématique – ne remonte qu’au début des années quatre-vingt. Auparavant, et surtout dans les années cinquante et soixante, les Soviétiques ont utilisé alternativement l’un ou l’autre des ces termes, sans qu’il soit possible de mettre en avant les causes qui font que l’un des termes est utilisé plutôt que l’autre.
54Lorsque Talenskij et Timorin mentionnent la fonction dissuasive des armes nucléaires soviétiques, ils utilisent un terme identique à celui utilisé pour qualifier la conception américaine. Est-ce faute d’avoir un vocabulaire suffisant ? Ce qui est peu crédible. Ou bien est-ce l’affirmation explicite d’un fait – la dissuasion mutuelle – qui n’a pas été, alors, officiellement admis, notamment pour des raisons de cohérence interne du discours idéologique. Compte tenu du déroulement du processus de reconnaissance de la notion de dissuasion une quinzaine d’années plus tard, à la fin des années soixante-dix, cette seconde hypothèse paraît la plus vraisemblable.
55La seconde remarque conduit à s’interroger sur les raisons qui ont incité certains auteurs – et pas seulement des « marginaux organiques » – à avancer ce discours sur la dissuasion. En effet, la ligne idéologique officialisée par le XXème Congrès avait bien mis au point les raisons pour lesquelles les guerres n’étaient plus inévitables : une telle possibilité existait désormais non seulement en raison du renforcement quantitatif de la puissance de l’Etat soviétique, mais également grâce au soutien que cet Etat obtenait auprès d’une « opinion publique mondiale » pacifiste.
56En 1961-62, cette deuxième composante disparaît de l’argumentation de certains auteurs qui ne retiennent plus que le critère de la puissance de l’URSS – puissance militaire, certes, mais aussi, pour certains, économique et scientifique. Ceci pourrait-il laisser supposer que l’URSS n’aurait plus besoin du soutien des « masses pacifistes » à l’ouest pour rendre la guerre non-inévitable ?
57On se souvient en effet que c’est en 1961-62 que les Soviétiques expérimentent le SS 7. C’est également à ce moment qu’ils mentionnent l’existence – éphémère – d’un « missile global » (voir chapitre 13). La puissance des armes stratégiques soviétiques peut, dans ces conditions, avoir été perçue et considérée comme suffisante – malgré la découverte de la réalité du missile gap – pour assumer la traditionnelle « politique soviétique de défense de la paix ».
58Certes, un tel discours s’inscrit-il aussi dans la perspective du discours triomphaliste sur la supériorité militaire soviétique qui atteint alors son apogée. Mais il n’en demeure pas moins en contradiction avec l’orthodoxie idéologique, en ce qu’il évacue toute la dimension sociale du discours sur la coexistence. Cette idée de dissuasion est indissolublement liée, en URSS, aux thèmes de la relation entre guerre et politique et de l’impossibilité – ou de l’absurdité – d’une guerre nucléaire en ce qu’elle conduirait au suicide, non plus seulement de l’agresseur mais aussi de l’humanité toute entière. Or, c’est une condamnation globale de tous ces thèmes, développés en 1961-62, puis en 1964-65 qui sera explicitement effectuée en 1966. Au moment où ils sont développés, ils ne sont l’objet d’aucune attaque directe – au moins publiquement. Par contre, l’on peut trouver, dans la littérature ouverte, l’affirmation de la thèse inverse et sous la signature de personnes dont on sait pertinemment qu’elles représentent « la ligne ».
59Ainsi la revue du GlavPU publie-t-elle, en septembre 1961, un article abordant cette question de la relation entre guerre et politique. Il s’agit, en fait, de critiquer les théoriciens américains qui considèrent que, avec l’apparition des armes nucléaires, la guerre sort du cadre de la politique, cesse d’en être la continuation. Sont ainsi visés Finletter et Osgood33. Mais, contrairement à ce qui s’est produit cinq ans plus tard, les auteurs de cet article n’affirment pas encore que ces erreurs d’appréciation se retrouvent également « chez quelques camarades ». Pourtant cet article peut être aussi considéré comme une réplique aux premières tentatives d’introduction de la notion de dissuasion dans le concept stratégique soviétique.
60Mais il n’est pas étonnant non plus que ce thème disparaisse de la littérature ouverte au milieu de 1962 et réapparaisse deux ans plus tard. Il disparaît au moment où est publié le manuel Sokolovskij, qui a pu être perçu, au moins au début, comme fixant la référence définitive (voir chapitre 12). Il réapparaît en 1964, au moment où l’on s’interroge non pas tant sur le contenu de la stratégie militaire soviétique que sur le sens de la notion de stratégie, sur sa nature à l’ère nucléaire.
61Car, sans avoir conduit à une cessation totale des débats et discussions sur la stratégie de l’URSS, la publication du manuel de Sokolovskij n’en a pas moins ralenti leur rythme.
Notes de bas de page
1 SMIRNOV (M), BAZ’ (I), KOZLOV (S), SIDOROV (P), O Sovestkoj Voennoj Nauke, (La science militaire soviétique) Moscou, Voenizdat, 1960, 336 p.
2 OSGUD (R), Ogranicennaja Vojna, (La guerre limitée), Moscou, Voenizdat, 1960, 384 p. Cet ouvrage, est-il précisé dans la préface, a été publié « avec des coupures » (p. 22).
3 L’année précédente ont ainsi été publiés en URSS, l’ouvrage de H. Kissinger, L’Arme Nucléaire et la Politique Etrangère, en version abrégée, par les éditions de la littérature étrangère, ainsi que l’ouvrage de E. Kingston McLorry, La Stratégie Globale aux éditions militaires.
4 OSGUD (R), op. cit. p. 5.
5 Ibid. p. 13.
6 Ibid. p. 9.
7 Ibid. p. 20-21.
8 MIL’ŠTEJN (M), SLOBODENKO (A), O Buržuaznoj Voennoj Nauke (La science militaire bourgeoise), Mosocu, Voenizdat, 1961, 356 p. Cet ouvrage est achevé d’imprimer en février 1961, c’est à dire avant la crise de Cuba.
9 Ibid. p. 303-320.
10 Krasnaja Zvezda, 16 mai 1961.
11 GLAZOV (V), « O reakcionnoj suščnosti teorii lokal’nyh vojn » (La nature réactionnaire de la théorie des guerres locales). KVS. 10, mai 1961, p. 59-66.
12 Krasnaja Zvezda, 19 janvier, 28 janvier, 9 février et 18 février 1960.
13 PENKOVSKI (O), op. cit. p. 234-242.
14 Ibid. p. 236-237.
15 Ibid. p. 238.
16 Ibid. p. 241.
17 KIRILOV (A), « Predotvrascenie vojny-važnejsaja problema sovremennosti » (La prévention de la guerre est le problème actuel le plus important), KVS, 3, novembre, 1960, p. 14- 22.
18 KOZLOV (S), « O haraktere vojn sovremennoj epohi » (Le caractère des guerres de l’époque actuelle), KVS, 2, janvier 1961, p. 13-20.
19 Ibid. p. 18.
20 Ibid. p. 19.
21 Ibid. p. 19-20.
22 Sur ce point, voir notamment KIPPS (J), « Soviet naval aviation », in McGWIRE (M), McDONNEL (J), Eds., Soviet Naval Influence, New York, Praeger, 1977, p. 209-210 et COCKBURN (A), op. cit. p. 296-297.
23 GORSKOV (S), « Nadežnyj straž morskih rubežej SSSR » (Un garde fiable des frontières maritimes de l’URSS), KVS, 13, juillet 1961, p. 28.
24 Ibid. p. 30.
25 Le projet de Programme du PCUS paraît dans la presse quotidienne le 31 juillet 1961.
26 Voir notamment MAHOV (A), RYBKIN (E), « Leninskoe učenie o vojne i mire i sovremennost’ » (La doctrine léniniste sur la guerre et la paix et l’actualité), KVS, 7, avril 1961, p. 16-25 ; KIRJAEV (N) « Voprosy ukreplenija oboronosposobnosti sovetskogo gosudarstva v proekte Programmy KPSS » (Questions du renforcement de la capacité défensive de l’Etat soviétique dans le Programme du PCUS), KVS, 17, septembre 1961, p. 22-30.
27 SUSKO (N), TJUSKEVIC (S), FEDOROV (G), « Razvitie marksistko-leninskogo učenija o vojne v sovremennyh uslovijah » (Le développement de la doctrine marxiste-léniniste sur la guerre dans les conditions actuelles) KVS, 18, septembre 1961, p. 19-29. les deux premier de ces auteurs ont notamment été les principaux rédacteurs de plusieurs éditions du manuel de la « bibliothèque de l’officier » traitant de la « doctrine marxiste-léniniste sur la guerre et la paix ».
28 Voir notamment Ogonek, art. cit. n° 25, juin 1987, p. 25.
29 TALENSKIJ (N), O Haraktere Vtoroj Mirovoj Vojny (Le caractère de la seconde guerre mondiale), Moscou, Gospolitizdat, 1961, 36 p. (Bon à tirer : 1 avril 1961 et achevé d’imprimer 26 avril 1961. Onpeut remarquer la rapidité exceptionnelle des délais de publication de cette brochure tirée à 100 000 exemplaire).
30 Ibid. p. 33.
31 TALENSKIJ (N), « Razoruženie i ego protivniki » (Le désarmement et ses adversdaires), Meždunarodnaja Žizn’, 12, 1961, p. 29.
32 TIMORIN (A), « XXII S’ezd KPSS o sovremennom etape razvitija sovetskih vooružennyh sil » (Le XXIIème Congrès du PCUS et l’étape actuelle du développement des forces armées soviétiques), Trudy Akademii, n° 39, 1962, p. 69.
33 KVS, 18, septembre 1961, art. cit. p. 22-23.
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