Les enfants en bas âge en Gaule romaine : identification des lieux d’inhumation et des marqueurs matériels
p. 177-198
Résumés
Durant la période gallo-romaine, les sépultures des tout-petits enfants connaissent une grande hétérogénéité. Certains sont inhumés au sein des nécropoles communautaires, d’autres dans des lieux de vie, souvent des habitats. Ce type de tombes, sans dépôt funéraire et dépourvu de signalisation, laisse peu de traces. Comment alors déterminer leurs présences ? Le corps de ces enfants, souvent mal conservé, est-il inhumé dans un contenant particulier, visible lors de la fouille ou localisé dans un endroit spécifique du bâtiment ? Autant d’indices qui pourraient permettre de localiser ces petites sépultures.
Au sein des nécropoles communautaires, les individus infantiles sont souvent regroupés dans des secteurs particuliers, généralement près de l’enceinte funéraire. Ces zones concernent surtout les sujets périnatals (7e mois lunaire – 28 jours). Or, ces derniers sont fréquemment inhumés dans des contenants spécifiques : vases funéraires ou tuiles imbrex. Ces tombes, peu profondes, subissent l’aléa du temps, des labours et des intempéries. On constate donc très souvent l’absence d’ossements. Certains chercheurs se sont interrogés sur la fonction de ces contenants vides d’éléments osseux, notamment les imbrices. S’agit-il de sépultures d’enfants ou de marqueurs de tombes ? À Tavaux « Les Charmes d’Amont » (Jura), soixante-deux tuiles imbrex sans couverture ont été trouvées dans la nécropole. Ces imbrices étaient regroupées dans trois secteurs, généralement à l’écart des crémations. Aucune n’avait d’éléments osseux. Douze de ces imbrices comportaient un dépôt. Si on fait abstraction de ces tuiles, l’aire funéraire de Tavaux ne comporte aucun enfant de moins d’un an. Une autre nécropole, située à 1,5 km (Tavaux II, « Les Terres Saint-Gervais ») a également livré des tuiles imbrex. Celles qui avaient encore leur couvercle de tuile ont bien livré des individus périnatals. Les autres, sans mode de protection, étaient vides d’ossements. On comprend donc l’importance d’être attentif, lors de la fouille, à ce type de découverte.
During the Gallo-Roman period, the graves of little children are very heterogeneous. Some of them are buried in cemeteries, others in places of life, as the dwelling house. This type of tombs, without deposit and without signaling, leaving little trace. How then determine their presence? The body of these children, often poorly preserved, is it buried in a special container, visible during the excavation or located in a specific area of the building ? So many clues that could help locate these small graves.
In the cemeteries, the infants are often localized in specific places, usually near the enclosing wall. They are often buried in funerary vases or imbrex tiles. At Tavaux “Les Charmes d’Amont” (Jura), 62 imbrex tiles without cover were found in the necropolis. There was no skeleton in the tiles. Twelve of these imbrices had a deposit. If we disregard these tiles, this necropolis has none child under one year. Another necropolis, near Tavaux I, Tavaux II (“Les Terres Saint-Gervais”) has also delivered some imbrex tiles. Those who still had their tile cover have delivered perinatal skeletons. Others, without protection mode, were empty. So we understand the importance of being attentive during the excavations, to this type of discovery.
Entrées d’index
Mots-clés : Gaule romaine, nouveau-né, infantile, périnatal, sépulture, inhumation, nécropole, pratiques funéraires, imbrex
Keywords : Roman Gaul, new-born, funeral ritual, infant, grave, imbrex, burial, necropolis, dwelling house
Texte intégral
1Dans les populations anciennes, les enfants de moins de cinq ans étaient les plus touchés par la mortalité. Un quart des enfants mouraient avant l’âge de leur premier anniversaire et un autre avant l’âge de vingt ans, le pic de mortalité concernant les enfants entre un et quatre ans. Or, de nombreuses nécropoles gallo-romaines présentent des anomalies dans le recrutement funéraire : il manque des enfants de moins de cinq ans. Si la faible profondeur des fosses et l’acidité du sol peuvent en partie expliquer la sous-représentation des tout-petits enfants dans les nécropoles, ces arguments ne suffisent pas à justifier pleinement ce phénomène. Un recrutement préférentiel pourrait expliquer leur absence dans les nécropoles, les enfants en bas âge étant inhumés soit dans des secteurs spécifiques de l’aire funéraire, soit hors de cet espace. La présence d’inhumations dans des lieux de vie, ou dans des zones réservées à l’intérieur de la nécropole communautaire, pourrait permettre d’expliquer certains déficits au sein de la nécropole. Encore faut-il savoir quels sont les éléments qui permettent de signaler la présence de ces petites sépultures au sein de l’aire funéraire ainsi qu’à l’extérieur de cet espace. En effet, où sont inhumés les tout-petits enfants et comment ces tombes se caractérisent ? Autant d’interrogations importantes pour appréhender le recrutement de l’espace funéraire.
Les inhumations de tout-petits enfants au sein des lieux de vie
2La présence d’inhumations infantiles dans des lieux de vie témoigne de la relation ténue entre le monde des vivants et celui des morts. Cette frontière a toujours été, dans les civilisations anciennes, assez floue. Il est ainsi très fréquent de rencontrer, dès l’époque protohistorique, dans diverses régions d’Europe (Grèce, Italie, Suisse, Espagne, Bulgarie, Slovénie, etc.), des inhumations dans des lieux de vie (Coldstream, 1977, p. 122 ; Curdy et al., 1993, p. 143-144, 150 ; Davies, 1987, p. 16 ; Gusi et Muriel, 2008, p. 277-282). Ce type de localisation, courant durant l’âge du Fer et l’époque romaine, semble diminuer au ve s. apr. J.-C., sans toutefois disparaître puisqu’on le retrouve sporadiquement au Moyen Âge, voire jusqu’au xixe siècle en France.
Les inhumations au sein des habitats
3Hors des nécropoles, ce sont les inhumations en contexte domestique qui sont les plus fréquentes. Les habitats ruraux constituent la majorité des exemples. Parmi ces derniers, on dénombre un grand nombre de villae ou de structures liées à des exploitations rurales. Les inhumations dans les habitats urbains (domus ou insula) apparaissent moins nombreuses que dans les habitats ruraux. Ce fait doit être nuancé car les fouilles en contexte rural sont plus fréquentes que les opérations urbaines. Les superficies sont par ailleurs beaucoup moins étendues dans les contextes urbains.
4En contexte d’habitat, les sépultures sont soit placées à l’intérieur de la construction – cette localisation semble avoir été privilégiée – soit à l’extérieur de celle-ci. Dans certains exemples, comme à Langeais (Indre-et-Loire), les sujets infantiles sont ensevelis à l’intérieur des pièces du bâtiment (onze nouveau-nés dans trois pièces) et à l’extérieur (six nouveau-nés) (Guiot, Raux et Blanchard, 2003) (Fig. 1).
Place dans le bâtiment
5Les sépultures placées à l’intérieur des bâtiments sont le plus souvent disposées le long des murs. Lorsque les défunts sont inhumés à l’extérieur des constructions, ils sont également ensevelis contre les parois, les fameux suggrundaria évoqués par Fulgence :
Dans les temps, les anciens appelaient suggrundaria les tombes des enfants qui n’avaient pas atteint le quarantième jour de vie, le mot busta n’étant pas approprié, en l’absence d’os à brûler, et la masse du cadavre n’étant pas suffisante pour créer un monticule1 .
La fonction des pièces
6Quand la fonction des pièces dans lesquelles ont été retrouvées les inhumations infantiles est connue, on observe qu’il s’agit de pièces de service, de stockage ou de passage. À Poitiers (Vienne), dans le site « Le Calvaire », huit nouveau-nés ont été déposés dans le couloir d’accès d’une structure domestique. Les fosses, qui percent le sol en béton du couloir, ont été regroupées sur une très petite surface, encadrées par un mur et une cloison (Robin, 1998, p. 39-41). C’est également dans un couloir de circulation qu’une des deux sépultures périnatales découvertes à l’intérieur d’un bâtiment, datée du Haut-Empire, a été mise au jour dans la villa de Loupian, « Les Près-Bas » (Hérault) (Lugand et Bermond, 2002).
7Les caves semblent également avoir été des endroits fréquemment utilisés pour ensevelir les petits cadavres, notamment après leur abandon. On en trouve des exemples à Luzarches, près d’Hérivaux (Val-d’Oise) (Wabont, Abert et Vermeersch, 2006, p. 243-247, 326) ainsi qu’à Strasbourg (Bas-Rhin) « Route des Romains » (Baudoux et al., 2003, p. 437).
En marge de l’habitat
8Quand les tout-petits enfants ne sont pas ensevelis contre les murs des bâtiments principaux, ils sont inhumés à proximité de structures linéaires, contre le mur d’une terrasse, comme à Tavers « Les Coudres » (Loiret) (Ferdière, 1993, p. 229) ou à proximité des murs de clôture, souvent à la limite de l’habitat. Ils sont alors soit ensevelis dans l’enceinte même de la villa, comme à La Celle-Saint-Avant (Indre-et-Loire) (Jouquand et al., 2001), soit à l’extérieur de l’établissement agricole. À Limetz-Villez (Yvelines), une des deux sépultures périnatales se trouvait déposée au pied du mur de clôture, à l’extérieur de l’aire de la villa (Barat, 2007, p. 208-213). À Beaumont « Champ Madame » (Puy-de-Dôme), c’est également en dehors de l’enceinte d’une villa, mais contre le mur de clôture, que vingt-sept sujets infantiles ont été inhumés, aux ier-iie s. apr. J.-C.2. Deux tombes sont toutefois placées à l’intérieur du domaine (Alfonzo et Blaizot, 2004).
9Les sépultures d’enfants peuvent être également disposées à la limite de la pars rustica et de la pars urbana de la villa ou de l’établissement rural. C’est le cas à Vierzon « Le Vieux Domaine » (Baills-Talbi et Blanchard, 2006, p. 168).
Les fosses d’extraction
10Certaines fosses d’extraction ont également été utilisées comme lieu d’inhumations. C’est le cas à Bézannes (Marne), où une aire funéraire datée du iie-ive s. apr. J.-C. s’est implantée dans un fossé d’extraction circonscrit par un fossé en limite de l’habitat. Cette petite nécropole abrite exclusivement des enfants de moins de six mois – au nombre de vingt-cinq – majoritairement inhumés dans des enveloppes souples ou en pleine terre (Achard-Corompt, 2011). On retrouve également ce type de localisation à Limé, « Les Terres Noires » (Aisne), où cinq sujets « infantiles » ont été déposés dans une fosse d’extraction de sable, à la limite de la pars rustica d’une villa (Thouvenot et Hénon, 1998).
Les inhumations dans les ateliers
11La présence de sépultures d’enfants se retrouve également dans des contextes artisanaux. Nous avons d’ailleurs vu que de telles sépultures peuvent se rencontrer dans les aires agricoles d’établissements ruraux. Ces ateliers peuvent être consacrés à la poterie, comme les sites de Sallèles d’Aude (Aude) (Duday et al., 1995) et de Lezoux (Clermont-Ferrand) (Fenet, 1990) ou liés à des activités métallurgiques, comme à Bussy-Lettrée, « Petit Vaux Bourdin » (Marne) (Violot, 2003).
12Les petits défunts peuvent être déposés soit à l’intérieur de la structure, soit à l’extérieur, mais toujours contre les murs. À Sallèles d’Aude, c’est dans l’un des bâtiments les plus anciens de l’atelier de potiers, dans une pièce réservée au tournage et à la cuisson, que l’on a inhumé, alors que le bâtiment était toujours en activité, une quinzaine d’individus infantiles, dont le plus âgé était décédé entre six et neuf mois. Ces sépultures, placées le long des murs, ont été déposées au milieu du ier s. apr. J.-C. lors du réaménagement du bâtiment. Dans le courant du iie s., la pièce est détruite, mais trois sépultures sont venues s’installer dans les ruines : une sur l’arase d’un mur et deux autres, à l’extérieur de la construction, près du seuil (Duday et al., 1995, p. 18).
13Si certaines tombes se trouvent protégées par la structure ou le mur gouttereau du bâtiment, d’autres se localisent, comme dans les habitats, dans des aires ouvertes.
Les zones de rejets et de dépotoirs
14Les zones de rejets, liées aux activités artisanales, ont aussi été utilisées comme lieux de sépultures pour les tout-petits. À Mâcon, « Parking Rambuteau » (Saône-et-Loire), un sujet périnatal a été inhumé dans le comblement d’une fosse dépotoir, lors de la phase d’abandon de l’exploitation d’une carrière de limon destinée à la construction, au iie s. apr. J.-C. Ce secteur laisse place, au iiie s., à une zone de rejets utilisée pour inhumer des ossements de chevaux. C’est également lors de l’abandon de cette zone qu’un autre individu périnatal est inhumé (Barthélemy et Lepetz, 1999). Ce site n’est pas sans rappeler celui de Reverdy, situé à Chartres, où une zone péri-urbaine destinée à l’extraction et à la transformation de craies et de graviers a livré, dans les remblais, près de quarante-cinq sujets périnatals. Ces inhumations s’inscrivent dans un espace encore fréquenté, où des cadavres d’animaux (chevaux et bovins) sont également déposés (Portat Sévin-Allouet et al., à paraître).
Les inhumations dans les bâtiments publics et cultuels
15À la différence des habitats et des ateliers, les bâtiments publics demeurent peu utilisés pour déposer des sépultures. À Poitiers, « Îlot des Cordeliers », la schola n’a livré aucun ossement, à l’inverse des autres constructions, en majorité domestiques. On trouve toutefois quelques sépultures dans des thermes, comme à Clavier-Vervoz, en Belgique (Willems, Docquier et Lauwerijs, 1983-1984) ou dans un théâtre, comme à Fleurheim, à Lyons-la-forêt (Eure) (Dollfus et Guyot, 1968) mais les tombes sont toujours postérieures à l’occupation du bâtiment.
16Des endroits plus insolites, tels que des sanctuaires et des fana, abritent également des sépultures infantiles, mais ces dépôts semblent avoir été assez rares. À Authevernes (Eure), deux enfants décédés avant l’âge de quatre ans ont été ensevelis autour du fanum (Doyen, Hanotte et Michel, 2011, p. 113-119). À Saclas (Essonne), « Le Creux de la Borne », c’est dans un sanctuaire qu’un ou deux nouveau-nés ont été inhumés, à l’ouest de la fontaine destinée aux ablutions des fidèles (Noël, 1972 et 1973). Les sépultures retrouvées dans de tels contextes sont contemporaines de l’occupation des bâtiments, mais à des moments bien précis, au début ou à la fin de leur occupation. À Authevernes, les deux sujets infantiles ont été inhumés sur le remblai d’installation du temple central, à l’extérieur de celui-ci, donc au début de l’occupation du site. À Saclas, au contraire, la sépulture a été déposée juste avant la destruction du sanctuaire.
Nombre de sépultures dans ou à l’extérieur des structures : peut-on parler de nécropoles d’enfants ?
17Les sépultures mises au jour dans les lieux de vie sont souvent isolées. On ne dénombre généralement pas plus de deux, voire trois ou quatre sépultures regroupées à l’extérieur ou à l’intérieur d’un bâtiment ou d’une structure (Fig. 2). Plusieurs sépultures peuvent être déposées dans l’enceinte même des bâtiments, mais situées à différents endroits ou datées de différentes périodes. À Bazoches-sur-Vesle (Aisne), des nourrissons de moins de six mois ont été inhumés dans l’enceinte d’une petite exploitation rurale, durant les trois phases d’occupation du site, de la Tène finale au iiie s. apr. J.-C. (Pichon, 2003, p. 113).
18Dans certains sites cependant, comme celui de Poitiers « Le Calvaire » (huit sujets dans un couloir d’accès), Limé (cinq individus dans une fosse d’extraction), Sallèles d’Aude (treize nourrissons dans un atelier) ou Langeais (dix-huit nouveau-nés dans une villa), on a cherché à regrouper, dans un même espace, des tout-petits enfants. Dans la villa de Langeais, ces derniers ont été regroupés dans trois pièces du même bâtiment (trois dans la pièce 1 ; quatre dans les pièces 3 et 4) ainsi qu’à l’extérieur (six contre le mur) (fig. 1). Si toutes ces sépultures ne sont pas datées de la même période, on constate tout de même la volonté de regrouper les jeunes individus dans ou à proximité du bâtiment 1. À Sallèles d’Aude, ce sont treize petits défunts que l’on a inhumés à l’intérieur d’une pièce. Dans ces exemples, on peut véritablement parler d’aire funéraire dédiée à de petits enfants, même si ces sépultures se trouvent dans l’enceinte même des lieux de vie. Nous pensons cependant qu’il est préférable de distinguer ces aires funéraires d’enfants situées à l’intérieur d’une villa ou d’un atelier, de celles localisées à l’extérieur de l’enceinte d’établissements ruraux, comme c’est le cas à Beaumont (Alfonso et Blaizot, 2004), Bezannes (Marne) (Achard-Corompt, 2011) ou Marigny le Chatel (Aube) (Thomas et Fechner, 2008). Ces trois nécropoles se distinguent par le nombre important de sépultures : vingt-neuf à Beaumont (Haut-Empire), vingt-cinq à Bézannes (iie-ive), quatorze à Marigny le Châtel (Haut-Empire). Elles sont toutes situées à l’extérieur de l’enceinte de l’habitat, mais toujours à proximité. D’ailleurs à Beaumont, deux tombes se situaient à l’intérieur de l’enceinte funéraire, contre le mur.
L’âge au décès des individus inhumés dans des lieux de vie
19Si les inhumations dans des lieux de vie ont concerné, dès l’âge du Bronze, autant les adultes que les enfants, il semble que ces derniers aient constitué, dès l’âge du Fer, la classe d’âge privilégiée pour ce type de localisation ; cette pratique continuant jusqu’à l’époque romaine et, dans une moindre mesure, à l’époque médiévale. On constate en effet, dans ce type de contexte, une sélection de l’âge au décès, puisque ce sont majoritairement des individus de moins d’un an que l’on retrouve (Fig. 3). Les enfants de moins de trois mois, et en particulier les sujets périnatals (7e mois fœtal jusqu’à 28 jours de vie) constituent les défunts les plus fréquents. Au-delà de six mois, les enfants ne semblent plus être inhumés au sein des espaces domestiques ou artisanaux, même s’il existe certaines exceptions.
Des modes de dépôt privilégiés dans les contextes non funéraires
20Les inhumations dans des récipients constituent des dépôts très fréquents dans les contextes non funéraires. Elles concernent majoritairement des individus de moins d’un an, en particulier des sujets périnatals.
21Ces récipients, majoritairement en céramique, peuvent prendre, suivant les époques et les régions, différentes formes. En Auvergne, dans la région de Clermont-Ferrand, les sujets décédés en phase périnatale sont inhumés dans des bassins ovales, en céramique commune (Fig. 4). Les vases de stockage, de type jarre et dolium sont parmi les formes les plus fréquentes, surtout dans le centre et le nord des Gaules. En Aquitaine et en Narbonnaise, ce sont plutôt les amphores qui ont été privilégiées, notamment durant l’Antiquité tardive. On les retrouve toutefois durant le Haut-Empire à Saint-Patrice (Indre-et-Loire) (Guiot, Raux et Blanchard, 2003) et Meung-sur-Loire (Loiret) (Baills-Talbi et Blanchard, 2006, p. 164-165). Ce sont alors plutôt des amphores locales ou régionales.
22La plupart de ces réceptacles funéraires étaient pourvus d’un mode de protection, constitué soit d’une céramique, complète ou fragmentée, soit d’une ou de deux tuiles. Certaines céramiques semblent également avoir été protégées par un couvercle en matériau périssable.
23Les fosses en pleine terre constituent également un mode de dépôt très fréquent dans les contextes non funéraires. Elles sont généralement pourvues d’un mode de protection composé, comme pour les récipients en terre cuite, de fragments de céramique, de tuiles ou de pierres. À Poitiers « Îlot des Cordeliers », les sujets périnatals étaient protégés par un fragment d’amphore (Jouquand, 2000). À Salignac-sur-Charente (Charente-Maritime), c’est une tuile qui protégeait la sépulture d’un nouveau-né (Maurin, 1999). Dans l’atelier de potiers de Sallèles d’Aude, bien que la majorité des défunts déposés dans l’atelier ait été ensevelie en pleine terre, la plupart des sépultures comportaient un dispositif de protection composé d’un fragment de tegula ou d’imbrex (Duday et al., 1995).
24À l’inverse, les cercueils et les coffres sont peu fréquents. On les retrouve à Fleurheim, à Lyon-la-Forêt, où cinq sujets infantiles sur six ont été inhumés dans des cercueils, à l’intérieur d’un édifice de spectacle, peu après son abandon (Dollfus et Guyot, 1968) ; dans un habitat à Chavroches (Allier) (Genty, 1974) et dans les ateliers de Lezoux. Certains de ces cercueils sont protégés par un autre contenant. À Lezoux « Aux Plantades », un enfant, très probablement d’âge périnatal, a été inhumé dans un coffre de bois protégé par un coffre de tegulae (Vertet et Bet, 1980). À Orsay, un sujet périnatal, inhumé dans la cour intérieure de la villa, avait été déposé dans un contenant en matière périssable recouvert par des moellons de meulières taillés (Giganon, 1997).
Les dépôts funéraires
25Les sépultures retrouvées hors contexte funéraire se définissent généralement par l’absence de dépôt. Cette rareté s’explique par le jeune âge des défunts. Les individus de moins d’un mois, préférentiellement inhumés dans ce type de contexte, sont, comme dans les nécropoles communautaires, dépourvus de mobilier. C’est notamment le cas lorsque le petit défunt est déposé dans un vase funéraire ou une imbrex. Dans les ateliers de potiers de Lezoux, les tout-petits enfants inhumés dans des récipients en céramique sont exempts de dépôt. En revanche, les défunts ensevelis en pleine terre ou déposés dans des cercueils ou des coffrages en tegulae ont reçu des objets. Malheureusement, ces sépultures n’ont livré aucun ossement. Il est cependant vraisemblable que ces défunts soient plus âgés que ceux inhumés dans des vases funéraires. Parmi les enfants ensevelis dans l’atelier de potiers de Sallèles d’Aude, un seul était pourvu d’un dépôt, le plus âgé. Le nourrisson, décédé entre six et neuf mois, était également le seul à avoir été inhumé dans un coffrage de tuiles. Les autres défunts étaient ensevelis en pleine terre, certains protégés par une tegula (Duday et al., 1995).
26Les dépôts retrouvés en contexte d’habitat ne se différencient pas de ceux retrouvés dans les nécropoles. Parmi le mobilier déposé dans les tombes, la vaisselle de table, en particulier les vases à liquide en céramique ou en verre (cruches, gobelets, balsamaires), constitue des dépôts quasi systématiques lorsque les sépultures des petits enfants livrent des objets. On retrouve ainsi une bouteille, une cruche, un biberon dans les ateliers de Lezoux, une cruche à Sallèles d’Aude et un aryballe en verre dans une tombe à Fleurheim. Ces formes à liquide, fréquentes dans les sépultures gallo-romaines, ont probablement été utilisées lors des repas funéraires effectués en l’honneur du mort. À ces banquets étaient en effet associées des libations qui permettaient aux défunts et à ses convives de se désaltérer, mais également de purifier la tombe et les proches. Les rites de purification devaient avoir pour les enfants en bas âge plus d’importance que pour les individus matures, car leur mort, survenue beaucoup trop tôt, perturbait l’équilibre de la société.
27Outre la vaisselle en céramique et en verre, on retrouve également des objets à caractère symbolique (lampe, monnaie) ou apotropaïque (phallus, figurine, perle, clochette) chargés d’accompagner et protéger le petit défunt durant son voyage vers le royaume des morts. Parmi tous ces objets, ce sont les perles et les clochettes qui sont les plus fréquentes. On retrouve ce type de mobilier à Sallèles d’Aude (une perle) et dans une des tombes à Lezoux (une clochette). Dans ces deux sépultures, ces objets étaient associés à de la vaisselle de table et une lampe.
28La localisation spécifique des inhumations dans les lieux de vie ainsi que les marqueurs matériels qui les définissent sont donc autant d’indices qui peuvent permettre de repérer la présence des petites sépultures dans des lieux qui ne sont pas dévolus au funéraire. Ce repérage est d’autant plus important que les défunts qui y sont inhumés sont très jeunes – peu dépassent l’âge au décès d’un mois. Ces corps, extrêmement petits et fragiles, sont donc très souvent difficiles à détecter, notamment en l’absence d’anthropologue de terrain. Ils peuvent être parfois confondus avec des ossements d’animaux.
Les inhumations de tout-petits enfants dans les nécropoles communautaires
29Au sein des nécropoles, les corps des jeunes enfants sont souvent inhumés à l’écart du reste de la population. Ce phénomène concerne surtout les sujets périnatals, mais dans certaines nécropoles, également des enfants un peu plus âgés, entre un et quatre ans. Leurs tombes peuvent être placées dans un secteur particulier de l’aire funéraire ou regroupées dans plusieurs zones comme dans l’exemple de Tavaux (Fig. 5). Dans la nécropole d’Epiais-Rhus (Val-d’Oise), les sépultures périnatales sont regroupées dans six secteurs, dont un plus important au nord de l’aire funéraire (Wabont, Abert et Vermeersch, 2006).
30Ces secteurs spécialisés ne sont pas propres à un territoire puisqu’ils se rencontrent dans toutes les Gaules, mais plus souvent dans les nécropoles rurales (Chantambre, Essonne ; Tavaux, Jura) et dans les aires funéraires d’agglomération secondaire (Saint-Marcel, Indre ; Epiais-Rhus ; Nuits-Saint-Georges, Côte-d’Or). Ces regroupements de sépultures périnatales peuvent rassembler de très nombreux individus ou seulement quelques sujets (Baills, 2012, p. 372-374 ).
31Lorsqu’il existe une zone réservée aux très jeunes enfants, cela n’empêche pas que certains soient ensevelis dans le reste de l’aire funéraire. Au « Champ de l’Image », à Saint-Marcel, la plupart des inhumations infantiles ont été rassemblées le long du mur, dans la zone ouest de la nécropole, mais certains individus ont cependant été déposés parmi les crémations (Allain et al., 1992).
Localisation des sépultures d’enfants en bas âge dans les nécropoles
32Les zones réservées aux jeunes enfants se situent généralement à la périphérie de l’aire funéraire, souvent contre le mur ou le fossé d’enceinte. On retrouve, comme dans les contextes non funéraires, cette notion de limite.
33Lorsqu’il existe des structures bâties ou des enclos funéraires au sein de la nécropole, les petits défunts sont généralement inhumés à l’extérieur, contre le mur de clôture (Laneuvelotte en Moselle, la « Grande Borne » à Clermont-Ferrand, Nuits-Saint-Georges en Côte-d’Or). Dans la nécropole de la « Grande Borne », datée du Haut-Empire, les inhumations infantiles sont réunies contre le mur du mausolée fondateur, tandis que les sépultures des sujets plus âgés sont réparties au sud et à l’est de celui-ci (Blaizot, 2008,p. 160).
Les périodes chronologiques
34Ces secteurs spécialisés paraissent avoir été plus spécifiques au Haut-Empire que durant l’Antiquité tardive. La nécropole de Lazenay, à Bourges, marque bien la rupture qui semble s’opérer entre ces deux périodes. Alors qu’il existe, pour le Haut-Empire, une zone réservée à l’inhumation des enfants en bas âge, ces derniers sont inhumés parmi les adultes durant l’Antiquité tardive. Les crémations d’enfants (on ne dénombre aucun individu de moins d’un an) sont, durant la première période d’occupation, disposées dans le même secteur que les adultes (Durand, 2005).
Modes de dépôt et zones préférentielles : le cas des sépultures en imbrex
35Ces spécialisations topographiques concernent plus souvent les inhumations en vase funéraire ou en imbrex. Or, ces deux modes de dépôt touchent majoritairement des sujets décédés en phase périnatale. Ce sont donc bien ces individus qui sont inhumés dans des secteurs spécifiques.
36Les récipients en céramique sont l’un des modes de dépôt les plus fréquemment utilisés pour les individus de moins d’un an. Les imbrices, tuiles faîtières destinées à couvrir la jonction de deux tuiles plates nommées « tegulae », semblent avoir été beaucoup moins fréquentes. On peut d’ailleurs s’en étonner puisque ces tuiles étaient des éléments architecturaux très largement employés à l’époque romaine dans les constructions. Leur forme, semi-cylindrique, en forme de berceau, ainsi que leur dimension, n’excédant généralement pas plus de 60 cm, devait être propice pour servir de contenant à de petits enfants.
L’exemple des tombes à imbrex dans les nécropoles de Tavaux
37Ce type de contenant semble avoir été principalement circonscrit au centre des Gaules. On les retrouve dans la région Centre, chez les Bituriges Cubes, dans le Limousin, chez les Lémovices, en Poitou-Charentes, chez les Pictons, en Bourgogne, chez les Eduens et les Sénons, en Rhône-Alpes, chez les Ségusiaves et en Franche-Comté, chez les Séquanes. C’est dans cette dernière région que se situe la ville de Tavaux, qui a livré, dans deux aires funéraires datées du Haut-Empire, situées à 1,5 km l’une de l’autre, des tombes à imbrex.
38Dans la première nécropole, « Les Charmes d’Amont », fouillée de 1991 à 2005, soixante-deux tuiles de type imbrex ont été mises au jour. Ces dernières étaient regroupées dans trois secteurs, dans les parties nord-est et nord-ouest de l’aire funéraire (Fig. 5). Aucune imbrex ne contenait de corps. Sur les dix-sept tuiles fouillées en laboratoire, neuf comportaient de petites esquilles non identifiables. Toutes ces tuiles, sauf une, protégée par deux pierres plates, étaient dépourvues de protection. Parmi ces imbrices, douze comportaient un dépôt funéraire, dont des anneaux de lange, un petit coq en bronze, un cabochon en verre représentant une tête de Méduse et un phallus. Or, l’aire funéraire n’a livré aucun enfant en bas âge et parmi les tombes à crémation, seules deux contenaient des restes résiduels d’infans I (Baills, 2014).
39Comment expliquer l’absence d’ossement dans les tuiles de Tavaux I « Les Charmes d’Amont » alors que l’aire funéraire de Tavaux II « Les Terres Saint-Gervais », fouillée de 2006 à 2011, a livré, dans les imbrices, des corps de nouveau-nés ? Dans cette nécropole, sur les soixante-cinq tuiles de type imbrex qui ont pu être fouillées, vingt-sept renfermaient des fragments osseux et dix-sept un squelette (Fig. 6). Ces tuiles étaient toutes protégées par une imbrex (Fig. 7). Celles qui n’en étaient pas pourvues étaient en revanche vides d’ossements.
L’absence d’ossements dans les tuiles imbrex : divers facteurs de détérioration
40L’absence de squelettes, voire d’esquilles osseuses dans les imbrices de Tavaux I « Les Charmes d’Amont », que l’on retrouve également dans d’autres nécropoles qui ont livré ce type de contenant (Durand, 2005 ; Cherdo et Poitevin, 2009), pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs, liés à l’acidité du sol, à la profondeur des sépultures et à la topographie du terrain. À Tavaux I, des études géologiques ont montré que le sol de la nécropole présentait un fort taux d’acidité. Or, l’acidité du sol semble avoir joué un rôle déterminant dans la préservation du corps (Gordon et Buikstra, 1981). Le terrain où la nécropole fut implantée a, par ailleurs, subi de nombreuses perturbations et une importante pollution chimique, accentuant probablement le phénomène de détérioration. Enfin, les imbrices étaient enterrées peu profondément, entre 2 et 4 cm maximum sous le niveau du sol antique. Ce phénomène est surtout propre aux sépultures de petits enfants, généralement ensevelies à de plus faibles profondeurs que celles des adultes, très souvent à moins de 50 cm du paléosol.
41En l’absence d’ossements, certains chercheurs ont interprété ces tuiles comme des marqueurs de tombe. C’est le cas à Rahon (Jura), dans la nécropole du « Champs de la Manche ». Cette aire funéraire à crémation a révélé la présence de deux concentrations d’imbrices au sud-ouest de la nécropole. Plusieurs indices, comme leur regroupement à l’écart des autres tombes, leur disposition – en position horizontale et retournée – font cependant penser à des sépultures d’enfants sous imbrex ; la tuile servant de protection, voire aussi très probablement de signalisation. Il faut également ajouter qu’à Rahon, la zone fouillée est constituée de sols anciens dégradés et se trouve au-dessous de petites zones marécageuses. Les sépultures à crémation ont d’ailleurs quasiment disparu et les vases cinéraires sont très partiellement conservés (de Klijn et Gisclon, 2001). Comme à Tavaux I, la nécropole n’a livré aucune crémation d’enfant en bas âge. Les deux premières classes d’âge sont ainsi inexistantes.
42« L’absence » de sépultures de tout-petits enfants dans de nombreuses aires funéraires gallo-romaines pourrait donc s’expliquer par leur faible visibilité sur le terrain. Bien que les imbrices découvertes dans la nécropole de Tavaux I, « Les Charmes d’Amont » n’aient livré aucun ossement humain, leur localisation au sein de l’aire funéraire (regroupement dans trois secteurs, à l’écart des crémations) et le type de mobilier qu’elles ont livré (mobilier apotropaïque et symbolique) ne font guère de doute quant à leur destination. Il s’agit bien de sépultures d’enfants en très bas âge. Les imbrices découvertes dans la nécropole de Tavaux II, toute proche, qui contenaient le corps de nouveau-né, confirment l’usage funéraire de ce contenant.
43La sous-représentation des enfants en bas âge, notamment dans les premiers mois de la vie, dans certaines nécropoles gallo-romaines, pourrait donc trouver son explication dans la disparition des petits squelettes, voire dans une mauvaise interprétation des données : les imbrices, vides d’ossements, pouvant être interprétées comme des marqueurs de tombes. À Tavaux I, « Les Charmes d’Amont » et à Rahon, les sépultures d’enfants sont absentes si l’on ne comptabilise pas les tuiles faîtières. On retrouve ainsi dans ces deux nécropoles, un schéma fréquemment rencontré dans les aires funéraires gallo-romaines du Haut-Empire : des crémations d’adultes et des inhumations d’enfants en bas âge regroupées dans une ou plusieurs zones réservées, les tombes d’enfants pouvant cependant être placées au milieu des sépultures d’adultes, comme c’est le cas à Tavaux II, « Les Terres Saint-Gervais ».
Conclusion
44Les sépultures mises au jour hors des nécropoles communautaires, qui concernent en majorité des individus périnatals, se rencontrent principalement dans des habitats et des ateliers (villa ou domus, parfois des insulae). La localisation de ces sépultures semble présenter le même schéma : elles sont situées soit à l’intérieur des habitations, soit à l’extérieur, le plus souvent contre les murs. Lorsqu’elles ne sont pas situées à proximité des bâtiments, elles se trouvent en limite des constructions (Fig. 8). Les limites d’un espace et plus spécifiquement les marges de l’habitat, ainsi que la proximité de structures linéaires de type mur ou clôture, caractérisent les sépultures d’enfants retrouvées dans ce type de contexte. Cette notion de limite constitue ainsi un aspect important dans la localisation de leurs tombes, de la période protohistorique jusqu’à la période médiévale. Il n’est donc pas étonnant de trouver de nombreuses sépultures d’enfants à la frontière de deux espaces : dans des fossés qui séparent la pars rustica de la pars urbana des villae, en bordure d’une rue ou d’un caniveau, à la limite de la ville, près du rempart, à l’extérieur ou à l’intérieur d’enclos qui circonscrivent un établissement rural, ou même un édifice cultuel. On retrouve également cette notion dans les nécropoles communautaires, puisque les sujets infantiles sont très souvent inhumés dans des secteurs réservés, près de l’enceinte funéraire. Or, les limites des nécropoles sont souvent partiellement fouillées, voire inconnues. Un pan important de la population inhumée dans la nécropole est donc absent. Ces secteurs topographiques, qui sont surtout spécifiques au Haut-Empire, présentent très souvent des vases funéraires et des imbrices. Ces modes de dépôt sont destinés aux sujets périnatals.
45Le statut de ces jeunes enfants, qui n’ont pas, ou que partiellement, intégrés le monde des hommes, expliquerait la localisation spécifique de leurs tombes : dans des bâtiments à fonction artisanale ou domestique (ils restent attachés à la cellule familiale) ; dans des bâtiments cultuels ; dans des endroits réservés de la nécropole communautaire, où ils sont inhumés devant l’entrée de l’aire funéraire, à un angle de l’enceinte, autour de certains enclos ou monuments funéraires importants, voire autour de tombes fondatrices.
46Le dépôt de leurs sépultures à l’intérieur du pomerium, c’est-à-dire à l’intérieur de la ville, ou au sein des domaines ruraux, parfois même alors que le bâtiment est toujours occupé, comme dans l’atelier de Sallèles d’Aude, constitue un argument pour ne pas prêter à ces petits défunts un statut de mort malveillant. Leur dépouille ne paraît pas polluer les espaces domestiques qui les abritent. On les retrouve ainsi au sein d’aires cultuelles, comme à Authevernes ou à Saclas. La localisation des petites sépultures hors des contextes funéraires traditionnels n’est donc pas liée à des actes de relégation ni d’infanticide (même s’il est probable que quelques cas en témoignent) et l’on observe que la plupart des petits défunts retrouvés dans ces lieux ont fait l’objet d’un traitement funéraire, même rudimentaire.
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Notes de bas de page
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologies et Sciences de l’Antiquité. Titre de la thèse : Sentiment de l’enfance et reconnaissance sociale : la place des enfants en bas-âge (0-4 ans) dans les Trois Gaules (ier s. av. J.-C. - ve s. apr. J.-C.). Étude des comportements au travers des sources littéraires, iconographiques, archéologiques et ethnologiques.
Directrice : Françoise Dumasy. Thèse soutenue le 30 mars 2012.
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