De la relégation à la nécropole : appréhender et qualifier les espaces funéraires dans le monde grec antique
p. 161-176
Résumés
L’appréhension et la qualification des espaces funéraires dans le monde grec antique peut sembler, au premier abord, une tâche relativement facile : le mot « nécropole » est en effet très largement utilisé pour désigner des aires formalisées strictement réservées à l’inhumation des morts et situées à l’extérieur des murailles des poleis grecques. Mais les sources historiques et archéologiques convergent pour montrer que les cadavres pouvaient avoir diverses destinations, et que les espaces funéraires grecs n’étaient pas si nettement définis qu’il peut d’abord sembler. En effet, certains défunts pouvaient être enterrés à l’intérieur des murailles de la cité, qu’il s’agisse de personnes particulièrement importantes dont les tombes faisaient parfois l’objet d’un culte (comme les héros ou les œcistes), ou d’individus dont la mort relevait seulement du cadre familial et non civique (comme les très jeunes enfants). Les cas de privation de sépulture, rarement documentés par les sources archéologiques, aident enfin à comprendre comment, dans le monde grec antique, la définition de l’espace comme funéraire ne dépendait pas seulement de la présence d’ossements humains, mais plutôt de l’intentionnalité d’un geste positif envers le défunt afin d’accompagner son passage vers l’au-delà.
Defining funerary spaces in Greek Antiquity may first seem quite easy : the term “necropolis” is indeed widely used to designate formal disposal areas exclusively for burials of the dead, located outside the city walls and considered to be characteristic of the Greek polis. But both historical sources and archaeological evidences show that there were many other ways to deal with the dead, and that funerary spaces are not as well defined as it may have seemed. Indeed, dead people were sometimes buried inside the city, whether they were very important people (like heroes or oikistes) which graves received a cult and were considered a mean to legitimate power, or individuals which death was not dealt with by the city, but by the family—like very young children. Cases of burial denial, though rarely documented in Greek archaeology, help us to understand that a space cannot be defined as funerary by the sole presence of human bones, but that the notion implies a voluntary, benefic action towards a dead, whether formal or not.
Entrées d’index
Mots-clés : espace funéraire, Grèce antique, nécropole, culte des morts, privation de sépulture, dépôt de relégation
Keywords : funerary spaces, Ancient Greece, cult of the Deads, burial denial, necropolis
Texte intégral
1Dans l’approche archéologique des sociétés antiques, les espaces funéraires peuvent d’abord apparaître parmi les plus faciles à caractériser : il s’agit en effet des lieux destinés à recevoir les corps des membres défunts d’un groupe donné, identifiés archéologiquement par la présence d’ossements humains. Ce marqueur fort, théoriquement absent de tous les autres types d’espaces, est un indice précieux pour l’identification des espaces funéraires dans le monde grec antique.
2Il n’est pourtant pas suffisant : au-delà de la mort elle-même, le terme latin de funus renvoie en effet à la cérémonie des funérailles, c’est-à-dire à une forme de mise en scène de la mort, chargée positivement pour encadrer la séparation d’un membre du groupe social1. Pour parler d’espace funéraire, il faut donc qu’il y ait eu un souci, volontaire et positif, d’accompagner le passage du défunt.
3Tenter d’appréhender les espaces funéraires dans le monde grec antique invite ainsi à s’interroger d’une part sur leur définition théorique, d’autre part sur les indices archéologiques qui permettent de les caractériser sur le terrain : où sont déposés les morts et dans quelles conditions ? Existait-il des espaces spécifiquement dédiés à cette fonction ? Ces espaces varient-ils selon les époques et les sujets concernés ? En tenant compte de l’intentionnalité du dépôt, de la mise en scène funéraire et du symbolisme plus ou moins fort attaché à chaque lieu, nous examinerons donc les différents statuts des espaces sépulcraux dans le monde grec antique à travers leurs vestiges archéologiques. Après avoir envisagé le cas des nécropoles, nous étudierons les intrusions du funéraire dans d’autres types d’espaces avant de nous interroger sur certains dépôts de restes humains dont les caractéristiques spécifiques peuvent faire douter de la valeur précisément funéraire.
Les nécropoles grecques
4L’origine du mot nécropole est bien connue : construit à partir des deux termes grecs nekro et polis, il signifie littéralement « cité des morts » et désigne, selon le dictionnaire Larousse, un « groupe de sépultures, datant de la Préhistoire ou de l’Antiquité, à caractère plus ou moins monumental et rassemblées comme les édifices et les maisons d’une cité2 ». L’idée de monumentalisation est devenue rapidement secondaire et le terme désigne simplement aujourd’hui tout grand ensemble de sépultures antiques3.
Des espaces formalisés
5La caractérisation archéologique de la nécropole grecque n’est guère considérée comme problématique et le mot est employé de manière assez consensuelle pour désigner le regroupement de plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de tombes formant un ensemble bien individualisé dans l’espace d’une cité antique. Plusieurs traits spécifiques lui sont généralement associés.
6Les tombes se situent d’abord en dehors du centre urbain, à l’extérieur des murailles de la ville4. Cette relégation des morts à bonne distance de l’habitat s’explique peut-être à l’origine par des raisons très pragmatiques : un corps mort, en particulier à des époques où les épidémies et les maladies contagieuses ne sont pas rares, pouvait être considéré comme une menace sanitaire pour l’ensemble de la communauté, en particulier dans l’espace confiné de la cité. L’évacuation rapide du cadavre est donc indispensable.
7De sanitaire, la menace est devenue symbolique : le cadavre est ainsi très vite considéré par les Grecs comme une pollution, une souillure religieuse, contradictoire avec toute idée de sacrée (Parker, 1983, p. 70-73). De manière symptomatique, cette évolution de la perception du cadavre va de pair avec la formalisation de l’espace urbain au viie siècle av. J.-C., époque de construction de la plupart des grandes enceintes fortifiées autour des cités (Morris, 1987, p. 62-63). La volonté de séparer nettement le monde des morts du monde des vivants, matérialisée par la barrière de l’enceinte fortifiée, s’inscrit donc dans le cadre d’une formalisation accrue de l’espace civique et de l’espace sacré.
8Enfin, évacuer le corps d’un défunt, le transporter physiquement hors de l’enceinte de la ville était aussi un moyen de concrétiser sa sortie du corps civique, tandis que la réunion des dépouilles dans un double funéraire de la cité permettait de perpétuer symboliquement la cohérence de la communauté (Hertz, 1907 ; Van Gennep, 1909).
9La seconde grande caractéristique des nécropoles grecques est d’ailleurs de s’organiser autour des axes de pénétration dans la cité des vivants : les portes, les poternes et les routes constituent ainsi des points stratégiques pour la localisation des sépultures. L’objectif était avant tout mémoriel, puisque le regard du passant et la lecture de l’épitaphe réactivaient le souvenir du défunt, mais ces espaces funéraires privilégiés sont rapidement devenus des marqueurs de prestige social. De manière générale, il est donc facile de localiser les tombes aristocratiques d’une cité grecque près des portes de la ville et le long des routes qui y conduisaient.
10Enfin, l’espace des nécropoles peut être matérialisé par une limite naturelle ou anthropique : la nécropole de Santa Venera, à Poséidonia, était ainsi délimitée au ve siècle av. J.-C. par une route au nord, et par un mur doublé d’un fossé au sud (Cipriani, 1988, p. 319-329). Cette nécropole, dans laquelle les sépultures, parfaitement alignées et densément organisées, sont toutes strictement identiques, tant par leur structure que par leurs dimensions, atteste clairement une gestion de l’espace funéraire à l’échelle de la cité : la sépulture ne relève pas ici de l’initiative individuelle ou familiale, mais s’inscrit dans le cadre d’une démarche formalisée, gérée par une institution de la cité pour chacun des membres qui la composent (Cipriani, 1988, p. 320).
11Ces trois grandes caractéristiques attribuées aux nécropoles ont contribué à donner l’image d’espaces funéraires grecs formalisés, bien individualisés et faciles à identifier du point de vue archéologique, masquant d’importantes lacunes de définition et une réalité beaucoup plus complexe.
Un espace à (re)définir ?
12Le terme même de « nécropole » est de fait une construction tardive : la première occurrence connue apparaît chez Strabon, qui l’emploie pour désigner un quartier à l’ouest d’Alexandrie : « faubourg rempli de jardins, de tombeaux et d’établissements pour l’embaumement des morts5 », tandis que les textes plus anciens emploient seulement des dérivés des mots taphos, séma ou mnéma, qui désignent le tombeau, déclinés au pluriel lorsqu’il y a plusieurs tombes (Chantraine, 1968)6. Il n’y a donc pas de hiérarchisation linguistique des termes grecs pour désigner les espaces funéraires, qu’ils regroupent 2 ou 2 000 tombes.
13Il manque en outre aujourd’hui une définition précise du terme de nécropole dans son acception moderne : faut-il un nombre minimum de tombes pour pouvoir parler de nécropole ? La délimitation partielle ou totale de l’espace est-elle un critère important ? S’agit-il nécessairement d’un espace formalisé, géré par une institution spécifique ? Ces questions sont laissées sans réponse et ne sont, à vrai dire, même pas posées dans la plupart des travaux d’archéologie funéraire. Je serais personnellement d’avis de réserver le mot nécropole, en archéologie grecque, aux grands ensembles funéraires formalisés qui entourent les centres urbains de la Grèce des cités.
14Cette définition porte en soi ses limites : elle définit la nécropole comme l’espace funéraire d’une époque précise (les périodes archaïque et classique), d’un environnement précis (le milieu urbain), et d’une population sélectionnée selon des critères variables7.
15Il est donc nécessaire d’envisager ici d’autres formes d’espaces funéraires, moins connus et moins bien définis peut-être, mais qui peuvent contribuer à combler les lacunes funéraires laissées par les nécropoles pour d’autres époques, d’autres milieux et d’autres types de population.
Les intrusions du funéraire
16L’image d’espaces funéraires grecs formalisés et bien individualisés, propagée par le modèle des nécropoles de cités, masque en fait une réalité beaucoup plus complexe dans laquelle les intrusions du funéraire dans d’autres types d’espaces ne sont pas rares. Il existe ainsi toute une série d’espaces partagés où se côtoient différents types d’activités et différentes fonctions dont l’importance varie selon les cas et les époques.
Localisation des tombes et structure du groupe social
17La règle d’inhumer les morts en dehors des murailles de la ville connaît ainsi une exception fameuse dans la cité de Sparte. Plutarque rapporte en effet que le législateur Lycurgue avait autorisé à inhumer les morts non seulement dans la ville (ἐν τῇ πόλει θάπτειν τοὺς νεκροὺς) mais aussi à proximité des temples (καὶ πλησίον ... τὰ μνήματα τῶν ἱερῶν)8, sacrilège suprême. La découverte archéologique de quatre tombes à cistes datant de 600 av. J.-C. environ, situées contre le mur d’une maison et près d’un four de potier dans le village de Mesoa, tend à accréditer cette affirmation (Christou, 1964, p. 123-163, pl. 74-77)9. Il n’y aurait donc eu, à Sparte, aucune distinction de principe entre l’espace domestique et l’espace artisanal, entre l’espace des hommes et celui des dieux, entre l’espace des vivants et celui des morts. De manière symptomatique, Sparte est d’ailleurs une des seules cités grecques dépourvues de mur d’enceinte (Richer, 1994, p. 51-96, en particulier p. 52) : il n’y avait donc pas de formalisation nette de l’espace urbain, et corrélativement pas de définition stricte de l’espace funéraire.
18Plutarque a interprété cette intrusion du funéraire dans l’espace urbain comme un moyen trouvé par Lycurgue de « désacraliser » le corps mort, afin qu’il ne soit plus sacer au sens latin de redoutable, terrifiant. En faisant de la tombe un élément du paysage domestique et quotidien, en banalisant le cadavre, Lycurgue aurait tenté d’éradiquer les superstitions qui leur étaient liés pour affranchir les Spartiates de la peur de la mort elle-même.
19Une autre explication moins idéologique et plus pragmatique serait cependant de penser que cette organisation de l’espace correspondrait en fait au mode de formation de la ville de Sparte, agglomérat de petits villages ayant chacun leur lieu de sépulture propre avant d’être une cité unifiée10. Ce type d’espace funéraire constitué de petits groupes de tombes à proximité de l’habitat est en fait assez proche de ce que Carter a appelé les « nécropoles rurales » de Métaponte, groupes funéraires restreints correspondant à des unités familiales qui gèrent individuellement le traitement de leurs morts (Carter, 1998, chap. 5). Les quatre tombes de Mesoa contenaient ainsi les corps d’un enfant, de deux hommes et d’une femme adultes, ce qui pourrait correspondre à l’hypothèse familiale.
20La localisation des tombes à proximité de l’habitat fournit donc de précieuses indications sur la structure du groupe social concerné. Elle peut aussi constituer une façon pour les familles de revendiquer la propriété des terres sur lesquelles elles sont placées, un phénomène que l’on observe également à l’échelle de la cité tout entière.
Espaces funéraires, espaces sacrés et définition de l’espace civique
21La localisation des tombes peut en effet jouer un rôle particulièrement important dans l’affirmation et la définition de l’espace civique. Ainsi, si les tombes familiales se trouvaient près des maisons à Sparte, la cité est en revanche gardée à ses extrémités par les tombes des deux dynasties royales : celles des Eurypontides au sud et celles des Agiades au nord, à égale distance du sanctuaire d’Apollon Karneios qui se trouve au cœur de la cité11. Pausanias rapporte en outre que les ossements de Léonidas, d’abord enterrés aux Thermopyles, furent récupérés quarante ans plus tard et placés dans une tombe à proximité de l’emplacement du théâtre de Sparte près de celle du régent Pausanias, vainqueur de la bataille de Platées12. Les grands rois encadrent la cité, les grands héros en marquent le centre : quelques tombes exceptionnelles de personnages exceptionnels contribuent ainsi à définir et à délimiter l’espace de la cité.
22De fait, Claude Bérard a bien montré comment les tombes des héros pouvaient être transférées à l’écart des nécropoles communes et établies en tout « lieu significatif et utile pour souligner l’emprise de la cité sur son territoire » (Bérard, 1982, p. 90). L’inscription dans le sol de la tombe du héros, personnage fondateur à l’origine de la formation de la cité, permet de légitimer la possession du territoire par ceux qui se proclament comme ses descendants13. Dans ce type d’espace funéraire très particulier, la tombe ne vaut plus en soi comme lieu d’inhumation, mais comme signe. Peu importe alors qu’il s’agisse d’un cénotaphe : ce ne sont plus les ossements humains qui caractérisent ici l’espace comme funéraire, mais l’importance symbolique accordée au lieu lui-même, matérialisée par des cérémonies et des honneurs particuliers. L’espace devient funéraire parce qu’il est honoré comme tel, qu’il abrite véritablement des os ou non, qu’il s’agisse des os d’un héros ou de ceux d’un simple soldat.
23Ces cultes rendus sur les tombes supposées de héros ne sont pas seulement attestés par les textes, mais aussi par l’archéologie : l’exemple le plus célèbre en est probablement l’Hérôon de la Porte Ouest à Érétrie14 (Bérard, 1970). Cette structure triangulaire de dalles plates, entourée d’un modeste péribole, regroupait une quinzaine de tombes d’hommes, de femmes et d’enfants, datées de 720 à 680 av. J.-C. environ. Claude Bérard y a vu le lieu d’inhumation d’une famille princière qui aurait calqué ses rites funéraires sur ceux de l’aristocratie des temps homériques : dépôt secondaire à crémation en chaudron de bronze pour les adultes, mobilier essentiellement métallique, valorisation de la fonction guerrière par les armes, etc. Les nombreux indices de pratiques rituelles suggèrent une transformation de cet espace funéraire de prestige en un véritable sanctuaire pendant quelques décennies au moins (Bérard, 1970, p. 64).
24Certaines tombes exceptionnelles, instrumentalisées pour légitimer un pouvoir aristocratique ou civique et justifier la possession d’un territoire, pouvaient donc non seulement se retrouver au cœur de l’espace civique, mais aussi acquérir le statut de véritables espaces sacrés. L’idée d’une conception du cadavre comme pollution doit donc être nuancée en même temps que l’affirmation d’un cloisonnement strict des espaces funéraires et sacrés dans la cité antique.
La maison et les morts : les tombes d’enfants dans l’habitat
25Un dernier cas de figure illustre l’intrusion du funéraire dans la cité : il s’agit des tombes découvertes dans l’habitat, à l’intérieur des maisons ou tout contre celles-ci. Si la pratique n’est pas inhabituelle pour les sujets adultes aux époques anciennes et jusqu’au tout début du viiie siècle av. J.-C. (Morris, 1987, p. 63), elle concerne essentiellement les tombes d’enfants que l’on retrouve fréquemment dans l’habitat jusqu’à l’époque hellénistique (Morris, 1987, p. 62-69)15.
26Cette présence des tombes d’enfants dans l’habitat, corrélée à leur absence dans bon nombre de nécropoles, n’est pas un phénomène spécifiquement grec16, et il peut avoir plusieurs explications. Il est d’abord nécessaire de souligner que, d’un point de vue très pragmatique, le corps d’un jeune enfant constituait non seulement une menace sanitaire considérablement inférieure à ce que peut représenter la décomposition du corps d’un adulte17, mais surtout un faible volume d’encombrement18. Alors que l’inhumation d’un adulte aurait constitué une nuisance non négligeable pour la maisonnée, celle d’un enfant pouvait être rapidement effectuée sans bouleversement majeur de l’espace domestique.
27Mais la possibilité matérielle d’enterrer un enfant dans l’espace de l’habitat ne suffit pas, à elle seule, à en expliquer la pratique effective. Des raisons religieuses et affectives ont ainsi certainement contribué à un tel choix, qui peut être envisagé de deux manières diamétralement opposées. La première serait de considérer l’inhumation du nourrisson dans la maison comme une façon de préserver symboliquement le lien affectif avec lui, de le garder à l’abri du cocon familial plutôt que de le laisser se noyer dans l’anonymat solitaire des nécropoles immenses. Mais c’est une autre perception qui domine aujourd’hui : on a ainsi souvent considéré que l’inhumation des jeunes enfants à l’intérieur de l’habitat était en réalité le signe d’un certain manque de considération pour ces petits sujets qui, n’ayant pas encore acquis une place à part entière dans la société des vivants, n’auraient pas eu le droit d’être admis dans la cité des morts. L’expression de social non-persons, employée par Ian Morris à leur sujet, a rencontré un grand succès (Morris, 1987, p. 62). L’idée généralement retenue, appuyée sur les chiffres vertigineux de la mortalité infantile dans les sociétés préindustrielles19, est donc celle d’un certain désintérêt funéraire pour les tout jeunes enfants, qui aurait conduit à adopter la solution la plus économique et la plus simple : une inhumation sans grande pompe, gérée à l’échelle familiale dans l’espace le plus rapidement et le plus facilement accessible, c’est-à-dire l’espace domestique.
28La différence principale avec les inhumations d’adultes est en fait l’absence d’implication de la cité dans les inhumations d’enfants – mais cela ne signifie pas que la mort d’un enfant n’avait pas d’importance : les corps ne sont pas abandonnés aux bêtes, ou jetés parmi les ordures ; ils sont placés dans une tombe, souvent protégés par des dalles de pierre ou un grand vase en céramique, et reçoivent quelques fois du mobilier d’accompagnement. Bien que modestes et peu formalisées, les inhumations d’enfants dans l’habitat constituent donc des sépultures à part entière qui contribuent à faire de l’espace domestique un espace potentiellement mixte, pouvant assurer de manière secondaire une fonction funéraire.
Sépultures atypiques et privation de sépultures
29Si une partie de l’espace domestique est parfois détournée de sa fonction première pour recevoir les sépultures de certains individus socialement moins considérés, il existe cependant d’autres modes d’évacuation du cadavre beaucoup plus drastiques qui ne témoignent pas seulement d’un désintérêt vis-à-vis du défunt mais bien d’un véritable rejet, sanctionné par la privation de sépulture. Le statut du lieu où ces vestiges humains sont abandonnés est ainsi particulièrement intéressant.
Les sources écrites
30La privation de sépulture était le châtiment ultime réservé aux criminels dans la Grèce ancienne20. Dans les lois qu’il édicte pour sa cité idéale, Platon affirme ainsi que les meurtriers d’un proche parent devaient être mis à mort, puis jetés nus à un carrefour et lapidés par les magistrats de la ville, avant que leur cadavre ne soit abandonné sans sépulture en dehors des frontières du territoire21. Si ce mode extrême de rejet du cadavre ne laisse pas de traces archéologiques, d’autres types de privations de sépultures mentionnés par les textes pourraient être mis en évidence par des fouilles.
31Ainsi certains criminels, condamnés pour des faits moins graves, étaient seulement privés de sépulture dans la cité dans laquelle ils avaient commis leur crime, mais pouvaient être inhumés au-delà des frontières. Or, cette forme d’ultime bannissement était parfois contournée par le rapatriement post mortem des ossements : Thucydide raconte ainsi comment les os du stratège Thémistocle, banni pour trahison, furent rapportés en Attique et inhumés à l’insu des Athéniens alors qu’un monument funéraire lui avait été érigé en Magnésie22. À l’inverse, certains individus pouvaient être exhumés et leurs ossements déplacés hors du territoire de la cité s’ils avaient été jugés coupables d’un crime reconnu seulement après leur mort23. Du point de vue archéologique, certaines inhumations secondaires pourraient trouver là leur explication.
32Plusieurs textes24 indiquent en outre que les criminels politiques punis par la cité étaient précipités dans le Barathron à Athènes et dans le Keadas à Sparte, profonds gouffres sordides au fond desquels les corps étaient abandonnés dans un déshonneur anonyme. Le Barathron utilisé jusqu’au ve siècle av. J.-C. aurait été un abîme naturel situé au nord-ouest d’Athènes, vers le Mont Parnète, tandis qu’à partir du ive siècle av. J.-C. on aurait utilisé un puits artificiel situé entre la porte du Pirée et la partie nord des Longs Murs25. Malgré ces indications relativement précises, ni le Barathron, ni le Keadas n’ont pour l’instant été localisés par des archéologues.
33Enfin, le traitement du corps des suicidés a pu également donner lieu à des types de dépôts humains très particuliers. Eschine rapporte ainsi qu’à Athènes, la main ayant donné la mort devait être enterrée isolément du reste du corps, en signe de la désapprobation civique26, tandis que la législation platonicienne idéale stipule l’obligation de placer les tombes des suicidés « dans les endroits déserts et sans nom sur les bordures des douze districts ; là on les enterrera sans gloire, sans stèles ni noms pour désigner leurs tombes27 ».
34Inhumations secondaires, sépultures atypiques, dépôts isolés, fosses communes, etc., les textes mentionnent ainsi toute une variété de dépôts humains qui manifestent une forme d’exclusion des morts, rejetés non seulement en dehors des espaces funéraires formalisés, mais aussi en dehors de l’espace civique dont on cherche à les éliminer purement et simplement, vivants ou morts.
Le puits, le dépotoir et l’exclusion
35Les attestations archéologiques de ces formes d’exclusions restent pourtant rares dans le monde grec antique : les cas de dépôts atypiques connus sont peu nombreux, souvent peu ou mal documentés. Le caractère exceptionnel de ces découvertes ne rend cependant leur étude que plus nécessaire.
36Un des cas les plus frappants est certainement celui du mort de l’Éleusinion, découvert en 1959 par Eugène Vanderpool sur l’Agora d’Athènes (Little et Papadopoulos, 1998). Dans la couche supérieure d’un puits, utilisé comme dépotoir au Géométrique ancien, se trouvait le squelette d’un homme d’âge moyen, déposé en position fléchie sur une dalle de pierre elle-même enfoncée dans le puits. L’impression de rejet est d’abord particulièrement forte devant ce corps contracté, contraint, encastré dans la structure étroite et inhabituelle. Il ne s’agit pourtant pas, à proprement parler, d’une privation de sépulture puisque l’individu n’a pas été jeté dans le puits mais déposé sur la dalle prévue spécifiquement à cet effet ; il est en outre accompagné d’une petite coupe placée en offrande au niveau des pieds, témoin du soin apporté au dépôt qui peut donc être qualifié de funéraire malgré ses caractéristiques et sa localisation extraordinaires.
37Le caractère indéniablement atypique de cette sépulture trouve peut-être son explication dans les résultats de l’étude anthropologique qui ont permis de mettre en évidence les signes de traumatismes crâniens sévères qui avaient dû affecter l’apparence et le comportement de cet homme de son vivant, le plaçant dans une situation marginale par rapport au reste de la société. Cette marginalité se révèle de fait dans le choix d’un espace funéraire à la fois sous-valorisé et dont la structure même était peut-être perçue comme une façon d’enfermer, de contenir un individu qui avait certainement suscité une certaine révérence. Le soin apporté à la sépulture suffit néanmoins à faire d’un puits abandonné un espace funéraire de fortune.
38Un autre puits de l’Agora d’Athènes pourrait cependant constituer un des seuls exemples archéologiques attestés aujourd’hui d’une véritable privation de sépulture : il s’agit du puits G5-3, fouillé en 1937 et daté par la céramique aux alentours de 150 av. J.-C. (Rostroff, 1999). Ce puits présente en effet toutes les caractéristiques du dépotoir : situé au cœur d’un quartier artisanal à l’abandon, il contenait de grands vases brisés et des os d’animaux en tous genres (Snyder, 1999), dont certains avaient été utilisés comme outils tandis que d’autres témoignaient d’une consommation alimentaire. 150 squelettes de chiens, de toutes races et de tous âges, ne correspondent cependant à aucune de ces deux catégories, et ne font que renforcer le mystère qui entoure les 451 squelettes humains découverts dans ce puits : ceux d’un unique adulte, d’un enfant âgé d’environ 11 ans, et de 449 nourrissons (Little, 1999).
39Ce chiffre impressionnant a d’abord fait songer à une famine ou une épidémie ; on a également invoqué l’infanticide ; mais il pourrait en fait refléter la mortalité infantile « normale » pour la population d’Athènes à l’époque hellénistique28. Il ne s’agirait donc pas d’une sépulture liée à une crise de mortalité, face à laquelle les standards funéraires sont revus à la baisse, mais d’un mode de dépôt des corps sciemment choisi. Or, il n’y a ici aucun soin funéraire, aucun signe de funus : on s’est simplement débarrassés des restes humains comme des restes animaux. Malgré la présence d’ossements humains, on ne peut donc pas parler ici d’espace funéraire : le puits, utilisé comme dépotoir, a simplement reçu un nombre considérable de dépôts de relégation qui ne peuvent pas être considérés comme des modes de sépulture.
Conclusion
40Cette réflexion a d’abord permis de mettre en évidence certaines lacunes dans la définition théorique des espaces funéraires grecs, tant dans le vocabulaire antique que dans les travaux modernes. Le terme de nécropole, très largement employé, s’avère en réalité insuffisant et imprécis, donnant l’image trompeuse d’une certaine uniformité des espaces funéraires grecs et d’un degré de formalisation bien supérieur à la réalité et à la diversité des cas observés. Si la Grèce des cités se caractérise par de grands ensembles funéraires institutionnalisés, les intrusions du funéraire sont apparues nombreuses dans l’espace domestique et artisanal, dans les dépotoirs et même l’espace sacré. Il s’agit alors d’espaces partagés, décloisonnés, qui assument différentes fonctions dans des proportions variables selon les cas et les époques. D’un point de vue pratique, il est apparu que la caractérisation archéologique des espaces funéraires n’était pas si évidente qu’elle avait pu d’abord sembler : les os humains constituent en effet un marqueur essentiel, mais non absolu, puisqu’on a pu montrer l’existence d’espaces funéraires de prestige dépourvus de tout ossement et, à l’inverse, de dépôts humains massifs qui ne méritaient pas le qualificatif de funéraire parce qu’ils n’étaient pas le produit d’un funus, le lieu de funérailles, mais les vestiges matériels d’une exclusion et d’un rejet, dépôts de relégation qui ne traduisent de souci ni religieux ni affectif. Ainsi, si l’archéologue du monde grec antique sait toujours relativement bien où il devrait trouver des morts, il ne sait jamais avec certitude où il n’en trouvera pas, tant il est vrai que l’espace funéraire est l’espace du souvenir, qui prend autant de formes qu’il y a de deuils et de façon d’y faire face.
Bibliographie
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Van Gennep A. (1909) – Les rites de passage, Paris.
Notes de bas de page
1 Les funérailles constituent ainsi un ultime « rite de passage », théorisé dans les travaux fondateurs de Robert Hertz et Arnold Van Gennep (Hertz, 1907 ; Van Gennep, 1909).
2 Dictionnaire de français Larousse en ligne, article « nécropole » : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/nécropole/54030, consulté le 21 janvier 2016.
3 La nécropole se différencie ainsi du cimetière par des critères chronologiques, qui masquent en réalité des critères religieux, le terme cimetière étant plutôt réservé aux « nécropoles chrétiennes ».
4 Il s’agit non seulement d’un constat archéologique, mais aussi d’une loi mentionnée par plusieurs textes. Voir notamment : Lucien de Samosate, Charon, 22 ; dans le monde romain, cette règle est clairement énoncée par la table X de la Loi des Douze Tables.
5 Strabon, Géographie, XVII, 1, 10, texte établi et traduit par B. Laudenbach.
6 Articles θάπτω, σήμα et μνήμα.
7 La sous-représentation des enfants dans les nécropoles antiques est le phénomène le plus souvent constaté et mis en évidence par les chercheurs en archéologie funéraire, mais une exclusion selon des critères de sexe, de rang social ou de statut juridique a également pu exister.
8 Plutarque, Vie de Lycurgue, 27, 1, texte établi et traduit par R. Flacelières.
9 Paul Cartledge interprète les rites funéraires élaborés (notamment le tumulus parsemé d’os de chevaux et de sangliers), les scènes de chasse représentées sur l’amphore et la localisation des tombes comme le signe de l’appartenance de ces défunts à une aristocratie impliquée dans la production céramique (Cartledge, 1979, p. 158).
10 Sur la formation de la cité spartiate à partir de plusieurs sous-ensembles, voir Osanna, 1999, p. 129-160, en particulier sur Sparte p. 147-155.
11 Pausanias, Périégèse, III, 12, 8.
12 Ibid., III, 14, 2.
13 Les penseurs issus de la New Archaeology ont bien montré comment les tombes des ancêtres en général jouaient, à une moindre échelle, un rôle semblable pour légitimer la possession d’un territoire, dans le monde grec antique comme dans de nombreuses civilisations anciennes et modernes. Le débat est rappelé et commenté dans : Morris, 1987, p. 52-54.
14 Fouillé, étudié et publié par Claude Bérard.
15 On trouvera également de nombreux exemples avec leurs références bibliographiques dans : Mazarakis Ainian, 2010, p. 67-95.
16 Le même phénomène est par exemple attesté dans les mondes celtique, romain et gallo-romain. Voir à ce propos, une des études fondatrices sur les tombes d’enfants dans l’habitat (Duday, Laubenheimer et Tillier, 1995).
17 Sur les étapes et conséquences de la décomposition d’un corps humain, voir Duday, 2006.
18 Ian Morris a bien montré comment, à l’époque submycénienne à Athènes, les sépultures d’enfants étaient placées dans l’habitat alors que les sépultures d’adultes étaient regroupées dans de grands ensembles in areas unsuitables for houses (Morris, 1987, p. 65).
19 Supérieur à 10 % même dans les bonnes années, il pouvait atteindre jusqu’à 40 % par les temps de famine ou d’épidémie (Morris, 1987, p. 62).
20 Voir, à ce sujet, l’article très complet de Andréas Helmis dont la plupart des exemples ci-dessous sont tirés (Helmis, 2007).
21 Platon, Les Lois, IX, 873b, texte établi et traduit par É. des Places. Les meurtriers en général, tout comme les criminels reconnus coupables de sacrilège, devaient être exécutés et leur corps portés en dehors des frontières de la cité (Platon, Les Lois, IX, 874b et 854e).
22 Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, I, 138, 6.
23 Plusieurs cas sont mentionnés dans les textes anciens (notamment Plutarque, Vie de Solon, 12 ; Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, I, 126, 11-12).
24 Platon, La République, IV, 439e ; Plutarque, Vie de Thémistocle, 22.
25 Platon rapporte ainsi que l’attention de celui qui venait du Pirée à Athènes pouvait être attirée, juste avant d’entrer dans la ville, « au-delà de la partie nord des murs », par la vue des cadavres « jetés par les bourreaux » (Platon, La République, IV, 439e) ; Plutarque confirme cette localisation en indiquant que Thémistocle avait fait construire un temple à Artémis Aristoboulè à Mélitè, dème au nord-ouest d’Athènes, là où « les bourreaux jettent maintenant les corps des condamnés à mort » (Plutarque, Vie de Thémistocle, 22).
26 Eschine, Contre Ctésiphon, 244.
27 Platon, Les Lois, IX, 873d.
28 D’après la communication de M. Liston « Causes of Infant Mortality in 2nd c. B.C. Greece: Evidence from the Athens Agora “baby well” », au 76e Congrès annuel de l’American Association of Physical Anthropologists, 2007.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologies et Sciences de l’Antiquité. Titre de la thèse : Les nécropoles de Mégara Hyblaea : archéologie et histoire sociale des rituels funéraires dans la Sicile archaïque du viiie au ve siècle av. J.-C.
Directeur : Francis Prost. Thèse soutenue le 22 octobre 2014.
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