L’espace funéraire de Tarente. Paysage, monuments et matériaux de la nécropole grecque
p. 143-160
Résumés
La nécropole de Tarente est parmi les plus grandes et complexes de Grande Grèce. La pluralité des indicateurs matériels a permis aux archéologues de reconstituer le paysage funéraire tarentin, ses limites et son évolution depuis la fondation dorique (fin viiie siècle av. J.-C.) jusqu’à la conquête romaine (272 av. J.-C.). La riche documentation de la nécropole fournit ainsi l’occasion de réfléchir sur les problématiques historiques, sociales, artistiques et religieuses au sein de la ville grecque.
The paper focuses on the necropolis of Taras, one of the biggest in Magna Graecia. In this site the impressive quantity and variety of material evidence allowed archaeologists to reconstruct the development of the funerary space from the Doric foundation (dated to the end of the 8th century B.C.) to the Roman conquest (272 B.C.). More specifically, Tarantine burial landscape is discussed through a series of case studies (concerning grave types and treatment of the dead, funerary offers and practices, form and structure of the necropolis areas), in order to reflect on historic, social, artistic and religious phenomena of the Greek city.
Entrées d’index
Mots-clés : grande Grèce, Tarente, nécropole grecque, pratiques funéraires, paysage funéraire
Keywords : Magna Graecia, Taras, greek necropolis, funerary practices, funerary landscape
Texte intégral
1Le rapide développement urbain de la ville moderne à la fin du xixe siècle et le manque initial de protection des ruines mises au jour pendant ces travaux ont sérieusement affecté la préservation et la connaissance du patrimoine archéologique de Tarente. À ces limites, il convient également d’ajouter les orientations de la recherche, qui a privilégié la période grecque par rapport à l’époque romaine et l’analyse des sépultures ou des monuments connus par les sources littéraires plutôt que des secteurs d’habitat ou des espaces productifs (Lippolis, 2002, p. 119-123). C’est seulement à partir des années 1980 que l’étude des documents d’archives et les nouvelles découvertes sur le terrain ont permis aux chercheurs de reconstituer la topographie de la ville ancienne et d’aborder également les problèmes de chronologie et de typologie des indicateurs matériels (Graepler, 2002, p. 200-201 ; Lippolis, 1994a, 2002, et 2005 ; De Juliis, 2011). Ces dernières années, les fouilles préventives en contexte urbain, malgré leurs limites, ont été fondamentales pour la reconstitution de l’espace funéraire de Tarente.
2La nécropole tarentine est structurée de façon complexe par différents types de monuments funéraires et architecturaux : l’examen de la documentation de la nécropole fournit l’occasion de réfléchir sur les problématiques historiques, sociales, artistiques et religieuses au sein de la ville grecque. Le but de cette contribution est de souligner la pluralité des indicateurs matériels qui a permis aux archéologues de reconstituer le paysage funéraire tarentin, ses limites et son évolution depuis la fondation dorique jusqu’à la conquête romaine (272 av. J.-C.)1.
L’espace funéraire tarentin au cours des siècles. Époque archaïque
3Des traces d’un habitat japige précédant la colonie dorique sont connues par les tombes fouillées par Luigi Viola entre piazza della Vittoria et piazza Giovanni xxiii. En 1880, la découverte d’un dépôt d’environ 550 objets, dont 350 vases japiges (pozzo d’Eredità), à l’angle de la via De Cesare et de la via D’Aquino, a éclairé la première occupation du site de Tarente. Le dépôt a été interprété soit comme le résultat d’une « purification » religieuse faite par les Grecs au moment de la fondation de la polis, après l’épuisement des tombes indigènes qui aurait précédé l’installation de la nécropole tarentine (Lippolis, 1994 ; Yntema, 1990), soit comme un dépôt rituel pré-grec (Lo Porto, 1971 et 2004).
4Au cours du vie siècle av. J.-C. (Fig. 1), l’affirmation d’une aristocratie coloniale marque l’espace funéraire par des tombes à chambre construites en blocs de carparo. Ces hypogées, sans dromos, présentent une couverture lithique soutenue par une à quatre colonnes doriques (Lo Porto, 1967 ; Patera, 1986 ; Maruggi, 1994). Il y en a huit connues à ce jour2, et une neuvième, datable de la période archaïque d’après les caractéristiques architecturales, réutilisée à partir de la fin du ve siècle av. J.-C.3. Les tombes à chambre monumentales se situent à l’est de l’habitat, jusqu’à la hauteur de l’actuelle via Regina Elena ; leur positionnement est en fonction des principaux axes viaires majeurs de l’ancienne polis et participe à l’affirmation du prestige social des classes dirigeantes (Fig. 2). Cette typologie est assez inhabituelle dans la culture funéraire grecque archaïque et montre des ressemblances avec l’andréion : salle de la maison grecque réservée au symposion. De plus, les sarcophages sont disposés tout autour des parois, de manière similaire aux klinai utilisées pendant le symposion (Fig. 3-4). Nazarena Valenza Mele a émis l’hypothèse que ces tombes à chambre ne seraient pas familiales, comme Felice Gino Lo Porto l’avait proposé, mais que les structures étaient conçues pour accueillir les membres des hétairies aristocratiques (Valenza Mele, 1991)4 : cette interprétation suggère donc une conception et une organisation de l’espace funéraire en fonction de critères sociaux, en réponse à la rigide hiérarchie de la société tarentine archaïque5.
5En termes de subdivision de l’espace dans la même nécropole – un espace dans l’espace –, un exemple très intéressant est fourni par les tombes du Corinthien moyen (600/590-570 av. J.-C.) et récent (570-550 av. J.-C.) trouvées près de l’Hôpital (Corti Vecchie-Vaccarella) et destinées principalement à accueillir des enfants ou des adolescents (Fig. 5). La moitié de ces tombes est assez pauvre, leur mobilier funéraire ne contenant pas plus de trois vases, tandis que les autres sont dotées d’environ 10 à 19 vases (Neeft, 1994, p. 191, tav. xii). Il s’agit, encore une fois, d’une situation qui suggère une organisation des sépultures non seulement par groupes familiaux mais aussi par classe d’âge des défunts6 et, peut-être, par croyances particulières liées à l’enfance.
6Dans la même période, plus précisément dans la seconde moitié du vie siècle av. J.-C., on observe les premiers signes d’organisation orthogonale de l’espace funéraire : le plateau sur lequel se trouvait la nécropole, fouillée extensivement dans la zone entre piazza Maria Immacolata et via Marche, est organisé en fonction de routes régulières selon une orientation uniforme (Fig. 6) (Lippolis, 2002, p. 152)7.
7Des nombreux fragments architecturaux en terre cuite appartenant à des petits bâtiments ont été retrouvés dans la nécropole de Tarente ; leur production est datable entre les deux dernières décennies du vie et le premier quart du ve siècle av. J.-C. (Andreassi, 1971, p. 415). On ne connaît les fondations que d’une seule de ces sacella 8 (Fig. 7) composée d’un pronaos, d’un naos et d’une façade in antis (Lippolis, 1995, p. 107, tav. xxxviii). La présence, non loin de ce bâtiment, d’un dépôt votif de terres cuites de Koré-Perséphone, de céramique laconienne et attique à figures noires (datable de la seconde moitié du vie siècle av. J.-C.) a permis à Felice Gino Lo Porto de supposer qu’il s’agirait d’un sanctuaire funéraire dédié au culte de divinités chtoniennes (Lo Porto, 1971, p. 534) ; toutefois, comme Enzo Lippolis l’a proposé, on ne peut pas exclure une connexion avec des cultes privés liés à des phénomènes d’héroïsation (Lippolis, 1994a, p. 50)9. Les tombes à chambre et les terres cuites architecturales disparaissent vers 470-460 av. J.-C., les mobiliers s’appauvrissent eux aussi10 et on assiste à une forte standardisation des pratiques funéraires. On a supposé que la réduction de la richesse architecturale et des objets funéraires ait pu être liée au bouleversement constitutionnel mentionné par Aristote, qui a entrainé la chute du gouvernement oligarchique de Tarente, remplacé par une démocratie modérée, avec, peut-être, l’imposition de lois somptuaires11.
Époque classique
8Entre le premier quart et le milieu du ve siècle av. J.-C., un événement très significatif dans la topographie tarentine apparaît : il s’agit de l’extension de l’espace urbain vers l’est, avec la création d’un nouveau quartier résidentiel à plan orthogonal d’environ 75 hectares situé dans l’aire de l’actuel Borgo (Fig. 8)12. La réalisation de ce nouvel espace d’habitation affecte l’espace funéraire, avec un nivellement qui oblitère le cimetière, sans pour autant détruire les dépositions et les tombes à chambre plus anciennes (Lippolis, 2002, p. 155-157). Toutefois, il faut imaginer que dans certaines zones les tombes de l’époque archaïque préservées deviennent pour longtemps partie intégrante de l’espace urbain : c’est pour cette raison qu’encore au iie siècle Polybe décrivait la ville de Tarente comme un lieu dans lequel les vivants habitaient avec « les plus nombreux », c’est-à-dire avec les morts13. La nouvelle ligne de fortification construite sur le côté oriental inclut pourtant l’habitat et la nécropole dans une grande zone urbaine : le nouveau lotissement s’étend jusqu’à atteindre la nécropole14, ce qui implique une interruption du régime de propriété due, comme il a déjà été dit, à l’affaiblissement politique de l’aristocratie tarentine suite à la restructuration démocratique de la polis. La rupture avec le passé se manifeste donc par une utilisation différente de l’espace et par une redéfinition de la zone urbaine, de la nécropole et peut-être aussi de la chôra de Tarente (Lippolis, 1997). À l’époque classique, la nécropole est ainsi organisée selon un modèle différent, alors qu’auparavant les zones funéraires semblaient s’être formées spontanément, peut-être autour des routes côtières. Le nouvel espace funéraire reflète donc un nouvel équilibre social instauré à partir de la période classique. L’élargissement de l’habitat avec l’insertion dans le tissu urbain de la nécropole et les sources anciennes – notamment Polybe – ont été interprétés, dans un premier temps, comme une coexistence entre l’espace des vivants et l’espace des morts : Wuilleumier, suivi par Degrassi et Lo Porto, a comparé Tarente à des cas qu’il considérait similaires, comme celui de sa métropole, Sparte et le monde apulien. Des études plus récentes montrent cependant que ces exemples ne sont pas comparables à Tarente. À Sparte, l’espace urbain se constitue de quatre noyaux distincts (komai Limnai, Kinosoura, Mesoa et Pitane) autour desquels les sépultures sont placées et c’est plutôt le rapport topographique entre chaque noyau et sa propre nécropole qu’il faut considérer dans l’étude de l’espace funéraire lacédémonienne (Κουρινου, 2000, p. 215-219 et 283-284)15. Dans les villages indigènes autour de Tarente, par exemple Muro Tenente, Ordona et Monte Sannace, on observe des rites d’enterrement dans des lieux centraux, même à l’intérieur des grandes maisons aristocratiques (Lippolis, 1994a, p. 51-52, n. 50-54), tandis qu’à Tarente l’espace des vivants et l’espace des morts sont toujours distincts : on n’utilise jamais en même temps un espace pour l’habiter et pour y enterrer un défunt. Leur coexistence n’est que stratigraphique et est donc due à la succession des différentes utilisations des mêmes espaces au cours de diverses périodes historiques.
9Un phénomène caractéristique de l’espace funéraire tarentin est la présence de terres cuites votives liées à des cultes funéraires (Fig. 9) : 39 sur 61 dépôts de ce type d’offrandes, c’est-à-dire 64 %, ont été trouvés dans la nécropole. À Tarente, offrir ce type d’objets était indicatif d’une croyance religieuse particulière du défunt ou du groupe social auquel il appartenait, peut-être lié à des rites de passage qui avaient lieu dans l’espace funéraire16. Par ailleurs, leur utilisation est datée entre 470 et 370 av. J.-C. ce qui correspond à une phase d’appauvrissement général du mobilier funéraire due aux lois somptuaires (Lippolis, 1995, p. 41-49, tav. ii, p. 107-121, tav. xviii-xxiii ; peut-être comme forme de compensation : Graepler, 2002, p. 209).
Époque hellénistique
10À l’époque hellénistique, et déjà à partir du milieu du ive siècle av. J.-C., on remarque une nouvelle phase dans laquelle le faste funéraire transforme l’espace extérieur de la nécropole, avec le retour des tombes à chambre et l’adoption de naiskoi et de semata pour signaler les sépultures en surface ; la nécessité d’une différenciation sociale se traduit également par la richesse du mobilier d’accompagnement des défunts17.
11La variété des monuments funéraires – à naiskos, à mausolée, à tour, à tholos, toujours sur une base élevée, avec décoration en relief, tandis qu’au-dessus se trouve, comme la tradition attique le veut, la représentation du défunt – est un phénomène important dans la nécropole hellénistique (Lippolis, 1994b, p. 126, tav 1-2 et 2007, p. 101). Celle-ci est planifiée de façon orthogonale au moyen de routes et se caractérise par des semata – en forme de vase, de louterion, de trapeza, de cyste, de stèle – des autels, des clôtures et jardins qui sont partie intégrante de l’espace funéraire18. Au cours du ive siècle av. J.-C. en particulier, des grands vases à figures rouges de production locale (hydriai, amphores, cratères) semblent avoir été utilisés en tant que semata comme en témoigne des sources iconographiques (Lippolis, 1994b, p. 111-113, fig. 75-77) et littéraires19.
12Encore une fois, un sacellum au centre de l’espace funéraire (via F.lli Mellone, au-dessous de l’église du Sacré-Cœur) témoigne des pratiques sacrées à l’intérieur de la nécropole : il est entièrement souterrain et divisé en trois salles adjacentes accessibles par un vestibule découvert. L’une des chambres est divisée en deux par une rangée centrale de colonnes. La datation (entre le ive et le iiie siècle av. J.-C.) se fonde sur une étude du mobilier, notamment céramique. Néanmoins, il est probable que le lieu était destiné à des cultes à mystères (Lippolis, 1995, p. 108-110, tav. xl-xli)20.
13À l’époque hellénistique, la nécropole fournit aussi la documentation la plus abondante : environ dix-mille tombes de différentes typologies sont datées de cette phase chronologique ; en outre, on enregistre une augmentation de la fréquence de la crémation, qui deviendra le rituel dominant à la fin du iie siècle av. J.-C. Un cas isolé de réutilisation d’une tombe à chambre archaïque a eu lieu entre la fin du ve siècle et le début du ive siècle av. J.-C.21, mais dès la seconde moitié du ive siècle av. J.-C. on assiste à la multiplication d’hypogées funéraires, avec certaines caractéristiques locales invariables : un dromos d’accès et des klinai dans la chambre funéraire (Maruggi, 1994 et 1997). Dans cette catégorie se distingue l’hypogée « Genoviva » (75 via Polibio), fouillé entre 1968 et 1969, avec quatre chambres contiguës et petit temple funéraire (naiskos) en façade, avec une frise dorique en pierre tendre et une statue de marbre (Dell’Aglio, 1999).
14Le dépôt de coroplastique votive, trouvé en 1981 en connexion avec la sépulture à sarcophage, au 44 viale Regina Elena, est un témoignage très significatif des pratiques funéraires tarentines dans la seconde moitié du ive siècle av. J.-C. Au-dessus d’une dalle de couverture, séparé par une couche de pierres, le matériel votif a été placé dans une fosse – 1 m de profondeur, 1,5 m de diamètre supérieur – scellée par une première couche d’argile et une seconde couche de tuiles et de chaux. Le dépôt était composé d’environ 780 objets : pinakes avec les Dioscures ou figures féminines assises, Artemis Bendis et Aphrodite, donateurs avec signes démétriaques. La position de la tombe, proche de l’habitat, située à l’intérieur de la fortification, est assez particulière pour cette phase chronologique et suggère une pratique funéraire plus complexe, au-dessus de la moyenne tarentine de la période en terme de topographie, d’architecture et d’offrandes (Lippolis, 1995, p. 46 et 121, tav. xxiii, 3-4 et 2005, p. 178-179).
15Les naiskoi, qui apparaissent dans le dernier quart du ive siècle av. J.-C., sont des indicateurs matériels caractéristiques dans l’espace funéraire tarentin de l’époque hellénistique : leurs origines remontent à des monuments plus anciens et assez rares retrouvés principalement en Attique, par exemple le naiskos de Kallithea à Athènes (Lippolis, 2007, p. 99)22. À Tarante, la variété typologique et iconographique, ainsi que l’effort de monumentalisation, sont cohérents avec les tendances ostentatoires de prestige social déjà manifestées par la richesse du mobilier funéraire.
16Dans la seconde moitié du ive siècle av. J.-C., la nécropole semble être structurée de manière complexe : elle se configure comme une zone planifiée, traversée par des routes qui lient la ville avec l’extérieur, en direction des portes de la fortification, ayant aussi la fonction de faire communiquer les différents secteurs de la nécropole. Des canaux et des fossés, peut-être utilisés pour la plantation d’arbres et de haies, complétaient le paysage funéraire tarentin (Lippolis, 1994a, p. 54).
17Dans la zone du nouveau Tribunal de Tarente, fouillée en 1970, chaque noyau semble atteindre un maximum de quinze tombes et exploite intensivement un espace limité, même s’il y a parfois des zones contiguës non occupées (Fig. 10). Il est clair que dans ces cas précis, les groupes de sépultures reflètent une structure de type familial. La présence fréquente d’un puits semble indiquer une zone commune de « services », mais le caractère de la fouille urbaine ne permet pas de distinguer les systèmes de délimitation entre les différents noyaux. Dans le banc de roche, on a souvent retrouvé des fossés et canaux peut-être utilisés pour des structures périssables dont la fonction était de délimiter les propriétés. La disposition des noyaux et l’analyse de leurs relations topographiques suggèrent l’existence, au moins dans cette partie de la nécropole, d’une subdivision régulière au sein de laquelle il faut reconnaître des parcelles familiales. Les autres traces de la structuration de la nécropole ont été, dans la majorité des cas, effacées par la continuité d’exploitation des parcelles et c’est seulement dans les zones moins densément et plus récemment utilisées qu’ont été conservés des indices nets du système d’organisation de l’espace funéraire. La densité des sépultures est plus significative près de l’habitat ou des routes principales, où l’on observe des phénomènes complexes de réutilisation et de stratification verticale. L’occupation progressive de tout l’espace disponible occasionne parfois un mauvais respect des parcelles initiales. Dans certains cas cependant, la présence de grandes incisions dans la roche, sous la forme de séries de voies parallèles et de coupures faites afin de régulariser le tuf, démontre clairement l’existence d’une planification orthogonale initiale de l’espace funéraire (Lippolis, 1994a, p. 55-56).
18L’exemple de Tarente démontre que l’ensemble des indicateurs matériels et l’étude de la subdivision des espaces et de leurs modifications au cours des siècles ont permis d’apporter des nouveaux éléments concernant la topographie ancienne de la ville, ainsi que d’interroger cette riche phénoménologie archéologique d’un point de vue historique, social, religieux et artistique. Même dans un contexte où l’histoire de la recherche et la superposition d’une ville moderne ont partiellement affecté le patrimoine, les fouilles urbaines, l’examen des archives et la qualification des espaces et de leurs propres caractéristiques ont permis aux archéologues de reconstituer un cadre assez précis de l’histoire et de l’archéologie du site et, en même temps, d’ouvrir des nouvelles perspectives de recherche.
Bibliographie
Sources anciennes
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Notes de bas de page
1 Pour une histoire synthétique de Tarente, voir Nafissi, 1995.
2 Datées entre 540-530 et les premières décennies du ve siècle av. J.-C. : 35, via G. Oberdan (fouillée par Quagliati) ; via C. Nitti, angle via F. Di Palma ou corso Umberto ; 2, via F. Crispi ; corso Umberto i entre via V. Mignona et via V. Pupino ; 21, via D. Alighieri ; via D. Acclavio, angle corso Umberto i ; 117, corso Umberto i ; datée vers 440-430 av. J.-C., la tombe à chambre fouillée en via C. Nitti en 1911 (440-430 av. J.-C.) (Maruggi, 1997).
3 Via D. Alighieri, angle via T. Minniti.
4 La chercheuse oppose à ces sépultures les tombes individuelles à sarcophages ou creusées dans la roche, qu’elle considère comme une forme d’héroïsation de certains individus, en les reliant aux sacella funéraires connues par les terres cuites architecturales.
5 L’idéal de l’areté aristocratique est souvent évoqué par l’ostentation de l’activité sportive du défunt avec la présence dans les mobiliers funéraires d’amphores panathénaïques.
6 […] the Tarantines may usually have buried their deceased progeny in separate locations. There is evidence from the Ospedale Civile plot and elsewhere that this explanation should at least hold in part. If it does, one can legitimately start speculating on age-groups rather than clans or family ties as an organizing principle of this Laconian colony, maybe not only with respect to the grave yards but also to the society as a whole. Neeft, 1994, p. 197-198.
7 Entre 1995 et 1998, 137 tombes ont été fouillées dans cette zone, datables de deux différentes phases chronologiques : fin du viie - première moitié du ve siècle av. J.-C. et époque tardoclassique - hellénistique : De Juliis, 2011, p. 149.
8 Ospedale Civile SS. Annunziata, via Minniti ; fouille 1966.
9 La zone est caractérisée par la présence d’installations artisanales pour la production de terres cuites votives dès l’époque classique jusqu’à la période tardo-républicaine.
10 Pour la composition des mobiliers funéraires à l’époque archaïque, avec une attention particulière aux indicateurs de sexe et d’âge, voir : Lippolis, 1997, p. 14-17, tab. 1-3.
11 Aristote, Politique, vi, 1320b, 10-15.
12 […] nascita di una vera e propria néapolis che indica inurbamento e regolamentazione sociale : Lippolis, 1995, p. 32.
13 Polybe, Histoires, VIII, 28, 6-7 ; Giboni, 1997, p. 39.
14 Dans la contrada Carmine, le mur de la nouvelle fortification taille et se superpose aux sépultures datées entre la fin du viie et le début du vie siècle av. J.-C. d’après la céramique paléo corinthienne : Lo Porto, 1969, p. 200-201, tav. xxiii, 1 ; Lo Porto, 1971, p. 364 ; Lo Porto, 1992. Enzo Lippolis a proposé aux moins deux phases de réalisation de la fortification : la plus ancienne datable au milieu du vie siècle av. J.-C. , la deuxième vers le milieu du ve siècle av. J.-C. : Lippolis, 2002, p. 154-155.
15 Les différents noyaux de Sparte ont été entourés par un mur seulement au cours du iiie siècle av. J.-C. Après, les défunts continuent à être inhumés à l’intérieur de la ville, peut-être au moins jusqu’au ier siècle av. J.-C. Un cas particulier est représenté par le « Konidharis Plot » datant de l’époque protogéométrique fouillé à Amyclae, où toutes les sépultures sont infantiles et féminines : Themos et Zavvou, 2010, p. 229-230, fig. 1-2. Pour la topographie de Sparte : Stibbe, 1989.
16 Si può supporre che tali dediche integrassero, nel linguaggio complesso del rito, la specifica situazione di un gruppo sociale o di un singolo individuo, come può essere un passaggio di status. […] È probabile, quindi, un collegamento con il compimento di specifiche funzioni rituali che si svolgevano nella necropoli e quasi certamente erano strettamente collegate ai culti funerari; pratiche che potrebbero essere servite a codificare il nuovo status del defunto, non solo rispetto alla società dei vivi, ma anche in riferimento ad una sua specifica collocazione oltremondana : Lippolis, 1995, p. 46. Au contraire, C. Iacobone considère ces dépôts relatifs à des sanctuaires urbains (Iacobone, 1988).
17 Les tombes de femmes et d’enfants sont les plus riches, avec objets de parure, vases pour les cosmétiques, vases apuliens à figures rouges et figurines en terre cuite : Lippolis, 1994b, p. 144. Mais le caractère standardisé et répétitif des mobiliers, avec l’association constante de l’oinochoe et d’un vase à boire, ainsi que la présence de céramique miniature, offrande symbolique sans aucune fonction pratique, sont des constantes pour la période, devenant la norme au iiie siècle av. J.-C. : Graepler, 2002, p. 212-214.
18 Polybe décrit la ville, et notamment son côté oriental, au moment de l’occupation d’Hannibal en 212 av. J.-C., comme « pleine de mnèmata » (Histoires, viii, 28).
19 Une épigramme de Léonidas de Tarente mentionne une kylix surmontant la tombe d’une vieille ivrogne (Anthologie Palatine vii, 455) : Elia et Meirano, 2010, p. 302, n. 133.
20 Un deuxième sacellum à plan rectangulaire, qui se trouve à l’Hôpital militaire, remonte à la période finale de la République et est par conséquent en dehors de notre horizon chronologique, mais il est intéressant de noter qu’on y pratiquait un culte aniconique : Lippolis, 1995, p. 71-73, tav. xxiv-xxv.
21 Il s’agit de l’hypogée au carrefour entre via Dante et via T. Minniti fouillé en 1934 par Renato Bartoccini, caractérisée par une colonne dorique centrale et un système de couverture à double pente ; les tombes à fosse creusées dans le dallage sont probablement postérieures à la construction de la chambre : Maruggi, 1994, p. 78 ; Patera, 1986. Dans la tombe à chambre de via Minniti, il y avait cinq sépultures et 63 objets de mobilier funéraire, y compris des vases attiques, lucaniens et apuliens à figures rouges : Graepler, 2002, p. 209-210.
22 Si les semata sont bien attestés à l’époque hellénistique, leur absence au vie et ve siècles av. J.-C. est due probablement à leur déplacement au cours de l’expansion de la ville à l’époque classique et à l’imposition des lois somptuaires : Lippolis, 1994b, p. 109-111.
Auteur
EPHE – UMR 8546 : Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident.
Titre de la thèse : Sépultures infantiles dans l’Italie du Sud de l’âge du Fer à l’époque archaïque. Espaces, pratiques et offrandes funéraires.
Directeurs : Stéphane Verger et Enzo Lippolis. Soutenance prévue en 2016.
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