Jebel Mudawwar : une montagne fortifiée au Sahara. Site étatique ou site communautaire ?
p. 101-122
Résumés
La forteresse du Jebel Mudawwar, dans le Sahara marocain, reste un site très peu documenté et dont la dégradation s’avère rapide depuis deux décennies. Dans le cadre de prospections sur le territoire de Sijilmassa, célèbre ville caravanière médiévale située à moins de 15 km du Mudawwar, un inventaire exhaustif et un relevé des structures archéologiques lisibles en surface ont été menés afin d’entreprendre une première étude approfondie de cet ensemble jusqu’alors inédit. En plus de spectaculaires aménagements défensifs, la prospection a mis en évidence de nombreuses structures hydrauliques, funéraires et domestiques dispersées au cœur du périmètre fortifié. En l’absence de fouilles, la réflexion engagée sur ce site – très peu stratifié du fait du contexte saharien – repose uniquement sur l’observation des vestiges de surface et des éléments environnementaux. En s’appuyant par ailleurs sur l’abondante, quoique partielle, bibliographie consacrée à la castellologie marocaine, l’objectif de la réflexion est de déterminer la fonction première de ce site, désormais daté du xiie siècle, et plus précisément d’estimer s’il s’inscrit dans un programme de constructions étatiques ou dynastiques à vocation militaire, comme celui bien connu des Almoravides, ou si cette forteresse relève davantage de logiques locales liées aux problématiques rurales et/ou communautaires.
The fortress of Jebel Mudawwar, in the Moroccan Sahara, has remained a poorly documented site and its erosion appears to have been fast for two decades. Within the framework of surveys in the area of Sijilmassa, the medieval caravan town located about 15 km from Mudawwar, an exhaustive inventory and a sketch plan of the archaeological structures have been carried out in order to complete the first detailed study of this largely unknown settlement. In addition to a spectacular defensive system, exploration revealed many hydraulic and domestic structures, scattered in the heart of the walled perimeter. In the absence of excavations, the discussions initiated about this site are only based on the observation of surface evidences, on environmental elements and on the abundant but heterogeneous bibliography devoted to Moroccan castellology. The aim of this text is to identifiy the main function of this site, now dated from the 12th century. Was it part of a state or dynastic program with military purposes, such as the well-known Almoravid one, or was it a fortress related to rural and/or community issues?
Entrées d’index
Mots-clés : Sijilmassa, forteresse, Almoravides, Almohades
Keywords : Sijilmasa, fortress, Almoravids, Almohads
Texte intégral
Du cinéma hollywoodien à l’archéologie médiévale saharienne : cadres inattendus de l’étude
1Lorsqu’en 1998 l’équipe de tournage du film américain La Momie s’installe au Jebel Mudawwar, cirque rocheux du Sahara marocain, elle ne mesure certainement pas qu’elle joue un rôle essentiel dans la (re)découverte d’un site archéologique important de l’histoire du Maghreb. En arrêtant son choix sur cette montagne comme décor grandiose et naturel à Hamunaptra, ville légendaire placée au cœur de l’intrigue du film et reconstituée sur place pour l’occasion, elle provoque, avec les moyens hollywoodiens qui sont les siens, le desserrement de l’étau militaire qui entourait depuis au moins trente ans le site, implanté au cœur d’une zone d’entraînement et de tir. Ce sont ainsi de faux temples égyptiens, destinés au tournage, et une imposante base vie, réservée à l’usage du personnel du film et des milliers de figurants, qui sortent de terre en peu de temps au cœur ou à proximité immédiate du Mudawwar. Le tournage terminé, l’équipe n’a laissé que des vestiges discrets de ses activités, abandonnant néanmoins aux Marocains une large rampe en béton permettant désormais aux véhicules motorisés l’accès à l’intérieur du site. C’est notamment grâce à cette rampe que s’est développé, durant la décennie suivante, un tourisme cinématographique qui n’a pas manqué de transformer profondément les lieux avec l’apparition d’une piste pour les 4×4, de plateformes aménagées pour les bivouacs et de murets installés comme garde-fous le long des ravins. Les guides locaux conduisent ainsi au Mudawwar les visiteurs afin de leur faire découvrir les vestiges des décors du tournage, en ignorant, ou en feignant d’ignorer, que les vestiges en question sont des ruines bien plus anciennes que ne le sont les quelques rares faux blocs de pierre en mousse expansée encore visibles sur le site.
2Car en 1952, Paul Pascon séjourne quelques heures au Mudawwar et publie une description certes synthétique mais déjà éloquente de sa prospection : après une évocation de la topographie très particulière des lieux, il dresse un rapide inventaire archéologique mentionnant l’existence d’une muraille, de quatre tours, de quatre barrages et de diverses « constructions » sur les hauteurs du site qui, à l’évidence, ne doivent rien à l’équipe de tournage de La Momie. Paul Pascon identifie ce site comme une « place forte » dont la tradition orale locale rapporte une attribution aux Portugais, mention qu’il convient d’interpréter comme l’indice d’une ancienneté importante, sans doute médiévale, des ruines (Pascon, 1956).
3Le Jebel Mudawwar – littéralement « la montagne ronde » – se dresse au Tafilalt, plaine du pré-Sahara marocain, située au sud des Atlas, à l’extrême sud-est du pays. L’oasis du Tafilalt, au cœur de la plaine du même nom, tient une place de choix dans l’histoire du pays : elle est en effet le berceau de la dynastie chérifienne aujourd’hui encore au pouvoir à la tête de l’État marocain et ce depuis le troisième quart du xviie siècle. Cette origine oasienne très méridionale du pouvoir alaouite, loin des grandes villes impériales du reste du Maroc, pourrait surprendre. Or la renommée du Tafilalt est bien plus ancienne que ne l’est la dynastie alaouite puisque cette oasis abritait déjà la ville médiévale de Sijilmassa, l’un des plus importants comptoirs caravaniers du Maghreb, par lequel transitait la majeure partie de l’or importé d’Afrique équatoriale et où était frappé un très grand nombre des monnaies d’or en circulation dans tout le bassin méditerranéen occidental (Messier, 1995, p. 184). Formant d’abord un État indépendant (du viiie au xe siècle) puis une province convoitée des grands pouvoirs maghrébins (du xie au xive siècle), le site archéologique de Sijilmassa se présente aujourd’hui sous la forme d’un imposant tell se développant sur au moins 2 km de long. Le Jebel Mudawwar quant à lui se dresse en dehors de l’oasis, dans la plaine sédimentaire et désertique alentour, à 12 km à l’ouest du tell principal de Sijilmassa.
Jebel Mudawwar, une montagne fortifiée au désert : inventaire archéologique
Nature des vestiges et difficultés d’identification
4Dans le cadre d’un travail doctoral portant sur Sijilmassa, une prospection systématique a été entreprise au Mudawwar afin d’en dresser pour la première fois un inventaire exhaustif des vestiges archéologiques et tenter d’en dater les principales occupations. Sur les plateaux rocheux escarpés et dénudés du Jebel, ces vestiges se présentent pour la plupart sous la forme de maçonneries en moellons calcaires liés par un mortier de chaux, pour certaines très arasées car presque entièrement emportées dans les pentes par les attaques atmosphériques ou encore largement démontées, en tant que matériau de récupération, pour les besoins des aménagements touristiques. D’autres vestiges, les moins endommagés, demeurent enfouis sous d’imposants cônes de destruction et de ce fait, quoique protégés, ne sont pas plus lisibles. L’ensablement important de certains secteurs constitue également un autre type d’entrave à la lecture archéologique. Le secteur bas, un vaste espace plan encaissé entre les falaises où étonnamment aucun vestige ancien n’a pu être repéré, a certainement été très fortement perturbé par la restitution d’Hamunaptra, bien que peu de traces de ces installations demeurent aujourd’hui visibles. Enfin, à l’extérieur du périmètre rocheux, les très nombreuses empreintes laissées par les militaires, les installations de tournage, et désormais les touristes (tentes, parking, héliport, enclos, pistes, tas de déblais, gravières) empêchent, en l’absence de fouilles, la localisation et l’identification d’éventuels aménagements plus anciens. C’est pourquoi la zone extérieure du Mudawwar a été, dans ce travail préliminaire, en grande partie tenue à l’écart de la prospection.
Indications topographiques
5Le Jebel Mudawwar se présente sous l’aspect d’une table rocheuse calcaire préservée des phénomènes d’érosion dans le paysage plat du Tafilalt qu’il surplombe de 50 m (Fig. 1). Ce massif rocheux, à l’emprise au sol d’environ 30 hectares, est limité sur la plupart de son périmètre par des falaises verticales prenant naissance dans le cône d’éboulis formé au pied de la montagne. Une profonde ravine rompt néanmoins cette défense naturelle au sud/sud-ouest. Elle se prolonge par le lit d’un oued qui, en surgissant de la montagne, constitue une zone de passage privilégiée vers l’intérieur du massif. Cet oued est formé par la réunion de quatre ravines ayant entaillé profondément la table rocheuse et ayant ainsi permis l’isolement en hauteur de cinq grands plateaux, bordés de tous côtés par des à-pics. À leur jonction, ces quatre ravines forment au cœur de la montagne, et avant de donner naissance à l’oued, un vaste cirque rocheux dominé de tous côtés par les plateaux en surplomb. Aujourd’hui, à l’exception d’averses orageuses apportant sporadiquement de l’humidité, l’eau est absente du Mudawwar.
Le système défensif
6La topographie très contrastée du Jebel Mudawwar en fait un site naturellement protégé. C’est la raison pour laquelle il a été exploité par l’homme pour en faire une véritable forteresse en le dotant de systèmes défensifs supplémentaires, de nature anthropique. Les murailles du Jebel Mudawwar constituent en effet le vestige archéologique le plus spectaculaire du site. Environ un tiers du périmètre de la montagne, le tiers présentant le plus de faiblesses dans la ligne de falaises, a été épaulé par la construction d’une muraille (Fig. 2). La courtine la plus impressionnante est celle barrant la grande ravine ayant rompu la ligne de défense naturelle au sud (Fig. 3). Cette muraille, aujourd’hui préservée de manière exceptionnelle sur toute sa hauteur, émerge de la dune formée à ses pieds sur une hauteur de 8 m, mais se développe sans doute sur environ 12 m de haut. Elle mesure 80 m de long pour une épaisseur de 4 m et présente une constitution extrêmement solide faite d’un blocage interne très dense de blocs calcaires liés à un mortier de chaux très fortement chargé. Un remarquable parement, extrêmement soigné, vient harmoniser les deux faces de la construction, en des assises de moellons irrégulières mais horizontalisées et minutieusement associées, jointoyées à pierres vues, sans qu’aucune trace de reprise n’ait pu être détectée. Le mur n’a pas été enduit. L’ensemble paraît ainsi avoir été construit d’un seul trait. Une importante brèche d’environ 8 m de large, déjà notée par Paul Pascon en 1952, s’est formée anciennement au centre de la maçonnerie. La cause précise de cette destruction n’est pas connue mais elle résulte probablement de l’action érosive des eaux de ruissellement qui, dans l’axe de l’oued, ont progressivement mené un travail de sape au pied de la muraille. C’est en exploitant cette brèche que l’équipe du film a installé la rampe en béton utilisée comme piste d’accès à la montagne. La véritable porte, aujourd’hui bouchée, se situait à l’extrémité orientale de la muraille basse. Presque entièrement enfouis sous les sables et les éboulis, les aménagements de cette porte demeurent mal compris : il semblerait toutefois que cette entrée, de 3 m de large, forme un accès simple et rectiligne à l’intérieur de la montagne, uniquement surveillé et protégé par les ressauts de falaises qui le surplombent immédiatement.
7Le dispositif de défense de la muraille basse est complété par un avant-mur situé à une centaine de mètres en aval du mur principal : cette structure, dont les vestiges ont été presque entièrement arasés, devait revêtir l’aspect d’une levée de terre associée à un profond fossé, barrant également, en un grand V, toute la largeur de la ravine, ce qui entravait ainsi la progression vers la muraille basse et sa porte d’entrée.
8De part et d’autre de la muraille basse, le dispositif défensif du Mudawwar se prolonge à l’assaut des falaises en une muraille de dimensions plus modestes (épaisseur moyenne de 150 cm et hauteur restituée comprise entre 150 et 200 cm) mais qui, étroitement imbriquée aux ressauts rocheux, épouse parfaitement le relief des hauteurs et forme une ligne continue de défense, dans le strict prolongement des 50 m de falaises sur lesquels elle s’appuie. La muraille haute du Mudawwar protège ainsi un chemin de ronde qui permet la déambulation et la surveillance sur les hauteurs de toute la moitié sud du massif. Dans les zones de pentes intermédiaires, séparant abruptement la ravine centrale des plateaux sommitaux, plusieurs bâtiments ont été identifiés à petite distance de la muraille tandis que plusieurs pièces monocellulaires, au moins au nombre de sept, y sont adossées. C’est précisément dans ce secteur que Paul Pascon avait cru identifier en 1952 quatre tours : son observation doit être aujourd’hui corrigée et il semblerait qu’il n’existe qu’un seul bastion, à défaut d’une véritable tour, implanté immédiatement à l’ouest de la muraille basse, à laquelle il devait commander l’accès. L’affirmation incorrecte de Paul Pascon reposait probablement sur un examen de la muraille réalisé depuis l’extérieur du Mudawwar, en contrebas du cône d’éboulis, de là où, effectivement, il est aisé de se méprendre et de considérer les redents de la maçonnerie, qui ne font que suivre les décrochements rocheux, comme des tours.
9Sans mener une étude approfondie de l’effectivité poliorcétique du système défensif du Jebel Mudawwar, il apparaît que les fortifications réalisées sur la montagne sont le reflet d’une stratégie militaire pensée, soulignant une grande maîtrise architecturale, tant dans la mise en œuvre que dans le plan des installations, là où la topographie naturelle des lieux est exploitée au maximum pour décupler l’efficacité des aménagements et où une attention particulière a été apportée aux zones de faiblesse naturelles. Est ainsi conçue une place forte destinée à résister à une attaque extérieure mais également à former un poste d’observation et de contrôle particulièrement bien protégé, dont le rayon d’action est immense. Car des sommets du Mudawwar, le paysage désertique alentour se révèle sur un rayon d’environ 50 km : l’oasis du Tafilalt, toute proche, est ainsi bien évidemment à portée de vue de même que le col du Tizi ou Mkhazni qui verrouille l’accès à la plaine du Tafilalt par l’ouest, à 9 km de là.
Les aménagements hydrauliques
10Les fortifications ne constituent pas les seuls vestiges archéologiques recensés sur le Jebel Mudawwar : un important dispositif hydraulique complète la structure défensive. En effet, quatre barrages, en excellent état de préservation, ont été aménagés dans les principales ravines de la montagne. Ils se présentent sous la forme de murs, à l’épaisseur variable comprise entre 150 et 230 cm, mesurant au plus fort 4 à 5 m de haut, construits de manière très comparable à la muraille basse. Ils barrent la totalité de la largeur des ravines, de manière perpendiculaire à la pente (Fig. 4). Ces murs sont avec certitude à identifier comme des barrages puisqu’ils sont placés à mi-pente ou en bas de pente et sont recouverts, côté amont uniquement, d’un épais enduit de chaux, encore largement préservé, dont la densité et la résistance en font un enduit hydraulique. Là encore, aucune reprise, aucune réfection – pas même celle de l’enduit – n’a été remarquée sur la maçonnerie. Ces barrages devaient permettre de former, à l’issue des pluies, quatre retenues d’eau aux capacités volumétriques importantes qui pouvaient constituer des réservoirs durant plusieurs mois de l’année. La fonction de ces retenues ne paraît pas être liée à des usages agricoles dans les zones basses : aucune prise d’eau, aucun canal d’irrigation n’a été identifié aux abords de ces constructions. Mais le ramassage de surface de céramique effectué sur tout le Jebel a livré deux tessons très caractéristiques provenant de godets de noria1, retrouvés non pas dans les fonds de ravine, où les éboulements et les ensablements interdisent le plus souvent le ramassage de mobilier, mais dans un secteur de haut plateau, en surplomb des barrages. Même s’il convient de ne pas écarter l’hypothèse du réemploi de ces godets de noria pour un tout autre usage que celui des pratiques hydrauliques, ces tessons renforcent l’option de l’exploitation de ces plans d’eau artificiels pour la consommation domestique ou animale au sein même du Mudawwar. Ainsi les quatre barrages du Jebel Mudawwar, combinés à la présence d’un système défensif important, rendent possible, du moins pour quelques temps, la subsistance en autarcie à l’intérieur du site, c’est-à-dire le soutien d’un état de siège ou la constitution d’un refuge pour des hommes et du bétail en cas de danger.
L’habitat
11Outre les aménagements défensifs et hydrauliques, le Jebel Mudawwar livre un nombre important de structures qui, pour la très grande majorité d’entres elles, sont établies sur les hauteurs, en bordure de falaise, préférentiellement le long des à-pics septentrionaux et occidentaux. Au nombre de vingt-sept, ces constructions sont pour certaines totalement isolées, espacées les unes des autres de plusieurs dizaines ou centaines de mètres, pour certaines regroupées, souvent de manière mitoyenne, dans des espaces plus densément bâtis (Fig. 5). Du fait de leur dégradation, six d’entre elles n’ont pas pu être caractérisées, faute d’indices archéologiques suffisants, même si l’hypothèse d’un espace de prière (musalla) ne doit pas être écartée pour l’une d’entre elles2. Parmi les vingt et une constructions restantes, quinze présentent des caractéristiques très comparables : de plan pseudo carré, aux dimensions similaires, comprises entre 9 et 17 m de côté, ces constructions sont toutes érigées à l’aide de murs de moellons liés à la chaux et parementés ; autour d’un espace central à ciel ouvert, se regroupe un série de pièces pour la très grande majorité indépendantes les unes des autres et ne possédant qu’un seul accès donnant sur la cour ; de même un seul accès permet la communication avec l’extérieur par le biais d’une pièce-vestibule ménageant une circulation en chicane. D’une construction à l’autre, les plans sont souvent très proches et parfois même identiques, notamment dans le cas des structures mitoyennes. Ce type de construction souligne une certaine standardisation, et donc une probable planification des travaux, reproduisant, avec quelques légères variations, un même mode de construction, un même module de pièces, une même hiérarchisation et organisation des espaces (Fig. 6).
12En l’absence de fouilles, aucune découverte de mobilier en contexte, aucun aménagement spécifique ne peut venir au secours de la caractérisation de telles constructions. Seul le plan de ces structures apporte des indices d’identification : une entrée unique, coudée, verrouillant la communication entre le monde extérieur et le bâtiment, une cour centrale commandant l’accès à la totalité des espaces intérieurs, repoussés le long des murs de clôture, une horizontalité des distributions sans hiérarchisation des circulations, tous ces éléments sont, à l’époque médiévale en Occident musulman3, aussi bien dans le milieu rural que le milieu urbain, caractéristiques de bon nombre de maisons islamiques (Fentress, 1987, p. 65-66 et 2000, p. 21-23 ; Gutierrez Lloret et Cañavate Castejón, 2010, p. 132-133 ; Gutierrez Lloret, 2012, p. 149-150). Ces dernières témoignent le plus souvent d’une grande spécialisation des différents espaces (cuisine, vie, stockage, latrines, étables) ce qui reste très probable au Mudawwar. C’est pourquoi il est proposé d’identifier la plupart des bâtiments situés sur les sommets du Mudawwar comme des maisons, dont la construction a été planifiée au cours d’une grande campagne édilitaire, relativement resserrée dans le temps.
13Les six dernières constructions offrent, malgré un certain nombre de similitudes, quelques spécificités qui les distinguent des autres structures. Le bâtiment A du plateau IV par exemple, le point haut du site qui par ailleurs surplombe la porte d’entrée de la muraille basse, offre un plan unique au Mudawwar, plus complexe que de coutume : ici, quoique le module habituel de cour centrale avec pièces périmétrales soit respecté, ce sont deux structures qui ont été accolées l’une à l’autre et pour lesquelles il n’est pas exclu qu’elles communiquent entre elles. De plus, ce dispositif se voit épaulé par un espace adventice, qui, repoussé sur l’extérieur, pourrait servir d’enclos pour du bétail ou des montures. Enfin, ce bâtiment est le seul du site à avoir clairement livré une pièce de latrine, dont l’évacuation a été astucieusement assurée en exploitant une faille naturelle dans le rebord du plateau. C’est pourquoi cette structure est également identifiée comme une maison mais ses aménagements exceptionnels en font une demeure de statut probablement plus élevé que ne le sont la plupart des autres habitats. Tandis que dans d’autres secteurs, le plateau II en particulier, les maisons sont agglutinées les unes aux autres, une seule autre structure partage le vaste espace du sommet du plateau IV avec la maison A : le bâtiment B. Or, cette structure B possède également des caractéristiques uniques au Mudawwar : il s’agit en effet du seul secteur à avoir livré les ruines d’élévations en briques crues, alors que partout ailleurs les maisons ne sont construites qu’en moellons calcaires. Ces vestiges sont très localisés et n’ont été retrouvés que dans une portion réduite du bâtiment où, selon un schéma là encore inhabituel au Mudawwar, une pièce placée sur un des côtés de la cour centrale donne accès, en retrait, à une série de trois pièces plus petites, qui donc n’ouvrent pas directement sur l’espace central. L’hypothèse suivante est ici proposée : l’emploi de briques crues ne peut se comprendre que parce qu’elles ont été préférées aux moellons de calcaire pour des qualités techniques et constructives que ces derniers n’offrent pas ; l’option retenue est que ces briques ont été utilisées pour réaliser les couvrements spécifiques que sont les voûtes en berceau ou encore les coupolettes de type kubba, différentes des toitures planes en terrasses certainement habituelles au Mudawwar ; or, ce type d’aménagement – un espace tripartite couvert par des voûtes ou des coupoles ouvrant sur une galerie – demeure très rare dans les maisons d’Occident musulman mais rappelle des dispositifs beaucoup plus communs en Orient, et notamment en Irak à l’époque abbasside, comme le soulignent par exemple les pièces d’apparat et de réception du palais d’Ukhaydir, daté de la fin du viiie siècle (Ettinghausen et Grabar, 1987, p. 80). Cet élément orientalisant pourrait surprendre dans un contexte aussi isolé que le Tafilalt marocain mais il n’est pas exclu que certaines élites arabisées ou revendiquant des ascendances orientales aient adopté, de manière individuelle et isolée, des modes, y compris architecturales, syro-mésopotamiennes. C’est pourquoi, il est également proposé de considérer le bâtiment B du plateau IV comme une structure d’habitat destinée à une certaine élite. Ainsi, le plateau IV se distingue des autres secteurs domestiques par l’isolement de ses deux demeures, par les aménagements spécifiques de ces maisons, par leur position topographique privilégiée en surplomb de toute la montagne, et surtout par le rayonnement dont elles bénéficient puisqu’elles sont parmi les rares à pouvoir embrasser du regard à la fois l’ensemble des installations du Jebel Mudawwar, la zone basse située près de l’entrée du site, l’oasis du Tafilalt et le col du Tizi ou Mkhazni. En outre, les vestiges très ténus d’une rampe d’accès ancienne ont été identifiés sur le flan de ce relief : cette rampe est constituée de plusieurs volées de marches, disposées au niveau des escarpements les plus abrupts, qui permettent une progression aisée depuis la zone basse du Jebel jusque vers les plateaux III et IV en s’affranchissant des lignes d’à-pics qui rendent habituellement un cheminement en ligne droite périlleux. La présence de cette voie d’accès directe au plateau IV souligne également le statut privilégié de cette zone.
14Il est ainsi possible de conclure qu’outre une structure de défense élaborée, le Jebel Mudawwar représente un important site d’habitat. Au sein de cet habitat, une zone, le plateau IV, se distingue des autres « quartiers » par des aménagements pouvant être considérés comme des marqueurs sociaux soulignant une hiérarchisation entre la population commune du site – dont on ignore les caractéristiques – et une certaine forme d’élite, dont là encore il est délicat de définir les attributions.
Collecte de mobilier et datation du site
15Les prospections au Mudawwar ont donné lieu à une collecte systématique du mobilier de surface dans l’espoir de pouvoir apporter des propositions de datation au site. Chaque structure a livré du matériel qui, quoique en quantité extrêmement résiduelle, a fourni des tessons très caractéristiques pour lesquels un diagnostic morphologique et chronologique peut-être établi avec certitude. Tout d’abord, les pièces découvertes trouvent toutes un parallèle parmi le mobilier mis au jour lors des fouilles de Sijilmassa, ce qui permet de lier, chronologiquement et culturellement, le Jebel Mudawwar au contexte médiéval de la ville caravanière. Le mobilier s’est également révélé être relativement varié dans ses formes, offrant à la fois des pièces de céramique commune, de stockage et de cuisson, et un grand nombre de pièces de service en vaisselle fine tournée (bols, pichets, et même gargoulettes à filtre) (Fig. 7). Cette variété rend possible, même si elle n’est pas à elle seule un argument décisif, la mixité sociale représentée à Mudawwar. Enfin, l’intégralité du mobilier se distingue par une très grande homogénéité stylistique qui permet d’attribuer la totalité des tessons récoltés à une seule et même période. Ce resserrement de la fourchette chronologique laisse entendre une occupation courte du site, réduite à quelques décennies ou peut-être un siècle, ce qui s’accorde très bien avec les observations d’ordre architectural qui faisaient état d’une seule phase de construction. La datation proposée est celle du xie-xiie siècle (Messier et Fili, 2011)4.
Le Jebel Mudawwar à l’épreuve de la castellologie marocaine : nouveaux éléments d’interprétation
16L’élément le plus remarquable du Mudawwar, et ce qui en fait réellement la spécificité, demeure son système défensif : au-delà d’une simple interprétation intra-site, la confrontation d’un tel monument avec d’autres structures fortifiées au Maghreb, ne peut qu’apporter des éléments nouveaux de compréhension. Patrice Cressier rappelait en 1995, dans son bilan sur la fortification islamique au Maroc, que malgré le dynamisme important de ce champ disciplinaire au sein de la recherche archéologique médiéviste au Maghreb, la castellologie marocaine demeure, pour de nombreuses raisons, un domaine faussement bien connu (Cressier, 1995, p. 164-167). Néanmoins, depuis environ trente ans, la discipline vit un renouvellement important, encouragé par l’essor de l’archéologie médiévale en Europe et notamment en Espagne – pays avec lequel le Maroc partage une longue histoire commune, aussi bien à l’époque antique qu’islamique.
17À la lumière des connaissances acquises au sujet des fortifications au Maghreb extrême, le Jebel Mudawwar semble partager un certain nombre de points communs avec deux grands types de structures, d’époque comparable. La première parenté que révèle le Mudawwar est celle qui le relie aux forteresses-refuges recensées par centaines sur tout le territoire méridional d’al-Andalus et datées des xe-xiiie siècles. Mises en évidence depuis une trentaine d’années, ces structures se présentent sous la forme d’enclos fortifiés, situés le plus souvent au sommet d’une éminence rocheuse naturellement défendue et, aussi bien en contexte urbain que rural, à peu de distance des installations humaines. À l’intérieur de l’enclos, de l’habitat est généralement identifié mais sa concentration s’avère être très faible. De manière systématique, ces dispositifs sont complétés par des installations hydrauliques, le plus couramment des citernes, permettant une réserve en eau permanente. Ces sites sont interprétés comme des sites communautaires, liés à des groupements humains proches qui en assurent la construction et l’entretien, et destinés à servir de refuge collectif, aussi bien aux hommes qu’aux animaux, en cas de danger immédiat (Bazzana, Cressier et Guichard, 1988 ; Barcelo et Kirchner, 1992 ; Bazzana, 1998). Les chercheurs avancent l’hypothèse que ce genre d’installation recouvre ce que les auteurs arabes désignent sous l’expression hisn (pluriel husûn), généralement mais improprement traduite par « château » en français5, dont les itérations sont nombreuses dans la littérature médiévale. Il n’est pas encore avéré, quoique l’expression hisn soit ici autant employée, que ce même type de structure ait également existé de l’autre côté de la Méditerranée mais l’essor de l’archéologie médiévale souffrant au Maroc d’un certain décalage, il ne s’agit peut-être ici que d’un biais heuristique (Cressier, 1995, p. 179-184 ; Bokbot et al., 2001, p. 217 ; Benhima, 2002-2003, p. 39). Patrice Cressier avance l’hypothèse que les refuges marocains, du moins dans le nord du pays, ne pouvaient être que des places fortes naturelles, dépourvues de tout aménagement anthropique, exploitées comme telles, d’où leur discrétion dans le paysage (Cressier, 1995, p. 183). Quoiqu’il en soit, le Jebel Mudawwar partage un certain nombre de points communs avec les husûn d’al-Andalus : une situation topographique de perchement relatif, une défense naturelle renforcée par des installations anthropiques, des réserves en eau, de l’habitat, de vastes espaces libres, un isolement mesuré à proximité d’un important groupement humain. Néanmoins, la sophistication et l’ampleur des aménagements défensifs d’une part, d’ordre militaire, la standardisation et le nombre des habitats d’autre part, vont à l’encontre de l’hypothèse d’un site-refuge communautaire au Mudawwar, ces deux éléments suggérant davantage l’intervention d’un pouvoir de type étatique.
18Cette monumentalité des installations invite ainsi à proposer un autre rapprochement : le Maroc islamique a fait l’objet, au cours de son histoire, de plusieurs programmes défensifs étatiques, mis en place par les grands pouvoirs ayant imposé leur autorité à la région, où des postes fortifiés sont établis à proximité des grandes villes ou de points stratégiques afin d’en assurer le contrôle et au besoin la défense à l’intérieur d’un territoire dominé. L’exemple le plus célèbre demeure celui des qasba-s alaouites d’époque moderne (Barrucand, 1980). Ces installations sont souvent proches dans leur conception des systèmes de fortifications urbaines, où sont pris en compte des facteurs poliorcétiques précis et où la monumentalité des constructions n’est pas étrangère à celle du prestige recherché par les commanditaires. Or, aux xie et xiie siècles, époque de l’occupation principale du Jebel Mudawwar, l’histoire garde le souvenir d’un autre grand programme étatique de fortifications ayant touché tout le territoire marocain : l’historiographe almohade al-Baydhaq relate, dans un texte à teneur certainement hagiographique écrit aux alentours de 1150, comment, une à une, les forteresses dressées par les ennemis Almoravides pour leur résister sont tombées face à la supériorité stratégique et dogmatique des insurgés (Lévi-Provençal, 1928, p. 218-222). Le xiie siècle assiste en effet au Maroc à la lutte acharnée entre deux grands belligérants : d’un côté l’État almoravide, fondateur de Marrakech, à la tête d’un immense territoire incluant une grande partie du Maghreb et de l’Andalus, et de l’autre la puissance naissante du mouvement almohade, bientôt victorieux des premiers. Une étude approfondie des textes menée par Yassir Benhima permet de mieux saisir les modalités de ce programme défensif almoravide : au terme de sa démonstration, Benhima suggère qu’une partie de ces fortifications, au nombre de vingt-trois dans la liste fournie par al-Baydhaq, trouve une origine pré-almoravide, de nature tribale ou communautaire – peut-être s’agissait-il de forteresses-refuges ? – et que les Almoravides, une fois au pouvoir, n’aurait fait qu’exploiter, avec les moyens importants qui étaient les leurs, des sites déjà localement valorisés afin d’établir un maillage administratif et militaire pour le contrôle étroit du territoire. Cette hypothèse n’exclut pas la construction de nouveaux postes ex nihilo là où aucune structure ancienne ne pouvait servir d’appui (Benhima, 2001, p. 267-269). Devant l’urgence des assauts almohades, les Almoravides auraient par la suite certes construit quelques nouveaux fortins mais auraient surtout renforcé, en troupes et en armes, des postes de contrôle déjà existant. Des vingt-trois sites mentionnés par al-Baydhaq – et l’archéologie a prouvé qu’il en existait d’autres (Benhima, 2001, n. 6 p. 256) – seuls deux sont aujourd’hui identifiés avec certitude sur le terrain. Parmi eux, la forteresse du Tasghîmût, située à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Marrakech et dominant directement l’ancienne capitale d’Aghmat, a fait l’objet d’investigations archéologiques documentées (Basset et Terrasse, 1927 ; Allain et Meunié, 1951 ; Cressier et Erbati, 1999). Or, ce site présente de très nombreuses similitudes avec le Jebel Mudawwar : hormis un profil topographique très comparable – le Tasghîmût occupe une table rocheuse de plan ovale qui, entaillée en son centre par des ravinements, domine de plusieurs dizaines de mètres la plaine du Haouz (Fig. 8) –, les deux sites ont en commun une ligne de défense ininterrompue suivant les limites du massif, un important dispositif hydraulique mettant en jeu des barrages, des secteurs d’habitat dont une zone au statut privilégié et enfin une remarquable monumentalité des installations. La ressemblance entre les deux sites, quoique implantés dans des environnements différents (une plaine pour le Mudawwar, les piémonts atlasiques pour le Tasghîmût) et mettant en œuvre des techniques de construction différentes, est frappante.
Conclusion : vers une intégration du Jebel Mudawwar à l’histoire almoravide
19Le recoupement des informations offertes par la topographie, les vestiges et le mobilier archéologique, les sources anciennes, le contexte historique et l’historiographie moderne invitent à proposer une interprétation relativement précise du Mudawwar : il est défendu ici que le Mudawwar, place forte naturelle se dressant à quelques kilomètres de Sijilmassa, a été investi par les représentants de l’autorité almoravide6 au moment de la conquête de la ville et de son intégration à l’Empire, survenues au milieu du xie siècle. À l’issue d’une campagne édilitaire rapide, une garnison et son unité de commandement y auraient été installées afin de pourvoir à la surveillance de Sijilmassa et notamment au contrôle des entrées et sorties du territoire, tout en restant à bonne distance de la ville. Il est à rappeler que d’une part, Sijilmassa constitue pendant les trente-cinq premières années de l’ère almoravide le seul atelier de frappe des monnaies d’or de l’Empire et que de ce site, l’un des tous premiers objectifs de la conquête militaire almoravide, dépend une grande partie des ressources pécuniaires de l’État. D’autre part, la position géographique du Mudawwar se prête particulièrement bien au contrôle de la route caravanière arrivant du Sahel à Sijilmassa, et donc au contrôle de l’approvisionnement en or, puisqu’à l’évidence, l’itinéraire de ces caravanes, tel que décrit par al-Bakrî au xie siècle, passe par le col du Tizi ou Mkhazni (Al-Bakrî, 1913, p. 296), que le Mudawwar, à mi-chemin de Sijilmassa et de celui-ci, surplombe. Enfin, la tension, si ce n’est la franche hostilité, existant entre la population de Sijilmassa et les représentants du pouvoir almoravide pourrait avoir motivé une mise à distance d’au moins une partie du contingent avec la ville7. Le caractère désertique des lieux et le manque d’eau qui devait s’y faire sentir, de même que l’éloignement des instances de pouvoir certainement demeurées à l’intérieur même de la ville, ont dû participer à rendre peu approprié le site du Mudawwar, abandonné sans doute peu de temps (quelques années ? décennies ?) après son occupation par les forces almoravides8. Plus tard, les pouvoirs dominant à Sijilmassa n’ont pas cru bon devoir remettre en activité le Mudawwar, auquel on aura préféré des lieux de contrôle et de villégiature plus confortables et davantage intégrés à la vie de l’oasis.
20Une dernière hypothèse est proposée : celle de l’existence préalmoravide au Mudawwar d’un hisn connu des populations locales, exploité comme forteresse-refuge depuis des décennies, si ce n’est des siècles, par les habitants de l’oasis et des alentours du Tafilalt, et dont la fonction aurait pu éventuellement être maintenue à l’époque almoravide. Aucun élément archéologique ne permet actuellement de défendre cette hypothèse, puisque les constructions et l’intégralité du mobilier semblent être contemporaines de l’époque almoravide. Mais il convient également de rappeler que l’ensemble de ces informations ont été récoltées lors de prospections de surface que des fouilles pourraient toujours étoffer. Sous cet angle, une remarque d’Al-Bakrî prend un tout autre sens : lorsqu’il évoque l’expédition punitive des Fatimides sur la ville de Sijilmassa, en 347/958, il précise que le souverain filalien « à l’approche des troupes […] sortit de la ville avec les gens de sa maison, sa famille, ses enfants, ses principaux officiers et alla s’enfermer avec eux et ses trésors dans Tâsegdâlt9, château fort [hisn] situé à douze miles de Sijilmassa » (Al-Bakrî, 1913, p. 289). L’existence d’un hisn à peu de distance10 de Sijilmassa dans le siècle précédant l’aménagement du Jebel Mudawwar renforce l’hypothèse de l’occupation de ce dernier comme forteresse-refuge bien avant la conquête almoravide et permettrait même d’identifier précisément le hisn du prince sijilmassien avec le Jebel Mudawwar.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Cette découverte fournit également d’ores et déjà des indices chronologiques en rattachant une partie de l’occupation du Jebel Mudawwar à l’époque médiévale, période durant laquelle la noria, d’origine orientale, a été introduite en Occident musulman (Bazzana et de Meulemeester, 2009, p. 230).
2 Cette interprétation n’a pu être proposée que lorsque le site a été daté avec certitude de l’époque médiévale, donc islamique.
3 Comme le prouve la datation du site grâce au mobilier archéologique (voir plus loin le paragraphe « Collecte du mobilier et datation du site »).
4 Communication personnelle d’Abdallah Fili.
5 Comme cela est proposé dans les différentes études sur le sujet, il convient en effet de renoncer au terme « château (fort) » et de lui préférer l’expression « forteresse », cette dernière ne connotant, à l’inverse du premier, aucune relation entre la fortification et un pouvoir de type féodal.
6 Cette conclusion rejoint l’intuition éclairée de Patrice Cressier (Cressier et Erbati, 1999, p. 59).
7 Peu de temps après son installation à Sijilmassa, une partie de la garnison almoravide a en effet été massacrée par les habitants au sein même de la grande mosquée.
8 L’imprécision d’un siècle fournie par la fourchette de datation déduite du mobilier céramique impose de ne pas écarter l’hypothèse que le site ait été revivifié par les Almoravides à l’occasion de la progression almohade ou que les Almohades eux-mêmes aient réoccupé temporairement du moins, et pour les mêmes raisons, les lieux.
9 Ce toponyme berbère assez commun désigne le plus souvent un lieu protégé, défendu, pouvant à l’occasion abriter un saint personnage (communication personnelle d’Abdallah Fili).
10 Cette estimation de distance demeure de l’ordre de grandeur de celle séparant effectivement Sijilmassa du Mudawwar et rend donc plausible une correspondance des deux sites.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 7041 : Archéologies et Sciences de l’Antiquité. Titre de la thèse : Sijilmassa et le Tafilalt (viiie-xve siècles) : éclairages sur l’histoire environnementale, urbaine et économique d’une ville des marges sahariennes.
Directeur : Jean Polet. Soutenance prévue en 2016.
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