La fin des Halles mise en histoire
p. 183-200
Texte intégral
1Après des études sur la création d’un nouveau marché de gros menées en 1957, le gouvernement français prend la décision de transférer les Halles de Paris le 6 janvier 1959. Il entend ainsi désengorger et assainir le centre de Paris en créant un nouveau marché d’intérêt national à Rungis et un marché de la viande à la Villette1. Le décret de transfert des Halles à la Villette et à Rungis est signé le 24 décembre 1965. Dès 1965, les principales mesures sont prises, mais les habitants et les marchands des Halles ont peine à croire à la réalité du déménagement. Les commerçants doivent quitter les Halles pour Rungis en novembre 1968, mais ils résistent à la décision jusqu’au 28 février 1969. L’avenir des Halles de Baltard2 sera l’objet d’un débat public, après le déménagement, entre 1969 et 19713.
2En 1965, Gérard Chouchan4 et Daniel Karlir5 respectivement réalisateur et assistant-réalisateur de l’ORTF décident de concevoir un documentaire qui fasse le récit des Halles, de leurs travailleurs, qui mette au jour la spécificité du marché et de sa vie. Les deux auteurs ont été formés par l’Institut des Hautes Études Cinématographiques (IDHEC). Ils travaillent pour la télévision, sont communistes6 et s’inscrivent dans la proximité et la tradition du documentaire social développée par Jacques Krier7. En 1965 déjà, Gérard Chouchan, pour la série Mémoires d’un vieux quartier, a réalisé un documentaire Belleville-Ménilmontant, produit avec Jacques Krier. Il s’est alors proposé d’étendre la démarche, de façon méthodique, à d’autres quartiers essentiels et caractéristiques de Paris : les Halles, la rue Mouffetard, la Butte aux Cailles, le faubourg Saint-Antoine, quartiers dont l’existence était particulièrement affectée par les transformations de la fin des années soixante.
3Pendant quatre ans, de 1965 à 1969, Gérard Chouchan et Daniel Karlin enquêtent et travaillent à ce documentaire. Celui-ci s’achève la nuit du 28 février 1969, lors du dernier marché des Halles de Paris. Deux parties le composent : « Les Halles, le marché » et « Les Halles, la vie ancienne »8. Elles sont diffusées respectivement les 8 et 11 octobre 1969, sur la première chaîne. Le jour de la diffusion du premier volet de l’émission, Le Parisien9 publie le contenu d’un entretien avec Gérard Chouchan qui explique très clairement ses intentions :
[...] Je me suis attaqué [...] au petit peuple des Halles à un moment où ce quartier est en train de se transformer. Il était dommage qu’on ne conserve pas trace des souvenirs qui se sont gravés dans la mémoire de ses habitants.
J’ai donc conçu mon émission sous la forme d’un récit collectif en réunissant autour de ma caméra et de mon micro quelques-uns des derniers villageois de Paris.
Chacun s’y exprime librement, racontant ce qu’il a vu, ce que son père ou son grand-père lui ont conté... À mesure que nous avancions dans notre entreprise, c’est toute l’histoire de Paris qui se déroulait devant nos yeux ! À l’aide simplement de témoignages humains, nous avons pu remonter jusqu’à la Commune, et même aux guerres de l’Empire.
Cette émission a été tournée en deux temps : il y a cinq ans alors que les habitants des Halles ne croyaient pas au transfert du « Ventre de Paris » et il y a quelques mois alors que la migration vers Rungis commençait. À travers les histoires racontées, nous avons pu ainsi montrer ce que fut la ville, son architecture, et surtout son peuplement.
En Afrique, lorsqu’un raconteur d’histoires meurt, on a coutume de dire que c’est une bibliothèque entière qui brûle. Dans notre civilisation occidentale si développée, il faut également nous préoccuper de « la récupération » de la mémoire des hommes. Pour cela la télévision est un outil incomparable10.
4La démarche suggérée par Gérard Chouchan est la même que celle préconisée par Jacques Krier, dès 1957, quand il réalise avec les membres du Laboratoire d’ethnologie sociale – dirigé par le sociologue Paul-Henry Chombart de Lauwe – la série À la découverte des Français. Mais le souci de conserver, grâce à la télévision, la mémoire des quartiers et de leurs habitants est une dimension originale, présente dès le tournage du documentaire sur Belleville. A cet effet, Gérard Chouchan et Daniel Karlin vont utiliser trois types d’approches fdmiques : ils filment des moments de la vie du marché la nuit (le marché de la viande, les pavillons de la marée, le déchargement des camions, les activités des forts...) ; ils y ajoutent des scènes filmées qui reconstituent des gestes quotidiens, des situations particulières comme le déplacement d’un fort des Halles avec sa hotte de chargement, les moments de la vente, du marchandage... Ils enregistrent la rumeur des Halles. Enfin ils ajoutent des interviews de personnages qui racontent leur métier, leur vie.
5Au début du documentaire, la voix de Gérard Chouchan énonce et synthétise le propos. Il s’agit, au moment même où ferment les Halles de Paris et où se concrétise leur départ pour Rungis, en banlieue, de faire œuvre de mémoire.
[...] La véritable mémoire des Halles, c’était la rumeur du Carreau. Avec la fin des Halles commence le récit des Halles, le plus vieux quartier de la ville ; dix siècles la nourrissent.
6L’objet du documentaire consiste à saisir l’activité nocturne du marché alors même qu’il est encore en mouvement, à en capter les bruits, et à dire, à travers le témoignage volontaire des habitants et des travailleurs des Halles sur leur quartier, l’histoire du marché et du quartier.
Notre désir, explique Gérard Chouchan, était de faire parler les gens qui participaient à cette vie sur le point de se transformer. [...] Nous avons pu lier des contacts avec des gens représentatifs des multiples professions qui s’exerçaient. Nous avons ainsi constitué une « distribution » d’une quinzaine de personnes du patron de café au porteur, du placeur à la « gardeuse » de poissons11.
7Dans L’Humanité, le 8 octobre 196912, Gérard Chouchan explicite son souci documentaire, sa volonté de constituer ce qu’il nomme des « archives » de la capitale.
[...] Au moment où [les Halles] allaient disparaître, il était encore possible d’en fixer les images, de s’assurer des éléments indispensables pour les archives d’une grande ville.
8Gérard Chouchan a accepté de nous parler de son travail13 : le choix du sujet, relève autant, nous a-t-il expliqué, d’un intérêt pour une question sociale contemporaine que d’un choix personnel. Originaire du quartier des Halles, juif français, Chouchan se sent concerné par cet univers qui finit. Il a le souci de conserver les traces de la vie des Halles, il veut que subsiste une « trace des gens ». Il entend restituer la mémoire d’un monde qui ne sera plus.
9Le travail de recueil de la parole des gens a été facilité par l’imminence du déménagement qui a encouragé certains des travailleurs des Halles à donner leur témoignage. Les conditions matérielles de réalisation du documentaire dans les années I960 sont favorables. L’usage de la caméra Coûtant, accompagnée du magnétophone, permet de pénétrer facilement à l’intérieur des pavillons. Les nouvelles pellicules avec émulsions en noir et blanc permettent de filmer la nuit, ce qui, dans le cas des Halles de Paris, est indispensable14. Les habitants du « Ventre de Paris » ont bien accepté la présence de la télévision sur les lieux15.
10Au moment de sa sortie, le documentaire a pu être visionné par la population des Halles qui l’a apprécié16. En revanche, sa diffusion auprès du grand public est restée relativement limitée. Elle se déroulait, en effet, en même temps qu’un Dossier de l’écran exceptionnel, réunissant les astronautes américains qui avaient débarqué sur la lune.
11La presse contemporaine, qui a consacré un petit nombre d’articles à ces documentaires, est cependant sensible à leur qualité et aux intentions des réalisateurs qu’elle commente et salue. Elle apprécie en particulier le rôle documentaire de la télévision qui, par-delà le pittoresque, devient un instrument d’observation, de connaissance spécifique d’un univers mal connu dans la réalité. Ainsi Robert-G. Challon écrit-il dans Le Figaro :
La télévision est un merveilleux appareil d’enregistrement. Elle possède désormais dans ses archives un document qu’on ne pourra plus remanier17.
12Dans L’Humanité, Jean Barenat en souligne la « valeur documentaire ». La première partie du document, consacrée au Marché, filme et raconte les lieux, le Carreau des Halles en activité, la nuit, les personnages principaux du marché, leurs métiers, leurs activités, leurs gestes au travail. Elle nous montre un espace de travail organisé en fonction des lieux, des spécialisations des métiers. « Et c’est avec les gens des Halles que nous sommes partis à la recherche du temps perdu. Notre récit est collectif ; il est de mémoire d’homme ». La musique légèrement nostalgique tend à souligner qu’il s’agit d’une époque qui s’achève.
13Le film débute par une série de plans sur l’architecture de fer des douze pavillons ; si celle-ci est présente, il nous faut, cependant, remarquer qu’elle ne constitue qu’un décor18 vis-à-vis de ce qui est ici l’essentiel : la vie des travailleurs des Halles. La sensibilité à la beauté de l’architecture de fer du xixe siècle est moins marquée qu’elle ne l’est à partir des années 1980.
14L’organisation du Marché des Halles se déploie au fil de la nuit dans ce qui est une organisation du temps, de la nuit et des lieux. Les Halles sont le territoire vers lequel convergent tout au long de la nuit les charrettes des maraîchers, les livraisons de viande acheminées depuis les gares, les camions des routiers et les guimbardes des maraîchers. Elles sont donc au centre d’une circulation, d’un mouvement incessant et concurrentiel que le film restitue. Derrière un apparent désordre se cache une forte organisation qui répond aux nécessités économiques de ce qu’il faut analyser comme un marché au sens fort du terme. Gérard Chouchan explique :
C’est ainsi que nous avons pu nous livrer à une sorte d’anatomie du marché, montrer un fonctionnement rigoureux et l’ordre qui se cachait derrière un gigantesque désordre apparent19.
15La deuxième partie de l’émission s’attache davantage aux rapports humains à l’intérieur de ce que les réalisateurs présentent comme une communauté, une « ville dans la ville ». Chacun des personnages choisis explique comment il est arrivé dans l’univers des Halles, dans une trajectoire qui est à la fois individuelle et sociale. Ce second volet est véritablement le résultat du travail d’approche et de contacts effectué par Gérard Chouchan et Daniel Karlin. Il démontre que, tout en conservant une certaine distance préservant l’intimité des personnages, la télévision leur a permis de se découvrir, dans leurs itinéraires personnels au sein de la collectivité des Halles.
Les temps, les lieux et les métiers
16Les Halles vivent dans une unité de temps qui confère un cadre général à l’organisation, le cadre de la nuit : c’est ce qu’explique une voix off solennelle qui donne une clef de compréhension de cette organisation. L’ensemble des marchandises doit être livré, traité, et vendu avant le matin.
17La nuit est l’unité de temps du marché. On savait qu’au matin Paris allait exiger place nette. Les livraisons des marchandises périssables doivent être faites le plus rapidement possible, au meilleur endroit, de sorte qu’elles soient vendues au meilleur prix. Il y a donc concurrence pour avoir des « bonnes places ».
18Un à un, chacun des personnages de la « distribution » mentionnée par Gérard Chouchan entre en scène, raconte son travail, explique le contenu du métier qu’il exerce. Chacun des protagonistes est « arrivé » à une date précise aux Halles ou ce sont ses parents qui y sont « arrivés » : les Halles représentent donc un quartier où l’on arrive et où l’on s’enracine pour la vie ; certains y ont passé de trente à cinquante ans de leur vie. Plus ancienne est la date, plus grands sont la fierté et le sentiment d’appartenance. Chacun raconte le cadre collectif des Halles, mais dans cette histoire collective, Marius occupe une fonction spéciale de sociabilité. Marius tient « La médaille d’or », le café situé en face du pavillon de la marée. Son père est arrivé aux Halles en 1893 et lui-même dit y « être né », ce qui lui confère une autorité morale. Il tient l’un des lieux de la vie collective et occupe donc un poste d’observateur privilégié pour la narrer, le sourire aux lèvres. Il offre même son café, où il dispose de cinquante paillasses, comme dortoir à celles et ceux (hommes et femmes) – « les deux cas », dit-il – qui veulent dormir une heure ou deux dans la nuit... Une poissonnière le confirme : « J’ai vu garder mon corset du mardi au dimanche... on dormait quatre à cinq heures par jour en deux-trois fois ».
19Les Halles sont remplies de métiers spécialisés et de petits métiers dont les termes doivent être expliqués et traduits : « approvisionneuse, gardeuse20, tasseur, fort, renfort, porteur, commissionnaire, mandataire ». Tous concourent à l’organisation générale. Chaque métier a son histoire, ses pratiques et ses gestes que le documentaire révèle soit au travers de scènes filmées dans le marché, soit en demandant aux travailleurs de les refaire pour le téléspectateur. Le caractère des scènes (réelles ou reconstituées) n’est pas établi de façon explicite. Il est cependant possible de les distinguer, en particulier parce que les scènes filmées dans les pavillons sont moins bien éclairées que celles qui sont reconstituées. Le documentaire établit une sorte de catalogue de métiers spécialisés dont certains, en raison de la mécanisation, n’existeront plus à Rungis.
20Depuis 1918, Irène Cardon est « approvisionneuse ». Elle vend des produits comme les oignons achetés aux maraîchers : la caméra opère alors un travelling sur les oignons. Suzanne est la plus ancienne vendeuse d’Irène Cardon ; Fouk est maraîcher ; il vend lui-même ses légumes depuis trente ans.
21Dédé fait office de conteur dans le documentaire (fig. 1). Dédé était « tasseur » ; il montait des tas de légumes (en bottes et en vrac). Depuis 1948-1950 son métier a évolué et il charge maintenant des sacs tout faits de marchandises (2 800-3 000 boîtes à l’heure « pour que ça devienne rentable »). Il narre l’histoire et les légendes des Halles. Les charretiers arrivaient avec leurs chevaux « le cheval arrivait alors que le gars dormait » : cette scène bien connue évoque Le Ventre de Paris de Zola21. Dédé raconte comment, un jour, il a été englouti sous les navets. Mais les réalisateurs ne se laissent pas aller au pittoresque et opèrent un retour vers le quotidien. Une scène de déchargement d’un camion montre qu’il s’agit à la fois d’un travail de force et d’adresse (les sacs lancés d’homme à homme passent dans une chaîne de déchargement). On repère des types de travailleurs, des visages. Dédé explique qu’il s’agit d’un travail de « brute ».
22Les pavillons de la viande sont décrits à travers les personnages du conducteur de chevaux et des routiers qui acheminent la viande vers les Halles, des mandataires qui travaillent pour le compte des expéditeurs de province et des forts qui déchargent les quartiers de bœuf (fig. 2).
23Doucet était « meneur de viande » : il a été conducteur de chevaux depuis l’âge de seize ans (en 1920). Véritable « patron des Halles » à son époque, portant la casquette avec assurance, il explique comment il récupérait en gare la viande venue de province puis la livrait aux Halles (fig. 3). À partir de 1934, il y a eu concurrence entre le transport par chevaux et celui par camions jusqu’à ce que les camions écartent les charrettes. Mais la concurrence parmi ceux qui arrivent sur les Halles pour être les premiers à livrer leurs marchandises et à les vendre s’est maintenue. Les pavillons de la viande sont dominés par les personnages des mandataires et des forts (fig. 4). Sortes de patrons des lieux, les « mandataires » sous les pavillons vendent pour le compte des expéditeurs de province en prélevant une commission au passage. Ainsi, Louis Delprat, arrivé depuis 1915, « est-il le plus ancien des mandataires de la viande ».
24Ce sont les forts des Halles22 qui font le Carreau. Les forts représentent l’élite du marché. Le film nous apprend que pour devenir fort23, il fallait passer un concours, après en avoir fait la demande à « Monsieur le Préfet de police ». Il faut alors porter deux cents kilos sur une cinquantaine de mètres, passer les épreuves de dictée (avec une note éliminatoire) et d’arithmétique. Les gros contingents sont fournis par les « pays pauvres » : Savoie, Auvergne, Limousin : « Le Savoyard était pauvre, il venait en France, c’est-à-dire à Paris et les Auvergnats également »24.
25Le documentaire présente ces hommes qui alimentent une sorte de mythologie ; chacun se plaît à évoquer ses exploits et ses records chiffrés. Deprat parle des « Hercule ». Une équipe de forts chargeait jusqu’à mille/deux mille bœufs par nuit : « Un veau de soixante-dix kilos », il l’a pris dans ses bras et il a pris le flanchet du veau dans les dents ». Monsieur de Cottigny, dit Coco, est fort des Halles. Il pesait plus de cent quarante kilos, son « poids de croisière ». Confirmé par Marius, le bistrotier « J’ai vu manger une calotte de tripes de trois kilos. Un autre pouvait manger jusqu’à cent huîtres en salade ». Les forts ont une fonction d’organisation du déchargement. Avant l’arrivée des « approvisionneurs », ils délimitent des surfaces de sol à la craie. Il n’y a pas de place attitrée. La chaussée devient ainsi le « Carreau » ; « on prend le métrage » et chaque mètre carré de sol prend ainsi son prix, devient une surface de vente où les marchands déposent leurs étalages de fruits et de légumes. De plus, chaque nuit, les forts embauchent des travailleurs comme « renforts » pour décharger les marchandises. Une scène montre une file d’hommes dans l’attente d’une embauche (on repère des visages de travailleurs souvent très marqués par la fatigue, des Algériens...).
26Les réalisateurs ont choisi de représenter les forts comme des figures nobles et idéalisées. Le documentaire occulte les aspects violents et sales de leur travail tels qu’on peut les observer dans d’autres documentaires25 ou reportages26, avec leurs blouses maculées de sang... Une séquence montre comment, selon la tradition, le fort, coiffé de son grand chapeau, porte sa hotte chargée, et quel effort quasi surhumain il accomplit : il traverse une salle avec un chargement. Il serre les coudes pour maintenir le poids de la hotte appuyée sur son dos « Serre les coudes-Ça va-Serre les coudes. Ça va... » La scène est éprouvante. Les réalisateurs font jouer un rôle à leurs personnages, comme s’ils étaient des acteurs en représentation. Cette forme donnée au documentaire faisait, dans les années I960, l’objet de débats importants chez les réalisateurs entre « ceux qui sont partisans de faire jouer à leurs interlocuteurs leurs propres personnages et ceux qui y voient une perversion »27. Aucune image ne suggère non plus la violence du sang et la saleté. Dans les pavillons de la viande, ses quartiers bien alignés sont présentés en plongées.
27Après l’arrivée de la viande, les deux pavillons de la marée entrent à leur tour en activité, une heure après l’ouverture du Carreau. Les pavillons de la marée sont le domaine des « Dames de la Halle ». Elles aussi alimentent une légende. La viande est le domaine des Hommes, le poisson est le leur. Elles ont un pouvoir et une réputation à tenir, une image à laquelle se conformer. Elles revendiquent un style, une langue « entièrement libre ». Ainsi, Madame Mansard (83 ans) explique-t-elle en s’amusant : « Quand les gens n’achetaient pas, on disait des choses désagréables ». Les dames du poisson illustrent la dualité qui constitue les Halles comme un monde différent des autres quartiers. Au-dedans les poissonnières vivent, assez fières, libres « On a la réputation de parler haut ». Elles sont du peuple et le revendiquent « On n’est pas au faubourg Saint Honoré là ! » mais elles expliquent comment, au-dehors, il est recommandé de « ne pas dire que t’es au poisson » (fig. 5).
28Jeannette est « gardeuse » depuis 1923. La gardeuse surveille un bout de trottoir où les poissonniers, après avoir acheté le poisson, viennent s’approvisionner car ils n’ont pas le droit d’emporter directement la marchandise. Catherine est la « doyenne des gardeuses ». On aperçoit ici le rôle de l’âge et l’importance de l’ancienneté dans les Halles. Autre personnage, Marie-Louise, poissonnière au détail à Aubervilliers, arrivée en 1918, achète tous les jours au détail. Elle fait ce métier pour améliorer l’ordinaire de la famille et offre l’image d’une mère de famille classique.
29La vente démarre à quatre heures du matin avec le face-à-face des acheteurs et des vendeurs. C’est le moment le plus important de la nuit, moment fondamental dans la vie du marché, qui conditionne l’ensemble des autres. La vie du Carreau est soumise aux contraintes des produits périssables. Le marché vit au rythme des fluctuations économiques, sociales et climatiques. Il accompagne la vie du peuple. L’évocation des événements historiques est l’occasion pour les travailleurs de se remémorer des anecdotes... Pendant la crise de 1929, le marché était envahi par les tas de marchandises invendues. En 1936, le marché a fait grève pendant cinquante-trois jours. Pendant la guerre, il a connu les privations, le marché noir, mais aussi certains moments de solidarité avec les juifs déportés... Certaines périodes sont plus difficiles, comme les moments de crise (1929), d’agitation sociale (1936, 1968), la guerre. Les Halles vivent au rythme des travailleurs, des fins de mois difficiles.
30Gérard Chouchan filme le « trou », l’endroit où l’on jette les marchandises (en particulier le poisson) que l’on ne peut plus consommer. Celui-ci est un véritable instrument de régulation (fig. 6). « On a déversé, en 1968, 943 tonnes de poisson selon les informations de la Préfecture de la Seine ». Ce point est abordé avec discrétion par Gérard Chouchan. Il touche à un aspect un peu secret de la vie économique du marché28 puisque, dans la réalité, le réalisateur savait qu’on jetait dans le trou des marchandises non avariées, afin de maintenir les prix29.
31À la fin de la première partie, le documentaire livre avec humour les petits secrets du quotidien des Halles, les injures proférées vis-à-vis de ceux qui n’achètent pas, les scènes de marchandage, la débrouille (« ici faut se défendre »), les ruses pour vendre le dessus et le dessous de la marchandise, les veaux gonflés, soufflés ; on vend une raie en faisant croire qu’il s’agit d’un turbot ; on annonce la tempête pour faire monter les cours. Tous ces éléments du vécu attestent la qualité de l’enquête menée par les réalisateurs.
32À cinq heures du matin : l’arrivée des routiers mettait les Halles en « état de siège ». Au lever du jour le marché s’achève. Tout un petit peuple vient s’approvisionner puis laisse place aux camions des éboueurs, aux voitures de nettoiement et aux balayeurs.
Des vies mises en histoire
33La première partie du documentaire montre les Halles comme un noyau économique, un nœud d’activités organisées, répétées de jour en jour selon un emploi du temps et avec des fonctions très réglées. La deuxième partie, elle, se situe juste avant et immédiatement après le déménagement des Halles. Elle s’intéresse aux gens, à leurs trajectoires sociales et individuelles ; elle dessine les contours d’un espace défini comme « une ville dans la ville »... Discrètement, en toile de fond, une affiche à moitié déchirée signale qu’il existe un mouvement de contestation de cette fermeture puisqu’on peut lire « Rénovation des Halles ; douze mille déportés ». La fermeture a provoqué une prise de conscience des habitants des Halles, elle les a encouragés à exprimer ce qu’a été leur vie dans le quartier : « Les Halles, c’est aussi une manière de vivre ! ».
34Les réalisateurs, soucieux de montrer la convivialité du marché, réunissent leurs personnages le dernier jour des Halles, dans le bistrot de Marius... Les femmes entonnent des chansons des Halles. Tous boivent du Champagne. Nous reconnaissons, assis autour des tables, les divers personnages rencontrés dans le documentaire. L’atmosphère joyeuse mais nostalgique suggère qu’une époque s’achève.
35Cette partie touche l’intimité des travailleurs des Halles. La caméra filme en plans rapprochés les visages. Pourtant Gérard Chouchan et Daniel Karlin ont eu à cœur de maintenir une certaine distance afin de préserver l’intimité.
36Chacun explique comment il est « arrivé aux Halles », souvent très jeune. Les itinéraires soulignent les origines populaires, la difficulté à trouver du travail. Que ce soit le fils de mineur qui a voulu échapper à la mine, Dédé qui avait une formation de tailleur mais qui est devenu tasseur, le sculpteur sur bois de l’École Boulle, un peintre de voiture atteint par la crise de 1929. Les Halles représentaient pour tous une possibilité de trouver du travail. Elles représentent aussi une possibilité de vivre en marge, dans un monde, celui de la nuit, qui ne partage pas toutes les normes du reste de la société. Ainsi, la possibilité de l’anonymat est-elle respectée pour les anciens repris de justice car il est de tradition, aux Halles, de ne pas poser de question sur le passé des gens. Aux Halles, la pratique des surnoms permet à ceux qui sont « mal vus », « emmerdés par la police » de vivre sans être inquiétés. Le tasseur, qui a occupé une place centrale dans le documentaire, confie que Dédé n’est pas son vrai nom. S’il est souvent mal vu de travailler aux Halles, c’est parce que certains y cachent des itinéraires douteux. Ceci concerne en particulier les « porteurs » qui sont des travailleurs indépendants. Il suffit de demander une médaille de porteur au préfet de police.
37Nombreux aussi sont ceux que les forts embauchent comme « reforts » afin de travailler une nuit (fig. 7). Les Hales sont « un refuge temporaire pour les gens à la recherche de travail ». Elles leurs permettent de se sentir « un peu chez eux ». Elles sont aussi une solution pour tous ceux dont le salaire n’est pas suffisant et offrent un deuxième emploi, non déclaré, la nuit (douze heures) à des employés des chemins de fer, des cantonniers, des ouvriers. En 1969, la situation semble avoir évolué et ces emplois sont souvent occupés par des étudiants qui ont besoin d’argent pour poursuivre leurs études.
38Les conditions de travail sont physiquement très éprouvantes. Le bruit est permanent. Les porteurs, que l’on voit traverser l’écran en tirant à bras leurs charrettes, travaillent encore à soixante-dix ans (fig. 8). Les travailleurs des Halles ne dorment que très peu la nuit. Comme le dit l’un d’entre eux, « On n’use pas beaucoup les draps ! ». Dédé explique « qu’il ne s’occupait pas beaucoup de sa bonne femme, je filais le pognon ». la maladie frappe et l’on peut apprendre la mort d’un travailleur de phtisie..., par hasard, car on se connaît peu : « t’apprends deux-trois mois après qu’il est mort ». Certains ne tiennent qu’avec de l’alcool et des amphétamines (Maxiton). Gérard Chouchan et Daniel Karlin filment des séries de visages d’ouvriers en train de boire des ballons de vin rouge ou du Calvados au comptoir de « À l’orée des Halles », « À la marée » : tous expliquent que « ça aidait à tenir le coup », qu’il fallait « un coup de feu »...
La ville dans la ville
39La question est donc de comprendre pourquoi, comme nous l’avons vu à travers le documentaire, les travailleurs sont attachés à ce lieu, pourquoi l’ambiance peut y être joyeuse.
40L’explication fournie, là encore par des travailleurs qui s’expriment individuellement, et suggérée par les réalisateurs, tient au fait que ce travail est plus « libre qu’un travail d’atelier » et comme le dit l’un d’entre eux « La liberté, ça n’a pas de prix »... Les Halles ne connaissent pas la hiérarchie classique mais une organisation des tâches. Contre toute attente, les travailleurs des Halles affirment « qu’ils aiment leur travail », qu’ils en sont fiers. Ainsi, Dédé parle-t-il de la « beauté du carreau de Montesson » avec les couleurs des légumes panachés rouge, blanc et vert.
41En outre, le voisinage des quartiers de la prostitution avec la rue Saint-Denis, la rue Quincampoix, est considéré comme un avantage : « il y a tout ce qu’il faut ! Tout le matériel voulu ! Y avait des femmes qu’on ne pouvait pas en avoir ». Tous, hommes et femmes, signalent le plaisir d’être aux Halles, la joie d’arpenter les rues, d’« être de la rue ». Tous signalent l’« ambiance » liée à tous les plaisirs : manger, boire, « rigoler », qu’ils disent ne pas retrouver dans un autre environnement.
42Ces différents caractères font des Halles un espace social aux frontières d’autres espaces sociaux ; une « ville dans la ville »30 un « territoire dont on s’éloignait difficilement ; une fois adapté à cette vie, on avait peine à s’en détacher » : les expressions appartiennent au commentaire exprimé en voix off et représentent le point de vue des réalisateurs. Cette « ville dans la ville » attire vers elle un peuple de la misère, des provinciaux qui « montent » avec espoir dans la capitale, des pauvres en quête de nourriture. Elle n’autorise que très peu l’ascension sociale. Ceux qui travaillent aux Halles y trouvent une solution économique à leurs problèmes.
43Le dernier marché et le départ pour Rungis, le 28 février 1969, représentent une fin radicale. 18 000 personnes travaillaient aux Halles. Toutes ne sont pas réembauchées. Beaucoup, qui ont travaillé trente ou cinquante ans, ne trouveront plus leur place à Rungis dans un nouveau lieu plus moderne, plus mécanisé où disparaîtront un certain nombre de tâches. Chacun imagine que Rungis n’offrira pas la même façon de besogner, le même esprit d’indépendance, l’atmosphère de la rue de Paris la nuit à laquelle tous expriment leur attachement. Le documentaire s’achève sur le départ des porteurs pour Rungis et l’arrivée vers les nouveaux pavillons et les autoroutes au petit matin.
44Ce documentaire appelle à réfléchir sur la mémoire des lieux et sur celles des Halles comme espace de la mémoire populaire. Gérard Chouchan et Daniel Karlin tirent les conclusions de leur enquête auprès des gens des Halles :
Jusqu’au bout, peut-être sans le savoir, les gens des Halles ont résisté à leur manière. Pour un grand nombre d’entre eux, il était difficile d’accepter l’idée de ce départ.
45Les travailleurs des Halles constituent un groupe, par-delà les écarts sociaux, les différences des métiers et des sexes. Ce collectif s’est constitué dans l’histoire, dans la fonction de nourrir la capitale. Dans les pavillons de Baltard tous ont mené une vie particulière, séparée et marginale vis-à-vis de celle des autres quartiers de la capitale. Nous citerons les analyses du sociologue Maurice Halbwachs qui s’est intéressé aux rapports entre « La mémoire collective et l’espace »31 :
Lorsqu’un groupe humain vit longtemps en un emplacement adapté à ses habitudes, non seulement ses mouvements mais ses pensées aussi se règlent sur la succession des images matérielles qui lui représentent les objets extérieurs. Supprimez maintenant, supprimez partiellement ou modifiez dans leur direction, leur orientation, leur forme, leur aspect ces maisons, ces rues, ces passages, ou changez seulement la place qu’ils occupent l’un par rapport à l’autre. Les pierres et les matériaux ne vous résisteront pas. Mais les groupes résisteront, et en eux c’est à la résistance même sinon des pierres, du moins de leurs arrangements anciens que vous vous heurterez [...]32.
46Le « ventre de Paris » est un monde à l’identité affirmée. Bien circonscrit, il n’est pas un lieu clos. Il est au cœur des mouvements et des pulsations économiques de la capitale. Ceux qui y arrivent s’y adaptent car les Halles sont un monde ouvert à ceux qui en ont besoin, qui a une capacité d’acculturation. Le documentaire a développé l’idée que les Halles conservent une mémoire se transmettant d’homme à homme à travers les générations qui y ont vécu et que le déménagement représente une fin et une rupture dans cette histoire.
47Les réalisateurs ont réussi, par ce récit individuel et collectif, à faire œuvre de mémoire puisque leur film est aujourd’hui reconnu pour sa valeur patrimoniale. Il a été projeté, les 18 et 19 septembre 1999, lors des journées du patrimoine par L’Institut national de l’Audiovisuel. Il est édité en cassette^33 et donne lieu à des analyses pédagogiques sur le patrimoine. Il fait également l’objet de programmes pédagogiques d’histoire animés par le Centre national de la documentation pédagogique. Il remplit donc la fonction souhaitée par ses auteurs de transmettre la mémoire de l’un des plus vieux quartiers de Paris.
Notes de bas de page
1 Louis Chevalier, L’Assassinat de Paris, Paris, Calmann-Levy, 1977, p. 234.
2 Christian Michel, Les Halles, la renaissance d’un quartier, 1966-1988, Paris, Masson, 1988 ; Pierre-François Large, Des Halles au Forum, Métamorphoses au cœur de Paris, Paris, L’Harmattan, 1992.
3 André Fermigier, La Bataille de Paris, des Halles à la pyramide, Paris, Le Débat, 1991.
4 Gérard Chouchan est né en 1934. Il a travaillé pour la série Les Femmes aussi d’Éliane Victor, a collaboré à La Caméra explore le temps. Cf. Christian Bosséno, « 200 téléastes français », Cinéma Action, n° hors série, 1989.
5 Daniel Karlin, né en 1941, est entré à la télévision en 1964 comme assistant réalisateur. Il travaille ensuite pendant cinq ans comme coauteur, assistant et journaliste avec Gérard Chouchan pour la série Mémoires d’un vieux quartier, Les Halles (1969).
6 Sur l’engagement des réalisateurs communistes, cf. Isabelle Coutant, « Les réalisateurs communistes à la télévision, L’engagement politique : ressource ou stigmate », Sociétés & Représentations, n° 11, février 2001, p. 351-378.
7 Jacqueline Beaulieu, « Le documentaire à la télévision », in La grande aventure du petit écran, Paris, INA/BDIC, 1997, p. 156.
8 Gérard Chouchan, Les Halles, le marché, documentaire 1969, noir et blanc, lh06mn VDP 25 et Les Halles, La vie ancienne, documentaire 1969, noir et blanc, lh05mn VDP 26. Ces documents sont consultables au Forum des images.
9 Le Parisien, 8 octobre 1969.
10 Ibid.
11 « Les mémoires des Halles », L’Humanité, 8 octobre 1969.
12 Ibid.
13 Entretien d’Evelyne Cohen avec Gérard Chouchan le jeudi 17 mai 2001.
14 Ce point a été souligné par Gérard Chouchan. Voir aussi à ce sujet Jacqueline Beaulieu, « Le documentaire à la télévision », loc. cit., BDIC/INA, 1997, p. 157.
15 Témoignage de Gérard Chouchan.
16 Gérard Chouchan insiste sur cette nécessité de ne pas « trahir » la confiance.
17 « Mémoires d’un vieux quartier », Le Figaro, 9 octobre 1969.
18 Rares, à l’époque, sont les contemporains qui, comme André Fermigier, insistent sur l’importance de l’architecture des Halles de Baltard. André Fermigier « , La mort de Paris », in La Bataille de Paris..., op. cit., et Le Nouvel Observateur, 17 mai 1967, p. 39 : « [...] Les marchandises et les marchands s’en vont. Il reste l’architecture des Halles, les pavillons construits par Baltard, qu’on a pris l’habitude d’à peine regarder tant ils avaient justement le mérite de s’intégrer harmonieusement à la physionomie du quartier, mais qui n’en sont pas moins une des plus belles réussites de l’architecture métallique du xixe siècle. Promenez-vous un jour à l’intérieur de ces pavillons et vous verrez une forêt d’arcs d’un charme, d’une agilité, d’une décence qui vous feront assurément regretter la prochaine disparition ».
19 « Les mémoires des Halles », L’Humanité, 8 octobre 1969.
20 La gardeuse était chargée de surveiller la marchandise de l’acheteur jusqu’à ce qu’il vienne la récupérer, une fois sa tournée des Halles terminée.
21 Émile Zola, Le Ventre de Paris, Paris, Gallimard, Coll. « Folio », 1991, p. 31 : « [...] Et les chevaux allaient tout seuls, la tête basse, de leur allure continue et paresseuse, que la montée ralentissait encore ».
22 On peut confronter et comparer la description des forts de Gérard Chouchan et celle de Robert Lageat Des Halles au Balajo, Paris, Les Éditions de Paris, 1993, p. 31.
23 On compte sept cents forts dans les Halles de Paris avant leur déménagement.
24 L’expression est intéressante par l’équivalence établie entre Paris et la France.
25 Cf. en particulier, Marie-France Slegler, La dernière nuit des Halles, film amateur (1970), 14mn, VDP 2156. Consultable au Forum des images.
26 Jean-Charles Lagneau, Le Ventre de Paris, série Soixante millions de Français, Documentaire, 1965, noir et blanc, 39mn, VDP 2931.Consultable au Forum des images.
27 Jacqueline Beaulieu, « Le documentaire à la télévision », loc. cit., p. 157.
28 Entretien avec Gérard Chouchan.
29 Ibid.
30 Elle appartient à une tradition des quartiers de Paris quand ils ont une identité marquée. Sur les Halles comme « ville dans la ville », cf. Simone Delattre, Les douze heures noires : la nuit à Paris au xixe siècle, Paris, Albin Michel, Coll. « L’évolution de l’humanité », 2000, p. 213-214.
31 Maurice Halbwachs, La Mémoire collective, édition critique établie par Gérard Namer, Paris, Albin Michel, 1997 (1ère éd. 1950), p. 200-201.
32 Ibid., p. 200.
33 Mémoire d’un vieux quartier : les Halles, Coll. « Civilisations et faits de société », Voir et savoir, Institut National de l’Audiovisuel.
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