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L’arme carmélitaine de la diplomatie gaulliste : l’amiral Georges d’Argenlieu, carme et plénipotentiaire de la France libre au Canada en 1941

p. 243-254


Texte intégral

1Pendant la Seconde Guerre mondiale, le duel entre Pétain et de Gaulle pour acquérir la reconnaissance internationale la plus large possible suit des voies singulières au Canada. Ce Dominion britannique et la France entretiennent des liens particuliers, fruits d’une histoire et, pour certains locuteurs, d’une langue commune. Le pays compte en effet une importante communauté de trois millions de « Canadiens français », héritiers de la Nouvelle-France. En 1939, l’entrée en guerre d’Ottawa aux côtés de Londres a partagé l’opinion entre anglophones, favorables à l’engagement, et francophones, davantage partisans de la neutralité. Ce clivage se retrouve dans la perception de la France après la débâcle et l’armistice de juin 1940. Les Canadiens-anglais accueillent avec bienveillance l’appel du général de Gaulle à poursuivre la lutte. Quant aux Canadiens français, et tout particulièrement les Québécois, ils se rangent en faveur du maréchal Pétain1. La sympathie manifestée pour la Révolution nationale repose sur un mobile original, car religieux. En effet, la politique suivie par l’État français en matière de relations avec l’Église est perçue très favorablement par l’opinion « clérico-nationaliste2 » du Québec, déjà sensible aux thèses de l’Action française pendant l’entre-deux-guerres3. Pour comprendre l’attentisme québécois, le facteur confessionnel est donc fondamental.

2 Bien consciente de cette spécificité canadienne, la France libre essaie de concurrencer Vichy dans ce domaine afin de sortir de l’isolement. Dès le 1er août 1940, le général de Gaulle s’adresse à la radio directement aux Canadiens français, en expliquant que « l’âme de la France appelle votre secours4 ». Il excipe même de sa foi catholique, ce qui est un argument exceptionnel chez un homme veillant avec un soin tout particulier à confiner la religion dans la sphère privée5. Mais les réactions à ce discours habile sont décevantes, car il ne fait guère évoluer l’opinion locale. De Gaulle décide alors d’envoyer sur place des missionnaires susceptibles de prêcher la cause de la croix de Lorraine et de parler à la conscience des Canadiens français. Il choisit successivement Élisabeth de Miribel et Georges Thierry d’Argenlieu, deux personnalités marquées par le Carmel qui, pour reprendre une formule de Jean Lacouture, « passèrent [...] du cloître à [la France libre], ou réciproquement, comme si les choses allaient de soi6 ».

3La manière dont le mouvement gaulliste essaie d’infléchir en sa faveur l’opinion canadienne relève incontestablement de la diplomatie religieuse. Dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, elle illustre donc un aspect spécifique de l’action culturelle de la France au xxe siècle. On se souvient de la célèbre boutade de Staline sur le nombre des divisions du pape. Pourtant, les deux mois passés par d’Argenlieu au Canada en attestent : « l’arme carmélitaine » peut s’avérer redoutable.

4Une approche chronologique fait ressortir trois temps. Il s’agit tout d’abord de revenir sur les conditions dans lesquelles le mouvement gaulliste tente de s’implanter au Canada, pour montrer ensuite en quoi la nomination de d’Argenlieu est à la charnière de considérations diplomatiques et religieuses. Enfin, l’étude de sa mission permet de saisir la manière dont l’émissaire de Londres utilise le message carmélitain pour présenter la France libre. Les archives privées représentent un vecteur privilégié pour apprécier les modalités de cette action d’influence. Les papiers d’Élisabeth de Miribel, déposés à la Fondation Charles de Gaulle, ceux de l’amiral d’Argenlieu, conservés aux Archives nationales ou encore en possession de sa famille, sont les deux principaux gisements. Quant au fonds Savary au Centre d’histoire de Sciences Po, il apporte d’utiles compléments. Cette documentation a été mise en perspective avec des dépouillements réalisés à la fois dans les archives publiques (Archives nationales et diplomatiques) et religieuses (archives de la province de Paris de l’ordre des Carmes).

La difficile implantation du mouvement gaulliste au Canada

5En juin 1940, l’armistice de Rethondes a placé le Canada dans une situation inconfortable. Malgré la modestie de ses forces militaires, le pays devient, jusqu’à l’entrée en guerre de l’URSS l’année suivante, le principal allié du Royaume-Uni. Néanmoins, le Dominion a conservé des relations diplomatiques avec Vichy. Ainsi, la légation française d’Ottawa, fidèle à Pétain, n’a pas été fermée7. Et, si son ministre à Paris, Georges Vanier, a quitté la France, le Canada est représenté sur les rives de l’Allier par un chargé d’affaires, Pierre Dupuy. Ce dernier, diplomate d’un pays du Commonwealth en poste dans un État avec lequel le Royaume-Uni a rompu tout lien officiel, s’avère un relais précieux pour les échanges officieux entre Londres et Vichy8. Par son intermédiaire, le Canada devient, selon le mot de Churchill, « la fenêtre sur une cour à laquelle aucune porte ne nous livrait accès9 ».

6Ce contexte diplomatique particulier n’est pas le seul élément qui explique les difficultés rencontrées par le mouvement gaulliste pour s’implanter en Amérique du Nord. Les comités de la France libre, nés spontanément, sont minés par les conflits internes. En outre, le premier représentant du général de Gaulle, le docteur William Vignal, n’est pas à la hauteur de la situation. Il s’est en fait imposé, car il a été le premier notable français du Canada à rallier à la France libre. Mais il entretient des relations exécrables avec le reste de la communauté française. Il affronte par exemple l’hostilité farouche du vicomte Roger de Roumefort, le directeur général du Crédit foncier franco-canadien, qui intrigue depuis Montréal pour le remplacer10. En témoin privilégié, le professeur Auguste Viatte, titulaire de la chaire de littérature française à l’université Laval, qui, dans les années 1920, a participé aux Équipes sociales de Robert Garric, avance une autre explication à ces difficultés. Selon lui, la confession protestante de Vignal et celle de sa femme, une orthodoxe roumaine, ne facilitent guère ses rapports avec une société canadienne-française massivement catholique11.

7Cette situation déjà confuse a été compliquée par la décision du général de Gaulle d’envoyer sur place Élisabeth de Miribel comme émissaire officieux. L’action de l’arrière-petite-fille de Mac-Mahon, qui a dactylographié l’appel du 18 juin, n’est pas en cause. Au contraire, d’après Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Élisabeth de Miribel réussit l’« un de ces triomphes de la foi et de l’énergie qui donnent une tonalité d’exception à l’histoire de la France libre12 ». Soutenue tout au long de sa mission par le dominicain Marie-Alain Couturier, elle noue très vite de fructueux contacts dans la société canadienne, en particulier avec Georges Vanier et son épouse, ses « parents adoptifs » comme elle les appelle dans ses mémoires13. À peine débarquée au Canada, la jeune femme se heurte aux querelles locales, d’autant que les termes de sa mission, vagues et imprécis, accentuent encore l’inimitié entre Roumefort et Vignal. Ce dernier l’attaque sur sa jeunesse ou sur le fait qu’il n’est guère « le rôle d’une femme de venir contrôler ce que nous faisons au Canada pour en rendre compte au général de Gaulle14 ». Par conséquent, à la fin de l’année 1940, le bilan pour la France libre au Canada est bien maigre. Dans un rapport envoyé à Londres, Élisabeth de Miribel reconnaît que le mouvement piétine en raison des rivalités internes, tandis que le représentant de Vichy gagne du terrain. Elle réclame donc à Carlton Gardens15 l’envoi d’une personnalité étrangère aux querelles locales, mais avec un profil particulier, car « pour rallier l’opinion canadienne-française, cet émissaire devrait adopter d’emblée une position anti-nazie fondée sur des arguments religieux16 ».

Les ambiguïtés de l’émissaire désigné

8À la mi-décembre, le général de Gaulle désigne un officier de marine qui jusqu’alors commandait les Forces navales françaises libres (FNFL) en Afrique équatoriale française (AEF), le capitaine de vaisseau Georges Thierry d’Argenlieu. Comme le montre le parcours de ce dernier, cette décision n’est pas dénuée de toute considération spirituelle, bien au contraire17. L’homme est né en 1889 à Brest dans une famille où l’on se consacre traditionnellement à Dieu et à la France. Il incarne d’ailleurs l’union des deux vocations familiales, dans la mesure où, fils d’un contrôleur général de la Marine également tertiaire dominicain, ses deux frères aînés sont officiers, ses deux cadets dominicains et ses deux jeunes sœurs appartiennent à la Congrégation de Notre-Dame-de-Sion. Après la Première Guerre mondiale, d’Argenlieu a quitté l’uniforme pour entrer dans l’ordre des Carmes déchaux et a adopté le nom de Louis de la Trinité. Ordonné en 1925, fin connaisseur de saint Jean de la Croix, il est devenu vicaire provincial de la province carmélitaine de Paris en 1932 – ne charge qu’il occupe encore le jour de sa mobilisation en 1939. Fait prisonnier lors de la reddition de Cherbourg, il s’évade et gagne Londres dès la fin juin 1940. Il s’engage dans la France libre comme s’il était entré en croisade et fera d’ailleurs sur ce thème un discours très remarqué à la BBC le 1er septembre18. L’ancien député du Front populaire, Pierre-Olivier Lapie, qui le rencontre peu après, note avec justesse qu’il « transposa, dans ces années tragiques, sa mystique sur la France19 ».

9Chef d’état-major des FNFL, d’Argenlieu se fait nommer aumônier de la marine gaulliste après Mers el-Kébir en raison de désaccords avec son chef de l’époque, le vice-amiral Muselier. En septembre, il participe à l’opération contre Dakar. Chef de la mission parlementaire destinée à rallier pacifiquement la ville, il manque d’être arrêté et est sérieusement blessé au cours de sa fuite. Resté volontairement à découvert, il semble presque déçu de ne pas avoir été tué : « J’ai espéré très fort un moment tomber totalement pour la France, en dégageant les vedettes. Ce fut un instant doux et précieux. Le Bon Dieu n’a pas encore voulu de moi20. » Immédiatement, le mouvement gaulliste en fait un martyr. Au micro de la BBC, Maurice Schumann le présente même comme l’« un des religieux les plus éminents et les plus vénérés de France » qui « menait [une croisade] en prêtre, sans armes ». « Glorieusement tombé », il devient une icône dont le sacrifice est assimilé à une image christique, victime de « mains sacrilèges21 ».

10En France, le cardinal Baudrillart, qui a encouragé d’Argenlieu à se tourner vers le Carmel lors de la naissance de sa vocation, n’apprécie guère ce discours édifiant. Par crainte du bolchévisme, le recteur de l’Institut catholique de Paris a rompu avec ses positions très anti-allemandes antérieures au conflit22. Hanté par le spectre d’une guerre civile en France, il se désole du « scandale23 » que représente l’implication du provincial des Carmes à Dakar. Son décès le soulagerait presque, puisque « ce serait la meilleure solution pour ce religieux soldat et rebelle [qui] s’il eût été déposé par le pape [aurait eu] une fin plus malheureuse24 ». Dans les monastères de carmélites, c’est la stupéfaction et l’ordre vit son choix comme une épreuve. Une moniale de Tulle estime par exemple que son action va « jeter l’émoi dans bien des âmes25 ». Quant aux Carmes, ils décident de déchoir le provincial de sa charge26.

11Au Canada, d’Argenlieu est envoyé avec tous pouvoirs pour prendre les mesures qu’il jugera utiles pour renforcer la position de la France libre. De Gaulle lui prescrit également de « prendre contact avec les autorités religieuses et avec les pouvoirs publics du Canada » afin de dissiper tous les malentendus pouvant exister sur les buts et les aspirations du mouvement27. Ces objectifs, tout comme la manière dont il est présenté, « Père d’Argenlieu28 », annonce déjà toutes les ambiguïtés à venir. L’équivoque est encore accrue par la demande d’agrément formulée auprès des autorités canadiennes à la veille de son départ de Londres en février 1941, car le texte mentionne explicitement la qualité de provincial des Carmes de l’émissaire29. Le principal intéressé n’apprécie guère la mise en avant de son statut religieux. Déjà, quelques semaines auparavant, lors de sa nomination au Conseil de défense de l’Empire en qualité de « révérend père », il avait écrit à de Gaulle : « Si cette mention de mon titre ecclésiastique et religieux est en quelque manière que ce soit utile à la cause de la France libre, je m’en réjouis. J’espère cependant que ma qualité de marin ne sera pas perdue de vue, car c’est en marin que la France m’a mobilisé et que je souhaite servir jusqu’à la victoire définitive30. » À la veille de son départ en février 1941, il se plaint à nouveau de la confusion, ce qui pousse les services diplomatiques de la France libre à reculer et à télégraphier que son voyage doit être présenté comme celui d’un officier de marine et non d’un carme déchaux31. Néanmoins, on songe encore à le faire accueillir par un père dominicain. Quand d’Argenlieu l’apprend, sa réponse fuse : « Quoi qu’il en soit je ne veux pas [...] que la personne chargée de m’accueillir soit un membre du clergé [...]. Que ce soit un laïque – si pieux que l’on voudra [...]. Je veux être libre de mon action et non chaperonné [...] par le clergé32. »

12Chez les Français libres du Canada, l’annonce de l’arrivée prochaine d’un émissaire de Londres aiguise les tensions. Dans un premier temps, Vignal tente d’écarter Élisabeth de Miribel de l’organisation du voyage, au motif qu’il serait « ridicule » qu’un religieux s’affiche aux côtés d’une jeune femme33. Il prétexte ensuite le climat hivernal pour suggérer de retarder la venue de d’Argenlieu34. Ces manœuvres dilatoires vont le conduire à sérieusement compromettre l’envoyé de Londres aux yeux de l’une des personnalités canadiennes les plus influentes, le cardinal Villeneuve. Ayant pris contact de manière désinvolte et maladroite pour que d’Argenlieu le rencontre, il se voit opposer un refus. « On semble vouloir abuser du sentiment chrétien de nos Canadiens pour les entraîner vers le parti en question. Selon son Éminence, ce n’est pas habile – ou ce l’est trop », lui répond le secrétaire de l’archevêché35. Il faut toute la diplomatie d’Élisabeth de Miribel pour que le prélat accepte finalement de recevoir l’émissaire gaulliste à son arrivée36.

Un carme en uniforme de marin au Canada

13En mars 1941, la presse canadienne n’a pas bien assimilé les subtilités diplomatiques de la France libre. L’aide de camp de l’émissaire, Alain Savary, note que « les journaux [...] ont fait une belle salade de Révérend Capitaine ». Le futur ministre, mobilisé dans la Marine nationale et précocement rallié au général de Gaulle, est lui-même présenté comme un prêtre37.

14D’Argenlieu rencontre immédiatement les autorités de la ville. À Québec, après une brève visite au Premier ministre, il est accueilli par monseigneur Villeneuve qui, selon les notes du futur amiral, lui réserve un accueil « fort sympathique38 ». La position respective des deux religieux au sujet de la levée des sanctions contre l’Action française contribue probablement à expliquer le climat favorable de la rencontre. À Ottawa, d’Argenlieu fait très forte impression sur les autorités fédérales. Le Premier ministre Mackenzie King est fasciné. Il note dans son journal qu’il est « l’un des hommes les plus remarquables [qu’il ait] jamais rencontré ». Signe de la difficulté des interlocuteurs de d’Argenlieu à séparer le militaire du religieux, l’entretien prend une tournure inattendue. Le Premier ministre déclare interpréter la guerre comme une croisade. L’émissaire de la France libre approuve et conclut qu’Hitler est véritablement « l’Antéchrist39 ». Cette convergence du temporel et du spirituel est aussi remarquée par Jacques Maritain qui, le croisant peu après à New York, observe : « Il est purement et simplement admirable. Sous une forme imprévisible, c’est Saint Jean de la Croix plus que jamais qui l’anime. Une conscience parfaitement simple, nette et héroïque40. »

15Le premier volet de la mission de d’Argenlieu, le rapprochement entre la France et les autorités fédérales, est indéniablement un succès41. Le charisme de l’émissaire, son éloquence, tout comme son sens de la diplomatie et sa finesse politique ont favorisé l’établissement de contacts fructueux pour le mouvement gaulliste. Plusieurs éléments étrangers à son voyage l’ont également indirectement bien servi. Tout d’abord, le décès à la fin du mois de janvier 1941 du sous-secrétaire d’État aux Affaires extérieures très réticent à l’égard de la France libre. Des préventions dont son successeur est dépourvu, ce qui explique l’accueil bienveillant réservé à d’Argenlieu42. Ensuite, la nomination de l’amiral Darlan à la vice-présidence du Conseil le 9 février 1941 a inquiété la diplomatie canadienne. D’Argenlieu exploite à merveille cette crainte, car il ne manque jamais d’affirmer à ses interlocuteurs que le gouvernement de Vichy est en train de s’engager « dans des voies tortueuses et périlleuses, qui peuvent le conduire à la trahison43 ».

16Le second objectif de d’Argenlieu au Canada est de faire connaître la France libre au grand public. Pour cela, la presse représente un vecteur indispensable et Alain Savary joue dans ce domaine un rôle décisif. Il organise de nombreuses rencontres entre l’émissaire du général de Gaulle et les correspondants des différents journaux. Les résultats sont très positifs, car la couverture médiatique qui en résulte permet au mouvement gaulliste de sortir de l’anonymat44. L’affabilité, la volonté et la détermination de d’Argenlieu séduisent, au-delà même des journalistes favorables à la France libre. Ainsi, le quotidien Le Devoir, qui affiche pourtant ostensiblement sa sympathie pour Pétain et la Révolution nationale45, le décrit comme un « homme de qualité [...], soldat de grand mérite et religieux éminent ». Il le dépeint comme un « porte-parole habile » de la cause gaulliste, avant de lui ouvrir ses colonnes46. Le discours de d’Argenlieu est très mesuré et très pondéré. Il se présente en officier de marine venu apporter un témoignage de première main sur la défaite de la France. Afin de ne pas braquer l’opinion québécoise, il refuse de polémiquer contre le gouvernement de Vichy et se montre particulièrement indulgent avec la personne du maréchal47.

17À ceux qui accusent de Gaulle de semer les germes de la division entre Français, d’Argenlieu répond par la célèbre formule de Jacques Maritain, « distinguer pour unir48 ». En Amérique du Nord, la référence est d’autant plus adroite que le philosophe est bien connu49. Installé à New York à l’été 1940 par refus de la défaite, il a placé ses espoirs dans le général de Gaulle, tout en refusant d’enfermer son action dans le cadre institutionnel de la France libre50. Il déploie une activité débordante dans la presse51. Ses nombreuses prises de position donnent progressivement une solide armature intellectuelle au « glaive de l’esprit » et représentent un encouragement très appréciable pour la Résistance52. Surtout, en janvier 1941, il publie À travers le désastre, un ouvrage appelé à devenir très vite l’une des œuvres maîtresses de la littérature clandestine, dont le seul équivalent sera L’étrange défaite de Marc Bloch53. À son arrivée au Canada, d’Argenlieu a lu « avec le plus vif intérêt » l’essai de Maritain et en partage toutes les analyses54. Dans ses interventions publiques au Canada, l’émissaire gaulliste emprunte de nombreux thèmes et arguments tirés d’À travers le désastre. La presse ne manque d’ailleurs pas de faire le rapprochement entre les idées avancées par d’Argenlieu et celles développées par Maritain55. Par ailleurs, les deux hommes ont l’occasion de se rencontrer à New York, à la veille du retour à Londres de l’officier de marine56. Aucune source ne permet de connaître le détail de l’entretien. Néanmoins, plusieurs lettres postérieures du philosophe témoignent de son admiration pour « l’esprit de chevalerie » qui anime son interlocuteur57.

18Les conférences et les interventions publiques sont l’autre vecteur de la médiatisation de la France libre en direction du grand public. Alors que le général de Gaulle avait assuré aux autorités canadiennes que son émissaire ne ferait pas d’actions de propagande, celles-ci se multiplient. À Montréal, en un mois, le consul de Vichy dénombre une dizaine de banquets et autant de toasts abondamment relayés par la presse58. Toutes les prises de parole de d’Argenlieu obéissent à un schéma similaire, où se mêlent, jusqu’à se confondre, considérations temporelles et spirituelles. Il témoigne de la guerre à travers le prisme de son expérience d’officier de marine. Il ne cache rien des erreurs, des fautes et des défaillances commises par les chefs des armées françaises59. Néanmoins, il refuse d’interpréter la défaite comme la manifestation d’un châtiment divin et réfute toutes les explications pénitentielles60.

19Pour autant, toutes ses interventions sont empreintes de sa spiritualité carmélitaine et de la « noche oscura » chère à saint Jean de la Croix. Le commandant d’Argenlieu laisse le père Louis de la Trinité exprimer sa vision d’une lutte eschatologique nourrie de scènes quasi apocalyptiques :

La guerre est venue..., lourde chape de nuages et d’obscurité, lourde chape d’angoisse et de souffrance. D’abord ce fut le crépuscule... puis la nuit. Je songe à ces mots dramatiques qu’on lit dans l’évangile lorsque va s’ouvrir la Passion du Seigneur : Venit Nox. La nuit vient. [...]. C’est à travers une France baignée de lumière que déferlèrent les colonnes motorisées de l’envahisseur [...]. Le désastre militaire s’étendait sur la France comme un immense voile de deuil. La nuit se faisait plus sombre. Le lundi 17 juin, le Maréchal Pétain [...] annonçait [...] son désir de voir le combat cesser. La nuit qui enveloppait la France se fit plus noire encore. Au ciel, les dernières étoiles s’éteignirent... Je pense en plus aux cruelles ténèbres qui menacent d’envelopper l’âme de nos petits enfants, de nos petits gars de France, qu’une habile et criminelle propagande cherche à rallier à la mystique nazie [...]. Il fait nuit sur la France61 !

20Ce n’est qu’après ces longs prolégomènes que d’Argenlieu entame sa critique de l’armistice et la présentation du mouvement né le 18 juin comme un organisme purement militaire luttant pour la libération du pays et la défense de la « civilisation chrétienne62 ». Représentant du général de Gaulle, c’est donc en officier de marine que d’Argenlieu se présente au Canada. Mais, venu prêcher la cause de la France libre, ses interventions sont très ambivalentes dans la mesure où, consacrées à des questions politiques et militaires, elles ne cessent de les exprimer à travers des formules empreintes de considérations spirituelles. Il provoque ainsi le « douloureux étonnement » de Dom Jamet, un bénédictin français installé au Canada dans les années 1930. Celui-ci estime que le carme « regrettera la gravité et l’injustice [de ses paroles] et [a] peur que le moine ne soit sévère pour l’officier63 ».

21Le gouvernement de Vichy a bien compris le danger et se plaint de l’exploitation du double statut de d’Argenlieu à des fins partisanes. L’amiral Darlan, profondément attaché à la séparation de l’Église et de l’État64, proteste contre le « Révérend Père d’Argenlieu [qui] paraît jouer successivement de son caractère religieux et de son titre d’officier ». D’après lui, l’officier gaulliste « déconsidère à la fois l’uniforme qu’il porte illégalement, et la robe qu’il est toujours en droit de revêtir ». Par conséquent, il réclame une intervention énergique auprès de la Secrétairerie d’État du Saint-Siège pour faire cesser ce qu’il juge être un « scandale65 ». La protestation de l’amiral de la flotte est entendue à Rome, car le préposé général des Carmes déchaux intime l’ordre à l’ancien provincial de renoncer à « exercer une propagande politique si étrangère à l’esprit sacerdotal et religieux66 ». L’appel ne sera pas entendu et, après son retour à Londres, d’Argenlieu devient même un homme clé de la France libre.

22Les modalités de règlement des dissensions internes au mouvement gaulliste sortent du cadre de cette étude, mais il faut dire un mot des relations d’Argenlieu-de Miribel, car elles ont sans doute contribué à la naissance de la vocation carmélitaine de celle-ci. D’Argenlieu a pris très vite le parti de celle que Vignal qualifie élégamment de « sous-Hélène de Portes67 ». Néanmoins, nulle ambiguïté possible entre les deux. Leur relation, intense et profonde, est exclusivement spirituelle. La jeune femme est parfaitement informée du caractère strictement politique de la mission de d’Argenlieu et de sa volonté de s’y astreindre. Cependant, tout au long de la présence au Canada de l’officier de marine, elle ne cesse de voir en lui un prêtre à la spiritualité rayonnante. Son premier contact avec lui l’éblouit. Elle télégraphie immédiatement au général de Gaulle : « Succès ambassadeur dépassent toute espérance, chaudes convictions, rayonnante spiritualité, sincérité absolue, compréhension délicate lui gagnent toute résistance ; espère le meilleur avenir. Merci68. » Le journal tenu par Auguste Viatte confirme l’ascendant qu’exerce très vite d’Argenlieu sur la jeune femme69.

23Entre le provincial des Carmes et la future carmélite, une féconde relation spirituelle s’instaure, le premier guidant, orientant et encourageant la seconde. Élisabeth de Miribel se livre et se confesse auprès de celui qu’elle juge « tant au-dessus de nos petites contingences humaines, mais si proche de nos âmes70 ». Il restera « l’Étape qui orienta la mienne vers une Action plus chrétienne, plus mesurée et plus douce aux autres et approfondie en moi71 ». À la veille de sa prise d’habit au carmel de Nogent, en 1949, elle lui écrit pour lui rappeler qu’il a été « le premier à [lui] parler de choses spirituelles, avec tant de flamme72 ».

24La mission d’Argenlieu au Canada est un succès. L’émissaire de Londres a séduit par son discours et, désormais, la France libre est favorablement connue de l’opinion canadienne. Les réceptions par le Premier ministre et l’archevêque de Québec témoignent de l’intérêt porté au mouvement à croix de Lorraine. L’envoyé de Londres a probablement été bien aidé par Georges Vanier, mais les archives conservées en France ne permettent pas d’apprécier la part exacte de l’action de ce dernier. Officier, diplomate et catholique pratiquant73, Vanier joue un rôle clé, à la fois de récepteur du signal carmélitain et de facilitateur pour les émissaires gaullistes dans le monde britannique. Pour autant, de nombreuses questions restent en suspens quand le provincial des Carmes quitte l’Amérique du Nord. Les dossiers militaires qu’il était chargé de traiter n’ont guère avancé. Le colonel Pierrené qu’il a désigné pour succéder au docteur Vignal n’est pas officiellement accrédité. Quant à la légation de l’État français à Ottawa, elle n’est pas fermée et les deux pays continuent à entretenir des relations officielles.

25On touche là aux limites de l’action culturelle dans le contexte particulier de la Seconde Guerre mondiale. Si, incontestablement, elle permet d’exercer une action d’influence sur une partie de l’opinion, elle ne peut à elle seule modifier radicalement la politique suivie par un gouvernement. Ainsi, la rupture des relations diplomatiques entre le Canada et la France de Vichy n’intervient qu’au lendemain du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, en novembre 1942.

Notes de bas de page

1 Sandrine Romy, « Les Canadiens face au régime de Vichy (1940-1942) d’après les archives diplomatiques françaises », Études canadiennes, 32, 1992, p. 57-80.

2 Le « clérico-nationalisme » désigne un courant idéologique se référant de manière systématique au passé. Il se caractérise par un rejet des valeurs nouvelles et par le repli constant sur la tradition canadienne-française et catholique. Voir Paul-André Linteau, René Durocher et Jean-Claude Robert (dir.), Histoire du Québec contemporain, tome 1, De la Confédération à la crise (1867-1929), Québec, Boréal, 1994 [1989], p. 700-707.

3 Catherine Pomeyrols, « Les intellectuels nationalistes québécois et la condamnation de l’Action française », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 73, janvier-mars 2002, p. 83-98 ; Martin Meunier, « Sur la présumée filiation Groulx/Maurras : contexte politique, enjeu national et écriture de l’histoire », dans Olivier Dard, Michel Grunewald (dir.), Charles Maurras et l’étranger. L’étranger et Charles Maurras, Berne, Peter Lang, 2009, p. 117-134.

4 « Discours prononcé à la radio de Londres (adressé aux Canadiens français) », 1er août 1940. Cité dans Charles de Gaulle, Discours et messages, tome I, Pendant la guerre. Juin 1940-janvier 1946, Paris, Plon, 1970, p. 20-21.

5 Jacques Prévotat, « De Gaulle, croyant et pratiquant », Charles de Gaulle. Chrétien, homme d’État, Paris, Cerf, 2011, p. 39-65.

6 Jean Lacouture, Charles de Gaulle, tome 2, Le politique 1944-1959, Paris, Seuil, 1985, p. 25.

7 René Ristelhueber, « Mackenzie King et la France. Souvenirs », Revue des deux mondes, 1er mars, 15 mars et 1er avril 1954, respectivement p. 116-135, 287-305 et 459-473.

8 Olivier Courteaux, Canada between Vichy and Free France, 1940-1945, Toronto, University of Toronto Press, 2013, p. 48-69 ; Robert Frank, « Vichy et les Britanniques 1940-1941 », dans Jean-Pierre Azéma, François Bédarida (dir.), Vichy et les Français, Paris, Fayard, 1992, p. 144-161.

9 Winston Churchill, Mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale, tome II, L’heure tragique. Mai-Décembre 1940, vol. 2, Seuls, Paris, Plon, 1949, p. 204.

10 Éric Amyot, Le Québec entre Pétain et de Gaulle, la France libre et les Canadiens français, 1940-1945, Montréal, Fides, 1999, p. 118.

11 Auguste Viatte, D’un monde à l’autre. Journal d’un intellectuel jurassien au Québec (1939- 1949), tome I, mars 1939-novembre 1942, édité et présenté par Claude Hauser, Québec/Paris, Presses de l’université de Laval/L’Harmattan, 2001, p. 177.

12 Jean-Louis Crémieux-Brilhac, La France libre, Paris, Gallimard (Folio), 2001 [1996], p. 344- 345. Une impression similaire se dégage à la lecture d’un rapport contemporain rédigé par l’un des représentants du général de Gaulle aux États-Unis (Archives du ministère des Affaires étrangères – désormais MAE –, Guerre 1939-1945, Londres CNF, vol. 306, lettre de Garreau-Dombasle au général de Gaulle, 23 décembre 1940).

13 Élisabeth de Miribel, La liberté souffre violence, Paris, Plon, 1981, p. 70.

14 MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, vol. 389, lettre du docteur Vignal au colonel Fontaine, 29 janvier 1941.

15 De juillet 1940 au printemps 1943, le 4 Carlton Gardens est le quartier-général de la France libre à Londres.

16 Élisabeth de Miribel, La liberté..., op. cit., p. 57-58. Cette demande est confirmée par un courrier contemporain : « [II] prendrait dès le départ une position anti-nazie basée sur des arguments catholiques. » (Archives de la fondation Charles de Gaulle (désormais AFCDG), papiers Élisabeth de Miribel, F231, lettre d’Élisabeth de Miribel à Maurice Garreau-Dombasle, 2 mars 1941.

17 Thomas Vaisset, « L’amiral d’Argenlieu, un croisé de la France libre », dans Xavier Boniface, Bruno Béthouart (dir.), Les Chrétiens, la guerre et la paix. De la paix de Dieu à l’esprit d’Assise, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 193-208.

18 Allocution radiodiffusée à la BBC dans l’émission Honneur et Patrie, « L’aumônier des FFL vous parle... », par Thierry d’Argenlieu, 1er septembre 1940. Citée dans Jean-Louis Crémieux-Brilhac (dir.), Les voix de la liberté. Ici Londres 1940-1944, tome 1, Dans la nuit. 18 juin 1940-7décembre 1941, Paris, La Documentation française, 1975, p. 65-66.

19 Pierre-Olivier Lapie, Les déserts de l’action, Paris, Flammarion, 1946, p. 88.

20 Service historique de la Défense, archives de la Marine conservées à Vincennes (désormais SHD-MV), TTC 1, lettre manuscrite de Georges d’Argenlieu à l’amiral Muselier, 1er octobre 1940.

21 Allocution radiodiffusée le 25 septembre 1940 à la BBC dans l’émission Honneur et Patrie, « Le sang qu’on a voulu répandre », par Maurice Schumann. Citée dans Jean-Louis Crémieux-Brilhac (dir.), Les voix de la liberté..., op. cit., p. 92.

22 Sur son attitude pendant la guerre, voir Paul Christophe, « Le cardinal Baudrillart et ses choix pendant la Seconde Guerre mondiale », Revue de l’histoire de l’Église de France, 78, 1992, p. 57-75 et Étienne Fouilloux, Les chrétiens français entre crise et libération 1937-1947, Paris, Seuil, 1997, p. 99-131.

23 Alfred Baudrillart (cardinal), Les carnets du cardinal Baudrillart. 11 avril 1939-19 mai 1941, Paris, Cerf, 1998, mention du 27 septembre 1940, p. 628.

24 Ibid., mention du 22 octobre 1940, p. 660.

25 Archives de la Province de Paris de l’ordre des Carmes déchaux (désormais APP-OCD), fonds Louis de la Trinité, lettre manuscrite de sœur Marie Camille, 18 novembre 1940.

26 APP-OCD, fonds de la province de Paris, volume « Circulaires provinciales », copie des actes du Conseil provincial tenu les 25 et 27 septembre 1940.

27 AFCDG, papiers Élisabeth de Miribel, F23-1, ordre de mission du capitaine de vaisseau d’Argenlieu signé du général de Gaulle, 21 février 1941.

28 Archives nationales (désormais AN), 3 AG 1180, télégramme n° LA/1388 du général de Gaulle à Garreau-Dombasle et Sieyès, 14 décembre 1940.

29 Documents relatifs aux relations extérieures du Canada. Documents on Canadian external relations, vol. 8 : 1939-1941, tome II/Part II, 1976, p. 605. Télégramme n° 295 du haut-commissaire en Grande-Bretagne au secrétaire d’État aux Affaires extérieures, 18 février 1941.

30 AN, 3 AG 1326, lettre manuscrite de d’Argenlieu au général de Gaulle, 29 octobre 1940.

31 AN, 3 AG 1259, télégramme n° 2078 de la France libre au docteur Vignal, 6 février 1941.

32 MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, vol. 387, lettre manuscrite de Georges d’Argenlieu à René Pleven, 27 février 1941. Les mots en italique le sont dans le document original.

33 MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, vol. 389, lettre du docteur Vignal au colonel Fontaine, 29 janvier 1941.

34 AN, 3 AG 1180, télégramme n° 217, du docteur Vignal au général de Gaulle, 22 février 1941.

35 AFCDG, papiers Élisabeth de Miribel, F23-1, lettre de Paul Nicole à Auguste Viatte, 1er mars 1941.

36 AFCDG, papiers Élisabeth de Miribel, F23-1, lettre d’Élisabeth de Miribel à Maurice Garreau-Dombasle, 4 mars 1941.

37 SHD-MV, TTC 1, lettre manuscrite d’Alain Savary à l’amiral Muselier, 23 mars 1941.

38 AN, papiers Thierry d’Argenlieu, 517 AP 7, journal de mission au Canada, mention du 12 mars 1941.

39 Bibliothèque et Archives Canada, MG 26-J13, Journal personnel de William Lyon Mackenzie King, entrée du 20 mars 1941.

40 Lettre de Jacques Maritain à Charles Journet, 21 juillet 1941, publiée dans Journet Maritain. Correspondance, vol. III, 1940-1949, Saint-Maurice, Saint-Augustin, 1998, n° 757, p. 170.

41 Centre d’histoire de Sciences Po (désormais CHSP), Papiers Alain Savary, SV 23, procès-verbal d’une réunion au Dominions Office, 22 mai 1941.

42 Éric Amyot, Le Québec..., op. cit., p. 145-147.

43 AN, papiers Thierry d’Argenlieu, 517 AP 7, note confidentielle du capitaine de vaisseau d’Argenlieu à René Pleven, 19 mai 1941.

44 Éric Amyot, Le Québec..., op. cit., p. 147-151.

45 Robert Arcand, « Pétain et de Gaulle dans la presse québécoise entre juin 1940 et novembre 1942 », Revue d’histoire de l’Amérique française, 44, 3, hiver 1991, p. 363-395.

46 Le Devoir, « La mission du capitaine [sic] d’Argenlieu », 24 mars 1941.

47 AN, papiers Thierry d’Argenlieu, 517 AP 7, note sur la propagande jointe au rapport de mission du CV d’Argenlieu, 19 mai 1941.

48 EAction catholique, « Entretien de Georges-Henri Dagneau avec le capitaine de vaisseau d’Argenlieu », 13 mars 1941.

49 Florian Michel, La pensée catholique en Amérique du Nord. Réseaux intellectuels et échanges culturels entre l’Europe, le Canada et les États-Unis (années 1920-1960), Paris, Desclée de Brouwer, 2010, p. 191-244.

50 Charles Blanchet, « Jacques Maritain, 1940-1944 : le refus de la défaite et ses relations avec le général de Gaulle », Cahiers Jacques Maritain, 16-17, avril 1988, p. 39-58.

51 Emmanuelle Loyer, Paris à New York. Intellectuels et artistes français en exil 1940-1947, Paris, Grasset, 2005, p. 248-250.

52 Michel Fourcade, « Jacques Maritain et l’Europe en exil (1940-1945) », dans Bernard Hubert (dir.), Jacques Maritain en Europe. La réception de sa pensée, Paris, Beauchesne, 1996, p. 281- 320 ; Id., « À travers le désastre ; À travers la victoire. Maritain et la résistance », Cahiers Jacques Maritain, 64, juin 2012, p. 21-45 ; Jean-Luc Barré, Jacques et Raïssa Maritain, les mendiants du ciel, Paris, Fayard, 2009 (édition revue et corrigée), p. 389-439.

53 Michel Fourcade, « Jacques Maritain inspirateur de la Résistance », Cahiers Jacques Maritain, 32, juin 1996, p. 14-57.

54 Cercle Jacques Maritain (désormais CJM), fonds du père Louis de la Trinité, lettre manuscrite de Georges d’Argenlieu à Jacques Maritain, 14 octobre 1940 [D’Argenlieu s’est manifestement trompé en datant son courrier car, à ce moment-là, il est hospitalisé à Douala des suites de la blessure reçue à Dakar].

55 L’Action catholique, éditorial « Maritain, de Gaulle et la France. Les Français libres font la guerre et non de la politique », 4 avril 1941.

56 AN, papiers Thierry d’Argenlieu, 517 AP 7, document manuscrit non numéroté de d’Argenlieu, intitulé « Rapport sommaire sur la mission au Canada », s. d.

57 Lettre de Jacques Maritain à Charles Journet, 26 septembre 1942. Publiée dans Journet Maritain, op. cit., n° 788, p. 265.

58 Éric Amyot, Le Québec..., op. cit., p. 144.

59 AFCDG, papiers Élisabeth de Miribel, F23-1, allocution prononcée par d’Argenlieu au Rotary Kiwanis Club, 3 avril 1941.

60 AFCDG, papiers Élisabeth de Miribel, F23-1, brouillon d’une conférence de d’Argenlieu à Ottawa, s. d.

61 AFCDG, papiers Élisabeth de Miribel, F23-1, allocution du CV d’Argenlieu prononcée au Cercle universitaire le 8 avril 1941, publiée dans Le Devoir du 9 avril 1941.

62 AN, papiers Thierry d’Argenlieu, 517 AP 7, note jointe au rapport de mission au Canada, 19 mai 1941.

63 « Dom Jamet et le commandant d’Argenlieu », Le Devoir, 15 avril 1941.

64 Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan, Darlan, Paris, Fayard, 1989, p. 159 ; Jean Martinant de Préneuf, Mentalités et comportements religieux des officiers de marine sous la Troisième République, thèse de doctorat d’histoire de l’université de Paris X-Nanterre, sous la direction de Philippe Levillain, 2007, p. 255.

65 SHD-MV, CC7 4e moderne carton 1557 dossier 2, lettre de l’amiral Darlan (signée du directeur de cabinet, l’amiral Le Luc) au secrétaire d’État aux Affaires étrangères, 7 avril 1941.

66 Archives générales de l’ordre des Carmes déchaux (Rome), Sezione C, Province e circoscrizioni, pluteo 423, Ludovicus a Trinitate, Oggetto A, lettre de Petrus Thomas a. V. Carmeli au Révérend Père Louis de la Trinité, 12 juin 1941.

67 MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, vol. 391, lettre de Jean Le Bret au CV Thierry d’Argenlieu, 31 mars 1941.

68 AN, 3 AG 1180, télégramme n° R/4382 d’Élisabeth de Miribel au général de Gaulle, 15 mars 1941.

69 Auguste Viatte, D’un monde à l’autre..., op. cit., p. 205-275.

70 AFCDG, papiers Élisabeth de Miribel, F23-1, brouillon d’une lettre manuscrite d’Élisabeth de Miribel au commandant d’Argenlieu, 12 mai 1941.

71 Ibid.

72 AN, papiers Thierry d’Argenlieu, 517 AP 53, lettre manuscrite d’Élisabeth de Miribel au père Louis de la Trinité, 25 janvier 1949. Le mot en italique l’est dans le document original.

73 Jacques Monet, s.j., « Un couple exceptionnel : Georges et Pauline Vanier », dans Gilles Routhier, Jean-Philippe Warren (dir. J, Les visages de la foi : figures marquantes du catholicisme québécois, Montréal, Fides, 2003, p. 95-105.

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