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Les Lieux saints chrétiens de Palestine comme préoccupation de la politique extérieure française (1917-1948)

p. 173-189


Texte intégral

1La question des Lieux saints de Palestine représente une excellente illustration de l’exercice par la France d’une diplomatie religieuse au temps de la séparation. Notre contribution ne porte pas sur le statut desdits Lieux saints chrétiens ; le sujet demeure en lui-même très intéressant, avec des résonances encore actuelles, notamment en lien avec la situation des chrétiens installés en Terre sainte, aux prises avec les multiples conflits du Moyen-Orient. Les pages qui suivent portent bien plus sur la manière dont la politique française s’y intéresse dans la période de fort bouleversement qui résulte de la fin de la domination ottomane en Palestine, au moment du mandat britannique, et jusqu’à la création de l’État d’Israël.

2L’affaire est complexe, dans un Orient décidément compliqué, pour reprendre et paraphraser une formule utilisée à satiété. Comme l’écrit justement l’historien des Lieux saints, le franciscain Bernardin Collin :

En Orient, rien n’est simple et tout déroute l’occidental plus ou moins cartésien, qui n’arrive pas à ordonner ce fatras de questions politiques, religieuses, commerciales et économiques entremêlées comme à plaisir. De tout temps, les Lieux saints s’y sont trouvés inclus directement ou indirectement et c’est ce qui complique singulièrement le travail de l’historien1.

3Le sujet en question ne représente certes qu’un aspect de la politique française en Orient à l’époque considérée. L’on verra toutefois que cette facette est importante pour cette diplomatie : politiquement, religieusement et symboliquement. Ce fort attrait est encore et toujours actuel, comme l’atteste une photographie récente du président de la République François Hollande devant le domaine national de Sainte-Anne de Jérusalem, beau reste de l’époque dont il est ici question, « lieu de mémoire et lieu de vie français à Jérusalem2 ». Pour ce faire, en suivant une progression chronologique, on précisera les préalables, notamment la qualité des Lieux saints en question et l’historique de leur prise en compte par la diplomatie française. On reviendra sur les efforts français visant à maintenir les traditions. On reviendra enfin sur la recherche d’alternatives et sur l’ultime tentative de restauration du statu quo ante.

Préalables : que sont ces Lieux saints chrétiens et comment sont-ils régis ?

4Le statut spécifique des Lieux saints, en droit et dans son acception actuelle, découle des capitulations concédées par la Sublime Porte au profit de la France, à partir de 1535 : les Lieux saints sont compris dans ces textes fondateurs d’une place particulière de la France et des intérêts français dans l’Empire ottoman, même si « les intérêts politiques et commerciaux l’emportaient incontestablement sur les préoccupations religieuses3. »

5La situation actuelle est l’aboutissement d’une évolution qui trouve sa consécration et son terme dans le statu quo de 1852, après l’« invention de la Terre sainte » (Henry Laurens) et en parallèle à la « fabrication des Lieux saints » (Vincent Lemire)4. Le statu quo de 1852 est l’expression maître destinée à qualifier ce qui régit les Lieux saints. Comme son nom l’indique, ce texte constate et stabilise la réalité. Cela se fait en vertu de deux principes, énumérés par Bernardin Collin : « Le fait crée le droit » ; et « En fait d’immeubles, possession vaut titre5. » Un statu quo existe, il est et doit rester intangible. Dans les faits, le texte et la situation prévalent en effet jusqu’à nos jours6.

6Quels sont ces Lieux saints ? Dans les pages qui suivent, il va être majoritairement question des Lieux saints chrétiens, en raison de leur valeur intrinsèque, et surtout de l’intérêt qu’y porte naturellement la diplomatie française, appareil au service d’une puissance dite catholique7. Au sein de cette catégorie, des distinctions existent en vertu de la valeur, en fonction de la tradition : de fait s’impose la distinction entre lieux saints « avérés8 » et lieux établis par des récits ou des révélations plus récentes9. À cela s’ajoute une autre distinction : les Lieux saints au sens large ; et les Lieux saints historiques10.

7En 1914, du point de vue français, l’état des lieux est le suivant. En ce qui concerne les acteurs français, les Lieux saints de Terre sainte font intervenir un triangle de diplomates, d’hommes politiques et de religieux, à Paris, Jérusalem et Rome. La Palestine, alors placée sous administration ottomane depuis 1517, connaît depuis le début du xixe siècle un phénomène de « redécouverte11 », après avoir été une région négligée depuis grosso modo la fin de l’épisode des croisades, au xiiie siècle. Cette redécouverte se traduit pour ce qui nous concerne par l’installation de nombreux établissements chrétiens, catholiques, protestants ou orthodoxes, justement auprès des Lieux saints.

8Pour la partie catholique française, c’est notamment le cas à partir du milieu du xixe siècle, avec un réseau que l’on peut considérer comme définitif et établi au début du xxe siècle. Qui dit établissements catholiques français, dit présence de nationaux français, avec donc une préoccupation consulaire qui s’ajoute à une tradition ancienne12. De fait, on note un fort attachement de la diplomatie française à la situation particulière de la France, protectrice officielle des Lieux saints. Ainsi, si au début du xxe siècle certains établissements religieux peuvent, à contrecœur de la France, passer sous la protection d’autres pays (Allemagne et Italie, notamment), il ne peut en être question pour les Lieux saints. Aux yeux des diplomates du Quai d’Orsay, ceux-ci doivent absolument demeurer sous l’autorité du représentant français dans la Ville sainte (et ailleurs, le cas échéant). En l’occurrence, la position de la France s’appuie sur une codification établie par un fonctionnaire français, Georges Outrey. Celui-ci, drogman en poste à Constantinople, édicte en 1898 une « note » récapitulative, en réalité un énorme volume de 1232 pages13.

9En termes d’affichage, dans l’exercice diplomatique, on note une convention. Lorsque les diplomates insistent sur leur préoccupation relative aux Lieux saints, il n’en va pas tant de la position de la France que de la position de la catholicité. Mais cet affichage ressemble fort à un artifice. Comme le constate une fois de plus B. Collin, la question des Lieux saints est au départ un problème religieux ; dans les faits toutefois, elle n’a jamais connu de solution religieuse, avec de plus en plus un accaparement par le politique. Le primat du politique est synthétisé par Maurice Bompard, ambassadeur de France auprès de la Sublime Porte, le 28 juin 1914 :

Si le protectorat français sur les Lieux saints venait à disparaître il ne serait pas remplacé ; il en résulterait une confusion extrême dans laquelle les droits des Latins sur les Sanctuaires de Palestine ne tarderaient pas à sombrer14.

10À la veille de la Première Guerre mondiale, l’état des lieux se caractérise également par l’achèvement de la « redécouverte » ou « invention » de la Terre sainte par l’Europe, avec une réappropriation des Lieux saints, sous une autre forme de croisade. On est passé des croisades en tant que telles aux « croisades pacifiques », expression qui correspond à la reprise des pèlerinages catholiques vers la Palestine, à faible échelle au milieu du xixe siècle, de façon plus massive à partir des années 1880. Cette présence provisoire (les pèlerins demeurant sur place une vingtaine de jours) s’ajoute à la présence permanente constituée par les établissements religieux installés sur place. En 1914, en ce qui concerne la présence auprès des Lieux saints, la prédominance française est réelle, de tous les points de vue. Des rivaux étrangers guettent et tentent de discuter, voire d’atténuer cette prédominance, souhaitant se placer en recours ou proposant des alternatives au primat français15. Au total, c’est la Première Guerre mondiale qui rebat les cartes. En septembre 1914, donc avant son entrée en guerre officielle du côté des Puissances centrales, la Porte déclare unilatéralement la fin des capitulations : ce faisant, elle met fin au protectorat français et à toutes les prérogatives qui y sont liées.

La préservation voulue des traditions

11Dans cette situation, la France est dans un premier temps placée devant le fait accompli. Comme l’écrit plus tard un religieux dominicain anciennement installé à Jérusalem, le P. Antonin Jaussen, qui officie dans les services de renseignement de l’armée française en Orient, le constat est le suivant :

Cette floraison d’œuvres françaises mettait notre pays au premier rang parmi les nations européennes établies en Palestine. Elle perpétuait le prestige que la nation française exerce dans ce pays depuis de longs siècles. C’était comme une justification vivante des prérogatives octroyées à la France, tant par la Sublime Porte que par le souverain pontife, en la reconnaissant ou en la déclarant protectrice des Lieux saints et de tous les catholiques de Palestine, sans distinction de races, de rites ou de nationalités. La guerre est survenue et cet épanouissement d’éducation et de culture française a été subitement interrompu16.

12Dans les faits, la fin des capitulations signifie la fin de données séculaires. Et même ceux qui avaient pu se montrer critiques à l’encontre de la prétention française à tout régenter en Orient doivent désormais avouer que la situation est bel et bien critique : la position française, et de la catholicité, est mise à mal par le fait que les Lieux saints sont livrés à eux-mêmes, ou pire, aux rivaux, catholiques des Puissances centrales ou orthodoxes. Comme le commente le Custode franciscain le 21 mars 1915 : « Les autres rites chrétiens et spécialement les Grecs orthodoxes ne manqueraient pas de profiter de l’infériorité actuelle des Latins résultant de la disparition du protectorat français, pour chercher à empiéter sur leurs droits séculaires17. »

13À partir de ce moment, tout est fait, à Paris et ailleurs, dans une seule direction : il faut agir là-contre. La diplomatie française entre alors en fonction, en sortant des cartons les idées qui avaient pu pré-exister à la guerre et qui n’avaient jamais été clairement exprimées jusque-là, en vertu de l’attachement respectif des diverses puissances au maintien de l’intégrité de l’Empire ottoman, faute de mieux. La principale illustration de ces efforts pour passer à un après-Empire ottoman réside dans les accords Sykes-Picot de mai 1916. Dans le cadre de la répartition des sphères d’influence entre la France et la Grande-Bretagne en Orient, il est convenu que doit être mise en place une solution internationale pour Jérusalem et les Lieux saints. Aux yeux des Français, la solution est commode, mais dans une certaine mesure elle constitue un pis-aller. Dans les faits, les aspirations françaises sont justement plus franco-centrées, telles que résumées par le diplomate Jean Doulcet, rédacteur à la Direction politique du Quai d’Orsay : « Peut-être la meilleure solution serait-elle la cristallisation pure et simple de l’état de fait existant par un protocole réglant les droits de chacun tels qu’ils existent actuellement et substituant simplement la France à la Turquie pour la police des Lieux saints18. »

14Tant qu’à faire effectivement, dans les esprits français une simple substitution pourrait s’effectuer, dans une logique monopolistique qui sous-tend la perception française de la région, dans une continuité stricte par rapport à la période des croisades19. L’idée serait donc de pousser l’avantage français, même si dans les faits, il existe une différence entre les aspirations, parfois fantasmagoriques, et une réalité bien plus complexe. Car dans le concret, les ambitions françaises se trouvent confrontées au maintien des rivalités étrangères. Il en va notamment ainsi d’un allié dans la lutte menée contre les Puissances centrales et l’Empire ottoman : l’Italie. De fait, Rome fait au même moment le siège du Vatican pour récupérer les positions françaises perdues en Orient, dans la continuité de revendications anciennes20. Ces prétentions révulsent les religieux français de Palestine, pour le moment installés en France ou en Italie : s’expriment alors le dominicain Lagrange ou l’assomptionniste Vanhove, deux responsables d’établissements catholiques français de Jérusalem parmi les plus en vue, l’École biblique d’une part, et Notre-Dame de France d’autre part21. En tout état de cause, une donnée s’impose : la France s’efforcera de rétablir le statu quo une fois les hostilités terminées, pour le moins.

15L’année 1917, qui est une année de reprise des hostilités en Palestine, après une guerre de mouvement à l’hiver 1914-1915 et une stabilisation du front à partir de là, est caractérisée par des tentatives françaises de consacrer et maintenir pour le moins un état de choses qui puisse correspondre aux traditions. C’est par exemple le cas au printemps, au moment de la mise en place de la Sacrée Congrégation orientale, au Vatican. La France est aux aguets, la création de ce nouveau dicastère concernant de près les relations entre chrétiens locaux unis à Rome et le Saint-Siège, et donc la place de la France dans cette constellation.

16Cette préoccupation émane par exemple de la lettre que le député catholique Denys Cochin fait parvenir au secrétaire d’État, le cardinal Gasparri, le 4 juin 1917 : « La France, après l’épreuve terrible d’où elle ne peut manquer de sortir plus puissante et aussi plus chrétienne, doit-elle reparaître dans le Levant, revenir auprès des Lieux saints, dépouillée du prestige que lui conférait le droit de protectorat ? – Serait-il juste, serait-il prudent de lui ôter cette antique grandeur22 ? »

17De fait, au moment où les choses semblent à nouveau bouger sur le front moyen-oriental, la France ne peut que se mobiliser, ou pour le moins tenter d’imaginer les moyens de faire face à la situation qui lui a été faite par l’entrée en guerre de l’Empire ottoman, et de la corriger23. Au moment où le Saint-Siège institutionnalise de manière plus adaptée ses relations avec les chrétiens locaux qui lui sont unis, un rapprochement avec lui (les relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège sont interrompues depuis 1904, en réaction aux mesures anticléricales françaises) signifie tenter de s’en (re)gagner les faveurs et obtenir l’assurance à long terme d’une place privilégiée dans les affaires orientales, en particulier autour des Lieux Saints. Dans sa réponse, le Saint-Siège conforte certes la position de la France ; mais il saisit cette occasion pour dire son fait à une France qui semble vouloir bénéficier de tous les avantages, sans se remettre en question. Comme l’écrit plus tard Gasparri à Cochin, le 15 février 1918, la France ne peut en aucun cas assumer ces fonctions si elle continue à appliquer sa législation anticléricale :

Qu’il me soit permis d’ajouter que ce serait une illusion de regarder comme possible et efficace une propagande religieuse quelconque en Orient sans missionnaires. Or le nombre des missionnaires français ira nécessairement en diminuant si l’on maintient en France la législation actuelle contre les congrégations religieuses24.

18Après la Première Guerre mondiale25, l’issue des combats ne permet guère de rétablir la situation du statu quo ante : avec la prise de Jérusalem par les Britanniques, en décembre 1917, puis la victoire anglaise sur toute la région, au mois de septembre 1918, c’est le plus important rival de la France qui l’emporte ; une Grande-Bretagne qui n’a guère le souci de ménager une place importante à France auprès des Lieux saints, ou même de préserver le statut particulier de la fille aînée de l’Église auprès de ces lieux.

19Après la guerre, les Lieux saints sont au programme des négociations du traité de Versailles. La spécificité de ces lieux suscite la préoccupation du Saint-Siège26, et naturellement du principal acteur catholique sur place, la Custodie franciscaine. Les pétitions que celle-ci fait parvenir à la conférence de la paix, réclamant le respect de la particularité de ces lieux et la place particulière de la catholicité là, sont logiquement appuyées par la France27. Naturellement, cette revendication s’accompagne d’une autre aspiration : la Palestine doit être placée sous l’autorité d’une puissance catholique, dans tous les cas elle ne doit pas demeurer aux mains des Britanniques et/ou des sionistes. Les pétitions franciscaines se placent en parallèle à d’autres actions du même registre : il en va notamment ainsi de l’activité des éphémères comités islamo-chrétiens, de mèche avec les Français. L’activisme qui vient d’être mentionné traduit une évidence aux yeux de Paris : la Palestine doit revenir à la France. Ou, pour reprendre l’expression de l’historien Henry Laurens, « Plus la France se laïcise, plus elle défend ses droits sur les Lieux saints chrétiens28... »

20Où l’on note, en apparence, en France une dichotomie entre politique intérieure et politique extérieure, même si une nouvelle fois se vérifie la formule attribuée à Gambetta : « L’anticléricalisme n’est pas un article d’exportation. » La France ne se limite toutefois pas à des actions indirectes. En parallèle à la reprise de contacts avec le Saint-Siège, en vue du rétablissement des relations diplomatiques, Paris envoie plusieurs missions en Orient destinées à affirmer les positions françaises et à assurer un retour des choses favorables aux options françaises. Il en va ainsi par exemple de la mission présidée par un universitaire lyonnais, Paul Huvelin, au printemps 1919, qui fait suite au Congrès français de la Syrie : inventaire des intérêts français, notamment commerciaux, mais aussi culturels, en Orient29. Il en va surtout ainsi de la mission en Orient du cardinal de Rouen, le futur cardinal-archevêque de Paris Louis-Ernest Dubois, au tournant des années 1919-1920 : affirmation catholique et française, à la demande et au nom du ministère des Affaires étrangères, passage en Orient de prélats français qui font la tournée des établissements français et des communautés liées à la France, mais fréquentent également les Lieux saints de Palestine30. Le principal message est d’agir pour préserver le statut des Lieux saints dans une Palestine nouvelle, sous domination britannique/protestante, et à la destinée sioniste/juive. La mission se caractérise par des déclarations tonitruantes, mais au total elle fait beaucoup de bruit pour rien, et court bien plutôt le risque d’être contre-productive31.

21Dans l’immédiat après Première Guerre mondiale, la question des Lieux saints est également à l’ordre du jour d’un Congrès international de Palestine, dont l’idée court de 1919 à 1921 : cette affaire échoue toutefois, du fait de l’obstination française à garder le monopole du protectorat sur les Lieux saints, à rebours de la mobilisation internationale, universelle et catholique, voulue par les catholiques suisses, puissance invitante32.

22Enfin, le recteur de l’Institut catholique de Paris, Mgr Baudrillart, effectue un passage en Palestine en 1923 : lui qui avait prononcé le sermon à Saint-Julien-le-Pauvre à l’occasion de la prise de Jérusalem33, réaffirme hautement le point de vue français, avant que catholique ; le voyage est toutefois privé et n’a aucun effet34.

23En parallèle à ces diverses opérations destinées à marquer le terrain, le sujet des Lieux saints de Terre sainte est intégré au cadre de la reprise des relations avec le Saint-Siège. C’est par exemple ce qui se retrouve dans le « Projet d’instructions au Chargé d’Affaires », daté du 17 mars 1920 : « Vous affirmerez notre désir de continuer notre politique traditionnelle de protection des catholiques en Orient, et vous revendiquerez, comme contrepartie naturelle, la conservation des prérogatives et privilèges constamment reconnus par l’Église aux représentants officiels de la France en Palestine35... »

24Quelques mois plus tard, la revendication est encore plus affirmée, dans une note intitulée « La France et le Saint-Siège en Orient » (octobre 1920)36 : « Chargée, en Orient, durant des siècles et jusqu’à maintenant d’un mandat de la catholicité, la France, dans cette charge, a acquis des droits éclatants. L’occasion se présente de les faire valoir et de les inscrire à son compte. Pour cela il suffit qu’elle sache exprimer ses désirs. » Une mention manuscrite en marge est encore plus éloquente : « Le protectorat de la France peut et doit être maintenu. »

Commission des Lieux saints et honneurs liturgiques

25C’est de ce moment que date le début de la bataille de la France pour la mise en place d’une commission des Lieux saints qui soit partie intégrante du processus de fixation du statut de la Palestine. La discussion a notamment lieu autour de l’article 14 de la charte devant régir le mandat britannique accordé par la Société des Nations à la Grande-Bretagne, au cours des négociations de l’été 1922. Au sujet de cette entité touchant au statut des Lieux saints, dans le cadre de la nouvelle donne qui affecte la Palestine, les Français ont là encore pour objectif de maintenir la mainmise française. Le principal cheval de bataille de Paris concerne l’idée de voir attribuer à un Français la présidence de cette commission afin d’éviter une prédominance britannique, déjà réelle du fait du passage de l’administration militaire à une administration civile en Palestine – efforts français contre lesquels luttent les Italiens, et surtout les Britanniques. En l’espèce, Jean Goût, du service français de la Société des Nations, résume ainsi le point de vue français au plus fort de la négociation sur la charte mandataire37 :

Le Gouvernement Français n’a jamais pensé que l’Angleterre, en recevant le mandat sur la Palestine, fût par la même autorisée à substituer au régime traditionnel des Lieux saints un nouveau statut au mépris des droits antérieurement acquis. [...] Or, il est bien vrai que la France à San Remo a renoncé au protectorat des catholiques en Palestine, c’est-à-dire [...] au droit de défendre les intérêts des individus ou communautés catholiques à l’égard de la Puissance occupante. [...]. Mais il n’est dit nulle part que cette Commission doive faire table rase de tout le régime traditionnel des Lieux saints.

26Dans ce contexte général, la question de la présidence est primordiale : celle-ci doit être « nommé[e] par le Conseil de la Société des Nations, sur la présentation du Gouvernement Français qui agirait naturellement après entente préalable avec le Gouvernement britannique... »

27Cette solution « donnerait toutes garanties aux confessions et religions dont les fidèles ont pour ces sanctuaires une vénération particulière, [...] elle aiderait sérieusement par son autorité impartiale les fonctionnaires de la Puissance mandataire à faire régner l’harmonie entre les usagers des Lieux saints, et enfin [...] elle conserverait à la France quelques vestiges de la situation particulière qu’elle occupait aux Lieux saints, situation spécialement chère à la grande masse des catholiques français. »

28Très volontariste, la France n’arrive toutefois pas à imposer son point de vue au bout du compte. Elle n’est en particulier pas soutenue par le Saint-Siège : en parallèle à ce qui est véritablement une émancipation, dans les faits depuis longtemps attendue, mais inaboutie pour des raisons pragmatiques, le Vatican est soucieux que la catholicité se maintienne auprès des Lieux saints, sans favoriser une puissance plutôt que l’autre.

29En août 1922, l’on passe alors à l’idée d’une sous-commission, qui regrouperait seulement des chrétiens et aurait en charge les deux Lieux saints les plus importants, l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem et la basilique de la Nativité à Bethléem. La France estime qu’elle pourrait assurer la présidence de cette sous-commission, à défaut d’avoir obtenu celle de la première. Dans ce cas aussi néanmoins, les difficultés et les aspirations respectives semblent insurmontables. Une telle commission demeure dans les esprits en 1923 : en l’occurrence, les difficultés sont à la fois vaticanes, le Saint-Siège souhaitant encore et toujours avoir son mot à dire, et italiennes, Rome ne souhaitant pas revenir au deuxième rang parmi les puissances catholiques.

30La bataille de la commission des Lieux saints est longue. En 1924 encore, la France ne s’est pas résolue à l’absence de mise en place d’une telle commission, et a fortiori à celle d’une présidence française. Ainsi, dans les « Recommandations du ministre à M. Maugras, en partance pour Jérusalem », du 16 avril 192438, le consul général qui doit rejoindre le poste auquel il vient d’être nommé a son attention attirée, entre autres points qui doivent fonder son action, sur la commission des Lieux saints. En dépit du bouleversement de la Première Guerre mondiale et des aléas qui viennent de s’opposer aux prétentions de la France, il est éloquent que l’on évoque alors la question de l’établissement des droits de propriété de la France sur le Saint-Sépulcre (dans la lignée du don par le sultan à... Louis XII) ; de même que celle de la répartition des droits des différents pays dans la Custodie39.

31La bataille est toutefois vaine. Non seulement Paris ne parvient pas à imposer son point de vue, mais la commission en question ne voit tout simplement pas le jour. Sur le terrain, les Britanniques s’emparent de la gestion des Lieux saints. Haïm Weizmann, pour sa part, devenu le principal responsable du sionisme au cours du premier conflit mondial, promet une garantie d’accès aux Lieux saints si son mouvement devait prendre en main les destinées du pays. Selon Bernardin Collin, les articles 13 et 14 de la charte mandataire, relatifs aux Lieux saints et à ladite commission, avaient pour objectif de soustraire une fois pour toutes la question des Lieux saints à la politique : « or ce fut précisément la politique qui empêcha la réalisation du projet40 », avec le refus multiplié de toutes les solutions envisagées, au grand dam in fine de la France.

32L’attachement de la France à l’idée d’une telle commission, qui externalise en quelque sorte la gestion des Lieux saints, est durable. L’idée en est encore reprise à la fin des années 192041. Elle est surtout à nouveau d’actualité dans la deuxième moitié des années 1930, dans un temps de grande tension en Palestine mandataire. Le contexte est double. Les Britanniques sont alors confrontés à la grande grève de Palestine, les Arabes locaux manifestant leur mécontentement face à la massification de l’immigration juive42. En ce qui concerne les Lieux saints, le quasi-effondrement du Saint-Sépulcre, dû à l’âge du bâtiment, aux circonstances naturelles et à la mésentente entre les communautés représentées là, pousse le consul général de France à vouloir remettre en route cette affaire, avec à l’esprit bien entendu la volonté de s’en approprier la présidence. Amédée Outrey mentionne l’affaire dans une lettre personnelle qu’il adresse au conseiller technique pour les affaires religieuses du ministère, Louis Canet, le 4 mai 193843. Il s’agit selon lui de parvenir enfin à la constitution de la commission prévue par le mandat : celle-ci s’occuperait des réparations sur le Saint-Sépulcre ; et une fois établie, elle pourrait enfin concrétiser ce pourquoi elle avait été pensée : la gestion du statut des Lieux saints. Cet état d’esprit en apparence désintéressé est nuancé par des « Notes concernant le Saint-Sépulcre », en date du 27 mai suivant, où Canet affirme : « le gouvernement français [...] désire que rien ne vienne préjuger du futur statut des Lieux saints, où la France a des droits et des précédents à faire valoir44. »

33En parallèle, selon Collin, l’état de délabrement est aussi issu de la volonté anglaise de pousser une fois pour toutes les différentes parties à s’entendre en rendant l’église infréquentable : on assisterait ainsi, contraint et forcé, à une dépossession définitive du spirituel pour une concession définitive au temporel. Dans les faits toutefois, si des travaux sont engagés in fine pour sécuriser le Saint-Sépulcre, la relance voulue par la France de l’idée d’une commission des Lieux saints n’est une nouvelle fois pas suivie.

34Combative, ayant les idées longues, la France doit toutefois se résigner à la non-création de cette commission des Lieux saints. Soucieuse de conserver néanmoins une partie de ses traditionnelles prérogatives, elle mène une autre bataille, celle pour les honneurs liturgiques. Gestes très symboliques, marques de respect de la part du clergé catholique uni envers le représentant de la France en tant que représentant de la puissance protectrice, le monopole de ces honneurs est depuis longtemps disputé par les représentants d’autres puissances attachées à une place plus importante auprès de ces mêmes clercs45. Ces honneurs, étroitement attachés à la place particulière de la France auprès des Lieux saints (Saint-Sépulcre et basilique de la Nativité, notamment) sont eux aussi remis en cause à un moment par le Vatican, sous pression anglaise. Pour les Anglais en effet, une logique s’impose, selon leur propre interprétation : comme lors de la conférence de San Remo la France aurait d’elle-même renoncé à son protectorat, les honneurs, qui en sont l’illustration sur place, doivent aussi être supprimés. L’interprétation du ministère des Affaires étrangères est exactement inverse, comme le souligne Louis Canet : la France n’a jamais mis fin de son propre gré à son protectorat, et dans tous les cas les établissements catholiques de Palestine ne sont certainement pas tenus de suivre l’attitude de la puissance désormais dominante46.

35Conscient de ce qu’il ne peut agir seul, le ministère met en branle les évêques français pour insister sur le fait que ces honneurs dépendent de la seule relation de la France à l’Église catholique, sans intervention de l’autorité locale, quelle qu’elle soit. Dans une lettre adressée au pape Pie XI, le 18 mars 1924, les prélats lui demandent le maintien des honneurs liturgiques :

Daignez donc, Très saint Père, conserver à la France les privilèges qu’elle tient des Souverains Pontifes seuls et qui, à nos yeux, doivent demeurer, même sous le nouveau régime, comme un témoignage permanent de la reconnaissance de l’Église en ces Lieux saints, où, plus que partout peut-être, se sont accomplis « les Gestes de Dieu par les Francs »47.

36L’action est toutefois contrecarrée par la Grande-Bretagne, qui, dans une singulière répétition d’une opération vieille de quatre ans, utilise également l’entremise d’un prélat catholique, le cardinal Bourne, qui se montre plus rapide et influence la décision vaticane. Confronté à ces diverses sollicitations, le pape promet de faire quelque chose pour la France. Pour le moment toutefois, on en est encore à la thèse juridique ancienne : comme le protectorat a cessé, n’ayant plus de raison d’être dans un contexte où l’autorité locale n’est plus menaçante pour les chrétiens et ne nécessite plus une protection desdits chrétiens, les honneurs obligatoires doivent cesser ; ce qui signifie que les établissements sont désormais libres d’accorder, ou pas, les honneurs liturgiques. Certes la bienveillance est là, mais dans le concret la France se sent de plus en plus dépouillée de sa position traditionnelle. Pour faire face et sauver l’honneur, justement, en 1924, un subterfuge est trouvé, dans le souci d’éviter le fait accompli et un camouflet : lors des fêtes de Pâques, moment traditionnel de présentation des honneurs à l’entrée du Saint-Sépulcre, on imagine retirer le représentant français à Jérusalem, de toute façon sur le départ, et ne pas faire se présenter son adjoint, pour éviter que les honneurs ne lui soient pas rendus. De la même manière, le successeur du consul général ne serait pas envoyé rapidement sur place, ceci afin d’éviter que n’ait pas lieu son entrée solennelle au Saint-Sépulcre, moment inaugural de la prise de fonction de tout représentant français dans la Ville sainte.

37En l’occurrence, les efforts français sont payants : les honneurs liturgiques constituant l’unique et maigre reliquat du protectorat français, la France en obtient du Vatican le maintien, par un accord passé le 4 décembre 1926 : il est ainsi conclu que désormais les honneurs liturgiques seront rendus au représentant français dans les seuls établissements où la France a un titre de propriété ou exerce un patronage48. Pour sa part, l’entrée solennelle au Saint-Sépulcre constitue de nos jours le seul reliquat de l’ancien protectorat en tant que tel49. Il n’en reste pas moins que la France doit désormais composer avec une réalité qui s’impose à elle : elle est rabaissée au rang de figurant dans une Palestine nouvelle ; le Saint-Siège quant à lui est désormais en mesure de dialoguer directement avec le maître des lieux, la Grande-Bretagne, en lieu et place du passage obligatoire par le biais de la France, comme du temps de l’Empire ottoman. Cette évolution s’effectue en parallèle à celle de la question des Lieux saints : la France n’y occupe désormais plus une position privilégiée.

Épilogue : la quête de nouvelles approches et la tentative d’une relance

38Dans ces nouvelles conditions, qu’elle a décidément du mal à accepter, la France imagine d’autres façons de rester présente dans le champ palestinien. De cet entre-deux-guerres date la nouvelle approche que représente la mise en place d’une politique culturelle française en Palestine. De fait, l’insertion des acteurs français dans une diplomatie culturelle en devenir doit bel et bien constituer une nouvelle interprétation de la présence française dans les Lieux saints. Certes, certains fonctionnaires du Quai d’Orsay ne cessent de rappeler encore et toujours les fondements de la place de la France en Terre Sainte, acceptant difficilement l’évolution défavorable décrite plus haut. Les vues de Louis Canet s’opposent à celles de Jean Marx, en charge du Service des œuvres françaises à l’étranger (SOFE), qui préside à l’application d’une toute nouvelle diplomatie culturelle, englobant les établissements catholiques. Sur place, les consuls généraux attachés aux traditions voient d’un mauvais œil les approches par trop novatrices de Gaston Maugras, qui est en poste de 1924 à 1926 et favorise une approche adaptée aux réalités nouvelles, au grand dam des religieux français qui voient en lui un ami des laïcs, des francs-maçons et des juifs (sionistes)50. Mais la réalité s’impose décidément à la France : le symbole de la fragilisation du Saint-Sépulcre, évoquée plus tôt, incarne un destin des Lieux saints qui échappe aux Français. Paris doit aussi se résigner à une donnée numérique : c’est la baisse de la présence française aux Lieux saints par suite de la baisse du recrutement des congrégations et des ordres français, comme impact à long terme de la politique anticléricale française51. Pour leur part, en outre, ces congrégations sont de toute façon moins sous le contrôle de la France à partir des années 1920. Avec le déménagement progressif des maisons-mères vers Rome, ces congrégations rejoignent l’orbite du Saint-Siège, au détriment de l’influence française, à l’image de l’autonomisation du Saint-Siège lui-même par rapport aux Puissances, en particulier à la France52.

39Cependant, l’attachement de la France à sa place traditionnelle étant décidément durable, Paris ne s’accommode pas in fine de la réalité de la nouvelle Palestine. L’immédiat après-Seconde Guerre mondiale apparaît aux yeux de certains diplomates français comme une nouvelle chance de réaffirmer les droits de la France. De fait, la fin annoncée du mandat britannique en Palestine et la perspective d’une internationalisation de Jérusalem, au terme du projet de partition voté à l’ONU le 29 novembre 1947, pourraient signifier une nouvelle donne, voire un retour à l’ancien ordre des choses ; avec donc l’idée que la France puisse retrouver également son ancienne place dans cette nouvelle configuration. L’espoir français est réel, d’autant plus que l’internationalisation voulue par l’ONU rencontre l’assentiment des sionistes (les Arabes de Palestine la refusant, puisque selon le plan de partition elle est le corollaire de la création d’un État juif, aux côtés d’un État arabe, perspective inacceptable pour eux). La conviction qu’il existe désormais et à nouveau une « fenêtre de tir » permettant le retour à l’ancien ordre des choses est très présente chez le nouveau consul général de France à Jérusalem, nommé en 1946, René Neuville. Très catholique et très attaché aux traditions françaises en Orient, il ravive d’une part l’intérêt pour les honneurs liturgiques, dans un climat pourtant très mouvant. D’autre part, c’est lui qui en 1948 encourage la publication des travaux de Bernardin Collin sur l’histoire et le régime des Lieux saints : des travaux qui s’étendent largement sur l’ancienneté des privilèges français, et ainsi doivent montrer à tous où est le droit (du côté catholique, donc français), dans une période où doit être fixé un état de choses plus définitif, au sortir de la période somme toute passagère du mandat53.

40Et de fait, Neuville se révèle comme l’ardent défenseur d’une politique traditionnelle : il n’a pas de mots assez durs contre tout ce qui affaiblit les aspirations de la France. Lorsqu’ainsi certains religieux français se retirent de Terre sainte, à l’instar des Bénédictins d’Abou Gosh et du séminaire syrien-catholique du mont du Scandale, le consul général écrit par exemple :

Du point de vue de notre politique actuelle – de même d’ailleurs que de la politique vaticane – dans le problème de Jérusalem, la fermeture du séminaire de Siloé serait aussi déplorable. Nous ne pouvons défendre sérieusement le principe de l’internationalisation que dans la mesure où nous prouvons l’intérêt que nous portons aux Lieux saints et dans la mesure où nous les entourons d’institutions religieuses – françaises, en ce qui nous concerne. Fermer le séminaire de Siloé serait montré aux Juifs et aux Arabes que le rôle spirituel de la Ville sainte nous importe assez peu puisque nous estimons que les prêtres de rite syrien-catholique peuvent parfaitement faire leurs études en un autre endroit... et sous une autre direction54.

41L’attitude de Neuville, et le positionnement français en général, est encouragée par le patriarche latin de Jérusalem au début des années 1950. C’est ainsi qu’un diplomate français ayant accompagné un pèlerinage français en Terre sainte évoque un passage dans l’établissement des Pères blancs de Sainte-Anne : la discussion qu’il y a avec le patriarche Gori porte sur les œuvres françaises, la faiblesse du recrutement français pour les œuvres de Palestine, comme sur les pèlerinages qui doivent être encouragés pour consacrer le statut des Lieux saints. Gori a ces mots : « La France a une grande mission de protection des Lieux saints à accomplir, nous comptons sur elle, nous la félicitons des positions qu’elle a prises au point de vue international55. »

42Dans les faits toutefois, au moment même où ces paroles sont prononcées et rapportées à Paris, la réalité s’impose une nouvelle fois à la France. Le premier conflit israélo-arabe amène à une situation où la Palestine se trouve partagée entre un État juif (Israël) et une terre arabe occupée, puis annexée par la Jordanie. Jérusalem est coupée en deux : les Lieux saints sont désormais pour la plupart sous administration jordanienne, qui reprend la responsabilité de leur gestion, à l’exception de ceux de Galilée qui se trouvent sur le territoire israélien. L’internationalisation, dont les contours et le cadre juridique n’ont jamais d’ailleurs vraiment été précisés, demeure lettre-morte. Lorsque Jérusalem-Est est conquise par les Israéliens, au cours de la guerre des Six Jours, elle est rapidement réunifiée et passe sous autorité israélienne ; et avec elle les Lieux saints de la vieille ville (Bethléem étant en territoire palestinien, occupé et administré par l’armée israélienne). À partir de là, Israël assume la charge de la gestion des Lieux saints. La loi de la Knesset protégeant ces sites sacrés (27 juin 196756) constitue l’aboutissement des promesses initiales de Theodor Herzl quant à la préservation de leur caractère spécifique, précisées dès son États des Juifs 57 et rappelées lors de son entrevue avec Pie X, le 25 janvier 190458 ; elle est aussi la suite d’engagements répétés de Haïm Weizmann, en 1922 et 1949 notamment59. Ce faisant, les sionistes font preuve d’une véritable continuité : il ne s’agit pas tant d’une conviction à œuvrer pour le bien des communautés non juives que de la volonté de ne pas s’attirer leurs foudres, et partant celles de la communauté internationale, qui doit soutenir en retour le projet sioniste (au temps de Herzl et Weizmann) puis accepter la situation issue de la conquête de Jérusalem (au temps du Premier ministre Levi Eshkol) : il faut rassurer et insister sur le fait que le projet sioniste n’est pas nuisible aux autres populations (ce qui est aussi l’une des exigences de la déclaration Balfour). Par ailleurs, cette protection du statut des Lieux saints s’impose à Israël, du fait même de l’emprise sur Jérusalem à partir de juin 1967 : de la même manière que l’Empire ottoman et la Grande-Bretagne avaient acté et poursuivi le statu quo, Israël, désormais souverain, doit assumer cette charge. Pour sa part, la France doit alors définitivement mettre fin à ses idées de retrouver son statut de protectrice des Lieux saints.

Notes de bas de page

1 Bernardin, Collin, ofm, Les Lieux saints, Paris, PUF (Que sais-je ?), 1962, p. 17-18.

2 La photographie (http://www.lefigaro.fr/international/2013/11/18/01003-20131118ART-FIG00189-hollande-a-contrepied-de-chirac-a-jerusalem.php [sur le site du Figaro, consulté le 9 décembre 2014]) a été prise le 18 novembre 2013, lors du voyage du président français en Israël et dans les territoires palestiniens. L’expression est issue du titre de notre contribution « Sainte-Anne : lieu de mémoire et lieu de vie français à Jérusalem », dans Chrétiens et sociétés, xvie-xxe siècles, Centre André Latreille (université de Lyon 2)/Institut d’histoire du christianisme (université Lyon 3), 7, 2000, p. 39-69.

3 Bernardin Collin, ofm, « Lieux sacrés », dans encyclopédie Catholicisme, vol. 7, col. 762.

4 Henry Laurens, La question de Palestine, tome 1,1799-1922, L’invention de la Terre Sainte, Paris, Fayard, 1999 ; Vincent Lemire, Jérusalem 1900. La ville sainte à l’âge des possibles, Paris, Armand Colin, 2013.

5 Bernardin Collin, Les Lieux saints, op. cit., p. 107.

6 Pour les textes relatifs au statu quo : Bernardin Collin, ofm, Recueil de documents concernant Jérusalem et les Lieux saints, Jérusalem, Franciscan Printing Press, 1982, p. 89-118. Pour la liste des Lieux saints : Bernardin, Collin, ofm, Le problème juridique des Lieux saints, Paris-Sirey, Le Caire-Centre d’études orientales, 1956, p. 178-181.

7 À Jérusalem, jusqu’à nos jours, la France est considérée comme « puissance catholique », aux côtés de l’Italie, de l’Espagne et de la Belgique. Parler des Lieux saints chrétiens ne doit certes pas faire oublier la question de Lieux saints juifs et musulmans dans cette région, qui appuient grandement les revendications des uns et des autres, et les disputes des uns avec les autres.

8 Avec certes la difficulté d’établir définitivement la véracité de lieux liés à des épisodes évangéliques notamment, difficilement vérifiables au-delà de la seule foi qui appuie ce que d’autres peuvent au mieux qualifier de « tradition », sinon de « légende ».

9 Certains sites font l’objet de fouilles archéologiques entreprises au xixe siècle par des communautés religieuses arrivées récemment. Il en va notamment ainsi des Assomptionnistes français qui rachètent une parcelle sur le lieu-dit de Saint-Pierre en Gallicante : des excavations qui mettent à jour selon eux la « maison de Caïphe », dont ils veulent faire un lieu saint qui serait en leur possession. Les Franciscains, tenant des « vrais » Lieux saints, s’empressent de ramener ce statut à l’état d’hypothèse non vérifiée, ce contre quoi s’élèvent les archéologues de l’Assomption. Ainsi la brochure du P. Urbano Coppens, ofm, Corne si creano nuovi santuari in Palestina, Il palazzo di Caifa e il nuovo “Orto di S. Pietro” dei Padri Assunzionisti al Monte Sion (Rome, Tipografia Sallustiana, 1904), trouve de nombreuses réponses de la part des Assomptionnistes : voir par exemple G. Jacquemier, L. Dressaire, aa, Le palais de Caïphe et l’ancienne basilique de Saint-Pierre au Mont Sion, extraits de Jérusalem et des Échos d’Orient, 1905 ; Joseph Germer-Durand, aa, La maison de Caïphe et l’église Saint-Pierre à Jérusalem, extrait de la Revue biblique, janvier-avril 1914 ; ou Xavier Marchet, aa, Le véritable emplacement du palais de Caïphe et l’église Saint-Pierre à Jérusalem, Paris, Gabalda, 1927.

10 Ces distinctions sont établies par B. Collin dans encyclopédie Catholicisme, op. cit.

11 Yeoshuah Ben Arieh, The Rediscovery of the Holy Land in the Nineteenth Century, Jérusalem, Magnes Press, 1979.

12 Avant 1914, la France possède en Palestine 58 institutions et est en charge d’environ 100 établissements protégés. Ce sont environ 180 religieux français et 300 religieuses françaises.

13 Éditée en 5 exemplaires, cette « note » (Études pratiques sur le protectorat religieux de la France en Orient, Première partie, Constantinople, 8 septembre 1898) est consultable à la bibliothèque du ministère des Affaires étrangères, à Paris, et dans la documentation du Consulat général de France, à Jérusalem. Voir aussi Gilles Ferragu, « Église et diplomatie au Levant au temps des Capitulations », dans Rives méditerranéennes, 6, 2000, p. 69-78.

14 Archives du ministère des Affaires étrangères (par la suite : MAE, Paris), Nouvelle Série, protectorat catholique, protectorat catholique de la France en Orient, 381914-1918, lettre de l’ambassade de France auprès de la Sublime Porte (407) au MAE, 28 juin 1914, Bompard.

15 L’Allemagne est en pointe de ce point de vue. Lors de son passage à Constantinople en 1898, Guillaume II s’entretient avec le délégué apostolique et évoque son souhait de voir s’établir des relations diplomatiques directes entre Sublime Porte et Saint-Siège : jusqu’alors, tout contact entre le Saint-Siège et la Porte passait par le biais de l’ambassadeur de France à Constantinople. L’empereur allemand ne parvient pas à ses fins, et la situation se maintient jusqu’en 1914.

16 MAE, Paris, Guerre 1914-1918, Turquie, 932, protectorat religieux de la France, août 1917-juillet 1918, note du service des informations de la marine dans le Levant, « Les établissements français de Jérusalem (août 1914-mars 1918) », Jaussen-Savignac.

17 Ibid., 917, protectorat religieux de la France, mars-avril 1915, lettre de Ledoulx au MAE, 21 mars 1915. Le Custode de Terre sainte, moine franciscain, dirige la Custodie, branche de l’Ordre des frères mineurs, créée en 1209 par saint François d’Assise, avec pour mission la représentation catholique auprès des Lieux saints, sous domination musulmane. Jusqu’au renouvellement de l’intérêt occidental pour la région, les Franciscains demeurent les seuls religieux catholiques installés durablement en Terre sainte.

18 MAE, Paris, Papiers privés de Jean Doulcet (PAAP 240), 21, Correspondance, note sur l’Asie mineure, 1916. Jean Doulcet sera plus tard en charge de la préparation du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, où il sera ambassadeur de 1923 à 1928.

19 La thématique est alors dans l’air du temps : voir notre contribution « Les croisades dans la perception catholique française du Levant, 1880-1940 : entre mémoire et actualité », Cristianesimo nella storia, 27, 2006, p. 909-934.

20 Daniel J. Grange, L’Italie et la Méditerranée (1896-1911). Les fondements d’une politique étrangère, Rome, École française de Rome, 1994.

21 MAE, Paris, Guerre 1914-1918, Turquie, 931, protectorat religieux de la France, janvier-juillet 1917, compte-rendus de la presse italienne à propos du devenir de la Terre sainte, note de Wiet à Jean Goût, 27 avril 1917. Sur les prises de position de religieux français à ce moment, voir notre article : « Le destin des institutions chrétiennes européennes de Jérusalem pendant la Première Guerre mondiale », Mélanges de science religieuse, université catholique de Lille, 4, octobre-décembre 2001, p. 3-29.

22 MAE, Paris, NS, protectorat catholique de la France en Orient, 38, 1914-1918, lettre de D. Cochin au card. Gasparri, sec. d’État du Vatican, 4 juin 1917.

23 En parallèle, la France a pleinement conscience de ce que la Grande-Bretagne, autre grande puissance intéressée par la région, est elle aussi en train de se mobiliser pour assurer sa place pour l’après Première Guerre mondiale au Moyen-Orient. Ce n’est pas pour rien que date du même jour la « déclaration Cambon », première réelle marque d’intérêt française pour le sionisme, qui précède donc la « déclaration Balfour » de novembre suivant. Dans les faits toutefois, la première, plus opportuniste encore que la deuxième, ne donne lieu à aucun réel engagement, ni à aucune suite, à la différence de la deuxième, la France demeurant pleinement méfiante à l’encontre du mouvement national juif.

24 Archives secrètes vaticanes, Secrétairerie d’État, Affaires ecclésiastiques extraordinaires, 686, 1295, 1917-1921, lettre du cardinal Gasparri à Denys Cochin, 15 février 1918.

25 Daniela Fabrizio, La questione dei luoghi santi e l’assetto della Palestina 1914-1922, Milan, Franco Angeli, 2000.

26 Sergio I. Minerbi, The Vatican and Zionism – Conflict in the Holy Land 1895-1925, New York/Oxford, Oxford University Press, 1990.

27 Des exemplaires de ces pétitions sont déposés aux Archives du Vatican : Secrétairerie d’État, Affaires ecclésiastiques extraordinaires, 692, 1307, 1919, « Les Lieux saints à la conférence de la paix », 1919, Jérusalem, Imprimerie des PP. Franciscains.

28 Henry Laurens, La question de Palestine, op. cit, p. 631.

29 Michel Seurat, « Le rôle de Lyon dans l’installation du Mandat français en Syrie : intérêts économiques et culturels, luttes d’opinion (1915-1925) », Bulletin d’études orientales, XXXI, Damas, 1979, p. 129-165.

30 Notre contribution : « Une appropriation française du Levant : la mission en Orient du cardinal Dubois, 1919-1920 », dans Patrick Cabanel (dir.), Une France en Méditerranée. Écoles, langue et culture françaises, xixe-xxe siècles, Paris, Créaphis, 2006, p. 109-128.

31 C’est ainsi que Une mission dans le Levant (Paris, Beauchesne, 1922), le rapport de l’un des prélats qui accompagnent le cardinal Dubois, Mgr Grente, est décrié par le supérieur de Sainte-Anne : dans Alfred Baudrillart, Les carnets du cardinal, 1er janvier 1922-12 avril 1925, Paris, Cerf, 2001, entrée du 13 septembre 1923, p. 606, et du 27 septembre 1923, p. 624.

32 Les catholiques français, conviés à cette rencontre qui est aussi pensée comme une opération de conciliation, n’imaginent aucunement s’asseoir à la même table que des catholiques allemands, également invités à réfléchir aux destinées de la Palestine : voir notre contribution « Relations franco-allemandes et Lieux saints de Jérusalem. Une confrontation au tournant des xixe et xxe siècles », dans Armin Heinen, Dietmar Hüser (dir.), Tour de France. Eine historische Rundreise, Festschrift für Rainer Hudemann, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2008, p. 413-418.

33 Jérusalem délivrée, discours prononcé à Saint-Julien-le-Pauvre en l’honneur de la prise de Jérusalem, le 23 décembre 1917, Paris, Beauchesne, 1918.

34 Diverses entrées de son journal (Les carnets du cardinal..., op. cit.) y font référence : ce passage et ces notes permettent d’en savoir plus sur une perception catholique et française au sortir de la Première Guerre mondiale ; mais aucun impact n’en ressort en ce qui concerne l’évolution de la Palestine.

35 MAE, Paris, Papiers privés de Jean Doulcet (PAAP 240), 33, Première mission à Rome, reprise des relations avec le Vatican – Projet d’instructions au Chargé d’Affaires, 17 mars 1920.

36 Ibid., La France et le Saint-Siège en Orient, octobre 1920.

37 MAE, Paris, Papiers privés de Léon Bourgeois (PAAP 029), 33, Palestine 1922, lettre du service français de la SDN à Londres, 10 juillet 1922, Goût.

38 Ibid., Levant 1918-1940, 18, consulats de France, juillet 1922-novembre 1929.

39 Question épineuse que celle de la répartition entre Franciscains de diverses nationalités aux postes de la responsabilité de la Custodie, sur le papier une entité internationale, dans les faits toutefois constituée de frères mineurs désignés précisément en fonction de leur origine nationale.

40 Bernardin Collin, entrée « Lieux sacrés », dans encyclopédie Catholicisme, op. cit., vol. 7, p. 765.

41 MAE, Paris, Levant 1918-1940, 31, religion musulmane, établissements français, note du directeur politique, 11 mai 1928, et note de la Direction politique-Levant, 18 mai 1928.

42 MAE, Levant 1918-1940, 67, Sionisme, janvier 1937-décembre 1938, note du MAE-Direction politique-Levant, 15 juillet 1937.

43 Ibid., Papiers privés d’Amédée Outrey (PAAP 130), 29, Jérusalem, Correspondance (dépêches) 1938, lettre personnelle d’Amédée Outrey à Louis Canet, 4 mai 1938.

44 Ibid., Papiers privés de Louis Canet (PAAP 194), 12, Questions intérieures, Orient chrétien 1920-1945, notes concernant le Saint-Sépulcre, 27 mai 1938.

45 Le représentant français à Jérusalem, comme ses homologues dans tout l’Empire ottoman, bénéficie d’un statut particulier lorsqu’il pénètre dans des Lieux saints et les établissements protégés : accueil par le clergé, place à part dans le chœur, en dehors de l’assemblée des fidèles, présentation et baiser aux Evangiles, etc. Au début du xxe siècle les représentants allemands et italiens en Palestine, notamment, souhaitent également obtenir de tels privilèges, avec réussite dans certains cas.

46 MAE, Paris, PAAP 194 Canet, 12, Questions intérieures, Orient chrétien 1920-1945, note de Canet, Les honneurs liturgiques dus à la France en Palestine, 14 décembre 1920.

47 MAE, Paris, Levant 1918-1940, 27, questions religieuses, juillet 1922-décembre 1929, lettre de Rome-St Siège (50) à MAE-Europe, 9 avril 1924, Doulcet, avec son annexe : lettre des cardinaux et évêques français adressée au Vatican sur la question des honneurs liturgiques, 18 mars 1924.

48 Ibid., Turquie, Affaires religieuses, protectorat, 117, dossier général, juillet 1925-1929, lettre du MAE aux représentations françaises à Téhéran, Ispahan, Tauris, Le Caire, Alexandrie, Port Saïd, Suez, Athènes, Bagdad, Mossoul, Jérusalem, Caïffa, Sofia, Roustchouk, Constantinople, Salonique, Addis Abeba, 8 janvier 1927. Le texte de l’accord se trouve dans Angelo Mercati, Raccolta di concordati su materie ecclesiastiche tra la Santa Sede e le autorità civili, Rome, Tipografia poliglotta vaticana, 1954, p. 42-44.

49 Aujourd’hui encore, tout nouveau consul général de France prenant ses fonctions parcourt la vieille ville de Jérusalem à pied, précédé par ses « cawas » et accompagné par les Franciscains de la Custodie, pour être reçu officiellement à l’entrée du Saint-Sépulcre par le Custode. Voir Jean-Philippe Mochon, « Le consulat général de France à Jérusalem. Aspects historiques, juridiques et politiques de ses fonctions », Annuaire français de droit international, 42, 1996, p. 929-945.

50 Voir notre article « L’ambition culturelle de la France en Palestine dans l’entre-deux-guerres », dans Dominique Trimbur, et al., Entre rayonnement et réciprocité. Contributions à l’histoire de la diplomatie culturelle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, p. 41-72.

51 Notre contribution : « Exil et retour : l’impact de la législation française sur la présence tricolore en Palestine, 1901-1925 », dans Jean-Dominique Durand, Patrick Cabanel (dir.), Le grand exil des congrégations françaises, 1901-1914, Paris, Cerf, 2005, p. 359-385.

52 Claude Prudhomme, Missions chrétiennes et colonisation, xvie-xxe siècle, Paris, Cerf, 2004.

53 Bernardin Collin, Les Lieux saints, Paris, Éditions internationales, 1948.

54 MAE, Paris, Levant, 1944-1960, Palestine, 427, Questions religieuses, mosquée du Rocher, Abou Ghosh, 31 août 1944-10 décembre 1952, lettre du consulat général de France à Jérusalem (578/AL) au MAE, 17 octobre 1949, Deciry.

55 Ibid, Palestine, 371, Représentation française (consulat de Jérusalem), 6 août 1945- 31 décembre 1952, L 662, sous-dossier Consulat de France à Jérusalem, Document anonyme « Analyse sommaire de mon séjour ». Depuis la division de Jérusalem, Sainte-Anne, domaine national français, est devenu le lieu de représentation officielle de la France dans sa partie jordanienne.

56 Bernardin Collin, Recueil de documents..., op. cit., p. 268 ; Ulrike Koltermann, Päpste und Palästina : die Nahostpolitik des Vatikans von 1947 bis 1997, Munster, Aschendorff, 2001, p. 150-151.

57 « En ce qui concerne les Lieux saints de la chrétienté, on pourrait trouver une forme d’extraterritorialité en harmonie avec le droit international. Nous formerions la garde d’honneur autour des Lieux saints et garantirions de notre existence l’accomplissement de ce devoir. Cette garde d’honneur serait pour nous le grand symbole de la question juive après dix-huit longs siècles de cruelles souffrances » (Theodor Herzl, L’État des Juifs, Paris, Lipschutz, 1926, p. 21).

58 Minerbi, The Vatican..., op. cit., p. 98-102 : Herzl parle d’exterritorialisation des Lieux saints en présence du secrétaire d’État Merry del Val, le 23 janvier, et de Pie X, le 25.

59 Weizmann évoque le sujet face au secrétaire d’État Gasparri en avril 1922 (Minerbi, The Vatican..., op. cit., p. 63) et lors d’un discours à l’université de Fribourg, en Suisse, le 13 septembre 1949 (dépêche JTA, 13 septembre 1949 : « Israël “willing and Ready” to Guarantee Free Access to Holy Places, Dr Weizmann Says »).

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