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La France laïque, « fille aînée de l’Église », en Macédoine dans le premier tiers du xxe siècle

p. 141-157


Texte intégral

1Le 16 avril 1927, Clément-Simon, ministre de France en Grèce (MFG), écrit à Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères (MAE) : « Les questions religieuses ne peuvent être négligées par les représentants français dans un pays où il existe tant d’établissements français entre les mains d’ordres religieux1. » La partie septentrionale de la Grèce, communément appelée Macédoine, correspond parfaitement à la description de Clément-Simon. En effet, alors que la région connaît un changement de souveraineté à la suite des guerres balkaniques (1912-1913)2, passant de la souveraineté de Constantinople à celle d’Athènes, la diplomatie française prétend défendre et maintenir les prérogatives obtenues du temps des Ottomans et notamment le protectorat catholique3, dans ce qu’elle appelle désormais la « nouvelle Grèce4 ». Elle justifie sa position par la similitude de la place de la religion dans l’Empire ottoman et dans la monarchie hellène. D’une part, la communauté religieuse demeure le fondement même de l’organisation des deux États5. Ainsi, selon un recensement de la fin des années 1920, la Grèce compte 6 millions d’habitants dont 4 % de non-orthodoxes : 72 800 juifs, 126 000 musulmans et 35200 catholiques6. D’une certaine façon, la communauté internationale reconnaît cet état de fait puisque les échanges de population entre Grèce et Turquie, à la suite du traité de Lausanne, reposent sur le critère religieux7. D’autre part, dans le territoire étudié, la diplomatie française poursuit la ligne tracée par les capitulations dans la mesure où le concept français de laïcité n’est pas compris comme tel par les détenteurs locaux de la souveraineté8. À ce titre, la formule de Gambetta9 est appliquée à la lettre et elle est comprise à la fois par les diplomates et les religieux10. Par conséquent, du fait du protectorat et par un effet de miroir propre aux situations impériale puis nationale grecque, être Français, c’est être catholique et être catholique, c’est être assimilé à la France, alors même que la France est républicaine et surtout laïque à l’intérieur de ses frontières. Si les nuances sont nombreuses – hétérogénéité des confessions des agents diplomatiques11, des nationalités des religieux et de la population catholique –, de l’extérieur, la communauté catholique a une certaine cohérence que garantissent à la fois les établissements religieux et les représentations diplomatiques et consulaires12. Or, en parallèle de ces interrogations locales, la diplomatie française connaît des transformations en profondeur à l’aune des années 1920. Elle s’affirme en effet pleinement dans des domaines qu’elle ne faisait qu’effleurer auparavant, où les acteurs diplomatiques, institutionnels et privés, se croisent désormais constamment. Si ces évolutions sont bien connues pour la diplomatie économique13 et la diplomatie culturelle14, elles mettent également en lumière une certaine forme de diplomatie religieuse. Le facteur religieux induit en effet, lui aussi, une recherche de prestige et d’influence dans un contexte de concurrence polymorphe des impérialismes européens, recherche qui passe par d’incessants allers-retours entre les différentes échelles de l’action diplomatique, locale, nationale, européenne, impériale et désormais de plus en plus mondiale. À ce titre, et a contrario du reste de l’espace balkanique dominé par les Jésuites soutenus par l’Autriche-Hongrie, la Macédoine est principalement desservie par les Lazaristes, congrégation française missionnée par l’ordonnance royale de 178315. Au cours du xixe siècle, ils sont rejoints par les Sœurs de la Charité (1854) puis par les Frères des Écoles chrétiennes (1885)16. Malgré l’objectif premier de prosélytisme des missions catholiques, les différents régimes français du xixe siècle, IIIe République comprise, soutiennent globalement leurs activités17.

2Il s’agit donc ici de s’interroger sur l’intérêt du local, et dans une certaine mesure sa spécificité, dans la compréhension des liens qui unissent religion(s) et diplomatie(s). Les contemporains du début du xxe siècle sont conscients de l’importance de cet enjeu, comme en témoigne le nombre de dossiers consacrés à la question religieuse au sein de l’administration centrale du Quai d’Orsay18, mais aussi dans les archives des postes conservées à Nantes19. Ce constat s’applique également aux religieux dont les archives contiennent une correspondance abondante, interne ou externe, sur les relations à entretenir avec la diplomatie française20. Les historiens se sont, eux, intéressés depuis longtemps aux interactions entre religion et diplomatie dans l’Empire ottoman. Plusieurs champs ont d’ailleurs été récemment revisités, comme la question du protectorat ou des capitulations21. C’est le cas également de l’histoire des représentations diplomatiques européennes dans les Balkans22. Il en va de même de l’histoire des missions religieuses, et plus spécifiquement catholiques, à travers le monde, sujet historique à part entière dont le pendant ottoman est bien connu23. Par ailleurs, les relations entre les deux institutions sont étudiées à travers de nouvelles approches, principalement l’histoire culturelle24. Enfin, cet article s’appuie sur les interrogations historiographiques actuelles concernant le passage des Empires aux États-nations25.

Religions et diplomatie culturelle en Macédoine : « des rapports basés sur les traditions du passé »

3Pour l’historiographie actuelle, les rapports entre religion et diplomatie sont généralement compris comme étant le soutien réciproque de la religion à l’affirmation et à la structuration de la diplomatie culturelle française. Leur lien constitue même la spécificité des actions françaises – et italiennes – à l’étranger selon Anastassios Anastassiadis, qui évoque l’idée de « modèle26 ». C’est notamment le cas dans le domaine scolaire. En Macédoine grecque dans les années 1920, les « œuvres nationales » françaises décrites par le consul Wiet reposent sur des situations héritées du passé ottoman27. À Salonique, mis à part la Mission laïque fondée en 190628, quatre établissements scolaires subventionnés par la diplomatie française sont tenus par des religieux. Ces cinq établissements forment, aux dires de Clément-Simon, « un contingent d’environ 1 000 élèves parlant le français [et] arrivfant] chaque année à l’âge d’homme29 ». Dans le reste de la circonscription consulaire, l’ensemble des établissements scolaires sont tenus exclusivement par des congrégations religieuses. « Œuvres nationales », « institutions de France30 » : les expressions employées par les consuls de Salonique sont explicites. Elles correspondent aux soutiens divers de la diplomatie française à l’action culturelle locale. Ces aides existaient déjà dans la deuxième partie du xixe siècle mais elles s’accélèrent31 et s’institutionnalisent32 au début des années 1920. Les consuls constituent à ce titre des relais entre les desiderata financiers et matériels des religieux et les subventions du ministère des Affaires étrangères. Ainsi les aides de la France sont nombreuses en matière immobilière à la suite de l’incendie de 191733, des politiques successives d’urbanisation de Salonique34, ou encore pour des besoins d’agrandissement d’établissements déjà existants35. Or, non seulement les traditions passées sont maintenues par la diplomatie française, mais elles sont également entretenues. C’est le cas pour l’école de filles de Cavalla. Comme la plupart des écoles françaises, son fonctionnement n’avait pas spécialement été gêné par l’enchaînement des guerres balkaniques et de la Grande Guerre. Pourtant, les sœurs décident de sa fermeture en 1921 car elles souhaitent participer au retour en Turquie des missions catholiques, exclues de ce territoire pendant la Première Guerre mondiale. Maurice Devet, le consul français, déplore en 1924 « une décision qui devait être malheureusement appelée à compromettre le succès de la cause commune à laquelle ont toujours collaboré votre Ordre et le gouvernement français36 ». Il œuvre donc ardemment pour la conservation du bâtiment – en 1923, il réussit à faire expulser les militaires grecs qui y stationnaient37 –, et pour la réouverture de l’école, qui a finalement lieu en 1925.

4Mais l’action diplomatique française est loin d’être uniquement conçue par et pour les catholiques. En 1927, ces derniers atteignent à peine le nombre de « 500 environ dans la ville38 ». Le soutien de la diplomatie française aux œuvres catholiques en Macédoine s’explique aussi parce que la dimension religieuse est partie constitutive des sociétés locales, qu’elles soient ottomanes puis hellènes. L’affirmation d’une diplomatie culturelle permet dès lors aux représentants locaux de la France de disposer de leviers d’action et d’insertion aussi efficaces qu’attractifs au cœur d’autres communautés de la ville et de la région, plus nombreuses et plus influentes dans la vie locale que les seuls catholiques. Comme au Proche-Orient39, cette politique concerne d’abord les chrétiens dans la mouvance catholique, en l’occurence les Bulgares unis ou uniates40. Malgré les démarches avant tout prosélytes des missionnaires41, la diplomatie française suit de près leurs activités, n’hésitant pas à intervenir directement auprès des autorités locales pour en prendre la défense. C’est le cas notamment à Yenidjé Vardar et à Kilkis42. Néanmoins, le développement et l’affirmation de la diplomatie culturelle française en Macédoine concernent surtout la population Israélite de la ville. La communauté juive est en effet majoritaire à Salonique et ses élites contrôlent une part importante des activités socio-économiques de la région43. Si le rôle de la presse et des associations n’est pas à négliger, c’est encore par le biais de la scolarisation que l’intervention de la diplomatie française est la plus visible. Elle soutient l’ensemble des protagonistes, que ce soit l’AIliance israélite universelle44 ou les écoles privées soutenues par l’Alliance française45, et encourage l’adaptation du réseau des écoles françaises à l’accueil des élèves juifs, qui y sont généralement majoritaires : horaires et cantine notamment. L’action française se renforce d’ailleurs dans les années 1920 du fait de la concurrence croissante d’autres modèles, le sionisme46 ou l’influence italienne47 notamment. Enfin, il faut souligner que l’action culturelle française en Macédoine ne concerne qu’à la marge la communauté orthodoxe, ce qui explique en partie la perte d’influence sensible que connaît la diplomatie culturelle française à la fin des années 1920.

5En effet, outre la promotion des intérêts français au niveau local, les consuls sont également chargés de défendre et de justifier la diplomatie républicaine de soutien à la religion catholique auprès de leurs interlocuteurs locaux. D’une part, les consuls doivent garantir la cohérence d’action et de discours de la communauté française dans leur circonscription. Or, si l’Union sacrée48 fut brièvement de mise lors de la Grande Guerre – entre militaires, religieux et laïcs –, les tensions internes, apparues au début du xxe siècle, font rapidement surface dans les années 192049. Ainsi, en 1927, le proviseur de la Mission laïque, Vattier, confie au consul qu’il comprend les enjeux de la coordination de l’action française au niveau local. Il affirme pourtant avoir été sermonné par ses supérieurs parisiens en 1925 pour avoir participé à des manifestations communes avec les Lazaristes et refuse donc de s’y joindre à nouveau50. L’accroissement des tensions dans les années 1920 entre les protagonistes de l’action culturelle française en Macédoine est révélateur d’un renversement de tendance. La Mission laïque affirme en effet progressivement sa place dans le système d’influence de la France à l’étranger, alors que, concomitamment, la place de la religion décline, phénomène accéléré par les évolutions de la législation hellène.

6En effet, les représentants français doivent d’autre part défendre ces mêmes intérêts auprès des autorités locales et des concurrents européens directs, notamment les Italiens. Or, avec l’atténuation des tensions internes et externes faisant suite à l’échec définitif de la Grande Idée51, l’État grec revient progressivement sur un ensemble de prérogatives concédées par l’Empire ottoman aux puissances européennes et depuis entretenues par elles. L’État grec a pour objectif de nationaliser – helléniser – l’ensemble de la population locale déjà présente en 1912 et celle nouvellement arrivée, à savoir les réfugiés. Or, les décideurs grecs et l’opinion publique considèrent la scolarisation comme un des principaux facteurs de l’hellénisation de la population macédonienne, les établissements étrangers faisant dès lors obstacle à ce processus52. Ainsi, à partir de 1924, l’État grec intervient de plus en plus régulièrement dans les affaires scolaires étrangères, demandant des comptes sur le nombre d’élèves, leur nationalité ainsi que celle des professeurs, les diplômes obtenus, ou encore l’enseignement prodigué. À chaque fois, en accord avec leur hiérarchie, les consuls opposent une fin de non-recevoir aux autorités hellènes53. Cependant, la stratégie de défense des prérogatives anciennes s’effrite progressivement et est finalement abandonnée à l’orée des années 193054.

7Pourtant, si les liens se sont affaiblis entre religion et diplomatie culturelle en Macédoine, ils n’ont pas disparu pour autant. D’une part, la diplomatie culturelle française emprunte progressivement d’autres voies, plus laïques, plus républicaines. Ainsi, à l’université de Salonique, une chaire de civilisation française est-elle créée au milieu des années 1930. D’autre part, la diplomatie française finit par renoncer à un ensemble de prérogatives qu’elle considérait acquises car, comme le rappelle le consul français Wiet, avec une certaine mauvaise foi : « Le premier devoir des étrangers est assurément de se conformer aux lois et règlements des pays où ils résident et [...] l’opinion de ce poste n’a pas varié depuis le jour où cette contrée a été placée sous la souveraineté grecque55. » Pourtant, la religion est loin de sortir définitivement du champ d’intervention et d’influence françaises en Macédoine. La dimension culturelle n’est pas le seul lien qui unit les deux institutions, elle n’est finalement qu’une des conséquences de relations plus générales et anciennes encore entre la France et l’Empire ottoman : le protectorat.

Diplomatie française et protectorat catholique : la Macédoine à l’aune du jeu diplomatique international

8L’affirmation de la diplomatie culturelle française en Macédoine hellène dans les années 1920 repose donc dans un premier temps sur les traditions du passé ottoman, avant d’évoluer progressivement. Or, la légitimité de l’intervention française en matière religieuse dans l’Empire ottoman s’appuie sur le protectorat56, situation que les lois républicaines n’affectent pas directement57, mais qu’il s’agit désormais de discuter au regard du changement de souveraineté que connaît la Macédoine. Ainsi, en 1929, alors même que la diplomatie culturelle s’éloigne de sa dimension religieuse, Clément-Simon (MFG) interroge Aristide Briand (MAE) sur cette question. Il souhaite savoir quels sont « les textes ou les faits que nous pouvons invoquer pour faire reconnaître par le gouvernement grec la continuation du protectorat en ce qui concerne Salonique58 ». La réponse ne tarde pas à venir :

La situation juridique est très claire. En vertu des capitulations et de l’article 62 du traité de Berlin du 13 juillet 1878, nous exercions le protectorat sur les catholiques latins dans toute l’étendue de l’Empire ottoman et par conséquent à Salonique ; l’exercice du protectorat a été suspendu dans certaines régions détachées de l’ancien Empire ottoman [...]. Le protectorat lui-même a été aboli, avec les capitulations, par le gouvernement turc et cette abolition a été sanctionnée par l’article 28 du traité de Lausanne. Mais aucun de ces actes ne s’appliquant à Salonique, il résulte que le statu quo ante y est toujours en vigueur. Peut-être vous dira-t-on que le gouvernement français a renoncé au protectorat religieux en Grèce par le protocole du 3 février 1830. Il est vrai que cette renonciation a été faite mais sous des conditions précises. [...] Le protocole du 3 février 1830 ne saurait s’appliquer automatiquement aux territoires postérieurement incorporés à l’État grec. Il est bien évident que nous ne pourrons pas maintenir le protectorat religieux à Salonique si la Grèce tient à s’en affranchir : mais il faudra dans ce cas procéder par des voies régulières comme il a été fait avec la Turquie lors du traité de Lausanne et avec la Grèce elle-même lors du protocole de 183059.

9Cet échange épistolaire sur la question du protectorat catholique français révèle le flou qui régit les relations diplomatiques en « nouvelle Grèce » plusieurs années après son rattachement officiel à Athènes. La question religieuse était en effet au centre des rapports franco-ottomans – les capitulations60 – et, au-delà, des rapports de l’ensemble des puissances avec la Sublime Porte61. À ce titre, les régimes français successifs du xixe siècle se sont attachés à affirmer le statut particulier de la fille aînée de l’Église dans l’Empire ottoman. Cette détermination passe aussi bien par la signature de traités bilatéraux – comme le traité de Mytilène en 190162 – que par la reconnaissance par le concert européen du particularisme français, malgré les contestations et prétentions des autres États européens, à commencer par l’Autriche-Hongrie et surtout l’Italie. C’est le cas notamment du traité de Berlin en 187863. De même, la France parvient, dans les mêmes conditions, à maintenir cette position préférentielle dans les États issus du morcellement territorial de l’Empire ottoman au cours du xixe siècle. À ce titre, au niveau local des relations diplomatiques, des ordres sont régulièrement donnés aux consuls français de faire appliquer ces traités de manière concrète. C’est le cas notamment des messes consulaires qui, selon le consul Wiet, sont une « manifestation extérieure de notre suprématie au point de vue catholique64 ». Les consuls français disposent ainsi d’un banc consulaire, sont encensés et des Te deum en l’honneur de la République – Domine Salvam Fac Républicain – sont célébrés conformément aux dispositions du concordat de 1801, lors des grandes fêtes liturgiques mais aussi nationales françaises, notamment le 14 juillet65. Le protectorat est donc bien considéré « comme un patrimoine national autant que comme un instrument éprouvé du rayonnement national66 », à tel point que les consuls français font célébrer six messes consulaires par an au lieu des trois requises, disposition qui leur est d’ailleurs reprochée par leur hiérarchie67.

10Or, à la fin des années 1920, aucun traité bi ou multilatéral n’a encore réglé cette question pour les territoires conquis par la Grèce à l’issue des guerres balkaniques. Les capitulations ont certes été abolies par Athènes dès décembre 1913. D’ailleurs, le texte du traité de 1830 a spontanément circulé entre les consuls et les Lazaristes à Salonique de manière à anticiper les conséquences de cette suppression. Néanmoins, les diplomaties européennes ont d’emblée rejeté les mesures prises par la Grèce comme étant unilatérales. Dès lors, les correspondances diplomatiques font état de la volonté des gouvernements européens de discuter des modalités de cette suppression, mais l’éclatement de la Première Guerre mondiale repousse ces démarches à une période ultérieure68. Reprenant un ensemble de dépêches traitant de la question depuis 1914, le consul français Émile Wiet en résume ainsi les enjeux en 1922 :

L’Empire ottoman, État annexé, avait habilité, par des actes diplomatiques, des associations laïques ou religieuses françaises à ouvrir des écoles et des hôpitaux. Le royaume hellénique, État annexant, reste tenu de toutes les suites de cette investiture69.

11Cette situation que Clément-Simon qualifie de coutumière, « de fait plus que de droit70 », régit encore la question du protectorat français au début des années 1930. En effet, comme il le rappelle, « le protectorat affecte les intérêts de trois parties : l’État protecteur, le culte protégé, enfin l’État auprès duquel s’exerce la protection ». Or, dans les années 1920, des négociations bilatérales ont lieu entre les trois protagonistes sur la question religieuse. Entre Athènes et le Vatican, malgré les espoirs de Lascaris71, les discussions sont nombreuses et difficiles, tant sur des aspects pratiques de la représentation que sur des questions purement dogmatiques, liées notamment au prosélytisme ou encore au statut exact de la religion catholique, qualifiée de simplement « tolérée ». La machine diplomatique française suit de près ces négociations depuis Paris, Rome, Athènes ou Salonique72. Quant à la France, elle reprend progressivement ses relations diplomatiques avec le Vatican après la rupture de 1904. Or, même si, dans ce laps de temps, la question du protectorat français n’a jamais été vraiment remise en cause73, la situation change à la fin des années 1920. En effet, le statut de protectrice des catholiques était accordé à la France par le pape dans la mesure où ce dernier n’était pas officiellement reconnu dans l’Empire ottoman et ne se reconnaissait pas comme un État temporel à part entière. Or, en 1929, est créée la cité-État du Vatican, reposant sur les mêmes droits temporels que les autres États74. De facto, les prétentions coutumières françaises s’en trouvent affaiblies en Grèce, même si la bienveillance vaticane sert toujours les intérêts français75. De ce fait, si les relations bilatérales entre la Grèce et le Vatican et la France et le Vatican semblent réglées ou sur le point de l’être au début des années 1930, elles sont plus difficiles à mettre en place entre la France et la Grèce. Alors que le gouvernement grec, soutenu par son opinion publique76, souhaite revenir sur ce privilège, Clément-Simon fait part de son opinion à Briand :

Nous devons donc à mon avis bien réfléchir avant de nous engager dans une négociation dont l’issue n’est pas douteuse ; je veux dire que nous devons bien peser si nous avons avantage à établir cette situation nouvelle, qui sera plus nette, il est vrai, mais qui vraisemblablement nous enlèvera, radicalement et définitivement même, les coutumes actuellement en vigueur, coutumes qui ne constituent pas un gros avantage mais contribuent à notre situation générale dans ce pays77.

12La France parvient donc à conserver une situation floue, où les pratiques et les coutumes s’érigent en droit. Derrière la « hantise du déclin78 », il s’agit donc de se demander pourquoi la diplomatie française tient autant à conserver la coquille, désormais vide, du protectorat, d’autant que la diplomatie culturelle française a, dans le même temps, abandonné son principal fer de lance en Macédoine, à savoir la religion. Il faut donc chercher dans cette diplomatie faite de silences et de proclamations et spécifique à la partie septentrionale de la Grèce d’autres raisons. En effet, les enjeux du maintien d’un protectorat tacite en Macédoine répondent aux évolutions du jeu diplomatique à différentes échelles.

Religion et diplomatie par le prisme du local : le maintien de liens forts en « nouvelle Grèce »

13La Macédoine et notamment la ville de Salonique ne sont pas des espaces anodins pour la diplomatie européenne du premier tiers du xxe siècle. Espaces convoités pendant la question macédonienne par les nationalismes balkaniques aux dépens de l’Empire ottoman, ils deviennent des espaces à conquérir pour l’autorité grecque, sous les regards intéressés des diplomaties européennes, un certain nombre de questions faisant directement écho à celles laissées en suspens par la nationalisation d’un territoire précédemment impérial. Ainsi la défense du protectorat s’explique-t-elle par la volonté de la diplomatie française de conserver une légitimité d’action et d’intervention dans des questions où le fait religieux domine souvent. À ce titre, une part importante de l’action des consuls consiste à observer les évolutions démographiques et sociales de leur circonscription. D’une part, les mouvements de population étant récurrents en Macédoine à partir de la fin du xixe siècle, les consuls témoignent de la mise en place des principes humanitaires internationaux79, tout en y prenant part. Les années de guerres, balkaniques, mondiales puis gréco-ottomanes, sont ainsi emblématiques. Si les échanges de populations faisant suite au traité de Lausanne ont focalisé l’attention des contemporains des événements80 comme des historiens81, la région accueille également de nombreux réfugiés catholiques. Si le consulat n’intervient pas directement pour le contrôle de ces migrations, à l’exception des ressortissants français, religieux ou laïcs82, il s’octroie un rôle d’intermédiation auprès des autorités grecques83. D’autre part, le soutien à la religion permet en retour de mener une politique d’influence de premier ordre au niveau local. Ainsi, la problématique impériale des communautés religieuses a progressivement glissé, avec l’affirmation d’une communauté internationale structurée, en problématique des minorités84. Les consuls s’intéressent notamment de près au devenir de la communauté juive de Salonique, leurs intérêts locaux, partiellement communs, croisant les grands enjeux internationaux. Une délégation salonicienne est ainsi présente à la conférence de la paix en 1919 pour « demander [...], particulièrement au gouvernement français, de les défendre contre les mesures du gouvernement grec ». Cependant, malgré le choix de « deux pôles magnétiques : Paris et Tel Aviv », le consul Georges Terver ne peut que constater et regretter les départs massifs au sein d’une communauté en partie liée aux intérêts de la diplomatie française locale85. Enfin, l’ensemble de ces questions continue d’attiser les rivalités européennes, comme le démontre la situation politique du mont Athos. Alors que son statut semblait réglé en 1913 par le traité de Bucarest, faisant de la Montagne sainte « une démocratie ecclésiastique sous la dépendance spirituelle du Patriarcat de Constantinople86 », celui-ci est régulièrement remis en cause par la Grèce87. Maurice Devet, le consul français, demande notamment en 1928 des gravures pour décorer les cellules des moines : « La nuit du 4 août, le serment du Jeu de paume, Rouget de l’Isle chantant la Marseillaise ou une gravure représentant quelqu’une des plus belles unités de notre flotte, etc.88 » Le Service des œuvres répond positivement à cette demande, permettant ainsi à la France de maintenir une influence diffuse dans cet espace, certes dominé par l’influence russe, mais où les menées européennes, notamment anglo-saxonnes89, sont nombreuses. Finalement, la réalité du terrain oblige la diplomatie française à conserver une réelle dimension religieuse, en tant qu’État souverain, mais également comme promoteur de la communauté internationale.

14Cette dimension est d’autant plus importante qu’au-delà de la sphère légale de leurs actions, les représentants européens ont, dans l’espace urbain, un pouvoir d’influence important lié à leurs fonctions, ce que souligne le supérieur du séminaire lazariste de Zeitenlick :

Je tiens à vous remercier de tout cœur de votre rapide et efficace intervention : vingt-quatre heures après l’envoi de ma lettre, les marabouts militaires, tentes, hommes et bêtes avaient déjà évacué nos champs. Permettez-moi de vous le dire : les Grecs aiment l’amitié de la France et ils en ont besoin : c’est pourquoi vous, consuls ou ministres de France en Grèce, vous jouissez d’un prestige et d’une influence plus considérables que vous ne le supposez90.

15En effet, pour appréhender au mieux les rapports entre religion et diplomatie à l’échelle locale des relations internationales, la dimension humaine est primordiale. Elle permet notamment de réfléchir sur le double axe informel/structuré91 à partir des mêmes acteurs de ces relations. Malgré l’estompement progressif dans les années 193092 de la diffusion massive des missionnaires français dans le monde à la suite de l’expulsion des congrégations93, les consuls de Salonique insistent régulièrement pour avoir à leurs côtés des missionnaires de nationalité française. Ils demandent notamment à leur hiérarchie d’être vigilante au sujet du remplacement de Gabolde, curé de la paroisse depuis 1910, dont la mutation est l’objet de rumeurs récurrentes et qui décède finalement en poste en 194294. Plusieurs raisons justifient les démarches des consuls. D’un côté, les Lazaristes et les diplomates français maintiennent et revendiquent la filiation gallicane qui les lie depuis la fin du xviiie siècle et ce, malgré les évolutions du régime en France et le changement de souveraineté locale95. De l’autre, a contrario du personnel diplomatique de carrière96, les religieux, à l’exemple de Gabolde, s’insèrent profondément et durablement dans les sociétés locales97. Entretenir des relations cordiales avec les missionnaires est donc gage d’une mission réussie pour les consuls. Par ailleurs, au-delà de divergences dogmatiques qui peuvent être réelles98, diplomates et religieux partagent souvent un attachement commun pour le Levant, créant ainsi une solidarité autant institutionnelle qu’humaine. C’est d’ailleurs l’argument principal qu’utilise Maurice Devet pour convaincre la supérieure des Sœurs de la Charité au sujet de la réouverture de l’école de Cavalla :

J’ai pris, ma Révérende Mère, la liberté de vous écrire cette lettre avec la confiance que me donne le souvenir du magnifique labeur de charité humaine et de sacrifice patriotique que plus de 25 années de carrière en Orient ont laissé dans mon cœur quand j’évoque les cornes grises et les cornettes blanches de vos sœurs. [...] [Le consul] met à cette occasion tout son espoir dans le vif intérêt que vous portez, ma Révérendissime Mère, à toutes les questions intéressant à la fois la prospérité de votre Ordre et la grandeur de la France99.

16À ce titre, les consuls n’hésitent pas à faire appel aux Lazaristes comme agents consulaires de leur circonscription100 – notamment à Cavalla101 –, d’autant que le nombre de Français présents en Macédoine ne cesse de diminuer au cours du premier tiers du xxe siècle, passant de 400 individus en 1912 à une poignée en 1930. René Delage constate ainsi amèrement en 1929 que, mis à part « quelques Français de haut vol [directeurs des compagnies d’éclairage et du tramway, directeur du port, directeur général de la banque de Salonique], il n’y a que trois ou quatre commerçants dans une situation proche de la déconfiture ». Seuls les professeurs de la Mission laïque et les congrégationnistes redorent l’image de la communauté française à Salonique102.

Conclusion : L’informel, fondement du couple religion et diplomatie française en Macédoine grecque ?

17Comme le souligne Alexis Vrignon, « paradoxalement le foisonnement des symboles fait du protectorat un terrain neutre, que chacun peut investir des symboles qu’il désire trouver103 ». Le lien entre religion et diplomatie culturelle, aussi évident soit-il, parce que le plus visible, n’est pas celui qui marque le plus profondément les relations entre religion et diplomatie en Macédoine. Dans cet espace, en cours d’étatisation et de nationalisation dans l’entre-deux-guerres, les relations sont essentiellement du domaine de l’informel, conscient entre individus et assumé au niveau des administrations centrales, pour le bon fonctionnement à venir dans la continuité de traditions passées. En témoignent encore les excuses présentées à l’évêque de Salonique par le chargé de communication de Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Daniel Levitte, en 1975 :

M. Valéry Giscard d’Estaing regrette comme vous que son trop bref séjour à Salonique ne lui permette pas de rencontrer autant qu’il l’aurait souhaité la colonie française. Il sait, en effet, le rôle essentiel qu’elle joue dans le développement des relations franco-helléniques et n’ignore pas, ce que l’image de la France auprès de la population grecque doit, en particulier, au dévouement des religieux français104.

18La rencontre a peut-être été volontairement annulée car, comme l’a montré René Girault105, les voyages officiels peuvent renforcer ou réactiver des mythes à mauvais escient, à contretemps de la politique conjoncturelle, en l’occurrence celle de négociations menées entre deux amis, le président français et le Premier ministre grec, Constantin Karamanlis, au sujet de l’intégration de la Grèce démocratique dans une communauté européenne elle-même en construction. Néanmoins, le lien entre religion et diplomatie française reste alors bien d’actualité en Grèce septentrionale.

Notes de bas de page

1 AMAE, direction des affaires politiques et commerciales, série Z (APC/Z), affaires religieuses, n° 68, janvier 1927-décembre 1932, Athènes, 16 avril 1927, Clément-Simon (MFG) à Aristide Briand (MAE).

2 Les commémorations du centenaire des guerres balkaniques ont été propices à des colloques ou des publications. Voir Catherine Horel (dir.), Guerres balkaniques, 1912-1913 : conflits, enjeux et mémoires, Bruxelles, Peter Lang [2014] ; « Les Balkans, l’Europe et les guerres de 1912-1913 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, 107, 2012.

3 Voir par exemple Joseph Hajjar, Le Vatican, la France et le catholicisme oriental, 1878-1914, diplomatie et histoire de l’Église, Paris, Beauchesne, 1979.

4 Archives des Lazaristes de Paris (ALP), dossier « François Xavier Lobry CM 1848-1931, au service du protectorat en Turquie », rapport de Lobry du 23 décembre 1909, « La délégation apostolique et l’ambassade de France à l’heure présente ».

5 Pour le cas ottoman, on peut rappeler que deux grandes conceptions de la définition du millet s’affrontent, celle de Benjamin Braude (« Foundation Myths of the Millet System » dans Benjamin Braude, Bernard Lewis [dir.], Christians and Jews in the Ottoman Empire. The Functioning of a Plural Society, New York/Londres, Holmes and Meier, 1982) et celle de Michael Ursinus (« Millet », dans The Encyclopaedia of Islam, vol. 7, Brill, 1993). Pour le cas grec, voir Sia Anagnostopoulou, « Église œcuménique, Église nationale. Le problème des rapports entre religion et nation dans les Balkans xixe siècle-début xxe siècle », dans Sia Anagnostopoulou (dir.), The Passage from the Ottoman Empire to the Nation-States, Istanbul, Isis, 2004, p. 57-73 ; Isabelle Depret, « La construction nationale en Épire, 1912-1939 : le rôle du facteur confessionnel et du haut clergé orthodoxe », Revue d’histoire moderne et contemporaine 3/2009 (n° 56-3), p. 123-149 (www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2009-3-page-123.htm [consulté en ligne le 8 décembre 2014]).

6 AMAE, Europe, 1918-1940, Grèce, vol. 195, janvier 1930-1939, questions religieuses, dossier général, Athènes, 15 octobre 1930, M. de Lens (chargé d’affaires) à Aristide Briand (MAE).

7 Voir le traité de Lausanne du 24 juillet 1923, section II, nationalité, dans Société des nations. Recueil des Traités, traité n° 701 (http://www.eurel.info/IMG/pdf/gr_traite_lausanne-2.pdf. [consulté en ligne le 8 décembre 2014])

8 Randi Deguilhem, « Exporter la France laïque dans la Méditerranée ottomane : le projet colonial de la Mission laïque française », dans Patrick Cabanel (dir.), Une France en Méditerranée. Écoles, langue et culture françaises xixe-xxe siècles, Paris, Créaphis, 2006, p. 179-190.

9 « L’anticléricalisme n’est pas un article d’exportation. » Patrick Cabanel prête à Paul Bert l’origine de cette expression en 1886 (ibid., p. 13).

10 ALP, rapport de Lobry du 23 décembre 1909, art. cité : « S’il y a eu rupture pour le concordat, il n’y a pas eu rupture pour le protectorat. C’est qu’en effet, ce sont deux choses bien différentes bien qu’il faille reconnaître que l’une déteigne sur l’autre. »

11 Voir la contribution dans le présent volume d’Isabelle Dasque, « Religion et culture des diplomates à la Belle Époque ».

12 Voir notamment Anne Mézin, Les consuls de France au siècle des Lumières, Paris, ministère des Affaires étrangères, 1997.

13 Voir Laurence Badel, « Les acteurs de la diplomatie économique de la France au xxe siècle : les mutations du corps des attachés commerciaux (1919-1950) », Relations internationales, 114, été 2003, p. 189-211 ; Robert Frank, « L’entrée des attachés financiers dans la machine diplomatique, 1919-1945 », Relations internationales, 32,1982, p. 489-505.

14 Voir notamment Alain Dubosclard, Laurent Grison étal., Entre rayonnement et réciprocité : contributions à l’histoire de la diplomatie culturelle, Paris, Publication de la Sorbonne, 2002.

15 Voir Max Roche, Éducation, assistance et culture française dans l’Empire ottoman, 1784- 1868, Istanbul, Isis (Les Cahiers du Bosphore, I), 1989, p. 13.

16 Voir Arthur Droulez (CM), Histoire de la mission lazariste de Macédoine, Thessalonique/ Istanbul, collège Saint Benoît de Galata, 1943.

17 Voir notamment Jérôme Bocquet, Missionnaires français en terre d’islam : Damas 1860- 1914, Paris, Les Indes savantes, 2005.

18 Voir AMAE, les dossiers Grèce et Turquie dans la série Nouvelle correspondance politique et commerciale (NCPC).

19 Voir CADN, les archives de l’ambassade de France en Grèce et celles du poste de Salonique. Chacune des congrégations est traitée dans un ou plusieurs dossiers spécifiques. D’autres cartons regroupent des questions communes comme celle, névralgique, des subventions.

20 Les archives des Lazaristes, consultées à Paris (ALP), Salonique et Cavalla, permettent d’avoir une idée précise des rapports entretenus par les religieux avec la machine diplomatique française.

21 Gilles Veinstein, « Le mythe des capitulations de 1536 », dans Mohammed Arkoun (dit.), Histoire de l’islam et des musulmans en France du Moyen Âge à nos jours, Paris, Albin Michel, 2006, p. 311-355.

22 Voir les thèses de Fabrice Jesné, « Les nationalités balkaniques dans le débat politique italien, de l’unité au lendemain des guerres balkaniques (1861-1913) : entre invention scientifique, solidarité méditerranéenne et impérialisme adriatique », soutenue à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Gilles Pécout, en 2009 ; et de Mathieu Jestin, « Le consulat de France à Salonique, 1783-1913 », soutenue le 30 juin 2014, sous la direction de Robert Frank à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Voir également Anastassios Anastassiadis, Philippe Gelez, « Consulats européens dans l’Empire ottoman. La concurrence des États dans les Balkans, entre la guerre de Crimée et le congrès de Berlin, 1853-1878 », dans Jôrg Ulbert, Lukian Prijac (dir.), Consuls et services consulaires au xixe siècle : une institution en épanouissement, Hambourg, DOBU Verlag, 2010, p. 290-308.

23 Sur les Balkans, voir notamment Arthur Droulez (CM), Histoire de la mission lazariste, op. cit. ; Alexis Vrignon, Les missions catholiques françaises en Turquie d’Europe (des années 1840 à 1914), mémoire de master 2, sous la direction de Rémi Fabre, soutenu à l’université de Nantes, 2007.

24 Voir notamment Anne Dulphy, Robert Frank, Marie-Anne Matard-Bonucci, Pascal Ory (dir.), Les relations culturelles internationales au xxe siècle. De la diplomatie culturelle à l’acculturation, Bruxelles, PIE-Peter Lang (Enjeux internationaux), 2010,.

25 Voir Joseph Esherick, Hasan Kayali, Eric Van Young, Empire to Nation : Historical Perspectives on the Making of the Modem World, Lanham (MD), Rowman & Littlefield, 2006. Pour l’aire balkanique, voir Sia Anagnostopoulou (dir.), The Passage from the Ottoman..., op. cit. ; Sylvie Gangloff (dir.), La perception de l’héritage ottoman dans les Balkans, actes des journées d’études en 2000, Istanbul/Paris, IFEA/L’Harmattan, 2005.

26 Anastassios Anastassiadis, « Finis Graecia ! L’inexorable sortie des acteurs religieux du domaine de la diplomatie culturelle. Le Sud-Est européen dans l’entre-deux-guerres », dans Anne Dulphy, Robert Frank, Marie-Anne Matard-Bonucci, Pascal Ory (dir.), Les relations culturelles internationales au xxe siècle, op. cit., p. 49-57 (p. 52-53).

27 AMAE, APC/Z, n° 67, Salonique, 6 août 1921, n° 99, Wiet (consul chargé du consulat général) à Aristide Briand (MAE).

28 Voir notamment André Thévenin, La Mission laïque française à travers son histoire, 1902- 2002, Mission laïque française, 2002.

29 AMAE, APC/Z, n° 68, 1927-1932, Athènes, 1er mars 1928, Clément-Simon (MFG) à Aristide Briand (MAE).

30 CADN, Salonique, série B, cart. 90, Lazaristes, extrait du journal L’Indépendant du 2 juillet 1926 (discours du 28 juin 1926).

31 René Girault, Robert Frank, Turbulente Europe et nouveaux mondes (1914-1941), Paris, Payot, 2004, p. 93.

32 Voir Antoine Marès, « Puissance et présence culturelle de la France – l’exemple du SOFE dans les années 1930 », Relations internationales, 33, 1983, p. 65-80 ; voir également l’article de Stanislas Jeannesson dans le présent recueil, « Le Service des œuvres du Quai d’Orsay et les questions religieuses dans l’entre-deux-guerres ». Pour Salonique, voir CADN, Salonique, série B, cart. 84, subventions et allocations aux établissements français 1912-1930.

33 Aleka Karadimou-Yerolympouy, Η ανοικοδόμηση της Θεσσαλονίκης μετά την πυρκαγιά τοι 1917, [La reconstruction de Salonique après l’incendie de 1917], Thessalonique, 1985.

34 Régis Darques, Salonique au xxe siècle, de la cité ottomane à la métropole grecque, Paris, CNRS éditions, 2000, p. 59-80 sur la recomposition démographique et la troisième partie sur la métamorphose urbaine, p. 143 et suiv.

35 CADN, Athènes (ambassade), série A, cart. 422, établissements religieux, Athènes, 13 septembre 1927, Delage (consul) propose à Clément-Simon (MFG) d’inaugurer le nouvel établissement des Sœurs de la Charité à Salonique : « J’ai visité ces jours-ci le nouvel établissement : il fait honneur à l’esprit d’initiative, de bon goût et d’ordre des religieuses françaises et je crois qu’il serait très heureux que le chef de la Légation de France vînt par sa présence, le jour de l’inauguration, donner un précieux encouragement à ces braves filles et marquer l’intérêt que nous portons à toutes les œuvres françaises. Ce ne serait d’ailleurs pas créer un précédent bien dangereux car il n’y a pas à prévoir de cérémonie analogue dans un avenir proche. » Mais Clément-Simon décline finalement l’offre (15 octobre 1927).

36 CADN, Salonique, série B, cart. 89, Sœurs de la Charité, Salonique, 7 avril 1924, Maurice Devet (consul) à la révérende mère Inchelin (supérieure générale).

37 Ibid., sous-dossier « Incident de la réquisition de l’école des sœurs à Cavala, 1921-1930 ».

38 AMAE, APC/Z, affaires religieuses, n° 68, 1927-1932, Rome, 8 janvier 1927, René Besnard (ambassadeur) à Aristide Briand (MAE).

39 Voir notamment Jérôme Bocquet, Missionnaires français..., op. cit.

40 Jacques Thobie, « La France a-t-elle une politique culturelle dans l’Empire ottoman à la veille de la Première Guerre mondiale ? », Relations internationales, 25, 1981, p. 21-40.

41 Patrick Cabanel, Jean-Dominique Durand (dit.), Le grand exil des congrégations religieuses françaises, 1901-1914, Paris, Cerf, 2005, p. 8. Patrick Cabanel rappelle que les Lazaristes font partie des congrégations ayant pour but l’évangélisation missionnaire, d’autres, comme les Frères des écoles chrétiennes, n’ont pas un but de mission mais sont recrutés, comme à Salonique, par les Lazaristes, pour les suppléer dans leur tâche d’enseignement.

42 AMAE, Turquie, Correspondance politique et commerciale (CPC), 1898-1914, Guerre 1914-1918, protectorat religieux, n° 931, janvier-juillet 1917, Salonique, 2 juillet 1917, M. de Billy (agent diplomatique de France à Salonique) à Ribot (président du Conseil et MAE). Le représentant français rend compte d’un entretien avec Vénizélos (Premier ministre grec) au cours duquel il a réussi à obtenir la réouverture de l’église uniate tenue par les Lazaristes de Yénidjé Vardar. « De plus, [...] il avait paru admettre tout l’intérêt qu’il y avait pour les Grecs à s’assurer en Macédoine slavophone le concours d’un élément d’ordre qui pourrait, dans l’avenir, les aider à établir le calme dans les esprits. »

43 Voir les travaux de Rena Molho sur la question et notamment, « The Jewish Community of Thessaloniki and its Incorporation into the Greek State, 1912-1919 », Middle Eastern Studies, 24, 1988, p. 39-403 (1re pub. en grec).

44 Beki Haleva, « Les écoles de l’AIliance israélite universelle comme élément de la propagation de la francophonie en Turquie », dans Zeynep Mennan (dir.), Francophonie en Turquie, dans les pays balkaniques et de l’Europe orientale, Istanbul, Isis, 2005, p. 97-106.

45 Jacques Thobie, Les intérêts culturels français dans l’Empire ottoman finissant. L’enseignement laïque et en partenariat, Louvain, Peeters (Turcica), 2009, vol. XVI, p. 340 : « Thèse que le Quai d’Orsay développe dans les années 1890, selon laquelle la France exercerait un patronage sur les écoles non catholiques, mais utiles à l’influence française. »

46 Rena Molho, « The Zionist Movement up to the first Panhellenic Zionist Congress », dans Rena Molho (dir.), Salonica and Istanbul, Social, Political and Cultural Aspects of Jewish Life, Istanbul, Isis, 2005, p. 165-186.

47 Anastassios Anastassiadis, « Finis Graecia ! L’inexorable sortie... », art. cité.

48 Ainsi le général Sarrail fait-il inaugurer, en présence du consul et des Lazaristes, dans les locaux du séminaire de Zeitenlik, une annexe de la Mission laïque destinée aux réfugiés serbes fuyant les combats, Écho d’Alger, 25 juin 1916.

49 Voir la multiplication des affaires opposant le consulat et la Mission laïque à Salonique. AMAE, APC/Z, questions religieuses, n° 67 et n° 68, 1918-1932.

50 AMAE, APC/Z, affaires religieuses, n° 68, 1927-1932, Salonique, 30 décembre 1927, René Delage (consul) à Aristide Briand (MAE).

51 Voir Kostas Kostis, « Τα κακοµαθημένα παιδιά της Ιστορίας ». Η διαμόρψωση του νεοελληνικού κράτους 18ο-210 αιώνας, [ « Les enfants gâtés de l’histoire ». La formation de l’État grec du xviiie au xxie siècle], Polis, 2013.

52 Ainsi un article du journal athénien Hestia est-il repris par le Giornale d’Italia, organe officieux du ministère italien des Affaires étrangères, sous le titre « Alarme suscitée en Grèce par l’activité des écoles françaises ». Le texte constate « le mouvement symptomatique qui se dessine en Grèce contre les écoles françaises considérées comme un instrument de propagande et de pénétration françaises excessives ». AMAE, Europe 1918-1940, Grèce, vol. 239, 1929-1939, Rome, 27 juin 1930, note de l’ambassade de Rome à Aristide Briand (MAE).

53 Plusieurs exemples jonchent les archives. Voir CADN, Athènes (ambassade), série A, cart. 422, établissements religieux, Salonique, 13 décembre 1923, Wiet (consul) à Marcilly (MFG). « J’ai [...] été ainsi appelé à engager encore une fois nos compatriotes à s’abstenir de répondre à cette communication officielle [de l’inspecteur de l’instruction publique]. »

54 Voir Isabelle Cossé, Politique et présence françaises en Grèce de 1919 à 1928, mémoire de maîtrise, sous la direction d’Yves-Henri Nouailhat, soutenu à l’université de Nantes en 1997.

55 AMAE, Europe, 1918-1940, Grèce, Instruction publique, dossier général, 1918-1921, Salonique, 8 février 1922, n° 10, Émile Wiet (consul) à Aristide Briand (MAE).

56 « Par cette expression, on entendait le droit du gouvernement français de représenter, de défendre et de promouvoir auprès de la Sublime Porte les intérêts religieux du catholicisme romain. » Joseph Hajjar, Le Vatican, ..., op. cit, p. 115.

57 Jérôme Bocquet « Les lois anticongrégationnistes et leurs effets au Levant », dans Patrick Cabanel, Jean-Dominique Durand (dir.), Le grand exil..., op. cit., p. 386-414 (p. 398) : « La France du Levant apparaît même alors comme le dernier rempart du catholicisme français contre les lois laïques. »

58 AMAE, APC/Z, affaires religieuses, n° 68, 1927-1932, Salonique, 20 novembre 1929, n° 328, Clément-Simon (MFG) à Aristide Briand (MAE).

59 AMAE/APC/Z, Paris, 16 décembre 1929, Aristide Briand (MAE) à Simon-Clément (MFG).

60 Voir Maurits van den Boogert, The Capitulations and the Ottoman Legal System. Qadis, Consuls and Beratlis in the 18th Century, Brill, Studies in Islamic Law and Society, 2005, 21.

61 Voir par exemple les enjeux de la guerre de Crimée selon Alain Gouttman, La guerre de Crimée, 1853-1856. La première guerre moderne, Paris, Perrin, 2003.

62 Moussa Abou Ramadan, « Les accords de Mytilène de 1901 et l’agrément de Constantinople de 1913 », dans Dominique Trimbur, Ran Aaronsohn, De Bonaparte à Balfour. La France, l’Europe occidentale et la Palestine (1799-1917), Paris, CNRS éditions, 2008, p. 57-69.

63 « Les droits acquis à la France sont expressément réservés, et il est bien entendu qu’aucune atteinte ne saurait être portée au statu quo dans les Lieux saints », art. 62 du traité de Berlin du 13 juillet 1878 (http://mjp.univ-perp.fr/traites/1878berlin.htm [consulté en ligne le 8 décembre 2014]).

64 AMAE, APC/Z, affaires religieuses, n° 68, 1927-1932, Salonique, 3 novembre 1927, n° 44, René Delage (consul) à Aristide Briand (MAE).

65 Christian Amalvi, « Le 14-Juillet », dans Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, t. 1 « La République », Paris, Gallimard, 1996.

66 Voir l’introduction du présent ouvrage.

67 AMAE, APC/Z, affaires religieuses, n° 68, 1927-1932, Salonique, 2 mai 1927, Henry Guys (consul) à Clément-Simon (MFG).

68 CADN, Athènes (ambassade) série A, cart. 422, établissements religieux, Paris, 11 juillet 1918, Stephen Pichon (MAE) à Billy (ministre plénipotentiaire à Athènes) : « Nous devons souhaiter, semble-t-il, mettre à profit les bonnes dispositions dont témoigne aujourd’hui le gouvernement hellénique et la présence au pouvoir de M. Venizélos pour mener à bien une négociation que les circonstances nous avaient forcés d’interrompre au moment de l’entrée en guerre. »

69 AMAE, Europe, 1918-1940, Grèce, Instruction publique, dossier général, 1918-1921, Salonique, 8 février 1922, n° 10, Émile Wiet (consul) à Aristide Briand (MAE).

70 AMAE, APC/Z, n° 67, Athènes, 9 juin 1922. M. de Marcilly (MFG) affirme à Poincaré (MAE) : « L’Église a donc ce qu’elle apprécie le plus : la liberté de fait plus encore que de droit. »

71 Stamathi Lascaris, « L’Église catholique de Grèce, essai d’histoire et de droit public », Revue historique, 111, 1922.

72 AMAE, APC/Z, n° 67, Athènes, 23 février 1920, n° 23, M. de Billy (MFG) à Millerand (Président du conseil et MAE) : « Il serait impolitique de s’attarder dans de vieilles querelles et la Grèce ne veut laisser à aucune autre puissance balkanique le droit de dire qu’elle a des préjugés. Au moment où elle s’apprête à occuper et administrer de nouveaux territoires, la Grèce tient à donner l’impression d’un État moderne. »

73 Joseph Hajjar, Le Vatican..., op. cit., p. 264-319.

74 Patrick Cabanel, entrées « Latran (accords du) » et « Vatican (cité et conciles du) », dans Les mots de la religion dans l’Europe contemporaine, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2001, p. 66-67 et p. 123.

75 Joseph Hajjar, Le Vatican..., op. cit.

76 Voir la réédition et la diffusion d’une brochure de 1902, La fin du protectorat, violente diatribe contre le protectorat religieux en Orient. Voir AMAE, Europe, 1918-1940, Grèce, vol. 195, janvier 1930-1939, questions religieuses, dossier général.

77 Ibid., Athènes, 3 janvier 1930, Clément-Simon (MFG) à Briand (MAE).

78 Robert Frank, La hantise du déclin. La France, 1920-1960 : finances, défense et identité nationale, Paris, Belin, 1994, p. 83 ; Jean Bouvier, René Girault, Jacques Thobie, L’impérialisme à la française 1914-1960, Paris, La Découverte, 1986, p. 279.

79 Voir Nadine Akhund, « Une conséquence inattendue des guerres balkaniques : le rapport Carnegie de 1913 », intervention au colloque « Guerres balkaniques, 1912-1913 », dans Catherine Horel (dir.), Guerres balkaniques..., op. cit.

80 Voir notamment Jacques Ancel, La Macédoine : son évolution contemporaine, Paris, Delagrave, 1930.

81 Voir par exemple Bruce Clark, Twice a Stranger : How Mass Expulsion Forged Modem Greece and Turkey, Londres, Granta Book, 2006.

82 AMAE, CPC, Turquie, 1898-1914, Guerre 1914-1918, protectorat religieux, n° 926, juillet 1914-février 1915, Salonique, 27 février 1915, Séon (consul général) à Delcassé (MAE).

83 Ibid., n° 927, mars-avril 1915, Paris, 11 mars 1915, n° 27, Delcassé (MAE) à Séon (consul).

84 Stéphane Yerasimos, « Ethnies et minorités en Turquie : quelques réflexions sur un problème insoluble », dans Stéphane Yérasimos, Hommes et idées dans l’espace ottoman, Istanbul, Isis, 1997, p. 171.

85 AMAE, Europe, 1918-1940, Grèce, vol. 195, janvier 1930-1939, questions religieuses, Salonique, 25 mai 1932, n° 44, Georges Terver (consul) à André Tardieu (MAE).

86 AMAE, APC/Z, n° 67, Salonique, 30 juin 1918, Graillet (consul) à Pichon (MAE) qui relaie à la légation de Rome.

87 Voir Charalambos K. Papastathis, « The Status of Mount Athos in Hellenic Public Law », dans Anthony-Emil N. Tachios (dir.), Mount Athos and the European Community, Thessalonique, Institute for Balkan Studies (241), 1993, p. 55-75.

88 AMAE, APC/Z, n° 68, 1927-1912, Salonique, 21 mai 1928, n° 51, René Delage (consul) à Aristide Briand (MAE).

89 Anastassios Anastassiadis, « Finis Graecia ! L’inexorable sortie... », art. cité. Il cite notamment la conférence de Lambeth en 1930 entre Églises anglicane et orthodoxe.

90 CADN, Salonique, série B, cart. 90, Lazaristes, Salonique, 12 août 1929, Van den Jonckheyd (supérieur des Lazaristes de Zeitenlick) à René Delage (consul).

91 Pascal Ory, « Introduction », dans Anne Dulphy, Robert, Frank, Marie-Anne Matrad-Bonucci et Pascal Ory (dir.), Les relations culturelles... op. cit., p. 18.

92 Patrick Cabanel, Jean-Dominique Durand (dir.), Le grand exil..., op. cit., p. 19.

93 Patrick Cabanel (dir.), Lettres d’exil 1901-1909. Les congrégations françaises dans le monde après les lois laïques de 1901 et 1904, Turnhout, Brepols, 2008 ; Claude Prudhomme, « Aux sources du réveil missionnaire catholique au xixe siècle : France, pays de missionnaires », dans Gérard Cholvy (dir.), Lléveil des catholique français à la dimension internationale de leur foi, xixe et xxe siècles, Montpellier, Centre régional d’histoire des mentalités, 1996, p. 7-19.

94 APL, 122 d Grèce, Salonique, le 5 octobre 1942, le chargé d’affaires en Grèce à Laval (chef du gouvernement et MAE) : « J’ai l’honneur d’appeler l’attention du Département sur cette affaire de cléricature locale, mince en soi mais dont le règlement, selon qu’il sera fait avec ou contre nous, peut avoir une sérieuse incidence sur notre influence à Salonique et en Macédoine grecque en général. »

95 AMAE, APC/Z, dossier 1-3, 1918-1926, questions religieuses, n° 67, Salonique, le 1er juin 1918, Graillet (consul) à Pichon (MAE).

96 Mathieu Jestin, « Les identités consulaires dans la Salonique ottomane, 1781-1912 », Monde(s). Histoire, espaces, relations, 4, 2013, p. 189-209.

97 Ainsi Claude Prudhomme (« Centralité romaine et frontières missionnaires », Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, 109/2, 1997, p. 487-504) et Giuseppe Buffon (Les Franciscains en Terre sainte [1869-1889], religion et politique, une recherche institutionnelle, Paris, Cerf [histoire], 2005) montrent que la centralisation romaine est théorique, la gestion locale des missions, les relations avec leurs supérieurs et les autorités locales, leurs ressources et les moyens de se les procurer primant.

98 Voir Isabelle Dasque, « Religion et culture... », art. cité.

99 CADN, Salonique, série B, cart. 89, Sœurs de la Charité, Salonique, 7 avril 1924, Maurice Devet (consul) à la révérende mère Inchelin (supérieure générale).

100 Ibid., cart. 90, Lazaristes, Salonique, 29 décembre 1937, le consul assure Lordon (supérieur de la mission des Lazaristes à Cavalla) de son soutien dans ses initiatives. Il lui fait d’ailleurs plus confiance qu’à l’agent consulaire, Markadjis : « Je connais son insouciance habituelle (ceci dit en toute franchise). »

101 Voir notamment APL, dossier Voutsinos, n° 1246, Bulletins de Cavalla. L’ensemble de la correspondance de l’agence de Cavalla du milieu du xxe siècle se trouve encore dans le presbytère de Cavalla.

102 AMAE, Affaires de Grèce, 1918-1940, Français en Grèce, dossier général, résidents et français en mission ou voyage, f° 161, 1919-1929, Salonique, 4 janvier 1929, n° 2, René Delage (consul) à Aristide Briand (MAE).

103 Alexis Vrignon, « Les missions catholiques françaises en Turquie d’Europe... », art. cité, p. 59.

104 APL, 122 d Grèce Thessalonique, Paris, le 12 septembre 1975, Jean-Daniel Levitte (chargé de mission auprès du président de la République) à Cesa (supérieur de la mission lazariste à Salonique).

105 René Girault affirme que « la conscience collective est perméable, mais également durable ». René Girault, « Voyages officiels, opinion publique et relations internationales », dans René Girault (dir.), Être historien des relations internationales, Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, p. 139-156 (p. 155).

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