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    Plan détaillé Texte intégral Le commensurable et son contraire Attribuer une valeur à des biens « à statut spécial » Estimer la nature des choses Estimer la qualité des personnes Notes de bas de page Auteur

    Valeurs et systèmes de valeurs (Moyen Âge et Temps modernes)

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Un bel lavor et inextimabili quasi

    Les circuits de l’estimable et de l’inestimable dans les trésors de la cour de Milan

    Michela Barbot

    p. 165-175

    Texte intégral Le commensurable et son contraire Attribuer une valeur à des biens « à statut spécial » Estimer la nature des choses Estimer la qualité des personnes Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Le commensurable et son contraire

    1En décembre 1493, fut célébré à Milan le mariage de l’empereur Maximilien Ier d’Autriche et de Blanche Marie Sforza, sœur du duc Galéas Marie et nièce de Ludovic Marie Sforza dit le More. Le poète Baldassarre Taccone, chargé de célébrer l’événement en vers, décrivit en ces termes les vases d’argent appartenant au Trésor des Sforza, exposés à cette occasion sur l’autel de la chapelle nuptiale : Un bel lavor et inextimabili quasi / che non ha el mondo simile argientera / e son ben forse circa cento vasi / torze distincte poi di bianca cera / e quelli tutto el di vi son rimasti / quei candelieri e vasi al modo antico / fe fabricare el signor Lodovico1.

    2Les sources disponibles ne précisent pas si ces argenteries ont été un jour estimées par un expert2. En revanche, ce qui apparaît certain est qu’attribuer un prix à des biens à ce point uniques et chargés de significations symboliques, tels que les trésors des cours de la Renaissance, était une entreprise non seulement complexe, mais pas toujours perçue comme légitime ou praticable3. Des œuvres quasiment inestimables : c’est bien ainsi que se devaient d’apparaître – et pas uniquement aux yeux des poètes – les nombreux objets qui défilaient sur les habits et dans les demeures des membres des grandes dynasties aristocratiques médiévales et modernes. Pour cette raison, il n’est guère surprenant de découvrir que les inventaires des familles Visconti et Sforza – à savoir la source historique qui, plus que toute autre, devrait nous aider à connaître non seulement l’aspect de ces objets, mais également leur valeur économique – omettent précisément cette dernière information dans de nombreux cas. Sur un total de 425 objets mentionnés par les inventaires que nous avons consultés, seuls 225 sont accompagnés d’une indication de leur valeur4. Plus intéressant encore, une même expertise au sein d’un même document pouvait délibérément décider de procéder à l’estimation de certains objets, passant dans le même temps sous silence la valeur de certains autres. Si, par exemple, le très riche et détaillé inventaire dotal de Valentina Visconti, mariée en 1389 à Louis de Valois, duc d’Orléans, garde le silence quant à la valeur des bijoux de la dame, dans l’inventaire post mortem des biens ayant appartenu au père, le duc Jean Galéas, on constate une logique très différente, qui institue une distinction implicite, mais très nette, entre ce qui est estimable et ce qui ne l’est pas. Parmi les objets estimés figurent par exemple différents firmalios et colliers, une centuram auri laboratam ad girlandas, deux verres et un bocaletum, tandis qu’aucune valeur n’est en revanche indiquée pour les très nombreuses perles mentionnées dans l’inventaire5.

    3Quelques décennies plus tard, on peut observer un phénomène similaire, mais inverse, dans la liste des bijoux donnés à Blanche de Savoie par Galéas Marie Sforza à l’occasion de leur mariage. Dans la transcription datée du 26 juillet 1468, sur un ensemble de 42 objets répertoriés, on ne fait exclusivement allusion qu’à la valeur de deux articles, probablement jugés plus notables que les autres. Il s’agit en l’occurrence d’un

    fermalio con uno zilio con tavola una de diamanti grandi cavato de una testa de serpa, et una perla grosissima tonda, et perfecta de precio de ducati 12.000, et soprascripto diamante de precio de ducati 15.000, et in soprascripto fermalio sonno poncte tre de diamantj et robini cinque et d’un smeraldo grandissimo, poncte de diamanti sey grossi et una perla de precio de ducati seymilia cioè dicta perla6.

    4En l’absence d’autres informations, il ne nous est pas permis de savoir pour quelle raison les rédacteurs des inventaires de Jean Galéas et de Bonne ont retenu opportun de mentionner la valeur de certains objets, en gardant le silence sur tous les autres. Plutôt que d’envisager de telles absences comme le fruit d’une causalité fortuite ou d’un caprice arbitraire de la part de ceux qui réalisèrent les estimations, l’on peut faire l’hypothèse que ces choix faisaient partie d’une logique économique précise, qui avait pour finalité d’instituer une ligne de démarcation très nette entre ce que l’on considérait comme aliénable – et donc légitimement évaluable – et ce qui devait temporairement rester enfermé dans la sphère de l’indisponible et de l’incommensurable7. Un premier élément d’importance émerge dès lors ici : l’intérêt des inventaires examinés ne réside pas seulement dans ce qu’ils nous montrent, mais également dans le rapport entre ce que nous nous attendrions à y trouver et ce qu’ils omettent de nous dire. En un double jeu d’ombres et de lumières, l’estimation et son contraire dessinaient ainsi à la cour de Milan deux univers matériels et symboliques complètement différents et pourtant, nous le verrons, constamment communicants l’un avec l’autre.

    Attribuer une valeur à des biens « à statut spécial »

    5Bien que de très nombreux objets précieux des familles Visconti et Sforza soient soustraits avec soin aux circuits d’échange économique, cela ne signifie pas pour autant que ces derniers n’aient pu aucunement, et en l’espèce, être rendus disponibles et transformés en monnaie. La condition d’inaliénabilité, en fait, n’était jamais un statut totalement immuable. Aucun objet, pas même le plus précieux, n’avait le pouvoir d’être pétrifié pour l’éternité dans des fonctions de « trésor inestimable ». Même dans le cas d’une introduction dans les circuits marchands, ces biens continuaient de surcroît à jouir d’un statut spécial qui les chargeait de valeurs extra-économiques et les destinait à n’être exclusivement mobilisés qu’en cas de nécessités extraordinaires. C’est précisément ce qui advint aux bijoux du duc Jean Galéas qui, à sa mort, furent donnés en gage par sa femme, la duchesse Catherine, aux frères Giovanni et Borromeo Borromei, ces derniers étant des membres de l’une des familles les plus puissantes et les plus aisées de Milan8, afin de faire face aux dettes contractées par les Visconti. Un destin identique fut également réservé, presque un siècle plus tard, aux bijoux de Ludovic le More, hypothéqués afin de subvenir cette fois aux considérables nécessités financières nées de la guerre contre les Français à la fin du xve siècle9. Ainsi, ni le « balasso à l’effigie de l’illustrissime, Monseigneur, le duc Ludovic », ni le « rubis rouge avec l’emblème du caducée10 » – en l’occurrence le rubis avec le Caducée de Mercure, emblème spécialement frappé pour Ludovic – n’échappèrent à cette fin si peu magnifique.

    6Il est cependant également vrai que donner un bijou en gage n’équivalait pas à le vendre, car il restait toujours la possibilité ou du moins l’espoir de pouvoir de nouveau rentrer en sa possession. Dans le même temps, plus l’objet donné en gage était porteur de significations symboliques, et plus son évaluation économique traduisait et répercutait ces significations en un prix : c’est en ces termes que l’on explique ainsi l’exorbitante valeur, estimée à 25 000 ducats, du rubis avec l’effigie de Ludovic le More cédé en gage pour les exigences de la guerre11.

    7Les finalités pour lesquelles une estimation était rédigée pouvaient par ailleurs très notablement influer sur l’évaluation quantitative de la valeur des objets concernés. Il en alla par exemple ainsi, lors de la donation effectuée par Ludovic à Bonne de Savoie, comprenant une somme de 10000 ducats, ainsi que certaines pièces d’orfèvreries prélevées dans le Trésor des Sforza que les bijoutiers du duc évaluèrent dans leur ensemble à 50 300 ducats. À la mort de la duchesse, ces bijoux auraient dû être restitués à Ludovic le More, ce dernier s’assurant ainsi de la renonciation formelle de la part de Bonne sur la tutelle du fils Jean Galéas, légitime duc de Milan. Or, la prise en charge de la tutelle de Jean Galéas par Ludovic survint au même moment que la donation effectuée en faveur de Bonne, faisant ainsi de Jean Galéas le maître effectif des domaines lombards. Contextualisée dans les circonstances dans lesquelles elle eut lieu, cette donation assume une signification politico-stratégique qui influa très certainement sur le choix et sur l’estimation des objets cédés à Bonne, parmi lesquels on peut notamment reconnaître différents bijoux de haute valeur représentative et symbolique, tel qu’un fermaglio con uno diamante in la tenta G et B (en l’occurrence les initiales de Galéas Marie Sforza et de Bonne), estimé à 12000 ducats, et également un gorzarino facto ad rose de robini, lui aussi con G et B d’oro et perle tonde, évalué à 1 500 ducats12.

    8En définitive, l’estimation n’était jamais une opération neutre ou universelle, mais elle se ressentait très fortement du contexte dans lequel elle était effectuée. Le prix attribué à un collier ou à un fermoir à l’occasion d’une hypothèque n’était certainement pas le même que celui attribué lors de la rédaction d’un inventaire post mortem. Il en allait également de la sorte pour l’estimation d’un bijou dans le cadre d’une donation, qui ne pouvait qu’être très différente de celle établie dans le cadre du processus de constitution d’une dot13. Le contexte et les finalités de l’estimation étaient à ce point importants que l’expert anonyme appelé à évaluer le trousseau dotal d’Ippolita Sforza en 1465 prit la précaution d’indiquer dans une liste à part le zoie donate, quale non vanno sopra la dote14, en les évaluant sur la base de critères différents de ceux adoptés pour les bijoux de la dot. Et des critères d’estimation différents sont également à la base des disparités de valeur observées dans deux transcriptions de l’inventaire des bijoux dotaux de Drusiana Sforza. Si dans la liste rédigée en janvier 1464, le velo da corne di tela de chambra profilato d’oro con tremolanti e frappato, la mayestate una de avollio bella, la rete di perle da portare in testa cum due scudazoli da coprire li corni et le fermaglio con tre balassi et tre perle grosse sont respectivement évalués à 2, 92, 317 et 500 ducats, dans la version postérieure à cet inventaire, écrite le 17 avril de la même année, ces mêmes objets sont cette fois évalués à 6, 82, 377 et 320 ducats15.

    9Comme ces exemples le documentent très bien, la lecture des inventaires des membres de la cour de Milan montre l’existence d’une très large pluralité de logiques et de critères, parfois superposés à l’intérieur d’une même estimation. Au cours du processus d’évaluation, la compétence, la spécialisation et la fiabilité de l’expert chargé de l’estimation avaient par ailleurs une grande influence. Néanmoins, parmi les nombreux critères adoptés par les experts, il existait toujours un dénominateur commun : la quantification de la valeur ne pouvait en l’occurrence jamais faire abstraction d’une double considération, à la fois celle du critère objectif de la « nature des choses », et celle du critère « subjectif » de la qualité des personnes à qui ces objets appartenaient ou auxquelles ils étaient destinés.

    Estimer la nature des choses

    10Si l’on considère les inventaires des Sforza et des Visconti avec un œil attentif quant à la qualité des objets et des matériaux utilisés pour leur fabrication, ce qui frappe avant tout est leur grande hétérogénéité. Preuve supplémentaire des mille déclinaisons dans lesquelles pouvaient s’exprimer le prestige et le pouvoir des membres de la cour, nous retrouvons parmi les objets estimés non seulement une quantité extrêmement élevée de produits les plus variés – broches, fermoirs, colliers, anneaux, bracelets, camées, perles, diamants solitaires, verres, couverts, tasses, sacs, gorzarini pour orner le cou et reti pour coiffer et orner la tête, et même une brosse à dents (uno spazarollo da denti con una perla pendente61 et altre zogliette16) –, mais également une tout aussi impressionnante variété de valeurs, avec un éventail de chiffres compris entre 2 ducats pour le déjà mentionné velo da corne di tela de chambra ou encore un pater noster « de lambrechano » de Drusiana Sforza17 et 30000 ducats, estimation faite pour le collier bianca et morella con uno zyglio facto con uno diamante grandissimo et una perla grossa donné en 1469 par Galéas Marie Sforza à sa future femme Bonne18.

    Tabl. 1 – Les bijoux listés dans les inventaires regroupés en pourcentage par tranches de prix (1464-1499)19.

    Image

    11En approfondissant l’analyse et en regroupant les objets par tranches de prix (tabl. 1), l’on peut observer comment sur un ensemble de 225 objets estimés, la tranche la plus représentée en absolu se révèle être une couche de valeur moyenne-basse, avec des prix compris entre 26 et 500 ducats. Il est important de souligner ici qu’il s’agissait néanmoins d’une « moyenne-basse » plus que relative : à titre de comparaison, en déboursant le même montant de 130 ducats, dans la seconde moitié du xve siècle un individu aurait alternativement pu s’adjuger quatre rubis liés en boutons ayant appartenu au trousseau dotal d’Ippolita Sforza ou acheter un tiers d’une maison de plusieurs pièces avec cour privée dans la paroisse centrale de San Babila, à côté de la cathédrale de Milan20. Voulant par ailleurs confronter les objets précieux des Sforza avec d’autres objets et peintures sortis des ateliers lombards, on peut par exemple citer le cas de la grande couverture de soie brodée de fils d’or et d’argent que le peintre et miniaturiste Ambrogio de Predis vendit en 1485 à l’empereur Maximilien, futur époux de Blanche Marie Sforza, au prix de 2000 ducats21, ou, encore, la somme plus modeste de 250 ducats grâce à laquelle, dans la même période, fut réalisée par les peintres Bernardo Zenale et Bernardino Butinone l’ancône du polyptyque de l’église San Martino de Treviglio22.

    12Si ces comparaisons permettent de donner une idée de la valeur des objets précieux des Sforza, il est néanmoins vrai que parmi les chiffres reportés dans les inventaires, seule une petite minorité rentrait dans l’empyrée des pièces évaluées à des montants supérieurs à 20000 ducats. Au sommet des bijoux les plus coûteux recensés, nous trouvons – et ce n’est pas un hasard – cinq objets de Ludovic le More mis en gage durant la guerre contre les Français, parmi lesquels trois balassi, ainsi que le déjà cité collier blanc et noir con uno zyglio donné par Galéas Marie Sforza à Bonne, sa femme.

    13La récurrence de pierres rares, comme les balassi, parmi les articles les plus coûteux pourrait inciter à penser à l’existence d’une relation directe entre le caractère précieux des pierres et la valeur économique des bijoux dans lesquels les pierres étaient serties. Une analyse plus attentive permet pourtant de relativiser la linéarité de cette corrélation au regard de ce qu’à première vue elle aurait pu laisser entendre. En l’absence d’indications (pas toujours référencées) quant à la taille et à la pureté des perles, des diamants, des turquoises, des topazes, des émeraudes et des rubis, leur valeur se révèle être la résultante d’un mélange de facteurs inévitablement unique, dans lequel même le type de fabrication – in tavola, in poncta, in costa, ad facete, in uno groppo, a rosetta, in chuore, ad zuchetta, a spongete, a quadri, ad stelle23, etc. – pouvait jouer un rôle de première importance. L’impression d’ensemble que les inventaires documentent fort bien est ainsi celle d’une extrême variabilité des valeurs. Selon les matériaux utilisés, leur type de fabrication et de taille, le type de bijoux, ou encore, selon l’endroit où ils devaient se porter et leur plus ou moins grande visibilité, et finalement – comme nous le verrons – selon l’identité des individus à qui ces objets étaient destinés, une filza de pater noster en argent pouvait valoir de 2 à 50 ducats, un agnus dei en or de 20 à 200 ducats, un rete da testa de 5 à 317 ducats, un fil de perles de 105 à 1780 ducats, un diamant solitaire de 100 à 25 000 ducats, un ziglio fatto con perle 51 grosse et perle 12 piccole, balassi 3, diamanti 12 in puncta, uno diamante ad facete uno diamante in tavola grande et tri diamanti da tavola minori 1250 ducats, tandis que la valeur de l’étui ou écrin pour ledit zyglio24 fut quant à elle établie à 100 ducats.

    Estimer la qualité des personnes

    14En dépit de l’indubitable relevance des facteurs purement objectifs, la variabilité des valeurs enregistrées par les inventaires des Visconti et des Sforza ne dépendait pas exclusivement de la qualité des biens estimés. Elle ne dépendait pas non plus seulement des finalités spécifiques de l’estimation ou de la compétence de l’expert nommé à cette fin. Même si ces éléments étaient importants, il convient d’y ajouter un facteur supplémentaire, à savoir la qualité sociale des personnes à qui ces biens étaient destinés.

    15Nous avons déjà évoqué l’identité des détenteurs des objets les plus coûteux. Mais essayons désormais de comprendre à qui étaient en revanche destinés les trésors plus modestes. Parmi les objets appartenant à la tranche de valeur la plus basse, comprise entre 2 et 25 ducats, la grande majorité appartenait, nous l’avons déjà cité, à Drusiana Sforza. Les objets mentionnés dans la dot de Drusiana, inventoriés dans deux listes datées de 1464, incluaient différents articles estimés à 3 ducats25, tandis que les objets véritablement notables étaient très rares. La valeur moyenne de ces objets atteignait dans leur ensemble 80 ducats : montant clairement modeste si l’on pense que quelques années après, en 1473, le duc Galéas Marie aurait acheté au bijoutier Francesco Pagano deux broches destinées aux femmes de deux de ses domestiques, les payant respectivement 110 et 340 ducats chacune26. Et il n’est par ailleurs en rien fortuit de constater que la dot de la pauvre Drusiana – fille tardivement reconnue par Francesco Sforza, mariée au condottiere Jacopo Piccinino et décédée en pauvreté dix ans après son mariage – constituait en effet bien peu de chose au regard de la valeur moyenne de 566 et de 2413 ducats des trousseaux dotaux d’Ippolita (1465) et de Blanche Marie Sforza (1493), toutes deux promises à des maris socialement beaucoup plus prestigieux (tabl. 2)27.

    Tabl. 2 – Les bijoux de grande valeur et de valeur moindre dans les trousseaux dotaux des Sforza.

    Destinataire de la dotValeur minimaleValeur maXimale
    Drusiana Sforza (1464)2 ducats :
    velo da corne di tela de chambra profilato d’oro con tremolanti e frappato ; filza una de pater noster de lambrechano
    500 ducats :
    fermaglio con tre balassi et tre perle grosse
    Ippolita Sforza (1465)13 ducats :
    uno tessuto da berettino alla damaschina solio cum uno fornimento d’argento
    5000 ducats :
    uno vestito de zetonino raso cremexino cum le maniche ad ale foderato de sendale verde recamato de perle et argenteria, et in lo recamo gli è onze 70 d’oro e d’argento filato
    Blanche Marie Sforza (1493)105 ducats :
    70 perle picole in uno filo
    9000 ducats :
    una collana fatta alla divisa de le semprevive cum 6 balassi grossi, 24 diamanti di diverse sorte, 6 smeraldi, 14 perle grosse, et perle 36 minori

    16Le degré de magnificence des bijoux et des objets précieux, tout comme leur valeur économique, étaient donc également proportionnels au prestige plus ou moins élevé de leurs détenteurs et à la position que ces derniers occupaient au sein des stratégies de perpétuations dynastiques du groupe familial28. Même les mots choisis par ceux qui étaient en charge de rédiger les inventaires reflétaient l’existence de hiérarchies sociales dont les objets portaient eux aussi la charge. En comparaison de l’anonymat et de la brièveté de certaines descriptiones d’inventaires, la liste des bijoux appartenant à la dot de Blanche Marie Sforza, par exemple, se caractérise au contraire par un très grand nombre d’adjectifs de très haute valeur qualificative : uno smeraldo tavola bellissimo, un robino bellissimo, […] una perla grossa bellissima29, et il en va de même pour le balasso grande in tavola perfettissimo comme pour les magnifiques et grandes perles rondes30 ayant appartenu à son homonyme Blanche Marie Visconti Sforza, décédée en 1468. Quant aux bijoux du duc Ludovic le More, ils apparaissent à ce propos plus éloquents encore. Dans ce cas, en effet, leur description ne prend pas même le soin de spécifier l’aspect ou les caractéristiques des objets mentionnés, mais se limite à les personnifier directement grâce à l’usage de noms propres (il Lupo, el Buratto, el Spico, el Marone, la Sempreviva31), indiquant ainsi que certains trésors à la cour de Milan, au même titre que leurs propriétaires, étaient visiblement doués d’une forte personnalité.

    Notes de bas de page

    1 Biblioteca Braidense di Milano, Incunab. A.M.IX 35. Coronatione e sposalitio de la serenissima Regina M. Bianca Ma. Sf. Augusta al Illustrissimo S. Loduvico Sf. Visconte Duca de Bari Baldassarre Taccone Alexandrino, Milan, MCCCCLXXXXIII, 90, 61, cité par P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan. Smalti nel Ducato di Milano da Bernabò Visconti a Ludovico il Moro, Venise, Marsilio, 2008, p. 222. Sur les objets indiqués par les vers de Baldassarre Taccone, cf. ead., « “I vasi argentie, con bel smalto eti oro / da lui già fatti con mirabil spesa”. Oggetti preziosi in relazione al Moro e al tesoro sforzesco », dans E. Saita (éd.), « Io son la volpe dolorosa ». Il ducato e la caduta di Ludovico il Moro, settimo duca di Milano (1494-1500), catalogue d’exposition, Milan, Castello Sforzesco (Libri & Documenti, 26), 2000, p. 39-52 (republié avec quelques modifications dans P. Venturelli, Smalto, oro e preziosi. Oreficeria e arti suntuarie nel Ducato di Milano, Venise, Marsilio, 2003, p. 131-147).

    2 Un aperçu – même approximatif – de la valeur des argenteries du trésor Sforzesco provient d’un fragment documentaire attribué à Stefano Castrocaro. Ce dernier note en effet que, selon lui, Ludovic le More montra à Pierre de Médicis le 1er février 1489, quelques années avant le mariage, questi suoi vasi, et Piero nostro ne ha guadagnato, perché sua A. gli ha donato una taza d’argento smaltata con certa historya ; ed da questi intendenti è tenuta bella. Vale sui cento ducati : R. Magnani, Relazioni private tra la corte sforzesca di Milano e casa Medici (1450-1500), Milan, Tipographie San Giuseppe, 1919, désormais dans P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 94.

    3 Sur cet aspect, nous renvoyons à la fameuse analyse de Pierre Bourdieu, « Le marché des biens symboliques », L’Année sociologique, 22, 1971, p. 49-126.

    4 Afin de rédiger cet essai, nous avons analysé les documents suivants : l’inventaire des bijoux dotaux de Valentina Visconti, et ses trois rédactions successives datées des 8 et 9 septembre, 15 novembre et 15 décembre 1389, articles reportés par P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 209-216 ; l’inventaire post mortem des bijoux ayant appartenu à Jean Galéas Visconti, en deux listes datées du 6 octobre 1402 et du 20 mai 1403 : ibid., p. 216-220 ; le trousseau dotal d’Anastasia Sforza (8 juin 1462), transcrit dans P. Venturelli, Glossario e documenti per la gioielleria milanese (1459-1631), Florence, La Nuova Italia Editrice, 1999, p. 142 ; la dot de Drusiana Sforza (première transcription : 8 octobre 1463 ; seconde transcription : 14 janvier 1464 ; troisième transcription : 17 avril 1464) : ibid., p. 142-144 ; le trousseau dotal d’Ippolita Sforza, daté du 14 septembre 1465 : ibid., p. 144-145 ; l’inventaire post mortem des bijoux de la duchesse Bianca Maria Sforza, daté de 1468 : ibid., p. 145-146 ; la liste des bijoux donnés à Bonne de Savoie par le duc Galéas Marie Sforza, dans ses deux transcriptions du 26 juillet 1468 et du 26 juin 1469 : ibid., p. 146-148 ; l’inventaire des bijoux de la duchesse Blanche Marie consigné à Antonio Piacenza par son fils Galéas Marie, daté du 29 octobre 1468 : ibid., p. 149-150 ; la description des bijoux consignés par Francesco Pagano au duc Galéas Marie pour « la femme de Carlino Varexe » et Antonieto ducalji camereri le 27 février 1473 : ibid., p. 150 ; la liste, remontant à la seconde moitié du xve siècle, de certains bijoux accompagnés de leur prix spécifique, fixé par Pietro Landriano et le marchand vénitien Martino Zorzi : ibid., p. 150 ; l’estimation de certains bijoux effectuée par les bijoutiers Dionisio da Sesto, Donato della Porta et Daniele da Olgiate, durant le troisième quart du xve siècle : ibid., p. 150 ; la liste des bijoux de la dot de Blanche Marie Sforza (18 novembre 1493) : ibid., p. 156-157 ; l’inventaire des bijoux donnés en gage par Ludovic le More (fin du xve siècle) : ibid., p. 157-158.

    5 Les deux transcriptions sont composées, l’une de 54 articles, l’autre de 27 articles : cf. P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 216-220.

    6 Ead., Glossario…, op. cit., p. 146.

    7 Ceci est également souligné, pour Rome au xviie siècle, par R. Ago, dans Il gusto delle cose. Una storia di oggetti nella Roma del Seicento, Rome, Donzelli, 2006, p. 19-21.

    8 Sur la famille Borromeo à la fin du Moyen Âge, cf. G. Soldi Rondinini, « I Borromeo, una famiglia “forestiera” tra Visconti e Sforza », dans C. Tallone (dir.), L’Alto Milanese in età del Ducato, Actes du Colloque, Cairate, 14-15 mai 1994, Varèse, Commune de Cairate, 1995, p. 7-25.

    9 Sur ce thème et autres entreprises de Ludovic le More, cf. L. Giordano, « Politica, tradizione, propaganda », in ead. (dir.), Ludovico Dux, Vigevano, Dikronia-Società Storica Vigevanese, 1995, p. 105-115.

    10 P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 96 ; ead., Glossario…, op. cit., p. 157.

    11 Ibid.

    12 Ibid., p. 92.

    13 Même lorsque les sources portent le même intitulé et semblent appartenir à la même catégorie de documents, il est nécessaire d’être très précautionneux dans l’appréhension de leurs contenus. Car les différentes typologies satisfaisaient en effet alors à un but lui aussi différent : cet aspect est très bien mis en évidence par G. Guerzoni, « Prezzi, valori e stime delle opere d’arte in epoca moderna », dans M. Barbot, J.-F. Chauvard, L. Mocarelli, Questioni di stima, numéro monographique de Quaderni Storici, 135, 2010, p. 723-752. Concernant les critères adoptés pour estimer les dots dans la Venise de l’âge moderne, voir dans le même volume l’essai de P. Lanaro, « La restituzione della dote. Il gioco ambiguo della stima tra beni mobili e immobili (Venezia tra Cinque e Settecento) », p. 753-778.

    14 P. Venturelli, Glossario…, op. cit., p. 145.

    15 Ibid., p. 142-144.

    16 P. Venturelli, Glossario…, op. cit., p. 150.

    17 Ibid., p. 143.

    18 Ibid., p. 147.

    19 Sources : inventaires des bijoux dotaux de Drusiana Sforza (1464), Ippolita Sforza (1465), Bianca Maria Sforza (1493) ; inventaire post mortem des bijoux de la duchesse Blanche Marie Sforza (1468) : liste des bijoux donnés à Bonne de Savoie par le duc Galéas Marie Sforza (1468) ; description des bijoux livrés par Francesco Pagano au duc Galéas Marie pour « la femme de Carlino Varexe » et Antonieto ducalji camereri (1473) ; inventaire des bijoux mis en gage par Ludovic le More (fin du xve siècle).

    20 Tel fut en effet le montant payé par M. Stefano Ornaghi à M. Bertolino Trevigliolo pour une terza parte di una casa grande con i suoi edifici, camere, solitari, corti e altre sue ragioni e pertinenze, comme il en résulte de l’acte notarial daté de 1473, disponible à l’Archivio della Veneranda Fabbrica du Dôme de Milan, Capo « Case in Milano », cartella 229, foglio 54.

    21 Cf. P. Venturelli, « Documenti inediti per Giovanni Ambrogio De Predis. Tra miniatura, oreficeria e questioni di metodo », Arte Cristiana, 830, 2005, p. 396-402.

    22 Archivio di Stato di Milano, Notarile 2194, Doc. 83, 26 maggio 1485, dans J. Shell, Pittori in bottega. Milano nel Rinascimento, Turin, Allemandi, 1995, p. 247. Sur le polyptyque, cf. R. Cara, Bernardino Butinone, Bergame, L’Eco di Bergamo/Museo Bernareggi, 2009, Tav. XIII.

    23 Il en va par exemple ainsi de la liste des bijoux donnés par Galéas Marie à Bonne de Savoie, où l’on peut lire un fermalio in uno fazolo con balasso uno in tavola grande, diamanti tre v (idelice) t uno in costa grande, uno in terzo facto ad stelle, et una poncta [e di un] fermalio grosso con ballasso grosissimo tagliato ad octo quadri de vista grande : P. Venturelli, Glossario…, op. cit., p. 146.

    24 Il s’agit encore une fois de deux des objets donnés par Galéas Marie à Bonne : ibid., p. 148.

    25 Il s’agit de plusieurs brocarts, de certains fornimenti d’argento per li prefati tesuti et d’un sac de cremexile che ha una dona da una parte, che sona una alpa et da l’altra una dona che ha una ghirlanda in mano tempestata de perle pizinine : ibid., p. 143.

    26 Ibid., p. 150 : il s’agissait respectivement d’un fermalio con perle tre Balassi tri comprato da Jhoanneanto (ni) o et fratelli Castiglion(e) per la dona de Antonieto et d’un fermaglio da spalla con perle tre Balassi tri con uno angello di sopra comprato da li suprasctiti Jhoanneanto (ni) o et fratelli Castiglion(e).

    27 La première, fille de Francesco Ier Sforza et de Blanche Marie Visconti, se maria avec Alphonse d’Aragon, tandis que la seconde, quant à elle, se maria comme nous l’avons déjà évoqué avec Maximilien Ier d’Autriche. Au moins un des bijoux dotaux de Blanche Marie Sforza (le factum in formam scopelle) est visible à la National Gallery de Washington dans une peinture attribuée à Giovanni Antonio De Predis : P. Venturelli, « Un gioiello per Bianca Maria Sforza e il ritratto di Washington », Arte Lombarda, 116, 1996, p. 50-53 (et dans ead., Leonardo da Vinci e le arti preziose. Milano tra XV e XVI secolo, Venise, Marsilio, 2002, p. 165-170).

    28 Il s’agit d’un aspect bien illustré par M. Cattini et M. A. Romani, « Legami di sangue : relazioni politiche, matrimoni e circolazione della ricchezza nelle casate sovrane dell’Italia centro-settentrionale nei secoli XV-XVIII (ricerche in corso) », dans S. Cavaciocchi (dir.), La famiglia nell’economia europea, secoli XIII-XVIII, Actes de la semaine d’études de l’Institut international d’histoire économique F. Datini di Prato, Florence, Firenze University Press, 2009, p. 47-69.

    29 P. Venturelli, Glossario…, op. cit., p. 156-157.

    30 Ibid., p. 147-148.

    31 Ibid., p. 157-158. La sempreviva représentait précisément un motif inspiré par la sempervivus tectorum, une plante pérenne sur laquelle poussaient et se développaient trois petites plantes, signifiant en cela la continuité de la dynastie des Visconti dans la famille Sforza. Et l’on retrouve ce même motif sur certains bijoux de Blanche Marie Sforza, comme le documente très bien P. Venturelli, dans Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 96.

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    Michela Barbot

    IDHES (UMR 8533) – École normale supérieure de Cachan

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    1 Biblioteca Braidense di Milano, Incunab. A.M.IX 35. Coronatione e sposalitio de la serenissima Regina M. Bianca Ma. Sf. Augusta al Illustrissimo S. Loduvico Sf. Visconte Duca de Bari Baldassarre Taccone Alexandrino, Milan, MCCCCLXXXXIII, 90, 61, cité par P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan. Smalti nel Ducato di Milano da Bernabò Visconti a Ludovico il Moro, Venise, Marsilio, 2008, p. 222. Sur les objets indiqués par les vers de Baldassarre Taccone, cf. ead., « “I vasi argentie, con bel smalto eti oro / da lui già fatti con mirabil spesa”. Oggetti preziosi in relazione al Moro e al tesoro sforzesco », dans E. Saita (éd.), « Io son la volpe dolorosa ». Il ducato e la caduta di Ludovico il Moro, settimo duca di Milano (1494-1500), catalogue d’exposition, Milan, Castello Sforzesco (Libri & Documenti, 26), 2000, p. 39-52 (republié avec quelques modifications dans P. Venturelli, Smalto, oro e preziosi. Oreficeria e arti suntuarie nel Ducato di Milano, Venise, Marsilio, 2003, p. 131-147).

    2 Un aperçu – même approximatif – de la valeur des argenteries du trésor Sforzesco provient d’un fragment documentaire attribué à Stefano Castrocaro. Ce dernier note en effet que, selon lui, Ludovic le More montra à Pierre de Médicis le 1er février 1489, quelques années avant le mariage, questi suoi vasi, et Piero nostro ne ha guadagnato, perché sua A. gli ha donato una taza d’argento smaltata con certa historya ; ed da questi intendenti è tenuta bella. Vale sui cento ducati : R. Magnani, Relazioni private tra la corte sforzesca di Milano e casa Medici (1450-1500), Milan, Tipographie San Giuseppe, 1919, désormais dans P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 94.

    3 Sur cet aspect, nous renvoyons à la fameuse analyse de Pierre Bourdieu, « Le marché des biens symboliques », L’Année sociologique, 22, 1971, p. 49-126.

    4 Afin de rédiger cet essai, nous avons analysé les documents suivants : l’inventaire des bijoux dotaux de Valentina Visconti, et ses trois rédactions successives datées des 8 et 9 septembre, 15 novembre et 15 décembre 1389, articles reportés par P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 209-216 ; l’inventaire post mortem des bijoux ayant appartenu à Jean Galéas Visconti, en deux listes datées du 6 octobre 1402 et du 20 mai 1403 : ibid., p. 216-220 ; le trousseau dotal d’Anastasia Sforza (8 juin 1462), transcrit dans P. Venturelli, Glossario e documenti per la gioielleria milanese (1459-1631), Florence, La Nuova Italia Editrice, 1999, p. 142 ; la dot de Drusiana Sforza (première transcription : 8 octobre 1463 ; seconde transcription : 14 janvier 1464 ; troisième transcription : 17 avril 1464) : ibid., p. 142-144 ; le trousseau dotal d’Ippolita Sforza, daté du 14 septembre 1465 : ibid., p. 144-145 ; l’inventaire post mortem des bijoux de la duchesse Bianca Maria Sforza, daté de 1468 : ibid., p. 145-146 ; la liste des bijoux donnés à Bonne de Savoie par le duc Galéas Marie Sforza, dans ses deux transcriptions du 26 juillet 1468 et du 26 juin 1469 : ibid., p. 146-148 ; l’inventaire des bijoux de la duchesse Blanche Marie consigné à Antonio Piacenza par son fils Galéas Marie, daté du 29 octobre 1468 : ibid., p. 149-150 ; la description des bijoux consignés par Francesco Pagano au duc Galéas Marie pour « la femme de Carlino Varexe » et Antonieto ducalji camereri le 27 février 1473 : ibid., p. 150 ; la liste, remontant à la seconde moitié du xve siècle, de certains bijoux accompagnés de leur prix spécifique, fixé par Pietro Landriano et le marchand vénitien Martino Zorzi : ibid., p. 150 ; l’estimation de certains bijoux effectuée par les bijoutiers Dionisio da Sesto, Donato della Porta et Daniele da Olgiate, durant le troisième quart du xve siècle : ibid., p. 150 ; la liste des bijoux de la dot de Blanche Marie Sforza (18 novembre 1493) : ibid., p. 156-157 ; l’inventaire des bijoux donnés en gage par Ludovic le More (fin du xve siècle) : ibid., p. 157-158.

    5 Les deux transcriptions sont composées, l’une de 54 articles, l’autre de 27 articles : cf. P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 216-220.

    6 Ead., Glossario…, op. cit., p. 146.

    7 Ceci est également souligné, pour Rome au xviie siècle, par R. Ago, dans Il gusto delle cose. Una storia di oggetti nella Roma del Seicento, Rome, Donzelli, 2006, p. 19-21.

    8 Sur la famille Borromeo à la fin du Moyen Âge, cf. G. Soldi Rondinini, « I Borromeo, una famiglia “forestiera” tra Visconti e Sforza », dans C. Tallone (dir.), L’Alto Milanese in età del Ducato, Actes du Colloque, Cairate, 14-15 mai 1994, Varèse, Commune de Cairate, 1995, p. 7-25.

    9 Sur ce thème et autres entreprises de Ludovic le More, cf. L. Giordano, « Politica, tradizione, propaganda », in ead. (dir.), Ludovico Dux, Vigevano, Dikronia-Società Storica Vigevanese, 1995, p. 105-115.

    10 P. Venturelli, Esmaillée à la façon de Milan…, op. cit., p. 96 ; ead., Glossario…, op. cit., p. 157.

    11 Ibid.

    12 Ibid., p. 92.

    13 Même lorsque les sources portent le même intitulé et semblent appartenir à la même catégorie de documents, il est nécessaire d’être très précautionneux dans l’appréhension de leurs contenus. Car les différentes typologies satisfaisaient en effet alors à un but lui aussi différent : cet aspect est très bien mis en évidence par G. Guerzoni, « Prezzi, valori e stime delle opere d’arte in epoca moderna », dans M. Barbot, J.-F. Chauvard, L. Mocarelli, Questioni di stima, numéro monographique de Quaderni Storici, 135, 2010, p. 723-752. Concernant les critères adoptés pour estimer les dots dans la Venise de l’âge moderne, voir dans le même volume l’essai de P. Lanaro, « La restituzione della dote. Il gioco ambiguo della stima tra beni mobili e immobili (Venezia tra Cinque e Settecento) », p. 753-778.

    14 P. Venturelli, Glossario…, op. cit., p. 145.

    15 Ibid., p. 142-144.

    16 P. Venturelli, Glossario…, op. cit., p. 150.

    17 Ibid., p. 143.

    18 Ibid., p. 147.

    19 Sources : inventaires des bijoux dotaux de Drusiana Sforza (1464), Ippolita Sforza (1465), Bianca Maria Sforza (1493) ; inventaire post mortem des bijoux de la duchesse Blanche Marie Sforza (1468) : liste des bijoux donnés à Bonne de Savoie par le duc Galéas Marie Sforza (1468) ; description des bijoux livrés par Francesco Pagano au duc Galéas Marie pour « la femme de Carlino Varexe » et Antonieto ducalji camereri (1473) ; inventaire des bijoux mis en gage par Ludovic le More (fin du xve siècle).

    20 Tel fut en effet le montant payé par M. Stefano Ornaghi à M. Bertolino Trevigliolo pour une terza parte di una casa grande con i suoi edifici, camere, solitari, corti e altre sue ragioni e pertinenze, comme il en résulte de l’acte notarial daté de 1473, disponible à l’Archivio della Veneranda Fabbrica du Dôme de Milan, Capo « Case in Milano », cartella 229, foglio 54.

    21 Cf. P. Venturelli, « Documenti inediti per Giovanni Ambrogio De Predis. Tra miniatura, oreficeria e questioni di metodo », Arte Cristiana, 830, 2005, p. 396-402.

    22 Archivio di Stato di Milano, Notarile 2194, Doc. 83, 26 maggio 1485, dans J. Shell, Pittori in bottega. Milano nel Rinascimento, Turin, Allemandi, 1995, p. 247. Sur le polyptyque, cf. R. Cara, Bernardino Butinone, Bergame, L’Eco di Bergamo/Museo Bernareggi, 2009, Tav. XIII.

    23 Il en va par exemple ainsi de la liste des bijoux donnés par Galéas Marie à Bonne de Savoie, où l’on peut lire un fermalio in uno fazolo con balasso uno in tavola grande, diamanti tre v (idelice) t uno in costa grande, uno in terzo facto ad stelle, et una poncta [e di un] fermalio grosso con ballasso grosissimo tagliato ad octo quadri de vista grande : P. Venturelli, Glossario…, op. cit., p. 146.

    24 Il s’agit encore une fois de deux des objets donnés par Galéas Marie à Bonne : ibid., p. 148.

    25 Il s’agit de plusieurs brocarts, de certains fornimenti d’argento per li prefati tesuti et d’un sac de cremexile che ha una dona da una parte, che sona una alpa et da l’altra una dona che ha una ghirlanda in mano tempestata de perle pizinine : ibid., p. 143.

    26 Ibid., p. 150 : il s’agissait respectivement d’un fermalio con perle tre Balassi tri comprato da Jhoanneanto (ni) o et fratelli Castiglion(e) per la dona de Antonieto et d’un fermaglio da spalla con perle tre Balassi tri con uno angello di sopra comprato da li suprasctiti Jhoanneanto (ni) o et fratelli Castiglion(e).

    27 La première, fille de Francesco Ier Sforza et de Blanche Marie Visconti, se maria avec Alphonse d’Aragon, tandis que la seconde, quant à elle, se maria comme nous l’avons déjà évoqué avec Maximilien Ier d’Autriche. Au moins un des bijoux dotaux de Blanche Marie Sforza (le factum in formam scopelle) est visible à la National Gallery de Washington dans une peinture attribuée à Giovanni Antonio De Predis : P. Venturelli, « Un gioiello per Bianca Maria Sforza e il ritratto di Washington », Arte Lombarda, 116, 1996, p. 50-53 (et dans ead., Leonardo da Vinci e le arti preziose. Milano tra XV e XVI secolo, Venise, Marsilio, 2002, p. 165-170).

    28 Il s’agit d’un aspect bien illustré par M. Cattini et M. A. Romani, « Legami di sangue : relazioni politiche, matrimoni e circolazione della ricchezza nelle casate sovrane dell’Italia centro-settentrionale nei secoli XV-XVIII (ricerche in corso) », dans S. Cavaciocchi (dir.), La famiglia nell’economia europea, secoli XIII-XVIII, Actes de la semaine d’études de l’Institut international d’histoire économique F. Datini di Prato, Florence, Firenze University Press, 2009, p. 47-69.

    29 P. Venturelli, Glossario…, op. cit., p. 156-157.

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    Boucheron, Patrick, et al., éditeurs. Valeurs et systèmes de valeurs (Moyen Âge et Temps modernes). Éditions de la Sorbonne, 2016, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psorbonne.40801.
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