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Chapitre 11. Le laboratoire démocratique

p. 381-416


Texte intégral

Introduction

1Au début de ce travail, j’étais partie de l’hypothèse que cette révolution que l’on dit absente du Jalisco et que l’on recherche souvent dans ses faits d’armes, était bien présente (avant son « importation » par les troupes d’Alvaro Obregón en 1914-151), dans sa dimension politique, au plus profond de l’état et que la recherche acharnée, a posteriori, de son existence armée obligeait à se demander jusqu’où ses idées avaient triomphé des difficultés matérielles de communication, des inerties idéologiques (si elles existent) et des conservatismes ; que c’était, en tout cas, à l’échelle municipale qu’on pouvait mesurer la portée nationale de la révolution madériste, tout autant et autrement que par le biais de la constatation des victoires militaires sur l’armée porfirienne.

2Peu d’éléments permettent, cependant, d’aller saisir les répercussions politiques du madérisme à l’échelle municipale, au cœur d’espaces peu représentés dans une historiographie qui traque les faits militaires et les événements politiques des capitales. A cet égard, les processus électoraux constituent des moments privilégiés et des observatoires potentiels de ces répercussions, là où il est possible de les construire car, quel meilleur observatoire d’un mouvement qui se veut démocratisant que les processus électoraux, ceux-là mêmes dont il a fait l’objectif de sa lutte ?

3L’étude de ces processus électoraux permet de répondre, sur de meilleures bases, à plusieurs questions concernant l’ampleur de l’ouverture dont on crédite le madérisme (notamment la croissance réelle de l’électorat), et de confirmer ou d’infirmer ainsi des hypothèses sur la portée réelle de cette ouverture démocratique suggérée par la presse et les écrits des gens d’élite.

4Pour plusieurs raisons, l’année 1912 peut devenir cet observatoire exceptionnel des processus électoraux, qui permettrait d’étudier l’évolution de l’expérience démocratique qu’a constitué le madérisme comme projet d’abord, comme gouvernement ensuite. En effet, l’ouverture démocratique qui s’esquisse à la fin du porfiriat, qui entre dans une phase d’expérimentation avec le triomphe de la révolution madériste, atteint son point culminant au début de l’année 1912, en plein exercice présidentiel de Madero, à un moment où, d’une part, des pratiques politiques nouvelles pour le pays se mettent en place, et où, d’autre part, l’état ne dispose pas de moyens lui permettant de contrôler l’ensemble du processus électoral.

5Engager une telle étude contraint cependant à poser la question des élections comme objet historique et à tenir compte de la réévaluation historiographique récente de leur rôle dans la vie politique du Mexique et de l’Amérique latine.

6Il y a cinq ans, un groupe de chercheurs coordonné par Antonio Annino proposait une reformulation des élections comme objet historique appliqué au champ de l’Amérique latine. Annino dénonçait alors ce qu’il dénommait la « légende noire » des élections latino-américaines, et qui avait notamment provoqué de la part des historiens, un désintérêt pour la question2. D’autres tentatives de renouvellement de cet objet ont eu lieu depuis, qui concernent le terrain mexicain, et qui, pour l’histoire du xxe siècle, essayent particulièrement de donner une explication historique aux événements électoraux les plus récents3

7Ces travaux ouvrent la voie à la réhabilitation des processus électoraux latino-américains, dans la mesure où ils permettent de les lire comme des moments non dépourvus d’enjeux politiques réels, comme des moments d’infléchissement des rapports entre société et pouvoir politique. Cela, bien entendu, sans ignorer la complexe alchimie qui se déploie, aujourd’hui comme hier, en Amérique latine, entre le vote et ses résultats d’une part, entre le vote et ses répercussions sur la composition réelle des gouvernements et l’exercice du pouvoir, d’autre part. Ainsi, dans un article pionnier sur la question, François-Xavier Guerra insistait sur le décalage entre députés élus et députés investis dans leurs fonctions, lors de la constitution de la première Chambre fédérale des députés de l’après-porfiriat, en soulignant l’importance des facteurs « non électoraux » qui sont intervenus de manière ouverte et dont on peut considérer qu’ils ont déterminé, en dernière instance, la composition de cette Chambre4.

8La reformulation de l’objet « élections » suppose cependant l’ouverture d’une série de questions, notamment celle de la politisation des couches populaires et celle du rapport entre culture politique traditionnelle et politisation dans le sens moderne du terme. Pendant longtemps, la culture politique traditionnelle a été interprétée comme un handicap pour l’exercice d une réflexion et, par voie de conséquence, d’une action intégrées dans l’espace de la « modernité politique »5. Mais une telle ligne d’interprétation suppose un cloisonnement étanche entre deux mondes culturels et politiques. Or, il est bien clair qu’une telle étanchéité n’existe que dans la théorie. Des études récentes, venant notamment de la sociologie politique, rappellent l’imbrication profonde entre ces deux univers et montrent bien que la politisation d’acteurs politiques traditionnels ne peut être expliquée exclusivement par les mécanismes du clientélisme, du caciquisme, de la manipulation6. C’est bien le même type de question qui est à l’œuvre lorsque, s’agissant de la politisation des campagnes à la charnière du xxe siècle, les historiens analysent les catégories de culture « traditionnelle » et de « modernité »7.

9Mais la reformulation de l’objet « élections » nécessite aussi d’interroger autrement le rôle de l’état comme acteur électoral, dans la mesure où on ne saurait lui prêter, sans distinctions du moment historique précis, des intentions et surtout des moyens égaux de contrôle des processus électoraux et de leurs résultats. Cette vision est largement confortée, dans l’historiographie mexicaine, par l’omniprésence de l’état et son contrôle presque total de ces processus à certains moments de son histoire, notamment le porfiriat et la longue période d’apogée du parti unique qui se prolonge depuis 1929 jusqu’en 1988.

1. Citoyens et électeurs

1.1. Enjeux régionaux, acteurs régionaux

10Pour la fin du porfiriat et les débuts de la révolution, les élections sont des moments où l’on peut constater à quel point le « spectre » des forces politiques du Jalisco n’est pas calqué sur le « spectre » national : il est, bien au contraire, modelé par les enjeux politiques régionaux. Ainsi, les positions qui correspondent aux différentes forces en jeu sur l’échiquier national, ne sont pas directement transposables dans la lecture de l’échelle régionale.

11En effet, si sur le sol du Jalisco se trouvent représentés des partis nationaux, en lien étroit avec les forces locales, le rapport des forces à l’échelle régionale n’est pas du tout le même que celui qu’on trouve dans la capitale du pays et qui s’impose à l’échelle fédérale. Ainsi, parler des partis Constitucional Progresista (PCP), Católico Nacional (PCN) et Liberal (PL), ne revêt pas la même signification selon qu’on les inscrit dans le cadre national ou dans celui, plus restreint, du Jalisco8.

12Le PCP existe au Jalisco, mais il est loin de représenter la force qui le caractérise nationalement du fait de ses liens étroits avec le pouvoir. A l’échelle nationale, le PCP (crée par Madero lui-même, pour le substituer à l’Antirreeleccionista, dont il estimait la mission achevée) est en effet le parti du madérisme au pouvoir. Or, en 1912, le madérisme n’est pas au pouvoir au Jalisco ; ici, le PCP existe à peine. Il est, en effet, représenté notamment par ses liens avec les madéristes de la première heure, qui n’ont cependant pas tous abandonné l’Antirreeleccionista (PA) local. PCP, PA, ces madéristes se regroupent plutôt sous l’étiquette de gomistas, dérivée du nom de leur dirigeant Salvador Gómez. Sans oublier l’existence des allendistas, héritiers du parti Independiente, force régionale importante, même sur son déclin, proche du gouvernement madériste elle aussi, et n’ayant pas d’équivalent national.

13Le gouvernement de l’état n’étant pas madériste, ces gomistas ne représentent le parti officiel au Jalisco que dans la mesure du poids, bien réduit, que peut y avoir le gouvernement fédéral. Le parti officiel, ici, s’il y en a un que l’on puisse nommer ainsi, n’est autre que celui qui regroupe les anciens porfiristes, le PL, lequel, en dépit des alliances à l’échelle nationale avec le PCP, reste longtemps un ennemi politique des gomistas du Jalisco, malgré des tentatives de rapprochement9, qui ne se traduisent pas par des alliances électorales. En outre, le PNL n’a pas une véritable structure de parti national ; ainsi, le PL du Jalisco n’en est pas une émanation ou une filiale et ne peut être considéré que comme un associé.

14Finalement, le PCN constitue, au Jalisco, comme à l’échelle nationale, une force d’opposition, mais il devient également un parti au pouvoir, à partir précisément de son triomphe électoral du mois de janvier, qui lui assure le contrôle du Congrès de l’état. Un pouvoir certes incomparable à celui de l’Exécutif, vu ce qu’est, formellement et dans la pratique, le Pouvoir Législatif10, mais autour duquel se construit et se légitime une opposition qui se prépare à l’exercice du pouvoir au sens large, avec une enclave dans l’appareil de l’état.

1.2. Naissance d’un électorat

15Une caractéristique essentielle de ce laboratoire démocratique que constitue la période madériste est que la lutte pour le pouvoir qui s’y déroule prend, entre autres, la forme d’une lutte pour l’électorat, dont l’importance est double. D’une part, la valeur accordée à l’électorat est en soi une nouveauté par rapport à des pratiques politiques ayant consacré, trois décennies durant, la primauté d’un Électeur, Porfirio Díaz. Les citoyens-électeurs sont à présent des volontés non accordées entre elles et, surtout, potentiellement discordantes.

16D’autre part, il se produit un changement quantitatif et qualitatif de l’électorat lui-même. En premier lieu, l’existence d’un enjeu véritable, électoralement lisible, autour du renouvellement des Pouvoirs, incite à une participation plus large (déjà de la part de ceux qui, du temps du porfiriat, auraient pu exercer leur droit de vote). A cela s’ajoute l’incorporation, à certains processus, d’un électorat nouveau, né avec l’adoption du principe de l’élection directe.

17L’existence de ces deux composantes de l’électorat (l’une, d’élite, héritée du porfiriat, l’autre, issue de cette extension de la pratique directe du suffrage et qui, tout en renforçant la participation politique des classes moyennes, marque l’entrée en scène des couches les plus populaires de la société mexicaine), reste dans un premier temps, pour les organisations, une réalité composée de deux éléments bien distincts, à l’origine de la production de deux discours spécifiques. Ainsi, une partie des messages de propagande s’adresse toujours à un électorat traditionnel d’élite, comme cette feuille du PCN qui commence par « Halte-là, Monsieur, Vous ne pouvez pas aller plus loin ! Parce que vous vous êtes mis à ma portée et maintenant vous m’entendez ou vous crevez »11, alors qu’une autre s’adresse aux nouveaux électeurs, tout comme ce tract anonyme, paru en 1912, contre Salvador Gómez :

« Peuple du Jalisco ! !
Don Salvador Gómez n’est pas sincère ; il te flatte avec des promesses qu’il ne peut pas tenir, afin d’accéder au pouvoir, se servant de toi comme d’une marche [...]12. »

18Pendant cette période, presse et partis s’adonnent à la promotion du vote, essayant de pousser anciens et nouveaux électeurs vers une prise de conscience de leurs devoirs citoyens et de leur nouveau rôle dans la vie publique13. Cette action n’est pas étrangère aux tentatives des différents courants pour conquérir adeptes et partisans.

1.3. Électorat et identité partisane

19Dans cette lutte pour s’attirer l’électorat, la plupart des organisations se sont servies de moyens classiques de propagande politique : des adresses « au peuple » dans les journaux ou dans des imprimés ; des débats et des articles dans la presse afin d’influencer les électeurs potentiels et réduire l’impact des adversaires14. Publicité d’un débat sur l’importance du suffrage qui suggère l’intensité avec laquelle la question a dû sillonner les réseaux interpersonnels à travers la conversation.

20Parallèlement, certains groupes ont développé une pratique visant un public plus large et la constitution d’une véritable structure de parti, non seulement formelle mais humaine. Le parti Independiente l’avait fait du temps du reyisme, les madéristes l’ont fait aussi, d’abord à partir du club Gómez Farias, puis du parti Antirreeleccionista. Mais, en 1912, l’Independiente est en plein déclin et les antiréélectionnistes, persécutés, agissent toujours dans une grande discrétion qui les dérobe, jusqu’à présent, en bonne partie, à la vue de l’historien.

21Au delà du manque de sources, que l’ouverture éventuelle de fonds privés pourrait un jour pallier, une disproportion physique de la taille des organisations fait qu’une autre force, ayant suivi cette même dynamique de construction d’un parti, le PCN, apparaît comme étant bien plus importante.

22Le PCN a, en effet, développé une structure complexe de travail militant et s’est beaucoup intéressé à ce qu’on peut appeler l’éducation électorale15 et à la création d’une identité de parti, éléments qui contribuent à expliquer son succès électoral. Ce travail, développé à partir de la création du parti en mai 1911, porte ses premiers fruits lors des élections d’octobre de la même année, qui amènent Madero à la présidence de la République. Pour le PCN, la consolidation d’un électorat passe par la création d’une identité de parti à l’échelle locale et par un travail de propagande porte à porte. C’est par le biais de cette double stratégie que le parti catholique s’est consolidé comme la première force électorale du Jalisco aussi longtemps que le laboratoire démocratique a eu des conditions pour exister (depuis la fin de l’année 1911 et jusqu’au début de l’année 1913).

23Ainsi, en 1912, on voit fonctionner déjà un réseau bien structuré de centres municipaux, installés pour la plupart dans les chefs-lieux16. Sans que cela empêche le PCN de trouver des représentants dans des localités politiquement importantes, même placées moins haut dans la hiérarchie administrative. Dans le cas du municipio de Magdalena, il semblerait même que le noyau le plus actif ait été situé à la hacienda Santa Maria17.

24L’importance que le PCN accorde à la construction municipale de l’organisation, est par ailleurs un des aspects où l’on reconnaît le mieux le poids des operarios guadalupanos dans la structuration du parti18. Étant donnée l’importance de ce groupe dans la construction du PCN Jalisco19, on ne saurait s’étonner du rôle accordé dans cet état au développement de cette dimension de la structure du parti.

25C’est ainsi que les campagnes de promotion du vote et de construction de l’identité de parti se définissent dans une large mesure à partir des échanges avec les centres municipaux. Un exemple très clair en est celui que donne le centre de El Salto, dont les militants se demandent comment garantir, dans un système indirect, que l’électeur émettra son vote en accord avec l’opinion de ses commettants20. Quelques jours plus tard, le 2 octobre, le centre Jalisco du PCN émettait une circulaire, contenant des indications techniques précises à suivre pour le bon déroulement du processus électoral, dans laquelle étaient définis l’électeur : — « il est comme un mandataire de grande confiance du parti ou des personnes qui l’élisent » 21 — ainsi que les lignes du comportement qu’il devrait observer :

« Il doit amener au Collège Électoral, comme un code inviolable, la volonté de ses commettants, en opposition ou en harmonie avec sa propre volonté, vu que sa volonté individuelle fut déjà exercée et accomplie en son temps, lors de l’élection d’un électeur22. »

26C’est particulièrement par le biais de l’importance accordée à la dimension locale du parti que l’on voit la conception que s’en faisaient ses dirigeants au Jalisco : une force bien centralisée (la « ligne politique » est tracée à Guadalajara23), mais qui a des échanges fréquents avec ses affiliés et essaie de tenir compte de leurs situations particulières. Ainsi, en janvier 1912 la direction régionale faisait circuler une enquête auprès des centres locaux, cherchant à recueillir un ensemble d’informations sur l’ambiance politique locale et la force du parti sur place24.

27Pour le PCN, l’importance accordée à l’échelle locale va de pair avec la valorisation d’une forme de propagande politique jusqu’alors peu utilisée (sinon pas du tout), le travail de porte-à-porte. On sent bien, sur ce point, l’influence du jésuite Alfredo Méndez Medina, résident en Europe à l’époque. Méndez Medina écrivait à Palomar y Vizcarra au sujet de questions électorales :

« La principale efficacité ici, comme en Allemagne, réside dans l’action personnelle, individuelle, à domicile, d’hommes de confiance25. »

28Ces hommes étaient la clé du succès dans la mesure où, dans un travail de porte-à-porte,

« et dans une visite intime, discrète, habile, ils exposent leur programme, ils intiment, je dirai mieux, suggèrent l’obligation de voter pour la personne qu’il faut. Ils facilitent les démarches, ils résolvent les difficultés, etc. [...] ils s’aident du concours de la femme, des enfants, etc. de leur client. D’ordinaire et en règle générale, ce sont des gens de la même classe que ceux à qui ils s’adressent [...]. Les-dits agitateurs ont leurs réunions à part [...]. Ils doivent être des gens non seulement actifs et discrets, mais vraiment bons et dévoués26 ».

29Il est certes difficile de savoir dans quelle mesure le PCN a développé un réseau de propagandistes faisant du porte-à-porte, ainsi que de mesurer leur succès. Au-delà de l’absence de sources, dans ce domaine — et ici le caractère confessionnel du parti entre fortement en ligne de compte — la frontière entre le porte-à-porte de parti et le porte-à-porte diocésain reste très difficile à discerner. En tout état de cause, il est clair qu’une telle pratique suppose une conception moderne de la politique qui en fait le domaine de toutes les classes sociales27.

2. Le vote

30Il m’a paru pertinent de construire cet observatoire de la participation électorale citoyenne pendant la période madériste à partir de trois processus électoraux qui ont eu lieu en 1912 : les élections des députés au Congrès de l’état du 21 janvier, les législatives fédérales du 30 juin et les élections de gouverneur du 6 octobre.

31Les résultats de ces trois processus sont apparemment paradoxaux : au mois de janvier on assiste à une victoire indiscutable du PCN, en juin la victoire revient aux candidats liés au parti Liberal (PL) et soutenus par le gouvernement de l’état, tandis qu’en octobre, José López Portillo y Rojas, candidat soutenu par le PCN, en coalition avec des organisations libérales indépendantes (les clubs portillistas), remporte un très large triomphe.

32La large défaite du PCN en juin paraît d’autant plus surprenante que l’on voit ce parti s’imposer à nouveau très largement peu de mois plus tard. Un élément laisse présager d’importantes irrégularités qui ont accompagné le scrutin : la presse indépendante, qui lors des deux autres élections donne des résultats détaillés, issus aussi bien des déclarations officielles que de l’information fournie par les réseaux des partis indépendants, ne diffuse dans ce cas pratiquement pas de chiffres.

33Au-delà des accusations de fraude de part et d’autre (qu’on ne saurait ignorer mais qu’il faut encore soumettre à examen), il s’imposait d’étudier de près chacun des processus et de les comparer. La comparaison peut être particulièrement fructueuse à partir de trois variables : en premier lieu la participation citoyenne, qui traduit non seulement l’intérêt de la population pour les élections mais éventuellement les contraintes qu’une population intéressée a pu subir, l’empêchant de participer ; en deuxième lieu, les tendances électorales et, en troisième lieu, le rôle que, dans chacun des cas, l’état a joué dans le processus électoral. L’étude de ces variables permet de dégager les traits d’une géographie électorale qui tienne compte du degré de modernisation de la pratique politique exprimé par le suffrage, de l’implantation des différentes forces politiques (leur solidité d’une élection à l’autre), du comportement électoral, et de la volonté et capacité de l’état, dans des conjonctures différentes, à contrôler le processus électoral.

34A partir des données disponibles28, un échantillon a été construit qui tient compte des résultats des élections dans 54 munícipes pour les élections de janvier (1), et de 50 pour celles d’octobre (3). En ce qui concerne les législatives fédérales du mois de juin (2), les données au niveau municipal n’ont été accessibles que dans très peu de cas, mais on dispose des données regroupées par districts. Les résultats sont donc comparables dans l’ensemble à l’échelle des districts, mais non pas sur le plan municipal29. Qui plus est, cette comparaison des résultats par districts reste limitée, dans la mesure où les fonctionnaires chargés de transmettre au gouverneur de l’état les résultats par district, n’ont pas systématiquement pris la peine de consigner le nombre de votes obtenus par les perdants, se bornant à transmettre les noms des candidats triomphants et leurs scores respectifs30. Malgré ces limitations, il est possible de comparer le niveau de participation citoyenne (exprimant la relation entre le nombre de votes émis et les votants potentiels, c’est à dire : la population masculine adulte) dans les trois élections.

2.1. Participation

35La comparaison du niveau de participation fait apparaître, en premier lieu, une différence claire entre, d’un côté, les élections de députés au Congrès fédéral (30 juin 1912) et, d’un autre, les deux élections à échelle de l’état, celle des députés au Congrès de l’état (21 janvier) et celle du gouverneur (6 octobre). Les votants ont été, en effet, beaucoup moins nombreux lors des législatives de juin que dans les deux autres élections considérées (le graphique 3, annexe 8, montre clairement cette différence)31.

36Il semble bien que ce phénomène soit lié à l’hostilité ouverte du gouverneur Robles Gil envers le PCN, hostilité qui se traduit par une intervention de l’état beaucoup plus ouverte dans ce cas que dans les deux autres et qui a joué un rôle de première importance.

37La comparaison des élections de janvier et d’octobre32 permet de constater, dans les deux cas, une participation qui exprime un degré de politisation important de la population : en janvier 1912, 37,33 % des électeurs potentiels se sont exprimés en moyenne, tandis qu’en octobre de la même année, cette même moyenne est de 34,25 %. Dans les deux cas un nombre important de munícipes atteint plus de 45 % de participation (voir graphiques 2 et 3). Entre ces deux élections, le taux de participation ne subit, en général, que de faibles variations, ce qui suggère une politisation de la population qui va au-delà d’un enthousiasme passager.

38Ces données confirment l’élargissement de la scène politique et l’irruption, sur celle-ci, de nouveaux acteurs que suggère le foisonnement d’associations. En effet, à partir de la deuxième moitié de 1911, une cinquantaine d’organisations liées au madérisme, quelques clubs « libéraux »33 et le réseau du PCN (avec 28 centres locaux), contribuent à une revitalisation profonde de la politique du Jalisco. Malgré toutes leurs différences d’origine, de programme et de principes, ils trouveront pour la plupart en Robles Gil l’ennemi fédérateur qui les poussera à lutter ensemble pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel et une ouverture véritable aux pratiques démocratiques. Ces deux conditions sont réunies dans ce qui est une grande victoire des forces fédérées d’horizons les plus divers (il faut inclure ici les antiréélectionnistes, les libéraux indépendants et les catholiques) contre l’immobilisme : la réalisation même d’élections législatives en février 1912. Ce ne sont pas, de toute évidence, des élections laissées aux seules élites.

39Deux facteurs semblent décisifs dans la définition de l’intensité de la participation électorale : le poids des rivalités locales entre des groupes bien précis et l’existence de réseaux modernes de sociabilité à l’échelle locale. Aucun d’eux ne fournit, cependant, à lui seul, une explication suffisante.

40En effet, l’existence de rivalités fortes à l’échelle locale est souvent à l’origine d’une participation importante, comme à Sayula où, depuis novembre 1911, plusieurs micro-partis se disputent le pouvoir et l’influence sur l’électorat. En janvier 1912 la participation électorale, qui se polarise alors pour l’essentiel entre PCN et allendistas,34 atteint 45,6 % de la population masculine adulte. Un conflit important est également visible à Atotonilco, où PCN et allendistas se disputent âprement le terrain35. La participation est ici largement supérieure à la moyenne de l’état et dépasse 50 % en janvier, puis 90 % en octobre.

41Le cas de Zacoalco est aussi représentatif d’une impulsion donnée au vote par l’affrontement entre gomistas et PCN : 56,7 % des hommes adultes exercent, en janvier, leur droit de suffrage.

42Cependant, une rivalité forte ne se traduit pas systématiquement dans le taux de participation : San Pedro Tlaquepaque, où la rivalité gomistas-PCN s’exprime par un discours violent, la capitale de l’état elle-même, où siègent les directions des partis en lutte et où les différences politiques se nourrissent en permanence des débats de la presse et des imprimés, sont des exemples de la présence de rivalités exacerbées qui ne se traduisent pas par une participation particulièrement élevée aux élections (dans les deux cas elle reste en dessous du 30 %).

43Quant au lien entre les réseaux de sociabilités modernes et la participation électorale, il n’est pas directement perceptible : le facteur semble influencer le taux de participation lorsqu’il apparaît associé à des rivalités politiques fortes36, mais il n’apparaît pas systématiquement comme un déclencheur de participation massive.

44Ainsi, si l’existence de pratiques modernes de sociabilité a donné lieu à des comportements électoraux solides, leur répercussion est relativement limitée et le cas de Sayula le montre clairement du point de vue des réseaux de sociabilité de tendance libérale. Ici, le club « libertador Francisco I. Madero », qui compte en novembre 1911 près de cinq cents membres et qui soutient la candidature de David Gutiérrez Allende, donne aux allendistas 420 voix en janvier 1912, c’est-à-dire, vraisemblablement des suffrages provenant en majorité, sinon totalement, des seuls membres du club. 420 votes qui représentent, il est vrai, 35,5 % du total des votes37.

45En ce qui concerne les sociabilités confessionnelles, il y a, certes, une coïncidence entre leur présence et une participation électorale élevée. Cependant, l’explication ne saurait reposer seulement sur le rôle qu’elles assurent du fait de leur lien avec le processus de politisation, et dont il faudrait supposer, alors, qu’il s’est développé selon un rythme extrêmement rapide. Il faut donc élargir le nombre des facteurs d’explication.

46Finalement, dans la détermination de l’intensité de la participation électorale interviennent également des facteurs conjoncturels. Parmi ces facteurs, la personnalité charismatique ou le travail de terrain d’un candidat particulier jouent leur rôle. A Zapopan, la campagne menée par José Gutiérrez Hermosillo fait plus que doubler la participation en juin 1912. Ce facteur est aussi repérable à Tizapán el Alto, où la participation, qui avait été de 48,14 % en janvier, atteint 54,82 % en juin. Ici, c’est vraisemblablement le travail de terrain du candidat Carlos Corona, qui a encouragé la participation et fait basculer le suffrage du côté libéral : en effet, le PCN, qui avait obtenu 471 voix en janvier, n’en obtient plus que 284 en juin, le candidat ayant réussi à conquérir une partie du vote PCN comme en témoignent par ailleurs d’autres sources :

« L’ami Corona a déjà bien travaillé toute cette région et il a abusé de la bonne foi de tous les habitants de par ici. En ce lieu, j’ai trouvé le portrait de Corona jusque dans la maison du Curé [...]38. »

47Au travail de terrain s’ajoute un grand atout du candidat : celui de porter le nom d’une des figures les plus emblématiques du Jalisco à l’époque, celui du général Ramón Corona, dont il est le fils.

2.2. Tendances

48C’est au niveau des tendances électorales que le développement de formes modernes de sociabilité semble jouer un rôle important, lié à des comportements électoraux précis.

Le vote libéral indépendant

49Le vote libéral indépendant, principalement gomista et allendista, semble correspondre à la pratique de formes modernes de la sociabilité. Il est donc souvent lié à la présence de clubs antiréélectionnistes fondés avant la chute du porfiriat. Malheureusement, pour des raisons déjà évoquées39, l’inventaire de ces clubs est loin d’être exhaustif. En revanche, la localisation du vote libéral indépendant constitue un indice de l’existence probable d’un club anti-réélectionniste et suggère des pistes pour une recherche ultérieure.

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Les données ayant servi à l’élaboration de cette carte ont été extraites de El Regional et La Libertad. 23, 24 et 25 janvier 1912.

50Plus de 50 organisations politiques actives, madéristes ou proches du madérisme, ont été repérées entre la chute de Porfirio Díaz et décembre 1911. La distribution de ces organisations, qui se trouvent non seulement dans la capitale de l’état et dans les chefs-lieux des cantons, mais aussi dans des villages et même jusque dans des haciendas et ranchos40 laisse supposer un nombre bien plus élevé pour l’ensemble de l’état. Cette hypothèse est renforcée par la présence dans des villes importantes — Sayula, Ameca, Arandas — de plusieurs clubs antiréélectionnistes, témoignant de l’existence de querelles entre des groupes ayant, pourtant, des affinités idéologiques.

51En effet, ces organisations sont souvent l’expression d’une tendance politique au niveau municipal et, dans certaines localités à la vie politique intense, la multiplication des clubs est la manifestation de différends entre des groupes locaux. Le cas le plus frappant est celui de Sayula, où nous trouvons simultanément actifs, un comité du parti Liberal Rojo et trois clubs : le José Maria Morelos, le Libertador Francisco I. Madero et le Francisco I. Madero41.

52Au-delà des questions de politique locale, la naissance de ces clubs et partis politiques est étroitement liée à la lutte pour le gouvernement de l’état, car une bonne partie d’entre eux ont été créés pour soutenir une candidature. Il faut toutefois préciser que le développement d’une partie importante d’entre eux, les clubs antiréélectionnistes42, ne se réduit pas à cette lutte.

53Les clubs antiréélectionnistes, à cheval entre les organisations éphémères, créées en réponse à une situation d’urgence, et les organisations inscrites dans un projet national cherchant à durer, s’inscrivent effectivement dans un projet large — celui qui, depuis 1909, travaille à la non-réélection — et sont, dans cette mesure, étroitement liés à la révolution madériste. Certains d’entre eux ont vécu un moment de clandestinité ou de persécution, comme le Gómez Farias et ses affiliés et le Miguel Hidalgo à Guadalajara. Cependant, ces clubs ne participent pas d’une logique d’institutionnalisation comparable à celle du PCN, dans la mesure où il ne semble pas que le centre national ait un véritable contrôle sur eux, d’autant plus que l’antiréélectionnisme national est en 1911 déchiré par les différends qui opposent Madero à Vázquez Gómez et qui finissent par se matérialiser avec la création, à Mexico, du Partido Constitucional Progresista par Gustavo Madero et avec le maintien de l’Antirreeleccionista par Vázquez Gómez43.

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Cette carte a été élaborée à partir de données extraites de La Libertad, El Regional, El Correo de Jalisco, La Caceta de Guadalajara, de AHJ, G-I-910, GUA/3639 et de José Ramirez Floris, op. cit.

54Les partis et clubs antiréélectionnistes forment en revanche un réseau régional cohérent dont le centre est Guadalajara. Attachés à la structure nationale, avec un projet à long terme, ils sont marqués par des enjeux locaux, comme le montre précisément la lutte pour le gouvernement de l’état : si ces clubs ne se créent pas pour une candidature, ils sont en revanche fortement influencés par cet enjeu précis.

55Ainsi, des informations importantes sur la tendance politique de ces groupes nous sont données par le candidat qu’ils présentent au gouvernement de l’état, qui peut être José López-Portillo y Rojas, Roque Estrada, David Gutiérrez Allende, ou encore Salvador Gómez, car, si les clubs antiréélectionnistes soutenaient la candidature de Madero à la Présidence de la République, un bon nombre d’autres clubs libéraux soutenait aussi cette candidature que même le PCN a fini par appuyer44.

56Il faut signaler, enfin, qu’un bon nombre des clubs liés au madérisme, sont clairement des espaces qui s’ouvrent à de nouveaux acteurs politiques, soit qu’ils relèvent d’une logique corporative45, soit qu’ils aient une définition de « genre », comme ces femmes madéristes du club Sahara Pérez de Madero. Ce qui n’exclut pas, par ailleurs, la participation de ce type d’acteurs à d’autres clubs à définition plus large46. Mais la spécificité corporative semble avoir eu un poids important, car certains clubs à définition non corporative, ont donné naissance à des ramifications dans certains milieux socio-économiques, comme le club antiréélectionniste Aquiles Serdán, à Arandas, dont dérive le club Pipila de Obreros, destiné, comme son nom l’indique, aux ouvriers de la même ville47.

57Au moment des élections de 1912, l’affirmation de certains comportements électoraux qui se traduit par le choix des candidats allendistas ou gomistas, témoigne de l’activité persistante de ces clubs, par ailleurs tous madéristes.

58Le cas de Colotlán, où avait été fondé en mars 1910 un club antiréélectionniste48, est à cet égard éclairant : ici 54 citoyens votent en janvier 1912 pour la candidature gomista et, en octobre de la même année, le chiffre 49 reste sensiblement le même. La proportion de ce vote est infime, comparée aux plus de mille votes recueillis par le PCN dans chacune de ces occasions, mais c’est la permanence des voix qui est significative.

59La force de l’électorat gomista à Zacoalco, donne un exemple à la fois de permanence d’une tendance électorale liée à la présence et activité des groupes antiréélectionnistes et d’un cas de succès très large. Là, où depuis le mois d’avril 1911, le club antirréélectionniste « José Antonio Torres » est actif49, aussi bien en janvier qu’en octobre 1912, ce sont les gomistas qui remportent un triomphe, avec, dans le premier cas, 1 140 votes (60,31 % du total) et dans le second, 845 votes qui représentent 80,17 % des suffrages exprimés. Dans les deux cas, Zacoalco est une des rares localités à voir le triomphe des gomistas.

60Le cas de Tlajomulco, où il existe un club antiréélectionniste actif depuis les premiers mois de 191150, est similaire : lors des élections de députés au Congrès de l’état, la victoire est remportée par les gomistas. A Ameca, où il existe depuis 1911 trois clubs libéraux à tendance antiréélectionniste, les gomistas remportent plus du 65 % des suffrages.

61Sans que l’on y ait repéré des organisations formellement établies, les milieux de mineurs de la région située entre Tequila, Magdalena et Hostotipaquillo, ont été un véritable terreau pour l’implantation d’une tendance électorale stable. Ici, en 1912 des votants peu nombreux donnent un pourcentage non négligeable aux gomistas (à Hostotipaquillo en janvier comme en octobre), et aux allenclistas (à Magdalena, en janvier51), supérieur dans les deux cas à 20 %.

62Finalement, un autre élément semble lié au vote libéral indépendant et mériterait de faire l’objet d’une recherche plus approfondie : l’influence du madérisme armé dans certaines zones (la sierra del Tigre, par exemple) et de la présence relativement prolongée de guérillas ; il faudrait encore évoquer le souvenir d’événements marquants liés aux premiers temps du soulèvement madériste, épisodes significatifs, à l’échelle locale, d’une lutte armée qui fut brève mais qui laissa, dans certains cas, des souvenirs très forts. C’est sans doute le cas pour Tequila et sa région, qui ont connu le soulèvement de Leopoldo Leal, et qui se sont émus de son assassinat impitoyable par les rurales à Magdalena52. Tequila enregistre une des participations électorales les plus importantes de l’état (53,03 % en janvier, 42,13 % en octobre) qui assure, en janvier, le triomphe incontestable aux gomistas avec 81,18 % des suffrages exprimés.

Le vote PCN

63Le vote PCN est également lié aux réseaux modernes de sociabilité, comme on peut le voir dans le cas de Ciudad Guzmán, ce laboratoire de l’action catholique sociale où plusieurs organisations confessionnelles se sont développées depuis la fin du xixe siècle53 et qui donna en janvier plus de 90 % des voix au PCN, pourcentage qui se réduit à peine en octobre (89 %).

64Cependant, dans l’explication du succès électoral du PCN, entrent en ligne de compte d’autres facteurs, qui élargissent le suffrage en direction d’individus non nécessairement insérés dans la structure du parti. Lorsque l’on voit, dans un état à la religiosité aussi marquée, que les triomphes du PCN s’obtiennent avec des scores dépassant souvent 90 %, se pose avec acuité la question du rôle joué par l’Église catholique dans la promotion du vote PCN. En effet, pour les élections de janvier, sur les soixante et onze localités prises en compte dans l’échantillon, dans vingt-quatre cas le vote PCN dépasse 90 % des suffrages, atteignant 100 % dans onze d’entre eux54.

65Lors des élections présidentielles d’octobre 1911, le PCN avait déjà démontré au Jalisco son potentiel politique, en même temps que ses triomphes soulignaient déjà une situation d’exception par rapport à l’ensemble de la république55.

66La force politique du PCN ne faisait plus de doute dès la fin de l’année 1911, surtout après les élections municipales, qu’il avait remportées dans sa majorité56, non sans susciter des accusations de manipulation du vote à travers les curés. Ainsi, à Purificación, le correspondant de La Gaceta de Guadalajara expliquait le triomphe du PCN dans cette localité par les raisons suivantes :

« On ne pouvait pas s’attendre à autre chose, pour deux raisons : l’une est la puissante influence qu’ont les Curés sur les habitants des ranchos des environs ; et l’autre est que l’actuel Secrétaire de l’Ayuntamiento, est aussi le Secrétaire dudit parti, ainsi donc lors de l’installation du « Bureau » [électoral], il s’est plu à nommer des personnes à son gré, qui pouvaient exécuter la consigne, car on ne peut parler d’autre chose57. »

67Au-delà des accusations de ses adversaires, les triomphes du PCN s’expliquent par divers facteurs, dont les plus importants sont :

68a) un travail politique de terrain clairement poursuivi depuis au moins 1909, que ce soit à travers des organisations catholico-sociales de base ou d’élite. Pour les premières, elles apportèrent souvent le nombre dont la structure du parti avait besoin. Le cas de Mascota illustre bien ce transfert de militants du catholicisme social vers le catholicisme politique :

« Je suis venu trouver ici — écrivait à Palomar y Vizcarra un ancien disciple — un Centre du Parti Catholique mieux organisé que je ne m’y attendais ; et cela est dû spécialement à la fondation d’une magnifique Société d’Ouvriers, qui nous a fourni un contingent grandiose58. »

69Quant aux organisations d’élites, il suffit de rappeler le rôle des operarios guadalupanos dans la construction du parti59.

70L’efficacité de ce travail de terrain est doublée par les bénéfices tirés du travail associatif fait par des organisations d’âges divers, dont l’expérience dans la création de liens interpersonnels et les liens mêmes viennent renforcer le projet politique devenu commun. Cette « récupération » ne se fait pas, dans un cadre institutionnel (il n’y a pas une adhésion explicite des organisations de bienfaisance, par exemple, au PCN) ni de façon publique, mais semble avoir lieu à un niveau individuel ; il y a cependant tout lieu de croire que les sociabilités confessionnelles ont promu le PCN dans la sphère privée. Des cas intéressants sont à cet égard ceux des Conférences de Saint-Vincent de Paul — organisation de bienfaisance par définition — et de la Vela Perpetua del Santísimo Sacramento — à caractère entièrement spirituel par définition —, toutes deux éloignées de la politique en principe, mais dont plusieurs membres ont pris cependant une part active dans les élections de 1911 et 1912 ;

71b) l’utilisation de la foi comme un « liant » politique. A cet égard, le rôle joué par les curés de village ou de campagne est indéniable et il était, sinon prévu, souhaité dès le départ par des organisations comme les operarios guadalupanos.

72Il est vrai que le militantisme politique de nombreux membres de l’Église catholique commence dans le cadre de l’action sociale, dont les débouchés ne sont, ni exclusivement ni systématiquement politiques. Déjà en 1907, à propos de l’action sociale, J. Refugio Galindo, président des operarios, écrivait :

« Pour être viable, l’action catholique-sociale doit être promue, encouragée et dirigée par des ecclésiastiques, nous nous pourrons y coopérer, mais sans le clergé, nous ne ferons rien, absolument rien60. »

73Il entamait ainsi sa campagne afin de « faire sortir MM. les Curés de la sacristie »61. Par la suite, comme on le sait, nombre de curés se sont affiliés aux operarios guadalupanos. Même si le militantisme politique du clergé ne sera jamais arboré publiquement à l’époque (il faudra attendre pour cela l’arrivée d’Orozco y Jiménez à l’Archiépiscopat de Guadalajara), on peut se demander quel était le contenu précis de leur action auprès des fidèles. La question se pose tout particulièrement lorsqu’ils font, comme le curé de San Julián (dans la région de los Altos), Narciso Elizondo, operario guadalupano, tous les dimanches matin une conférence, autour des « devoirs civiques et sociaux » et des « enseignements de l’Église dans les temps modernes », qui réunit apparemment entre trois et quatre cents personnes62.

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Cette carte a été élaborée à partir de données extraites du FMPV, caja 40, exps 313-320 et caja 41 exps. 321-325.

74La politisation de certains curés ne fait pas de doute ; un bon exemple en est Manuel M. González, curé de Tonalá, qui se montrait tout à fait au courant du penchant politique des paroissiens : « Ici tout le peuple est gomista63 ».

75C’est justement de cette politisation que se plaignent les adversaires du PCN. Pendant les années 1911-1912, en période électorale, nous trouvons de nombreuses plaintes concernant la participation politique des curés et, plus concrètement, leur travail de propagande64. Les accusations apparaissent dès les premières élections qui suivent la chute du porfiriat.

76On y trouve souvent l’image du peuple ignare, manipulé par les ministres du culte : ainsi les plaignants de San Pedro Tlaquepaque, signalent que les membres du conseil municipal « ne savent, pour la plupart, ni lire ni écrire et que c’est le curé qui les dirige »65. Cette affirmation se fonde également sur le principe, largement répandu à l’époque, qui fait de la politique et de l’administration publique le domaine des seuls alphabétisés, mais elle prouve d’elle-même exactement le contraire : manipulés ou pas, ces hommes sont dans les affaires publiques, s’y sont intéressés et y participent.

77En dehors des plaintes, qu’il faut considérer avec prudence en raison de leur origine (souvent une presse et des milieux politiques franchement anticléricaux), d’autres sources confirment le rôle assuré par certains curés dans la propagande du PCN. Ainsi, en avril 1912, les dirigeants du PCN à El Refugio (Tepatitlán) écrivaient à la direction régionale :

« Politiquement, il est hautement convenable que le P. D. Gabriel H. Navarro reste ici, eu égard aux circonstances spéciales dans lesquelles nous nous trouvons par rapport au caciquisme ; car, à sa manière spéciale à lui, il travaillait en notre faveur, d’une façon telle que même nos ennemis ne s’en rendaient pas compte66. »

78Les exemples ne sont pas rares67 mais, s’ils témoignent de la participation d’un bon nombre d’hommes d’Église aux affaires politiques, cette participation n’a pas, toutefois, un caractère uniforme — les positions politiques au sein de l’Église catholique étaient diverses, voire opposées68 —, ni ouvertement institutionnel, malgré les liens étroits de bon nombre des plus hauts dignitaires ecclésiastiques (l’archevêque de Mexico en tête) avec le PCN69.

79La question reste donc ouverte mais il est nécessaire de la circonscrire, car ce n’est qu’à partir des multiples réponses que peut fournir l’analyse portée à différentes échelles (et je persiste à croire que l’échelle municipale sera une des plus enrichissantes), que l’on avancera dans la compréhension du lien entre l’Église catholique, ses hommes, les hommes du parti, le parti lui-même, ce qui passe, dans nombre de cas, par les associations confessionnelles non politiques. Sans ignorer qu’ici encore il existe des hommes-relais et qu’on aurait du mal à trouver dans leur for intérieur cette étanchéité entre religion et politique qu’on n’oserait par ailleurs attribuer aux organisations.

3. La manipulation du vote

80Toute la tradition électorale mexicaine, pré et post-révolutionnaire, est fondée sur la manipulation du suffrage par l’état, selon des procédures de plus en plus sophistiquées. Cette manipulation suppose un degré de consolidation et une capacité de contrôle que l’état madériste n’a pas, faiblesse qui, entre autres facteurs, rend possible l’existence de ce laboratoire démocratique qui nous occupe ici.

81Si le moment madériste constitue à cet égard une parenthèse, il n’existe pas une reprise pure et simple entre le contrôle porfirien des élections et le contrôle post-révolutionnaire. Un nouveau rapport est à construire entre le pouvoir et l’électorat, dont en particulier la composition sociale a changé, comme source de légitimité. En ce sens, le laboratoire démocratique est aussi celui où se créent de nouvelles formes de manipulation du suffrage, qui reprennent, certes, en partie, les formes de manipulation porfiriennes, mais pour les fondre dans de nouvelles formes de manipulation, qui serviront d’appui à l’état post-révolutionnaire, l’état « de la révolution ».

3.1. Manipulation au Jalisco : le tri des électeurs

82Des trois processus électoraux ici considérés, celui du mois de juin met particulièrement en lumière la naissance de ces nouvelles formes de distorsion du vote. Ici, comme en ce qui concerne la participation citoyenne aux élections, et par rapport aux deux autres processus électoraux considérés, certains chiffres nous mettent en garde : des vingt districts électoraux de l’état qui, en janvier et en octobre, ont tous donné un large triomphe au PCN, à l’issue du processus électoral de juin, seuls trois députés fédéraux porteront les couleurs du PCN en tant qu’élus du Jalisco. Comment s’explique le passage en quelques mois du triomphe écrasant du PCN à son écrasement ?

83La définition des résultats officiels de l’élection à Guadalajara, où nous retrouvons un scénario qui s’inscrit pleinement dans la tradition électorale du Mexique contemporain, suggère déjà quelques réponses à la question. El Correo de Jalisco, quotidien libéral conservateur et fortement anticlérical, disait dans son édition du 1er juillet :

« A l’heure où nous écrivons ces lignes, le total des votes comptabilisés au Secrétariat de l’Ayuntamiento accorde le triomphe aux députés catholiques dans les deux districts de Guadalajara.
Il reste encore à comptabiliser les votes de quelques sections [...] ; mais ces votes dépasseront difficilement ceux obtenus par les catholiques70. »

84Quelques jours plus tard, le même journal annonce, impassible, une victoire partagée dans la ville : premier district pour le PL, deuxième pour le PCN71.

85Un ensemble de facteurs contribue à expliquer le bouleversement des résultats. Un des plus intéressants est sans doute la réorganisation de la franc-maçonnerie traditionnelle, entreprise dès le lendemain du triomphe du PCN aux élections législatives de janvier 1912, qui a probablement représenté un soutien aux candidatures des libéraux-conservateurs72.

86Il faut aussi tenir compte de la polarisation du débat idéologique73 encouragée, entre autres, par le triomphe incontestable du PCN aux législatives de janvier, qui fait qu’une partie de l’électorat gomista et de l’ancien électorat allendista passe au PL en raison de son anticléricalisme. C’est ainsi que, dès le lendemain de ces élections, une partie importante des gomistas quitte la direction de Salvador Gómez pour adhérer au parti Liberal74.

87Un autre élément essentiel dans la définition des résultats est la pression du gouvernement de l’état sur les autorités municipales pour garantir une issue au processus électoral, que ce soit en décourageant le suffrage en faveur du PCN, ou bien en permettant la fraude. On voit ainsi fonctionner tout un engrenage d’acteurs participant à ce contrôle de l’élection à différentes échelles, qui aboutit à la distorsion ouverte des résultats électoraux au sein de la Chambre nationale des députés, à l’abri d’une argumentation d’ordre idéologique75.

88Les élections législatives fédérales de juin 1912 sont les premières élections législatives de la révolution et, si, déjà en cela, elles sont symboliques et méritent l’attention de l’historien76, le développement du système politique mexicain post-révolutionnaire, avec son contrôle étroit des processus électoraux, les rend encore plus significatives. En effet, de toutes les élections législatives fédérales du xxe siècle, elles s’imposent comme les moins contrôlées par l’état, probablement jusqu’à celles du 6 juillet 1997. Il faut ajouter à cela le fait qu’il s’agit des premières élections concernant un Pouvoir fédéral, à s’être déroulées sous un nouveau mode de scrutin, qui prévoit, pour la première fois à cette échelle, l’introduction du vote direct.

89Il ne s’agit pas d’élections complètement libres, dans la mesure où plusieurs acteurs se sont livrés à la manipulation du vote77, mais il y a eu, de la part notamment du président Madero, une volonté de faire sentir, dans ces élections, le changement par rapport au régime porfirien ; volonté dont il faut tenir compte, dans le cadre plus large d’une incapacité de l’état à imposer son contrôle sur l’ensemble du processus. La manipulation est donc souvent venue d’acteurs qui échappaient au contrôle de l’Exécutif fédéral, même lorsqu’ils en étaient très proches, comme le parti Constitucional Progresista, contrôlé par Gustavo Madero, frère du président, et c’est sans doute là que réside la plus grande différence par rapport aux élections porfiriennes78.

90Le cas du Jalisco illustre simultanément ces deux aspects : d’une part l’absence d’un contrôle venant directement du centre, d’autre part, la manipulation des élections par d’autres acteurs, dans ce cas, des acteurs régionaux.

91En dehors de la manipulation qu’a pu exercer le PCN sur les électeurs, par l’utilisation d’arguments d’ordre religieux et avec le soutien de l’Église, en dehors d’une manipulation déjà traditionnelle, tentée par hacendados et hommes de pouvoir aux différentes échelles, il est particulièrement intéressant d’examiner la manipulation des élections par le gouverneur de l’état, Alberto Robles Gil et ses proches. C’est en effet un élément qui avait été absent des élections de janvier 1912, très probablement en raison, pour partie, de l’alliance entre Robles Gil et le PCN, et il s’agit en outre d’une contribution précoce aux méthodes de contrôle électoral de l’état post-révolutionnaire.

92La victoire écrasante du PCN en janvier et sa rupture ultérieure avec Robles Gil ont inspiré à ce dernier le besoin de contrôler le processus électoral de juin. Même si le gouverneur n’a pas les moyens d’une maîtrise totale des résultats, il est clair que son intervention a des répercussions importantes sur le nombre de candidats PCN qui remporteront un triomphe dans ces élections. Ainsi, par exemple, Robles Gil avait traduit ses craintes dans une lettre circulaire adressée aux présidents des ayuntamientos de l’état, où il recommandait de ne prêter aucune aide, en aucune circonstance, au PCN, qu’il dénonçait comme un parti rétrograde, se servant de la religiosité du peuple pour servir ses propres intérêts79. Un candidat du PCN en campagne témoigne ainsi des pressions de Robles Gil sur les fonctionnaires :

« Vous n’imaginez pas comment se conduit Tolsa [Robles Gil], il écrit à toutes les autorités politiques en les obligeant à harceler le Parti Catholique [...]80. »

93Cette lettre semble avoir eu son efficacité, car sous son couvert, se sont justifiées des irrégularités électorales. Ainsi, à Tamazula, aux dires d’un correspondant du quotidien catholique :

« Lorsque les votants allaient déposer les bulletins du PCN, ceux-ci étaient illégalement déchirés sur ordre du Directeur politique, et pour justifier un procédé aussi arbitraire que condamnable, on montrait publiquement, paraît-il, une lettre du Gouverneur, dans laquelle ordre était donné de harceler ledit Parti Catholique81. »

94On voit ainsi agir un premier filtrage, à l’échelle de l’état, qui mobilise institutionnellement les autorités locales pour la manipulation du vote. La nouveauté n’est pas ici dans cette mobilisation, car les autorités locales remplissaient traditionnellement une fonction de contrôle électoral, mais dans son caractère institutionnel, qui explicitait ce qui auparavant était de l’ordre de l’implicite, à savoir, le positionnement du gouvernement par rapport aux différentes candidatures82. On peut dès lors se demander si le faible taux de participation de la population aux élections est effectivement dû à un manque d’intérêt83 ou bien, dans une bonne mesure, aux intimidations qu’on a pu exercer sur elle, comme le suggère le témoignage d’un candidat PCN à propos du munícipe de La Manzanilla :

« Ici c’est moins d’un dixième des vecinos du municipe, qui a volé, car ils ont lancé le canard qu’ils allaient procéder au recrutement forcé et ils ont armé des gens pour faire peur.
Ils se sont livrés à toutes les "magouilles" que l’on peut faire dans les élections84. »

17. LA PARTICIPATION AUX ÉLECTIONS. janvier et octobre 1912

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Cette carte a été élaborée à partir de données publiées dans El Estado de Jalisco, 15 juillet 1912. 11 s’agit des résultats transmis par les ayuntamientos au gouverneur de l’État, concernant les élections législatives fédérales du 30 juin de la même année.

95Au Jalisco, si désintérêt il y a eu, il est probablement lié au fait que ces élections ont lieu en plein conflit entre les Pouvoirs Exécutif et Législatif de l’état qui semblait sans doute bien plus crucial que l’envoi de représentants à Mexico85. Toutefois, vu l’intérêt suscité par les autres processus électoraux de cette même année, on doit tenir compte du découragement comme d’un élément d’explication bien plus important que le désintérêt, dans la participation relativement faible de la population aux élections de juin86.

96On ne saurait toutefois rendre Robles Gil seul responsable de la manipulation des élections de juin 1912 : la polarisation accrue des rivalités idéologiques et politiques, fait que la position du gouverneur — interdire par la loi l’existence d’un parti confessionnel — était celle de tout un groupe, et une tendance représentée à l’échelle nationale87.

97Les résultats des élections de l’été 1912 constituent donc le résultat d’une combinaison de manipulations diverses, d’intimidations, mais aussi d’un travail intense de propagande. En effet, un des aspects les plus intéressants de ces élections, ce sont les campagnes des divers candidats qui, en faisant de la propagande sur le terrain, contribuent à amener le débat politique du jour au plus profond de la campagne jalisciense dans certains cas. La nouveauté, par rapport aux élections de janvier, étant, que cette fois, en plus des gomistas, des allendistas et du PCN, nous trouvons les libéraux-conservateurs sur le terrain.

98Selon les résultats que donne officiellement le gouvernement de l’état, parmi les vingt districts électoraux, douze tombent aux mains de « libéraux » de différentes tendances (pour la plupart proches de Robles Gil et membres du parti Liberal) ; cinq sont gagnés par le PCN et trois par des candidats dits indépendants.

3.2. Manipulation à Mexico : le tri des élus

99Cependant, un second filtrage agit au niveau national, lors du processus de validation : à la Chambre nationale des députés, lors de la qualification des élections, deux des élus du PCN ainsi que deux indépendants seront éliminés au profit de candidats du parti Liberal.

100Parmi ces députés qui représentent le Jalisco à Mexico, nous retrouvons la majorité des tendances politiques présentes dans le pays et surtout, quoique déformé par les manœuvres de Robles Gil, le jeu de forces politiques de l’état lui-même. En effet, ce que l’on représente simplement comme des « libéraux », recouvre, en premier lieu des libéraux-conservateurs, surreprésentés, dont le dénominateur commun est l’anticléricalisme ; il s’agit de la vieja guardia libérale composée par des proches de Robles Gil, avec notamment d’anciens cor-ralistes comme Francisco Escudero et Luis Manuel Rojas, ou bien encore Juan L. Lomelí, Jorge Delorme y Campos, Enrique Alvarez del Castillo, Gabriel Vargas, Jesús Camarena, Ignacio Galván, Manuel Hernández Rosas et Jacinto Cortina. Cette surreprésentation n’a pas empêché la présence d’un libéral indépendant, opposé à Robles Gil, José Gonzalez Rubio.

101Du côté du PCN, nous trouvons parmi les élus deux des plus importants membres du parti : le madériste Eduardo J. Correa (qui se présente simultanément pour un district d’Aguascalientes et un autre du Jalisco), et le vice-président national du parti, Manuel F. de la Hoz (défendant lui aussi une double candidature pour le Jalisco et pour le Distrito Federal), puis Rafael de la Mora, Victoriano Aceves et Jacobo Romo. Les triomphes de Romo et de Correa seront invalidés88.

102Parmi les candidatures indépendantes victorieuses, la plus en vue est celle de l’inclassable José María Lozano — ancien reyiste (en 1902)89, corraliste ensuite, « libéral indépendant » au moment qui nous occupe et, dans les années 1912-13, souvent allié aux députés du PCN et surtout membre du redoutable cuadrilátero90. Les autres candidats indépendants ayant obtenu le triomphe sont Carlos Corona, libéral-conservateur lié à Robles Gil91, l’ancien gouverneur Manuel Cuesta Gallardo, José González Rubio, libéral progressiste, et José Gutiérrez Hermosillo, libéral par ses convictions, ancien membre du P.I., qui avait été soutenu aussi bien par le PCN que par les libéraux progressistes. C’est sans doute cette position-charnière qui lui valut l’annulation de son triomphe92. Son élimination est significative d’une radicalisation du conflit idéologique, où les modérés hommes-relais n’ont plus de place.

103S’opère ainsi, à la Chambre nationale des députés, un tri des élus, où l’on définit les éléments qui « peuvent » être admis à faire partie de la Chambre issue de la révolution madériste. Voilà pourquoi la majorité du bloque liberal renovador n’a pas reconnu le triomphe, autant qu’il a pu, des élus PCN — comme Correa — ou de ceux qui auraient été susceptibles de composer avec lui, comme Gutiérrez Hermosillo. Le PCN — ancien allié ponctuel de Madero — n’est donc pas le bienvenu dans la nouvelle Assemblée, et ne le sont pas non plus ceux qui n’observent pas à son égard une attitude de refus du dialogue. Voici donc, les premiers traits de l’anticléricalisme d’état que les gouvernements « de la révolution » reprendront à leur compte et qui ferme la parenthèse que l’arrivée de Madero au pouvoir avait ouverte à l’égard du militantisme confessionnel. S’esquisse ainsi, dans ce tri des députés opéré par la majorité, une autre caractéristique des gouvernements « de la révolution » : le choix d’écarter les radicaux. Ainsi, de même que la majorité a invalidé des élections et barré la route à l’ancien gouverneur Cuesta Gallardo — à cause de son porfirisme —, de même, elle a rejeté Ramos Estrada à cause de son « socialisme » et des promesses de distribution de terres qu’il avait faites aux paysans pauvres pendant la campagne93. Il ne fait aucun doute que, dans ce tri, interviennent, bien plus que des considérations relatives au respect du suffrage, des raisons d’ordre idéologique, présentées ouvertement ; ce que Luis Cabrera appelait le « critère politique » que devait suivre « la majorité révolutionnaire de la Chambre » vis-à-vis de ses ennemis94.

104Naît, ici, une conception particulière du processus électoral et de son utilisation comme moyen de légitimation du pouvoir, liée certes à la tradition porfirienne, notamment dans sa logique d’accaparement des postes (« carro completo »), mais se démarquant parallèlement de celle-ci. Différentes raisons expliquent ce démarquage : la faiblesse de l’état et son incapacité à assurer ce contrôle ; l’importance acquise par un électorat absent des processus électoraux du porfiriat. La naissance de cette nouvelle manipulation d’état est observable tout au long de l’année 1912, tout autant que l’ouverture démocratique à laquelle elle est une réponse. On est ainsi obligé de reconnaître des précurseurs de l’ « alchimie électorale » post-révolutionnaire, dans la personne du gouverneur Robles Gil, à l’échelle de l’état, et dans le bloque nacional renovador et sa méthode de validation des élections législatives fédérales du mois de juin à l’échelle nationale.

105Le nouveau pouvoir ne pouvait se contenter de la simple manipulation technique de quelques votes émis, mais devait fabriquer et s’approprier une légitimité susceptible de s’identifier en partie à la « volonté populaire ». Cette nouvelle conception (qui prend forme dans la majorité parlementaire du bloque nacional renovador) doit donc viser à capter cette « volonté populaire » et à l’assimiler à la volonté de la révolution.

106C’est donc ici que commence à se mettre en pratique la réduction de la révolution à un bloc homogène et l’identification de ses représentants à un groupe précis, celui des hommes au pouvoir, qui incarnent l’« esprit de la révolution ». Représentation de la révolution qui, moyennant une argumentation idéologique, justifie son primat sur toute volonté exprimée clairement par le suffrage, lorsque celle-ci n’irait pas dans son sens.

4. La fin de l’expérience

4.1. L’image effritée du madérisme

107Un an après son arrivée à la Présidence de la République, l’image de Madero et de son gouvernement a beaucoup souffert. C’est une image lézardée qui condense l’impatience des uns à cause de la tiédeur du réformisme madériste et le mépris des autres vis-à-vis de la fragilité d’un gouvernement auquel ils n’ont jamais cru, trop bienveillant à l’égard de ses ennemis politiques. Le gouvernement de Madero se noie dans son incapacité à gérer le lendemain du triomphe révolutionnaire.

108L’image de ce régime à la légitimité tenace se ternit également du fait d’une inlassable campagne de presse réactionnaire (au sens propre du terme), qui ne le quittera pas d’un jour95.

109Un journal comme El Correo de Jalisco suivait, dès avant l’arrivée de Madero à la présidence, une ligne éditoriale qui, sans être comparable à celle de El Imparcial dans son ensemble, diffuse le même genre d’idées. Ainsi, déjà en novembre 1911, El Correo signalait le madérisme comme un mouvement nourri de chimères et soulignait le caractère irréalisable des promesses du Plan de San Luis, dans des termes qui ne flattaient point le nouveau gouvernement :

110« Le cas de Madero et de ses proches, lorsqu’ils disent au peuple que le Gouvernement actuel ferait les prodiges annoncés, ressemble beaucoup à ce que dit Mahomet aux croyants sur les bontés du paradis. De nombreux bédouins désabusés ont déjà jeté aux flammes le Coran et on devrait faire de même avec le Plan de San Luis96. »

111Par ailleurs la filiation libéral-conservatrice du journal, défenseur du gouverneur Robles Gil, est très tôt clairement posée. Ainsi, El Correo avait pris, dès la fin novembre 1911, la défense du général Huerta, « militaire sans tache », face aux critiques faites par Madero même97. Alors que la presse libérale indépendante signale depuis un moment le même Huerta comme « le científico porfiriste le plus passionné »98.

112Mais il y a plus que cette image de la fin du madérisme, partagée entre la désillusion des uns et l’attente vorace, des autres, de l’écroulement d’un régime de toute évidence fragile, et d’un Président de la république aveuglé face aux innombrables conspirations qui le menacent. S’il y a une préparation soignée de la chute du régime, il y a tout autant une attente de cette chute. Attente qui s’écoule pour les uns dans la réjouissance, certes, pour d’autres dans le sentiment d’impuissance, mais pour bien d’autres encore dans une tierce position, d’acteurs-spectateurs, déçus non pas tant par rapport à Madero même, mais dans la mesure où le délabrement du régime représentait l’écroulement d’un espoir de changement de la société, somme toute largement partagé par de multiples acteurs sociaux.

113Un an après l’arrivée de Madero au pouvoir, le titre même de l’éditorial de El Correo de Jalisco en dit long sur son appréciation du régime : « L’anarchie légale a un an de vie »99. Dans la même ligne s’inscrit l’ensemble du discours du journal jusqu’à la fin de 1912, comme l’indiquent encore une fois les seuls titres : « Nous marchons vers l’abîme ! », « Anarchie ! », « La preuve de la fourberie »100.

4.2. Coup d’état et coup d’état

114Lorsque la convocation aux élections extraordinaires de gouverneur est enfin émise, le 22 août 1912 (pour le 6 octobre de la même année), l’ouverture démocratique qui s’était esquissée un an auparavant est déjà la grande perdante. En effet, il s’est produit entre temps une radicalisation du discours et un renforcement des tendances au sectarisme qui ont débouché sur la réduction au minimum des possibilités et des espaces de conciliation. Aussi, les derniers mois de gestion de Robles Gil sont ponctués de rumeurs de coup d’état et d’appels à la violence, et se déroulent dans une atmosphère de grande tension. Un proche de Salvador Gómez prévenait ainsi un dirigeant du PCN — allié conjoncturel :

« Vous ne ferez pas mal de prendre toute sorte de précautions. On dit par ici, tout comme là-bas, que l’on cherche à faire un coup d’état, même si le Gouvernement prend déjà de très sérieuses mesures pour l’empêcher101. »

115En même temps, l’existence d’un groupe organisé, lié au gouverneur Robles Gil et aux militaires, hostile au gouvernement de Madero et nostalgique du porfirisme, n’est plus un secret pour personne102.

116La succession dans le gouvernement du Jalisco apparaît ici particulièrement compliquée, dans la mesure où le triomphe du PCN, prévisible, déplaît à plus d’un. Tout comme au mois de janvier 1912, il n’existe pas une force qui, élec-toralement, soit capable de lui faire face. En même temps, l’attachement de Robles Gil au pouvoir — au point de chercher le soutien militaire — fait obstacle à la présentation d’une candidature regroupant les libéraux-conservateurs103.

117Pendant quelques temps, l’idée d’écarter Robles Gil par une intervention du centre qui permettrait la nomination d’un gouverneur intérimaire apparaît, aux yeux des différentes forces opposées au gouverneur, comme une bonne sortie104. Il est vrai que derrière cette idée existait encore celle — ignorée notamment du PCN — de pouvoir, ce faisant, repousser l’échéance électorale afin de donner le temps à une candidature libérale, non roblesgilista, de devenir forte105. Les élections ont ainsi lieu dans une situation de fragilité, et une ambiance de peur. Encore plus que les élections mêmes, que López Portillo gagne largement, la prise de pouvoir par le nouveau gouverneur se fait dans une atmosphère de crainte de ce « coup d’état » que Robles Gil est censé donner avec le soutien du général Villaseñor. Or, non seulement le soulèvement ne survient pas au Jalisco, mais il va bien au-delà du niveau régional : quelques jours après les élections de gouverneur, Félix Díaz se soulève à Veracruz contre le gouvernement de Francisco I. Madero.

118La dégradation du climat politique du Jalisco — et la réduction conséquente des espaces d’alliances possibles — n’est pas sans rapport avec celle de l’atmosphère politique nationale, due aux hésitations et aux changements de cap du gouvernement Madero, ainsi qu’aux fortes pressions qu’il subissait106. Au niveau national, se produit notamment une dégradation de l’image du président Madero et du madérisme, qui est due à ses difficultés pour se consolider, tout autant qu’aux fortes campagnes qui se font à son encontre, en particulier dans la presse 107.

119José López Portillo y Rojas entre en fonctions comme gouverneur constitutionnel du Jalisco le 23 octobre 1912, dans une cérémonie entourée de rumeurs de ce que ses contemporains ont appelé un « coup d’état » (qui n’aurait été qu’un coup d’état) et au milieu des craintes — que l’on a pu trouver exagérées — de ses partisans108.

120Ces rumeurs d’un coup de force au Jalisco vont de pair avec des rumeurs d’une portée plus large, qui mettaient depuis longtemps en cause la fidélité de Félix Diaz (le neveu de l’ancien dictateur) au nouveau gouvernement109. Ainsi, trois jours avant le soulèvement de Díaz à Veracruz, un député libéral indépendant exprimait ses craintes dans ces termes :

« Dieu veuille que la tentative révolutionnaire ne prenne pas par ici, car il arrive des rumeurs très alarmantes sur les derniers efforts de votre très cher gouvernant l’ingénieur Robles Gil, qui à la dernière minute s’est révélé plus royaliste que le roi, plus porfiriste que don Porfirio même, et plus enragé jacobin que Robespierre lui-même110. »

121Cependant, lorsque le soulèvement se produit à Veracruz, l’alarme au Jalisco s’avère fausse111 ; le mouvement de Félix Diaz ne fut que peu suivi au Jalisco112. La capitale de l’état ne bougea pas du tout et, surtout, les troupes fédérales et le commandement de la zone militaire restèrent fidèles au gouvernement. Ainsi, le gouverneur Robles Gil n’était donc pas feticista, mais il semble davantage probable qu’il ait été lié déjà à l’époque à Victoriano Huerta113.

122Les termes du soulèvement hypothétique restent toujours confus : il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’un coup limité concernant le Jalisco, ayant pour but d’empêcher la prise du pouvoir par le PCN, mais la possibilité de ses liens avec une conspiration plus large contre le gouvernement de Madero ne peut pas être totalement exclue.

123Cependant, l’idée d’un événement d’ordre régional semble perturber davantage les milieux politiques locaux, et les rumeurs se tissent avant tout autour de l’idée que Robles Gil serait prêt à tout avant de permettre qu’une victoire électorale porte au pouvoir le candidat lié au PCN.

124Malgré tout, la passation de pouvoir a lieu sans perturbation importante de l’ordre, et les précautions des vainqueurs se révèlent exagérées, malgré les rumeurs de vengeance politique contre les « libéraux » et les fonctionnaires de l’administration passée, que l’entourage de Robles Gil fait courir. Et malgré les bruits de prétendus soulèvements de la part des gomistas, ainsi que d’un complot pour assassiner le nouveau gouverneur114. Quant au soulèvement des gomistas, rien de plus absurde lorsqu’on connaît les contacts étroits des proches de Gómez avec les dirigeants du PCN. Ici, encore, l’alarme s’avère fausse, le dirigeant du parti catholique à Atoyac semblait avoir eu raison en disant :

« Il n’y a ici rien qui puisse ressembler à une révolte, et à ce que j’entends il ne se passera rien en quelque point que ce soit de l’état ; tout ce que diront les journaux pro-gouvernementaux a pour objet d’alarmer le public115. »

Conclusion. Restaurer pour conjurer

125La détérioration de l’atmosphère politique nationale qu’accompagne la chute du gouvernement de Francisco I. Madero se fait sentir dans les états, se déclinant naturellement selon leurs enjeux particuliers, tout au long de l’année 1912116. Au Jalisco, elle se manifeste notamment dans la réduction de plus en plus marquée des possibilités réelles de négociation et d’entente entre les différentes forces politiques, comme on le voit clairement dans le passage d’une alliance entre le gouverneur Robles Gil et le PCN, pour les élections législatives de janvier 1912, à un conflit ouvert où il n’y a plus aucune place à la négociation. Encore plus significatif de cette réduction des capacités de négociation, est le fait que l’alliance entre les libéraux modérés et non anticléricaux et le PCN n’a pas une longue vie, et que très rapidement, dans le discours militant du PCN, tous ces groupes bien distincts deviennent un seul ennemi :

126« ce sont les mêmes Curielistas, Ahumadistas, Cuestistas d’hier, Roblesgilistas d’aujourd’hui et Portillistas de demain117 ».

127Ainsi s’opère, au niveau du discours et avec des répercussions très importantes sur la pratique, une simplification du spectre politique, réductrice des forces politiques en jeu, qui les cloisonne en « libéraux », « socialistes », « conservateurs », puis les polarise pour les rendre inconciliables. Ainsi, au moment où López Portillo y Rojas arrive au pouvoir, en octobre 1912, les capacités d’entente entre les différentes forces politiques du Jalisco sont déjà largement usées.

128L’année 1913 s’ouvre donc avec la certitude, dans les milieux politiques, de l’extrême fragilité du gouvernement national118. Un tel sentiment se trouve condensé dans les mots de ce représentant du gouverneur de l’état devant le Congrès participant au débat sur un projet de loi d’amnistie :

« Il [Celedonio Padilla] a dit qu’au début on croyait que la révolte de 1910 finirait avec la prise du pouvoir par ses chefs ; mais qu’il n’en n’était pas ainsi et qu’il arriverait peut-être ce qui était arrivé à la révolution française, si Dieu n’apportait pas une solution : qu’il faudrait que ceux-là soient sacrifiés119. »

129L’aboutissement de ce cloisonnement des forces politiques, de la fermeture des possibilités de dialogue et d’entente, est formellement marqué par des événements de portée nationale : les meurtres du président Madero et du vice-président Pino Suárez, en février 1913, ouvrant franchement la voie à un retour de l’autoritarisme, mettent fin à ce laboratoire démocratique aux conditions de vie fragiles.

Notes de bas de page

1 Dans l’interprétation de la révolution triomphante (la révolution dite « constitutionnaliste »), le Jalisco a été incorporé à une dynamique nationale « révolutionnaire » à partir de la prise de Guadalajara par les troupes d’Alvaro Obregon en juillet 1914. Sur la révolution « constitutionnaliste », cf. J. Romero Flores, op. cit., C. C. Cumberland, Mexican Revolution. The Constitutionalist Years, Austin et Londres, University of Texas Press, 1972, B. Ulloa, Período 19I4-I917. 1м revolución escindida, t. 4 de Historia de la Revolución Mexicana. Mexico, El Colegio de México. A. Knight, The Mexican Revolution, vol. 2 University of Nebraska Press, Lincoln and London, 1990, J. Womack (Jr.), « La Revolución mexicana », op. cit.

2 A. Annino, « Introducción », dans id. (éd.), Historia de las elecciones en Iberoamérica, siglo xix. Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica, 1995, pp. 7-18.

3 C’est, notamment, le sens des travaux en cours de Jaime Tamayo, à l’Université de Guadalajara, sur révolution de la place des processus électoraux dans la vie politique mexicaine des années 1920 à nos jours.

4 F.-X. Guerra, « Les élections législatives de la révolution Mexicaine, 1912 », Mélanges de la Casa de Velázquez, 1974, vol. X, pp. 421-456. Ce genre de problématique intéresse depuis un certain temps politologues et sociologues du politique, mais avait, jusqu’à cette date, peu intéressé les historiens.

5 Ce schéma d’analyse, particulièrement présent dans l’étude des comportements politiques des classes populaires, s’est largement appuyé sur la représentation stratifiée de la société, avec en corollaire un impossible accès à la modernité pour les couches inférieures. Cette conception est à la base de la pensée et de l’action, des politiciens et théoriciens de cette période, dont un représentant majeur est le vénézuélien Vallenilla Lanz. Cf. L. Vallenilla Lanz, Obras completas, t. I. Cesarismo democrático, Caracas, Universidad Santa Mana, 1983. Elle continue à parcourir l’historiographie sur la question.

6 I. Bianco Velasco, État, pétrole et paysans dans le Sud Est du Mexique. Mouvements paysans et luttes politiques dans l’état de Tabasco, thèse de doctorat en sciences sociales — sociologie, IEDES-Université Paris I. décembre 1997, ex. dactylographié.

7 Cf. C. Ford, « Religion et identités politiques dans la campagne française au xixe siècle », dans La politisation des campagnes au xixe siècle (France, Italie, Espagne, Portugal et Grèce), actes du colloque international organisé par l’École française de Rome, Rome, 20-22 février 1997, Rome, 2000. pp. 327-341.

8 Pour une caractérisation sommaire de ces partis à l’échelle nationale, cf. F.-X. Guerra, « Les élections législatives... », op. cit.

9 Que l’on peut voir par exemple dans la célébration des triomphes libéraux de juin, qui réunit toute une série de forces « libérales » par ailleurs fort disparates : Partido Liberal Republicano. Círculo Liberal Liceísta. Unión Liberal, Partido Democrático Jalisciense, Partido Gomista et Partido Allendista, dans une manifestation dans les rues de Guadalajara. La Libertad, 5 juillet 1912.

10 Cf. supra, chapitre 2.

11 Algunas Razones. FMPV. caja 40, exp. 3I5, s.d. (porte la dale manuscrite de janvier I912).

12 Tract anonyme, s.d., contre Salvador Gómez et signé « varios obreros », FMPV, caja 40, exp. 317.

13 Cf., par exemple. Manifiesto de los Partidos Antirreeleccionista Jalisciense y Constitucional Progresista, al Pueblo de Jalisco, sobre las próximas elecciones de Diputados al Congreso del Estado, 12 février 1911, FMPV, caja 40, exp. 317, Algunas razones..., et particulièrement La Libertad et La Gaceta de Guadalajara, cette dernière organise même une nouvelle élection fictive.

14 En plus des différents journaux déjà cités, cf. Algunas Razones... ; tract anonyme contre Salvador Gómez signé « varios obreros », s.d. (porte la date manuscrite 1912), FMPV, caja 40, exp. 317; Manifiesto de los Partidos Antirreeleccionista Jalisciense y Constitucional Progresista...

15 Formation électorale qui comprend des éléments très techniques et adressés non pas au public en général mais aux seuls militants du parti, dans le but de les préparer aux tâches de la journée électorale proprement dite. C’est le cas de la circulaire diffusée en janvier 1912, concernant les modifications récentes de la loi électorale et indiquant une ligne à suivre face aux irrégularités éventuelles des listes électorales ou commises par les fonctionnaires. Circulaire du Comité Ejecutivo Electoral du PCN, Guadalajara, 16 janvier 1912, FMPV, caja 40, exp. 317.

16 Cf. annexe 6.

17 Un des animateurs du centre de Santa Maria, Alejo Romo, est lui-même le président du PCN pour le munícipe de Magdalena.

18 En effet, au niveau national, ce sont les operarios guadalupanos qui ont amené la question municipale à la fondation du PCN, en proposant une discussion sur l’ «Importance maximale de l’influence du Parti Catholique National dans la politique municipale ». Circulaire des operarios guadalupanos, Ier septembre 1911, FMPV. caja 40. exp. 316.

19 Cf. supra, chapitre 7.

20 Pedro L. Lomelí, du Centre du PCN à El Salto, à Miguel Palomar y Vizcarra, 19 septembre 1911, FMPV, caja 40, exp. 316.

21 Circulaire du centre Jalisco du PCN aux électeurs, Guadalajara, 2 octobre 1911, FMPV, caja 40, exp. 316.

22 Ibid.

23 Le centre d’Arandas, en présentant son délégué à la convention du 7 avril, demande qu’il soit orienté; J. M. Martínez à Miguel Palomar y Vizcarra, Arandas, 2 avril 1912, FMPV, caja 40, exp. 317. Cf. aussi la lettre de Margarito Torres à Miguel Palomar y Vizcarra, Tepatitlán, 10 mars 1912, FMPV, caja 40, exp. 317, qui demande qu’on lui indique une ligne politique à suivre.

24 FMPV, caja 40, exp. 317, s.d.

25 Alfredo Méndez Medina, S.J. à Miguel Palomar y Vizcarra, Eideren, 22 février 1912, FMPV, caja 40, exp. 317.

26 Ibid.

27 Il ne serait pas surprenant qu’une recherche ultérieure trouve dans ces années un antécédent du travail porte-à-porte que le mouvement catholique a pratiqué avec grand succès dans les années 1920-30.

28 Les données ont été extraites de la presse indépendante : El Regional, La Libertad; officieuse La Gaceta de Guadalajara, et El Correo de Jalisco, et du journal officiel de l’étal. El Estado de Jalisco. La presse non officielle fournit des données à des échelles qui n’intéressent pas toujours le journal officiel : munícipes, en premier lieu, car dans ce dernier les données apparaissent souvent regroupées par districts, puis des agglomérations au statut inférieur, comme des villages qui ne sont pas des chefs-lieux municipaux, voire sans statut, haciendas, ranchos. Par ailleurs, les chiffres ne diffèrent pas d’un journal à l’autre.

29 Compte tenu de cette limitation, les données de 1 et 3 ont été regroupées dans des districts hypothétiques pour former des groupes coïncidant avec la division en districts du mois de juin, afin de pouvoir effectuer les comparaisons. Le Jalisco était divisé à l’époque en vingt districts électoraux mais les districts ont été redéfinis entre janvier et juin.

30 Cf. El Estado de Jalisco, diario oficial, 15 juillet 1912.

31 Les chiffres globaux que l’on peut dégager des données disponibles ne peuvent être présentés comme sûrs, vu le caractère incomplet de l’information, notamment pour le mois de juin (où elle ignore, dans nombre de cas, les votes obtenus par les perdants). Ils ne sont pas pour autant dépourvus d’intérêt : au moins 74 000 votes émis en janvier, 33 883 en juin et 55 032 en octobre. La comparaison précise se fait donc sur la base des districts pour lesquels on dispose de l’information complète.

32 Pour lesquelles les données disponibles permettent de faire une analyse des élections à l’échelle municipale, bien plus riche que celle du district, qui ne reflète qu’une division éphémère de l’espace.

33 Pendant la dernière moitié de 1911, dans les premiers temps de la campagne des candidats au poste de gouverneur, une vingtaine de clubs libéraux-conservateurs sont actifs dans l’état, bon nombre d’entre eux liés à la candidature de Rodolfo Reyes et qui ne semblent pas avoir survécu au retrait de celle-ci. En 1912 restent actifs des clubs clairement liés au gouverneur Robles Gil, comme l’Unión Liberal, liée à Octavio Lobato et le parti Liberal Republicano, lié à Luis Alatorre.

34 Les gomistas sont présents, mais leur degré de représentativité est infime : 1,69 % du total des votes.

35 El Regional, 27 janvier 1912.

36 En effet, la combinaison des deux facteurs contribue à une politisation plus large, par l’élargissement et la diffusion du débat.

37 L’interprétation de ce pourcentage n’est pas sans poser problème : faut-il le lire comme une incapacité du club à drainer d’autres voix que celles de ses propres membres, vers la candidature qu’il propose ? Ou bien, a-t-il, dans le travail de propagande politique préalable à l’élection, fédéré tout le potentiel allendista de la ville ?

38 Agustín Navarro Flores à Miguel Palomar y Vizcarra, La Manzanilla, 25 juin 1912, FMPV, caja 40, exp. 318.

39 Cf. supra, chapitre 8.

40 Les mots hacienda et rancho ont ici, vraisemblablement, le sens de hameau. Sur les différents sens que ces mots peuvent recouvrir et sur les confusions qui, de ce fait, se sont dégagées de leur interprétation dans les sources concernant le porfiriat, cf. F.-X. Guerra, México, del antiguo régimen..., op. cit., t. II, annexe V, « La population rurale : le piège des termes et des chiffres », pp. 472-489.

41 La Libertad, 24 octobre 1911.

42 Les clubs proches du madérisme ne sont pas tous des clubs antiréélectionnistes. Les clubs antiréélectionnistes au sens strict du terme réunissent les madéristes de la première heure et on les reconnaît en général à leur soutien aux candidatures de Salvador Gómez ou de Roque Estrada. Bien d’autres organisations, qui ne sont pas nécessairement formées par des madéristes de la première heure, se sont rapprochées du madérisme, soutenant, par exemple, la candidature de José López Portillo y Rojas, ou encore de David Gutiérrez Allende.

43 Cf. J. Womack (Jr.), « La Revolución mexicana... », op. cit.

44 En 1911, la seule candidature qui ne se combine pas avec celle de Madero est celle de Rodolfo Reyes. Les raisons en sont claires : le candidat reste lié à l’antimadérisme de son père; madérisme et reyisme sont à partir de 1911 parfaitement incompatibles. Il convient toutefois de préciser, par rapport à Rodolfo Reyes, que les Jaliscienses n’ont pas été insensibles à sa candidature, comme cela a été affirmé : cf. M. Αldaνa Rendon, Del reyismo al nuevo orden..., op. cit., p. 138. Si l’intérêt pour le général Bernardo Reyes était en 1911 très réduit (parmi plus de 70 organisations d’orientation libérale recensées, deux seulement soutiennent sa candidature à la présidence), les milieux politiques ont été loin d’assimiler sans nuances le fils au père, et au moins 5 clubs ont présenté la candidature de ce dernier au gouvernement de l’état ; il s’agit du Pedro Ogazón, de l’Ignacio Luis Vallarta, du Mariano Esparza — à Tepatitlán —, du Pascual Rojas — à Atotonilco — et du club occidental reyista — à Autlán. Par ailleurs, Rodolfo Reyes étant lui-même franc-maçon, il semble probable qu’il ait été soutenu par certaines loges maçonniques, tout du moins par celles liées à la Gran Logia Unida del Distrito Federal, dont il faisait partie. La Revista, t. V, n° 1, Laredo, Texas, mai 1909, pp. 14-15.

45 Cf. annexe 7.

46 C’est le cas, par exemple, du club Morelos, à Atemajac, qui compte plusieurs membres de l’usine textile de la localité. La Gaceta de Guadalajara, 8 août 1911.

47 La Libertad, 13 octobre 1911.

48 « Segundo libro de actas del Club Valentín Gómez Farías », annexe n° II. dans José Ramirez Flores, αρ. cit., pp. 127-161.

49 Ibid.

50 Ibid.

51 Les allendistas n’ayant pas soutenu de candidature aux élections de gouverneur, une partie importante de leur électoral à Magdalena semble être passée aux gomistas, qui y obtiennent 14,49 % des suffrages en octobre, seule candidature qui ait obtenu des votes face à celle, majoritairement triomphante, de José López Portillo y Rojas.

52 Cf. supra, chapitre 9.

53 Cf. supra, chapitre 3, pp. 105-107.

54 Il s’agit des localités de Cuyutlán, Puente Grande, Zapotlanejo, Totatiche, San Diego de Alejandría, Cajititlán, San Juan Evangelista, Zapotitlán, Ejutla, Purificación et El Salvador.

55 Lettre circulaire des operarios guadalupanos, 1er novembre 1911, FMPV, caja 40, exp. 316.

56 J. Abel Rosales Saldaña et R. E. Partida Rocha, op. cit., pp. 98-99.

57 La Gaceta de Guadalajara, 20 novembre 1911.

58 Francisco de Sales Quintero à Miguel Palomar y Vizcarra. Mascota, 20 août 1912, FMPV, caja 40, exp. 319.

59 Cf. supra, chapitre 7.

60 José Refugio Galindo à Miguel Palomar y Vizcarra, 6 déc. 1907, FMPV, caja 40. exp. 313, souligné dans l’original.

61 A l’époque. Galindo agissait auprès d’archevêques comme Gillow afin d’atteindre son but. José Refugio Galindo à Miguel Palomar y Vizcarra, 28 déc. 1907, FMPV, caja 40, exp. 313.

62 Lettre circulaire des operarios guadalupanos, 1er octobre 1911. FMPV, caja 40, exp. 316.

63 Manuel M. González à Miguel Palomar y Vizcarra, Tonalá, 16 février 1912, FMPV, caja 40, exp. 317.

64 Au delà des accusations des adversaires du PCN à l’époque, pour les spécialistes de la période, l’importance du clergé dans la constitution de l’électorat PCN paraît claire, même si elle n’est pas démontrée; ainsi, François-Xavier Guerra mentionnait déjà, en 1974, l’importance des curés de campagne dans la promotion du vote PCN, lequel « peut compter sur la base très solide du réseau d’œuvres et de syndicats catholiques et sur la très grande influence des curés de campagne sur les masses rurales », F.-X. guerra, « Les élections législatives... ». op. cit., p. 434. Pour Alan Knight, les accusations des libéraux en ce sens « n’étaient pas complètement paranoïaques », et le parti profita de la forte influence des évêques et surtout des curés auprès des paroissiens. A. Knight, op. cit., p. 403.

65 La Gaceta de Guadalajara, 29 juin 1911, cf. aussi l’édition du 1er juillet.

66 Le sous-comité du PCN de El Refugio. Tepatitlán à Miguel Palomar y Vizcarra, 10 avril 1912, FMPV, caja 40, exp. 317.

67 Cf. pour le cas de Tamazula, La Gacela de Guadalajara, 7 juillet 1911, pour celui de la comisaría del Refugio (Acatic), « El fanatismo en acción », El Correo de Jalisco, 16 novembre 1911.

68 Sur ces différences, cf. M. Ceballos Ramirez, El Catolicismo social..., op. cit.

69 « Mora y del Río, parrain du Parti Catholique National, a demandé aux évêques de soutenir le parti dans la mesure où leur situation le leur permettrait, et il est certain que cela a eu une influence considérable. Avant les élections [législatives] de 1912, les évêques ont multiplié les lettres pastorales, en rappelant aux catholiques que leur devoir électoral était sacré. », J. Meyer, « prólogo » à E. J. Correa, op. cit., p. 13.

70 El Correo de Jalisco, 1er juillet 1912.

71 Ibid., 4 juillet 1912.

72 Cela paraît évident dans le cas de quelqu’un comme Jesús Camarena, dirigeant de la Gran Logia Occidental Mexicana, élu député fédéral pour le quatorzième district.

73 Cf. supra, chapitre 10.

74 Les dissidents suivent Alberto Olea. El Regional, 30 janvier 1912.

75 Cette argumentation ressort dans nombre des débats de validation des élections à l’Assemblée nationale des députés; ils sont reproduits dans D. Arenas Guzman, Historia de la Cámara de Diputados..., op. cit. Pour une analyse critique, cf. F.-X. Guerra, « Les élections législatives... », op. cit.

76 Cf. F.-X. Guerra, « Les élection législatives... », op. cit.

77 Cf. A. Knight, op. cit., pp. 398-399.

78 Cela ne veut pas dire que Madero lui-même ait été pour autant, dans tous les processus électoraux, entièrement étranger aux manipulations. Cf. К. В. Koth, op. cit., qui analyse son ingérence dans l’élection d’un nouveau gouverneur pour l’état du Veracruz.

79 M. Aldama Rendon, Del reyismo al nuevo orden.... op. cit., p. 169.

80 Agustín Navarro Flores à Miguel Palomar y Vizcarra. La Manzanilla, 25 juin 1912, FMPV, caja 40, exp. 318.

81 El Regional. 5 juillet 1912.

82 Pendant le porfiriat, un tel positionnement au moment même de l’élection n’était pas, en général, nécessaire (notamment quand il s’agissait de pourvoir les postes de députés fédéraux et sénateurs), car il intervenait directement dans le choix d’une candidature unique.

83 C’est la thèse d’Alan Knight qui tient surtout compte des témoignages d’observateurs externes et qui fonde cette affirmation sur la comparaison avec les élections présidentielles d’octobre 1911, qui ont porté Madero au pouvoir. A. Kgniht, op. cit., pp. 398-399.

84 Agustín Navarro Flores à Miguel Palomar y Vizcarra, La Manzanilla, 25 juin 1912, FMPV, caja 40, exp. 318.

85 C’est la thèse de M. Aldana Rendon, Del reyismo al nuevo orden..., op. cit., p. 168.

86 Relativement, dans la mesure où le Jalisco reste tout de même un des états de la fédération à avoir enregistré un taux de participation (environ 20 %) plus élevé que la moyenne nationale (12 % selon les sources officielles) : F.-X. Guerra, « Les élections législatives... », op. cit., pp. 45-46.

87 Déjà en octobre 1911 l’initiative prise en ce sens par le député fédéral Querido Moheno éveillait les inquiétudes des militants catholiques. Cf. la lettre des rédacteurs de l’hebdomadaire catholique El Cruzado à Miguel Palomar y Vizcarra, Mexico, 29 octobre 1911, FMPV, caja 40, exp. 316. Dans la Chambre constituée par les élections de juin 1912, c’est le député jalisciense Luis Manuel Rojas, qui présentera précisément une initiative visant à interdire aux partis politiques de porter une dénomination religieuse. D. Arenas Guzman, op. cit., t. I, pp. 209-211.

88 D. Arenas Guzman, op. cit., t. I. pp. 153-157.

89 C’est-à-dire, du temps de la querelle qui opposa ouvertement Reyes à Limantour et qui se solda par la démission du premier de son poste au Ministère de la Guerre, et non pas dans le cadre du mouvement de 1909, moment où Lozano se trouve déjà dans les rangs du corralisme.

90 Ce groupe parlementaire, ennemi tenace du madérisme, était formé par Lozano même, Nemesio García Naranjo, Francisco de Olaguíbel et par Querido Moheno, tous des anciens porfiristes. Il avait commencé sous le nom de triángulo, constitué par les trois premiers. On trouve de nombreux exemples de leur action parlementaire dans D. Arenas Guzman, op. cit.

91 Ses ennemis politiques doutaient du caractère véritablement indépendant de sa candidature. Agustín Navairro Flores à Miguel Palomar y Vizcarra, La Manzanilla, 25 juin 1912. FMPV, caja 40, exp. 318.

92 D. Arenas Guzman, op. cit.. t. I. pp. 292-296.

93 Ibid., t. I, pp. 357-371.

94 Cf. le discours de Luis Cabrera contre l’élection de Cuesta Gallardo, dans ibid., t. I, pp. 366-370.

95 Cf. A. Rodriguez Kuri, op. cit.

96 El Correo de Jalisco, 13 novembre 1911. Les caractères gras sont de l’original.

97 Ibid., 20 novembre 1911.

98 La Libertad. 29 septembre 1911.

99 El Correo de Jalisco, 11 novembre 1912.

100 Ibid., respectivement, les 14 et 19 novembre et le 27 décembre 1912.

101 Lettre confidentielle de E.L.R. [Enrique Luna Román] à Miguel Palomar y Vizcarra, Mexico, 14 septembre 1912, FMPV, caja 40, exp. 319.

102 Au début du mois de septembre, au cours d’un banquet en présence de Robles Gil et du général Villaseñor, des vivats à Porfirio Díaz et des mueras à Madero s’étaient fait entendre ; le même genre d’expressions sont proférées lors des fêtes nationales du 14 et 15 septembre. M. Aldana Rendon, Del reyismo al nuevo orden..., op. cit., p. 173.

103 Il est possible que cela soit à l’origine de l’éloignement de quelqu’un comme Luis Manuel Rojas, qui accusa Robles Gil d’être le responsable de la débacle des libéraux au Jalisco. Cf. La Libertad, 4 octobre 1912.

104 Lettre confidentielle de E.L.R. [Enrique Luna Román] à Miguel Palomar y Vizcarra, Mexico, 14 septembre 1912, FMPV. caja 40, exp. 319.

105 M. Aldana Rendon, Del reyismo alnuevo orden..., op. cit., p. 175.

106 A ce sujet, cf. A. Knight, op. cit., С. C. Cumberland, The Mexican Revolution. Genesis.... op. cit.

107 Cf. A. Rodriguez Kuri, op. cit.

108 Cf. M. Aldana Rendon, Del reyismo al nuevo orden.... op. cit.. pp. 178-179. La campagne politique du candidat José López Portillo y Rojas fut pratiquement aussi prolongée que sa gestion comme gouverneur; la première s’est initiée en juin 1911 pour aboutir aux élections du 6 octobre 1912; sa gestion comme gouverneur débuta le 23 octobre 1912 pour s’interrompre le 9 février 1914, lorsqu’il fut appelé au cabinet de Victoriano Huerta pour occuper le poste de Ministre des Affaires Étrangères.

109 A. Knight, op. cit., p. 474.

110 José González Rubio à Miguel Palomar y Vizcarra, Mexico 13 octobre 1912, FMPV, caja 40, exp. 319.

111 A. Knight, op. cit., p. 474.

112 J. M. Muria (dir.). Historia de Jalisco, op. cit., t. IV, p. 221 et M. ALDANA RENDON, Del reyismo al nuevo orden..., op. cit., p. 179.

113 Vraisemblablement, Huerta conspirait déjà à l’époque; une conspiration que Robles Gil a dû rallier relativement tôt car, lorsque Huerta se fait nommer Président, en février 1913, il est immédiatement appelé à faire partie de son cabinet. Sur Huerta, Cf. M. C. Meyer, Huerta. A political portrait, Lincoln, 1972.

114 M. Aldana Rendon, Del reyismo al nuevo orden..., op. cit., p. 178. Ce n’est pas un hasard si toutes sortes de rameurs concernant la perturbation de l’ordre provenaient de La Gaceta de Guadalajara.

115 R.G. Gutiérrez à Miguel Palomar y Vizcarra, Atoyac, 22 octobre 1912, FMPV, caja 40, exp. 319.

116 Cf. I. Jacobs, op. cit., pp. 105-139, R. Falcon, op. cit., pp. 58-70, M. Blanco, op. cit., K. В. Koth, op. cit.. C. Martinez Assad, « Del fin del porfiriato a la revolución en el sur-sureste de México », Historia Mexicana 171. vol XLIII janvier-mars 1994, n° 3, pp. 487-504; G. M. Joseph et A. Wells, op. cit. Pour le Jalisco, cf. M. Aldana Rendon. Del reyismo al nuevo orden..., op. cit.

117 Imprimé signé T. Tumbo (pseudonyme de Agustín Navarro Flores), 1912. FMPV. caja 40, exp. 317.

118 Cette certitude retentit même au sein du Congrès de l’état, émanant de la bouche d’un député portillista, Javier Verea, lors de la discussion du projet de loi d’amnistie : « que c’était bien qu’un Gouvernement fort octroie l’amnistie, mais qu’on ne pouvait pas considérer comme tel le Pouvoir actuel qui depuis si longtemps déjà régit nos destinées et n’a pas pu cependant donner les preuves de cette énergie tellement désirée, mais bien au contraire, il s’est manifesté avec une faiblesse extrême. » Discours du député Javier Verea lors de la discussion du projet de loi d’amnistie, le 2 janvier 1913, séance extraordinaire. Diario de debates de la Cámara de Diputados. BCEJ.

119 Discours de Celedonio Padilla, représentant du gouverneur dans la discussion du projet de loi d’amnistie, séance du 2 janvier 1912, Diario de debales de la Cámara de Diputados. BCEJ.

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