Le sultan et le contrôle de l’élite émirale
p. 63
Texte intégral
1Les sources historiographiques sont propices à l’étude prosopographique parce qu’elles dessinent les contours d’un groupe élitaire qu’elles nomment et définissent en tant qu’il est digne d’être remémoré. Ce groupe, toutefois, est sécable, et un de ses segments, l’élite militaire, se définit aussi d’un point de vue institutionnel, par le grade émiral. Il nous faudra donc tracer, en premier lieu, l’identité de ce groupe vis-à-vis de sa relation à l’institution – grade militaire, revenus – et vis-à-vis de l’évolution de cette relation dans le contexte de crise économique. Ces conditions institutionnelles et économiques constituent non seulement le socle institutionnel mais aussi les enjeux de la compétition au sein de ce milieu. La relation clientéliste est l’interaction fondamentale qui organise ce milieu en maisons et factions, et donne sa forme à la compétition.
2Dans ce cadre, la revendication du titre sultanien suscita une restauration de la dignité souveraine pour distinguer le prince de ses officiers et lui donner la légitimité de régner. Mais au-delà de l’aspect symbolique, la restauration de la Maison sultanienne fut une œuvre de prise de contrôle économique et social de l’élite militaire qui ne se fit pas sans violence, tant elle rencontra des résistances au sein d’un milieu émiral en pleine mutation. De la structure sociale et interactionnelle plurielle de l’élite militaire à la formation d’un régime sultanien, cette première partie pose la question du lien entre deux organisations sociales qui semblent a priori opposées, donc de la rupture ou de la continuité entre régime émiral et régime sultanien. La restauration de l’autorité souveraine, en somme, émane-t-elle de l’organisation sociale de l’élite dominante ou se confronte-t-elle à celle-ci comme un modèle politique alternatif ?
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