Conclusion de la première partie
p. 91
Texte intégral
1Des géographes qui ont rédigé des traités tout au long de l’histoire d’al-Andalus, nous ne savons que peu de chose, car en tant qu’auteurs ils n’ont pas plus intéressé les biographes du Moyen Âge que les historiens de notre temps. La faute en revient sans doute à la géographie elle-même, discipline composite et sans réelle assise épistémologique, science grecque qu’Aristote n’évoque pas, savoir précieux pour les sciences religieuses, mais que nul ne reconnaît comme tel. Devant l’absence des géographes et les incertitudes de la géographie, ne restent finalement que ces œuvres qui les font exister, les uns comme l’autre, ainsi qu’une écriture originale et riche. La géographie andalouse, comme son pendant oriental, inventorie plus qu’elle ne décrit et construit son objet d’étude, le territoire, autour de ces lignes directrices que sont les itinéraires. Afin de ne pas lasser cependant un public de non-spécialistes et parce qu’elle entend présenter tous les registres de données, la discipline ménage une place importante au merveilleux, ce précieux auxiliaire de la mémoire qui permet de lier un lieu à un phénomène remarquable. Par sa fidélité aux canons d’une culture, par la continuité d’un savoir qui s’enrichit d’ajouts successifs sans jamais varier fondamentalement dans son contenu et sa forme, la géographie andalouse, dernière floraison d’importance de la géographie arabe médiévale, témoigne de la puissance d’une discipline peu considérée mais remarquable par son ampleur et ses objectifs. Grâce au jeu de la compilation et à la volonté de reproduire les mêmes motifs par-delà les siècles, la discipline ne se propose rien moins que de transcender les aléas du temps. Nul autre savoir, pas même parmi les plus institutionnalisés, n’a été aussi efficace et conservateur dans la défense de la grande idée du Moyen Âge arabe : l’affirmation de l’unité d’une culture et d’une civilisation par-delà l’immensité géographique et la diversité des destins locaux. C’est à l’étude plus approfondie de ce socle du discours géographique andalou, ses permanences et les lieux communs qu’il égrène pendant près de cinq siècles que nous consacrerons la deuxième partie de cet ouvrage.
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