Glossaire
p. 337-342
Texte intégral
1Tous les termes en italiques sont, sauf indication contraire, des mots arabes. En caractères romains, termes passés au français.
2Adab, pl. ādāb : belles lettres. La base des connaissances d’une personne bien éduquée. De là : une éducation raffinée, mais aussi, la bonne manière de faire les choses : al-ādāb al-sulṭāniyya (de la bonne conduite des gouvernants) ou adab al-mulūk (de la bonne conduite des souverains) sont des titres donnés à des ouvrages équivalents à nos Miroirs des Princes.
3Amān : protection ou sauf-conduit.
4‘Āmil : percepteur.
5Amīr : émir, détenteur d’un commandement. Désigne les gouverneurs régionaux ou les chefs militaires. La titulature Amīr al-mu’minīn (Émir des croyants), désigne le calife ; amīr al-juyūsh, le chef des armées.
6‘Ashūra : fête chiite, ayant lieu le 10 du mois de muḥarram, commémorant la mort violente de Ḥusayn, le fils de ‘Alī, tué à Karbala’en 680. Cet événement fait encore de nos jours l’objet d’une commémoration doloriste.
7Atabeg (atābak) : terme turc désignant, sous le règne des Seljoukides, le tuteur d’un jeune prince, chargé de le protéger et de gérer ses possessions. Au xiie siècle, certains atabegs de Haute-Mésopotamie ou de Syrie fondèrent leur propre dynastie. Sous les Mamlouks, l’atabeg des armées était le commandant en chef de l’armée.
8Awlād al-nās : littéralement « les enfants des gens » ; il s’agit des fils de mamlouks, nés libres, musulmans, qui ne sont plus des militaires comme l’étaient leurs pères, mais se fondent au sein du groupe des élites civiles, les oulémas*.
9‘Ayyār, pl. ‘āyyārūn : jeunes gens organisés en milices, qui furent chargés, par moments, de maintenir l’ordre dans les grandes villes de l’Orient islamique médiéval, mais furent aussi très souvent à l’origine de désordres urbains. Ils s’organisèrent au xiie siècle en associations hiérarchisées prônant l’idéal de la futuwwa, c’est-à-dire des valeurs telles que le courage, la solidarité, la lutte contre les inégalités.
10Baraka : bénédiction de Dieu, qui a un effet apotropaïque.
11Bay‘a : serment d’allégeance au souverain.
12Burda : manteau ou tunique ; burdat al-Nabī : manteau du Prophète.
13Cadi (de l’arabe qāḍī, pl. quḍāt) : juge chargé de faire appliquer la loi religieuse (sharī‘a*). Il peut avoir aussi des fonctions de notaire.
14Calife (de l’arabe khalīfa « vicaire, successeur »). Titre porté par les successeurs du Prophète qui détenaient, à l’origine, tous les pouvoirs religieux et politiques. À partir du ixe siècle, les califes sunnites déléguèrent une grande partie de leurs pouvoirs juridico-religieux aux savants en sciences religieuses (oulémas*), alors que dans la sphère chiite, les califes fatimides, considérés comme infaillibles car représentants de Dieu sur terre, conservèrent tous les pouvoirs.
15Catholicos, pl. catholicoï : terme grec désignant, dans l’Irak abbasside, le chef de l’Église nestorienne. L’Église arménienne était également dirigée par un catholicos.
16Dār al-‘adl : palais de justice.
17Da‘wa : « appel, invitation ». Sous les Fatimides, propagande faite en faveur de leur doctrine par des propagandistes appelés dā‘ī (pl. du‘ā’), envoyés dans un but de prosélytisme dans toutes les régions du monde musulman.
18Dhimmī : traditionnellement traduit par « protégé », ce terme désigne les non-musulmans en terre d’Islam, reconnus comme « gens du Livre », principalement les chrétiens, les juifs et les zoroastriens. Ils jouissent de la liberté de culte à condition de s’acquitter d’un impôt spécifique et d’accepter un statut d’infériorité.
19Dīnār : monnaie d’or.
20Dirham : monnaie d’argent.
21Dīwān : bureau administratif, ministère ; registre officiel.
22Fals, pl. fulūs : monnaie de cuivre.
23Faqīh, pl. fuqahā’ : spécialiste du fiqh, le droit musulman. Juriste et jurisconsulte.
24Fatwa : consultation juridique rendue par un juriste sur une question particulière. Désignée par l’école malikite sous le nom de nazīla (pl. nawāzil).
25Fitna : discorde, rébellion, guerre civile. La « grande fitna » désigne les affrontements entre musulmans qui ont eu lieu entre 656 et 661 autour de la question de la succession du Prophète. En al-Andalus, la « grande fitna » désigne aussi la guerre civile qui a secoué le califat omeyyade entre 1009 et 1031.
26Furūsiyya : beaux-arts équestres qui comprenaient des connaissances en hippiatrie et hippologie, en sports équestres (chasse, polo, etc.) et en art militaire. La furūsiyya incluait la notion d’esprit chevaleresque, marque distinctive de l’aristocratie.
27Hachémite : descendants de Hāshim b. ‘Abd Manāf, l’arrière-grand-père du Prophète.
28Hadith (ḥadīth) : les paroles, attitudes et décisions du Prophète qui constituent sa conduite (sunna*).
29Ḥājib, pl. ḥujjāb : chambellan. À Bagdad, à l’époque abbasside, le terme désigne aussi des agents califaux chargés de différentes fonctions, en particulier du maintien de l’ordre dans certains quartiers. En al-Andalus, la fonction évolua vers celle d’administrateur de l’État (supérieur au vizir) ou de commandant de l’armée.
30Ḥajj : pèlerinage à La Mekke, l’un des cinq « piliers » de l’islam.
31Ḥujja : mot du registre juridique signifiant « preuve ». Ḥujjat al-islām (Preuve de l’islam) était un titre attribué aux plus hautes autorités ismaïliennes.
32Ijāza : « autorisation », le plus souvent une « autorisation d’enseigner » délivrée par un professeur à un étudiant ayant suivi son enseignement.
33Imam (imām) : littéralement « celui qui se tient devant », celui qui dirige la prière. Le terme prit très tôt le sens de guide de la communauté musulmane. Dans l’islam chiite, il désigne les descendants de ‘Alī et Fāṭima, seuls dignes d’exercer l’imamat.
34Iqṭā‘ : concession fiscale sur une terre ou une région donnée, faite à un membre de la famille royale ou à un chef militaire, en échange, dans ce dernier cas, de son service armé.
35Ism : un des éléments de l’anthroponyme arabe correspondant au prénom.
36Īwān : pièce ouverte par un grand arc, donnant sur une cour ou un jardin. Dans les palais, les souverains pouvaient y tenir leur audience ou rendre la justice.
37Jāndār : titre porté par un émir de haut rang, rattaché à la garde du souverain.
38Jihad : de l’arabe jihād qui signifie littéralement « effort dans un but déterminé ». Pris dans un sens spirituel, c’est l’aptitude à exercer une maîtrise sur ses propres pulsions pour se rendre meilleur (jihad majeur). L’expression jihād fī sabīl Allāh » (« effort sur le chemin de Dieu ») désigne le combat que tout souverain musulman doit mener pour étendre ou défendre le « territoire de l’Islam » (Dār al-Islām) contre les non-musulmans des pays qui refusent l’autorité de l’Islam, appelés « territoire de la guerre » (Dār al-ḥarb).
39Jizya : impôt de capitation payé par les dhimmī-s*.
40Kārimī : grand négociant prenant part au commerce international, entre l’Égypte, le Yémen et l’Inde, particulièrement celui des épices.
41Kātib, fém. kātiba, pl. kuttāb : secrétaire, scribe.
42Khādim : serviteur. Ce terme a également servi à désigner les eunuques.
43Khalīfa : voir calife.
44Khānqāh : voir ribāṭ.
45Kharāj : impôt foncier.
46Kharijites : de l’arabe kharaja (« sortir »). Ce terme désigne ceux qui sortirent du camp de ‘Alī après la bataille de Ṣiffīn (657). Ils se distinguent des sunnites et des chiites en affirmant notamment que l’imam chargé de diriger la communauté musulmane doit être désigné en fonction de ses mérites et non de son origine.
47Khawājā : grand marchand, à l’époque mamlouke, souvent importateur d’esclaves.
48Khuṭba : sermon donné par l’imam* ou par un prédicateur (khaṭīb) du haut du minbar* lors de la prière du vendredi. Il s’agit d’un prône officiel, dit au nom du chef de la communauté.
49Kunya : un des éléments de l’anthroponyme arabe. Il indique en général la paternité du sujet : « Abū l-Qāsim », « Père d’al-Qāsim » mais peut aussi être honorifique « Abū l-Fatḥ », « Père de la Victoire ».
50Kuttāb : voir kātib.
51Laqab : un des éléments de l’anthroponyme arabe. C’est un surnom honorifique (‘Aḍud al-Dawla : « Appui de l’État » ou Sayf al-Dīn : « Sabre de la Religion ») qui est aussi parfois un nom de règne (al-Malik al-Ẓāhir : le Souverain Victorieux).
52Madhhab, pl. madhāhib : école juridique. Le sunnisme en compte quatre : le malikisme, le chafiisme, le hanafisme et le hanbalisme.
53Madrasa : collège d’enseignement des sciences juridico-religieuses doté de waqfs* pour assurer son entretien et son fonctionnement. Les madrasas se répandirent dans tout l’Orient musulman sunnite, à partir du xie siècle et, à partir du xiiie siècle, en Occident musulman.
54Mahdī : littéralement « le bien guidé [par Dieu] ». Figure messianique, pour tous les musulmans, qui doit revenir avant la fin des temps pour rétablir la vraie religion et la justice. Dans le chiisme, il désigne, dans la descendance de ‘Alī et Fāṭima, le dernier imam caché dont les fidèles attendent le retour. Historiquement, les fondateurs des dynasties fatimide et almohade furent présentés comme des mahdī-s.
55Maḥmal : palanquin envoyé à La Mekke, notamment par les sultans mamlouks, avec la caravane des pèlerins pour marquer leur souveraineté sur les lieux saints.
56Majlis, pl. majālis : assemblée, réunion. Par extension, institution et lieu où l’on siège de manière officielle.
57Malik : souverain au pouvoir uniquement temporel.
58Mamlaka : royaume, empire, lieu d’exercice du pouvoir du souverain.
59Mamlūk, pl. mamālīk : littéralement « possédé, esclave ». De là, la dynastie des Mamlouks (1250-1517) qui fit de l’esclavage le fondement du système de recrutement de ses gouvernants.
60Masjid : oratoire, lieu de prière, petite mosquée. Al-masjid al-jāmi‘ désigne la grande mosquée dans laquelle on fait la prière qui réunit la communauté musulmane le vendredi, au cours de laquelle est prononcée la khuṭba*. Al-masjid al-Ḥarām désigne le sanctuaire sacré de La Mekke.
61Mawlā, pl. mawālī : « client », mais aussi son antonyme « maître ». Au début de l’Islam, un musulman non Arabe se mettait sous la protection d’un Arabe et devenait son client, son protégé. Utilisé dans les titulatures sous la forme mawlānā « notre maître ».
62Maẓālim : littéralement « abus, injustices » et, par extension, la juridiction du souverain (ou de ses représentants), distincte de celle des cadis*, chargée de redresser les torts, de l’administration notamment.
63Minbar : dans la mosquée, chaire du haut de laquelle l’imam ou le prédicateur prononce la khuṭba* lors de la grande prière du vendredi.
64Miṣr : selon les cas, l’Égypte ou sa capitale, Fusṭāṭ. Le nom « al-Qāhira » (Le Caire) fut réservé, à la fondation des Fatimides (969), au nord de Fusṭāṭ.
65Muḥtasib : agent de l’État, choisi parmi les oulémas*, qui est en charge de la surveillance des marchés, des bonnes mœurs, du respect des règles d’urbanisme et de l’application du statut des dhimmī-s*.
66Mukūs, pl. de maks : Taxes non canoniques. Elles étaient très nombreuses, en particulier sur les métiers et le commerce.
67Muqta‘ : détenteur d’un iqṭā‘*.
68Nā’ib, pl. nuwwāb : représentant ou lieutenant. À l’époque mamelouke, le nā’ib al-salṭana a les fonctions d’un vice-roi, deuxième personnage de l’État après le sultan.
69Naqīb : syndic, représentant ; le naqīb al-Ashrāf est le représentant des descendants de la famille du Prophète. Les Alides et les Abbassides avaient chacun leur syndic.
70Nawāzil : voir fatwa*.
71Nāẓir : inspecteur, surveillant, administrateur, intendant.
72Nisba : un des éléments de l’anthroponyme arabe exprimant la relation d'un individu à un groupe, une personne, un lieu, etc.
73Ouléma (de l’arabe ‘ālim, pl. ‘ulamā’) : savant, en particulier en sciences religieuses. Les oulémas constituaient le groupe des élites civiles. Dans le monde sunnite, ils définissaient le dogme et le droit musulmans.
74Ribāṭ : couvent, lieu d’ascèse où se retiraient les soufis (également appelé en Orient khānqāh) ; bâtiment souvent fortifié, parfois situé sur les zones frontières où se déroulait le jihad*.
75Ṣadaqa : le terme est appliqué le plus souvent à l’aumône volontaire mais peut désigner aussi la zakāt* qui est l’une des cinq obligations majeures du musulman.
76Ṣāḥib : « compagnon, maître, auteur ». Ce terme est souvent employé au sens de « chef » : ṣāḥib al-shurṭa (chef de la police), mais il peut aussi être employé comme surnom honorifique : al-Ṣāḥib Sharaf al-Dīn.
77Shahāda : profession de foi musulmane qui consiste à déclarer : « Il n’y a de divinité que Dieu et Muḥammad est son Envoyé ».
78Sharī‘a : loi religieuse, fondée sur le Coran et la sunna* du Prophète c’est-à-dire l’ensemble des hadiths*.
79Sharīf, pl. shurafā’ou ashrāf : descendant du Prophète. Dans la plupart des pays musulmans, les shurafā’forment un groupe social aristocratique.
80Shaykh : vieux, ancien, personne d’expérience, maître spirituel.
81Shiḥna : Responsable du maintien de l’ordre public sous les Seljoukides et leurs successeurs zenguides et ayyoubides.
82Sijill : enregistrement, acte officiel, registre.
83Sīra : « manière d’agir, conduite ». Terme désignant en premier lieu la biographie du Prophète. Fut appliqué aussi à la biographie (réelle ou légendaire) d’un personnage important ou, dans le cadre d’une littérature populaire, à la geste d’un groupe.
84Sultan (sulṭān) : détenteur du pouvoir. À partir du xie siècle, le terme devient un titre souverain accordé par le calife aux grands souverains, les Seljoukides en particulier. En Occident, le titre fut également porté par les Mérinides.
85Sunna : « conduite ». Ce terme a été utilisé pour désigner la conduite du Prophète consignée dans les hadiths*. Par la suite, les partisans de la sunna ont été appelés sunnites par opposition aux chiites qui se réfèrent également à la conduite de leurs imams d’ascendance alide. La sunna désigne donc pour les sunnites « l’orthodoxie ».
86Ṭablkhānāh : orchestre militaire. L’émir ṭablkhānāh était autorisé à avoir devant sa résidence un ṭablkhānāh et occupait un rang important dans la hiérarchie des émirs.
87Tawqī‘ : décret, signature, apostille. Il s’agit dans tous les cas d’un document officiel établi sur ordre du souverain.
88Thaghr, pl. thughūr : place frontière.
89Ṭirāz : tissus brodés et vêtements luxueux, réalisés dans des manufactures d’État et destinés aux grands dignitaires ou ambassadeurs ; le terme désigne aussi les manufactures où ils étaient confectionnés.
90Umma : nation des musulmans, communauté des croyants.
91Walī : « ami de Dieu », saint.
92Wālī : délégué du prince, gouverneur.
93Waqf, pl. awqāf : bien de mainmorte (boutique, caravansérail, hammam, terrain locatif…) dont les revenus sont concédés, à perpétuité et de manière inaliénable, par le fondateur au profit d’une fondation pieuse ou d’intérêt social (mosquée, madrasa, hôpital…). Ces fondations font l’objet d’un acte dressé par un cadi, avec des témoins signataires. Connu sous le nom de ḥubus ou habous dans l’Occident islamique.
94Zakāt : l’aumône que doivent verser tous les musulmans. C’est l’un des cinq « piliers » de l’islam.
95Zāwiya : littéralement « angle, recoin ». Le terme désigna progressivement une institution accueillant les soufis.
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