Prérogatives et destitutions
p. 123-129
Texte intégral
28. Ibn Jahir ou les vicissitudes d’une carriere de vizir
1L’historien syrien d’origine bagdadienne Sibṭ Ibn al-Jawzī (m. 1256), petit-fils du polygraphe hanbalite Ibn al-Jawzī, est l’auteur d’une Histoire universelle utilisant les écrits de son grand-père et d’autres sources. Il relate ici les causes de la disgrâce de Fakhr al-Dawla Ibn Jahīr (m. 1090), vizir du calife abbasside al-Qā’im (1031-1075), et les circonstances de son retour en poste, quelques mois plus tard. Ces passages illustrent la précarité de la fonction vizirale, source de prestige, de puissance et d’enrichissement, mais à la merci de destitutions souvent accompagnées d’une disgrâce plus profonde : exil, confiscations, voire emprisonnement ou mise à mort. Le droit donné au vizir déchu de vendre ses biens et de choisir son lieu d’exil apparaît, dans ce contexte, comme une faveur. D’autre part, le texte évoque l’influence du sultan seljoukide dans le choix du vizir abbasside, mais aussi le rôle d’un entourage califal composé de serviteurs (khādim-s*), de dignitaires du palais comme la gouvernante, et d’une domesticité servile ou libre, au pouvoir plus important qu’il n’y paraît à première vue. Il souligne, enfin, l’importance de l’étiquette et de l’observance du protocole de la cour abbasside.
2Source : Sibtò Ibn al-Jawzī, Mir’āt al-zamān fī ta’rīkh al-a‘yān [Miroir du temps et histoire des notables], éd. par Ali Sevim, « Mir’âtü’z-Zamân fî Tarihi’l-Âyan kayıp Uyûnü’t-Tevârîh’ten Naklen Selçuklularla İlgili Bölümler Sıbt İbnü’l-Cevzî », Belgeler XIV/18 (1989-1992) (Türk Tarih Kurumu Basımevi, Ankara), p. 152-157 (extraits) ; trad. V. Van Renterghem.
3Le mardi de la nuit du Festival de dhū l-qa‘da 460/septembre 1068, le calife promulgua un décret (tawqī‘*) qui informait [le vizir] Ibn Jahīr de sa destitution ; le document était authentifié par le grand cadi al-Dāmaghānī1. Le décret comprenait sept articles :
4« Premièrement : lorsque tu as [manifesté] ton désir ardent de [nous] servir, tu as écrit et tu as demandé cet argent et [d’autres] choses ; on t’accorda la confiance en te les donnant ; [par la suite], tu t’es acquitté d’une partie et as repoussé le reste.
5Deuxièmement : lorsque [le sultan] Ṭughril Beg est mort, tu as écrit à Muslim b. Quraysh2 pour le convoquer au Palais, ce qui a causé un grave danger, et beaucoup d’argent a dû être dépensé à cause de cela.
6Troisièmement : tu ne respectes pas les usages (adab*) lorsque les nobles ordres [califaux] te sont envoyés, ni lorsque des décrets (tawqī‘-s) te parviennent, au point que tu en jettes certains de tes mains, et brûles les autres de rage. Aucun autre serviteur [de l’État] avant toi n’a jamais osé faire cela.
7Quatrièmement : tu te présentes à la porte de la Chambre [califale] sans y être autorisé, et sans avoir été convoqué, et tu ajoutes : « Je ne veux pas que quiconque passe cette porte, en dehors de moi. » Tu t’es employé à chasser qui avait l’habitude de ce lieu ou qui s’en approchait.
8Cinquièmement : tu as écrit à ‘Aḍud al-Dawla Alp Arslān3 pour lui demander [de t’envoyer] une robe d’honneur, et cela sans demander notre autorisation, ni même nous en informer. Tu as demandé à la porter au Palais califal, afin de t’en enorgueillir, et il t’a été répondu : « Il n’est pas possible d’autoriser cela, car on ne peut s’enorgueillir de porter que ce qui provient du Palais, et non ce qui y parvient du dehors », mais tu n’en as rien fait. [Au contraire], tu as pris l’initiative d’écrire à Alp Arslān afin qu’il intercède en ta faveur dans ce sens, en lui dissimulant le fait que cela avait causé un différend [entre nous], car il ne connaît pas les motifs de nos décisions. C’est à contrecœur que nous t’avons alors accordé l’autorisation ; tu as rassemblé les gens à Bayt al-Nawba4, tu as revêtu la robe d’honneur et reçu les congratulations [de tous].
9Sixièmement : tu as fait écrire une [fausse] lettre [attribuée à] ‘Afīf le khādim*, le plus noble et le plus intime des serviteurs du palais califal, [lettre destinée] aux Égyptiens5 – qu’ils reçoivent la malédiction de Dieu, des anges et de tous les hommes – affirmant qu’il ralliait leur cause. Ce n’est là qu’un délire qui ne mérite pas qu’on lui prête attention, une élucubration sans aucun fondement. […]
10Septièmement : tu as monté Alp Arslān [contre nous]6, afin qu’il se raffermisse, se renforce et manifeste son opposition au service [des Abbassides]. Nous t’avons écrit, mais tu n’as pas obéi ; nous te l’avons interdit, mais tu n’as pas accepté [nos ordres].
11Maintenant, regarde bien autour de toi dans quelle direction tu veux te tourner, afin d’y parvenir dans le meilleur des états et les plus parfaites des précautions. »
12Le vizir pleura et fut bouleversé ; pris par l’angoisse, [il fit une réponse par laquelle il se justifiait de chacun des chefs d’accusation, assurant qu’il n’avait agi que dans l’intérêt du calife. Il conclut en disant] : « Et s’il faut que je parte, je choisis sans hésitation [de me rendre à] Hilla, auprès de Nūr al-Dawla Ibn Mazyad7. »
13La réponse qui lui parvint ne concernait que le dernier point, à propos de son départ pour Hilla. Les réponses concernant les autres points avaient été laissées de côté. Le vizir reçut l’ordre de préparer son départ pour le 10 du mois/10 septembre 1068. […] Il fut autorisé à vendre ses biens et à disposer de son argent dans son intérêt et celui de ses compagnons. Ils vendirent tout ce qu’ils voulurent : mobilier, étoffes, maisons et terrains ; ils répudièrent leurs femmes et abandonnèrent leurs enfants, et tout ce que le Palais contenait de serviteurs, suivants, familiers de la cour et gens de basse condition manifestèrent envers eux un profond chagrin. La nuit, un grand nombre d’entre eux, hommes et femmes, vinrent le trouver, pleurant en raison de son départ, affligés à l’idée qu’il allait s’éloigner, et il pleurait avec eux. […]
14Ses esclaves (ghulām-s) et ses compagnons partirent le jeudi mentionné ; la foule s’était rassemblée, se répandant en prières et en pleurs pour eux. Lorsque le soir fut venu, on lui prépara devant l’embarcadère (al-Raqqa)8 une haute embarcation tout équipée. Accompagné de ses enfants, il s’arrêta devant la porte du Bayt al-Nawba, sous la fenêtre d’al-Mudawwara, où il pensait que se tenait le calife ; il embrassa le sol à plusieurs reprises et dit, en pleurant amèrement : « Dieu [départagera] entre moi et celui qui a aigri ton cœur contre moi, ô Émir des croyants ; aie pitié de mon grand âge, de mes enfants et de ma situation. Préserve ma dignité, sois bienveillant envers mes services et ne commets pas un tel acte envers quelqu’un comme moi. » Lorsqu’il eut atteint le fond du désespoir, il se dirigea vers le Tigre, soutenu par deux [hommes] ; il pleurait, et le peuple pleurait en raison de ses larmes ; ils priaient pour lui et il leur répondait en priant pour eux tout en leur faisant ses adieux.
15Il s’assit dans l’embarcation, et traversa [le Tigre] jusqu’à al-Najmī. [Ses] proches serviteurs Ṣāfīet Mas‘ūd l’y avaient précédé, ainsi qu’un groupe de petites gens, les deux chambellans (ḥājib-s*), Fayrūz al-Kirmānī, un serviteur d’Arslān Khātūn9 et une troupe d’esclaves (ghulām-s) du Palais, pour l’accompagner. Ils s’en furent à Hilla, près d’al-Fallūjā, chez Nūr al-Dawla Ibn Mazyad. Il y descendit et s’y installa, puis il fut rappelé au vizirat l’année suivante, comme nous le mentionnerons, si Dieu Très-Haut le veut. […]
16L’année suivante, le calife entama des démarches pour nommer un autre vizir, mais le sultan Alp Arslān exigea qu’il fasse revenir Ibn Jahīr en poste.
17La nuit même où le calife avait refusé cette intercession [du sultan envers Ibn Jahīr], son serviteur privé Najāḥ vit en rêve le Prophète – que les prières et le salut de Dieu soient sur lui. [Le Prophète] frappait à sa porte, et Najāḥ dit : « Qui es-tu ? » Il répondit : « L’Apôtre de Dieu Très-Haut ». Effrayé, il lui demanda : « Qu’y a t-il ? » [Le Prophète] répondit : « Je suis venu t’annoncer la bonne nouvelle du retour d’Ibn Jahīr au vizirat. » […]
18À la même période, les Bagdadiens s’opposèrent de façon virulente à la nomination du vizir pressenti, accusé d’avoir trahi le califat abbasside et d’avoir imposé par le passé des taxes injustes aux habitants.
19Quant à Fakhr al-Dawla Ibn Jahīr], il multipliait les lettres pour demander d’être remis en poste. Ṣalaf la gouvernante (qahramāna) et un groupe de serviteurs (khādim-s) intervinrent en sa faveur et dirent au calife : « Si tu choisis un nouveau vizir, Alp Arslān sera fâché que tu refuses ses recommandations en faveur d’Abū l-‘Alā’ [Ibn Jahīr], alors que si tu renommes l’ancien vizir, cela mettra fin aux discours, coupera court aux reproches, et ne t’aura coûté [que] dix mille dinars10. »
20Le calife se rendit à leurs raisons et publia un décret ordonnant le retour en poste [de l’ancien vizir] et proclamant que sa dette était effacée. […]
21Le mercredi 3 rabī‘ I 461/31 décembre 1068, le calife tint séance dans le Palais de la Couronne11. Il convoqua le vizir et ses deux fils, ‘Amīd al-Dawla12 et Za‘īm al-Ru’asā’13. Lorsque le regard du vizir tomba sur le calife, il [se prosterna] à son service et dit : « Que Dieu soit loué, ce qui avait été séparé est à nouveau réuni ! » […]. Puis [le calife] adressa au vizir un discours qui le remplit d’aise. Il ordonna de lui remettre, ainsi qu’à ses fils, des robes d’honneur. Le vizir reçut une robe ainsi qu’un turban doré, et ses fils de même. On lui donna une mule provenant des écuries du calife, et ses fils reçurent deux juments. On produisit devant le vizir un encrier d’argent, en présence de toute l’assistance. Un décret manifestant la satisfaction du calife envers lui fut écrit sur le champ, et le poète Ibn al-Faḍl14 vint réciter [une élégie en son honneur]. […]
22Le vendredi 6 rabī‘ I/3 janvier 1069, le vizir chevaucha en grand cortège et traversa [le Tigre] pour aller prier à la mosquée d’al-Manṣūr15. La population éclata en bruyantes prières en faveur du calife, de joie [pour son retour]. Il traversa le Karkh16, et ses habitants répandirent sur son passage dinars et dirhams*, ainsi que des fleurs odoriférantes et du bois d’aloès ; ils aspergèrent son chemin d’eau de rose, et parfumèrent ses montures et celles de ses compagnons.
23Bibliographie : EI 2, « Djahīr (Banū) » (Cl. Cahen) ; V. Van Renterghem, Les élites bagdadiennes au temps des Seldjoukides, Beyrouth, Presses de l’Ifpo, 2015.
29. L’arrestation de Ṭāz al-Nāṣiri (1358), émir rebelle
24Située aux confins du territoire mamlouk, la ville d’Alep, bien qu’elle ait joué un rôle primordial dans la défense de la frontière septentrionale du sultanat, a souvent été perçue comme périphérique, trop éloignée des centres de pouvoir qu’étaient Damas, et a fortiori, la capitale du sultanat, Le Caire. Pour un émir mamlouk, être nommé à Alep, même à un poste de gouverneur, était parfois vécu, non sans un certain sentiment cairo-centré, comme une relégation et une dégradation. De fait, c’est à Alep que le sultan pouvait choisir d’envoyer certains émirs devenus trop puissants, desquels il cherchait à se préserver. La ville fut, également, tout au long de l’époque mamlouke, le point de départ de rébellions contre le pouvoir central et le sultan du Caire, et, parfois, la première étape de la reconquête du pouvoir par des émirs ambitieux et « exilés ». Ce court extrait évoque le sort de l’un de ces grands émirs du sultanat, l’émir Ṭāz, qui, après avoir occupé sans exception toutes les plus hautes fonctions dans l’État mamlouk, au Caire comme dans les provinces syriennes, tenta, à partir d’Alep, de jouer à nouveau un rôle politique de premier plan. L’aventure se termina dans les geôles d’Alexandrie. Son successeur au gouvernorat d’Alep, l’émir Manjak, fut lui aussi l’un des plus puissants et ambitieux émirs du royaume.
25Source : Al-Maqrīzī, Al-Sulūk li-ma‘rifat duwal al-mulūk [Les chemins pour la connaissance des dynasties des rois], éd. par M. Ziyāda et S. A. ‘Ashūr, Le Caire, Dār al-kutub, 4 vol., 1939-1973, t. III/1, p. 40 ; trad. M. Eychenne.
26Ce jour-là, la poste arriva [avec l’ordre] d’arrêter l’émir Ṭāz, le vice-roi (nā’ib*) d’Alep. La nouvelle fut portée à la connaissance de Ṭāz qui quitta aussitôt Alep avec ses compagnons comme s’il voulait la guerre. Le sultan commença alors à mettre en ordre l’armée pour le combattre. Lorsque Ṭāz approcha de Damas, il fit parvenir à ‘Alī, vice-roi de la ville17, une missive dans laquelle il disait : « Mamlūk du sultan et sous ses ordres, je n’ai d’autre but que d’amener mes gens à Damas en toute sécurité pour échapper au pillage des Arabes bédouins et des Turcomans. » Puis il se rendit. Le vice-roi de Damas mit aux arrêts des membres de sa cour (ḥāshiya) et fit envoyer leurs épées au sultan, comme le veut l’usage. Ṭāz fut emmené enchaîné jusqu’à Karak. Puis, le corps expéditionnaire de l’armée fut rappelé et ordre fut donné de transférer l’émir Ṭāz à Alexandrie. L’émir Manjak fut nommé à la vice-royauté d’Alep à la place de Ṭāz.
27Bibliographie : D. Ayalon, « Discharges from Service, Banishments and Imprisonments in Mamluk Society », Israel Oriental Studies, 2, 1972, p. 25-50 ; H. Laoust, Les gouverneurs de Damas sous les Mamlouks et les premiers Ottomans (658-1156/1260-1744). Traduction des annales d’Ibn Ṭulūn et d’Ibn Ğum‘a, Damas, Institut français de Damas, 1952.
30. Le pouvoir d’un civil au cœur de l’État militaire mamlouk, sous le règne du sultan al-nāṣir Muḥammad
28Le chroniqueur et encyclopédiste al-Nuwayrī (m. 1333), qui fit carrière dans les bureaux financiers de l’État mamlouk au cours du premiers tiers du xive siècle, connaissait parfaitement les rouages de l’administration, sa hiérarchie et les prérogatives de chacun. Il fut témoin, à cette époque, de la suppression du vizirat, traditionnellement la plus haute charge de l’administration mamlouke, et de l’émergence de l’administrateur des biens personnels du sultan (nāẓir al-khāṣṣ al-sultòāniyya) à la tête des finances du sultanat sous le troisième règne d’al-Nāṣir Muḥammad, en 1311. La création de cette nouvelle fonction par le sultan était directement liée à l’influence d’un homme, Karīm al-Dīn al-Kabīr, un puissant administrateur chrétien converti à l’islam. L’extrait d’al-Nuwayrī, au-delà de la description de la hiérarchie administrative et des prérogatives théoriques attribuées habituellement par les encyclopédistes mamlouks aux différentes fonctions administratives, met en lumière les pratiques et l’influence d’un civil au cœur d’un système politique dans lequel l’exercice du pouvoir est théoriquement l’apanage exclusif des hommes en armes.
29Source : Al-Nuwayrī, Nihāyat al-arab fī funūn al-adab [De l’art d’atteindre le but dans les différentes branches du savoir], éd. par M. M. Ziyāda et al., Le Caire, Dār al-kutub, 1931-1998, 33 vol., t. 33, p. 52-53 ; trad. M. Eychenne.
30Le sultan [al-Nāṣir Muḥammad] confia à [Karīm al-Dīn al-Kabīr] l’ensemble de ses prérogatives concernant notamment la gestion des richesses, les nominations, les ventes, les achats, les [contrats] de mariage, les [actes] d’affranchissements. Pour tout cela, il l’institua son représentant et dit lors d’une audience publique : « Je lui délègue ce qui m’a été délégué. » Il augmenta la rémunération qu’il percevait de l’État et lui attribua ce qu’aucun enturbanné n’avait reçu avant lui. Il faisait venir des magasins et des cuisines du sultan tout ce dont il avait besoin, et on lui apportait les choses sans rien demander à personne. Le sultan lui ajouta l’administration des waqfs* de la mosquée Ibn Ṭūlūn en remplacement du grand cadi Ibn Jamā‘a qui détenait cette charge conformément aux stipulations du fondateur. On retira donc cette charge à Ibn Jamā‘a pour la confier à Karīm al-Dīn. Ce dernier l’administra de la plus belle manière. Parmi les heureux effets de son administration, il y avait le fait que lorsqu’un revenu de la mosquée venait à manquer, il se chargeait d’y remédier. Ainsi les biens de la mosquée prospérèrent.
31Il devint le maître absolu de l’État en Égypte et en Syrie. Il promulguait ses ordres par oral et non par écrit, et l’on ne revenait pas sur l’une de ses nominations, destitutions, décisions de répudiation, interdictions, augmentations ou économies. Il écrivait tout simplement au cadi ‘Alā’al-Dīn ‘AlīIbn al-Athīr, chef du bureau de la chancellerie (ṣāḥib dīwān al-inshā’) pour lui demander de signer et de rédiger telle et telle chose. Il agissait ainsi sans qu’on y revienne et sans dépendre de l’autorisation du sultan. Il écrivait sur le champ ce qu’il ordonnait et indiquait à la fin du diplôme ou du décret « selon l’ordre noble [du sultan]. » Ainsi, Karīm al-Dīn exerçait son autorité, de sa propre voix, sur les finances du royaume, sur les gouvernements (wilāyāt) et les charges (waẓā’if). L’ensemble des fonctionnaires agissait selon ses ordres.
32Bibliographie : M. Eychenne, « Réseau, pratiques et pouvoir(s) au début du xive siècle. L’exemple de Karīm al-Dīn al-Kabīr, un administrateur civil dans le système mamelouk », dans S. Denoix (dir.), L’exercice du pouvoir à l’âge des sultanats, Annales islamologiques 46, 2012, p. 45-66 ; D. P. Little, « Notes on the early naẓar al-ḫāṣṣ », dans Th. Philipp et U. Haarmann (éd.), The Mamluks in Egyptian Politics and Society, Cambridge, Cambridge University Press, 1998, p. 235-253.
Notes de bas de page
1 Grand cadi hanafite de Bagdad, de 1056 à sa mort en 1085, jouissant de la faveur des milieux seljoukides.
2 Il appartenait à la famille arabe chiite des ‘Uqaylides, qui gouverna une partie de la Haute-Mésopotamie.
3 Deuxième sultan de la dynastie seljoukide (1063-1073), qui avait succédé à son oncle Ṭughril Beg.
4 Bâtiment où se déroulaient les audiences publiques, au sein du complexe palatial abbasside.
5 Le terme « Égyptiens » désigne, dans les textes pro-Abbassides de l’époque, le califat fatimide du Caire.
6 L’édition du texte arabe donne la lecture « ton fils Alp Arslān », visiblement fautive, peut-être à rectifier par « ton maître » (mawlā-ka pour walada-ka).
7 Nūr al-Dawla Dubays b. Mazyad (m. 1081), souverain chiite de la ville de Hilla, au sud de Bagdad.
8 Embarcadère situé au pied des palais califaux, sur la rive orientale de Bagdad.
9 Nièce du sultan Ṭughril Beg, devenue l’épouse du calife abbasside al-Qā’im.
10 L’argent emprunté par Ibn Jahīr au début de son premier vizirat, et qu’il n’avait pas remboursé.
11 L’un des palais du complexe abbasside, situé en bordure du Tigre.
12 ‘Amīd al-Dawla Ibn Jahīr (m. 1100) avait épousé une fille de Niẓām al-Mulk et fut vizir de trois califes.
13 Za‘īm al-Ru’asā’Ibn Jahīr (m. 1114) fit carrière dans l’administration abbasside et fut deux fois vizir.
14 Célèbre poète, connu sous le nom de Surradurr (m. 1072).
15 Plus ancienne mosquée de Bagdad, située sur la rive occidentale de la ville.
16 Plus important quartier de la rive occidentale de Bagdad, à coloration chiite, connu pour ses marchés.
17 ‘Alīal-Māridānī, vice-roi de Damas de 1352 à 1358.
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