Le testament du chanoine. Benechinus Henrici de Åhus, chantre de Lund, et la culture des clercs nordiques au xive siècle
p. 197-220
Résumés
Bien que les testaments nordiques médiévaux aient été conservés en petit nombre, si on compare avec les milliers de testaments subsistants dans d’autres régions de l’Occident, leur étude est riche d’enseignement. Il s’agira ici d’étudier un testament qui à bien des égards peut être considéré comme exemplaire de la pratique testamentaire des élites ecclésiastiques nordiques : le testament de Benechinus Henrici de Åhus, chantre de l’église cathédrale de Lund (9 mars 1358). Ce testament, de type canonique pro remedio anime, qu’il convient d’analyser comme un tout, se présente comme un discours d’origine savante, codifié, voire ritualisé. Au-delà de cette formalisation très forte, il dévoile néanmoins un système relationnel et un réseau de solidarités habituels des ecclésiastiques de haut rang. Il est un marqueur de la piété du chantre, piété mesurée et traditionnelle, dans laquelle la place de la religion des œuvres et de la prière pour les morts reste centrale, malgré quelques signes avant-coureurs de la «piété comptable».
Le testament est aussi un indicateur de culture intellectuelle: bien qu’ils en donnent une image incomplète et sans doute déformée, les legs de livres, très nombreux, permettent de reconstituer partiellement la riche bibliothèque et d’établir le profil intellectuel du chantre de Lund, qui a étudié à Paris (le droit canon) et sans doute dans un autre centre où était enseigné le droit civil (Bologne ou Orléans?). Il y a acquis une culture universitaire, internationale à l’usage d’un professionnel du droit et du ministère pastoral. Par ses legs de livres, il diffuse ce savoir dans un milieu restreint, clérical et exclusivement urbain.
Le testament de Benechinus Henrici atteste ainsi de la diffusion des modèles sociaux-culturels d’un bout à l’autre de la chrétienté occidentale.
Although few medieval wills from Scandinavia have been preserved, compared to the thousands of wills in other regions of the West, their analysis is rich in insights. The object of this study is a will that in many ways can be considered as representative of the testamentary practice of Scandinavian ecclesiastical elites, that of Benechinus Henrici de Åhus, cantor of the cathedral church of Lund (9 March 1358). This will, of the canonical type pro remedio anime, reads like a scholarly discourse, heavily coded, even ritualized. However, beyond the very strongly formulaic style, the will nonetheless reveals a rational system and a network of customary solidarities between highranking ecclesiastics. It is a marker of the piety of the cantor, a piety both measured and traditional, in which the place of religious works and prayer for the dead remained central, in spite of several signs foreshadowing the “piety of account.”
The will is also an indicator of intellectual culture: though revelatory of only an incomplete and undoubtedly distorted portrait of this culture, the very numerous bequests of books permit a partial reconstruction of the library of the cantor of Lund as well as a sketch of his intellectual background. He had studied in Paris (canon law) and probably in another center where civil law was taught (Bologna or Orléans?). He had acquired a university culture, international in scope and geared to the purposes of a professional in law and pastoral ministry. Through bequests of books, he spread knowledge within narrow circles that were clerical and exclusively urban.
The will of Benechinus Henrici attests to the diffusion of socio-cultural models from one end of western Christendom to the other.
Dédicace
À Martin Heinzelmann, un médiéviste européen, à l’occasion de son 65e anniversaire
Texte intégral
1Le 9 mars 1358, le chantre de l’église cathédrale de Lund, Benechinus Henrici1, apposait son sceau au bas de son testament2. Il suivait alors une pratique recommandée par l’Église et largement diffusée dans les élites ecclésiastiques européennes à la fin du Moyen Âge, s’ajoutant à toutes celles destinées à assurer le salut éternel.
2La tradition testamentaire médiévale est récente. Elle se met en place au xiie siècle, en étroite corrélation avec le développement de phénomènes sociaux et culturels bien connus. L’acte de tester s’est ensuite largement répandu aux xive et xve siècles dans toute l’Europe occidentale, et le testament est devenu depuis quelques décennies une source de premier ordre, en raison notamment de son caractère sériel. Néanmoins il est très inégalement réparti dans l’ensemble de l’Occident et ces disparités ne proviennent pas toutes sans doute des aléas de la conservation. Si, pour donner des exemples français, Jacques Chiffoleau a pu fonder sa célèbre Comptabilité de l’au-delà sur un échantillonnage de 5 400 testaments parmi les quelque 35 000 ou 40 000 conservés dans les registres notariaux du Comtat Venaissin aux xive et xve siècles3, si Marie-Claude Marandet a étudié plus de 2 000 testaments toulousains entre 1300 et 14504, il n’existe plus, en ce qui concerne le Danemark médiéval, que 93 testaments danois antérieurs à 1450, sur un total de 10 000 actes diplomatiques conservés depuis 11005, et entre 50 et 100 (cela dépend si l’on tient compte des bribes de testaments conservées ou mentionnées dans les archives ecclésiastiques locales) de 1450 à la Réformation pour 20 000 actes6. Cette « indigence » a plusieurs causes : d’une part les testaments, faisant de nombreuses donations aux établissements ecclésiastiques, étaient conservés exclusivement comme titres de propriété par ceux-ci (ce qui est le cas de la dotation de l’autel fondé par Benichinus), et comme les archives ecclésiastiques danoises ont pratiquement disparu après la Réformation, les testaments ont disparu avec elles ; d’autre part les conditions de l’établissement du testament n’ont peut-être pas contribué à une large diffusion de la pratique testamentaire : en particulier, si les notaires publics sont présents au Danemark7, l’officine notariale, qui permet une procédure beaucoup plus souple d’enregistrement que la validation du testament par une juridiction ecclésiastique ou civile (et devient ainsi source de fonds testamentaires importants), y est quasi inconnue. Il est possible aussi que le système de succession, réglé par la coutume (i.e. les lois danoises), donc sans institution d’héritier, ait joué en sa défaveur. Ne subsistent ici que des testaments dits canoniques, pro remedio anime8. Le testament de Benechinus est de ce type : pas d’institution d’héritier, mais des legs pieux pour assurer le salut de l’âme, prélevés sur la quotité disponible de l’héritage dont le testateur peut disposer à sa guise, et présence des exécuteurs testamentaires9.
3Si le testament, quel que soit son type, apparaît d’abord comme un acte juridique, dans lequel la dévolution des biens occupe certes une place importante, il est aussi un acte religieux et un discours. Sans entrer dans les délicats problèmes d’interprétation du testament, il faut toutefois retenir que, notamment parce qu’il est un discours, il est soumis à diverses contraintes : juridiques, qui entraînent la codification, voire la ritualisation de l’énoncé ; celles induites par les interventions auprès du producteur du discours, à savoir le testateur, des « receveurs » – en gros les bénéficiaires (de la parenté aux institutions ecclésiastiques) – et des « intermédiaires », c’est-à-dire ceux qui contrôlent l’efficience et la validité du testament – notaires, témoins et, de manière moins directe mais tout aussi contraignante, les théoriciens du droit. Par conséquent, le testament passe par une série de prismes déformants qu’il convient de prendre en compte quand on veut considérer sa signification sociale et culturelle. En revanche, en raison même de la formalisation très forte du discours testamentaire, il me semble qu’il peut constituer un marqueur fin quand on s’interroge sur le degré d’intégration des élites ecclésiastiques nordiques dans des pratiques couramment adoptées dans l’ensemble de l’Occident par leurs homologues. C’est donc en tant que discours que je voudrais analyser en priorité l’acte testamentaire et j’ai choisi de m’appuyer sur un seul testament, d’abord parce qu’il nous est parvenu dans son intégralité et qu’il est intéressant de l’étudier comme un tout10 ; ensuite, parce que la richesse même de ce testament permet d’aborder quelques-unes des questions qui se posent quand on veut étudier le(s) profil(s) des membres d’une élite ecclésiastique et intellectuelle11 : comment Benechinus Henrici se situe-t-il par rapport aux grands courants de la culture occidentale ? sur le plan de la piété ? sur le plan du savoir ?
Le testament d’un ecclésiastique de haut rang
4Benechinus Henrici apparaît pour la première fois dans les sources en 134112. Il est alors chanoine de l’église cathédrale de Lund et l’un des procureurs de la fabrique13. Il accède à la dignité de chantre, la quatrième du chapitre en ordre hiérarchique décroissant, entre le 17 mars et le 1er avril 135114. Il est possible qu’il ait détenu aussi une prébende au chapitre cathédral de Roskilde : le legs qu’il prévoit pour faire célébrer son anniversaire par ce chapitre suggère un lien étroit15. Enfin, outre l’église paroissiale de Skrävlinge annexée à la chantrerie, il tenait encore en bénéfice trois autres cures paroissiales : à Lund même, à Källstorp et à Brøsarp.
5Il s’agit donc d’un dignitaire du haut clergé danois, bien pourvu en bénéfices à l’aune proprement nordique du xive siècle16, membre des chapitres cathédraux les plus prospères et les plus puissants de Scandinavie : Lund et Roskilde. Le siège archiépiscopal cependant ne détient plus dans la seconde moitié du xive siècle l’énorme pouvoir politique exercé antérieurement et, pour l’heure, il est tombé ainsi que la Scanie sous la domination du roi de Suède Magnus Eriksson17. Cette situation pourrait expliquer que les membres du chapitre de Lund, au milieu du xive siècle, aient été moins nombreux à être impliqués dans les affaires politiques et à entrer dans le service royal, en raison sans doute d’une fidélité fluctuante. Ainsi, Benechinus semble avoir eu une carrière exclusivement au service de l’Église : il fut un temps juge archiépiscopal18.
6Nous savons peu de choses sur son origine sociale. Il est, semble-t-il, originaire d’Åhus, chef-lieu d’un herred (canton) en Scanie, où s’élève un château archiépiscopal. Ses prénom et patronyme sont à l’évidence d’origine allemande19. Il ne semble pas toutefois qu’il ait appartenu à l’une de nombreuses familles de marchands allemands installées dans les villes nordiques et dont certains fils entrèrent dans le clergé aux xive et xve siècles : en effet, dans un acte de 1348, il est nommé nobilis20. C’est l’unique occurrence de cette qualité le concernant, car il est habituellement qualifié de discretus et honestus, ou encore honorabilis, comme tout ecclésiastique de haut rang ; il n’y a pas de raison cependant de douter de l’authenticité de la mention, qui est confirmée indirectement : il est en effet le demi-frère de Iohannes Kannae, lui aussi chanoine de Lund, mort en 1344, lequel était le fils d’un chevalier homonyme, Iohannes Kannae21. Son sceau ne révèle pas grand-chose de son milieu familial : il porte une rose à cinq pétales, figure sigillaire assez courante, notamment chez les ecclésiastiques. Néanmoins, le sceau ainsi que celui de son frère Iordanus sont similaires aux armoiries d’une famille possessionnée en Scanie (Iohannes Assersens ätt), peut-être venue de l’île danoise de Sjælland22. D’autre part, les legs en biens immobiliers (curiae) suggèrent qu’un patrimoine foncier important lui appartenait en propre23. Nous savons aussi que Benechinus avait un autre frère ecclésiastique : Iordanus, prêtre et curé de Hofterup, qui fait partie des exécuteurs testamentaires, et qui avait hérité avec lui du défunt chanoine de Lund, Iohannes Kannae, quelques années auparavant24.
7Nous avons donc affaire à un membre de l’élite sociale scanienne, disposant d’un patrimoine conséquent, issu d’une famille noble, sans doute d’origine allemande25, dont plusieurs membres entrèrent dans l’Église, sans qu’aucun toutefois n’ait accédé à l’épiscopat. À ces titres divers, il me paraît assez représentatif, socialement parlant, du milieu capitulaire de Lund : il cite en effet dans son testament quinze des quelque vingt-quatre membres que comptait alors le chapitre26. J’ai repéré parmi eux neuf chanoines d’origine noble assurée, de rang chevaleresque ou non, soit près des deux tiers des chanoines cités (ce qui est certainement un minimum : la documentation sur certains de ces chanoines étant très restreinte, l’origine sociale est difficile à établir), ce qui fait du chapitre de Lund un milieu assez fortement nobiliaire ; les autres chanoines étaient sans doute issus des patriciats urbains de Scanie. Enfin, l’exemple de Benechinus et de ses deux frères incite à penser que l’élite nobiliaire casait ses fils dans l’Église moins pour des raisons économiques – l’idée, encore assez souvent répandue, qu’en imposant le célibat ecclésiastique à certains membres d’une même fratrie, elle réduisait les risques de dispersion du patrimoine et d’appauvrissement de la famille, doit être sérieusement nuancée – que pour le surcroît de prestige, social et religieux, apporté à l’ensemble du lignage par l’entrée de ses fils dans les chapitres cathédraux.
Un discours codifié pour une piété mesurée
8Réglé par les impératifs de la diplomatique, par les formulaires notariaux et par la coutume, l’ordre du discours testamentaire est pratiquement immuable. Par conséquent, le testament de Benechinus, qu’il a probablement exprimé lui-même en latin – ce qui n’est pas le cas de la majorité des testateurs, mais statut de clerc oblige –, suit très exactement les contraintes d’un discours codifié.
9Après un protocole très sommaire (invocation et déclinaison d’identité), le préambule développe une série de lieux communs sur la mort. Il est assez long – il est même un des plus longs proposés par les testaments danois – tout en restant dans des limites raisonnables : il n’utilise pas tout à fait les cent mots contenus en moyenne vers 1350 dans les préambules du Comtat Venaissin27. En revanche, il évoque les mêmes thèmes. Tout d’abord l’affirmation de la lucidité du testateur, sans laquelle les dernières volontés ne sauraient être valides : Benechinus se livre ici à un commentaire personnel, voire recherché, non pas sur l’opposition entre la faiblesse du corps et la lucidité de l’esprit, mais sur l’étroite relation de la santé à la fois du corps et de l’esprit indispensable pour régler ses affaires spirituelles. Ensuite, la fragilité de l’humaine condition et la certitude inéluctable de la mort mais dont on ne connaît ni le jour ni l’heure.
10Cet aspect n’est pas nouveau en soi, car la formule « rien n’est plus certain que la mort » est un lieu commun très ancien. Pour Jacques Chiffoleau, c’est l’accumulation de formules similaires qui caractériserait les années 1350-138028. Chez Benechinus, la formule reste sèche et, plus généralement, la redondance est inexistante dans les testaments danois : ils se caractérisent au contraire par une brièveté persistante29. Enfin, la peur de mourir intestat, mort assimilée à la mort soudaine30, qui est la mauvaise mort, accompagnée de l’idée que l’homme est responsable et redevable des biens temporels concédés par Dieu, se trouve dans presque tous les testaments du xive siècle.
11Le mouvement du long dispositif qui suit s’organise selon un rythme ternaire et est d’un classicisme remarquable. Les clauses pieuses commencent par prévoir ce que l’on doit à son âme, à soi-même. La recommandation de l’âme vient en premier lieu : elle se fait d’abord à Dieu, puis Benechinus évoque une série d’intercesseurs, parmi lesquels la Trinité et le Saint-Esprit. Si on y ajoute le Corps du Christ et la Sainte-Croix, auxquels sont dédiées des messes, la piété de Benechinus s’avère en priorité christocentrique31. La cour céleste vient à la suite : la Vierge Marie, les anges, les apôtres, les saints. Notons qu’un petit nombre de saints sont individualisés : Laurent est le saint patron de la cathédrale, des autels sont dédiés à Eustache, Blaise, et Gilles ; ils participent donc à la liturgie cathédrale32.
12Le choix du lieu de sépulture, l’église cathédrale, est là encore très habituel pour un chanoine : c’est sa famille spirituelle, ici la communauté des chanoines de Lund, et non sa parenté temporelle, qu’un clerc choisit d’ordinaire de rejoindre. Si Benechinus n’organise pas à l’avance ses obsèques, il expose en détail la fondation d’un autel, dont il a jeté les bases antérieurement, et de deux anniversaires – à Lund, et à Roskilde. Benechinus s’inscrit dans un courant très traditionnel, qui caractérise les testateurs d’une origine sociale élevée ou/et à la tête d’un patrimoine important. La fondation d’un autel ou d’une chapelle, avec institution et dotation d’un desservant particulier, a d’ailleurs tendance à être moins fréquente après 1350. Les testateurs préfèrent alors léguer une somme d’argent globale ou un revenu annuel pour faire dire des messes de requiem (celles qui facilitent le passage), ce que fait aussi Benechinus, en instituant une messe quotidienne et perpétuelle, pour « le salut de mon âme », avec la plus grande minutie.
13En second lieu, est détaillé ce que l’on doit à l’Église. Les legs en argent ou en nature aux différentes institutions ecclésiastiques et à leurs membres sont énumérés dans un ordre très habituel : la chantrerie et ses annexes ; la communauté cathédrale (archevêque, chapitre de Lund et ses membres) ; les institutions ecclésiastiques : ordres mendiants, sans qu’ils soient particulièrement privilégiés, églises paroissiales de Lund et autres églises de Scanie, maisons hospitalières et institutions scolaires.
14Enfin, si la rubrique « ce que l’on doit à la famille » est très peu développée ici – le seul parent vivant nommé est son frère Iordanus –, Benechinus n’oublie sans doute personne de son cercle de relations et de sa familia : il énumère en une longue litanie les legs plus ou moins importants qu’il prévoit pour chacun, hommes et femmes, en argent et/ou en nature (vêtements, objets d’orfèvrerie et bijoux, livres, chevaux et bétail, etc.) Le testament se termine par la désignation des exécuteurs testamentaires qui va souvent de pair avec la corroboration et l’annonce des signes de validation.
15Que conclure de cette brève analyse ? La diffusion des modèles sociaux et culturels, fortement standardisés, concernant l’acte testamentaire s’est parfaitement effectuée dans l’élite ecclésiastique nordique comme dans le reste de l’Europe médiévale, car, à quelques nuances près, le testament d’un haut dignitaire de l’Église nordique et celui d’un chanoine parisien par exemple sont très similaires33. La forme testamentaire peut donc être considérée comme une sorte de rituel reconnu et accepté par tous. À Lund comme ailleurs, des formulaires et des phrases-types devaient guider les rédacteurs des testaments.
16Il est difficile d’estimer la position du chantre de Lund dans la fameuse « mathématique du salut ». Jacques de Voragine distinguait quatre types de suffrages avantageux pour les morts : la prière des fidèles et des amis ; l’aumône ; le jeûne ; l’Eucharistie, qui devient le viatique essentiel. Comme partout en Occident au xive siècle, le jeûne n’est plus en faveur auprès de Benechinus, mais il n’abandonne pas vraiment l’intercession des œuvres traditionnelles pour la messe : certes, il prévoit une messe journalière perpétuelle, cependant, on a l’impression qu’il s’agit pour lui autant d’augmenter le culte que de pourvoir au salut de son âme. Les prières des fidèles et des amis sont toujours requises, en relation avec les aumônes rituelles. La très longue énumération des légataires, qui prieront pour lui, évoque encore la place centrale de la prière pour les morts.
17Globalement, la piété de Benechinus qui ressort de son testament est sans doute commune à la plupart des fidèles d’Occident, elle apparaît cependant assez traditionnelle, voire un brin archaïque, mesurée et peu intériorisée, et elle est loin de sombrer dans la redondance et le macabre baroques qui auraient caractérisé, selon certains chercheurs, les préambules des testaments après 1350. Pour autant, le discours sur la mort de Benechinus recherche certains effets stylistiques et use de formules qui conduisent à s’interroger sur leur origine et, au-delà, sur le profil intellectuel du chantre.
18On pourrait s’interroger sur la formule « quand il aura prévu de la faire sortir de ce corps promis au châtiment »34. Derrière le poncif, à quoi croit Benechinus ? À la séparation immédiate de l’âme et du corps au moment de la mort ou à un certain délai après la mort ? À un jugement en deux temps, le jugement particulier et le jugement dernier ? Quand le jugement particulier a-t-il lieu ? Voilà justement des questions qui étaient débattues parmi les théologiens au temps de Benechinus, dont il a pu avoir des échos directs au temps de ses études, autour des années 133035. Il est évidemment impossible de savoir quelle était sa conception de l’au-delà, mais on doit noter qu’il n’est pas fait allusion au purgatoire dans son testament, ni d’ailleurs dans aucun testament ecclésiastique danois.
19De même, lorsque Benechinus évoque la nécessaire lucidité de l’esprit, la formulation est très littéraire et en appelle au « jugement de la raison »36. À coup sûr, la formule n’est pas fréquente et dégage un petit parfum d’origine savante qui renvoie à la question de la formation intellectuelle du chantre.
Le testament, un indicateur de culture intellectuelle
20Le testament de Benechinus révèle quelques éléments de sa formation intellectuelle en même temps que celle du milieu auquel il appartient.
21À deux reprises, le chantre fait allusion à Paris37. Le fait qu’il a constitué lui-même ou acquis des recueils de « reportations sur le droit canon, tous les brouillons, résumés et notations… » signale sans hésitation aucune un séjour universitaire, au cours duquel il a copié lui-même – ou a acheté – les cours dispensés38. Benechinus a étudié à Paris le droit, le droit canon en l’occurrence. Rien n’indique qu’il soit passé auparavant par la faculté des arts, ce qui n’était d’ailleurs pas obligatoire, et si ce fut le cas, il n’y a pas acquis de grade39. De plus il n’a pas fréquenté que l’université parisienne, comme il le dit lui-même, et son intérêt pour les ouvrages de droit civil confirme qu’il a dû suivre ailleurs cet enseignement qui était interdit à Paris. Où a-t-il encore étudié ? Les études de droit à Orléans ou/et à Bologne ont connu une grande faveur auprès des clercs scandinaves à la fin du xiiie et au début du xive siècle40. En ce qui le concerne, il est impossible de trancher, la présence de maîtres bolonais parmi les auteurs de commentaires cités n’étant pas une preuve suffisante, car ces commentateurs étaient diffusés partout en Europe occidentale (par exemple la Summa aurea d’Hostiensis).
22Il est difficile aussi de situer ce parcours universitaire dans le temps. En tout état de cause, il eut lieu avant 1341, puisque, à partir de cette date, Benechinus apparaît continûment en Scandinavie. Le fait qu’il cite spécialement l’archidiacre de Roskilde, magister Hemmingus41, et pas un seul autre chanoine de Roskilde, peut signifier qu’il avait avec lui des liens d’amitié, noués peut-être au temps des études. Hemmingus était déjà qualifié de magister en 133142. Aurait-il ainsi accompli son voyage d’études dans les années 1320 ? Cela est assez plausible.
23Parmi les co-chanoines cités comme légataires, seulement trois sont pourvus d’un grade académique, celui de magister, ce qui paraît un score assez médiocre quand on compare avec le pourcentage très élevé de gradués dans certains chapitres occidentaux, mais deux autres ont poursuivi des études sans pour autant être gradués. On pourrait leur adjoindre l’archevêque, Iacobus [Nicolai], lui-même ancien chanoine et ancien étudiant. Ils ont aussi étudié à Paris43. Enfin, même ceux dont on ne sait rien de la formation ont reçu de Benechinus des livres, souvent de nature juridique, comme nous le verrons. Le clergé cathédral apparaît donc comme un milieu où les études universitaires, sans être une règle absolue, étaient sans doute plus développées qu’il n’y paraît. Elles concernaient avant tout les chanoines ou futurs chanoines issus d’un milieu social élevé : noblesse et formation universitaire ne sont pas antinomiques, elles vont plutôt de pair, car les clercs nordiques doivent faire face à des études lointaines et fort coûteuses ; et il est bien vrai qu’aux derniers siècles du Moyen Âge, la noblesse occidentale n’a pas boudé les études, de droit notamment. Il faut noter par ailleurs la faveur auprès de ce haut clergé de l’université de Paris. Cela n’a rien d’étonnant bien sûr, car avant le milieu du xive siècle et la fondation de l’université de Prague, le choix était très restreint44. Sur le plan universitaire donc, les chanoines de Lund ressemblaient beaucoup à l’ensemble des membres du clergé cathédral occidental. Mais, faute de sources, ces études sont souvent difficiles à caractériser. C’est à ce sujet que les testaments peuvent apporter une connaissance complémentaire, en révélant parfois la culture livresque des testateurs, voire des légataires.
24Il n’est pas question ici de développer la critique de la valeur des legs de livres dans les testaments pour juger de la culture des testateurs, qui a été déjà maintes fois formulée. Nous savons qu’ils livrent une connaissance très incomplète des bibliothèques privées et de la culture livresque de leurs possesseurs45.
25Souvent, le testateur lègue en bloc une partie de ses livres : Benechinus lègue soixante-deux volumes « au détail », mais le reste va à Iacobus, l’écolier de l’écolâtre d’Åhus46, et on ne saura jamais combien ce reste contenait de volumes. En tout état de cause, cela fait de la bibliothèque du chantre un des trois fonds de livres privés danois les plus importants du xive siècle. Il ne représente donc pas exactement la norme des bibliothèques ecclésiastiques connues, qui sont habituellement moins riches, puisque la moyenne s’établit à 16,4 livres par bibliothèque dans le haut clergé47. Par ailleurs, les legs de livres (comme d’ailleurs l’inventaire post mortem) représentent toujours le contenu d’une bibliothèque à un moment donné, celui d’une fin de vie, et ne préjugent donc pas des variations du contenu qui ont pu intervenir pendant la vie du possesseur et qui seraient hautement significatives des variations affectant ses centres d’intérêt intellectuel. Néanmoins, on peut dire que, dans une certaine mesure, il s’agit du dernier état de la bibliothèque, donc le noyau des intérêts intellectuels de toute une vie. Enfin, il ne faut pas négliger les défaillances de mémoire possibles et même probables du testateur pour répartir ses livres dans les legs ; on peut penser que, plus la librairie est importante, plus il y a de chances qu’elle soit incomplètement citée. Dans le cas présent, Benechinus a une remarquable mémoire, car il cite à plusieurs reprises les divers ouvrages qui composent un volume, leur auteur et leur titre ou incipit48. Néanmoins, il n’est pas toujours aussi précis, et il est impossible d’évaluer le nombre et la nature des titres ainsi perdus49.
26Dans l’ensemble, le soin avec lequel il caractérise la plupart de ses livres laisse entendre qu’ils lui étaient vraiment familiers. Nous apprenons que certains livres sont reliés, qu’un autre a une bonne écriture et des initiales de chapitre dorées, que huit livres sont en papier50… Cependant la nature du contenu est presque toujours mentionnée. Cela suggère que Benechinus n’était pas un bibliophile de salon. Ce qui l’intéressait, c’était le contenu de ses livres. Même si cela ne préjuge pas de son assiduité à les lire régulièrement, il savait au moins ce qu’il y avait dedans. La bibliothèque ainsi révélée ne préjuge pas non plus de son éventuelle habitude de lire d’autres ouvrages qui ne lui appartenaient pas. Il avait sûrement accès à la bibliothèque capitulaire – dont on ne sait malheureusement presque rien – ou d’autres bibliothèques d’institutions ecclésiastiques ; il pouvait aussi emprunter aux collègues – il est assez fréquent que les testateurs fassent donation d’un livre emprunté à l’emprunteur !
27À travers les legs de livres, nous avons donc une vision déformée de la bibliothèque et, partant, de la culture du chantre de Lund. Néanmoins, nous pouvons admettre qu’ils constituent un indicateur de tendances tout à fait utilisable. Quelles sont maintenant les caractéristiques principales du contenu ?
28Tout d’abord, à une unique exception près, un livre des lois de Scanie, qui est en danois51, les livres de Benechinus révèlent une culture exclusivement latine.
29Si par hasard le chantre avait quelque intérêt pour la littérature en langues vernaculaires, ce n’est pas cela qui lui est revenu à l’esprit au moment de faire son testament. Cette culture latine fait participer les clercs danois à une culture commune à l’ensemble de l’Occident, une « culture internationale », si l’on peut dire. On note la présence de la plupart des auteurs de base, des auteurs à succès que l’on trouve dans toutes les bibliothèques ecclésiastiques aux xiiie et xive siècles : les Dicta attribués à Sénèque, Grégoire le Grand, le Lucidarium d’Honorius de Ratisbonne, saint Bernard, Pierre Lombard, Pierre le Mangeur, Jean Beleth, Henri de Suse…52 Et si on compare la bibliothèque de Benechinus avec celle de l’évêque de Laon Robert le Coq, par exemple, contemporaine et d’importance similaire53, les contenus sont très semblables : une majorité d’ouvrages de droit canon et droit civil ; quelques ouvrages d’Écriture sainte, de théologie et de philosophie ; une quasi-absence de littérature profane et d’histoire. Tous deux, bien que le premier n’ait sûrement pas eu les mêmes ambitions politiques que le second, ont une culture intellectuelle apte à servir leurs fonctions ou leurs desseins : le droit domine dans leur bibliothèque, en revanche la spéculation théorique ne les attire guère et ils ne s’encombrent pas beaucoup des Pères de l’Église ou de traités théologiques savants.
30Cette culture latine est principalement d’origine universitaire et elle est étroitement liée aux études poursuivies. Effectivement, les arts libéraux sont assez mal représentés (peut-être sont-ils dissimulés dans la donation en bloc à l’écolier Iacobus, qui était encore étudiant ou apprenti maître d’école54) et la théologie dite « spéculative » est totalement absente : c’est le droit, canon et civil, qui est au centre des intérêts intellectuels de Benechinus Henrici. Sont énumérés au grand complet les outils de base que l’on s’attend à trouver dans la bibliothèque d’un juriste : le Corpus juris canonici – y compris les Extravagantes, recueil des décrétales de Jean XXII, dont la publication est contemporaine du temps des études de Benechinus, ce qui montre que son corpus juridique était à jour55 ; le Corpus juris civilis au grand complet, dont l’exhaustivité est plus rare dans les fonds de livres ; enfin un choix de gloses et de commentaires, dont certains sont assez récents, comme ceux de Guy de Baysio († 1313) ou de Guillaume de Mandagout († 1321)56. Cela suggère que la bibliothèque a été constituée pour une grande part sans doute au temps des études – en témoignent les reportations –, ce qui contribue à « vieillir » son contenu qui, en raison même de la nature de la source, le testament, est celui d’une fin de vie. Une fois rentré au pays, il est plus difficile de se procurer les nouveautés, même si la bibliothèque a pu être augmentée ensuite par d’éventuels achats et surtout par des legs reçus, processus auquel Benechinus apporte quelques preuves dans son testament57.
31Le chantre de Lund n’était pas seulement un étudiant et un compilateur nostalgiques, c’était aussi un professionnel du droit et du ministère pastoral. Un certain nombre d’ouvrages ressortent effectivement à la pratique juridique – nous avons dit plus haut qu’il avait été juge : par exemple il lègue des manuels de procédure judiciaire ou notariale58 et de droit local59. D’autre part, si nous pouvons comptabiliser vingt-huit volumes de droit, un nombre équivalent (29 volumes) concerne la « théologie » non spéculative, à savoir les outils pastoraux : outils liturgiques, littérature d’édification et homilétique dominent, ce qui est d’ailleurs une constante des testaments danois de la période.
32C’est bien aussi en tant que professionnel que Benechinus répartit les legs de ses livres. De prime abord, les legs sont ordonnés en fonction des légataires. Ils commencent par la communauté cathédrale et, en son sein, l’ordre est hiérarchique : les dignitaires capitulaires, les chanoines par ordre d’ancienneté. Puis, les institutions ecclésiastiques et leurs desservants. Enfin d’autres ecclésiastiques. Pourtant, l’ordre a aussi quelque chose à voir avec le contenu des œuvres. Si on classe les ouvrages légués selon un ordre souvent retenu dans les inventaires ecclésiastiques médiévaux (trois ou quatre rubriques selon l’ordre universitaire bien connu, « théologie », droit, arts libéraux60), on s’aperçoit que la plupart des ouvrages de « théologie », à savoir tout ce qui concerne les études bibliques, la liturgie, la pastorale et l’édification ont été attribués globalement aux églises et à leurs desservants, c’est-à-dire à ceux qui assurent l’encadrement des fidèles61. Les livres de la rubrique « arts libéraux », les outils destinés à calculer les dates ou à apprendre à bien chanter vont en priorité aux institutions scolaires et à leurs membres62. Les livres de droit ont été plutôt répartis entre les institutions cathédrales et les co-chanoines63, milieu où les préoccupations intellectuelles répondent aux besoins croissants en experts en droit des administrations ecclésiastiques et séculières. En cela les legs et les légataires obéissent à la norme maintes fois exposée, à savoir l’engouement pour le droit et les études de droit qui a monté en flèche dans la seconde moitié du xiiie siècle en Scandinavie comme partout ailleurs. Ajoutons que les livres de droit vont ainsi à des individus qui en ont besoin ou qui s’y intéressent. Il y a par conséquent, de la part du testateur, une volonté de legs utiles, liés aux fonctions et aux compétences des légataires, ce qui montre de manière générale que les legs testamentaires sont mûrement pensés. C’est intéressant à propos de la mise en œuvre du testament : si l’ordonnancement global des dernières volontés de Benechinus se présente selon le modèle fortement standardisé du testament occidental, l’ordre de ses legs de livres obéit à des motifs plus personnels, à tout le moins à des usages pratiqués dans un milieu fortement caractérisé : le haut clergé cathédral.
33Les legs testamentaires assurent donc une circulation des livres qui, cependant, ne concerne que des milieux assez restreints. Benechinus ne lègue aucun livre à des laïcs, quelques-uns à des étudiants probables64 et destine dix-neuf volumes, soit 30 % des livres nommément cités, à des chapitres cathédraux et à leurs membres. S’il inclut aussi dans ses legs quelques membres du clergé régulier65, du clergé paroissial, milieu notoirement moins favorisé que le monde des chanoines sur le plan de la culture livresque et savante, ce clergé réside dans sa très grande majorité dans la cité archiépiscopale66, à l’exception du curé de Hofterup, mais qui est le frère de Benechinus, de Iohannes Hennechini, mais qui est son clerc, et d’Ako, prêtre à Eskilstorp67. En fait, on entre avec eux dans le réseau de relations proche du chantre, familial, amical, professionnel. Il ne faut pas oublier que le livre est souvent un objet chargé d’affects en même temps qu’un bien culturel, qui peut être doté d’une certaine valeur inaliénable : c’est aux co-chanoines, c’est-à-dire à la famille spirituelle, que les livres sont en priorité destinés. Les détenteurs des églises de Scanie reçoivent seulement des dons en argent ou en nature68. Enfin, les libéralités du chantre ne s’étendent pas au-delà du territoire diocésain : le seul don de livre attribué au chapitre de Roskilde pourra être remplacé par une somme d’argent équivalente69.
34Le testament de Benechinus Henrici témoigne de l’intégration parfaitement aboutie du haut clergé scandinave dans l’Église occidentale. Les enseignements qui s’en dégagent sont globalement ceux que l’on trouve dans les testaments de son temps. Le testament, par son importance et la précision des legs, avant même que de témoigner d’une aisance financière assurée, est d’abord l’expression du statut et de la dignité du testateur, de son appartenance à une élite sociale et culturelle. Son attitude religieuse et spirituelle, pour autant qu’elle transparaisse à travers une formulation codifiée et stéréotypée – moins toutefois que dans la majeure partie de la documentation testamentaire en raison surtout de ses aptitudes intellectuelles –, est assez semblable à celle de ses contemporains d’un bout à l’autre de la chrétienté. Elle est schématiquement marquée par l’idéal religieux de la bonne mort rendue plus accessible par la pratique testamentaire et par une gestion attentive de l’après-mort. Bien que Benechinus privilégie encore des suffrages traditionnels, peut-être parce qu’il est un ecclésiastique séculier, l’évolution comptable se fait nettement sentir avec cette longue litanie des legs.
35Le testament peut être un remarquable indicateur pour l’histoire culturelle. Malgré les incertitudes et les déformations de l’image qu’il reflète, il permet d’appréhender certains aspects du profil intellectuel du testateur. Benechinus est assez représentatif de l’élite ecclésiastique du xive siècle et pas seulement nordique : formé à l’université, appartenant à un milieu où les études sont devenues de rigueur, ses préférences vont au droit, canon et civil. En ces matières, sa bibliothèque est d’abord constituée d’ouvrages de références, sans pour autant négliger les outils servant dans la pratique. C’est la bibliothèque d’un professionnel du droit, hautement prisé par les détenteurs du pouvoir, mais aussi d’un professionnel du ministère pastoral. La littérature de divertissement en est totalement absente. Son contenu reflète également un certain archaïsme : principalement constituée au temps de la pérégrination universitaire, elle contient peu d’ouvrages très récents70. Cela se réfère à un contexte où la circulation du livre n’est pas affranchie d’un certain nombre de pesanteurs, en particulier les difficultés de la reproduction. Le livre est une denrée toujours chère et sa diffusion reste cantonnée à des milieux restreints.
Annexe
Annexe
Éd. Diplomatarium Danicum, 3e série, V, C. A. Christensen et H. Nielsen éd., Copenhague, 1967, no 109, p. 91-98. Traduit du latin par Élisabeth Mornet71.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Moi Benechinus Henrici de Åhus, chantre de l’église de Lund, sain d’esprit et de corps, pensant avec diligence que, tant que le corps conserve la vigueur de la santé, l’esprit, tout entier absorbé en lui-même, a le plein usage du jugement de la raison ; mais la maladie souvent obscurcit cette raison au point que son intensité même pousse quelquefois l’esprit à oublier non seulement les choses temporelles mais aussi lui-même ; et parce que rien n’est plus certain que la mort, encore que l’heure de la mort soit incertaine, je ne veux pas mourir intestat, je veux au contraire pourvoir avantageusement au salut de mon âme, afin que d’aventure, lorsque 10 le dernier jour de ma vie viendra, il ne me trouve pas ou ne me surprenne pas à l’improviste, et je fais et établis mon testament ; toutes les possessions et les biens à moi concédés par Dieu, par ce présent testament et par mon ultime volonté, j’en dispose, je les lègue et les ordonne de la manière qui suit : Premièrement, je recommande mon âme à l’infinie miséricorde du Dieu toutpuissant, quand il aura prévu de la faire sortir de ce corps promis au châtiment. Item, je lègue à la fabrique de l’église Saint-Laurent de Lund, où j’élis sépulture de mon corps, mon grand Décret avec l’Apparat ordinaire et mes Décrétales avec l’Apparat ordinaire, dans lesquelles le texte du sixième livre72 des Décrétales est inclus.
Item, à la même fabrique, tous mes biens sis à Benstorp, mobiliers et immobiliers, avec leurs droits fonciers et appartenances, et ma cour située à Lund dans la paroisse Saint-Magnus, à la condition suivante : les procureurs de ladite église qui seront à l’avenir distribueront chaque année, le jour de mon anniversaire, qui aura lieu dans le chœur de Lund, quatre marcs de deniers nouveaux de Scanie, à savoir dix sous de deniers aux chanoines qui assisteront aux vigiles et à la messe et un demi-marc aux vicaires, deux sous à ceux qui sonneront les cloches dans la tour, deux sous au prêtre vicaire dans la crypte, deux sous aux frères prêcheurs de Lund, deux sous aux frères mineurs, un demi-marc aux malades de la maison des lépreux près de Lund pour leur pitance, six sous aux 30 écoliers pauvres et autres mendiants. Le reste du revenu de ces biens devra revenir à la dite fabrique, comme cela est pleinement prévu dans des lettres patentes établies précédemment.
Item, je donne, lègue et tranfère à mon autel nouvellement érigé dans l’église de Lund tous les biens décrits ci-dessous, à savoir deux cours à Tängelsås, une cour à Elestorp et, au même endroit, la partie d’une cour où habite Petrus Bjiergbo, une cour à Målleröd, une cour à Everslöv, quatre cours à Hofterup, une cour à Barsebäck, une cour à Önnerup, une cour à Görslöv nordenå, où habite Nicholaus Petri, et la moitié d’une cour à Åkarp dans le herred de Gärd, avec tous les droits fonciers, droits et appartenances des dits biens, à savoir
40 les maisons, les champs, les prés, les pâtures, les bois, les terres humides et sèches, quel que soit leur mode d’accensement, selon les modalités et conditions suivantes : qu’une messe solennelle soit célébrée chaque jour de fête en l’honneur de la sainte et indivisible Trinité, de la glorieuse Vierge Marie, de saint Eustache et de tous les saints ; et qu’il y ait aux jours qui ne sont pas jours de fête, une messe ou au moins une commémoration pour les saints suivants comme il est dit ci-après, de manière qu’elles soient célébrées à perpétuité, pour le salut de mon âme, à tour de rôle : le lundi pour le Corps du Christ et les anges, le mardi pour la Sainte Trinité et le Saint-Esprit, le mercredi pour les Apôtres et tous les saints, le jeudi pour saint Laurent et les saints Eustache, 50 Blaise, Augustin et Gilles, le vendredi pour la Sainte-Croix et les défunts, le samedi pour la sainte Vierge Marie et les très nobles onze mille vierges, en insérant l’avant-dernière oraison : « De grâce, Dieu tout-puissant, fais en sorte que l’âme de ton prêtre serviteur etc.73 » Cependant, l’usufruit et la libre disposition de tous ces biens me seront réservés de toute manière tant que je vivrai, étant prévu que je suis tenu de rémunérer pour sa tâche le vicaire officiant à cet autel, comme il est d’usage habituel pour les autres autels de cette église. Mais après ma mort, l’autel susdit avec tous les biens susdits sera rattaché à l’édifice ou à la fabrique de ladite église et les procureurs de la fabrique, qui seront à ce moment-là, tenus de verser annuellement pour sa tâche à ds. 60 Iohannes Niclæssun, prêtre, que j’institue de manière irrévocable pour officier à cet autel, tant qu’il vivra, douze marcs de deniers nouveaux de Scanie, et ils pourvoiront l’autel susdit des ornements et autres nécessités, comme il sera opportun. Et lorsque ds. Iohannes quittera ce monde, les procureurs de la fabrique éliront un autre prêtre idoine pour officier à cet autel et lui assureront pour sa tâche la même somme annuelle. Que les promoteurs de la dotation ou érection de cet autel participent à la bonté du Seigneur, mais que les opposants et contradicteurs soient exclus et privés du partage des fidèles.
Item, je lègue à mon église de Skrävlinge dans le herred d’Oxie, qui est une annexe de la chantrerie, ma cour à Görslöv nordenå, où habite Haquinus Niclæssun, 70 une cour à Röinge dans la paroisse de Fulltofta, une cour dans ce même village de Skrävlinge où habite la veuve du nom d’Aasa, aux conditions et modalités pleinement établies dans d’autre lettres confectionnées à ce sujet.
Item, je donne, je remets et assigne à ma chantrerie ma cour de Stora Hammar et une cour à Bulltofta où habite Nicholaus Kwl, ainsi que tous les droits fonciers, à savoir un sou d’orge et xiii muids de froment et cinq marcs de deniers nouveaux de Scanie, que j’ai placés, de mon propre, dans les fonds jouxtant mon église de Skrävlinge en compensation d’une certaine somme d’argent que j’ai obtenue des frères de l’hôpital du Saint-Esprit de la ville de Lund lors d’un procès au nom de ma chantrerie.
Item, à la chapelle Sainte-Marthe, dans le chœur septentrional de l’annexe de la chantrerie susdite, un calice en argent, qu’elle a.
Item, à mon seigneur ds. Iacobus, archevêque de Lund, primat de Suède, un cratère en argent.
Item, au chapitre de Lund, un livre contenant un Repertorium juris, les Paroles de Sénèque, la Glose de Garcias en un volume.
Item, je leur remets toutes les dettes qui me sont dues au nom de mon frère, ds. Iohannes Kannae, autrefois chanoine de Lund, comme il apparaît dans leurs lettres ouvertes.
Item, au chapitre de Roskilde, la Somme d’Hostiensis ou trente sous de gros en 90 vue de l’achat de biens en Sjælland afin de célébrer mon anniversaire chaque année dans le chœur de Roskilde selon l’ordonnance de l’archidiacre et du chantre.
Item, à ds. Nicholaus, prévôt de Lund, une partie de la Lecture d’Hostiensis avec ses ais, un jeu d’échecs et une corne à boire.
Item, au doyen, ds. Henricus, un anneau d’or, le livre des Paroles délectables de saint Bernard et un livre de copie des Privilèges de l’église de Lund et une corne.
Item, à ds. Iohannes, archidiacre, un jeu d’échecs et une corne.
Item, à maître Hemmingus, archidiacre de Roskilde, un anneau d’or.
Item, à ds. Iacobus Iønessun, chevalier de Markie, une garniture de soie de 100 couleur bleue et une corne.
Item, à ds. Absalon, chanoine, la Somme de Tancrède de Bologne.
Item, à maître Ionas Lithlæ, une partie du Rosaire sur le Décret.
Item, à ds. Iohannes Ryning, un livre contenant FF. Des règles de droit et un livre à l’usage des légistes qui commence ainsi : Exactis.
Item, à ds. Ioseph Niclæssun, le livre de Mandagout, De l’élection, et une corne.
Item, à maître Magnus, un livre contenant plusieurs traités, à savoir le Mémorial d’or des prêtres, la Physionomie d’Hippocrate avec d’autres libelles dans une reliure.
Item, à ds. Iacobus Iærmer, la Glose de Pierre de Salins sur le Décret.
Item, à ds. Petrus Bothulphi, une cuiller d’argent appelée foldeske avec un fourreau de cuir et une corne.
Item, à ds. Iohannes Bwnkæflo, un Livre des sacrements en vers, un livre allégorique sur Théodule et une partie des Sentences dans une reliure, Richard, De l’abaissement de la condition humaine.
Item, à ds. Paulus, le livre des Institutes glosé avec sept autres Sommes en un volume.
Item, à ds. Holmstanus, un livre des Concordances des rubriques ès lois et un livre sur la pénitence.
Item, à ds. Heyno, un livre, à savoir Innocent, De l’abaissement de la condition humaine.
Item, à l’église de la Toussaint près de Lund, un livre des anciens préceptes des saints Pères.
Item, à ds. Benedictus, abbé de ce lieu, un certain gros livre de sermons qui commence par In fide et lenitate. Aux frères conventuels de ce lieu, un marc de deniers pour leur pitance.
Item, aux frères prêcheurs de Lund, un demi-last de grains.
Item, aux frères mineurs de Lund, un demi-last de grains.
Item, à la fabrique de leur église, deux marcs de deniers.
Item, à frère Nicholaus Holmbo, gardien [des frères mineurs], un sou de gros et le livre Enkiridion de saint Augustin.
Item, au couvent des moniales de Lund, un tonneau de cervoise le jour de ma sépulture.
Item, à l’église Saint-Paul, un marc de deniers.
Item, au prêtre ici-même, un sou de gros, et au ministre deux sous.
Item, à l’église Saint-Clément, un demi-marc de deniers.
Item, à ds. Allo, prêtre et recteur de cette église, un livre des lois de la terre de Scanie avec le Skraa en danois, et plusieurs livres en un volume, à savoir Albertanus De la doctrine de parler et de se taire, un livre De la consolation et du conseil, et De l’amour de Dieu et du prochain, et une partie des Morales sur Job de Grégoire, et une
corne.
Item, au diacre de ce lieu, un sou de deniers.
Item, à l’église Saint-Thomas, un demi-marc de deniers. À ds. Andreas, prêtre ici-même, une cuiller en argent, au diacre, ii sous.
Item, aux malades de l’hôpital des lépreux près de Lund, un marc de deniers.
Item, à la crypte de mon église paroissiale, ii marcs de deniers et un livre contenant les Histoires pour la fête du Corps de Christ et pour la fête de sainte Anne, avec les notes ; au prêtre vicaire ii sous de gros et au ministre un demi-marc de deniers.
Item, à chacune des églises de la ville de Lund autres que celles déjà nommées, deux sous de deniers ; au prêtre un sou ; au diacre, un demi-sou.
Item, à l’église Saint-Nicolas d’Åhus, deux marcs de deniers ; au prêtre vicaire ici-même, ii sous ; au diacre, un sou.
Item, aux frères prêcheurs ici-même, un marc.
Item, à l’hôpital des lépreux, ici-même, un demi-marc.
Item, aux frères prêcheurs de Helsingborg, un marc de deniers.
Item, aux frères mineurs d’Ystad, un marc.
Item, aux frères mineurs de Trelleborg, un marc.
Item, à la fabrique de mon église à Källstorp, iii marcs de deniers.
Item, à ds. Magnus, mon vicaire, un marc ; au diacre, ii sous, et aux pauvres de cette paroisse, un marc.
Item, à mon église de Brøsarp, un marc de deniers. Au prêtre vicaire ici-même un demi-marc, au diacre un sou et aux pauvres un marc.
Item, à l’église de Barkåkra, un demi-marc, au prêtre un demi-marc et au diacre un sou.
Item, à l’église de Hofterup, un demi-marc, au vicaire deux sous et au diacre un sou.
Item à l’église de Barsebäk, deux sous, au prêtre autant et au diacre un sou.
Item, à l’église de Flädie, un demi-marc, au prêtre deux sous, au diacre un sou.
Item, à l’église de Fulltofta, ii sous, à ds. Hennichinus, prêtre ici-même, une tunique et une capuche et une cuiller en argent.
Item, à sa mère, un sou de gros.
Item, à son frère, ds. Andreas, un demi-sou de gros et à sa sœur un demi-sou de gros.
Item, à dame Ellena, veuve de Iohannes Wbbesun, deux pund de malt et un anneau d’or. Item, à dame Thyra Albrecztdotter, un anneau d’or.
Item, à dame Margareta Strangisdotter, une cuiller en argent et un pund de malt.
Item, Iohanna Kætisdotter, une paire de bourses en soie et une cuiller en argent.
Item, à maître Petrus, écolâtre de Lund, Ovide, De vetula.
Item, aux écoles de Lund, un livre de chant contenant les Discantus et Tripleta dans une bonne écriture avec des lettres capitales dorées et un livre d’Alexandre Neckam Des noms des choses utiles, avec quatre autres auteurs.
Item, à mon frère, ds. Iordanus, prêtre, mon bréviaire et un livre de sermons avec une couverture verte, qui commence par : Esequtis inspirante domino, et un cratère en argent, doré à l’intérieur.
Item, à ds. Iohannes, sacriste, un livre contenant le Miroir de la messe et le Breviloquium des vertus des anciens philosophes.
Item, à ds. Sweno Petri, le livre de L’Éthique et le livre De l’âme.
Item, à ds. Phatherus, prêtre de l’église Saint-Pierre-le-Mineur de Lund, un demi-sou de gros.
Item, à ds. Matheus Siuikini, le texte des Clémentines.
Item, à ds. Ako, prêtre à Eskilstorp, un livre des Institutions ecclésiastiques et des diverses pénitences, l’Homélie sur le Cantique des cantiques d’Origène, un livre qui commence ainsi : In primitiva et un couteau avec une ceinture garnie d’argent.
Item, à ds. Henricus, prêtre, mon chapelain, un livre de La signification de la Passion du Christ.
Item, à ds. Iohannes Niclæssun, prêtre, mon vicaire susnommé, les Sermons de Guy et un livre en papier de sermons que j’ai rapporté de Paris.
Item, à ds. Iohannes Hennichini, prêtre de l’église de Herrestad, mon clerc, la Somme de l’office de tabellion, la Somme de Raymond en vers, un livre contenant la Somme d’Egidio, la Somme des causes qui commence ainsi : Ut nos minores et la Somme sur l’accusateur et l’accusé, en un volume, un Décret abrégé et un autre Décret plus abrégé, un livre en papier des Extravagantes du pape Jean et six autres livres en papier contenant des reportations sur le droit canon, tous les brouillons, résumés et notations que j’ai réunis à Paris et ailleurs, et la Somme sur l’office d’avocat.
Item, ma ceinture de cuir rouge argentée.
Item, à Petrus Cristiernssun, l’Histoire scolastique.
Item, à Hennichinus Niclæssen de Åhus, le Lucidaire, un livre versifié avec un couverture de parchemin rugueux, un grand rouleau contenant une abréviation de la Bible et un demi-sou de gros.
Item, à Elavus, écolâtre au même endroit, la Masse du comput avec d’autres éclaircissements des tables, un écrit sur le comput manuel et l’Algorisme.
Item, à Iacobus, son écolier, le reste de mes livres.
Item, à maître Petrus de Flandre, une cuiller en argent.
Item, à Iohannes Clementis, charpentier, xiiii sous de deniers qu’il me doit et un demi-pund de grains.
Item, à son frère Nicholaus, un demi-pund de froment qu’il me doit et un demi pund d’orge.
Item, à Gertrude, veuve d’Arløg, une cuiller en argent et un demi-pund de malt.
Item, à sa sœur Valborg, un pund de malt et à la fille de celle-ci, Ingerd, un anneau doré.
Item, à Laurentius Iønessun, un marc d’argent et à sa sœur Valborg Jensdatter un anneau d’or dans lequel [est insérée] une image de la sainte Vierge et deux sous de gros.
Item, à Matheus Petri de Gärsnäs, une jument.
Item, à Cristina Fylippisdotter, une cuiller en argent.
Item, à Hilleke Iønesdotter à Malmø, toutes les dettes qu’elle et son mari ont envers moi et un manteau doublé.
Item, à Nicholaus Other, xiiii sous de deniers qu’il me doit et à sa femme un demi-pund de grains.
Item, à Petrus Guldbrandsun, un pund d’orge et à sa femme un pund de malt.
Item, à Petrus Olefsun, mon famulus, une jument avec son poulain et ii pund de grains.
Item, à Tuko, mon famulus, mon manteau bleu avec une capuche et iii pund de grains.
Item, à Laurentius Mikilsun, une jument avec son poulain et iii pund de grains.
Item, à Hynzekinus, mon puer, dix marcs de deniers, un demi-last de grains et un coffre avec une paire d’habits dits rithklathae.
Item, à Andreas, mon brasseur, un pund de grains. Item, à Nicholaus Thorn, une jument, deux marcs de deniers et ii pund de grains.
Item, aux pauvres de Lund, six marcs de deniers.
Item, à Bodilda, blanchisseuse, et à sa mère deux pund de grains.
Item, à Sommer, une tunique.
Comme exécuteurs de ce testament et de ma dernière volonté, que je désire en toutes manières faire perdurer irrévocablement, même s’il arrivait que je fasse un autre testament à l’avenir, et qu’il n’y soit pas fait mention corroborative à ce sujet in suo robore – à moins que certains légataires de ce testament déjà établi ne meurent prématurément – je constitue et ordonne les vénérables hommes domini Henricus Bokholth, doyen, Petrus Bothulphi, chanoines de Lund, Iordanus, mon frère, Allo et Iohannes Hennichini, prêtres et recteurs des églises de Saint-Clément de Lund, de Hofterup et de Herrestad, leur demandant et les suppliant dévotement au nom du Dieu tout-puissant que, dans l’exécution et l’accomplissement de mon testament et de ma dernière volonté, ils fassent preuve de bienveillance et s’en occupent avec efficacité, de sorte qu’ils recevront récompense et rétribution de Dieu le suprême juge. Pour rendre ce fait assuré et plus certain, mon sceau et les sceaux des exécuteurs susdits présents ont été appendus. Fait et daté à Lund, l’an du Seigneur 1358, le vendredi avant la fête de saint Grégoire, pape et confesseur.
Notes de bas de page
1 Lund, en Scanie, qui est actuellement en Suède, était l’un des trois sièges métropolitains des pays nordiques et sa province ecclésiastique correspondait globalement au royaume danois. Hésitant entre la forme danoise moderne (Bennike Henriksen) et la forme suédoise (Beneke Henriksson), j’ai choisi de garder la forme latine donnée dans le testament.
2 Diplomatarium Danicum (désormais DD), 3e série, V, C. A. Christensen et H. Nielsen éd., Copenhague, 1967, no 109, p. 91-98. L’original est conservé au Riksarkivet à Stockholm.
3 J. Chiffoleau, La comptabilité de l’au-delà. Les hommes, la mort et la religion dans la région d’Avignon à la fin du Moyen Âge, École française de Rome, 1980.
4 M.-C. Marandet, Le souci de l’au-delà : la pratique testamentaire dans la région toulousaine (1300-1450), Perpignan, 1998, 2 vol.
5 Les testaments danois conservés d’avant 1450 ont été rassemblés par K. Erslev, Testamenter fra Danmarks Middelalder indtil 1450, Copenhague, 1901.
6 Voir T. Jexlev, « Middelalderlige testamenter som personalhistorik kilde », Personalhistorik Tidsskrift, 101 (1981), p. i-ii ; P. Ingesman, « Kanniketestamenter fra dansk senmiddelalder som social-og kulturhistorisk kilde », Kirkehistoriske Samlinger, 1987, p. 203-232. L’auteur analyse uniquement les testaments de chanoines du xve siècle et du début du xvie siècle (20 au total) et notamment un des plus intéressants d’entre eux, celui de Svend Saxstrup, doyen de Lund (1404). L. Bisgaard, « Med slægtens samtykke. Det adelige testamenter 1340-1559 », dans Riget, magten og æren. Den danske Adel 1350-1660, P. Ingesman et J. V. Jensen dir., Århus, 2001, p. 191-213, estime à 176 le nombre de testaments conservés avant 1536 (ici p. 196).
7 O. Fenger, Notarius publicus. Notaren i latinsk middelalder, Århus, 2000, notamment le chapitre X, consacré aux notaires ayant exercé au Danemark, p. 105-165.
8 Définition simplifiée du testament : « Acte révocable par lequel une personne jouissant de la capacité juridique déclare ses dernières volontés et dispose de ses biens pour le temps qui suivra sa mort », dans Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge, A. Vauchez dir., Paris-Cambridge-Rome, 1997, 2, p. 1493-1495. Pour plus de précisions : « Testament », dans Dictionnaire de droit canonique, 7, Paris, 1965, col. 1190-1200 ; R. Aubenas, Cours d’histoire du droit privé, III. Testaments et successions dans les anciens pays de droit écrit au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, Aix-en-Provence, 1952. J. Engelmann, Les testaments coutumiers au xve siècle, Genève, réimp. Slatkine, 1975. Cf. « Testamente », dans Kulturhistorisk Leksikon for nordisk middelalder, 18, Copenhague, 1974, col. 218-233 ; L. Bisgaard, « Med slægtens samtykke… », loc. cit. (n. 6), p. 198-200.
9 L’opposition, traditionnelle, entre testament romain et testament canonique doit être nuancée : par exemple la clause d’irrévocabilité est d’origine romaine ; la valeur juridique du testament de Benechinus Henrici est donnée par le sceau du testateur lui-même et ceux de cinq témoins, qui sont d’ailleurs aussi les exécuteurs testamentaires (voir la clause de validation à la fin du testament, dont je donne la traduction en annexe, l. 258-260). Sur la diffusion du droit romain et du droit canon en Scandinavie, voir, entre autres, O. Fenger, Romerret i Norden, Copenhague, 1977 ; Id., L’influence du droit romain dans la Scandinavie médiévale, Milan, 1981 (Ius Romanum Medii Aevi, V, 14) ; P. Ingesman, « A Canon Law Culture in Late Medieval Danmark ? », dans Nordic Perspectives on Medieval Canon Law, M. Korpiola éd., Saarijärvi, 1999, p. 65-78.
10 Il a été écrit sur parchemin, muni de six sceaux, dont deux seulement ont été conservés (DD, 3, V, p. 91).
11 J’ai utilisé les testaments ecclésiastiques danois comme sources d’histoire intellectuelle. Je me permets de renvoyer à É. Mornet, « Les livres d’histoire dans les bibliothèques danoises du début du xive siècle à la Réforme », dans L’historiographie en Occident du ve au xve siècle (Actes du VIIIe Congrès de la SHMES, Tours, juin 1977), Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 87 (1980), p. 285-318, et É. Mornet, « Le reflet d’une culture : les bibliothèques des évêques danois dans les derniers siècles du Moyen Âge », dans L’Église et le peuple chrétien dans les pays de l’Europe du Centre-Est et du Nord, xive-xve siècles (Actes du Colloque international de Rome, janvier 1986), Rome, 1990 (Collection de l’École française de Rome, 128), p. 141-162.
12 DD, 3, I, Copenhague, 1958, no 155, 16.3.1341.
13 DD, 3, I, no 168, 11.5.1341. Cf. Libri memoriales capituli Lundensis. Lunde Domkapitels Gavebøger, C. Weeke éd., Copenhague, 1884-1889, p. 176-177.
14 Ce qui lui donne probablement un certain contrôle sur la formation des clercs cathédraux et des écoles épiscopales. DD, 3, III, Copenhague, 1963, no 407, 1.4.1351.
15 Cf. annexe, l. 89-92.
16 Il n’était pas très fréquent qu’un chanoine scandinave cumule plus de deux ou trois canonicats au xive siècle. Cf. É. Mornet, « Les chanoines de Roskilde au service des pouvoirs du début du xive siècle au milieu du xvie siècle », dans I canonici al servizio dello stato in Europa, secoli xiii-xvi, H. Millet éd. avec la collaboration d’É. Mornet, Ferrare, 1992, p. 183-205.
17 L’archevêque Iacobus [Jakob Nielsen] est cité comme « primat de Suède » (annexe, l. 82) : le siège métropolitain de Lund fut le premier constitué dans les pays nordiques et il exerçait encore une primatie sur les deux autres métropoles de Nidaros et d’Uppsala.
18 Diplomatarium diœcesis Lundensis – Lunds Ärkestifts urkundsbok, L. Weibull éd., Lund, 1900, 3, no 264, 17 juin 1444 : […] tunc judex ex parte revendissimi patris domini Lundensis archiepiscopi…
19 Cf. Sveriges medeltida personnamn, fasc. 2, Stokholm, 1973, « Beneke », col. 290-291. Le prénom d’un de ses frères, Iordanus, n’est pas non plus d’origine scandinave.
20 […] cum sigillo nobilis domini/domini Benechini canonici Lundensis, DD, 3, III, no 50, 4.9.1348.
21 Libri memoriales capituli Lundensis, éd. citée (n. 13), p. 149-150.
22 H. Petersen, Danske gejstlige Sigiller fra Middelalderen, Copenhague, 1886, 44.3. et 88.5. Cf. J. Raneke, Svenska medeltidsvapen, Lund, 1982-1985, 3 vol., 1, p. 496.
23 Voir en particulier l’énumération des cours (curiae) léguées à la chantrerie, à l’autel qu’il a fondé dans la cathédrale de Lund (annexe, l. 33 et suiv.). Puisqu’il s’agit d’un testament de type canonique, nous n’avons connaissance que de la partie émergée de l’iceberg patrimonial.
24 Cf. annexe, l. 86-87, et DD, 3 III, nos 167-178.
25 Sur les nobles allemands venus faire fortune au xiiie siècle dans les royaumes nordiques, voir J.-M. Maillefer, Chevaliers et princes allemands en Suède et en Finlande à l’époque des Folkungar (1250-1363), Francfort-sur-le-Main, 1999 (Kieler Werkstücke Reihe, 10. Beiträge zur Europaïschen Geschichte des späten Mittelalters, 10).
26 Il y avait à Lund 24 prébendes canoniales au milieu du xiiie siècle. Cf. E. Newman et al., Lunds domkyrkas historie, 1. 1145-1536, Stockholm, 1946, p. 321.
27 J. Chiffoleau, La comptabilité de l’au-delà, op. cit. (n. 3), p. 105-107. En comptant absolument tous les mots (en latin), le préambule de Benechinus en comporte 93.
28 Ibid., p. 111.
29 De 1250 à 1300, 20 testaments : 13 allusions très brèves ; de 1301 à 1350, 24 testaments : 13 allusions ; de 1351 à 1400, 27 testaments : 17 allusions, toujours aussi brèves. Les testaments danois se rapprocheraient davantage des habitudes toulousaines évoquées par M.-C. Marandet, Le souci de l’au-delà, op. cit. (n. 4), p. 120 et suiv. Pour d’autres comparaisons, cf. D. Courtemanche, Œuvrer pour la postérité. Les testaments parisiens des gens du roi au début du xve siècle, Paris, 1997 ; L. Merlet, « Les testaments aux xive et xve siècles », Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques. Section des sc. éc. et soc., Paris, 1889, p. 19-70.
30 […] ne forte quod absit dies extrema uite mee inueniat me aut capiat improuisum. DD, 3, V, no 109, p. 91 (annexe, l. 9-11).
31 Le culte du Corpus Christi était très développé à Lund depuis le début du xive siècle. En 1331, l’archevêque Karl donna des propriétés au chapitre pour assurer sa célébration, DD, 2, IX, Copenhague, 1946, no 302.
32 L’autel majeur est dédié à la Vierge et à Saint Laurent. Il existe un autel Saint-Blaise et Saint-Gilles dans la crypte et un autel Sainte-Marie et Saint-Eustache. Cf. Libri memoriales capituli Lundensis, éd. citée (n. 13), p. 103, 177, 220. Seul saint Augustin n’est pas spécialement enraciné dans le calendrier liturgique cathédral. Le culte des onze mille vierges est très populaire en Scandinavie, ainsi qu’en Allemagne du Nord. Un pèlerinage célèbre avait lieu à Cologne. Pour l’intercession des saints dans les testaments, voir par exemple, outre J. Chiffoleau et M.-C. Marandet, D. Courtemanche, Œuvrer pour la postérité, op. cit. (n. 29), p. 56-58 ; L. Merlet, « Les testaments aux xive et xve siècles », loc. cit. (n. 29).
33 À titre de comparaison voir, bien qu’ils soient plus tardifs, les testaments de Pierre du Châtel (1394) et Jean de Neuilly Saint-Front (1404), tous deux chanoines de Paris et archidiacres de Soissons, A. Tuetey, Testaments enregistrés au Parlement de Paris sous le règne de Charles VI, Paris, 1880 (Collection de documents inédits sur l’histoire de France, Mélanges historiques, 3), p. 272-279 et 304-320.
34 Cf. annexe, l. 15.
35 Voir C. Trotmann, La Vision béatifique, des disputes scolastiques à sa définition par Benoît XII, Rome, 1995 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 289). J. Baschet, « Jugement de l’âme, Jugement dernier : contradiction, complémentarité, chevauchement ? », Revue Mabillon, nouv. série, 6 (1995), p. 159-203.
36 Cf. annexe, l. 3-6.
37 Cf. annexe, l. 199 et 205-206.
38 La prise de notes était normalement interdite, mais largement pratiquée. Cf. l’interdiction de dicter les cours de 1355, Chartularium Universitatis Parisiensis, H. Denifle et A. Châtelain éd., III, Paris, 1894, no 1229.
39 Aucun document ne mentionne un quelconque grade universitaire. Les livres d’Aristote, le Liber ethicorum et le De anima, qu’il lègue, sont peut-être des souvenirs du programme obligatoire de la faculté des arts, mais son fonds d’arts libéraux est bien maigre pour un ancien artien fier de l’être (encore que cette présence médiocre soit la caractéristique de la plupart des bibliothèques danoises).
40 Voir par exemple Å. Sällström, Bologna och Norden, Lund, 1957 (Bibliotheca historica Lundensis, 5).
41 Il était également chanoine de Lund.
42 DD, 2, X, Copenhague, 1948, no 331, 28.9.1331.
43 Absalon [Absalonis], Iohannes Ryning ; une source indirecte, non universitaire, signale qu’ils ont fréquenté l’université parisienne, en compagnie de Ionas Lithlae, qualifié de magister dans le testament, et du futur archevêque, au plus tard avant 1344, Diplomatarium Suecanum, B. E. Hildebrand éd., Stockholm, 1865, V, 2, no 3985. Cf. annexe, l. 101, 103, 102 respectivement.
44 Pour les études des Nordiques à Paris, voir en dernier lieu É. Mornet, « L’écolier, le procureur et la nation. Étudiants nordiques à l’université de Paris à la fin du Moyen Âge », dans Les universités en Europe du xiiie siècle à nos jours. Espaces, modèles et fonctions. Actes du Colloque international d’Orléans, octobre 2003, F. Attal, J. Garrigues, T. Kouamé, J.-P. Vittu éd., Paris, 2005, p. 39-61.
45 Outre les articles déjà cités (P. Ingesman, n. 6 et 9, É. Mornet, n. 11), voir par exemple Histoire des bibliothèques françaises, 1. Les bibliothèques médiévales du vie siècle à 1530, A. Vernet dir., Paris, 1989 ; récemment, quelques considérations synthétiques mais suggestives dans J.-P. Genet, La genèse de l’État moderne. Culture et société politique en Angleterre, Paris, 2003, p. 333-334 (avec bibliographie).
46 […] Iacobo ejus scolari residuos libros meos, annexe, l. 215.
47 Moyenne établie pour la période 1304-1393, à partir de 18 testaments et de l’inventaire de la librairie de l’archevêque de Lund Jens Grand (1327), cf. É. Mornet, « Les livres d’histoire dans les bibliothèques danoises… », loc. cit. (n. 11), p. 297.
48 Voir, par exemple, annexe, l. 137-139. Noter aussi qu’il se trompe rarement dans les attributions – à une exception près : aucun écrit d’Hippocrate ne s’intitule Phisonomia (l. 107) – et rares sont les titres qui ne peuvent être identifiés : librum cantus continentem Discantus et Tripleta (l. 181), scriptum computum manualem (l. 214), ou encore librum uersuum cum yrsuto coopertorio pergameni (l. 210-211).
49 Ainsi : […] librum Alexandri Necam de utensilibus cum aliis quatuor actoribus (sic)… (annexe, l. 182-183). Rien ne permet de penser que, après le texte d’Alexandre Neckam, il y ait eu des ouvrages également de nature grammaticale. Cela montre une des grandes caractéristiques du livre de la fin du Moyen Âge : une distorsion fréquente entre le support, à savoir le volume, et le contenu. Un volume pouvait contenir plusieurs ouvrages, pas forcément proches par la matière traitée.
50 Il est intéressant de remarquer que leur provenance est parisienne. Le papier est d’introduction très récente dans les pays nordiques : il n’y en avait pas, semble-t-il, aux alentours de 1330, puisque, à cette époque, le collecteur pontifical Pierre Gervais mentionnait dans son livre de comptes toutes les peaux de parchemin qu’il dût acheter, quia papirus in dicto regno non inuenitur ; cf. É. Mornet, « Per nives de nocte : un nonce pontifical dans les royaume nordiques au xive siècle », dans Milieux naturels, espaces sociaux. Études offertes à Robert Delort, É. Mornet et F. Morenzoni éd., Paris, 1997, p. 592, note 5. Par conséquent, les livres en papier devaient être encore rares et importés dans les années 1350, ce qui ne veut bien sûr pas dire que tous les autres livres mentionnés étaient en parchemin, ni qu’ils étaient de confection autochtone.
51 […] librum legum terre Scanie cum skraa in danico, annexe, l. 136-137.
52 En même temps on constate des absences parfois étonnantes. Une littérature biblique assez sommaire (seulement une Bible abrégée) : se serait-il contenté de l’Histoire scolastique ? Aucune des grandes compilations encyclopédiques prisées par les clercs du xive siècle, Isidore de Séville, Barthélemy l’Anglais, Vincent de Beauvais : seraient-ils dans les « autres livres » ?
53 Inventaire (1362) établi lors de la confiscation de ses biens en 1358 : 76 volumes, R. Delachenal, « La bibliothèque d’un avocat du xive siècle. Inventaire estimatif des livres de Robert le Coq », Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 11 (1887), p. 524-537. Le chanoine Jean de Neuilly Saint-Front (supra, n. 33) lègue une série intéressante de livres, de droit pour l’essentiel.
54 Cf. annexe, l. 215. À lui logiquement les livres de grammaire, Donat, Priscien ou mieux le Doctrinale et le Grecismus, et autres livres du trivium…
55 En revanche, dans les autres disciplines, beaucoup d’auteurs ont vécu aux xiie et xiiie siècles, ce qui montre la pesanteur et l’archaïsme persistants de certains pans de la culture livresque des intellectuels. Mais cela correspond somme toute aussi aux programmes universitaires officiels du début du xive siècle.
56 Partem Rosarii super decreto, annexe, l. 102, librum Mandagoti De eleccione, l. 105.
57 Benechinus lègue à son frère un livre reçu en 1345 du chanoine Petrus Jønæsen (DD, 3 II, Copenhague, 1959, no 147) : […] unum librum sermonum qui incipit Exquisitis inspirante domino = librum sermonum cum uiridi coopertorio qui sic incipit Exequtis inspirante domino (l. 184-185) ; un livre reçu du chanoine Tucho Turonis en 1353 (DD, 3 IV, Copenhague, 1966, no 17), Extracta de sermonibus Guidonis = sans doute sermones Gwidonis [d’Évreux] (l. 198-199) ; un legs du chanoine Nicholaus Bunkaflo en 1346 (DD, 3 II, no 280) : […] librum ligatum duobus asseribus […] qui continet apparatum Ostiensis pro aliquibus partibus Decretalium = partem Lecture Hostiensis cum asceribus (l. 93-94) ; on retrouve également dans le testament du doyen de Lund, Henricus Bokholt (DD, 3, VIII, Copenhague, 1980, no 270, 20.1.1369) le librum de dictis beati Bernardi que Benechinus lui a légué : domino decano Henrico librum de uerbis delectabilibus beati Bernardi (l. 95-96).
58 Par exemple Summa de officio tabellionatus (annexe, l. 201). Parmi les plus connus des manuels de notariat, le De officio tabellionis d’Egidio de Foscara, canoniste de Bologne et juge († 1289) ; la Summa artis notariae de Rolandino Passegieri, maître à l’université de Bologne († 1300). Sur l’ars notariae, voir, entre autres, O. Fenger, Notarius publicus, op. cit. (n. 7), p. 68 et suiv. ; O. Guyotjeannin, J. Pycke et B.-M. Tock, Diplomatique médiévale, Turnhout, 1993 (L’Atelier du médiéviste, 2), p. 115-121, 242-244.
59 Supra, n. 51. Ajoutons un volume dont l’utilité juridique n’était pas douteuse : […] librum de transsumpcionibus priuilegiorum ecclesie Lundensis (annexe, l. 96).
60 Dans le testament, la médecine est illustrée par un seul ouvrage, d’ailleurs incertain : Hippocrate, ou un commentaire médiéval, voir supra, n. 48.
61 Cf. annexe, l. 121-147.
62 Cf. annexe, l. 180-183, 209-215. Notons que Benechinus attribue, comme ses contemporains, à Ovide un De vetula, qui est un poème médiéval pseudo-ovidien et qui montre l’énorme succès d’Ovide au Moyen Âge.
63 Cf. annexe, l. 17-19 (ce Corpus juris canonici légué à la fabrique est sans doute destiné à être vendu), l. 84-120. L’exception de Iohannes Hennikini (l. 200-207) n’est qu’apparente, car il s’agit du clerc de Benechinus, c’est-à-dire celui qui s’occupait de ses écritures, en particulier les écritures juridiques, puisque Benechinus a exercé des fonctions directement liées à la pratique du droit.
64 Petrus Cristiernssun et Hennichinus Niclæssun (l. 209, 210-212).
65 Cf. annexe, l. 121, 123, 129-130.
66 Cf. annexe, l. 121-140.
67 Cf. annexe, l. 184, 200, 193. Noter que c’est à son frère que Benechinus lègue son bréviaire, qui est sans doute le livre le plus personnel d’un ecclésiastique.
68 Cf. annexe, l. 151-170. Ces dons participent alors des aumônes rituelles. Il n’est pas exclu que les livres, par leur énumération même, fassent aussi figure d’objets intercesseurs pour le salut du chantre, au même titre que les aumônes en argent ou en nature ; mais leur attribution réservée à la communauté capitulaire témoigne du lien affectif qui lie ses membres entre eux. Dans les langues vernaculaires nordiques, le terme de korsbroder (littéralement « frère du chœur ») désigne le chanoine.
69 Item capitulo Roskildensi Summam Hostiensem uel trigenta solidos grossorum… (annexe, l. 89).
70 Toutefois, l’accès à la littérature contemporaine paraît bien meilleur dans la bibliothèque de Benechinus que dans celles des décennies suivantes : les testaments du haut clergé danois se caractérisent, à la fin du xive siècle, à la fois par une diminution du nombre de legs en livres et par un vieillissement de leur contenu, cf. É. Mornet, « Le reflet d’une culture », loc. cit. (n. 11), p. 156-158.
71 Pour une lecture plus aisée, chaque item fait l’objet d’un paragraphe séparé. Les noms des personnages cités ont été conservés sous leur forme originale. En revanche, les toponymes ont été modernisés. Les titres des ouvrages ont été traduits. Pour leur identification, se référer à Danmarks riges breve, Copenhague, 1958-1982, 3, V, F. Blatt éd., p. 76-79.
72 Le Sexte.
73 Missel romain : Praesta, quaesumus, omnipotens Deus, ut animam famuli tui N. sacerdotis in congregatione justorum aeternae beatudinis jubeas esse consortem.
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