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Conclusion

p. 285-292


Texte intégral

1Comment les plateaux de Bourgogne, de Langres et du Barrois de la Haute-Marne se sont-ils adaptés aux évolutions agricoles des années 1990, induites en partie par la PAC de 1992, mais également par une réflexion plus ouverte sur les aspects environnementaux et une définition renouvelée de l’insertion de l’agriculture dans son milieu rural local ? La condition première de la durabilité reconnue sur les plateaux est la pérennité économique de l’exploitation agricole et de l’espace agricole de production. Dans ce cas, l’évolution constatée des revenus, notamment dans les premières années de la réforme de la PAC de 1992, ne remet pas en cause le modèle de développement agricole des plateaux mais le conforte plutôt. D’un strict point de vue économique, la pérennité de l’activité agricole des plateaux semble assurée, mais au prix d’une sélection, par la disparition d’un certains nombres d’actifs, au profit de l’agrandissement accéléré d’exploitations moins nombreuses. Par ailleurs, les conditions même de la durabilité et de la prospérité économiques des exploitations agricoles des plateaux sont également celles de sa fragilité. La dépendance de plus en plus forte des revenus agricoles à des règles de paiements directs définis politiquement et administrativement, et dont la justification sociale est de plus en plus exigée, apportent à la fois un élément de revenu garanti sur les plateaux, mais donnent également aux agriculteurs l’impression de maîtriser de moins en moins leur activité. Or, les tendances lourdes du développement agricole des plateaux du sud-est du Bassin parisien ont été particulièrement renforcées par la PAC de 1992 : le mécanisme des paiements compensatoires versés à l’hectare, associé aux mesures de préretraite agricole, des revenus fixes et plus confortables que ceux auxquels on s’attendait au départ, le gel des terres, la volonté de produire plus, sur plus de surface, (les rendements étant limités) pour se prémunir contre les aléas de la conjoncture, ont encouragé la consommation d’espace par les agriculteurs. On se situe très loin des perspectives de l’agriculture multifonctionnelle ! Pourtant, du fait des rendements moyens et peu améliorables en grande culture, les pratiques raisonnées se sont appliquées ici généralement sans réserve et même parfois bien avant la réforme de la PAC de 1992, notamment pour ce qui concerne les engrais de fond. Parallèlement, dans une stratégie de limitation des coûts de production, le changement tient finalement plus au développement de pratiques nouvelles de commercialisation en grande culture et de valorisation qualitative de la production (qualité sanitaire, certification des procédés de production), qui se sont très vite développées sur les plateaux, par l’intermédiaire des organismes stockeurs. La véritable révolution du système de production PAC n’est pas dans la diversification culturale, difficile sur les plateaux, mais dans les conditions mêmes de production de masse des quelques matières premières agricoles pratiquées, dans des assolements de plus en plus simplifiés, autour du blé, de l’orge, du colza : une production de plus en plus réalisée sous contrat de qualité, pour des variétés spécifiques, avec un taux de protéines particulier pour le blé tendre d’hiver, généralement élevé, répondant à la demande, c’est-à-dire à une organisation de plus en plus grande du marché par l’aval. La définition des CTE collectifs « Grande culture » ou « Céréales de qualité », contractualisant l’exigence de traçabilité et de fertilisation raisonnée, ont trouvé, particulièrement en 2002, un écho non négligeable sur les plateaux. Par ailleurs, on relève très peu d’abandon de parcelles, de terres contraignantes, éloignées, laissées volontairement en jachère pendant plusieurs années successives, comme on aurait pu le craindre avant la réforme, au risque de les voir retourner à la friche. La seule inquiétude formulée l’a été, en Haute-Marne, pour les prairies permanentes auxquelles aucun quota laitier n’est attaché. Les friches actuelles datent souvent de bien avant les réformes de la PAC de 1992 et de 2000 et les plateaux du Châtillonnais, notamment sur la côte du Châtillonnais, ont même connu des défrichements, certes limités, pour installer des vignes. En fait, la diminution très sensible des taux de gel des terres après 1996-1997, puis la possibilité de pratiquer les cultures industrielles sous contrat (essentiellement du colza) sur les superficies déclarées en gel ont éloigné ce genre de dérive. Certes, les évolutions connues sur les plateaux sont assez peu éloignées des tendances générales relevées dans les espaces de grande culture du Bassin parisien. Pourtant l’aspect foncier et surtout le faible choix de diversification culturale, dans un système de production qui apparaît à bien des égards verrouillé par la très faible densité de main-d’œuvre agricole, représentent l’aspect particulier et l’enjeu principal des évolutions agricoles des plateaux. Pourtant, ce n’est pas dans les départements intermédiaires, incluant les petites terres, que l’on a connu le taux le plus élevé d’augmentation de la superficie moyenne d’exploitation. Néanmoins, dans ces espaces, les structures de production sont aujourd’hui particulièrement grandes par actif agricole, et cet agrandissement constitue le modèle ultra dominant, voire unique, de développement agricole.

2Dans ce modèle général de développement et d’évolution, on remarque des nuances et des tendances différentes d’adaptation à la PAC de 1992 et de 2000, et aux nouvelles dispositions économiques, politiques, agricoles et rurales envisagées depuis les années 1990. Ainsi, la question prioritaire de l’agrandissement des structures d’exploitation a pu être vécue différemment. C’est globalement sur les plateaux de Bourgogne de l’Yonne que l’on a connu la plus forte diminution du nombre d’exploitations dans les années 1990 et, logiquement, c’est là que l’augmentation de la taille moyenne d’exploitation a été la plus grande, là que le modèle consommateur d’espace s’affirme nettement. Or, l’exemple icaunais est intéressant car il permet des comparaisons avec les régions agricoles de grande culture du nord du département qui gardent des structures d’exploitation plus faibles que sur les plateaux. Or, en Tonnerrois et sud Auxerrois, l'utilisation agricole du sol (hors viticulture, très localisée) est moins intensive (contraintes agronomiques, rendements médiocres en grande culture) qu’au nord du département, et la densité d’actifs agricoles par hectare de SAU est très faible. Les tailles moyennes d’exploitation relevées sur les plateaux de Bourgogne de l’Yonne ne sont pas les plus élevées de celles de notre étude : en Châtillonnais et Barrois, elles sont souvent supérieures. Or, on doit tenir compte des exploitations sociétaires, fortement représentées en Haute-Marne, où le calcul de SAU par UTA relativise quelque peu les tailles moyennes d’exploitation. Le phénomène sociétaire est moins répandu sur le plateau de Bourgogne de l’Yonne (secteur de Courson-les-Carrières, Vermenton, Noyers), même s’il a progressé. C’est également sur les plateaux de Bourgogne de l’Yonne que le pourcentage de SAU cantonale permettant l’installation aidée apparaît le plus faible, pour un taux de libération foncière par les préretraites parfois élevé dans certains cantons. Or, le modèle d’agriculture individuelle fortement consommatrice d’espace par UTA s’accompagne également d’un certain individualisme dans les pratiques agricoles, pour des raisons souvent techniques : éloignement, hyperspécialisation culturale, utilisation intensive d’un matériel identique lors de périodes de pointe. Parallèlement, la bonne tenue des revenus permet l’achat de matériels individuels. Les plateaux de Bourgogne icaunais présentent d’autre part la particularité d’obtenir un des meilleurs revenus à l’hectare, en grande culture, paiements compensatoires compris (EBE) de l’ensemble de la zone d’étude des plateaux. Or, c’est là que le poids des céréales et oléoprotéagineux dans la SAU est le plus élevé et la spécialisation en grande culture est quasi exclusive, hors zones de viticulture, qui sont d’ailleurs très étroitement localisées. L’agrandissement de la taille moyenne d’exploitation, plus forte qu’ailleurs, combinée au rendement de référence départemental calculé en fonction d’une moyenne intégrant les régions plus intensives du nord du département, a incontestablement avantagé les plateaux de Bourgogne de l’Yonne, dont les rendements réels sont inférieurs. Les autres petites régions agricoles des plateaux n’ont pas pu se prévaloir d’un tel privilège, notamment en Haute-Marne, puisque les régions classées dans la zone d’étude, notamment le Barrois, couvrent une grande partie des régions agricoles de grande culture du département. Les rendements de référence définis en Haute-Marne sont très proches des rendements réels des plateaux, voire inférieurs en Barrois vallée.

3Cependant, un modèle de développement encore moins intensif, sur les plateaux, peut être représenté par la Grande Montagne haute-marnaise, le secteur d’Auberive sur le plateau de Langres et, par extension, d’Aignay-le-Duc à Auberive. Dans cet espace, la consommation de foncier par l’agriculture est forte voire très forte ; cela correspond à une représentation importante des exploitations en système mixte grande culture-herbivores et, notamment pour la partie haute-marnaise de ce plateau, une forte représentation de l’élevage laitier. Le nombre d’UTA par exploitation est plus élevé ici qu’ailleurs sur les plateaux. Parallèlement, le système de production, en terme de charges par hectare de SAU, est encore moins intensif que la moyenne, et les rendements en grande culture (céréales souvent pratiquées pour l’élevage) sont plus faibles qu’ailleurs, conditionnés par les risques de sécheresse d’été. Or, la taille moyenne des exploitations a moins augmenté ici que sur les plateaux de Bourgogne de l’Yonne. En Grande Montagne, particulièrement de Recey-sur-Ource à Auberive, les conditions climatiques, à plus de 400 voire plus de 500 mètres d’altitude, sont plus rigoureuses, les conditions agronomiques de production moins aisées, avec des sols minces et en pente plus représentés qu’ailleurs, ainsi qu’une part encore élevée des STH en fond de vallée (l’Ource, l’Aube). Les paysages apparaissent moins banalisés que sur le plateau de Bourgogne icaunais (hors zone viticole), par l’existence de dénivelés et d’ondulations dans la topographie, d’horizons moins larges, d’herbages, et la présence importante des forêts giboyeuses et, ceci, malgré la fermeture des paysages en maints endroits de la Grande Montagne. Ici, depuis longtemps, on mène une gestion prudente et économe de l’exploitation agricole car les résultats économiques par exploitation, par UTA et surtout par hectare de SAU, sont généralement plus faibles qu’ailleurs sur les plateaux. La maîtrise des coûts de production est, plus qu’ailleurs, à l’honneur. Les charges d’intrants, en francs par hectare de SAU, sont un tiers plus faibles que celles relevées sur les plateaux de Bourgogne de l’Yonne et elles restent peu différentes de ce qu’elles étaient en 1990, même si elles marquent une augmentation régulière depuis 1993. De même, les charges de mécanisation à l’hectare restent bien plus faibles que ce que l’on observe dans d’autres régions agricoles de plateaux, même si les revenus fixes apportés par la PAC de 1992, et fort bien venus ici, ont presque permis de rattraper un retard nettement marqué en 1990. Ici, le poids des CUMA est bien plus important que sur les plateaux de Bourgogne de l’Yonne, lié à la nécessité d’utiliser des types différents de matériel, en système mixte de production. Aussi, du fait de cette gestion très économe, les évolutions de revenus n’ont pas toujours été défavorables, par comparaison avec les autres régions de plateau. Parallèlement, le plateau de Langres haut-marnais a fait l’objet d’actions de développement collectives pour une agriculture respectueuse de l’environnement, maîtrisant de façon plus fine ses coûts de production (programme de gestion des fumures d’origine animale, de raisonnement de la fertilisation azotée) et réfléchissant à son développement durable (plan de développement durable du plateau de Langres, au milieu des années 1990). La définition récente de deux appellations AOC fromagères (Époisses et Langres), se superposant dans les cantons de Prauthoy et Auberive en Haute-Marne, et les CTE collectifs lait cru sur le plateau proposent une agriculture davantage territorialisée permettant de donner une image de terroir, d’environnement de qualité, susceptible d’entraîner des retombées touristiques, certes modestes, dans un milieu rural plutôt fragile. Dans cette région des plateaux où le poids de l’agriculture dans l’activité est nettement surreprésenté, la production d’externalités positives n’est pas un vain mot et, du point de vue des développeurs locaux (ADECAPLAN), il est inutile de se poser la question de l’articulation développement rural-développement agricole, tant elle doit aller de soi. Cependant, le type de fonctionnement décrit précédemment n’introduit au fond que des nuances dans un modèle de développement dominant, mais plus ou moins accentué, marqué par la consommation d’espace, mais dans lequel la pression sur le milieu (doses d’engrais de fond, fertilisation azotée) est moins forte que dans les régions agricoles de grande culture du centre du Bassin parisien. Malgré des efforts réels de développement local, rural et agricole, les interrelations et le fonctionnement horizontal, territorial, intégrant le modèle agricole, en réseau local, a du mal à se mettre en place sur les plateaux. Les projets de développement, quand ils existent, restent sectoriels et souvent cloisonnés. Pourtant, selon les développeurs locaux rencontrés sur les plateaux, la maturation vers des projets nouveaux, vers une dynamique collective doit nécessairement inclure la longue durée, par un travail en profondeur, à son propre rythme. Certains avancent qu’il faut du temps pour qu’une démarche comme celle des CTE entre réellement dans les mentalités : on le constate avec la montée en puissance des contractualisations CTE en 2002, après un démarrage timide.

4Pour l’agriculteur des plateaux, et par rapport à son modèle dominant de développement, la durabilité agricole reste liée essentiellement à ses perspectives économiques. Ce n’est pas lié à un désintérêt a priori vis-à-vis du développement local, mais à la nature du modèle de développement mis en place. Or, la conjoncture agricole de la fin des années 1990, la redéfinition des conditions de la PAC par l’Agenda 2000 et sa révision à mi-parcours en 2003, révèlent la dépendance très marquée de cet espace de production à des décisions politiques et économiques extérieures, en dehors de toute production fortement localisée et territorialisée, de toute production forte de valeur ajoutée locale, malgré quelques nuances. La baisse des cours mondiaux du colza à la fin des années 1990, le nivellement du paiement oléagineux sur celui des céréales par la réforme de la PAC de 2000 et la modulation des aides directes au revenu décidée par la France en 1999, principe confirmé par l’Union européenne en 2003 (accord de Luxembourg) les touchent en priorité. L’agriculteur risque de prendre de plus en plus ses décisions d’assolement en pariant sur l’évolution des cours des oléagineux : le risque d’extension des céréales est fort si les cours céréaliers s’orientent à la hausse. La monoculture sur blé (on pratique de plus en plus le blé sur blé) aurait des conséquences techniques et agronomiques négatives dans les sols superficiels. Cependant, le colza risque de garder sa place puisqu’il représente la seule tête d’assolement des plateaux et profite aujourd’hui d’une bonne maîtrise technique et de progrès potentiels de rendement. Les évolutions de conjoncture, positives ou négatives, peuvent être rapides et, récemment, la nécessité de trouver des alternatives à l’alimentation du bétail peut renforcer l’intérêt de cette production. Parallèlement, la modulation des aides directes (2000-2002) a concerné en priorité les plateaux, du fait du niveau élevé des aides compensatoires reçues depuis 1994. L’impact de la modulation est fort là où la part des SCOP est très élevée et où les exploitations sont grandes : cela correspond aux plateaux du sud-est du Bassin parisien, particulièrement les plateaux de Bourgogne de l’Yonne ainsi que le Châtillonnais. Cela traduit quand même la part importante des revenus fixes, par compensation, de ces exploitations depuis la PAC de 1992. Selon le CCER de Haute-Marne, 30 % des exploitations en grande culture du département sont touchées par la modulation, mais elles sont logiquement sur-représentées en Barrois et Petite Montagne.

5Il y a fort à parier que ces évolutions de la conjoncture agricole et des politiques réglementaires contribuent encore à renforcer la taille moyenne des exploitations, la tendance lourde du développement des plateaux se muant en fatalité de l’agrandissement. Pourtant, le passage à la PAC de 2000, puis 2003, doit se faire dans une situation de quasi-blocage foncier. Cependant, la règle du paiement unique par exploitation défini en 2003 (accord de Luxembourg) ne devrait pas remettre en cause à long terme cette longue tendance de développement agricole par consommation de foncier, d’autant plus que des droits à prime liés à la terre pourront s’échanger, se revendre et se louer. Le décalage entre les logiques de développement agricole et le développement rural, en l’absence de projet territorial fort autour de la production de valeur ajoutée locale, peut être encore accentué, au risque de produire des interactions négatives. Parallèlement, on risque d’aboutir, dans certains cas, à une forme de cloisonnement de l’espace agricole de production, entre ceux qui bénéficient d’une territorialisation forte à partir de productions labellisées, à haute valeur ajoutée, prédisposées à la multifonctionnalité, et les espaces producteurs de matières premières tentés d’accentuer la logique de « consommation de foncier ». Sur un même territoire, les plateaux de Bourgogne de l’Yonne, les deux systèmes, inégalement producteurs d aménités, fonctionnent selon leurs propres logiques, rarement convergentes, même si l’on doit admettre quelques nuances et la possibilité d’interrelations. À cet égard, l’évolution du Tonnerrois, bénéficiant d’une démarche de pays déjà bien avancée et d’une possibilité de développement multifonctionnel à partir de la viticulture en diversification chez les céréaliers, mérite d’être observée. Or, cette question de la durabilité suggère plusieurs interrogations. La première réflexion concerne le caractère ouvert et très subjectif de cette notion, puisqu’il n’existe pas de référentiel permettant de définir des indicateurs et des niveaux de durabilité1. Ainsi, le diagnostic de territoire rédigé à l’occasion de la définition de la charte du pays châtillonnais, affirme que « par ses productions diversifiées, reconnues pour leur qualité, c’est une agriculture durable et exemplaire qui maîtrise l’environnement2 » et « les paysages du Châtillonnais sont particulièrement préservés, les agriculteurs n’y sont pas étrangers3 ». Pourtant, nous avons montré, statistiques à l’appui, la forte spécialisation des systèmes de production, autour de quelques productions en système de grande culture ou système mixte. La simplification des paysages et leur banalisation en paysages mixtes de cultures et forêts est liée au schéma dominant de grandes structures, en quasi-monoproduction dans bien des secteurs ; cela traduit le surinvestissement des agriculteurs dans un paysage à dimension essentiellement productive. Cela ne remet pas en cause la réelle évolution des pratiques agricoles, de plus en plus « raisonnées » et le rôle économique fondamental des agriculteurs, dans un espace rural présentant des signes de vulnérabilité. Mais, le schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux4 évoque quant à lui plutôt un espace à faible potentiel d’accueil touristique, à faibles enjeux paysagers, à contribution faible, voire marginale, de l’agriculture « à la biodiversité dans les zones à enjeux patrimonial ». Le schéma de synthèse5 conclut à la faiblesse globale, voire à l’absence d’enjeux stratégiques, mis à part l’enjeu forestier du massif de Châtillon-sur-Seine. Deux perceptions très différentes de la durabilité sont donc ici en cause. Cependant, on peut considérer que le développement durable peut se concevoir plutôt comme une démarche très progressive, et évolutive6. La définition de la durabilité soulève également une autre question importante : celle de l’échelle à laquelle on envisage le territoire durable. Par rapport au modèle général d’ensemble, le développement durable, l’agriculture durable peuvent-ils admettre des espaces monofonctionnels et monoproducteurs de matières premières agricoles, contrebalancés par ailleurs par des espaces de loisirs et de nature, d’agriculture multifonctionnelle, à proximité ? En dernier lieu, comment définir une durabilité agricole locale dans un territoire rural et agricole dont l’évolution économique est sous la dépendance très forte et quasi exclusive de décisions politiques, administratives et économiques extérieures ?

Le modèle dominant de développement des plateaux du sud-est du Bassin parisien face à la PAC 92 et à l’Agenda 2000

Modèle dominant de développement des plateaux en grandes cultures

6- hyperspécialisation COP

7- forte consommation de foncier

8- faible densité d’actifs agricoles

9- revenus/UTA élevés et revenus/ha de SAU faibles

10- Augmentation de SAU/actif agricole

11- Diminution du nombre d’exploitations : baisse de la densité d’actifs agricoles

12- Simplification des pratiques culturales et des assolements

13- Hyperspécialisation COP

14- Maîtrise des coûts de production et intrants

15- Revenu direct garanti

Renforcement de la rigidité du système

16- logique agro-exportatrice, très peu territorialisée

17- paysages banalisés, très simplifiés

18- développement agriculture-développement rural peu articulé

Logique PAC 92 :

19- paiements compensatoires par SAU en COP

20- gel des terres

21- préretraite

22- MAE extensification (systèmes mixtes)

Notes de bas de page

1 J.-P. Billaud dir., L’expérience agri-environnementale française, Environnement et gestion des territoires, Paris, J.-P. Billaud Éditeur, MATE-CNRS-La Documentation française, 2002. Voir la deuxième partie : Échelle d’analyse et indicateurs, p. 109-188.

2 Charte du pays châtillonnais, Syndicat mixte du pays châtillonnais, juin 2002, op. cit., p. 38 (voir p. 81).

3 Ibid, (voir p. 82).

4 Schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux, contribution de la Bourgogne, préfecture de la région Bourgogne, direction régionale de l'environnement, DRAF, novembre 1999.

5 Ibid. Voir la carte page 47.

6 B. Briel et L. Vilain, Vers l’agriculture durable, op. cit., p. 193.

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