Conclusions
p. 331-344
Texte intégral
1Afin de défendre la cohésion nécessaire du corps social autour du prince à qui est confié le gouvernement, Christine de Pizan a tiré le meilleur parti d’une fable universellement connue, celle des membres et de l’estomac, dont elle s’inspire avec beaucoup d’à-propos dans son Livre du corps de policie (1407) :
Une fois sourdit une grant murmuracion entre le ventre du corps humain et les membres. Le ventre se plaignoit fort des membres et disoit qu’ilz pensoient mal de lui, et que ilz ne le tenoient mie assés aise ne si bien nourri come ilz deussent. Les membres d’aultre part se plaignoient fort du ventre et disoient qu’ilz estoient tous lassés d’ouvrer, et que tout quanque ilz povoient labourer, aler venir et travaillier, le ventre vouloit tout avoir et encore ne le povoient assouvir, pour laquele cause ne vouloient plus souffrir tele peine ne tel labeur, lequel ne souffisoit encore au ventre rasasier. Si cesseroient tous d’euvre et se gouvernast le ventre si comme il voulist. Si cesserent les membres d’euvre et le ventre plus ne fut nourri ; si commença a maigrir et les membres a deffaillir et a foiblir, et ainsi en despit l’un de l’autre, tout perit ensemble. Semblement avient quant le prince demande plus au peuple qu’il ne peut fournir et que peuple murmure contre prince et se rebelle par desobeissance ; tel discort perit tout ensemble. Et pour ce conclus que union d’acort est la conservacion de tout le dit corps de la policie1.
2L’histoire, présente dans toutes les cultures depuis les traditions de la plus ancienne Égypte, de la Grèce et de Rome jusqu’aux écrits de La Fontaine, servait ici la double intention de démontrer la nécessaire soumission du peuple à son chef et de dénoncer les dangers de la désobéissance. Les gouvernés, estimait Christine de Pizan, doivent servir leurs gouvernants qui assurent la subsistance de l’État, et les revendications individuelles être sacrifiées au profit du bien-être de la communauté. Toute la communauté politique doit partager l’adhésion à de tels principes et tendre vers un accord : cette fable, en quelque sorte, en récapitule et en illustre la nécessité.
3Dans le présent colloque, dont le projet était bâti sur l’ambivalence du gouvernement des communautés et des individus – les hommes d’une part, les âmes de l’autre –, beaucoup d’intervenants ont choisi, à la manière d’une Christine de Pizan, de porter leur attention sur ce gouvernement des hommes considérés en « corps de policie ». Ce faisant, ils nous ont introduits à un ensemble varié de sources qui se sont mises à parler à qui savait les questionner. Le premier apport de la rencontre se lit dans cette richesse documentaire – concentrée, il est vrai, dans l’espace de l’Europe occidentale au cours des derniers siècles du Moyen Âge, alors que s’affirment à la fois les gouvernements urbains et ceux des monarques et autres princes2.
4L’angle d’attaque a souvent été celui des outils et des techniques de gouvernement auxquels ont recouru les autorités urbaines et les pouvoirs princiers. La gestion contrôlée de l’argent public par le recours à l’écrit pragmatique, attestée dans bien des villes, a été examinée par Marco Conti à partir de l’exemple richement documenté de Bologne. Aussi dynamiques soient elles, ces pratiques administratives nouvelles ne détrônent pas les rituels anciens, toujours efficaces parce que performatifs. L’écrit, en ce cas, intervient au second plan et assure une autre mémoire, avec l’aide aussi des représentations figurées : Olivier Richard nous le démontre à partir du cas des villes de la vallée du Rhin supérieur, lors des prestations de serments qui demeurent, au xve siècle, le nécessaire instrument de consolidation du lien social fondé sur la fidélité, attendue de tous, à la ville. Dans les villes de l’État pontifical en Italie, observées par Jean-Baptiste Delzant, on constate tout autant l’imbrication de l’ancien et du nouveau, des instances communales et du gouvernement seigneurial, dans un système de gouvernement qui promeut le consentement du corps civique au pouvoir du seigneur et s’ingénie à manifester la concorde régnant entre eux. En contrepoint de ces démarches consensuelles d’intégration en une seule et même communauté solidaire se profile aussi l’exclusion : dans un contexte qui soumet les communautés au poids de la guerre, c’est à cela qu’aboutit le plus souvent le déploiement de procédures de contrôle des suspects et de mesures qui visent à assurer en ville la sécurité de tous. Julien Briand l’a observé pour nous dans la Champagne du xve siècle. Les gouvernements urbains empruntent, à cette fin, à des modes d’action qui ont déjà fait leurs preuves auparavant dans le gouvernement des hommes – ainsi, la procédure inquisitoire d’abord adoptée dans les tribunaux d’Église. Il leur arrive aussi de se risquer à la captation d’une pratique intrinsèquement liée au gouvernement des âmes, et devenue d’usage commun en vertu de la norme canonique : celle de la confession, dont ils tirent parfois avantage en instrumentalisant la règle du secret3.
5Les gouvernements princiers partagent ces moyens d’action. Ils se trouvent en outre davantage confrontés au défi plus spécifique de la maîtrise d’un territoire élargi. Rendre visible le pouvoir en action implique depuis toujours de circuler, ce que continuent à pratiquer d’abondance les maîtres de l’Empire normand et Plantagenêt suivis dans leurs déplacements par Fanny Madeline. Ils manifestent à cette occasion leur autorité dans ce qu’elle a de singulier, comme le leur permet la pratique de la chasse. Parmi les représentations spectaculaires du pouvoir en exercice figurent aussi naturellement les entrées solennelles des princes. Elles fournissent l’occasion de renforcer la perception sensible de ce pouvoir, par ailleurs orchestrée en dispensant par écrit concessions, privilèges et grâces, telles ces lettres de rémission distribuées par les ducs de Bourgogne, sur lesquelles s’est penché Rudi Beaulant. L’ouverture vers le Maghreb post-almohade proposée par Yassir Benhima vient par ailleurs attester le caractère récurrent, en tous lieux, de techniques intemporelles mises au service de la consolidation du pouvoir : ou bien celui qui en est le détenteur fait en sorte que sa présence en personne y contribue, ou bien sa parole, que l’on fait circuler, reçoit la fonction de l’incarner auprès de ses sujets.
6Dans les villes où ils fixent leur capitale, les souverains de l’Europe chrétienne peuvent espérer trouver parmi les ecclésiastiques les plus savants d’éventuels interlocuteurs, voire des appuis dans la construction de leur pouvoir. L’exemple du royaume de León dans lequel, au tournant des xiie et xiiie siècles, s’affirme dans toute son autorité intellectuelle Martin de León, au sein de la collégiale régulière de Saint-Isidore, conduit Amélie de Las Heras à s’interroger sur les modalités de l’engagement des chanoines : soutenir le gouvernement royal ou y participer ? Dans le système de gouvernement des princes en effet, comme d’ailleurs dans celui des prélats, leurs hommes de confiance sont très présents à leurs côtés. Ils assurent le plus souvent un relais, une présence des yeux et des oreilles, une vigilance de tous les instants. Celle-ci trouve aussi le moyen de se déployer dans les visites et les enquêtes. Plusieurs contributions en ont éclairé le processus, attesté en milieu laïc et ecclésiastique, soit à partir d’études de cas (Marie Dejoux, Élisabeth Lusset), soit en confrontant les deux pratiques (Thierry Pécout). À propos des enquêtes engagées par Louis IX en France, on peut d’ailleurs souligner qu’elles attestent le choix pragmatique, de la part du roi, de procéder à un quadrillage du territoire du royaume en vue de mieux le dominer. Plus discrète, la convivialité qu’entretiennent les banquets offerts par les officiers du prince aux élites urbaines permet à la fois le contrôle et la collaboration : Jean-Baptiste Santamaria constate que tous ces membres de la société politique locale à qui les lieutenants généraux de la nouvelle comtesse d’Artois s’adressent en 1361-1362, lors de son accession au pouvoir, comme à une société d’égaux, deviennent leurs interlocuteurs privilégiés dans un dialogue par lequel se traitent les affaires, non seulement avant ou après les repas, mais aussi au moment même où l’on mange tous ensemble « aux frais de la princesse ».
7Toutefois, il suffit d’élargir le champ d’investigation à la société tout entière pour que la réalité du dialogue, en théorie revendiquée, se brouille. L’amour réciproque entre le roi et son peuple paraît plus présent dans la rhétorique des préambules des actes des rois de France analysés par L. Scordia que dans leurs relations effectives. Loin d’être une relation en tous points conviviale et pacifique, ce « dialogue » n’est pas davantage uniforme, tant sont différenciées les composantes du corps social susceptibles de se manifester : clercs séculiers et clercs réguliers, moines, nobles et gens des villes, et même plus largement, pour reprendre le vocabulaire du roi Louis IX, tous les « honnêtes gens ». À Byzance, le charisme des moines se traduit par la place qui leur est dévolue dans le gouvernement des âmes et qui leur ouvre de ce fait le champ des influences dans le domaine du gouvernement des hommes, spécialement lors de la restauration de l’Empire par les Paléologues entre 1261 et 1341, constate Matthieu Parlier. Dans l’Occident latin, le rapport entre le souverain et les habitants des villes, si important soit-il, compte parfois moins que la montée en puissance d’autres forces politiques : ainsi en est-il, rappelle l’analyse d’Éloïse Adde-Vomáčka, en Bohême au début du xive siècle, alors que la noblesse impose résolument au roi affaibli le dualisme des pouvoirs, tandis que l’entrée en scène des villes devra encore attendre un siècle pour s’affirmer ici réellement. L’engagement politique des habitants des villes, précoce dans les communes de la péninsule italienne, est probablement acquis en d’autres lieux à la faveur d’une maturation qui s’est effectuée de manière souterraine. Du moins Michel Hébert est-il parvenu, en scrutant les procédures de désignation des représentants de la sénéchaussée d’Agenais à la grande assemblée de Tours de 1484, et en analysant les débats que la question a suscités, à reconnaître, dans ce milieu des gens des villes considéré à partir de l’exemple d’Agen, tout à la fois une conscience politique et une maturité de la culture politique, affleurant l’une et l’autre sur le tard, mais vraisemblablement construites déjà par les générations antérieures.
8Les moments de crise ou de tensions, on le sait, sont révélateurs. Il arrive que les mutations des modes de gouvernement imposées aux gouvernés bouleversent un paysage institutionnel dans lequel chacun auparavant se reconnaissait. C’est ce qui se produit dans l’Église latine du xiiie siècle, au moment où la conception nouvelle d’un souverain pontife placé à la tête d’une sorte de diocèse universel où les frères mendiants le secondent dans l’exercice de son gouvernement (celui des hommes et celui des âmes) n’a pas l’heur de plaire aux évêques et aux curés, tenants d’une territorialisation du gouvernement dans une chrétienté distribuée en diocèses et paroisses dont ils ont précisément la charge4. Dans un tout autre registre, qui a davantage retenu l’attention des intervenants, la pression fiscale suscite des résistances, tant elle atteint, au quotidien, les biens des sujets, plus sensibles à ces spoliations produites à leur encontre par un pouvoir trop avide qu’à la rhétorique légitimant l’impôt au nom d’actions en faveur du bien commun. La contestation en ce domaine s’entend en effet, que ce soit face au pouvoir royal dans les assemblées du clergé en France dont nous a entretenus Christine Barralis, ou aux ponctions épiscopales sur le budget des paroisses, sous la forme des procurations exigées lors des visites des diocèses. De ce point de vue, la question même des « prodigues », dissipateurs du patrimoine, abordée par Maud Ternon, apporte à sa manière un nouvel éclairage sur l’attachement puissant des individus et des familles aux biens privés. Le roi de France, au demeurant, s’en saisit habilement par le truchement de l’intervention de sa juridiction, mettant en scène de la sorte une des formes du bon gouvernement.
9D’un mot, on pourrait dire que l’orientation adoptée par prédilection dans cette rencontre aura été d’observer actions et réactions des gouvernants et des gouvernés dans l’Europe des derniers siècles du Moyen Âge. Le sujet proposé à la réflexion commune ne dispensait pas cependant, bien au contraire, d’observer aussi comment on parle du gouvernement, afin de mieux saisir, à la lecture des discours, la nature du pouvoir et ses représentations, expressions d’un imaginaire qui contribue à donner consistance à ce même pouvoir.
10Le champ d’observation est immense, à commencer par celui du vocabulaire, qui a pourtant été seulement effleuré du côté de l’Europe occidentale5. On apprécie d’autant plus les percées fructueuses conduites à partir de la langue arabe, du côté des terres de confession musulmane d’Occident (le Maghreb) et d’Orient (l’Iraq). En ce dernier cas, dans l’éventail diversifié des dénominations du prince (calife, amir, melk, sultan), le terme de sultan occupe au xe siècle une place de choix dont le sens et la portée ont été scrutés par Rémy Gareil. Inscrire la polysémie du mot dans un cadre chronologique précis lui permet d’y voir l’expression d’une évolution effective du pouvoir au cours d’un siècle où la dynastie des Bouyides s’affirme au détriment du califat abbasside. Dans le Maghreb mérinide, Yassir Benhima s’est attaché à l’étude des mots de l’itinérance appliqués aux déplacements du souverain : ils y gagnent en effet une charge symbolique particulière, qu’ils soient employés de manière isolée ou conjointe, pour nommer les déplacements du souverain et des lettrés en quête de savoir, ou les voyages du souverain jusqu’aux confins de son territoire, ou encore le séjour du souverain en un lieu, conférant à ce même lieu la valeur d’une capitale du pouvoir. À cela s’ajoute le langage imagé des premiers miroirs des princes arabes, initiant les futurs princes à l’exercice du pouvoir qui doit commencer par l’art de se gouverner soi-même. Ici, l’intéressante métaphore équestre de la monture que le cavalier doit savoir maîtriser, repérée par Syrine Snoussi, est à l’évidence la figure de la maîtrise de soi ; mais jusqu’à quel point ne glisse-t-elle pas aussi dans le champ de la représentation des rapports entre le prince et son peuple ?
11Cette figure, parmi d’autres, introduit au vaste domaine des métaphores, qui a rarement été abordé comme tel, mais qui affleure souvent, ici ou là, comme l’indice omniprésent d’un mode d’expression partagé dans toutes les cultures, d’une grande efficacité suggestive et mémorielle à la fois. Experte en la matière, Valentina Toneatto nous a justement rappelé à quel point les écrits des Pères de l’Église, occupés à tirer des saintes Écritures des modèles d’action pour le temps présent, mettent en exergue dès l’Antiquité chrétienne les deux figures du pasteur et du médecin qui fondent l’exercice d’un pouvoir de surveillance et de contrôle de la communauté : propre au gouvernement sacerdotal, un tel pouvoir sera plus tard aussi revendiqué par les réformateurs grégoriens et les tenants de la théocratie pontificale – tandis que la figure de l’économe, reconsidérée sous les traits de l’intendant de la parabole évangélique qui prend valeur de modèle dans sa gestion des biens qui lui sont confiés, continuera longtemps d’inspirer les exégètes médiévaux6. L’incursion bienvenue faite par Matthieu Parlier dans les préambules des actes écrits des premiers empereurs paléologues suggère pour sa part d’intéressantes variations. Elles sont portées par une culture elle aussi imprégnée d’exégèse biblique mais de manière distincte, puisque la référence analogique donnée à la parole de l’empereur n’est autre que le Logos divin, parole performative par excellence puisque Verbe créateur. Tandis que se développe ainsi dans l’Empire byzantin du xive siècle une rhétorique singulière de l’évocation du pouvoir impérial, le langage des Latins, lui, rapproche tenants du gouvernement des hommes et du gouvernement des âmes en des représentations communes, comme l’atteste l’usage banal des mots de la famille de cura pour le gouvernement royal comme pour celui des pasteurs de l’Église latine. Il pourrait être éclairant d’évaluer aussi les usages métaphoriques de gubernaculum (le gouvernail) et de gubernator (le capitaine du navire) dans le champ sémantique du « gouvernement ». Selon Richard de Saint-Victor, dans un sermon tout entier construit sur la métaphore de la mer du monde que chacun doit savoir traverser dans un bateau bien équipé, « le gouvernail signifie le discernement qui nous fait garder le cap droit devant nous, sans nous laisser séduire par la prospérité ni briser par l’adversité7 ». Le constat du chanoine s’applique ici au gouvernement de soi, mais le discernement qu’il recommande n’est autre que l’expression concrète de la vertu de prudence, vertu cardinale de la vie active, et tout à la fois vertu politique par excellence8.
12Quant à la communauté que forment ensemble gouvernants et gouvernés, il est probable que la métaphore la plus banale qui la figure soit celle du corps social décrit à l’image du corps humain, celle-là même dont se saisit Christine de Pizan dans sa réflexion politique. Elle aussi héritée du Nouveau Testament et plus précisément des épîtres de saint Paul, on sait bien à quel point elle a inspiré les représentations culturelles les plus usuelles des communautés organisées, et comment elle a été fortement exploitée dans l’espace de la latinité, à la mesure de l’audience du Policraticus de Jean de Salisbury dans la culture politique propre à cet espace. Il ne faudrait pas négliger pour autant d’autres métaphores sur lesquelles l’enquête demeure encore à poursuivre. Il en est ainsi de l’image de la famille, qui s’est d’abord imposée dans les communautés monastiques réunies sous la férule d’un « père » (abba/abbas)9. L’idée d’un gouvernement maternel, attestée en France, ou la représentation des relations entre les membres d’une communauté sous l’espèce de la fraternité, et la figure de la relation entre le roi et son peuple en termes d’amor naturalis dans les préambules des rois de France inviteraient à regarder de plus près comment se construit l’ensemble de ce lexique et en quoi il vient soutenir les pratiques politiques du gouvernement des hommes.
13Les notions d’harmonie, de consensus, que la métaphore du corps social aide à l’évidence à figurer et à mémoriser, vont de pair avec la construction d’un autre lexique, où dominent quelques termes clés susceptibles de récapituler les valeurs communes attachées au bon gouvernement. Ce sont le bien commun, la concorde, la justice et la paix, revendiqués au moins comme un horizon d’attente. Énoncés, entre autres, dans les préambules des actes de pouvoir, ils sont aussi présents de manière capillaire dans toute la littérature traitant du bon gouvernement. Il n’est pas surprenant d’en retrouver fréquemment la mention dans les actes de ce colloque. Mais en quelle langue tout cela était-il exprimé ? De manière majoritaire en latin, dans l’Europe qui en a hérité et continue à le faire vivre, ou tout autant, pour ce même espace, dans les langues vernaculaires dont la percée dans la culture écrite s’affirme à partir du xiie siècle ? Parvenir au plein succès d’un dialogue entre gouvernants et gouvernés impliquait de parler la même langue, ce que la documentation écrite conservée n’a pas toujours enregistré. Il importe, du moins, d’identifier, partout où cela est possible, à côté de la langue des traités savants et des actes solennels de gouvernement, le langage des gouvernés. Même quand il se limite aux gestes et aux mots de la contestation, il préserve la trace de débats et d’attitudes subversives qui méritent considération tout autant que les modalités de construction du consentement. Certains écarts de langage par rapport à l’expression policée de l’harmonie donnent au demeurant un écho savoureux des tensions qui y sont suggérées : ainsi, la réflexion ironique, notée par Fanny Madeline, d’un Pierre de Blois voyant au xiie siècle dans les courtisans qui servent le roi d’Angleterre dans ses incessants déplacements des « martyrs du siècle » – sans oublier les transferts qui s’opèrent du langage des mots au langage des actes : ainsi, l’absence délibérée aux réunions ou le refus de s’acquitter de l’impôt.
14Le vrai défi du thème proposé, cependant, consistait à nouer ensemble dans la réflexion le double enjeu du gouvernement des hommes et du gouvernement des âmes. Or, même en se limitant au registre concret de l’action « pastorale » des gens d’Église, ce « gouvernement des âmes » s’est trouvé très en retrait, pour ne pas dire négligé par la plupart des contributions à cette rencontre : sans doute du fait du tropisme qu’exerce l’usage actuel du mot « gouvernement », dans un sens très restrictif ; sans doute aussi parce que les travaux d’une telle rencontre se veulent le reflet de recherches en cours, dans une communauté d’enseignants chercheurs où les préoccupations immédiates ont migré au cours des dernières années de l’histoire des institutions et de la vie religieuses à celle des représentations culturelles véhiculées par le discours, tandis que le champ large du politique mobilisait aussi davantage les équipes de recherche et focalisait plus fortement les intérêts. Il reste regrettable, cependant, de n’avoir pas considéré davantage, au moins de manière transversale, soit les croisements qui ont pu s’opérer entre les sphères du religieux et du politique dans la pratique des gens d’Église – en particulier dans le champ de la pénitence (la confession, les péchés réservés dont l’examen revient à la pénitencerie apostolique entre autres) – et dans la pratique des maîtres du pouvoir en général, soit les écarts susceptibles d’apparaître entre communautés relevant de cultures religieuses différentes, qu’il s’agisse des Églises orientales au regard de l’Église latine ou de pratiques attestées en monde chrétien ou en monde musulman.
15Dans les espaces considérés, il est certain que la réflexion théologique et l’élaboration de la norme du droit ont constitué l’arrière-plan et le terreau de ces pratiques, au même titre que l’expérience pragmatique et que la culture philosophique, par l’impact des notions qu’elles forgeaient et qui atteignaient, par les multiples relais de la communication sociale et politique, le quotidien de tous. Sans prétendre restituer un paysage d’emblée suggéré par les perspectives que dessine avec vigueur l’introduction à ce volume, mais qui n’apparaît plus ensuite qu’en filigrane et de manière discontinue, on doit au moins souligner la forte imbrication des données politiques et religieuses présentes au soubassement de toutes les formes de gouvernement exercées au Moyen Âge.
16En limitant le champ d’observation à l’espace de la latinité, deux moments chronologiques me semblent devoir être mis en évidence. D’une part, pendant le haut Moyen Âge, alors que le soin des âmes est une responsabilité assignée aux clercs, la réalité de leur action est difficile à percevoir, même dans le cas d’un Raban Maur dont les écrits relatifs à la prédication, parcourus par Caroline Chevalier-Royet, sont pourtant relativement nombreux. Ces clercs sont du moins étroitement associés à l’exercice du pouvoir royal ou impérial, lui-même construit sur la conscience d’une responsabilité du souverain au regard du salut du peuple qui lui est confié. D’autre part, au xiiie siècle, le tournant pastoral majeur qui se dessine et prend toute son ampleur sous l’impulsion du pape Innocent III, par le jeu de la législation du concile de Latran IV, se fonde sur une nouvelle loi, établie sur une base scripturaire forte, et étendue à l’ensemble de la chrétienté. L’autorité des clercs s’y trouve fortement établie par l’instauration de la confession annuelle au propre prêtre, qui ouvre la voie au gouvernement des consciences, surtout exercé par les frères mendiants lorsque cette confession devient une pratique de dévotion plus que le respect d’une règle minimale imposée à tous les fidèles ayant atteint l’âge de discrétion. Le gouvernement de soi retire, quant à lui, un nouvel aliment des enseignements des prédicateurs, de plus en plus clairement orientés vers la promotion d’une morale qui ne se définit pas seulement en fonction de Dieu et de soi-même, mais aussi du prochain, et s’inscrit dans la perspective d’une action en faveur du bien commun10. Les dangers des péchés de la langue sont plus fermement dénoncés qu’autrefois, au point qu’ils ont failli faire surgir à leur source un huitième vice capital dans la liste jusqu’alors reçue11 … C’est que précisément ils perturbent l’harmonie du corps social : la détraction, notamment, aux antipodes de la caritas, détruit la réputation d’autrui. L’enseignement porte aussi, avec insistance, sur les vertus cardinales, qui sont celles de la vie active par excellence12. Si elles concernent tout le corps social, elles sont spécialement recommandées aux gouvernants, la première d’entre elles étant alors la justice, comme l’attestent les sermons construits sur le verset de Sg I, 1 : Diligite iustitiam vos qui iudicatis terram13.
17Gouvernement de soi et gouvernement des hommes se trouvent en réalité en interdépendance étroite, comme on peut le constater dans les fines analyses de Marie Dejoux à propos de Saint Louis. Les enquêtes de « réparation » qu’il lance entre 1247 et 1270 obéissent à un mouvement personnel qui relève d’un processus pénitentiel de réparation des torts faits, et qui manifeste les effets sur lui de l’enseignement moral des frères mendiants. C’est bien une démarche réfléchie du gouvernement de soi, orientée vers le salut personnel du roi, qui est à l’œuvre dans cet acte public de l’enquête, mais un tel « gouvernement rédempteur » est aussi pleinement mis au service du gouvernement des hommes et du royaume. Pareille démarche est aussi emblématique de la place de l’éthique dans le champ des pratiques de gouvernement, même si les déclinaisons en sont variées d’un milieu à l’autre et d’un moment à l’autre, et même si la circulation des modèles de comportement aboutit à l’invention de formes renouvelées par rapport à celles promues à partir du xiiie siècle dans la prédication des mendiants, telle l’honestas mise en valeur par Pascal Vuillemin dans son étude des « ordonnances criminelles » promulguées en 1469 par le patriarche de Venise Maffeo Girardi. De ce point de vue, une histoire des usages et des sens du mot caritas reste à entreprendre, en élargissant le champ d’observation bien au-delà de la rhétorique des préambules d’actes de chancellerie examinés par Lydwine Scordia.
18Ces pistes ouvertes, qu’elles aient été empruntées avec efficacité par les contributions à ce colloque ou qu’elles surgissent en contrepoint d’un bouquet de travaux nécessairement sélectif et, de ce fait, à certains égards lacunaire, valent surtout par la conviction sous-jacente qu’on ne peut, sans risque de simplification voire d’erreur de perspective, parcourir l’histoire du gouvernement des hommes au Moyen Âge sans envisager dans un même mouvement les impératifs du gouvernement des âmes. Certes, le développement des pouvoirs monarchiques et des gouvernements urbains, appuyés sur l’exercice concret de l’autorité et nourris de référents culturels où revient en force le droit romain à partir du xiie siècle, instaure en bien des cas, au regard de préoccupations strictement religieuses, une distance et une autonomie des fins et des moyens, tandis que la préoccupation cléricale du regimen animarum, fortement revitalisée à partir du xiie siècle aussi, consolide cette tendance en distribuant plus nettement les responsabilités en matière de gouvernement des hommes et de gouvernement des âmes. Cependant, la référence partout présente à la pensée d’Augustin entretient aussi durablement dans toute la latinité chrétienne la conscience qu’il n’est pas de cité des hommes que l’on puisse isoler de la cité de Dieu. La place éminente ménagée dans la culture de l’Orient chrétien à l’économie divine et à ses desseins mystérieux, mais omniprésents, induit une semblable imbrication du gouvernement des hommes et du gouvernement des âmes. Et même si la référence aux âmes est moins soutenue dans les considérations inspirées aux hommes de gouvernement par la religion musulmane14, l’inscription de la religion dans l’espace et dans la structure de la cité qu’elle configure très largement y est au moins aussi essentielle qu’en monde chrétien, voire encore plus absolue, dans un univers socio-culturel qui, le plus souvent, ignore le clergé, mais pour autant n’est guère enclin à percevoir les valeurs qui conduiront l’Occident chrétien à forger le concept de la laïcité.
19Après avoir souligné la force des images mentales communément présentes dans le langage des mots, il me reste à exprimer le souhait que le langage des représentations figurées prenne aussi plus résolument sa place dans la réflexion ouverte par nos travaux. Construit selon des règles propres, il participe puissamment à la communication, nourrit l’imaginaire et s’impose vivement à la mémoire. Lorsque Blanche de Castille fait exécuter pour son jeune fils la Bible moralisée dont les médaillons en colonnes, page après page, captent le regard bien plus immédiatement que les extraits de l’Écriture qui leur sont juxtaposés, assortis de leurs commentaires, quelle éducation du prince chrétien s’y déploie, en contrepoint de la littérature des Miroirs15 ? Quand les représentations picturales des Thébaïdes, qui mettent en images la vie érémitique des Pères du désert, surgissent dans la Toscane du premier xve siècle, la fascination qu’elles exercent nourrit-elle seulement la vie spirituelle des âmes, en parfaite cohérence avec la pastorale des frères mendiants, ou est-elle le révélateur d’un changement de regard de toute la société sur elle-même, y compris de la société politique à la tête de laquelle les Médicis comptent parmi les premiers amateurs de ces tableaux, présents à la fois dans leur palais de Florence et dans l’une de leurs villas à la campagne16 ? Ces compositions narratives et symboliques, pétries de culture chrétienne comme l’est aussi la Bible moralisée réalisée pour Saint Louis, mais suscitées par les attentes nouvelles de la société tout entière qui les a vues naître, ont encore beaucoup à nous apprendre. Ne faut-il pas d’ailleurs sans cesse ouvrir le champ, et approfondir les analyses de ce que nous croyions bien connaître ? Que dire, par exemple, de la fresque du Bon Gouvernement dans le palais communal de Sienne, cette œuvre magistrale d’Ambrogio Lorenzetti qui a gagné au fil du temps une stature de véritable icône, symbolisant l’âge des communes ? La plus fameuse parmi les peintures politiques de la fin du Moyen Âge en Italie nous paraît désormais scrutée avec une précision et une minutie qui en ont débusqué toute la richesse, qu’il s’agisse des sources d’inspiration du peintre ou de l’interprétation de son œuvre17. Pourtant, la forme et le sens de la fresque viennent de faire l’objet d’une analyse très serrée de Rosa Maria Dessì et d’une nouvelle hypothèse de lecture. Du constat, solidement étayé par ses patientes recherches, que la pratique des palimpsestes et des repeints est courante dans les représentations picturales au début du Trecento, et de l’examen attentif du contexte immédiat de la production de cette fresque, elle déduit le déplacement possible de la lecture, du plan de l’allégorie politique à celui des conjonctures siennoises des années 1338-1339. L’image célèbre du Vieillard en majesté pourrait bien dissimuler à nos yeux celle du jeune prince Charles de Calabre – le fils du roi Robert d’Anjou, devenu seigneur de Florence entre 1326 et 1328 – et la fresque dans son entier, faire mémoire d’une pacification entre deux familles siennoises attestée par ailleurs en 1326. On aurait alors affaire à « un transfert d’autorité, de l’image d’un prince angevin peint en pacificateur des Siennois à celle d’une ville sibi princeps et qui se gouverne dans la libertas18 ».
20De telles peintures en tout cas, destinées à la communication politique et saturées de citations qui empruntent à la fois à l’Antiquité gréco-romaine et à la culture chrétienne, n’ont sans doute pas encore livré tous leurs secrets. La mise en évidence de l’habitude répandue de transformer des œuvres peintes, par des retouches et des repeints qui en modifient le message, nous permet au moins de déduire que les médiévaux ont partagé avec nous la reconnaissance de la force de persuasion de telles images. Voilà qui nous encourage d’autant plus à prendre en considération toute cette production, inscrite dans une histoire aussi vivante que celle des textes qui nous est plus spontanément familière.
Notes de bas de page
1 Christine de Pizan, Le livre du corps de policie, éd. R. Lucas, Genève, 1967, cité par L. Harf-Lancner, « Les Membres et l’Estomac : la fable et son interprétation politique au Moyen Âge », dans Penser le pouvoir au Moyen Âge ( viiie-xve siècle). Études offertes à Françoise Autrand, éd. D. Boutet et J. Verger, Paris, 2000, p. 111-126, ici p. 124-125.
2 Le plus précoce d’entre eux, celui de la papauté, n’est malheureusement pas pris en considération dans la version finale des actes. Il est pourtant l’un des lieux d’observation les plus pertinents sur l’imbrication des deux types de gouvernement.
3 Sur cette règle et la complexité de sa mise en œuvre, voir J. Chiffoleau, « “Ecclesia de occultis non iudicat” ? L’Église, le secret, l’occulte du xiie au xve siècle », Micrologus, 14 (2006) [Il Segreto / The Secret], p. 359-481.
4 Yves Congar l’a remarquablement démontré dans un article toujours essentiel : Y. Congar, « Aspects ecclésiologiques de la querelle entre mendiants et séculiers dans la seconde moitié du xiiie siècle et au début du xive siècle », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 28 (1961), p. 35-151.
5 Il est pourtant riche, comme l’atteste l’enquête de Michel Senellart, Les arts de gouverner. Du regimen médiéval au concept de gouvernement, Paris, Seuil, 1995, dont l’information peut être encore enrichie par le dépouillement des fichiers du Nouveau Du Cange (IRHT, section de lexicographie, quai Conti). Je remercie Renaud Alexandre, ingénieur de recherche dans la section, de m’avoir aidée à faire des sondages dans ces fichiers.
6 Voir E. Bain, Église, richesse et pauvreté dans l’Occident médiéval. L’exégèse des Évangiles aux xiie et xiiie siècles, Turnhout, 2014, en part. p. 230-252.
7 Gubernaculum quo navis dirigitur significat discretionem que nos in directum ducit, ne vel a dextris dissolvamur per prospera, vel a sinistris frangamur per adversa : Richard de Saint-Victor, Liber exceptionum, éd. J. Châtillon, Paris, 1958, l. X, cap. IV, p. 384, l. 36-38.
8 P. Pellegrin, « Prudence », dans Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, éd. M. Canto-Sperber, Paris, 1996, vol. 2, p. 1560-1566.
9 Ludovic Viallet a engagé des recherches sur les renouvellements de ces usages au sein des ordres religieux, en particulier dans le contexte de l’observance chez les franciscains de la fin du Moyen Âge. Voir aussi G. Agamben, De la très haute pauvreté. Règles et formes de vie (Homo sacer IV/1), Paris, 2013.
10 Parmi les nombreux travaux portant sur ces enseignements des prédicateurs : Predicazione e società nel Medioevo : riflessione etica, valori e modelli di comportamento / Preaching and Society in the Middle Ages : Ethics, Values and Social Behaviour, Padoue, 2002 ; Prêcher la paix et discipliner la société. Italie, France, Angleterre ( xiiie-xve siècles), éd. R. M. Dessì, Turnhout, 2005 ; Preaching and Political Society from Late Antiquity to the End of the Middle Ages, éd. F. Morenzoni, Turhout, 2013.
11 C. Casagrande et S. Vecchio, Les péchés de la langue. Discipline et éthique de la parole dans la culture médiévale, Paris, 1991 (trad. de l’italien).
12 Ces quatre vertus sont la prudence, la justice, la force et la tempérance. Sur l’héritage grécolatin : R. Grégoire, Manuale di agiologia. Introduzione alla letteratura agiografica, Fabriano, 1987, p. 87 et 102. Sur un exemple d’usage dans le contexte de l’éducation du prince : C. Vilandrau-Billot, « Charlemagne and the Young Prince : A Didactic Poem on the Cardinal Virtues by Giles of Paris (c. 1200) » dans Virtues and Ethics in the xiith century, Leyde, 2005, p. 341-354.
13 R. M. Dessì, « “Diligite iustitiam vos qui iudicatis terram” (Sagesse I, 1). Sermons et discours sur la justice dans l’Italie urbaine (xiiie-xve siècle) », Rivista internazionale di Diritto Comune, 18 (2007), p. 197-230.
14 Voir « Nafs » (âme), dans J. et D. Sourdel, Dictionnaire historique de I’Islam, Paris, 1996, p. 611-612.
15 De nombreux travaux ont été consacrés à la Bible moralisée. Voir en dernier lieu, et dans la perspective de ce colloque, Fr. Boespflug, « La dénonciation des clercs luxurieux dans la Bible moralisée à la lumière de la “Bible de Saint Louis” (v. 1230) » Revue Mabillon, nouvelle série, 25, 86 (2014), p. 135-163, suivi de : J. Théry, « Luxure cléricale, gouvernement de l’Église et royauté capétienne au temps de la “Bible de Saint Louis”. Apostilles à l’article de François Boespflug », Ibid., p. 165-194.
16 Voir A. Malquori, Il giardino dell’anima. Ascesi e propaganda nelle Tebaidi fiorentine del Quattrocento, Florence, 2012 ; Atlante delle Tebaidi e dei temi figurativi, éd. A. Malquori, M. Di Giorgi et L. Fenelli, Florence, 2014 ; recensions de ces ouvrages dans Revue Mabillon, 25 (2014) (Fr. Dolbeau) et 26 (2015) (C. Caby).
17 En amont de l’essai de Patrick Boucheron, Conjurer la peur. Essai sur la force politique des images, Paris, Seuil, 2013, il importe de consulter, dans la perspective qui nous occupe : Ch. Frugoni, A Distant City. Images of Urban Experience in the Medieval World (trad. enrichie de Una lontana città. Sentimenti e immagini nel Medioevo, Turin, 1983), Princeton, 1991 ; M. M. Donato, « Il princeps, il giudice, il “sindacho” e la città : novità su Ambrogio Lorenzetti nel Palazzo Pubblico di Siena », dans « Imago urbis ». L’immagine della città nella storia d’Italia, éd. F. Bocchio et R. Smurra, Rome, 2003, p. 389-407 et « “Quando i contrari son posti da presso…”. Breve itinerario intorno al buon Governo, tra Siena e Firenze », dans ll buono e il cattivo governo. Rappresentazioni nelle arti del Medioevo al Novecento, Venise, 2004, p. 21-43 ; R. M. Dessì, « L’invention du Bon Gouvernement : pour une histoire des anachronismes dans les fresques d’Ambrogio Lorenzetti », Bibliothèque de l’École des chartes, 165/2 (2007), p. 453-504 ; Ead., « Il bene comune nella communicazione verbale e visiva. Indagini sugli affreschi del Buon Governo », dans Il bene comune : forme di governo e gerarchie sociali nel basso medioevo, XLVIII Convegno storico internazionale, Todi, 2011, Spolète, 2012, p. 89-130.
18 Ead., Les spectres du « Bon Gouvernement » d’Ambrogio Lorenzetti. Artistes et communes au temps de la seigneurie de Robert d’Anjou et de Charles de Calabre en Toscane, mémoire d’HDR, Université Paul-Valéry Montpellier 3, 2015.
Auteur
Université Lumière – Lyon 2
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