Un légat en voyage : le cardinal de Florence (1596-1598)
p. 605-620
Texte intégral
1Dans le consistoire du 3 avril 1596, le cardinal Alexandre de Médicis, archevêque de Florence, dit « le cardinal de Florence », était nommé par le pape Clément VIII légat a latere en France, et le 10 mai suivant il recevait du souverain pontife, également en consistoire, la croix, insigne de sa dignité. La mission confiée par le pape à son légat était triple. Alexandre de Médicis devait tout d’abord faire ratifier par Henri IV l’acte de son absolution. Le roi de France, après avoir abjuré le protestantisme à Saint-Denis le 25 juillet 1593, avait obtenu de Clément VIII, le 17 septembre 1595, la levée des censures portées contre lui dix ans plus tôt par Sixte Quint, et l’envoi d’un légat manifestait de façon éclatante sa réconciliation avec le Saint-Siège et la reprise des relations diplomatiques entre le roi Très Chrétien et la papauté. Le cardinal devait aussi réorganiser l’Église de France, meurtrie et divisée par trente années de guerres civiles et religieuses. Il devait enfin interposer la médiation pontificale pour rétablir la paix entre Henri IV et Philippe II d’Espagne, en guerre depuis janvier 1595, et unir les deux couronnes dans une croisade contre le Turc1.
2L’histoire de la légation du cardinal de Florence est bien connue. Parti de Rome le 11 mai 1596, Alexandre de Médicis traversa dans la première partie de son voyage plusieurs principautés italiennes ; franchissant ensuite les Alpes au col du Mont-Genèvre, il entra en France par le Dauphiné, fit une entrée solennelle à Lyon, puis se dirigea vers Paris par Roanne, Moulins et Nevers. Le 16 juillet, il arrivait enfin à Montlhéry. C’est là que, trois jours plus tard, Henri IV en personne vint l’accueillir : événement exceptionnel, car la tradition gallicane s’opposait à ce qu’un roi de France vînt au-devant d’un légat. Le dimanche 21 juillet, le cardinal fit son entrée solennelle dans Paris, et le 1er août, il fut reçu, officiellement cette fois, en audience par le roi, au château de Saint-Maur. Le 19 septembre, le roi, aux Tuileries, apposa sa signature au bas de l’acte qui scellait son retour dans le giron de l’Église catholique. Le légat passa ensuite plus d’un an dans la capitale, n’interrompant son séjour, de décembre 1596 à février 1597, que par un voyage à Rouen où se trouvait la cour à l’occasion de la tenue d’une assemblée de notables. Pendant cette période, il se consacra principalement à ses tâches pastorales (réceptions d’abjurations de protestants, messes solennelles et autres manifestations publiques de dévotion, jubilés, processions, etc.). Puis il partit en octobre 1597 pour la Picardie où devaient se dérouler les négociations franco-espagnoles. Celles-ci aboutirent à la signature du traité de Vervins, le 2 mai 15982. De retour à Paris en juin, le cardinal reprit le chemin de l’Italie au début de septembre et le 10 novembre, il rejoignait le pape et la cour pontificale à Ferrare.
3Ainsi s’achevait l’une des plus grandes légations du XVIe siècle, importante non seulement par ses enjeux politiques et diplomatiques, mais aussi par sa durée et son faste. La légation du cardinal de Florence est l’une des plus longues qui se soient déroulées en France depuis la fin des légats nationaux permanents en 1535 : entre son départ de Rome et son retour à Ferrare, il s’était écoulé deux ans et demi, une durée qui n’avait été atteinte, peu d’années auparavant, que par le cardinal Filippo Sega (1592-1594)3. Le cardinal était d’autre part accompagné d’une suite nombreuse comprenant, selon l’usage, des dignitaires (évêques, prélats, gentilshommes) et une domesticité (famiglia) pléthorique, l’ensemble formant une véritable petite cour. L’emploi de ce terme, qui revient souvent dans les documents, est d’autant plus justifié que le légat, représentant la personne même du pape et exerçant en son nom d’importants pouvoirs de juridiction, était considéré comme un chef d’État et recevait partout sur son passage les honneurs réservés aux souverains. En quittant Rome en mai 1596, Alexandre de Médicis emmenait avec lui deux cents personnes4, un peu moins que le cardinal Caetani, l’un de ses précédesseurs immédiats5. Mais au cours de son voyage, il reçut à plusieurs reprises le renfort d’escortes chargées d’assurer sa sécurité. Lors de son entrée dans Lyon, le 25 juin 1596, il était accompagné de quelque 280 personnes, 145 chevaux et 44 chariots à bagages6. Deux ans et demi plus tard, lors du passage des Alpes au Simplon sur le chemin du retour, l’historiographe de la légation dénombrera environ 300 personnes, 140 chevaux et 84 chariots7.
4Le déplacement d’un si grand nombre de personnes supposait une organisation logistique perfectionnée : c’est une petite armée qu’il a fallu, pendant trente mois, loger et nourrir chaque jour. Bien que les effectifs ne soient pas comparables, les problèmes posés étaient de même nature que ceux qu’a dû résoudre la cour de France pendant son grand tour du royaume sous Charles IX, de 1564 à 1566, expédition qui a mis sur les routes pendant plus de deux ans plusieurs milliers de personnes8. Ces aspects de la vie quotidienne de la légation pendant ses pérégrinations peuvent être étudiés pour l’essentiel grâce au récit que nous a laissé l’un des familiers du cardinal, Francesco Gregorii da Terni9. Il ne s’agit pas d’un journal, d’un diario tenu au jour le jour, mais d’un texte rédigé tout d’une traite, une relazione, qui, comme l’a montré Marc Smith, relève d’un genre particulier propre aux voyages des légats et des cardinaux10. La rédaction est entièrement postérieure aux faits ; la lettre d’hommage de l’auteur à son cardinal, copiée en tête du manuscrit, est du reste datée du 14 novembre 1599, plus d’un an après la fin de la légation. Toutefois, le récit est d’une précision telle qu’il ne peut avoir été composé qu’à l’aide de notes prises au cours du voyage.
L’itinéraire
5Si pour les mois passés à Paris ne sont relatés – outre une longue description de la capitale publiée en 1885 par G. Raynaud11 – que les événements importants, à l’exclusion ou presque de tout renseignement sur la vie quotidienne du légat et de sa maison, en revanche le texte nous livre de nombreux détails sur ses quatre grands déplacements : son voyage d’aller, de Rome à Paris (mai-juillet 1596) ; son voyage et son séjour à Rouen (décembre 1596-février 1597) ; son voyage en Picardie et ses séjours à Saint-Quentin puis à Vervins (octobre 1597-juin 1598) ; enfin son retour en Italie, de Fontainebleau à Ferrare (septembre-novembre 1598). Jour après jour, le chroniqueur note les localités traversées, les péripéties du voyage, avec ses aléas et ses contretemps, les cérémonies publiques civiles et religieuses, les personnalités rencontrées, les conditions d’hébergement. Dans cet itinéraire si précis, on ne relève guère qu’une erreur manifeste : à la même journée du vendredi 17 mai 1596, Gregorii attribue deux étapes successives : celles qui mènent le légat de Sienne à Poggibonsi et de Poggibonsi à Florence. L’examen critique des étapes précédentes et suivantes ne laisse guère place qu’à une explication : le légat a dû arriver à Florence non pas le 17 mais le samedi 18 mai. La suite de l’itinéraire se déroule de façon parfaitement cohérente, et ne présente plus la moindre faille. On peut donc calculer, jour après jour, les distances parcourues12.
6La simple lecture de l’itinéraire du légat (publié en annexe13) montre d’une part que ce dernier n’a pas toujours emprunté le chemin le plus court, et d’autre part qu’il s’est déplacé avec lenteur, puisqu’il lui a fallu deux mois et demi à l’aller pour venir de Rome à Paris et presque autant au retour pour rejoindre la cour pontificale à Ferrare. Même si ce double constat peut être fait également à propos d’autres légations, quelques explications n’en sont pas moins nécessaires.
7On notera tout d’abord qu’à l’aller comme au retour le cardinal de Florence a choisi la voie de terre : il lui a ainsi fallu près d’un mois et demi, au printemps 1596, pour parvenir à Lyon. Il aurait gagné un temps considérable en prenant la voie maritime : en 1556, le légat Carafa, quittant Rome le 19 mai, avait débarqué à Marseille le 27 du même mois et, remontant la vallée du Rhône, était arrivé à Lyon le 4 juin, seize jours après son départ14. Si, comme ses prédécesseurs immédiats, Alexandre de Médicis a préféré remonter la péninsule à l’aller puis franchir à nouveau les Alpes au retour sans avoir égard aux longs délais et aux fatigues du voyage, c’est probablement pour des considérations d’ordre politique : il a pu ainsi visiter les principales cours d’Italie centrale et septentrionale15. À ces motifs diplomatiques s’ajoutaient sans doute des raisons financières. En effet, dans tous les États traversés, les frais de voyage et de séjour du légat et de sa suite étaient entièrement pris en charge par les princes, qui le faisaient en outre escorter sur leur territoire, alors que l’affrètement d’une galère aurait coûté fort cher. Le choix d’un trajet terrestre en lui-même ne favorisait pas la rapidité, car les convenances exigeaient que le légat s’arrêtât quelques heures, voire quelques jours, dans les capitales traversées. En outre, représentant personnel du pape et dispensateur des grâces pontificales, il devait multiplier les occasions de se montrer au peuple, permettre à celui-ci de l’approcher. Aussi s’est-il souvent attardé dans les villes pour célébrer de grandes fêtes religieuses ou pour visiter des sanctuaires réputés. Mais d’autres facteurs, indépendants de sa volonté, l’ont obligé à modifier son itinéraire. Arrivé au pas de Suse, le 10 juin 1596, il dut ainsi renoncer à poursuivre par le col du Mont-Cenis et Chambéry comme il l’avait prévu, car il apprit que cette ville était touchée par une épidémie de peste. Il ne put donc passer par la Savoie et prit, plus au sud, par le col du Mont-Genèvre, la route du Dauphiné, qui présentait un double inconvénient : c’était un détour considérable, et cette province était « infestée d’hérétiques » (à Corps, le 17 juin 1596, le légat ne put même pas célébrer la messe, la population étant entièrement protestante). Il la parcourut sous la protection de deux compagnies d’hommes d’armes, l’une dépêchée par le lieutenant général huguenot Lesdiguières et l’autre par le duc de Savoie, collaboration favorisée par la trêve qui était alors en vigueur entre les deux adversaires. Ce crochet par le Dauphiné eut un effet imprévu. L’accueil fait au légat par la population de Grenoble fut enthousiaste ; Gregorii attribue non sans raison l’affluence exceptionnelle dont il fut témoin au fait que la ville n’avait pas vu passer de légat depuis fort longtemps, ne se trouvant pas sur l’itinéraire habituel de ces envoyés pontificaux. Notons au passage que si le cardinal avait cru, en évitant la Savoie, échapper à la peste, cette précaution fut de peu d’utilité, car le fléau l’attendait aussi à Paris même et frappa, dans l’été 1596, plusieurs membres de sa maison16.
8Deux ans plus tard, après la signature du traité de Vervins, Alexandre de Médicis ne choisit pas non plus la route la plus directe pour regagner Paris : au lieu de rentrer par Laon et Soissons, il gagna Amiens pour y rencontrer le roi, qui avait annoncé qu’il se rendrait dans cette ville à son retour de Bretagne. Henri IV ayant modifié ses projets, le légat, après dix jours d’attente, rentra seul dans la capitale.
9Lors du voyage de retour vers l’Italie, il dut à nouveau changer le cours de son itinéraire pour les mêmes raisons qu’à l’aller. Arrivé à Mâcon le 13 septembre 1598 au soir, il y resta huit jours car la nouvelle venait d’arriver que la peste sévissait à Lyon et en Savoie. Le duc Charles-Emmanuel Ier lui envoya alors un émissaire pour lui indiquer l’itinéraire qui lui permettrait d’éviter les lieux suspects. Il passa donc par le Genevois et la Suisse, ce qui de nouveau représentait un important détour puisqu’il fallut remonter vers le nord jusqu’au lac Léman, en longer la rive méridionale et traverser le Valais. Aussitôt après avoir passé le col du Simplon le 10 octobre, le cardinal s’arrêta de nouveau toute la journée du 11, la peste étant encore signalée dans la vallée d’Ossola. Deux commissaires venus de Domodossola l’autorisèrent à repartir. Mais une fois arrivé à Crevoladossola, il se vit imposer une quarantaine car la région même qu’il venait de traverser était soupçonnée d’être infestée. Un autre commissaire vint lui présenter les excuses du Sénat et du Tribunal de Milan pour ce nouveau retard et fit désinfecter ses bagages avec des parfums. Après une attente de douze jours, il repartit enfin et le voyage se poursuivit alors sans encombre jusqu’à son terme.
10Dans ces conditions, chercher à calculer une moyenne journalière en établissant un rapport global entre le nombre total de kilomètres parcourus et la durée des déplacements n’a pas de sens. On peut en revanche, pour se faire une idée de la vitesse de marche, observer les distances habituellement franchies au cours d’une même journée. Quand on voyage pendant une journée entière, celle-ci se divise en deux demi-étapes séparées par la pause du repas de midi ou du début d’après-midi, le dîner (desinare), équivalent de ce que nous appelons aujourd’hui le déjeuner. Les distances parcourues varient évidemment suivant la nature du terrain et la saison. En plaine, l’été et sur une bonne route, la distance parcourue dans la journée se situe généralement autour de 40 kilomètres, mais elle peut, en cas de nécessité, atteindre et même dépasser 50 kilomètres17. Ainsi, le lundi 17 juin 1596, le légat et sa suite se sont rendus de Corps à Grenoble, soit 61 kilomètres ; et le 3 juin 1598, ils ont franchi les 55 kilomètres qui séparent Péronne d’Amiens, dont 40 avant le dîner pris à Corbie. Habituellement donc, les voyageurs parcourent une vingtaine de kilomètres par demi-journée, distance qui, à la vitesse d’une litière suivie d’un train de voitures, à peine supérieure à celle d’un bon marcheur, peut être couverte en quatre heures, ce qui n’exténuait pas les montures. En hiver, les journées plus courtes réduisent d’autant les étapes : les 6 et 7 février 1598, il faut deux jours pour aller de Saint-Quentin à Vervins, soit 52 kilomètres, trajet que le légat parcourra en une seule journée en sens inverse, le 1er juin suivant. En montagne, les rythmes sont évidemment tout à fait différents, et il est rare, dans les passages les plus difficiles, qu’on franchisse plus d’une quinzaine de kilomètres par jour.
11Tout au long du récit de Francesco Gregorii da Terni reviennent quelques leitmotive. Si ce dernier décrit avec emphase les épisodes triomphaux du voyage, il est aussi, plus prosaïquement, très attentif aux difficultés et aux désagréments du parcours tels que la traversée des cours d’eau et des montagnes.
12En ce qui concerne les cours d’eau, Gregorii note toujours avec beaucoup de précision les moyens utilisés pour les franchir. Les plus confortables sont les ponts de pierre (ponti murati). Le narrateur les a bien observés et indique souvent le nombre de leurs arches, ce qui est intéressant pour les archéologues. Moins rassurants sont les ponts de bois, surtout quand ils sont étroits et aménagés, comme c’est le cas dans les Alpes, au-dessus de torrents fort encaissés. En l’absence de pont, on passe soit en barque, soit à gué, moyen qui peut se révéler à l’occasion périlleux : ainsi le 31 mai 1596, entre Castel San Giovanni et Stradella (dans le sud du Milanais), quand le cours d’une rivière enfla soudainement et faillit emporter les palefreniers, les gens de pied, les chevaux et même la litière et la personne du légat ; ou encore le 6 février 1598, entre Saint-Quentin et Guise, au passage de l’Oise.
13Quant aux Alpes, à l’aller comme au retour, elles ont terrorisé les voyageurs, et en tout cas l’historiographe. C’est d’ailleurs là une constante dans les récits de voyages du XVIe siècle. La montagne est asprissima ; elle recèle d’infiniti precipitosi passi, des passi spaventevoli. Par endroit, on ne peut avancer qu’à la file, et il faut parfois recourir aux services de guides, les « marons » (marroni), équipés de souliers cloutés (scarpe ferrate), qui, dans les descentes, transportent en courant les voyageurs dans des sièges de bois, sortes de traîneaux ou de luges18.
14Gregorii signale encore les intempéries et les accidents du terrain. Ainsi, le 6 juillet 1596, le légat et sa suite parcourent les vingt-trois kilomètres qui séparent Saint-Pierre-le-Moutier de Nevers (un tronçon de notre actuelle route nationale 7) sous une pluie battante et sur une très mauvaise route, surnommée, nous apprend le narrateur, « la route de l’Enfer ».
Les modes de transport
15Sur les routes, le légat voyage en litière, mode de transport confortable, le plus convenable en outre pour un homme de son âge et de son rang, mais qui, par ailleurs, n’est pas des plus rapides. Les évêques, prélats, gentilshommes et autres dignitaires de la légation, eux, voyagent à cheval ou en carrosse. Quant aux volumineux bagages (et sans doute aussi ceux qui les accompagnent), ils sont transportés dans des fourgons. Sur le chemin du retour, à Belley, avant le passage des Alpes, le duc de Savoie offrit au cardinal de Florence un siège de velours vert garni de dentelle et de franges d’or et d’argent, porté par quatorze Suisses, remplacés à partir de Saint-Gingolph par dix-huit marroni19. Le cardinal fut bien aise d’utiliser cette sorte de chaise à porteurs pour passer le col du Simplon, même si par endroits les chemins empruntés furent si étroits qu’il dut mettre pied à terre.
16Enfin, si le voyage s’est déroulé pour l’essentiel par voie de terre, à plusieurs reprises, aussi bien en France qu’en Italie, le cardinal a utilisé les voies navigables. On peut d’ailleurs se demander pourquoi il n’a pas fait un plus large usage de ce mode de transport plus sûr, moins fatigant, plus économique et parfois (mais parfois seulement) plus rapide. Ainsi, il aurait pu, le 3 juillet 1596, s’embarquer sur la Loire à Roanne : Gregorii note dans son journal que le fleuve est navigable à partir de cet endroit. En revanche, dans l’hiver 1596, devant se rendre de Paris à Rouen pour un séjour de plusieurs semaines, il décida de prendre le bateau. On dispose sur les deux voyages d’aller et de retour des informations nombreuses, précises et du plus haut intérêt qui permettent de retracer en détail les péripéties de cette petite expédition.
17Le légat partit le 8 décembre 1596, avec une partie seulement de sa suite, dont il laissa environ le tiers à Paris, la réduisant ainsi à quelque 130 personnes. Tous cependant ne s’embarquèrent pas à Paris même. Le cardinal, les évêques, prélats et gentilshommes se rendirent d’abord par la route à Saint-Germain-en-Laye, tandis que le reste de l’escorte faisait le trajet sur la Seine. Reçus au château par le petit prince de Condé, héritier du trône, et son gouverneur, le marquis de Pisani, qui leur offrirent un somptueux banquet, les voyageurs y passèrent la nuit. Le lendemain, 9 décembre, ils poursuivirent leur route jusqu’à Poissy, où quatre bateaux d’inégale grandeur les attendaient. Dans le premier montèrent le légat, ses prélats et gentilhommes et ses camériers : au total 22 personnes. L’embarcation était meublée de tables et de tapisseries, et une chambre de repos y était aménagée. Deux autres embarcations accueillirent chacune 25 personnes. Enfin, dans la dernière, beaucoup plus grande, entrèrent une soixantaine de personnes, les fourgons et quatre carrosses. La navigation dura cinq jours, ponctuée par des escales pour les nuits. Dans la journée, le dîner était pris en bateau ; l’embarcation qui transportait la cuisine (la plus grande) accostait les trois autres, où le repas était servi. Le voyage de retour, du 5 au 15 février 1597, commença sur la Seine dans les mêmes conditions que l’aller, à cette réserve près qu’on s’arrêta deux nuits et une journée au château de Gaillon, où le légat et sa suite furent les hôtes de l’archevêque de Rouen, mais il dut être interrompu plus tôt que prévu. En effet, quand on parvint à Mantes, il fallut débarquer car les eaux du fleuve montaient dangereusement à la suite de pluies répétées. Après trois jours d’attente, on renonça à poursuivre le voyage en bateau et on continua par voie de terre. À Meulan, on apprit avec effroi que la veille une cinquantaine de personnes s’étaient noyées en se rendant en barque de Saint-Germain à Paris. Dans la dernière étape, entre Poissy et Paris, le 15 février, le légat et sa suite n’en traversèrent pas moins la Seine à quatre reprises. En définitive, s’il n’avait pas manqué d’agrément et de confort, au moins à l’aller et dans la première partir du retour, ce voyage fluvial avait été plus lent que s’il avait été effectué par voie de terre, en raison des méandres de la Seine.
18Sur le trajet du retour, après avoir quitté la France, le légat utilisa de nouveau et à plusieurs reprises les commodités du transport par eau, qu’il combina avec les routes terrestres. Un peu après Évian, la route qui longe le lac Léman était si mauvaise qu’il préféra, le 4 octobre 1598, prendre un bateau jusqu’à Saint-Gingolph, puis le lendemain encore jusqu’à l’extrémité est du lac. Trois semaines plus tard, parvenu au pied des Alpes sur le versant italien, il s’embarqua le 25 octobre à Mergozzo, pour traverser le lac Majeur, avec toute sa suite répartie en 32 barques. Mais le mauvais temps qui sévit dispersa bientôt la flottille. Le légat jugea donc prudent d’accoster et retourna à Mergozzo pour la nuit ; les occupants des autres embarcations firent de même et trouvèrent refuge dans diverses localités des environs. C’est seulement le lendemain, 26, que tous les bateaux se regroupèrent et poursuivirent leur croisière sur le lac, jusqu’à Laveno, où l’on reprit la route. Enfin, pour terminer son voyage à partir de Plaisance, le légat descendit le cours du Pô jusqu’à Ferrare. Dans sa barque, décorée de tapisseries, entrèrent tous les prélats et quelques membres de la famiglia. Le reste de sa suite se répartit dans six autres barques dont une abritait la cuisine. Comme deux ans auparavant sur la Seine, cette embarcation accostait celle du légat aux heures des repas pour le service. La fin du voyage se déroula sans incident.
Les étapes : ravitaillement, hébergement, financement
19Chaque jour, il fallait nourrir et loger les deux ou trois cents membres de la légation. Il faut ici distinguer le traitement réservé au légat et aux dignitaires (évêques, prélats et gentilshommes) de celui du reste du personnel. D’autre part, les problèmes variaient avec les lieux d’étape : la situation était en effet très différente suivant que les voyageurs s’arrêtaient pour la nuit dans une ville ou dans un village.
20Dans les villes, le légat faisait l’objet d’un accueil protocolaire de la part des autorités civiles et religieuses20. Lors de son passage dans les cours italiennes, il fut toujours reçu dans les palais mêmes des princes ou dans les résidences de leurs représentants, les gouverneurs, ou encore dans les évêchés. À Florence, par exemple, lors de son voyage d’aller, il loge au palais Pitti ; à Modène, Parme, Plaisance, Turin dans les palais des ducs ; à Viterbe, Sienne, Bologne, Reggio Emilia chez le gouverneur ; à Stradella et à Tortona chez l’évêque. Il en fut de même au retour : à Bourg-en-Bresse, alors possession – pour peu de temps encore – du duc de Savoie, il fut logé chez le gouverneur ; et quelques jours plus tard à Crémone chez l’évêque. En France, la question se posait différemment, en raison de l’étendue même du royaume et du fait que plusieurs des villes traversées n’étaient le siège ni d’un gouvernement ni d’un évêché. Si donc le légat fut tout naturellement hébergé par l’évêque de Grenoble et par l’archevêque de Lyon, il trouva ailleurs des asiles plus variés : à Moulins dans le palais de Louise de Lorraine, veuve de Henri III, où il fut reçu en l’absence de la reine ; à Nevers dans le palais du duc (Louis de Gonzague, cousin du duc de Mantoue), lui aussi absent ; à Châtres (aujourd’hui Arpajon) dans le château de François d’Espinay-Saint-Luc, grand maître de l’artillerie ; à Rouen dans l’Hôtel de Bourgtheroulde. À Vervins, pendant la conférence de paix, il résida chez la dame du lieu, Guillemette de Coucy ; et sur le chemin du retour, à Dijon, c’est un conseiller au Parlement qui l’accueillit dans son hôtel. C’est également dans des demeures aristocratiques que, de retour en Italie, il descendra à plusieurs reprises : ainsi à Crevoladossola, du 13 au 24 octobre 1598. Le cas de Paris doit être envisagé à part. Dans cette ville où le légat séjourna quinze mois en plusieurs périodes, et où une partie de sa suite demeura pendant ses voyages en Normandie et en Picardie, Henri IV mit à la disposition de son illustre visiteur l’Hôtel de Birague, dit encore Hôtel de la reine de Navarre, au bas de la rue du Roi de Sicile, près de la rue Saint-Antoine, non loin de l’église du Petit-Saint-Antoine, sur le territoire de la paroisse Saint-Paul21.
21Quand le légat était logé dans des palais, des châteaux ou même de grandes résidences urbaines, il est probable que ces locaux étaient suffisamment vastes pour héberger non seulement sa personne et les dignitaires de sa suite, mais aussi sa famiglia. Il n’en allait pas de même dans les petites localités, bourgs et villages, où les capacités d’accueil des auberges (hostarie), ou parfois de l’unique auberge, étaient limitées. Si le légat et les prélats bénéficiaient toujours des meilleures conditions de logement, il faut admettre que, comme ç’avait été le cas de la cour de France en 1564-1566, les membres de l’escorte devaient trouver refuge chez l’habitant, dans la localité même ou aux alentours, voire, dans certains cas, dormir sous la tente22. Les étapes étaient prévues et préparées par des émissaires qui précédaient la caravane. Cette organisation toutefois, si bien rodée qu’elle fût, n’était pas à l’abri de contretemps, et le moindre incident pouvait compromettre les plans les plus soigneusement étudiés. Ainsi, quand une crue de la Seine contraignit le légat à rester à Mantes du 10 au 13 février 1597, ce séjour forcé posa immédiatement des problèmes logistiques : il fallut envoyer chevaux et carrosses chercher en hâte du ravitaillement à Saint-Germain-en-Laye et à Paris, ce qui eut des conséquences fâcheuses sur le budget de la légation. De même, le 25 septembre 1598, sur la route du retour, un retard imprévu du duc de Savoie perturba l’organisation de l’étape du soir. Ce jour-là, le légat, les prélats et une partie de la famiglia s’étaient rendus de Belley à Chanaz, sur les bords du Rhône, pour y rencontrer Charles-Emmanuel Ier qui devait venir en bateau saluer l’envoyé du pape. Les heures passèrent et c’est en fin de journée seulement que parut la frégate ducale. Les compliments d’usage à peine échangés, le duc se rembarqua et annonça qu’il attendrait le cardinal à Thonon où il proposa de lui offrir l’hospitalité pendant trois jours. Mais il était si tard qu’il fallut rester sur place malgré l’absence totale de lits. Gregorii déplore naturellement l’inconfort de cette nuit.
22Quant aux repas, ils pouvaient prendre diverses formes. Les princes, les grands seigneurs, les gouverneurs et les évêques offraient le vivre avec le couvert, et Gregorii ne se lasse pas d’énumérer les plantureux banquets qui furent servis dans les châteaux et les palais, non seulement au légat mais aussi, le plus souvent, à toute sa cour ou tout au moins aux dignitaires. Ajoutons qu’outre ces réceptions fastueuses, les princes italiens défrayèrent entièrement le légat et sa suite pendant tout le temps qu’ils traversèrent leur État : les voyageurs étaient pris en charge par les officiers domestiques du souverain local, qui les accompagnaient jusqu’à la frontière suivante23. En France, au contraire, en dehors des villes, il fallut recourir, comme des voyageurs ordinaires, aux ressources des auberges, ce qui était toujours aléatoire : le 15 juin 1596, dans un village situé entre Embrun et Gap, on ne trouva rien à manger sur place et il fallut chercher du ravitaillement aux alentours. Dans la première quinzaine de juillet 1596, entre Lyon et Châtres, on déjeuna à plusieurs reprises in hostaria, dans des villages ou des relais de poste dont Gregorii ne nous précise même pas le nom. C’est seulement pendant les séjours de longue durée (ou lors des trajets sur les cours d’eau) que le service de cuisine de la légation entrait en action. À Paris, le roi, en installant le cardinal et sa suite à l’Hôtel de Birague, prit à sa charge tous les frais d’entretien et de nourriture pendant dix jours, le temps pour son hôte de s’installer et de s’organiser. Au terme de ce délai, c’est le légat qui dut financer son séjour. Le 6 août 1596, son maître d’hôtel, Giovanni Parsaneo, passa devant notaires un marché avec deux boulangers suivant la cour, Henri Musnier et Jean Durant, demeurant « à Sainct-Honoré faulxbourgs de Paris en une maison où pend pour enseigne l’image Nostre-Dame », lesquels s’engagèrent à fournir chaque jour pendant un an à compter du 8 août « telle quantité et sorte de pain qu’il conviendra » pour la nourriture de la maison du légat. Chaque pain cuit (« horsmis le pain mollet qui ne sera poinct pesé ») pèserait 8 onces et le prix de chaque douzaine de pains était fixé à 18 sols tournois. Les deux boulangers s’engageaient à suivre le légat dans tous ses déplacements24.
23Pendant les voyages, l’ordinaire des auberges pouvait être amélioré par des cadeaux en nature. Passant près de Gaillon le 11 décembre 1596, en se rendant à Rouen, le légat reçut la visite de l’archevêque Charles de Bourbon qui lui offrit 25 boîtes de confitures et deux paniers de fruits. Ce genre de présents se fit particulièrement fréquent sur la route du retour. En septembre 1598, les villes de Bourgogne se montrèrent fort généreuses, apportant du vin et des fruits. La ville de Mâcon, où l’on s’attarda huit jours, renouvela quotidiennement ce geste pendant cette période, et le gouverneur de Bourg-en-Bresse – l’étape suivante – envoya trois beaux pâtés (pasticci) de poisson. À Crevoladossola, pendant la quarantaine imposée aux voyageurs (14-23 octobre 1598), le podestat de Domodossola apporta, pour les faire patienter, des pâtés, du poisson et des fruits, cependant que l’évêque de Novare envoyait des poulets d’Inde, des chapons et des fruits. À Crémone, le 4 novembre 1598, l’évêque de cette ville offrit également deux génisses, des poulets, pâtés, confitures, fruits, pain et vin. Ces présents allégeaient d’autant le budget de la légation.
24Le tableau qu’on vient de brosser de la vie quotidienne d’une légation remarquable pour l’ampleur de ses effectifs, la durée de son séjour en France et sa mobilité, ne serait pas complet sans une rapide évocation de la personnalité du chef de la mission, le cardinal de Florence. On retiendra surtout la prouesse physique accomplie par le cardinal. En 1596, ce dernier avait soixante ans ; pour l’époque, c’était un homme âgé. Il se plaint d’ailleurs dans sa correspondance de sa lassitude et de son médiocre état de santé. Celui-ci ne l’a pas empêché de parcourir plus de 3 000 kilomètres, d’assister à des cérémonies officielles épuisantes, de participer à des banquets, de célébrer des messes et de conduire des processions, d’arbitrer des négociations ardues. Tout cela supposait une résistance peu commune. Il était encore vaillant six ans et demi plus tard quand il fut élu pape, le 1er avril 1605, sous le nom de Léon XI, à la grande joie de Henri IV et de la France qui gardaient le souvenir de son bienveillant et pacifiant séjour dans le royaume. Son pontificat fut pourtant l’un des plus courts de l’histoire de l’Église : lui qui avait survécu à la peste et franchi sans dommage les passages les plus escarpés des Alpes fut emporté moins d’un mois après son élection (27 avril 1605) par une pleurésie contractée à Saint-Jean de Latran le jour de sa prise de possession de la basilique. Sur le tombeau qu’il sculpta et qui fut érigé à Saint-Pierre de Rome, l’Algarde représenta les cérémonies au cours desquelles le cardinal de Florence avait reçu de Henri IV la ratification de son absolution et le serment d’observer la paix de Vervins25.
Itinéraire du cardinal de Florence
25L’itinéraire qui suit a été reconstitué, pour l’essentiel, d’après la relation de Francesco Gregorii da Terni, éventuellement complétée ou précisée par la correspondance du légat. Pour chaque journée sont indiquées la date, les localités traversées et, en caractères gras, les références aux folios du manuscrit (Ital. 662 de la Bibliothèque nationale de France) où se trouve le récit de l’étape. L’astérisque indique le lieu du dîner quand il est spécifié. Les noms de lieu sont libellés sous leur forme actuelle, sauf quand ils n’ont pu être identifiés (c’est le cas de quelques hostarie ou auberges aujourd’hui disparues) ; on a alors reproduit en italique la forme qui figure dans le manuscrit.
Mai 1596
Ve 10 | Rome : consistoire public, sortie officielle de la ville. 3. |
Sa 11 | Départ de Rome.*Baccano. Monterosi. 3. |
Di 12 | Monterosi. *Caprarola. Viterbe. 3-3v. |
Lu 13 | Viterbe. Montefiascone. Bolsena. *San Lorenzo Nuovo. Acquapendente. 3v. |
Ma 14 | Acquapendente. *Radicofani. San Quirico d’Orcia. Torrenieri. 3v-4. |
Me 15 | Torrenieri. Buonconvento. Ponte d’Arbia. Lucignano d’Arbia. *Monteroni d’Arbia. Sienne. 4. |
Je 16 | Sienne. 4. |
Ve 17 ( ?) | *Sienne. Staggia. Poggibonsi. 4v. |
Sa 18 | Poggibonsi. Barberino. Tavernelle. *San Casciano. Florence. 5. |
Di 19-Ma 21 | Florence. 5-5v. |
Me 22 | Florence. *Pratolino. San Martino in Mugiello. San Piero a Sieve. Scarperia. 5v. |
Je 23 | Scarperia. Rifredo. *Firenzuola. Pietramala. Scargalasino. 5v-6. |
Ve 24 | Scargalasino. Dalogiano. *Pianoro. Bologne. 6. |
Sa 25 | Bologne.* Somoia (= Ponte Samoggia ?). Modène. 6-6v. |
Di 26 | *Modène. Reggio nell’Emilia. 6v. |
Lu 27 | Reggio nell’Emilia. Parme. 6v-7. |
Ma 28 | *Parme. Borgo San Donnino (auj. Fidenza). 7. |
Me 29 | Borgo San Donnino. *Plaisance. 7-7v. |
Je 30 | Plaisance. 7v. |
Ve 31 | Plaisance. *Castel San Giovanni. Stradella. 7v-8. |
Juin 1596
Sa 1 | Stradella. Tortona. 8. |
Di 2 | Tortona. 8. |
Lu 3 | Tortona. *Alessandria. 8-8v. |
Ma 4 | Alessandria. *Filizzano. Asti. 8v. |
Me 5 | *Asti. Chieri. 8v. |
Je 6 | Chieri. *Moncalieri. Mirafiori. Turin. 9. |
Ve 7-Sa 8 | Turin. 9v. |
Di 9 | Turin. *Rivoli. Viana (=Avigliana ?). 10. |
Lu 10 | Viana. *Suse. 10. |
Ma 11 | Suse. 10-10v. |
Me 12 | Suse. *Oulx. 10v-11. |
Je 13 | *Oulx. Mont-Genèvre. Briançon. 11. |
Ve 14 | Briançon. Saint-Clément. Embrun, 11v. |
Sa 15 | Embrun. Gap. 11v. |
Di 16 | Gap. Corps, 11v. |
Lu 17 | Corps. * Leouan. Grenoble. 12-12v. |
Ma18-Me19 | Grenoble. 12v-13. |
Je 20 | *Grenoble. Voiron. 13-13v. |
Ve 21 | Voiron. Bourgoin. 13v. |
Sa 22 | Bourgoin. Faubourgs de Lyon. 13v. |
Di 23-Lu 24 | Faubourgs de Lyon. 13v. |
Ma 25 | Entrée solennelle dans Lyon. 13v-14v. |
Me 26-Sa 29 | Lyon. 14v-15. |
Di 30 | *Lyon. Un village. 15. |
Juillet 1596
Lu 1 | Villages. 15. |
Ma 2 | Villages. Roanne. 15. |
Me 3 | Roanne. Lapalisse. 15-15v. |
Je 4 | Lapalisse. Moulins. 15v. |
Ve 5 | Moulins. Saint-Pierre-le-Moûtier. 15v-16. |
Sa 6 | Saint-Pierre-le-Moûtier. *Nevers. 16-16v. |
Di 7-Je 11 | Nevers. La Charité-sur-Loire. Pouilly-sur-Loire. Cosne-sur-Loire. Bonny-sur-Loire. Briare. Montargis. Larchant. 16v. |
Ve 12 | Larchant. Milly-la-Forêt. Châtres (auj. Arpajon). 16v-17. |
Sa 13-Lu 15 | Châtres. 17. |
Ma 16 | Châtres. Montlhéry. 17. |
Me 17-Sa 20 | Montlhéry. 17-18. |
Di 21 | Montlhéry. Entrée solennelle dans Paris. 18v-20. |
26Du 21 juillet au 8 décembre 1596 : Paris. 20-31.
Décembre 1596
Di 8 | * Paris. Saint-Germain-en-Laye. 31. |
Lu 9 | Saint-Germain-en-Laye. Poissy (embarquement). Meulan. Mantes. 31-31v. |
Ma 10 | Mantes. La Roche-Guyon. Vernon. 31v-32v. |
Me 11 | Vemon. Gaillon. Château-Gaillard. Pont-de-l’Arche. 32v. |
Je 12 | Pont-de-l’Arche. Abbaye de Bonport. Elbeuf. 32v-33. |
Ve 13 | Elbeuf. Oissel. Rouen (débarquement). 33-33v. |
27Du 13 décembre 1596 au 5 février 1597 : Rouen. 33v-38v.
Février 1597
Me 5 | Rouen (embarquement). Gaillon. 38v. |
Je 6 | Gaillon. 39. |
Ve 7-Lu 10 | Gaillon-Mantes (débarquement). 39v-40. |
Ma11-Je 13 | Mantes. 40. |
Ve 14 | Mantes. Meulan. Poissy. 40-40v. |
Sa 15 | *Poissy. Paris. 40v. |
28Du 15 février au 18 octobre 1597 : Paris. 40v-45v.
Octobre 1597
Sa 18 | *Paris. Louvres. 46. |
Di 19 | Louvres. *Senlis. Verberie. 46. |
Lu 20 | Verberie. *Compiègne. Noyon. 46-46v. |
Ma 21 | Noyon. *Ham. Saint-Quentin. 46v. |
29Du 21 octobre 1597 au 6 février 1598 : Saint-Quentin. 46v-47v.
Février 1598
Ve 6 | Saint-Quentin. Guise. 47v. |
Sa 7 | Guise. Vervins. 47v. |
30Du 7 février au 1er juin 1598 : Vervins. 47v-50v.
Juin 1598
Lu 1 | Vervins. *Guise. Saint-Quentin. 50v. |
Ma 2 | Saint-Quentin. Péronne. 50v-51. |
Me 3 | Péronne. *Corbie. Amiens. 51-51v. |
Je 4-Sa 13 | Amiens. 51v-52v. |
Di 14 | Amiens. Breteuil. 52v-53. |
Lu 15 | Breteuil. *Clermont. Creil. 53. |
Ma 16 | Creil. *Écouen. Saint-Denis. Paris. 53-53v. |
31Du 16 juin au 31 août 1598 : Paris. 53v-58
Août 1598
Lu 31 | Paris. * Villeneuve-Saint-Georges. Melun. 58v. |
Septembre 1598
Ma 1 | Melun. *Fontainebleau. 58v-59. |
Me 2 | * Fontainebleau. Moret-sur-Loing. 59-60. |
Je 3 | Moret-sur-Loing. *Villeneuve-la-Guyard. Pont-sur-Yonne. Sens. 60. |
Ve 4 | Sens. *Villeneuve-sur-Yonne. Joigny. 60v. |
Sa 5 | Joigny. Bassou. *Auxerre. Noyers. 60v-61. |
Di 6 | Noyers. 61. |
Lu 7 | Noyers. *Étivey. Rougemont. Montbard. 61. |
Ma 8 | Montbard. Marmagne. *Bussy-le-Grand. Chanceaux. 61-61v. |
Me 9 | Chanceaux. Saint-Seine-l’Abbaye. *Val-Suzon. Dijon. 61v-62. |
Je 10 | Dijon. *Nuits-Saint-Georges. Beaune. 62-62v. |
Ve 11 | Beaune. *Chagny. Chalon-sur-Saône. 62v-63. |
Sa 12 | Chalon-sur-Saône. *Sennecey-le-Grand. Tournus. 63-63v. |
Di 13 | Tournus. *Montbellet. Mâcon. 63v. |
Lu 14-Lu 21 | Mâcon. 63v-64. |
Ma 22 | Mâcon.*Angere (= Aringes ?, comm. Saint-Cyr-sur-Menthon). Bourg-en-Bresse. 64-64v. |
Me 23 | Bourg-en-Bresse. Brou. *Scinove (Sernove ?). Saint-Rambert-en-Bugey. 64v-65. |
Je 24 | Saint-Rambert-en-Bugey. *Rossillon. Belley. 65-65v. |
Ve 25 | Belley. Chanaz. 65v. |
Sa 26 | Chanaz. *Seyssel. 65v-66. |
Di 27 | Seyssel. Clermont. Choisy. 66. |
Lu 28 | Choisy. *La Roche-sur-Foron. 66-66v. |
Ma 29 | La Roche-sur-Foron. Boringes (comm. Saint-Cergues). *Bons. Avully (comm. Brenthonne). 66v. |
Me 30 | Avully. Allinges. *Thonon. 66v-67. |
Octobre 1598
Je 1-Ve 2 | Thonon. 67-68v. |
Sa 3 | Thonon. Ripaille. Évian. 68v-69. |
Di 4 | Évian. Saint-Gingolph. 69-69v. |
Lu 5 | Saint-Gingolph. Vouvry. Muraz. *Monthey. Saint-Maurice. 69v. |
Ma 6 | Saint-Maurice. *Martigny. 69v. |
Me 7 | Martigny. Riddes. Saint-Pierre-de-Clages. *Sion. 69v-70. |
Je 8 | Sion. *Loèche. 70-70v. |
Ve 9 | Loèche. Turtmann. *Brigue. 70v. |
Sa 10 | Brigue. *Simplon. 70v-71. |
Di 11 | Simplon. 71. |
Lu 12 | Simplon. San Marco. Devetri (= Divedro ?). 71-71v. |
Ma 13 | Devetri (= Divedro ?). Crevoladossola. 71v. |
Me 14-Ve 23 | Crevoladossola. 71v-72. |
Sa 24 | Crevoladossola. Domodossola. Vogogna. 72. |
Di 25 | Vogogna. Premosello[-Chiovenda]. *Mergozzo. 72-72v. |
Lu 26 | Mergozzo. Suna. Pallanza. Laveno[-Mombello], 72v. |
Ma 27 | Laveno[-Mombello]. Gavirate. Comerio. *Varese. Tardari ? 72v-73. |
Me 28 | Tardari ?. Saronno. Caronno. Monza. 73-73v. |
Je 29 | Monza. *Paluri. 74. |
Ve 30 | Paluri. Lodi. 74. |
Sa 31 | Lodi. Secugnago. Zorlesco. *Casalpusterlengo. La Miranda. Fombio. Plaisance. 74-74v. |
Novembre 1598
Di 1-Lu 2 | Plaisance. 74v. |
Ma 3 | Plaisance. Crémone. 74v-75. |
Me 4 | Crémone. Torricella di Pizzo. Casalmaggiore. 75-75v. |
Je 5 | Casalmaggiore. Viadana. Brescello. San Benedetto Po. Rovere. 75v-76. |
Ve 6 | Rovere. Sermide. Felonica. Stellata. Pontelagoscuro. Ferrare. 76-76v. |
Sa 7-Lu 9 | Ferrare. 76v. |
Ma 10 | Entrée solennelle dans Ferrare. 77. |
Notes de bas de page
1 Sur la légation du cardinal de Florence, voir R. Ritter, Lettres du cardinal de Florence sur Henry IV et sur la France, 1596-1598, Paris, 1955 ; B. Barbiche et S. de Dainville-Barbiche, Un évêque italien de la Réforme catholique, légat en France sous Henri IV : le cardinal de Florence (1596-1598), Revue d’histoire de l’Église de France, 75 (1989), p. 45-59.
2 A. E. Imhof, Der Friede von Vervins 1598, Aarau, 1966.
3 B. Barbiche et S. de Dainville-Barbiche, Les légats a latere en France et leurs facultés aux XVIe et XVIIe siècles, Archivum historiae pontificiae, 23 (1985), p. 93-165.
4 R. Roter, op. cit., p. 47.
5 Le cardinal Enrico Caetani, légat a latere en France en 1589-1590, était accompagné d’une escorte de 230 personnes. Cf. A.-C. Tizon-Germe, La représentation pontificale en France au début du règne d’Henri IV (1589-1594), BÉC, 151 (1993), p. 37-85 (p. 41).
6 BNF, Ital. 662, fol. 13v.
7 Ibid., fol. 71v.
8 J. Boutier, A. Dewerpe et D. Nordman, Un tour de France royal. Le voyage de Charles IX (1564-1566), Paris, 1984.
9 On conserve deux exemplaires de ce texte : l’un à la Bibliothèque nationale de France (Ital. 662), l’autre aux Archives vaticanes (Fondo Pio, ms. 13). Nous avons utilisé et nous citons le ms. Ital. 662. Il existe une autre relation, anonyme, du voyage, conservée elle aussi en deux exemplaires, que nous n’avons pu consulter (Archives vaticanes, Fondo Bolognetti, ms. 239 ; et Fondo Pio, ms. 50, fol. 57-135).
10 M. Smith, La France et sa civilisation vues par les Italiens au XVIe siècle, thèse de l’École des chartes, 1988 ; cf. École nationale des chartes, Positions des thèses…de 1988, p. 185-198 (p. 187) ; et du même auteur, Les Italiens à la découverte de la France au XVIe siècle. Géographie, voyages et représentations de l’espace, thèse pour le doctorat en histoire, 1993, p. 186-190. Je remercie vivement M. Smith d’avoir bien voulu me communiquer sa thèse de doctorat encore inédite (à paraître dans la Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome).
11 G. Raynaud, Paris en 1596 vu par un Italien, Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 12 (1985), p. 164-170.
12 Sauf pour les périodes du 30 juin au 2 juillet 1596, pendant lesquelles le légat s’est rendu de Lyon à Roanne puis de Nevers à Arpajon : exceptionnellement, Francesco Gregorii ne précise pas les étapes ; il parle seulement de « villages », et même de « villages déserts », sans préciser leurs noms, les 30 juin, 1er et 2 juillet, et énumère en bloc les lieux traversés entre le 7 et le 12 juillet, sans indiquer ceux où l’on s’est arrêté. De même, le récit manque de précision entre le 7 et le 10 février 1597, lors du retour de Rouen sur la Seine.
13 Pour chaque journée, nous indiquons dans ce tableau le ou les folios du ms. Ital. 662 de la Bibliothèque nationale de France où se trouve le récit de l’étape. Cette méthode nous dispensera, dans les pages qui suivent, de faire référence en note, sauf exception, au manuscrit. Pour retrouver un passage donné, il suffira de se reporter à sa date dans l’itinéraire.
14 B. Barbiche et S. de Dainville-Barbiche, Les légats a latere en France et leurs facultés…, p. 158.
15 À l’aller, outre l’État pontifical (du 11 au 14 et du 23 au 25 mai 1596), le légat a traversé le grand-duché de Toscane (14-23 mai), le duché de Ferrare et Modène (25-27 mai), le duché de Parme (27-31 mai), le Milanais, possession espagnole (31 mai-4 juin) et le Piémont, possession italienne du duc de Savoie (4-13 juin). Au retour, il est passé par le Milanais (12-31 octobre 1598), le duché de Parme (31 octobre-5 novembre), le duché de Modène (5-6 novembre), le duché de Mantoue (5-6 novembre) et l’État pontifical (6-10 novembre).
16 R. Ritter, op. cit., p. 50-51.
17 Le légat se déplaçait donc beaucoup plus vite que la caravane royale en 1564-1566, dont la vitesse journalière peut être évaluée à 20 ou 30 kilomètres. Cf. J. Boutier. A. Dewerpe et D. Nordmann, op. cit., p. 119.
18 BNF, Ital. 662, fol. 11, 70v. Ces guides existaient dès le haut Moyen Âge et le terme même de « maron » est attesté depuis le début du XIIe siècle ; cf. A. Joris, Suivez le guide, Le Moyen Âge, 98 (1992), p. 12-13 ; et M. Smith, Les Italiens à la découverte de la France…, p. 206-207.
19 Ibid., fol. 65v, 69v, 70v.
20 Les entrées solennelles du légat dans les villes ont fait l’objet d’une étude de M. Smith, Ordre et désordres dans quelques entrées de légats à la fin du XVIe siècle, in Gloire et déclin d’un cérémonial : les entrées, Actes du colloque de Pau (1996), Pau, 1997.
21 R. Ritter, op. cit., p. 62.
22 J. Boutier, A. Dewerpe et D. Nordmann, op. cit., p. 134-136.
23 Henri IV, lui aussi, fit accompagner le légat et sa suite, pendant leur voyage de retour jusqu’à la frontière du royaume, par un maître d’hôtel, un gentilhomme et un fourrier de sa maison (BNF, Ital. 662, fol. 64-64v). Mais il ne semble pas avoir payé les frais de voyage.
24 AN, Minutier central, XIX, 334, 6 août 1596.
25 R. Ritter, op. cit., p. 40-41.
Auteur
Ecole des Chartes
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